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ENSEIGNER OU SAUVER SA PEAU
La rentrée scolaire à Mayotte n’est pas de tout repos. Les incidents s’enchaînent et les professeurs sont déjà épuisés. Il y a quelques jours, une rixe a éclaté au sein du lycée de Tsararano. Les élèves déjà traumatisés par l’insécurité grandissante dans les établissements scolaires, on dû assister à cet énième incident, augmentant encore plus leur traumatisme. Si un événement comme celui-ci était arrivé dans un lycée de métropole, il aurait fait la une de tous les médias. Mais puisqu’il s’agit de Mayotte, on n’en parle pas ou très peu, tout le monde est habitué. Et c’est bien là tout le problème. Personne ne devrait être habitué à vivre dans l’insécurité. Les élèves devraient se sentir en sécurité dans leurs établissements scolaires. Ce n’est plus le cas. Pas étonnant que les professeurs ne veuillent plus venir enseigner à Mayotte. Ceux qui sont déjà présents sont à bout. Ils enchaînent les droits de retrait et les grèves, mais rien n’y change. Tout le monde est condamné. La scolarité des jeunes est mise en péril, et les équipes pédagogiques sont partagées entre leur envie d’enseigner ou sauver leur peau. Triste dilemme.
Bonne lecture à tous,
Raïnat Aliloiffa
TCHAKS
DES DISTRIBUTEURS DE PROTECTIONS
HYGIÉNIQUES À L’UNIVERSITÉ
Le Crous de la Réunion et de Mayotte a installé cinq distributeurs de protections hygiéniques gratuites sur le campus de l’université de Mayotte. Cette initiative vise à lutter contre la précarité étudiante et menstruelle en offrant un accès libre et gratuit aux protections hygiéniques pour toutes les étudiantes. Cette action s’inscrit dans une volonté plus large du Crous de la Réunion et de Mayotte de mobiliser l’ensemble de ses services pour accompagner les étudiants des deux territoires.
EMBROUILLES ENTRE L’AS NEIGE DE MALAMANI ET LE TRÉVANI SC
Le 17 août dernier, les deux équipes se sont affrontées en quart de finale et l’AS Neige de Malamani a éliminé le Trévani SC, 2-0, se qualifiant ainsi pour la demi-finale. Mais le club de Koungou estime que l’équipe adverse n’aurait pas dû gagner le match, car elle a commis une faute. À la 89ème minute, un remplaçant arborant un numéro 16 est entré sur le terrain en tant que joueur de champ de l’équipe de Malamani. Mais le maillot du joueur entrant était différent de ses coéquipiers parce qu’il ne provenait pas du jeu de maillots offert par la Ligue mahoraise de football à ce stade de la compétition. Le club de Trévani s’est donc orienté vers la Ligue pour dénoncer les faits. Elle leur a donné raison et a infligé une amende de 500€ à l’AS Neige de Malamani. Mais il n’a pas interdit au club de jouer la demifinal. Cette décision n’a pas satisfait le Trévani SC qui a porté l’affaire jusqu’au Comité national olympique et sportif français. Il leur a donné raison par une décision rendue par le tribunal d’instance le 12 septembre. Le comité recommande à la ligue d’annuler la victoire en quart de finale de l’AS Neige de Malamani et d’intégrer le Trévani SC aux demi-finales qui étaient prévues le 14 septembre. Cela n’a pas été fait par manque de temps de la ligue.
DEVENIR SENTINELLE DE LA NATURE
L’association Mayotte Nature Environnement coordonne la plateforme numérique Sentinelles de la Nature, elle permet de signaler les atteintes portées à la nature à Mayotte, et les initiatives favorables à l’environnement dont on est témoin. Les signalements permettent de les recenser. Ils peuvent donner lieu à des actions concrètes pour prévenir ou résorber les atteintes à l’environnement et valoriser les actions positives. Pour rejoindre le mouvement, il suffit de télécharger l’application Sentinelles de la Nature, disponible sur Android et iOS. Il est aussi possible de se créer un compte sur le site internet [www.sentinellesdelanature.fr] www.sentinellesdelanature.fr. Ensuite, il n’y a plus qu’à déposer son signalement avec la localisation de la dégradation, sa photo, sa description, et le tour est joué.
FOOTBALL : AURYANE ABDOURAHIM COMMENCE LA SAISON TAMBOUR BATTANT
L’attaquante du Paris-Saint-Germain, Auryane Abdourahim, connaît une belle rentrée autant en club qu’avec l’équipe de France des moins de 19 ans. Ce samedi, la Mahoraise a débuté le championnat par un triplé inscrit contre son ancien club de l’ASJ Soyaux-Angoulême, avec un large score au coup de sifflet final (15-0). Au PSG, la joueuse de bientôt 17 ans entame sa deuxième année au centre de formation de la section féminine. Autre bonne nouvelle, en début de semaine, elle a passé trois jours de tests à Clairefontaine avec le staff de l’équipe de France U19. Sélectionnée à dix-huit reprises dans les catégories U16 et U17, elle a inscrit neuf buts sous le maillot bleu. Après ce nouveau stage en compagnie de joueuses de son âge, elle pourrait être appelée par Philippe Joly pour participer au premier tour des qualifications à l'Euro 2025. Les U19 françaises affronteront le Portugal, la Slovaquie et la Macédoine du Nord, du 27 novembre au 3 décembre.
LU DANS LA PRESSE
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À MAYOTTE, DANS LA COURSE AUX EXPULSIONS, TOUS LES COUPS SONT PERMIS
Publié par Grégoire Mérot, sur Blast, le 18/09/2024
Bébé laissé sur le trottoir alors que la mère est arrêtée, coups de poings et de pieds à la tête sur un homme tenu à terre. Scène de bavure quotidienne à Mayotte avec vidéo à l’appui qui illustre la violence systémique sur le territoire, poussée par une course effrénée aux expulsions.
Sept coups de poings assénés avec force, puis un dernier coup de pied dans la tête : impuissant, tenu à distance par un policier le menaçant de son spray lacrymogène, El Hadje, 29 ans, assiste au déchaînement de violence qui s’abat sur son ami, ceinturé à terre par des membres de la police aux frontières (PAF) de Mayotte. À quelques mètres, un automobiliste filme la scène, et la publie sur les réseaux sociaux - avant qu’elle soit rapidement supprimée.
Que s’est-il exactement passé, ce mardi 10 septembre 2024 ? Selon El Hadje, il est près de neuf heures quand un convoi du groupe d’appui opérationnel (GAO) de la PAF - qui sillonne l’île quotidiennement avec ses fourgons pour interpeller des étrangers en situation irrégulière en vue de leur expulsion - contrôle une jeune maman aux abords du dispensaire de Dzoumogné, dans le nord de l’île.
« Elle venait juste de sortir de l’hôpital avec son bébé de moins de deux mois et cherchait un taxi » , précise El Hadje. « Elle n’avait pas les papiers, mais son bébé est français, alors les policiers ont embarqué la maman et ils ont laissé le bébé sur le trottoir » , assure encore le jeune homme qui habite dans le secteur.
« Et ils sont partis. »
« Il ne voulait pas que le bébé soit abandonné comme ça »
Scandalisé par la scène à laquelle il vient d’assister, un ami d’El Hadje court récupérer
sa voiture, et embarque le nourrisson avec un autre ami pour rattraper le convoi du GAO et demander aux policiers que l’enfant reste avec sa mère. « Il ne voulait pas les empêcher de partir avec la maman, mais juste que son bébé soit avec elle, pas abandonné comme ça » , insiste le jeune homme. Le trio rejoint l’escouade policière devant une station-service. « Avec sa voiture, mon ami a bloqué le fourgon pour pas qu’ils partent sans le bébé, et il a enlevé les clefs de son véhicule » , explique encore El Hadje. Le jeune conducteur tente alors d’expliquer son geste aux fonctionnaires, mais le ton monte rapidement, et les policiers gazent à plusieurs reprises « alors qu’il y avait le bébé dans la voiture »
L’ami d’El Hadje s’insurge, et c’est à ce moment-là qu’il essuie une pluie de coups de poings et de pied : « Il y en a eu d’autres, mais on les voit pas sur la vidéo. Mon autre ami aussi a été frappé. » Sonné, le trio ne peut que regarder filer le convoi policier qui emmène la mère du nourrisson.
« On a eu très peur pour le bébé, il avait l’air comme mort, il était inconscient, peut-être à cause des gaz. On l’a tout de suite ramené à l’hôpital, puis mes amis sont allés porter plainte à la gendarmerie de Mtsamboro. C’est grave tout ça, ils ne peuvent pas se comporter comme ça » , conclut El Hadje.
Alerté par des villageois, le père de l’enfant - dont les jours ne seraient pas en danger - a pu le récupérer au dispensaire. Mais le lendemain soir, la mère, théoriquement
protégée par la nationalité française de son bébé, était toujours retenue au centre de rétention administrative, menacée d’expulsion vers les Comores. Ces procédures sont monnaie courante à Mayotte, et sont encore facilitées lorsque l’enfant n’accompagne pas le parent interpellé : est-ce la raison pour laquelle le GAO a séparé la mère de son bébé ?
« On n’a plus vu la maman »
Le 16 septembre, au terme d’une procédure accélérée, les policiers impliqués ont été reconnus coupables de « violences volontaires par personnes dépositaires de l’autorité publique sans ITT » , et condamnés à six mois de prison ferme pour l’un, et quatre mois avec sursis pour l’autre. « Une réponse pénale rapide et qui témoigne d’une réelle fermeté » , commente le procureur de la République de Mamoudzou, Yann Le Bris.
Ce magistrat évoque un « acte isolé de deux fonctionnaires de police appartenant à un service qui travaille dans des conditions extrêmement difficiles, souvent pris à partie et
victime d’attaques comme des jets de pierre » . Selon lui, ces « deux fonctionnaires qui ont une longue carrière sans antécédents ont, dans ce contexte très particulier, perdu leur sang froid » : pas de quoi remettre en question « toute la confiance » que le procureur « place dans les actions du GAO »
Et lorsqu’on lui demande pourquoi la justice ne s’est pas penchée sur l’abandon du bébé, qui constitue pourtant l’élément déclencheur de toute l’affaire selon El Hadje, Yann Le Bris répond qu’il n’a « pas à rentrer dans le détail de ce que peuvent dire les uns ou les autres » , et argue que les victimes ne se sont pas rendues aux convocations de la police.
« C’est vrai qu’ils n’y sont pas allés, explique El Hadje : ils n’avaient pas d’avocat, peut-être qu’ils ont eu peur. » Et pour cause : une enquête pour « rébellion » est ouverte à leur encontre - durant laquelle le sort du bébé sera peut-être enfin évoqué. El Hadje n’a « plus eu de nouvelles de la maman » depuis le 10 septembre : « On l’a plus vue, je pense qu’elle a été expulsée. »
Piste longue, nouvel aéroport, billets chers : ça urge !
LES RÉCENTES PÉTITIONS ET MANIFESTATIONS POUR DÉNONCER LES PRIX DES BILLETS D’AVION À MAYOTTE, REMETTENT TOUT EN CAUSE. CE MOUVEMENT SOULÈVE DES QUESTIONS BEAUCOUP PLUS PROFONDES. MAYOTTE AURA UNE PISTE LONGUE OU UN NOUVEL AÉROPORT ? COMMENT FAIRE POUR BAISSER LES PRIX DES BILLETS D’AVION QUI SONT BEAUCOUP TROP CHERS POUR LES MAHORAIS ? QUELS SONT LES PROJETS DU CONSEIL DÉPARTEMENTAL POUR RÉPONDRE À TOUTES CES PROBLÉMATIQUES ? AUTANT DE QUESTIONS, ET PEU DE RÉPONSES.
Marine Gachet
PISTE
LONGUE
Les discussions sur le nouvel aéroport au point mort
ON NE VOIT PLUS LE BOUT DU DOSSIER DE LA PISTE LONGUE. SI APRÈS PLUSIEURS ANNÉES D’ÉTUDES DE FAISABILITÉ ET COMPARATIVES, L’OPTION D’UN NOUVEL AÉROPORT À BOUYOUNI-M’TSANGAMOUJI A ÉTÉ PRIVILÉGIÉE PAR LA DIRECTION GÉNÉRALE DE L’AVIATION CIVILE (DGAC) PAR RAPPORT À L’ALLONGEMENT DE LA PISTE ACTUELLE DE PAMANDZI, LES DISCUSSIONS ATTENDENT LA NOMINATION D’UN NOUVEAU GOUVERNEMENT POUR AVANCER.
C’est après des années d’attente, suite au débat public de 2011, et une promesse du président de la République, Emmanuel Macron, en octobre 2019 lors d’une visite sur l’île, que l’espoir de voir une piste longue à Pamandzi s’est enraciné dans l’esprit des Mahorais. Désenclaver l’île, permettre à davantage de compagnies aériennes de se poser, élargir ainsi la concurrence et par la même entraîner une baisse des prix des billets d’avion sont les enjeux qui pèsent sur cet ouvrage d’initialement 200 millions d’euros, qui tarde à voir le jour. Car, après les engagements, la piste vers la réalisation de ce projet s’avère bien plus longue que prévue.
En 2020, le préfet de l’époque, Jean-François Colombet, ressortait du second comité de pilotage du projet en confirmant que le profil du futur ouvrage en Petite-Terre serait “définitivement arrêté en octobre 2021” et que le début des travaux serait pour 2023. À ce moment-là, deux options sont à l’étude : allonger la piste actuelle au sud pour rejoindre une piste convergente, ou bien construire une piste convergente plus longue qui prendrait directement appui sur l’extrémité sud de la piste déjà existante de l’aéroport. La direction générale de l’aviation civile (DGAC) ouvre en 2021 une Maison du projet, à Pamandzi, qui a alors vocation à informer la population sur les
travaux de la future piste. Le scénario se précise et veut la création d’une nouvelle piste sur le lagon accrochée à l’extrémité sud de la piste actuelle pour s’étendre vers le nord sur une longueur de 2.600 mètres.
L’OPTION
D’UN NOUVEL AÉROPORT ÉMERGE EN 2022
Mais en 2022, les cartes sont rebattues. Une nouvelle analyse des sites d’implantation identifie le secteur Bouyouni-M’tsangamouji comme un potentiel lieu d’accueil pour la piste. Cette option, qui implique alors la construction d’un nouvel aéroport, doit être étudiée comparativement à celle de Pamandzi. La DGAC mène ces études en 2023. L’aspect socio-économique, environnemental, celui des risques naturels, de la desserte, ou encore de la ressource en eau sont alors pris en compte. En parallèle, des investissements ont commencé à être faits en Petite-Terre pour préparer la venue de la nouvelle piste : l’agrandissement de l’aérogare, l’hôtel Ibis ouvert en 2022, le Pôle Aéronautique du lycée polyvalent de Pamandzi…
Alors quand en mai 2024, les résultats des études tombent, la déception est grande chez les élus de Petite-Terre. Les conclusions sont en effet sans appel : l’option BouyouniM’tsangamouji est de loin la meilleure. En
effet, la montée des eaux induite par le dérèglement climatique et aggravé par le volcan Fani Maore font qu’une piste longue en Petite-Terre risque fortement d’être inexploitable durablement, l’aéroport actuel étant déjà lui-même menacé. La DGAC précise même une “inexploitabilité graduelle à partir de 2035” . Cette option nécessiterait de plus des travaux de cinq ans pour réhausser la piste déjà existante, ce qui entraînerait une suspension des vols pendant 18 mois. Et pour la piste longue, ce serait neuf ans de travaux pour 1,1 milliard d’euros, contre les 200 millions prévus au départ. L’alternative en Grande-Terre se révèle donc plus raisonnable selon le ministère des Transports, ne présentant pas de risque naturel notoire et les études confirmant la faisabilité du projet.
UN DOSSIER EN STAGNATION POUR L’INSTANT
Les élus de Petite-Terre réagissent alors en pointant notamment du doigt l’impact sur le foncier agricole d’un nouvel aéroport dans le Nord. “On manque déjà de terres pour l’agriculture, pour l’industrialisation du territoire, pour construire de nouvelles infrastructures” , soulignait en mai auprès de Mayotte Hebdo Maymounati Moussa Ahamadi, conseillère départementale du canton de
Dzaoudzi-Labattoir. Mais c’est pour eux surtout l’espoir de voir une piste longue à Mayotte qui s’évanouit. “Lorsqu’on promet, on crée de l’espoir. Quand on réalise, on crée de la confiance. Les Mahorais ne feront plus confiance” , réagissait Mikidache Houmadi, maire de DzaoudziLabattoir, dans nos colonnes lorsque les résultats des études ont été rendus publics.
Si Pierre Bastard, alors conseiller transport aérien, ports et transport maritime, transport fluvial au cabinet de Patrice Vergriete, alors ministre délégué chargé des Transports, indiquait en mai qu’élus et État devaient continuer d’étudier les résultats des comptes-rendus afin d’adopter une “vision partagée” , préciser le coût et le futur calendrier, la dissolution de l’assemblée nationale en juin dernier a freiné le dossier. Selon Mikidache Houmadi, la nomination d’un nouveau gouvernement est attendue pour faire avancer les travaux. Maymounati Moussa Ahamadi n’a pas non plus de nouveaux éléments sur le projet depuis les annonces du mois de mai. “Septembre devait être le démarrage des études, sachant que certains demandent une contre-expertise. De ce fait, j’espère qu’avec la nomination du gouvernement, tous ces sujets qui concernent la profonde structuration du territoire seront rapidement posés sur la table” , déclare-t-elle.. n
En mai 2024, la direction générale de l’aviation civile (DGAC) a présenté ses conclusions après plusieurs années d’étude du dossier : l’option d’un nouvel aéroport à BouyouniM’tsangamouji est retenue.
Prix des billets
Billets chers : la colère des Mahorais contre Air Austral
UNE CINQUANTAINE DE MANIFESTANTS S’EST RÉUNIE, LE WEEK-END
DERNIER, POUR PROTESTER CONTRE LE PRIX DES BILLETS D’AVION D’AIR AUSTRAL, JUGÉ EXORBITANTS AU DÉPART DE MAYOTTE. LE CORTÈGE
S’EST RENDU DANS LES LOCAUX D’UN PARTENAIRE DE LA COMPAGNIE AÉRIENNE AFIN DE FERMER LEURS BUREAUX.
« À ce prix-là, on devrait prendre les 2 000 euros des billets pour fonder notre propre agence » s’esclaffe un habitant, qui regarde, à distance, les manifestants s’organiser sur la place de l’ancien marché, à Mamoudzou, samedi 14 septembre. Au petit matin, ils ne sont pas nombreux à avoir répondu à l’appel des collectifs, dont le Collectif des citoyens de Mayotte ou l’Untam, pour manifester contre la cherté des billets de la compagnie aérienne Air Austral. L’action, organisée simultanément à Saint-Denis, à la Réunion, veut être le lancement officiel du boycott. « La seule façon de se faire entendre, c’est de ne plus leur donner un seul centime », martèle Sylviane Amavi, membre du Collectif des citoyens de Mayotte, qui appelle à la solidarité.
« S’ENVOLER SANS
SE FAIRE VOLER »
À quelques pas de la place. Des manifestants sont entrés dans l’agence Issoufali, partenaire d’Air austral, obligeant les employés à fermer plus tôt. Puis, le cortège d’une cinquantaine de citoyens a fait le tour du rond-point Zena M’déré, arborant des banderoles avec des
slogans tels qu’« Air Austral tue, tarifs assassins » , « stop aux tarifs discriminés » « s’envoler sans se faire voler »
«
LA SEULE FAÇON DE
SE
FAIRE
ENTENDRE, C’EST DE NE PLUS LEUR DONNER UN SEUL CENTIME »
Les prix jugés élevés sont au cœur de l’action. « Les Mahorais sont les vaches à lait d’Air Austral depuis 45 ans, mais nous sommes fatigués de payer cinq fois plus cher nos billets qu’à la Réunion » s’exclame Sylviane Amavi sous les applaudissements des manifestants, réfugiés à l’ombre de l’aire de jeu. Tous estiment que la compagnie aérienne s’enrichit grâce à ses clients Mahorais. Surtout, l’incompréhension domine face à la différence entre les prix des
Une petite cinquantaine de personnes a répondu à l’appel des collectifs mahorais pour manifester contre les prix des billets d’avion.
«
LES MAHORAIS ATTENDENT LA CONCURRENCE ET LA
NOUVELLE PISTE LONGUE »
billets d’avion au départ de Mayotte et de la Réunion pour la métropole, et à l’absence « d’égalité » « Nous sommes obligés de prendre l’avion pour faire nos études, nous soigner. Ce n’est pas normal de payer 1 500 euros l’aller-retour
pour se rendre en métropole » Les voix s’élèvent à l’annonce du prix du billet vers l’Hexagone, pour corriger le membre du collectif, « c’est bien plus cher que ça », « non, c’est 1 700 voire 1 800 euros »
Une situation insupportable qu’ils expliquent par le quasi-monopole d’Air Austral. « Les Mahorais attendent la concurrence et la nouvelle piste longue ». Cette dernière est sur toutes les lèvres depuis des années. Si elle permettrait des vols long-courrier et directs, notamment vers la métropole, elle n’est pour l’instant qu’à l’État de projet.
Les manifestants ont fermé les locaux de l’agence de voyage Issoufali, partenaire d’Air Austral à Mayotte.
L’ARGUMENT DES TAXES ET REDEVANCES
« Ce n’est que le début du mouvement. Il faut initier nos élus à ce problème » explique Zeina, une manifestante. Des élus aux abonnés absents, à l’exception d’Hélène Pollozec, conseillère départementale de Mamoudzou 3. Elle a posé fièrement aux côtés des manifestants, en tête de cortège. « La population cherche de la transparence » insiste l’élue. Air Austral s’est défendu, le 5 septembre dernier, dans un communiqué : « Si la compagnie entend les différentes remarques qui ont pu être exprimées, elle regrette vivement les accusations proférées à son encontre, alors qu’elle ne cesse de s’engager et de poursuivre ses efforts pour la desserte de l’île, son ouverture et son développement économique […] les redevances aéroportuaires, de même que le prix du fuel, sont en constante
«
LES MAHORAIS SONT LES VACHES À LAIT
D’AIR
AUSTRAL DEPUIS 45
ANS »
augmentation à Mayotte. En 5 ans, les taxes aéroportuaires ont augmenté de l’ordre de 20% et pourtant les tarifs de la compagnie se maintiennent, voire baissent. » Des arguments balayés par les collectifs. « Bien sûr les prix gonflent, mais c’est à cause de l’escale à la Réunion. On se retrouve à payer les taxes de l’aéroport de Paris, de Saint-Denis et de Pamandzi ». Le boycott est donc officiellement lancé, et la pétition en ligne a déjà réuni plus de 12 000 signatures à l’heure où nous écrivons ces lignes. n
Les collectifs veulent un alignement des prix des billets d’avion avec ceux de la Réunion.
Billets d’avion
Quels projets pour faire baisser les prix des billets d’avion ?
VICE-PRÉSIDENT DU CONSEIL DÉPARTEMENTAL CHARGÉ DES TRANSPORTS (ENTRE AUTRES RESPONSABILITÉS), OMAR ALI PORTE SUR SES ÉPAULES L’ÉPINEUX DOSSIER DE LA DESSERTE AÉRIENNE DE MAYOTTE DONT LA FACILITATION DE CRÉATION DE NOUVELLES LIGNES AÉRIENNES RÉGIONALES. À L’HEURE OÙ LA VOX POPULI EXIGE DES RÉPONSES CONCRÈTES SUR LA CHERTÉ DE LA VIE ET DES PRIX DES BILLETS D’AVION À COUP DE PÉTITIONS, DE MANIFESTATIONS ET DE RASSEMBLEMENTS PUBLICS, IL LIVRE L’ÉTAT D’AVANCEMENT DES DIFFÉRENTS PROJETS DE DESSERTE PORTÉ PAR LE DÉPARTEMENT DE MAYOTTE.
De l’aveu même de Ben Issa Issa Ousséni, le Président du Conseil Départemental de Mayotte, l’élu du canton de DzaoudziLabattoir aurait pas mal « bûché » sur la problématique du désenclavement aérien de notre île. Trouver une alternative à Air austral et ses tarifs exorbitants, est un travail qu’il a pris à bras-le-corps depuis son arrivée aux affaires il y a trois ans, à commencer par le projet de la compagnie Zéna, initié par les frères Régis et Julien Novou. « Nous avons amorcé de multiples échanges sur cette affaire pour nous rendre compte six mois plus tard que ces porteurs de projet ne disposaient même pas d’un Kbis. Toute cette perte de temps et d’énergie mobilisés pour rien m’avait profondément choqué, sachant qu’ils ont même déplacé sur ce territoire un technicien de la société Airbus » . Suite à cet échec, c’est la compagnie Corsair qui s’est approchée du conseil départemental de Mayotte pour lui proposer une prise de participation dans son capital. Une offre que le département n’a pas jugé utile, car trop onéreux exigeant la mobilisation de capitaux trop importants. Omar Ali confie que l’ambition réelle de Mayotte était alors
de prendre le contrôle d’Ewa Air, ventée par ses créateurs comme étant une compagnie mahoraise. Cet objectif avait été convenu par les différents actionnaires (région Réunion, Chambre de Commerce et d’Industrie de Mayotte, Air Austral, etc…) au démarrage de cette structure sous la présidence de M. Malé. Un rêve de très courte durée, douché à l’occasion d’un échange téléphonique entre Ben Issa Ousséni et Huguette Bello, l’actuelle Présidente de la Région Réunion, laquelle lui aurait signifié une fin de non-recevoir dans termes plutôt assez secs selon Omar Ali, «Ewa Air est une compagnie réunionnaise et elle n’est pas à vendre » ! Dès lors, le besoin d’un palliatif s’imposait. C’est ainsi qu’apparaît Fly Li (entité proche de Corsair). « Celle-ci nous a dès le départ annoncé qu’elle ne s’intéressait qu’aux segments régionaux dont elle avait une maîtrise, notamment la ligne Réunion/Mayotte, et nous proposait une participation de 51 % dans son capital soit une enveloppe financière de 82 millions d’euros. L’offre était et reste alléchante pour Mayotte avec quatre rotations par semaine sur La Réunion à coût inférieur à celui pratiqué actuellement par Air Austral », précise le vice-
« NOUS AVONS
RATÉ LE COCHE
AVEC FLY LI »
président du conseil départemental. Le PDG de Fly Li aurait fait plusieurs allers/retours à Mayotte pour asseoir ce projet mais sans toutefois réussir à lever certaines hésitations du côté des élus départementaux Le Conseiller départemental de Dzaoudzi-Labattoir se déclare personnellement convaincu par ce projet, d’autant que Fly Li remplirait toutes les conditions exigées par l’administration en matière de certifications et droits de trafic. Une solution innovante pour baisser le coût du transport entre Mayotte et Madagascar
Les blocages seraient plutôt internes à l’administration départementale, le dossier aurait été confié à la directrice générale des services pour une coordination entre la directrice générale adjointe économique et l’Agence de développement et d’innovation (ADIM) mais le sujet serait resté lettre morte depuis six mois. Les atermoiements internes des services départementaux ont cependant
des conséquences financières graves pour la compagnie Fly Li, car en attendant un retour en ordre de marche intra-muros, la mobilisation d’une flotte d’aéronefs a en effet un coût et il a fallu les démobiliser en les faisant louer à d’autres compagnies, le temps que le projet mahorais reprenne vie. « Nous avons raté le coche avec Fly Li. Air Austral qui s’est calée sur les horaires publiés par Fly Li au départ de Mayotte s’est dépêchée de propager des fausses informations sur des prétendus problèmes financiers de son concurrent. Je vais devoir relancer le président Ben Issa Ousséni et nos services pour réactiver ce dossier au plus vite, mais il subsistera encore une autre difficulté, à savoir que je suis seul à défendre ce projet parmi les élus mahorais, y compris au sein de Cocoïco, le Conseil d’administration de l’aéroport Marcel Henry de Pamandzi ». Omar Ali explique en effet que Soihirat El-Hadad (conseillère départementale de Pamandzi) qui a dernièrement représenté le conseil départemental à ce CA n’a ni le soutien du maire de Pamandzi, ni son homologue de Dzaoudzi-Labattoir et qu’elle se trouve toute seule, notamment lorsqu’il est question d’augmentation des taxes aéroportuaires lesquelles se répercutent
inéluctablement sur les coûts des billets d’avion. Le vice-président en charge des transports au département de Mayotte se veut néanmoins optimiste quant à la possibilité d’arriver un jour à satisfaire les attentes de la population en matière de baisse de coût de la desserte régionale, en direction de Madagascar pour commencer. Un opérateur envisagerait de créer une ligne de transports au moyen d’hydravions depuis le quai Ballou à Dzaoudzi pour desservir la Grande île rouge. Il s’agirait d’une piste de travail prise très au sérieux avec la garantie d’une baisse du prix de transport entre les deux îles de l’ordre de 30 à 50 % des tarifs prohibitifs pratiqués actuellement via la position de monopole dont dispose Ewa Air. Omar Ali accuse particulièrement l’inertie de quatre parlementaires mahorais sur cette question de la baisse souhaitée par les consommateurs mahorais du prix du trafic aérien au départ et à destination de l’île au lagon. Il affirme disposer de preuves matérielles des échanges qu’il a eu maintes fois avec ces élus, mais également d’autres partenaires sur le territoire. « Les Mahoraises et les Mahorais doivent savoir que je passe pour le méchant sur cette question vis-àvis de ceux qui détiennent ce monopole parce qu’ils constatent justement cette absence totale de réactions des responsables mahorais, y compris de la part de certains acteurs économiques de premier plan ». Une situation que le vice-président du conseil départemental n’hésite pas à qualifier de lassante physiquement et usante moralement. Deux autres projets
« JE SUIS SEUL À DÉFENDRE CE PROJET PARMI LES ÉLUS MAHORAIS »
seraient aussi sur la table, « Précious » en partenariat avec la Tanzanie et Air Mozambique. Des projets dont les avancées seraient laissées aux mains de la Chambre de commerce et d’industrie de Mayotte qui ne semble pas montrer des résultats probants, là pareillement, malgré des autorisations données par les hautes instances de l’aviation civile à Paris au nom de la réciprocité entre les Etats concernés. L’explication donnée par l’aéroport de Pamandzi serait le manque de contrôleurs aériens. Un problème qui avait défrayé la chronique localement il n’y a pas si longtemps, avec une grève à la clé et des délocalisations temporaires de vols sur d’autres aéroports voisins. Bien que cela ne relève pas de sa compétence, et suite à des sollicitations répétées, le Département a fini par délibérer en faveur d’une prise en charge de ces contrôleurs aériens. Quoi en soit, le déblocage de ces deux dossiers d’Air Mozambique et « Précious » serait assujetti à ce problème de contrôleurs aériens. n
Entretien
Zena : Un outil pour déployer Mayotte dans la région et l’Europe
PENDANT QUE LE VOYAGEUR MAHORAIS GROGNE CONTRE LE COÛT DES BILLETS D’AVION VERS LA MÉTROPOLE ET LA RÉUNION, LE DÉPARTEMENT SE DÉMÈNE POUR ASSURER UNE PLUS GRANDE DESSERTE AÉRIENNE DE MAYOTTE. PLUSIEURS PROJETS REFONT SURFACE, PARMI ELLE « ZÉNA » QUE PORTENT RÉGIS ET JULIEN NOVOU. LE DÉPARTEMENT SERAIT PRÊT À SE MOUILLER LA CHEMISE ET À INTÉGRER LE CAPITAL SOCIAL DE CETTE COMPAGNIE. CELLE-CI A BESOIN DE LEVER 25 MILLIONS D’EUROS AVANT LE DÉMARRAGE DE SES ACTIVITÉS.
Mayotte Hebdo : Où en êtes-vous actuellement avec le projet aérien Zena ?
Régis Novou : Beaucoup de choses sont en train de se passer, invisibles pour beaucoup de personnes parce que nous ne communiquons pas dessus, nous avons besoin de calme pour travailler. Comme vous l’avez su, le 19 juillet dernier nous avons officialisé notre partenariat avec Airbus Consulting qui va nous accompagner dans le cadre de la campagne de certification pour obtenir le certificat de transport aérien, mais aussi qui nous accompagne dans de nombreux domaine pour nous aider à structurer notre entreprise et à recruter du personnel, autant navigant que des cadres. Airbus Consulting va également nous aider à promouvoir la marque Zéna, en d’autres mots la marque Mayotte, et c’est pour cette raison que nous souhaitons travailler main dans la main avec le conseil départemental. Airbus Consulting va également nous aider à chercher des avions, c’est en cours, à les configurer, la quantité de sièges dans les cabines économiques, cabines business, quels sièges etc… Actuellement, le plus gros du travail porte sur la consolidation du business plan que nous avons dressé avec mon frère Julien.
MH : Combien de destinations envisagez-vous de mettre en place au démarrage de Zena ?
RN : Nous avons, de mémoire, identifié six destinations possibles et pertinentes au départ de Mayotte, alors qu’Airbus Consulting a analysé quasiment cent cinquante destinations que nous sommes en train de diminuer au fur et à mesure que nous mesurons la pertinence des informations. Là, nous sommes sur une short liste de dix destinations et au fur et à mesure que nous avançons nous consolidons notre business plan d’origine. Nous avons terminé l’analyse très pointu du marché de l’aérien à Mayotte pour que nous soyons en mesure de donner beaucoup d’informations d’ici fin octobre / début novembre 2024. Je peux vous dire qu’il y a beaucoup de fantasmes sur le marché de l’aérien à Mayotte, parce qu’on est Mahorais, parce qu’on voit qu’il y a un intérêt à desservir cette destination malgré les difficultés opérationnelles. Et là on va parler de chiffres pour voir la réalité exacte, la capacité de développement et de déploiement de Mayotte, au départ comme à destination. Ce sont des éléments que nous prenons en compte pour vérifier le dimensionnement de la compagnie. Nous sommes partis sur des types d’avions et nous sommes en train de remettre tout cela à plat, vérifier en fonction des données qui ont
été actualisées aux chiffres de 2023 que le type d’avions que nous souhaitons est bien le bon. Et si ce n’est pas le cas, quel avion on développe ? Je me rends à Paris la semaine prochaine pour continuer de compiler ces données-là et aussi de décider fermement quel sera le modèle d’entreprise, le modèle commercial de Zéna.
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IL FAUT OFFRIR DES POSSIBILITÉS AUX GENS DE POUVOIR
VOYAGER »
MH : Vous ne l’aviez pas encore ?
RN : On l’a déjà mais maintenant, on va pouvoir mettre des chiffres qui seront consolidés par Airbus Consulting. A priori, les nôtres étaient bons mais ils sont allés plus loin, ils vont chercher des partenariats sur les destinations, des partenariats avec les offices de tourisme, etc…. Ils vont très loin dans leur méthodologie. Parallèlement à cela, ils vont retenir un responsable désigné pour la campagne de certification. Il faut compter environ six mois pour une campagne de certification, en incluant les échanges avec l’aviation civile pour être certifié. Nous avons mis en place une méthodologie en place qui va nous permettre d’aller plus vite. De cette manière on pourra aller plus vite sur
le CTA, parce qu’on ne va pas simplement rédiger nos manuels et assurer leur navette, mais pendant qu’ils seront en cours de rédaction, l’aviation civile pourra avoir accès à nos fichiers et pourra en temps réel faire ses remarques afin que nous puissions les corriger pour être en conformité avec la réglementation, afin que nos opérations se fassent dans des conditions optimales.
MH : Le Conseil départemental de Mayotte vous a reproché, il y a quelque temps, de ne pas disposer de Kbis, avez-vous réussi à résoudre ce problème ?
RN : À l’époque, nous n’avions pas compris pourquoi il nous parlait de Kbis parce que nous en avions un depuis le 11 novembre 2022, date de naissance de la compagnie Zena. Nous avions compris qu’il y avait visiblement besoin de dialogue direct avec le département et non pas par médias interposés. C’est désormais le cas, d’ailleurs le Président Ben Issa Ousseni a rédigé un courrier d’intention en avril dernier nous octroyant une subvention de 500.000 euros dans le cadre de la campagne de certification. Nous le remercions fortement pour ce courrier officiel qui fixe les critères d’obtention de cette subvention. Nous sommes en train de travailler sur ces conditions que nous pensons pouvoir réunir d’ici la fin du mois d’octobre prochain. Outre cet accompagnement, nous ne cachons pas notre désir d’avoir le conseil départemental de Mayotte dans notre actionnariat pour la phase d’exploitation. Je rappelle que nous avions un capital social qui fait 25 millions d’euros.
MH : Cette question se pose-t-elle encore devant le rasle-bol exprimé par les Mahorais sur le coût des billets d’avion ?
Régis Novou (à gauche) et son frère Julien Novou, aimeraient que le Département de Mayotte soit actionnaire dans le capital social souhaité à 25 millions d'euros.
RN : Je perçois une réelle volonté du département de s’emparer du problème du désenclavement aérien de Mayotte et aussi de la cherté des prix des billets d’avion. Comme un peu tout le monde, j’ai lu par voie de presse sa mésaventure avec Ewa Air. J’ai également vu que Zena n’était pas le seul projet sur la table, il y a un autre projet régional qui est toujours valable. De notre côté, nous avons une vision différente des choses dans le sens où nous sommes persuadés que pour faire avancer notre territoire nous avons non seulement besoin de nous déployer sur la région mais aussi sur la métropole qui est en ce moment le plus gros marché au départ de Mayotte. Je suis convaincu qu’il faut éviter d’être en flux tendu sur la métropole, il faut offrir de la capacité, offrir des possibilités aux gens de pouvoir voyager quand ils en ont la possibilité et à condition que les tarifs soient raisonnables. Telle est notre vision. Nous y travaillons, et selon nous la meilleure manière pour le département de s’impliquer pour impacter la desserte aérienne de l’île serait de rentrer dans l’actionnariat d’une compagnie. Évidemment, je prêche pour ma paroisse, parce
que nous avons un projet qui s’inscrit dans la région mais qui va s’inclure dans la métropole et nous avons compris que c’est le souhait des Mahorais. C’est le message que nous recevons sur Facebook, que nous entendons dans la rue et durant les manifestations publiques. Il est vrai que la meilleure manière de peser sur une compagnie aérienne c’est d’en devenir actionnaire. Notre souhait n’est pas simplement de parvenir à cela, nous souhaitons qu’il pèse sur l’actionnariat pour être garant des intérêts de Mayotte au long terme dans l’entreprise.
MH : Comment se compose l’actionnariat de Zena actuellement ?
RN : Notre actionnariat compte des fonds d’investissement qui ont des intérêts purement financiers, nous avons également à l’heure actuelle dix actionnaires mahorais, la deuxième levée de fonds de Zena qui est en cours s’annonce bonne avec énormément de mahorais. Et s’il y en a d’autres qui sont intéressés, ils peuvent nous contacter, il est encore possible d’intégrer le mouvement. Il est ici question d’un budget qui va monter à 25 millions d’euros, par conséquent, il y aura toujours la possibilité de participer à cette aventure, à un moment ou un autre, avant le début de nos opérations. Cette participation du département de Mayotte nous la voulons aussi parce que si la majorité des actions de Zéna sont détenus par des investisseurs qui ont des velléités financières, il faut savoir que Julien et Régis Novou n’ont pas les capacités d’avoir 51 % d’une compagnie qui vaut 25 millions d’euros. Malgré nos efforts et nos bonnes volontés, ce sont quand même les actionnaires qui décident à la fin. Si nous avons le département en plus de nos actionnaires mahorais, nous serons en capacité de défendre les intérêts de Mayotte. Mais aussi avoir une entité publique telle que le département dans notre actionnariat nous permettra de louer les avions beaucoup moins chers, on parle de 20 à 30 % moins chers. C’est très important sur un poste essentiel qui est la location d’avions et si on arrive à faire cette économie, il va de soi que cela va se répercuter directement sur le prix du billet qui va encore baisser. Donc, comme vous pouvez le voir, il y a un double intérêt pour le territoire de garantir l’orientation stratégique de la compagnie et un intérêt direct pour les clients qui pourront bénéficier de tarifs encore moins chers. C’est pour cela que nous insistons.
MH : N’y a-t-il pas une certaine réticence chez des élus quant à la façon dont sera gérée votre compagnie ?
La société Zena a signé un partenariat stratégique avec Airbus consulting.
RN : La société sera gérée comme une entreprise privée classique même si le département est largement majoritaire dans l’actionnariat, le fonctionnement ne changera pas, il y aura un directoire, des assemblées générales de manière classique. La présence du département nous intéresse parce que les gens qui viennent nous parler depuis l’international ou la région se montrent très enthousiastes à l’égard de ce projet parce qu’ils se disent que Mayotte aura enfin à sa disposition un outil stratégique pour se déployer avec cette compagnie aérienne Zena.
«
POUR
MH : Ne craignez-vous pas que le foisonnement actuel de projets de desserte aérienne régionale mette en mal celui de Zena ou vous oblige à le re-calibrer ?
RN : Nous n’avons pas peur de l’émergence de ces projets. Quand on ne dispose pas sur place d’un outil de décision permettant à un territoire de choisir une ou des directions à prendre, on va voir des opérateurs extérieurs. Il est tout à fait normal que dans ce contexte le département ou la Chambre de commerce d’industrie aillent voir les opérateurs locaux dans les pays voisins. À notre niveau, nous estimons que ces solutions ne sont que des pansements sur les besoins réels de Mayotte. Aujourd’hui concernant l’aérien les besoins de l’île sont de deux ordres, voyager plus et payer moins cher pour les passagers, et le deuxième pose la vraie question de l’importation de fret à Mayotte. La réalité est que notre territoire importe 3,5 fois moins de fret que les autres DROMCOM par habitant. Ces statistiques démontrent un déficit structurel de l’offre de fret aérien vers Mayotte, le fret aérien c’est de la haute valeur ajoutée, c’est du fret périssable, des médicaments, etc…. La statique voudrait qu’il y ait, il me semble, 12 tonnes de fret pour 10.000 habitants, hors ici nous ne sommes qu’à 3,5 tonnes pour 10.000 habitants. Cela signifie que dans un sens, les entreprises locales souffrent aussi de ne pas pouvoir faire venir des objets à forte valeur ajoutée pour leurs activités, que ce soit pour de la vente ou pour augmenter leurs capacités de production. Il y a donc un vrai besoin sur le fret et il est d’abord sur la métropole et ensuite dans la région. Il y a un vivier potentiel de fret dans la région qui est énorme, toutefois, il ne faut pas oublier que nous sommes à Mayotte sur un territoire européen et que par conséquent les fruits, les légumes et autres objets importés de la région doivent répondre aux normes européennes. Il faut travailler dessus, c’est une bonne nouvelle que le département se saisisse de ces sujets, parce que les changements ne pourront venir que d’une
impulsion politique. Dans le cadre de notre déploiement nous avons identifié des marchés, plus ou moins forts, c’est valable du côté fret comme du côté passagers, et on les garde en observation, en attendant de nous déployer d’abord sur la métropole, ensuite sur la Réunion et après seulement dans la région.
MH : Quelle est la position de la Direction générale de l’Aviation civile sur ce projet, elle qui a souvent été taxée d'empêcher les projets aériens de Mayotte d’avancer ?
RN : Il n’y a aucun frein réglementaire possible à l’installation d’une nouvelle compagnie aérienne européenne à Mayotte. Nous sommes sur un territoire européen et à partir du moment où les manuels d’exploitation sont rédigés conformément à la réglementation européenne cette compagnie aura le droit de s’établir avec, de facto, le droit d’opérer sur La Réunion autre territoire européen et vers l’Europe. Au niveau de l’aviation civile, les freins ne peuvent être que techniques en raison des particularités de la desserte de Mayotte, de la taille de la piste, du fait de la colline de Four-à-chaux, mais des procédures de formation existent pour les faire lever. Notre volonté est d’avoir une compagnie aérienne qui est calibrée à l’origine pour la desserte de Mayotte, des avions qui soient en mesure de desservir Mayotte tout le temps pour ne pas avoir à dérouter des vols parce qu’il pleut, qu’ils puissent se poser dans les conditions d’une saison normale des pluies. Cela passe par le poids des avions qui est mûrement réfléchi, le nombre de sièges, tout doit être calibré pour Mayotte qui est spécifique, contrairement à des opérateurs extérieurs qui utilisent des avions sur d’autres marchés et qui viennent les utiliser ici. C’est pour ça qu’ils ont du mal à desservir notre île.
MH : Est-ce que Zena bénéficiera de l’obligation de service public comme ses collègues françaises ?
RN : Après vérifications avec Airbus Consulting, nous avons constaté qu’il n’y avait pas d’obligation de service public entre l’hexagone et Mayotte alors qu’elle existe entre la métropole et La Réunion, les Antilles, la Guyane. Il n’y a aucun document qui fait référence à cela alors que cela existe sur d’autres lignes régionales métropolitaines. Cela nous a beaucoup surpris et nous sommes en train de voir s’il n’est pas possible d’obtenir quelque chose au niveau politique parce que ça permettrait à des compagnies qui desservent la ligne. Sur l’obligation de service public concernant la Réunion par exemple, apparaissent des opérateurs comme Air Austral, Air France, French Bee et Corsaire. Il y a un minimum de passagers à transporter par an, s’il n’est pas atteint l'État met la main à la poche pour compenser, c’est une garantie financière pour les compagnies aériennes, si Mayotte veut bénéficier de ce genre d’obligation de service public ça pourrait rassurer un opérateur qui veut desservir le territoire. n
MOINS D’OXYDES D’AZOTE DANS LES FUMÉES DE LA CENTRALE DES BADAMIERS
Ce mercredi, Électricité de Mayotte (EDM) a inauguré ces nouvelles installations de dénitrification des fumées produites par la centrale thermique des Badamiers (Dzaoudzi-Labattoir). Un procédé qui permet de réduire drastiquement la concentration d’oxydes d’azote dans les rejets de cette dernière.
Un carburant polluant
Pour alimenter nos ampoules ou encore nos climatiseurs en électricité, ce sont des centrales thermiques qui tournent à base de gazole. Dans celle des Badamiers, en Petite-Terre, quatre moteurs tournent quotidiennement, consommant chacun 1.000 L de carburant par heure, pour alimenter 20% du réseau mahorais. Seulement, cette activité rejette de la fumée, qui contient des oxydes d’azote (NOx).
Des rejets dangereux
Les NOx contribuent à la formation de l’ozone en basse atmosphère, ce qui favorise l’effet de serre et le réchauffement climatique. Leur impact sur l’environnement ne s’arrête pas là, en ce qu’ils acidifient les pluies, nuisant aux sols et aux végétaux et augmentant la concentration de nitrates dans les terres. Enfin, ces gaz sont néfastes pour la santé respiratoire à court et long terme.
Des seuils à atteindre
Il y a encore peu, la centrale située dans la commune de Dzaoudzi-Labattoir relâchait 29,3 microgrammes (μg) de NOx par m3 sur une moyenne annuelle. Si le seuil réglementaire est de 40μg/m3, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande une concentration de 10μg/m3 en moyenne annuelle. C’est pour tendre vers cet objectif qu’Électricité de Mayotte (EDM) a mis en place des installations de dénitrification (DeNOx) des fumées aux Badamiers, comme elle l’a fait auparavant dans l’autre centrale de l’île, à Longoni (Koungou) en 2015. Un procédé qui lui permet désormais de réduire la concentration de NOx à 2,6μg/m3.
La dénitrification
Pour ce faire, EDM importe désormais de l’urée sous forme solide, avant de la traiter à Longoni pour la rendre liquide. Elle est ensuite transportée en citerne jusqu’à la
Marine Gachet
La fumée issue de l’activité des moteurs de la centrale thermique des Badamiers passe désormais par des catalyseurs, où urée et air sont injectés pour éliminer les oxydes d’azote.
centrale située en Petite-Terre. Là, elle est injectée dans la nouvelle installation. Avant d’être relâchée, la fumée à 300 degrés passe désormais par des catalyseurs (qui se présentent comme des grosses cheminées en métal vu de l’extérieur). C’est au moment de ce passage que de l’urée et de l’air sont injectés, et la réaction chimique qui en découle permet d’éliminer une grande partie des NOx. “Il faut imaginer cela comme les filtres à particules pour les voitures” , simplifie le directeur général de l’entreprise, Raphaël Ruat. Les résidus de cette opération rejoignent ensuite le circuit de traitement des déchets dangereux.
Quatre moteurs équipés
EDM a investi une vingtaine de millions d’euros pour équiper les quatre moteurs de Badamiers 2. Quant à ceux de Badamiers 1, il n’a pas été question de les munir de cette technologie, ces derniers devant être arrêtés en 2029 et ne tournant que quand les autres ont besoin de renfort. Après des
travaux commencés par Eiffage Métal en novembre 2022, les quatre moteurs ont réalisé leurs tests de performance cette semaine, avec succès.
Un progrès industriel
“Cela montre qu’il est possible de concilier le progrès technologique et la protection de l’environnement” , se félicite le maire de Dzaoudzi-Labattoir, Mikidache Houmadi, ce mercredi, lors de l’inauguration du dispositif. Un leitmotiv qui revient dans l’ensemble des discours prononcés ce jour-là, à l’image de la formule employée par Echati Issa, présidente du conseil de surveillance d’EDM et conseillère départementale du canton de Koungou : “Allier performance industrielle et protection de l’environnement”. Une manœuvre nécessaire pour Raphaël Ruat, qui rappelle qu’en même temps que la population mahoraise augmente de 4% par an, ses besoins en électricité le font tout autant. “Depuis vingt ans, on consomme 5% en plus par an”, insiste-t-il.
L’urée est livrée et traitée à Longoni, avant d’être acheminée par citerne à la centrale de Petite-Terre.
Économiser l’énergie
Si le processus de dénitrification permet d’augmenter la production avec un impact amoindri sur la nature, le directeur général fait néanmoins intervenir lors de son discours une notion à retenir : la “maîtrise de la dépense d’énergie” (MDE). En effet, optimiser sa consommation d’électricité et y faire attention jouent un rôle majeur dans la préservation de la planète et du portefeuille des foyers. n
La conversion au bioliquide en 2028
Lors de l’inauguration des installations de dénitrification à la centrale des Badamiers, à Dzaoudzi-Labattoir, le directeur général d’Électricité de Mayotte (EDM), Raphaël Ruat, a clarifié les prochaines étapes à franchir pour l’entreprise. Une nouvelle vague d’investissements est prévue, à hauteur de plus de 250 millions d’euros sur la décennie à venir. Parmi les deux nouvelles lignes sousmarines prévues pour relier Petite et GrandeTerre ou encore le développement des centrales photovoltaïques, c’est un projet d’envergure qui ressort : celle de la conversion totale des deux centrales thermiques mahoraises au bioliquide, annoncée par le directeur général pour 2028. Dans ce cas-ci, du biocarburant à base de colza remplacera le gazole. Une énergie considérée comme plus propre, mais qui nécessitera un approvisionnement plus important par bateau.
Raphaël Ruat, directeur général d’Electricité de Mayotte (EDM), Echati Issa, présidente du conseil de surveillance d’EDM, et Arnaud de Villepin, directeur opérationnel énergie et industrie chez Eiffage Métal, ont inauguré cette nouvelle installation, ce mercredi 18 septembre.
Des cuves ont été installées par Eiffage pour stocker l’urée.
Echat Nourdine, ingénieure, présente la nouvelle installation au public.
LISEZ MAYOTTE BANDE DESSINÉE (3/3) DIDACTIQUE: PRÉVENIR LA VIOLENCE JUVÉNILE
AGRÉGÉ DE LETTRES MODERNES ET DOCTEUR EN LITTÉRATURES FRANCOPHONES, CHRISTOPHE COSKER EST L’AUTEUR DE NOMBREUX OUVRAGES DE RÉFÉRENCE SUR LA LITTÉRATURE DE L’ÎLE AUX PARFUMS, NOTAMMENT
UNE PETITE HISTOIRE DES LETTRES FRANCOPHONES À MAYOTTE (2015) DONT IL REPREND, APPROFONDIT ET ACTUALISE, DANS CETTE CHRONIQUE LITTÉRAIRE, LA MATIÈRE.
En 2021, les éditions strasbourgeoises du Signe attirent notre attention en publiant, non pas une, mais trois bandes dessinées ou plutôt trois versions d’une même bande dessinée sur Mayotte en français, en shimaore et en kibushi : Mayotte, rencontre de peuples et de civilisations . Mais cette forêt, contrairement à l’habitude, cache un arbre que nous n’avons pas immédiatement vu : Les Enfants du lagon. Protection et justice . Il s’agit d’une collaboration entre Laure Kuntz, Martial Debuffie, Abel Chen, Pascal Vitte, Michel Pierret, Jean-Marie Cuzin, Patrick Feillens et Yann Sougey-Fils. Les éditions du Signe s’intéressent donc à Mayotte par quatre fois la même année, à l’occasion de deux projets différents : l’un sur l’histoire et l’autre sur l’intersection entre police et justice. Après le projet historique dont nous avons parlé dans une précédente chronique , il
s’agit ici d’un nouveau projet didactique consacré à la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ). Cet enjeu didactique passe d’abord par l’écriture. Viennent ensuite les images. Le point de départ de la bande dessinée est la volonté de faire un reportage : « - Alors, Mousslim, quel parcours ! Vous êtes sur le point de décrocher votre bac pro… - Je ne vois pas le rapport avec la délinquance et les éducateurs ! - Justement, rendez-vous demain à l’aéroport. Je te promets un voyage aussi passionnant qu’instructif. » (p. 6) C’est par le texte, mais surtout par l’image, que ce lien va devenir visible pour le personnage comme pour le lecteur. Ce sont les éducateurs de la Protection Judiciaire de la Jeunesse qui permettent à un certain nombre de jeunes de ne pas sombrer dans
la délinquance. L’arrivée du reporteur métropolitain à Mayotte fait penser à la première planche de Vincent Liétar dans En attendant le département (2009) en ce qu’elle suit un passage du gris à la couleur. Comme l’indique la quatrième de couverture, il s’agit de l’histoire de trois jeunes gens : « Mayotte, l’île aux mille parfums. En lutte perpétuelle contre l’ennui et privés de repères, Issam, Nadjim et Mousslim grandissent dans les bangas. La chimique, l’alcool et la violence leur font les yeux doux. Dès leurs premiers méfaits, ils sont pris en charge par les éducateurs de la Protection Judiciaire de la Jeunesse qui usent avec passion de tous les moyens pour les aider à se construire et à s’intégrer dans la société. Vont-ils parvenir à enrayer la spirale infernale de la plongée dans la délinquance ? »
À la façon de Nassur Attoumani qui, eu égard à une société animiste, recourt volontiers à la personnification, les mauvaises habitudes font ici de l’œil à une jeunesse parfois désœuvrée et désorientée. Conformément au genre de la bande dessinée didactique, l’ouvrage est encadré par une préface de Charlotte Caubel, directrice de la Protection Judiciaire de la Jeunesse et une postface de Hugues Makengo, Directeur territorial. Au fil des pages, on trouve différents encadrés qui permettent de comprendre l’enseignement derrière l’histoire : une présentation générale de la P[rotection] J[udiciaire] de la J[eunesse] à Mayotte, une définition des Unités
éducatives d’activités de jours (UEAJ), des mesures d’investigation éducative, des placements, des centres éducatifs renforcés, fermés ou non, sans oublier un historique de ce service du ministère de la Justice dont l’implantation à Mayotte date de 1994.
Les problèmes de Mousslim commencent lorsqu’il rencontre Issam. La mauvaise influence débute par le mensonge et se poursuit par le vol. Notons que dans l’univers de la bande dessinée, le mal ne reste jamais impuni. Lorsque Nadjim vole, il est arrêté et déféré devant le juge. C’est le cas avec l’affaire de la moto. La bande dessinée ne nous épargne cependant pas les engrenages toxiques et les descentes aux enfers. Mais ces dernières ne sont jamais irréversibles et la bande dessinée se propose, in fine, comme un contrepoint au contenu de Tropique de la violence (2017) par Nathacha Appanah :
« - Ce n’est pas tout, il l’a écrit, son livre…
- Je suis sélectionné pour le prix Alizés-moi !!! […]
- À la P[rotection] J[udiciaire] de la J[eunesse] !
- Et à ton livre Tropiques de l’espérance ! » (p. 52)
Christophe Cosker
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