LE MOT DE LA RÉDACTION
COURAGE !
Les élèves débutent leurs vacances scolaires tandis que les députés fraîchement élus font leur rentrée à l’Assemblée nationale. Parmi eux se trouvent les deux députées mahoraises. Il n’y a aucun doute pour Anchya Bamana, elle siègera avec le Rassemblement national. En revanche, le mystère est encore de mise pour Estelle Youssouffa qui se considère comme sans étiquette. Elle a maintes et maintes fois affirmé qu’elle ira là où se trouvent les intérêts de Mayotte. Cependant, avec l’actuel agencement de l’Assemblée nationale, nul ne sait qui porte réellement de l’intérêt au 101e département. La question prioritaire est de savoir qui sera le chef du gouvernement… Personne n’a la réponse à l’heure actuelle. Mais le nouveau gouvernement devra remettre sur la table le projet de loi Mayotte. L’avenir de l’île en dépend. Les deux députées mahoraises devront, quant à elles, réussir à convaincre les autres parlementaires lorsqu’il leur sera présenté. Nous n’y sommes pas encore, mais nous leur souhaitons beaucoup de courage car la mission s’annonce compliquée. Nous aurons l’occasion d’en reparler, car ce sujet fera couler beaucoup d’encre. En attendant, toute l’équipe de Mayotte Hebdo vous souhaite de bonnes vacances !
Bonne lecture à tous,
Raïnat Aliloiffa
tchaks
PAS DE CIRCULATION ALTERNÉE PENDANT LES
VACANCES
La circulation alternée instaurée à Mamoudzou est en pause pendant les vacances scolaires. L’arrêté municipal qui inclut une interdiction d’entrer dans la commune en fonction du numéro de plaque a pris fin ce dimanche. Relancée la semaine dernière, la municipalité n’a pas donné de nouvelle date pour la reprise du dispositif visant à réduire les bouchons. La question de l’étendre aux vendredis ou aux samedis, deux autres jours où le trafic est dense, était encore évoquée dernièrement. En attendant, n’importe quel automobiliste voulant entrer dans la commune-chef-lieu n’aura pas à se soucier des chiffres sur sa plaque d’immatriculation.
L’ÉLECTION
D’ANCHYA BAMANA CONTESTÉE
DEVANT LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL
L’association Unis contre l’injustice a déposé un recours devant le Conseil constitutionnel au sujet de l’élection d’Anchya Bamana en tant que députée de la deuxième circonscription de Mayotte. Soutenant Mansour Kamardine (Les Républicains) avant le second tour, l’association créée par un jeune homme de Labattoir compte ainsi dénoncer « des irrégularités dans les opérations électorales des 30 juin et 7 juillet ». Une dizaine de députés font l’objet d’une procédure similaire devant l’instance.
UNE SCÈNE OUVERTE À CHIRONGUI
CE SAMEDI
Le pôle culturel de Chirongui organise une scène ouverte « musique » le samedi 13 juillet à 19h pour valoriser les talents de l'île et permettre aux amateurs de se produire dans des conditions professionnelles. Pour les musiciens ou musiciennes, chanteurs ou chanteuses, amateurs ou professionnels, seul ou en groupe, c’est l’occasion de montrer son art au grand public sur scène.
LE HURDLER MAHORAIS RAPHAËL MOHAMED ACCÈDE À L’OLYMPE
Des Jeux des Îles de l’océan Indien aux Jeux olympiques, Raphaël Mohamed continue de représenter fièrement l’île aux parfums. Désormais, l’athlète de 26 ans le fera face aux meilleurs hurdlers du monde, grâce à sa sélection pour Paris 2024. En effet, alors qu’il y avait trois places pour quatre coureurs français ayant couru les minimas, le licencié du Racing Club de Mamoudzou sera aux côtés de Wilhem Belocian et Sasha Zhoya, récent champion de France et nouvelle star de la discipline. Le Mahorais gagne sa place par sa régularité. Avec un nouveau record personnel (13’’27) cette année, il a terminé à la quatrième place des championnats d’Europe, puis à la même place aux championnats de France, il y a une semaine. Place maintenant à la préparation pour les séries du 110 mètres haies programmées au Stade de France, le dimanche 4 août.
LU DANS LA PRESSE
Chaque semaine, découvrez le regard porté sur l’actualité locale à travers la presse nationale ou régionale
À MAYOTTE, LA QUESTION COLONIALE À FRONT RENVERSÉ
Publié par Maurice Lemoine, dans Le Monde diplomatique, en juin 2024
Jour après jour, la situation sécuritaire ne cesse de se dégrader dans le cent unième département français, déjà largement pénalisé par son sous-équipement et l’absence des services de l’État. Dans un contexte de forte pression migratoire, cette situation accroît le désarroi de la population, y compris quand elle défend des idées de gauche.
De la barge qui relie Petite-Terre à GrandeTerre, les deux îles composant Mayotte, les passagers descendent, un téléphone portable ou une petite bouteille d’eau à la main. Grosse chaleur sur Mamoudzou, le chef-lieu du département : 33 degrés. Près du débarcadère, quelques poignées d’« expats » (expatriés) s’enfilent des bières au Camion rouge — « the place to be » — ou au Camion blanc — « un snack simple et sympa ». Noirs, bruns ou métissés, les Mahorais, islam oblige, évitent l’alcool : « En public, s’amuse un ex-prof métropolitain. Au bahut, on se retrouvait dans les collines pour boire un coup ! »
Quelques kilomètres plus loin, à Kawéni, alors que la nuit tombe, le chant du muezzin
s’envole du haut d’un minaret. Par une fenêtre ouverte, on entend France Inter. Dans une échoppe, une « métro » règle un énorme burger dégoulinant de mayo à l’aide de l’appli sans contact de son smartphone. Hommes en boubou, femmes en salouva (1) colorée, ou indistinctement vêtus à l’occidentale, se hâtent tranquillement. Bribes de conversations en shimaoré ou en shibushi — les deux langues locales. Dans les embouteillages dantesques de la nationale 1 (N1), unique voie, au nord, pour entrer ou sortir de la capitale, un taxi collectif piétine. Les passagers soupirent. « Un peu de patience, grogne le conducteur, on va y arriver. » Un silence. Suivent les deux expressions les
plus entendues dans le département : « Pas de souci », « Inch’ Allah » (« Si Dieu le veut »).
Mayotte, c’est donc la France — sans le ramassage des ordures. Celles-ci s’entassent autour des conteneurs, aussi bien le long de la N1 que près du conseil général, en plein cœur de Mamoudzou. « Moins le ramassage des ordures, moins l’aménagement de l’espace public, moins l’accès à l’éducation ou à la santé, complète Mme Yasmina Aouny, professeure de lycée et candidate de La France insoumise (LFI) lors des dernières législatives. Il faut voir à quel point l’État, par son laisser-aller sur plusieurs décennies, a provoqué le chaos… »
Cent unième des départements français, Mayotte est aussi le plus pauvre. Son économie languit. Le tourisme a disparu, en raison de la situation sécuritaire. L’agriculture ? Vivrière, minimale et insuffisante. Tout ce qui se mange vient du bateau. « Tout le monde s’est habitué à acheter des ailes de poulet arrivées congelées d’Amérique du Sud », nous confie M. Pablo Guevara, un ex-expatrié. Principaux employeurs, l’État et les collectivités territoriales font vivre beaucoup de monde, des fonctionnaires à leurs familles et à leurs proches. Mais, « à aucun niveau, souligne le métropolitain Marc Seigner, je n’ai l’impression d’être dans un département ». Minima sociaux comme prestations sociales sont inférieurs à ceux de la métropole. Quand le smic net mensuel s’établit nationalement à 1 398,69 euros, il n’atteint que 1 203,36 euros à Mayotte ; le revenu de solidarité active (RSA) stagne à 303,88 euros contre 635,71. Alors que les cotisations, excédentaires, alimentent les caisses de la métropole, la retraite moyenne s’élève à 276 euros par mois. Le chômage touche 34 % des actifs ; 77 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté (2).
« Je ne sais pas comment on va s’en sortir, grimace M. Rivo Rakotondravelo — dit “Rivo” —, enseignant et secrétaire départemental du Syndicat national unitaire des instituteurs, professeurs des écoles et PEGC (SNUipp-FSU). “Sarko” a fait de nous un département, mais à 25 %. [François] Hollande est venu et s’est engagé à créer cent salles de classe par an. Il n’y en a même pas eu dix ! » L’université de Mayotte parle de 14 000 enfants à scolariser qui ne le sont pas ; le rectorat dit entre 5 000 et 10 000. « C’est difficile à comptabiliser car il s’agit d’une population en situation irrégulière. Tout cela pèse, les structures actuelles n’étant pas en capacité d’accueillir et de s’occuper de tout ça. Ce qui fait qu’on va d’échec en échec et d’exclusion en exclusion. » Dans le second degré, précise notre interlocuteur, 50 % des professeurs sont des contractuels « qui, compte tenu de la situation, ne se voient pas rester longtemps ». Quant aux collègues formés et diplômés, « aucun ne veut venir ici »
À 8 000 kilomètres de la métropole, Mayotte est située à mi-chemin entre les côtes malgaches et africaines et au sud de l’Union des Comores, constituée des trois îles — Grande Comore, Anjouan et Mohéli. Détail capital : quand le produit intérieur brut (PIB) par habitant est de l’ordre de 480 euros à Madagascar et de 1 360 euros aux Comores, il atteint 11 579 euros à Mayotte (2022), malgré son mal-développement. Pour les voisins, et en particulier ceux d’Anjouan, les 374 kilomètres carrés de ce territoire français s’apparentent à un éden. Seuls 70 kilomètres et cinq heures de navigation les en séparent. Jouant à cache-cache avec les vedettes de la gendarmerie et de la police aux frontières (PAF), les kwassa-¬kwassa — embarcations de 6 à 9 mètres de long — débarquent des
vagues de clandestins, dont beaucoup sur le paradisiaque îlot Mtsamboro, à Mtsanga Safari (« la plage du voyage »), au large de la commune de Mtsamboro là-haut, au nord. Des pêcheurs mahorais les rapatrient sur l’île, moyennant rémunération. Des réseaux les aident à gagner les bidonvilles de Mamoudzou et des communes environnantes de Koungou et de Dembéni où la majorité de leurs compatriotes ont échoué.
Une pression migratoire intense : 23 000 habitants en 1968, 147 000 en 2000, 321 000 à présent (officiellement) (3) et peut-être même 400 000 (officieusement), dont une moitié d’étrangers. Avec 10 200 nouveau-nés en 2023 (10 770 en 2022), dont les trois quarts ont une mère étrangère, très souvent comorienne, la maternité du centre hospitalier de Mayotte (CHM), à Mamoudzou, est de très loin la plus « féconde » de France. À l’échelle du département, seules 17,8 % des naissances étaient issues de deux parents français en 2019, contre 45 % de deux parents étrangers (4). Mayotte craque sur toutes ses coutures. Tandis que, pour ne rien arranger, explose une vague d’insécurité.
« Bien fait pour vous ! », réagit (sans aller jusqu’à employer la formule) une fraction de la gauche, fort légitimement anticoloniale, mais aussi très idéologique, en observant, depuis l’Hexagone, l’enchaînement des événements. « La France, dans les années 1970, a détaché les Mahorais des Comores. (…) En montant en épingle les rivalités historiques entre Mamoudzou et Anjouan, des familles de notables civils et religieux ont réussi à mobiliser la population en faveur du ralliement à la France lors du référendum de 1976, processus couronné par l’approbation massive de la départementalisation en 2009 (5). » En substance : il s’agirait d’une assimilation forcée allant de pair avec le reniement par les Mahorais des relations ancestrales les liant à l’ensemble de l’archipel.
C’est le 25 avril 1841 qu’en échange d’une rente et d’une protection militaire le sultan Andrian¬tsoly a cédé Mayotte à la France. Le reste de l’archipel des Comores passera sous pavillon français en 1886. Dépendant de ce territoire d’outre-mer (1946) qui jouira d’une certaine autonomie administrative et financière (1958), Mayotte voit s’affronter, à partir des années 1960, le mouvement des « serrez-la-main », pour l’indépendance des Comores, et les sorodats (soldats), attachés à la République française et même, déjà, à la départementalisation (garante d’une non-possibilité de retour dans le giron d’un futur État comorien).
En 1974, lors d’une première consultation « des populations comoriennes » (et non « de la population comorienne », comme initialement envisagé), l’archipel se prononce à 94,56 % en faveur de l’indépendance, mais Mayotte s’y oppose à 65,47 %. À nouveau consultés en 1976, les Mahorais confirment et amplifient leur choix (99,4 %). Paris prend acte, malgré les protestations de Moroni, capitale de la naissante Union des Comores, et la condamnation de l’Organisation des Nations unies (ONU), au nom du principe d’intangibilité des frontières issues de la colonisation. Un processus parfois sévèrement résumé dans l’Hexagone : « peau comorienne, masques français » ! À partir d’images et de récits, une réécriture de l’histoire viserait à mettre en scène aux yeux du monde un pseudo « peuple mahorais » On n’écartera pas ici les « magouilles » d’une élite locale qui, pour défendre ses intérêts, a joué Paris contre Moroni.
LU DANS LA PRESSE
Pas plus qu’on n’occultera les turpitudes des nostalgiques de l’empire colonial instigateurs des trois coups d’État (1975, 1978, 1995) organisés aux Comores par le « mercenaire de la République » Bob Denard, et l’appui à peine masqué de Paris aux tentatives sécessionnistes de l’île d’Anjouan menées par M. Mohamed Bacar en 1998. Toutefois,
Rire clair de l’Insoumise Aouny : « C’est comme les gens qui ne font pas la distinction entre un Chinois et un Japonais. » Déjà, affirment nos interlocuteurs, il convient de considérer la langue, pas très éloignée de celle d’Anjouan mais différente de celle parlée en Grande Comore et à Mohéli. « La moitié de Mayotte est malgachophone. L’empreinte malgache a été plus
la mise en avant de ces seuls éléments ne permet pas vraiment d’appréhender le réel. Car, aujourd’hui encore, les Mahorais « de base » persistent et signent, n’entendant pas laisser d’autres qu’eux décider de leur « identité »
Pour M. Said Mouhoudhoiri, porte-parole du collectif de Labattoir (Petite-Terre), incontestablement à droite de l’échiquier politique : « La couleur de peau est la seule chose commune que nous ayons avec les Comoriens. »
forte ici que dans les autres îles. » S’ajoute à ce facteur la domination imposée à Mayotte au cours des incessantes luttes entre « sultans batailleurs », sur fond de trafics d’esclaves arrachés à l’Afrique. Mayotte a ainsi été la seule île de l’archipel dirigée par un esclave affranchi, Mawana Mahdi. « Maintenant encore, aux Comores, les gouvernants descendent de ces sultans, avec le système des castes, un islam rigoriste, alors que le nôtre est le plus “cool” du monde, et un pouvoir quasiment dictatorial, note
Mme Aouny, par ailleurs féministe et musulmane affirmée. Avec notre amour de la liberté, il était compliqué pour nous d’envisager un destin commun. »
« Nous sommes clairement une société matriarcale »
Sur les hauteurs de Mtsamboro, où elle vit et enseigne, Mme Aouny peut, sans un soupçon de xénophobie, se montrer intarissable sur la spécificité mahoraise : « La clé pour comprendre notre choix, c’est la femme. Il n’y a jamais eu de révoltes de femmes aux Comores ! Ici, dès l’origine, elles se sont imposées en politique. Nous sommes clairement une société matriarcale alors qu’à côté le patriarcat a toujours de beaux jours devant lui. » Et de rappeler le rôle des « Chatouilleuses » des années 1960 (6), vent debout contre l’administration territoriale basée à Moroni et rassemblées, en 1967, devant le siège local de l’ORTF, scandant ce qui deviendra le
slogan de leur lutte : « Nous voulons rester français pour être libres ! » Le débat n’est pas clos, il existe, prouvant s’il en était besoin qu’une même couleur de peau et une proximité culturelle n’entraînent pas forcément une unité d’intérêts. Pendant longtemps, les Comoriens vont et viennent entre les îles, comme ils l’ont toujours fait. Débarquant à Mayotte, ils passent éventuellement par l’hôpital pour se soigner, travaillent parfois, restent un moment, repartent, sans s’installer. À partir de 1986, ils se voient automatiquement accorder un visa de trois mois, qu’ils ne peuvent renouveler qu’en quittant le territoire. Dès lors, beaucoup prolongent leur séjour au-delà de la durée autorisée. Quand, en 1993, en campagne pour la présidentielle de 1995, le premier ministre Édouard Balladur atterrit à Dzaoudzi (l’aéroport), les élus qu’il rencontre lui disent que l’immigration ne cesse de s’amplifier et qu’il faudrait instituer des règles plus contraignantes. Confronté à son « ami de trente ans » Jacques Chirac, M. Balladur sait que chaque voix compte. Il dit oui.
Difficile à obtenir, le visa spécifique qu’il instaure — dit « visa Balladur », ou « titre de séjour territorialisé » — permet d’entrer à Mayotte, mais pas sur le reste du territoire français. Le département se transforme en cul-de-sac. Ne pouvant arriver légalement, les Comoriens débarquent clandestinement, hésitent à repartir puisqu’un retour, tout aussi clandestin, leur imposera une traversée maritime risquée. Par la force des choses, ils s’établissent. Pour ceux qui parviennent à régulariser leur situation, le problème reste entier : ils ne peuvent circuler sur le reste du territoire national. Ils sont coincés là.
L’afflux de ces voisins dépasse vite toute possibilité raisonnable d’intégration. Ils occupent, squattent, s’installent comme ils le peuvent sur des terrains privés (parfois loués), dans les collines que traversent des ruelles étroites, des passages, des escaliers — un labyrinthe pour qui ne connaît pas. Les bidonvilles s’étalent, débordent, amas de bangas, habitats précaires, insalubres, de bois ou de tôle, sans aucun service public, au milieu des mouches et des moustiques, dans la puanteur et la saleté. Pour la première fois en 2004, davantage encore en 2016, des tensions entre Mahorais et étrangers donnent lieu aux premiers « décasages » — opérations violentes à l’occasion, organisées par des collectifs de villageois ou d’urbains contre les habitations des clandestins. De manière inquiétante, le nombre des mineurs non accompagnés, abandonnés par des parents expulsés, confiés à des proches ou livrés à eux-mêmes, sans être pris en charge par l’aide sociale à l’enfance, croît. « L’État et l’élite mahoraise, grince M. Guevara, considèrent qu’ils n’ont pas à s’occuper des gamins étrangers ! »
Bombe à retardement. Avec le temps et l’augmentation d’ac¬tes de violence de bandes de jeunes, tant mahorais qu’étrangers, la situation devient intenable. Conversation captée dans un ¬restaurant : « Ton frère s’est bien remis de son agression ? — Il ne récupère pas. La sensation du fil de la machette posé sur son cou l’a complètement traumatisé. » Les vols avec armes ont bondi de 121 % entre 2019 et 2023 ; les vols avec violence ont doublé. Bagarres entre villages ou entre quartiers, barrages sur les routes, caillassage de maisons et de véhicules, attaques de cars scolaires (34 en novembre 2023), apparition de nouvelles armes — fers limés et effilés dotés d’une pointe de béton qui, lancés,
LU DANS LA PRESSE
ont tué deux jeunes filles dans un bus —, agressions à répétition en bord de mer, dans les quartiers réputés calmes ou au coin des rues : « Vous ne les voyez pas, nous met en garde un habitant de Petite-Terre, ils ne sortent qu’au dernier moment. Quand vous les voyez, c’est trop tard ! »
La hantise d’un nouveau
Lampedusa
Incontestablement très « à gauche » , l’instituteur Rivo raconte : « C’est aussi à l’école que ça se passe, surtout dans le second degré. Ou aux abords du milieu scolaire. On va au travail, on se fait agresser. Alors, tu as des personnes qui osent dire :“C’est comme ça en Essonne ou en Seine-Saint-Denis.” Non, les mecs, là-bas, quand ils vont au travail, ils sont sûrs d’arriver. Nous, on ne sait pas si, en allant ou en rentrant du boulot, on va se faire massacrer. »
À 19 heures, commerces et magasins tombent le rideau. Plus de manifestations nocturnes, de sorties entre amis, de concerts à l’air libre, de cinéma, de restaurants — on a peur de tout. Eaux limpides, beauté des coraux, les plages sont désertées. « Je ne fais plus de footing, nous confie un sportif. Même si les risques peuvent être minimes, il suffit d’une fois, au mauvais endroit,
au mauvais moment. » Les « métros » présents depuis longtemps ne reconnaissent plus « leur » île. Une seule question : « Quand partironsnous ? Il n’y a pas d’espoir, ça ne va faire qu’empirer et, quand ça explosera, je ne veux pas être là. » Les Mahorais qui ont les moyens s’exilent aussi, notamment les chefs d’entreprise installés à la Réunion avec leurs familles et qui font des allers-retours en avion.
Les plus modestes n’ont pas ces choix. Ce sont eux qui rejoignent les collectifs de citoyens, et réclament des mesures de l’État, en particulier en matière de « sécurité, qui est un droit pour tous ». Comme il se doit, des propos inacceptables s’invitent dans le débat : « À un moment donné, il faut peut-être en tuer », lâche sur la chaîne publique Mayotte La 1ère le premier vice-président du conseil départemental, M. Salime Mdéré, le 24 avril 2023 (7). « Microfascisme tropical », s’indignent, mettant tout le monde dans le même sac, des voix de la « gauche morale » depuis Paris. « Pas si simple, camarades », répliquent les Mahorais…
Le 24 avril 2023, la vaste opération de police Wuambushu détruit 700 logements informels où s’entassaient des clandestins. « C’est une opération utile, et je pèse chacun de mes mots, considère sur place, tout en regrettant l’emballement
médiatique qui a accompagné l’épisode, l’Insoumise Aouny. La République doit reconquérir des pans entiers du territoire passés du côté du chaos. Il faut démanteler les bandes, détruire leurs QG et arrêter leurs meneurs, car elles sont de plus en plus barbares. » S’il exprime son analyse en d’autres termes, le « gauchiste » Rivo, comme il se définit lui-même en souriant, la rejoint sur le fond : « Au niveau national, mon syndicat a condamné, mais on a dû leur dire, Wuambushu, il y a une adhésion, c’est accepté par les Mahorais. Alors, si vous voulez taper, tapez, mais tapez doucement s’il vous plaît… »
Après Wuambushu, une partie des renforts déployés a dû repartir précipitamment en métropole pour faire face aux émeutes liées à la mort de Nahel (8). Violence et insécurité remontent d’un cran. L’opinion s’embrase quand les habitants du quartier de Cavani, à Mamoudzou, voient s’ériger puis s’agrandir à un rythme accéléré un camp de demandeurs d’asile originaires de l’Afrique des Grands Lacs et de la Corne de l’Afrique autour du stade de leur quartier. Cinq cents hommes et femmes, fuyant violence et misère, démunis de tout, sous de misérables bangas de plastique bleu. « La jeunesse de Cavani s’est sentie chassée de son stade, explique Mme Safina Soula, présidente du Collectif des citoyens de Mayotte 2018, et donc les hostilités ont commencé. Il y a eu régulièrement des affrontements et, au milieu, la police venait et balançait des grenades lacrymogènes, ce qui n’a rien arrangé. La population a été obligée d’intervenir pour exiger le départ du camp. » Une exaspération d’autant plus forte que ce nouveau « robinet » vers la France continentale et l’Europe a été ouvert par des passeurs comoriens. « Ils sont allés démarcher des Africains qui ne savaient même pas que Mayotte existait ! »
Aux tensions déjà existantes s’ajoute un sentiment soudain de panique : Mayotte transformée en un nouveau Lampedusa. « La France a des conventions internationales de protection des réfugiés politiques, commente Mme Soula, et on n’est pas contre, mais, ici, nous n’avons pas les moyens d’accueillir tous ces gens-là. » D’autant que, nous rapporte un dirigeant de Solidarité Mayotte (qui a souhaité ne pas voir cité son nom), « nous ne disposons que de 450 places d’hébergement, plus 50 places en urgence pour les primoarrivants » — déjà toutes occupées. « Nous sommes dans une situation où la réponse de l’État est très insuffisante par rapport à l’ampleur des flux. » Des demandeurs d’asile qui, pour les admis, compte tenu de la durée des procédures et des étapes administratives, peuvent passer plus d’un an sur place avant d’être autorisés à gagner la métropole. Quant aux déboutés, ils sont… perdus de vue. Mandatée par l’État, Solidarité Mayotte — comme la Cimade et l’organisation humanitaire Mlézi Mahoré — s’est retrouvée dans une situation critique quand, accusée de favoriser « l’appel d’air », elle a essuyé menaces, intimidations et même cadenassage de ses locaux. Ainsi naissent les Forces vives (FV), protagonistes de la paralysie totale du département par des barrages qui, du 22 janvier au 29 février 2024, a secoué l’opinion. « Les gens de Cavani nous ont appelés au secours, rappelle M. Mouhoudhoiri. Nous avons dit : “Jamais un Parisien ne viendra ici se battre pour nous. Descendons dans la rue.” » Donc, enchaîne M. Abdou Badirou, directeur du service animation jeunesse et vie associative de Tingoni, de l’autre côté de Grande-Terre, « je fais partie de ceux qui se sont trouvés dans l’obligation de bloquer un rond-point, à l’entrée du village ». Il devient porte-parole des FV, comme
le deviendra la militante de gauche Aouny : « Je vis ici, j’ai des enfants ici, je subis les violences, donc, en tant que citoyenne, j’ai rejoint le mouvement. » Rivo l’imite, comme, à titre individuel, d’autres syndicalistes (FO, CFDT, CGT, SNUipp).
La tension montant autour de Cavani, le maire de Mamoudzou, M. Ambdilwahédou Soumaïla, multiplie les alertes. Faute de réponses du gouvernement, relate M. Badirou, « il a fallu que les Forces vives remuent le baobab pour que le baobab comprenne : le maire de Mamoudzou, même à 800 000 (sic) kilomètres de Paris, est un maire de la République et il doit être aussi respecté qu’Anne Hidalgo »
Tant le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin que la ministre déléguée chargée des outre-mer Marie Guévenoux doivent mouiller la chemise. « Conscients de ce qu’ils ne sont généralement pas écoutés, rappelle M. Nabilou Ali Bacar, directeur du Conseil économique, social et environnemental de Mamoudzou, membre, lui aussi, des FV, les élus se sont effacés derrière les Forces vives, à qui ils ont laissé mener les négociations. » Au terme de ces dernières, un certain nombre de mesures ont été notifiées par M. Darmanin : abrogation des titres de séjours territorialisés, durcissement du regroupement familial, renforcement de la présence policière, mise en place d’un « rideau de fer » autour de l’île, à l’aide de moyens technologiques nouveaux. Toutefois, l’annonce la plus spectaculaire a concerné la fin du droit du sol à Mayotte, à travers une révision constitutionnelle. « Cette demande était dans l’air », approuve implicitement M. Bacar. « Elle est légitime », complètent M. Badirou et Mme Soula. « Ça va mettre fin à la pompe aspirante », estime sur tous les plateaux de télévision la députée Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (LIOT) de Mayotte, Mme Estelle Youssouffa — dont il se murmure qu’elle se verrait bien ministre des outre-mer dans un futur… « gouvernement Darmanin »
« Ils s’en foutent du droit du sol, ils veulent la sécurité ! »
En première ligne au cours des négociations, Mme Aouny conteste fortement cette approche : « Dans la liste des revendications des Forces vives, la priorité était le “ visa Balladur”. L’abrogation du droit du sol n’était absolument pas mentionnée. C’est Darmanin qui l’a introduite. Il a lancé ça comme ça ! On a l’impression qu’il est en campagne et qu’il se sert beaucoup de Mayotte, un peu comme Balladur en son temps. »
« Les gars qui tenaient les barrages, réagit également Rivo, ils s’en foutent du droit du sol, ils veulent la sécurité ! » On sent dans son discours un certain désarroi. « Nous, militants syndicaux, face au discours de droite et d’extrême droite, on est perdus. Et battus. On peut parler de social, avoir un discours de gauche, de développement des services publics, mais il faut le reconnaître : si on ne règle pas la question sécuritaire, laisse tomber ! » Dérangeante elle aussi pour un certain « confort progressiste » métropolitain, Mme Aouny réfléchit : « Nous, militants de gauche, savons pertinemment que la gestion de l’humain est très importante. Mais il ne peut être bien géré que s’il y a un cadre. Ce cadre, on l’a perdu. À partir du moment où on n’a plus la liberté d’aller et venir et où on n’a plus de sécurité, on n’a plus la quiétude nécessaire pour réfléchir à la bonne gouvernance. On est en mode survie ! »
C’est les vacances !
LES VACANCES SCOLAIRES SONT ENFIN ARRIVÉES ! ON ENTEND DÉJÀ CEUX QUI DISENT « ON S’ENNUIE À MAYOTTE, IL N’Y A RIEN À FAIRE ». DÉTROMPEZVOUS ! IL EXISTE DE NOMBREUSES ACTIVITÉS À FAIRE SUR L’ÎLE AUX PARFUMS. DANS CE NUMÉRO, NOUS VOUS PROPOSONS UNE LISTE NON-EXHAUSTIVE DES ÉVÉNEMENTS ET SORTIES À FAIRE DURANT LA PÉRIODE DE JUILLET ET AOÛT. EN ATTENDANT DE NOUS RETROUVER LE 16 AOÛT, TOUTE L’ÉQUIPE DE MAYOTTE HEBDO VOUS SOUHAITE DE BONNES VACANCES !
Que faire pendant les vacances ?
NOUS VOUS PROPOSONS UNE LISTE NON-EXHAUSTIVE D’ÉVÈNEMENTS QUI SE TIENDRONT DURANT LES MOIS DE JUILLET ET AOÛT, AINSI QUE QUELQUES ACTIVITÉS À FAIRE EN FAMILLE OU ENTRE AMIS.
MAYANA SPRING BREAK
LE 13 JUILLET À KANI KELI
Cet événement est pour tous les fêtards. De 18h à 6h du matin, vous êtes conviés à aller faire la fête. Plusieurs DJs seront présents pour animer la soirée. Il y aura également des activités telles que le chamboule-tout, le tir à la corde et même un concours de twerk. Les chanteurs Simao Poulo et Elixo feront un showcase. L’entrée est payante : 15€ en prévente et 20€ sur place.
ÉTÉ CULTUREL DU 1ER AU 28 JUILLET AU PÔLE CULTUREL DE CHIRONGUI
deMahoraiselaruralité Fête deMahoraiselaruralité Fête
Stands artisanaux
Stands culturels
Stands desensibilisation
à 9h00
Le pôle culturel de Chirongui organise « l’été culturel » du 1er au 28 juillet. Au programme : des cours d’initiation au théâtre, des cours de danse de salsa, des ateliers musicaux, des stages de cirque, de graffitis et de nombreux spectacles. Certaines activités sont uniquement destinées aux enfants, mais les adultes peuvent participer à quelques-unes d’entre elles. La participation est gratuite, mais il est nécessaire de s’inscrire en rappelant le 06 39 72 25 67 ou envoyant un mail à : communication-poleculturel@ chirongui.yt
FÊTE DE LA RURALITÉ LE 13 JUILLET À M’BOUINI
La première fête de la ruralité mahoraise est organisée par le conseil départemental le 13 juillet, à la plage de M’bouini, dans la commune de Kani-Kéli. Il s’agit d’un événement familial pour rencontrer des artisans locaux et découvrir des savoir-faire mahorais parfois oubliés. Cette fête est organisée pour célébrer la publication de l’ouvrage « Atlas de la ruralité mahoraise ». Une quinzaine d’exposants présenteront leur artisanat et leur expertise. Le public pourra voir comment sont fabriquées les pirogues, découvrir le maquillage mahorais et les masques de beauté, et participer à de nombreuses autres activités.
LE DÉFILÉ DU 14 JUILLET À MAMOUDZOU ET DEMBENI
Comme chaque année, la ville de Mamoudzou organise le défilé du 14 juillet. Plusieurs corps de métiers vont défiler sur le front de mer de la commune chef-lieu, le matin. Dembeni n’est pas en reste. La municipalité organise également son propre défilé l’après-midi à partir de 16h, sur les thèmes de l’éducation et du civisme.
DES BALADES À LA DÉCOUVERTE DE LA NATURE DU SUD
La communauté de communes du Sud de Mayotte (CCSud) a lancé l'élaboration d'un plan paysage afin de mettre en œuvre son projet de territoire autour d'une stratégie de transition écologique qui vise à valoriser ses atouts naturels et promouvoir le développement touristique durable. La CCSud organise donc des balades de découverte du territoire intercommunal le samedi 27 juillet de 8h à 11h, à la découverte du front de mer et de la pointe Chodoni à Bouéni. Le samedi 3 août sera consacré à la découverte du front de mer de Poroani et du site d'Antanabé, et enfin, le samedi 24 août à la découverte de la plaine littorale de Kani-Kéli. La participation est gratuite sous réserve d'inscription à travers le lien suivant : [forms.office. com](https://forms.office.com/e/ s4WwVfKgvF?origin=lprLink).
MISS GRAND NORD LE 20 JUILLET À M’TSAMBORO
L’élection de Miss Grand Nord est prévue le 20 juillet, à partir de 19h30 au plateau de M’tsamboro. L’entrée est de 20 euros et le pass VIP est à 200 euros. Plusieurs artistes s’y produiront, notamment Dievil Genius, Goulam et Terrell.
MISS MAYOTTE LE 31 AOÛT EN PETITE-TERRE
Le concours de Miss Mayotte revient cette année. L'événement aura lieu à l’hôtel Ibis à Pamandzi, à partir de 20h. La billetterie est ouverte et les réservations se font en ligne sur le site : [my.weezevent.com](https://my.weezevent.com/ election-miss-mayotte-2024-pour-miss-france). Les prix des billets varient entre 40€ et 120€.
FAN ZONE DES JEUX OLYMPIQUES
LE 26 JUILLET À MAMOUDZOU
Les Jeux Olympiques de Paris 2024 sont l'événement sportif le plus attendu en France cette année. La cérémonie d’ouverture aura lieu le 26 juillet, et afin de permettre aux habitants de Mamoudzou de la suivre, la mairie de la commune installera une fan zone le jour J.
FAIRE DE L’AGROTOURISME AVEC LE JARDIN D’IMANY À COMBANI
Plongez dans l’univers de l’ylang-ylang et laissezvous envoûter par son odeur. Anwar Moeva Soumaila vous reçoit dans son exploitation agricole, baptisée le Jardin d’Imany, le temps d’une journée ou d’une demijournée. Au programme : atelier de tressage de paniers en feuilles de cocotier et cueillette des fleurs d’ylang. Vous pourrez ensuite les distiller. Un repas traditionnel est également proposé ainsi qu’une balade digestive au sein de l’exploitation. Pour vivre ce moment unique, il est nécessaire de réserver sa place au 06 34 23 75 51. Les personnes de plus de 11 ans paient 60€, les enfants de 6 à 11 ans paient 30€. L’activité est gratuite pour les moins de 6 ans.
CINÉMA EN PLEIN AIR JUILLET ET AOÛT
L’association « Kaweni en action » organise des séances de cinéma en plein air durant les mois de juillet et août. Les séances ont lieu chaque samedi jusqu’au 10 août, dans différents endroits, à Mamoudzou et à Kaweni. L’entrée est gratuite. Pour plus d’informations, vous pouvez contacter l’association au 06 39 95 32 06.
SORTIE EN MER RANDONNÉES
Qui dit vacances, dit sortie en mer. C’est l’occasion de découvrir ou redécouvrir l’un des plus beaux lagons au monde, celui de Mayotte. Pour cela, de nombreux opérateurs nautiques sont disponibles sur l’île pour vous emmener en mer : Maitai croisières, Planète bleue, Lagon aventure, Naut’île, ou encore SB Nadj. Ils sont tous joignables sur les réseaux sociaux.
Il est possible de découvrir la beauté de Mayotte grâce aux randonnées. Vous pouvez escalader le mont Choungui ou le mont Benara, et parcourir le lac Dziani. L’île aux parfums cache des trésors naturels qu’il faut explorer. Chaussez vos baskets et partez à l’aventure !
UNE PÉTITION CONTRE L’USINE DE DESSALEMENT D’IRONI BÉ ATTEINT
13.500 SIGNATURES
Pour répondre à la crise de l’eau, la préfecture de Mayotte et le syndicat Les Eaux de Mayotte prévoient la construction d’une seconde usine de dessalement à Ironi Bé à l’horizon 2025. Seulement, l’urgence dans laquelle le projet s’est mis en place fait redouter les conséquences écologiques du projet. Une pétition intitulée « Un lagon sans poison ! » tente d’interpeller les pouvoirs publics sur cette question.
« Un lagon sans poison ! », c’est ce que souhaite une pétition du même nom, qui a commencé à circuler en ligne à la mi-avril, sur le site mesopinions.com. Depuis, elle a dépassé les 13.500 signatures, un nombre important pour une pétition qui concerne l’île hippocampe. Adressé au préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, le texte rédigé par le collectif citoyen qui a pris le même nom que la pétition dénonce les conséquences environnementales de la future usine de dessalement, à Ironi Bé, qui devrait voir le jour en 2025, pouvoir produire 17.500 m3 d’eau potable par jour en 2027 et qui est prévue pour atteindre une capacité de 50.000 m3 par jour à terme. « Le rejet
d’eau saumâtre et de produits toxiques directement à la sortie de l’usine dans le lagon va notamment mettre en danger les premiers maillons de la chaîne alimentaire, à savoir coraux, herbiers et planctons, en augmentant la salinité et la température de l’eau », détaille Catherine Ramousse, activiste écologiste à l’initiative du collectif citoyen et de sa pétition. Or, il suffit qu’une partie de la chaîne alimentaire soit impactée pour déséquilibrer le reste de la biodiversité.
L’activiste alerte sur la possibilité de désertion de certaines espèces à terme, y compris dans la passe en S, en face de la future usine, qui sert de couloir de
passage et de migration à la méga-faune. « Les taux de reproduction de certaines espèces risquent de diminuer, on risque d’avoir des spécimens également plus petits, puis elles finiront par déserter l’endroit », complète-telle, ajoutant à cela la pollution sonore et lumineuse qu’engendrera la future usine. Des conséquences qui ont pu être documentées dans plusieurs études concernant l’impact d’autres usines de dessalement dans le monde. À cela, s’ajoutent les risques de destruction de la mangrove d’Ironi Bé pour construire l’infrastructure, endroit prisé par le crabier blanc, une espèce protégée.
Des études insuffisantes
« Si on abîme le lagon, on abîme la richesse de Mayotte », considère Catherine Ramousse, qui pense aux clubs de plongée, aux pêcheurs, et à l’activité touristique de l’île. Un point de vue partagé par les associations environnementales, qui ont alerté plusieurs fois sur l’opacité du projet concernant ses conséquences sur la nature. En effet, en utilisant la procédure d’urgence civile pour mettre en œuvre cette usine de dessalement afin de répondre à la crise de l’eau, la préfecture n’a pas à réaliser d’étude d’impact et d’évaluation environnementale classique. Dans un document que nous avons pu consulter, l’ONG environnementale Longitude 181 parle d’une « notice d’incidences environnementales succincte et très incomplète » , « d’absence d’étude sur la variabilité physicochimique de l’eau », et « d’études insuffisantes quant à la dispersion des eaux rejetées, de leurs températures, de leurs polluants » Pas de séquence ERC (Eviter, Réduire, Compenser) non plus. Cette dernière a pour « objectif d’éviter les atteintes à l’environnement, de réduire celles qui n’ont pu être suffisamment évitées et, si possible, de compenser les effets notables qui n’ont pu être ni évités, ni suffisamment réduits », selon le portail notre-environnement.gouv, point d'accès national à l'information liée à l'environnement et au développement durable. Respecter cette séquence est normalement obligatoire pour tout projet soumis à une ou plusieurs procédures relevant du code de l’environnement. « Il y a globalement une grosse carence du respect de ces obligations en France. Ce n’est pas qu’à Mayotte. Les études d’impact sont très souvent lacunaires », explique Marion Crecent, avocate chez Sea Shepherd, ONG qui fait partie de celles soutenant la pétition pour « Un lagon sans poison ! » « Ce n’est pas parce qu’il y a urgence qu’il faut faire les choses n’importe comment », s’inquiète celle dont l’association redoute notamment l’impact de l’usine sur les populations de tortues à Mayotte qu’elle protège, les herbiers dont elles se nourrissent risquant d’être menacés par le rejet de saumure. Concernant la nécessité de répondre à la crise de l’eau, Catherine Ramousse regrette que l’État n’ait pas
anticipé davantage, celle de 2023 n’étant pas la première qu’a connu le territoire.
« Il faut rejeter l’eau au large »
En mars, plusieurs associations avaient déposé un recours gracieux à l’adresse des pouvoirs publics, afin d’engager des discussions sur ce dossier. Si elles ne sont pas absolument contre cette solution pour pallier l’insuffisance en eau potable, elles demandent néanmoins à ce que la société civile soit davantage incluse dans les débats, à ce que l’impact environnemental soit sérieusement étudié, et que des mesures complémentaires soient prises pour améliorer la gestion de la ressource en eau. À l’image de ce que demande la pétition. « S’il faut absolument une usine de dessalement, d’accord, mais dans ce cas, il faut rejeter l’eau au large (N.D.L.R. c’est le projet prévu avec l’augmentation de capacité de production), ou peut-être envisager d’autres sites,
comme la passe Bandrélé, où l’impact serait moindre. [...] On voudrait que le principe de précaution soit observé », propose l’activiste à l’origine de la pétition, qui maintient que des systèmes de récupération d’eau de pluie individuel pour les usages domestiques et la reforestation pour recréer de nouvelles nappes phréatiques grâce à une meilleure infiltration de l’eau dans le sol par les racines sont des solutions à long terme qui méritent autant d’être étudiées.
Ces différentes tentatives d’alerter la préfecture, à ajouter au courrier envoyé par Catherine Ramousse au nom de son collectif pour rappeler les conséquences du rejet d’eau saumâtre dans un milieu marin, n’ont pas trouvé écho à ce jour, et aucune réelle discussion n’a pu se mettre en place, selon nos informations. Pour finir, l’activiste se désole qu’il n’existe pas d’inventaire exhaustif sur le lagon et les espèces qui l’habitent : « Si des changements surviennent, il n’y aura pas de moyen de recours » n
LISEZ MAYOTTE ABDOU SALAM BACO : LE RACONTEUR DE MAYOTTE
AGRÉGÉ DE LETTRES MODERNES ET DOCTEUR EN LITTÉRATURES FRANCOPHONES, CHRISTOPHE COSKER EST L’AUTEUR DE NOMBREUX OUVRAGES DE RÉFÉRENCE SUR LA LITTÉRATURE DE L’ÎLE AUX PARFUMS, NOTAMMENT
UNE PETITE HISTOIRE DES LETTRES FRANCOPHONES À MAYOTTE (2015) DONT IL REPREND, APPROFONDIT ET ACTUALISE, DANS CETTE CHRONIQUE LITTÉRAIRE, LA MATIÈRE.
L’antépénultième épisode de cette série consacrée à Bruno de Villeneuve, l’encyclopédiste de Mayotte se met abyme puisqu’il s’agit d’une chronique qui traite d’un livre de chroniques. La chronique littéraire aura donc pour objet la chronique de la nature, selon le titre pluriel du dixième livre de l’auteur. Chroniques de la nature à Mayotte paraît en 2016. L’ouvrage se fonde sur un ensemble de chroniques radiophoniques qui sont ici consignées à l’écrit et mises en images. En ce sens, l’encyclopédisme est présent dans la transformation médiatique. Le texte radiophonique se meut en une notice qui rappelle d’autant plus le traité d’histoire naturelle que chaque animal ou chaque fruit textualisés est représenté par une image. En outre, l’auteur ne se contente pas d’illustrer son texte, jadis oral, il l’enrichit. Aux cinquante chroniques déjà parues s’en ajoutent cinquante autres, inédites. On retrouve donc, sous une forme nouvelle, les thèmes de prédilection de l’auteur. Parmi eux, la problématisation de la catégorie de mzungu :
« Les jeunes générations sont beaucoup plus mobiles que les anciennes et sont plus influencées par les wazungu. Les choses changent donc très vite à Mayotte et les jeunes s’intéressent davantage, tels des touristes, aux beautés de leur île. Il faut reconnaître aussi que les publications que j’ai écrites et d’autres font prendre conscience à ces jeunes générations des richesses de l’île qu’elles ne pouvaient apprécier à leur juste valeur, n’étant jamais sorties du territoire pour découvrir d’autres mondes. » (p. 100)
L’encyclopédie de Bruno de Villeneuve nous apparaît structurée de la façon suivante. Il y a d’abord la nature et, en premier lieu, la faune : « Le maki (komba) » , « La roussette
(Ndrema) » , « Le margouillat (Hasangua) » , « Le gecko (Ngwizi) » , « Le caméléon (Dzianyundri) » , « Le scinque (Ngwizi) » , « Le dauphin (Fumba ndrugi) » , « La baleine (Mongome) » , « La tortue (Nyamba, Fanu) » , « Le corail (Swai) » , « Les poissons 1 et 2 (Fi) » , « Les insectes 1 et 2 (Bibi) », « Le Fulgoride (Tsusumbi) », « Le papillon (shijajaha) » , « L’araignée (Trandra bwibwi) » , « Le moustique (Mbu, Drindri) » , « La rasse (Funga) » , « Le tenrec (Landra) » , « Le périophtalme (Gongo) » , « Le crabe (Dradraka, kala) » , « Le cœlacanthe (gombesa) » , « Le zébu (nyombe) » , « La scolopendre (trambwi) » , « Le rapace (Bundri, Papanga) » , « Les oiseaux (nyunyi) » , « Le souimanga (Mwanatse, swiswi) » , « Les oiseaux en mer (nyunyi) » et « Le garde-bœuf (Tsunga nyombe) »
L’amateur d’images que nous sommes rend hommage à Bruno Villeneuve pour la facture des timbres animaliers mahorais représentant notamment la roussette et le gecko, philatélie dont la départementalisation a sonné le glas. Il y a ensuite la flore : « La banane (Trovi, sindza) » , « Le cocotier (Munadzi) » , « Le papayer (Mupwapwaya) » , « Le baobab (Mubuyu) » , « Les épices 1 et 2 (Munadzi) » , « Les arômes » , « Le cacao » , « La vanille (Lavani) » , « L’ylang ylang (Mulangilangi) » , « Le calebassier (Mukudjukudju) » , « La mangrove (Mukoko) » , « Le frangipanier » , « Le jasmin (Anfu) » , « La rose de porcelaine (masva) », « Le bougainvillier (Telu) », « Le jaquier (mufenesi) » , « L’arbre à pain (Muframpe) » , « Le takamaka (Mutrundro) » , « Le tamarinier (Muhaju) » , « Les orchidées (Fulera) » , « Les héliconies (Fulera) » , « Le manioc (Muhogo) » , « Les fruits (Mbiya) » , « La mangue (Manga) » , « Le litchi (Litshi) » , « Les ambrevades (Tsuzi) » , « Les brèdes (Feliki) » , « La corbeille d’or (Murimba) » et « Le bambou géant (Mbambu) » .
Donnons une idée du style de l’auteur en citant la première chronique de toutes, celle consacrée à « La banane (Trovi, sindza) » : « Bonjour, Voici une nouvelle émission sur vos ondes : la chronique de la nature. C’est Bruno de Villeneuve, photographe à Mayotte, que vous entendrez pour cette nouvelle rubrique. Ayant besoin de force et vitalité pour un tel baptême, je vous parlerai aujourd’hui de la banane qui donne les vitamines nécessaires. La banane, comme chacun
le sait, est un produit phare de l’alimentation mahoraise. Elle se cuisine de cinq manières bien différentes : cuites à l’eau, au feu de bois, dans le lait de coco, frite dans de l’huile ou cuisinée avec du poisson ou de la viande. » (p. 46) La fonction phatique de cette première chronique est évidente : prendre contact avec le public. L’auteur se présente et choisit un thème dont il entend explorer la résonance à Mayotte. Vient enfin la géographie, ce que Bruno de Villeneuve appelle d’abord « Environnement » : « Les terres dénudées (Padza) » , « Le lagon » , « Le recyclage
» , « L’environnement (ulanga) » , « La décharge à ciel ouvert
» , « La carrière (cariera) » , « La saison des pluies (kashkazi)
» , « La saison sèche (Kusi) » et « Le cyclone 1 et 2 (Daruba, tifani) »
La géographie humaine prend ensuite l’aspect de la « culture ancestrale » : « Le mraha (Mraha wa tso) » , « Masque de beauté (Musindzano) » , « Le banga (Mabanga)
» , « Le mortier (Shino ma mwitsi) » , « Le boutre (Djahazi)
» , « La pirogue (Laka) » , « La cuisine (Bangani, upiha) » , « Le henné (Hina) » , « Le sel de Bandrélé (Shingo) » La géographie se fait enfin physique avec les « sites et lieux » : « Le mont Choungui » , « Le Dziani dzaha » , « Le Dziani Karihani » , « Le rocher de Dzaoudzi » , « Les plages (Mutsangani) » , « La cascade de Soulou » , « Les quatre frères
» , « Les îlots de sable blanc » , « La passe en S (Longogori)
» , « L’îlot M’Bouzi » , « L’îlot Bandrélé » , « L’îlot M’tsamboro
» , « La patate de corail (Swai) » , « La barrière de corail (Mwamba) » , « Le récif frangeant » , « Le plus beau lagon » , « La randonnée Uutembea, Ndzia) » , « Les plages de Moya » et enfin « La voûte céleste (Wvinju) »
L’énumération ici reprise vaut répertoire de Mayotte. L’encyclopédie selon Bruno de Villeneuve articule non pas la scientia sexualis et l’ars erotica de Michel Foucault dans son Histoire de la sexualité, mais une scientia mayottensis et un ars mayottensis, c’est-àdire une connaissance de Mayotte et un usage de l’île aux parfums.
Christophe Cosker
AVIS D'APPEL PUBLIC À LA CONCURRENCE - TRAVAUX
Section 1 : Identification de l'acheteur
Nom complet de l'acheteur : Ville de MTsangamouji (976)
Numéro national d'identification :
Type : SIRET - N° : 20000882900018
Code postal / Ville : 97600
M'tsangamouji
Groupement de commandes : Non
Section 2 : Communication
Moyens d'accès aux documents de la consultation
Lien vers le profil d'acheteur : https:// www.marches-securises.fr
Identifiant interne de la consultation : 2024/23
L'intégralité des documents de la consultation se trouve sur le profil d'acheteur : Oui
Utilisation de moyens de communication non communément disponibles : Non
Nom du contact : SOUFFOU Tchico - Tél : +33 639991508 - Mail : dst@ mairiedemtsangamouji.fr
Section 3 : Procédure
Type de procédure : Procédure adaptée ouverte
Conditions de participation :
Aptitude à exercer l'activité professionnelle : L'opérateur économique doit être inscrit sur un registre professionnel ou sur un registre du commerce suivant : Registre du commerce et des sociétés ou répertoire des métiers
Capacité économique et financière : Indications concernant le chiffre d'affaires annuel général sur 3 ans.
Capacités techniques et professionnelles : une déclaration
indiquant l'outillage, le matériel et l'équipement technique dont le candidat dispose pour l'exécution du marché
Mention des références travaux sur une période de 3 ans.
Description de l'équipement technique et des mesures employées par l'opérateur économique pour s'assurer de la qualité et indication des moyens d'étude et de recherche
Technique d'achat : Sans objet
Date et heure limite de réception des plis : Lundi 05 août 2024 - 12:00
Présentation des offres par catalogue électronique : Interdite
Réduction du nombre de candidats
: Non
Possibilité d'attribution sans négociation : Oui
L'acheteur exige la présentation de variantes : Non
Section 4 : Identification du marché Intitulé du marché : TRAVAUX DE DEMOLITION DE L’ANCIEN BÂTIMENT ADMINISTRATIF DE L’ECOLE M’TSANGAMOUJI 1
Classification CPV : 45110000
Type de marché : Travaux
Description succinte du marché : Réalisation des travaux de démolition de l'ancien bâtiment administratif de l'école M'tsangamouji 1
Lieu principal d'exécution : 2
Chemin Daoudou Attoumani 97650
M'tsangamouji
Durée du marché (en mois) : 3
La consultation comporte des tranches : Non
La consultation prévoit une réservation de tout ou partie du marché : Non
Marché alloti : Non
Section 6 : Informations complémentaires
Visite obligatoire : Oui
Détails sur la visite : L'absence de visite par le candidat rend son offre irrégulière
Autres informations complémentaires : La visite devra être justifié uniquement par une attestation de visite signé et délivré par le maître d’ouvrage
Date d'envoi du présent avis 03 juillet 2024
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Première parution
Vendredi 31 mars 2000
ISSN 2402-6786 (en ligne)
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