Mayotte Hebdo n°1105

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Être postière, c’est aussi vous faire passer le code de la route.

Dans nos 1 400 centres agréés, répartis sur tout le territoire, les postiers sont les premiers examinateurs de France.

La Poste. Ça crée des liens entre nous.

CE QUI DEVAIT ARRIVER, ARRIVA

L’unique centre pénitentiaire de Mayotte a fini par exploser. Cette nouvelle n’a surpris personne. L’établissement est surchargé à 245%, selon les derniers chiffres publiés par le ministère de la Justice. Comment les surveillants pénitentiaires peuvent travailler dans ces conditions ? Cela fait des années qu’ils interpellent le gouvernement. Cela fait des années qu’ils tirent la sonnette d’alarme, mais rien n’y fait. Ce qui devait arriver, arriva. Les Mahorais attendent encore la construction de la deuxième prison promise en 2022 par le garde des Sceaux de l’époque, Eric Dupont-Moretti. Mais plus le temps passe, plus il semblerait que ses promesses ne fussent que de la poudre de perlimpinpin. Les images de la mutinerie sont devenues virales sur les réseaux sociaux. Les détenus ont filmé et publié fièrement leurs actes sur leurs comptes, telles des stars. Même en prison, ils n’ont peur de rien. Si après cet événement, rien n’y fait pour améliorer la situation au centre pénitentiaire de Majicavo, alors les Mahorais doivent être lucides. Ils sont encore une fois les oubliés de la République. Bonne lecture à tous,

Diffusé du lundi au vendredi, Flash Infos a été créé en 1999 et s’est depuis hissé au rang de 1er quotidien de l’île.

Lu par plus de 12.000 personnes chaque jour, Flash infos vous permet de suivre l’actualité mahoraise (politique, société, culture, sport, économie, etc.) et vous offre en plus un aperçu de l’actualité de l’Océan Indien et des Outremers.

TCHAKS UN ÉNIÈME RENVOI

DÉCIDÉ DANS

LE PROCÈS

DE « GUITO »

Neuf ans après les faits, Théophane « Guito » Narayanin devait être jugé par le tribunal correctionnel de Mamoudzou en lien avec l’agression d’une avocate en 2015, dans le quartier des Hauts-Vallons à Mamoudzou. Toutefois, ce mardi matin, les avocats ont obtenu un nouveau renvoi parce que la procédure n’a pas respecté le contradictoire.

CORPS RETROUVÉ DANS LA MANGROVE : PAS D’ÉLÉMENT

PERMETTANT L’IDENTIFICATION

Le vendredi 20 septembre, le corps d’une femme a été retrouvé dans la mangrove, à proximité du quartier M’gombani, à Mamoudzou. Celui-ci avait été découvert par un policier municipal et un parent-relais, alors qu’une opération de ramassage des déchets se tenait non loin. L’état « très abîmé » du corps n’a pas permis à la police d’identifier la personne ou de savoir les causes de sa mort, avait alors indiqué le Parquet de Mamoudzou. L’autopsie qui a suivie quelques jours après n’a rien donné de plus, confirme le procureur de Mamoudzou, Yann Le Bris. Aucune trace de coup n’a pu être mise en évidence.

PLUS QUE DEUX SEMAINES POUR

S’INSCRIRE AU MOIS DE L’ESS

La huitième édition du mois de l’Économie sociale et solidaire (ESS) se tiendra du 1er novembre au 30 novembre à Mayotte. Association, mutuelle, coopérative, fondation ou une entreprise commerciale peuvent participer à l’édition 2024, pour contribuer à faire découvrir les acteurs de l’ESS et valoriser les initiatives locales. Les inscriptions à l’évènement se font sur le site internet du mois de l’ESS, avant le 15 octobre.

L’ASSOCIATION HIPPOCAMPUS

ORGANISE UN FESTIVAL

ET UN SPECTACLE POUR

LE MOIS D’OCTOBRE

Hippocampus lance sa programmation de fin d’année avec le spectacle " Ici et ailleurs ", à la MJC de Kani-Keli à 20h, samedi 5 octobre. Sur le thème de l’immigration, le breakdancer Sandani Ousseni Ankiff évoque son histoire entre les Comores et Mayotte et l’importance de la transmission. Autre évènement incontournable de l’association : le Maoré Jazz festival, prévu le 24 octobre prochain à partir de 19h au M’haju chez Nidou à Bandrélé (Musical Plage) pour écouter le groupe de musique Maloya Jazz Xperianz et l’artiste L-Had Dalane.

LU DANS LA PRESSE

Chaque semaine, découvrez le regard porté sur l’actualité locale à travers la presse nationale ou régionale

À LA PRISON DE MAYOTTE, APRÈS UNE ÉMEUTE, LE PERSONNEL DU JOUR REFUSE DE PRENDRE SON POSTE CE LUNDI

Publié par Jéromine Doux, sur Ouest-France, le 30/09/2024

Les cellules de l’unique prison de Mayotte sont deux à trois fois plus peuplées que prévu. Une situation qui attise les tensions. Samedi 28 septembre, une cinquantaine de détenus ont volé les clés d’un gradé, ils ont mis le feu à des matelas et ont saccagé caméras et ordinateurs.

Trousseau de clés en main, uniforme floqué « centre pénitentiaire » sur les épaules, Félix, un des surveillants les plus expérimentés du centre pénitentiaire de Majicavo à Mayotte, traverse, une à une, les portes qui sécurisent le site. Dans le couloir qui dessert les cellules du centre de détention des hommes, il passe une tête, pour prendre la température. Ici, ils sont quatre détenus, dans une pièce de 9 m2. À l’entrée, une petite pièce d’eau laisse entrevoir un lavabo bouché. Des vêtements s’entassent sur le sol, à côté de deux matelas en mousse et d’une chaise en plastique, blottie près d’un lit superposé.

À Mayotte, la population carcérale atteint actuellement 245 %, contre 119 % en moyenne dans les prisons françaises. Toutes les cellules hébergent deux à trois fois plus de détenus qu’initialement prévu. Un contexte qui attise les tensions, alors que les effectifs de surveillants sont insuffisants. Au total, 118 personnes surveillent l’établissement. Un nombre défini pour 278 places, quand la prison accueille jusqu’à 678 personnes.

« Tout a été saccagé »

C’est ce contexte qui expliquerait que plusieurs détenus aient « vrillé » , samedi 28 septembre. En début d’après-midi, « une cinquantaine d’hommes, incarcérés pour les crimes et les délits les plus graves, se sont retrouvés, comme chaque jour, dans la cour de promenade pendant une heure » , raconte Saïd Gamba, représentant syndical CGT pénitentiaire. Mais alors

que les détenus devaient regagner leurs cellules, le surveillant ouvrant la porte de l’établissement s’est retrouvé retenu dehors, au milieu de plusieurs hommes. Pendant que d’autres, à l’intérieur, « agressaient un gradé pour lui voler ses clés » , détaille le représentant syndical. Puis, tout est allé très vite. « Les détenus ont ouvert toutes les cellules, tout le monde est sorti. Ils ont mis le feu aux matelas et ils ont tous cassé : les caméras, les ordinateurs, les systèmes d’automatisation des portes… Tout a été saccagé » , s’indigne le surveillant pénitentiaire. Dans le même temps, deux agents se sont réfugiés dans un des bureaux de la direction pour se cacher. Les hommes du GIGN sont arrivés sur place, et après trois heures d’intervention, tous les surveillants ont été libérés.

Droit de retrait

Depuis, les surveillants exercent leur droit de retrait. « Ce lundi, tout le personnel de jour, soit une soixantaine de personnes, a refusé de rejoindre son poste » , indique Saïd Gamba. « Nous ne pouvons plus travailler dans ces conditions, nous ne sommes plus en sécurité. Il faut désengorger cette prison » , poursuit le syndicaliste, qui précise que le mouvement perdurera « jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée »

Les surveillants craignent, en effet, que ce type d’événements se multiplient au vu des conditions de vie des détenus. « On retient une part de leurs maigres revenus pour payer la TV alors que, dans la plupart des cellules, elle ne fonctionne pas. Forcément, ça les agace

» , complète Saïd Gamba, qui précise qu’il devient de plus en plus difficile « de les nourrir correctement, parce qu’ils sont trop nombreux » . Un manque de « confort » et d’activité qui tend les relations. « Ils n’ont rien à faire, ils se regardent en cellule. Alors au moindre mot de travers, ils se sautent dessus » , poursuit le surveillant.

Le projet de seconde prison au point mort

Certains ont réussi à décrocher un contrat d’emploi pénitentiaire comme agent d’entretien, pour la

distribution des repas ou l’entretien des espaces verts, rémunérés 180 à 400 € par mois. Mais les 110 postes sont chers. « Il y a beaucoup plus de demandes que d’offres. On se sent vite bloqués en tant que détenus. Tout le monde veut travailler ou occuper ses journées, mais tous les services sont saturés : les formations, l’école, le sport… » , énumère Nicolas Jauniaux.

En mars 2022, Eric Dupont-Moretti, alors ministre de la Justice, avait annoncé la création d’une seconde prison. Mais plus de deux ans plus tard, le projet est au point mort, faute de foncier.

Mahorais en exil : partir

pour une vie meilleure ?

QU’ILS SOIENT SPORTIFS, CHEFS D’ENTREPRISES, PARENTS, OU UNE PERSONNE LAMBDA… ILS ONT TOUS UNE RAISON QUI LES POUSSE À CONSTRUIRE UNE NOUVELLE VIE AILLEURS. L’EXIL DES MAHORAIS À LA RÉUNION ET DANS L’HEXAGONE N’EST PAS UN NOUVEAU PHÉNOMÈNE, CEPENDANT, CES DERNIÈRES ANNÉES, ON OBSERVE DE PLUS EN PLUS D'HABITANTS QUITTER L’ÎLE AUX PARFUMS POUR UN AVENIR MEILLEUR.

reportage

Les « enfants colis », du rêve au cauchemar

FACE À L'INSÉCURITÉ CHRONIQUE DANS L'ÎLE, DES FAMILLES ENTIÈRES CHOISISSENT DE S'EXPATRIER DANS D'AUTRES DÉPARTEMENTS FRANÇAIS. CERTAINS PRÉFÈRENT TOUT SIMPLEMENT ENVOYER LEURS ENFANTS CHEZ DES TIERCES PERSONNES, PARENTS PROCHES OU ÉLOIGNÉS. ILS SONT SURNOMMÉS LES « ENFANTS COLIS ». LE RÊVE D'UNE VIE MEILLEURE PEUT PARFOIS TOURNER AU CAUCHEMAR.

Dans les communautés mahoraises sur l'île de la Réunion et dans l'hexagone, ils sont surnommés « les enfants colis » . Par cette appellation qui interpelle, il faut comprendre les enfants envoyés par leurs parents restés à Mayotte, à des personnes installées hors territoire. Ce phénomène n'est pas nouveau, bien au contraire, il a démarré il y a une trentaine d'années environ. La solidarité familiale entre Mahorais d'ailleurs et du pays avait encore un sens profond. « Les enfants de mes frères, mes sœurs ou mes cousins étaient également les miens. Leur réussite comme celle de mes propres enfants était un honneur pour ma famille restée au village où dans le quartier » , raconte Zaïma Hassane Mohamed installée sur l'île de la Réunion depuis 1992. « C'était une façon de répondre à l'extrême pauvreté qui caractérisait Mayotte à l'époque et qu'on ne pouvait réellement combattre qu'à travers l'instruction d’un grand nombre d’enfants » . Elle explique que contrairement au présent, à cette époque le dépaysement qui frappait le jeune Mahorais primo arrivant constituait un facteur important de cohésion et d'entente entre les différents enfants qui lui étaient envoyés. « Ils avaient surtout conscience des sacrifices qui étaient faits par leurs parents démunis pour leur payer un billet d'avion. Ils s'appliquaient à apprendre un métier, clé indispensable d'une autonomie financière et donc d'intégration à la Réunion, mais c'était également valable en métropole » . Adrachi Ousséni Chanfi habite Saint-Louis dans le sud de l’île Bourbon, il connaît parfaitement le phénomène des « enfants colis » , et pour cause, il en est issu.

Un matin, sa mère l'a informé qu'il allait prendre l'avion le lendemain pour rejoindre un cousin installé à Saint-André.

« LE RISQUE DE MAL FINIR POUR BEAUCOUP DE

CES ENFANTS EST TRÈS ÉLEVÉ ICI EN MÉTROPOLE »

DES FAMILLES D'ACCUEIL QUI NE SONT PAS INFORMÉES DE L'ARRIVÉE DES ENFANTS COLIS

En dehors de quelques vêtements et chaussures, son sac à l'aéroport de Pamandzi contenait davantage de produits agricoles du terroir. À l'aéroport de Gillot où il est arrivé en début de soirée le lendemain, il s'est trouvé en prise avec des douaniers réunionnais qui « ne cherchaient à rien comprendre et qui ont tout jeté à la poubelle. J'ai dû mon salut à l'intervention express d'un conseiller général mahorais que des agents de la Maison de Mayotte venaient accueillir. Il s'est démené pour contacter mon cousin alors au travail et finalement j'ai fini par arriver à Saint-André par l'entêtement de cet élu soucieux de l'image de notre île hors territoire » , se

souvient-il. « Les jours suivants, j’ai été pris en charge par des Mahoraises et des Mahorais attendris par ma situation. Quoi qu'il en soit, le communautarisme avait fonctionné à bon escient. Le problème c'est lorsque nous avons été contraints de nous assimiler aux Réunionnais. Il ne faut pas croire que tout est beau ici. Ils nous copient sur certaines choses alors qu'ils préfèrent avoir une image trop négative des Mahorais. Je crois que nous leur projetons, sans le vouloir, une image de leur passé récent, pas très reluisant. Un passé dont ils préfèrent collectivement ne pas s'en rappeler » . Lui, il distingue parfaitement, et sans réserve aucune, les transferts de population, graduelle, entre Mayotte et la Réunion.

UN RISQUE ÉLEVÉ DE PERDITION DANS L'HEXAGONE

Dans le Var, le Morbihan, les Flandres, la Creuse, le Vaucluse, l'Aveyron, la Vendée, l'ancien Gévaudan, la région lyonnaise, les Alpes ou encore le midi de la France, les expatriés Mahorais font parler d'eux, tantôt en bien, tantôt en mal, selon le contexte local, d'après

Naïm Abal-Kassim originaire de Bandrélé. Il connaît le phénomène des « enfants colis » à l'échelle hexagonale. « Le risque de mal finir pour beaucoup de ces enfants est très élevé ici en métropole. L'éloignement par rapport à une autorité parentale directe est un facteur très aggravant. Il favorise l'intégration à des bandes désœuvrées, à un recrutement par des trafiquants en tout genre. Le rêve d'une réussite professionnelle désirée par les familles au pays finit par se transformer parfois en cauchemar, en cercueil dans certains cas isolés » . À Bal-kassim de citer des cas de jeunes mahorais qui ont connu une mauvaise trajectoire, à Marseille, à Lyon, Paris, mais bien sûr sur l'île de la Réunion. Selon lui, le plus important pour un enfant envoyé chez un tiers , parfois inconnu jusque-là, c'est de le sensibiliser sur la raison de son transfert de Mayotte à la famille d'accueil. « S'il n'a pas conscience de ce pourquoi il est là, forcément il y a un risque élevé de perdition, et ce quel que soit son âge » . Il pointe du doigt la responsabilité des parents à Mayotte qui méconnaissent les conditions de vie dans les départements hexagonaux, et qui souvent choisissent de délocaliser auprès d'un tiers des enfants en situation déjà difficile. n

TÉMOIGNAGES

« On peut débuter l’athlétisme à Mayotte, mais si on veut plus, il faut partir »

ABSENCE DE PISTE POUR LE SPRINT, D’AIRES HOMOLOGUÉES POUR LE LANCER DE POIDS, DE BAC À SABLE POUR LE SAUT EN LONGUEUR… FAUTE D’INFRASTRUCTURES SUFFISANTES SUR L’ÎLE, DE NOMBREUX ATHLÈTES LA QUITTENT POUR POUVOIR PROGRESSER DANS LEUR DISCIPLINE.

C’est à Tarbes, dans les Hautes-Pyrénées, que Moussa Nanguy, 24 ans, s’entraîne depuis un mois et demi. Athlète amateur et entraîneur professionnel, ce n’est pas la première fois qu’il quitte Mayotte pour pouvoir pratiquer l’athlétisme. En 2018, c’est à la Réunion qu’il s’est envolé pour pouvoir suivre une licence STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives) et pouvoir pousser sa pratique sportive à la vitesse supérieure. « On peut débuter l’athlétisme à Mayotte, mais si on veut plus, il faut partir » , explique celui qui a découvert sa discipline avec le Zazatsara

Athletique Junior de Chiconi, club au sein duquel il a été entraîneur un temps à son retour de la Réunion. Quitter Mayotte faute d’infrastructures pour pouvoir s’entraîner, c’est le lot de la plupart des sportifs de l’île. Une situation qui s’impose d’autant plus à celles et ceux progressant en athlétisme. « Le problème, c’est que cette discipline n’est pas prioritaire » , constate Chadhouli Youssouf, éducateur sportif. Ce dernier déplore le manque de couloirs d’athlétisme aux stades de Sada ou encore de M’tsahara, ou bien le nombre de couloirs incorrects au stade de Cavani. Absence de sautoir, de ligne pour le sprint, bac à sable sans sable pour le saut en longueur, gazon synthétique, aire non homologuée pour le lancer de poids, font partie de la liste qu’ajoute Moussa Nanguy. Les seuls stades pouvant accueillir

« CHAQUE ANNÉE, CERTAINS PARTENT À LA RÉUNION POUR

POUVOIR

FAIRE DES COMPÉTITIONS HOMOLOGUÉES »

de l’athlétisme, à savoir celui de Cavani à Mamoudzou et celui de Labattoir en Petite-Terre, ne proposent pas eux-mêmes l’ensemble des équipements. « Plusieurs stades sont en train d’être refaits, mais avec du gazon synthétique et ils n’ont même pas pensé à mettre une ligne droite sur 100m ou 200m, alors que cela aurait suffi pour s’entraîner un peu » , complète Benj Mohamed Ousseni, champion de France master au 200m et demi-finaliste des championnats du monde master en août 2024. Les sportifs interrogés ne comprennent pas pourquoi, alors que Mayotte connaît plusieurs champions en athlétisme s’illustrant à l’international à l’image de Soultoini Ali, cette discipline n’est pas davantage encouragée sur le territoire.

« SI ON AVAIT DES PISTES, ON AURAIT D’AUTRES

ATHLÈTES

»

« Il y a très peu de championnats d’athlétisme à Mayotte, alors chaque année, certains partent à La Réunion pour pouvoir faire des compétitions homologuées » , explique Moussa Nanguy. « La plupart du temps, ceux licenciés à Mayotte dans le sport professionnel vont s’entraîner dans d’autres départements, selon leurs moyens et s’ils ont des proches ailleurs » , ajoute de son côté Chadhouli Youssouf. C’est ce qu’a fait Benj Mohamed Ousseni. L’athlète de 35 ans

vit actuellement à Saint-Leu sur l’île Bourbon et, bien que licencié à Mayotte, il a la possibilité de s’entraîner avec le club du Tampon cinq jours par semaine. Mais cette situation est très frustrante pour celui originaire de la commune de Bandrélé. « Si on avait des pistes à Mayotte, on aurait d’autres athlètes. Je le vois quand je rentre chez moi, je vois les jeunes courir : on a du niveau à Mayotte. J’ai eu les moyens de partir, donc ça va, mais ce n’est pas le cas de tout le monde » , regrette celui qui s’apprête à défendre son titre de champion de France de relais en octobre avec le Racing Club de Mamoudzou. Depuis son stade tarbais bien équipé, Moussa Nanguy ne regrette pas son départ pour l’Hexagone. « Il y a une salle de musculation accessible au sein du stade » , se réjouitil. Mais il le reconnaît, s’il y avait eu les infrastructures nécessaires à Mayotte, il serait resté, tout comme quand il est parti à La Réunion. « Cela me frustrait, mais j’étais obligé d’y aller, ne serait-ce que pour suivre ma formation en STAPS » , estime celui qui a néanmoins conscience de la chance qu’il a de pouvoir voir « autre chose » et de se confronter à d’autres athlètes. « Ça permet de se surpasser. » n

Pour s’entraîner au sprint, Moussa Nanguy indique qu’il n’y a pas les pistes nécessaires à Mayotte.
Benj Mohamed Ousseni, ici au stade de Cavani, s’entraîne à plein temps à La Réunion.
Moussa Nanguy s’entraînant au lancer de javelot, avec les moyens du bord.

TÉMOIGNAGES

Vivre sur deux îles à la fois

PLUTÔT QU'UN EXIL TOTAL, ILS ONT PRÉFÉRÉ VIVRE ENTRE DEUX ÎLES DANS L'INTÉRÊT DE LEURS FAMILLES RESPECTIVES. DE PLUS EN PLUS DE PROFESSIONNELS ET NOTAMMENT DES ENTREPRENEURS, PARTAGENT LEUR TEMPS ENTRE MAYOTTE, POUR LE TRAVAIL, ET LA RÉUNION, POUR LA QUIÉTUDE DE LEURS PROCHES.

Ils exercent des professions libérales, ils sont également des cadres d'entreprises qui font du télétravail ou tout simplement des femmes au foyer, avec pour point commun le choix de s'exiler dans le département voisin de la Réunion, pour la plupart, ou la métropole, dans des proportions moindres. Leur préoccupation majeure est de fuir l'insécurité grandissante qui sévit à Mayotte. Mettre à l'abri leurs proches, leurs enfants, et leur permettre de mener une vie normale et de profiter d'une quiétude qui fait défaut au 101e département français. « Pour un fonctionnaire expatrié ou un militaire, la situation est bien plus simple que pour nous autres » , raconte Frédéric P qui travaille dans l'import-export depuis une vingtaine d'années. « Eux, ils savent qu'ils ne sont sur l'île que pour un temps défini et si vraiment ça va mal, ils peuvent demander une interruption de séjour. Lorsque vous êtes chef d'entreprise, avec des salariés qui compte sur vous, des contrats à honorer, les choses sont complètement différentes ». Particulièrement si l'entreprise que vous avez créée depuis plus de dix ans fonctionne bien et que votre chiffre d'affaires n'est pas trop fortement impacté par les crises à répétition qui frappent Mayotte ces dernières années. « J'ai des amis qui ont quitté l'île pour la Nouvelle-Calédonie il y a deux ans. Aujourd'hui, ils regrettent leur décision après les récents événements qui ont secoué cet archipel. Ici, l'insécurité devient insupportable, mais à côté de cela il y a d'autres avantages, surtout lorsque vous avez eu la chance de connaître Mayotte quelques années auparavant »

Le chef d’entreprise estime qu'il faut savoir s'adapter à chaque contexte en espérant qu'il en soit autrement dans quelques années. « Je passe dix jours à Mayotte puis dix autres à la Réunion. Mes enfants ont leurs amis ici et ça n'a pas été facile pour eux de s'adapter à leur nouvelle vie. Mais ils comprennent que je ne peux

«

LE PLUS IMPORTANT POUR MOI, C'EST DE SAVOIR MA

FAMILLE EN SÉCURITÉ ».

pas faire autrement que de revenir travailler à Kawéni. Mon épouse en revanche, c'est une autre affaire. Elle s'inquiète dès qu'elle apprend certains événements par les médias en ligne ou les réseaux sociaux ». Frédéric P n'envisage pas pour autant de quitter définitivement l’île aux parfums. Pour lui, tant qu'il y a des vols réguliers entre Dzaoudzi et Saint-Denis, il n'y a pas lieu de s'alarmer. « Le plus important pour moi, c'est de savoir ma famille en sécurité »

CONTINUER D'ESPÉRER UN RETOUR À RYTHME NORMAL DANS L'AVENIR

Maoudjoud Foundi Ahmed est originaire de la commune de Bandraboua. Il est soustraitant auprès d'une société réunionnaise spécialisée dans le câblage électrique. Sous la pression de son épouse Frahati, il a fini par s'exiler à la Réunion. « Au début, cette idée était difficilement concevable pour moi. Les barrages de février dernier ont eu raison de ma réticence. Ma femme m'a convaincu de privilégier d'abord l'intérêt supérieur de nos enfants, leur permettre de suivre une scolarité normale ». Maoudjoud s'estime plus chanceux que d'autres personnes. L'entreprise réunionnaise pour laquelle il sous-traite lui a confié des marchés sur place, parfois même en métropole. Mais

il a gardé un pied à Mayotte. « C'est important de continuer à espérer une reprise dans des conditions stabilisées. Mes parents sont à Dzoumogné, et contrairement à ma femme, je ne me vois pas tirer un trait sur mon existence mahoraise. Mais j'avoue que certaines scènes font peur ». Il s'efforce de revenir passer un week-end à Mayotte deux fois par mois. Pour lui, cela ne coûte pas plus cher que de faire un trajet quotidien vers d'autres communes locales où il a des chantiers. « De toutes les façons, je n'ai pas d'autres choix. C'est toujours mieux que de devoir mettre la clé définitivement sous le paillasson », relève-t-il avec une certaine pointe d'humour.

« JE PASSE DIX JOURS À MAYOTTE PUIS DIX

AUTRES

À LA RÉUNION »

UNE SEMAINE PARTAGÉE ENTRE MAYOTTE ET LA RÉUNION

Philippe G co-dirige un bureau d'études dans l'agglomération de Mamoudzou. La décision de

s'expatrier à la Réunion remonte à la crise de 2018. « Au fort moment de la crise, j'ai amené ma femme et mes enfants passer quelques jours sur place, à l'hôtel. Je me refusais de tout plaquer du jour au lendemain pour refaire une nouvelle vie ailleurs. Cela nous a permis à tous de décompresser un peu et de revenir avec un moral chargé à bloc ». Des amis à eux, installés à Saint-Gilles, leur ont accordé l'hospitalité pour une période un peu plus longue, le temps que le calme revienne complètement à Mayotte. C'est cette expérience qui les a convaincus de déménager dans le département voisin tout en gardant un pied-à-terre à Mamoudzou. Philippe G partage son temps entre les deux îles à raison de quatre jours de travail par semaine à Mayotte et trois jours en famille à Saint-Gilles-Les Hauts. « Financièrement, je m'y retrouve pas mal, mon travail n'en souffre pas trop, de toute façon le télétravail est désormais devenu la norme partout en France. J'avoue que la coupure hebdomadaire n'est pas pour me déplaire, la qualité de vie réunionnaise est indéniable, mais mon travail à Mayotte est également important ». La sécurité et la scolarité de ses enfants ont été déterminants dans la prise de décision du chef d'entreprise qui a fini par s'habituer à ce nouveau rythme de vie. n

TÉMOIGNAGES

Déménager de Mayotte, une logistique parfois complexe

QUITTER DÉFINITIVEMENT L’ÎLE APRÈS TOUTE UNE VIE OU DES ANNÉES PASSÉES SUR LE TERRITOIRE MAHORAIS EST UN CHOIX RÉFLÉCHI, SURTOUT ANTICIPÉ. POUR (RE)PARTIR AVEC DES AFFAIRES, TOUTE UNE ORGANISATION DOIT ÊTRE MISE EN PLACE, PARFOIS LONGUE ET COÛTEUSE.

Parmi les milliers de conteneurs stockés au port de Longoni, quelques-uns contiennent les affaires de toute une vie. Une vie qui s’apprête à changer. Partir de l'île est un choix souvent douloureux mais toujours réfléchi. Certains ont décidé de louer un conteneur via une entreprise de déménagement pour (re)venir vivre dans l’Hexagone, à la Réunion, en Guyane… Avec leurs véhicules, leurs meubles. À Mayotte, AGS Déménagement et DCF Mayotte se partagent le marché local des départs. Elles sont ainsi partenaires d’entreprises de déménagement, qui n’effectuent que les arrivées sur l’île. Ils sont nombreux à arriver chaque année profiter du soleil mahorais, mais le nombre de ceux qui partent augmente également. « Nous avons noté une augmentation nette des demandes de départs en 2024, par rapport à 2023. Nous avons fait partir 500 conteneurs durant la saison haute, qui s’étale de février à septembre » explique Tassiana M’colo, directrice d’AGS Déménagement Mayotte. Une tendance que confirme également Béatrice Liber, responsable des assistantes des ventes chez DCF Mayotte.

« ON QUITTE MAYOTTE… ON VEND TOUT »

Les départs ont toujours leurs lots d’explications. Marie, professeure qui a passé quatre ans sur l'île, s'est décidée à partir après les barrages. Cet événement a été la

« NOUS AVONS NOTÉ

UNE AUGMENTATION

NETTE DES DEMANDES DE DÉPARTS EN 2024, PAR RAPPORT À 2023 »

goutte de trop pour la jeune femme qui ne supportait déjà plus de « prendre l’avion sans cesse, de se sentir coincée sur l’île. » Elle estime qu’elle avait « fait le tour ». Une raison qui a également poussé Antoine à quitter le département, après y avoir passé trois ans. « Le manque d’infrastructures me pesait, comme le fait de ne pas pouvoir se déplacer en toute sécurité. » D’autres partent à contrecœur, comme Camille, psychomotricienne, qui pour des raisons personnelles est revenue en hexagone. Quid des affaires sur place accumulées des années durant ? Ceux arrivés avec deux valises en soute… repartent généralement de la même manière. En témoigne le groupe Facebook « On quitte Mayotte.. on vend tout » . C’est ce qu’ont fait Camille, Marie et Antoine. Un scooter revendu, le prix d’une voiture bradé à une amie… Les stratégies sont nombreuses pour

éviter de payer les quelques milliers d’euros nécessaires à la location d’un conteneur.

DE PLUS EN PLUS DE DEMANDES DE MAHORAIS

Ceux qui ont recours aux containers sont ceux qui bénéficient des avantages de leurs employeurs. À l’image des fonctionnaires qui peuvent compter sur l’indemnité forfaitaire dite « de déménagement » (IFCR), qui permet une prise en charge partielle. Tout comme les militaires, pour qui le ministère de l’Intérieur peut payer une partie ou la totalité du déménagement. Un autre profil sollicite les deux entreprises mahoraises de déménagement, les Mahorais eux-mêmes. « On a de plus en plus de Mahorais qui nous sollicitent pour des devis, parce qu’ils souhaitent quitter l’île, à cause des conditions de vie qui se dégradent. Mais les demandes ne sont pas encore très élevées » précise la responsable des assistantes de vente chez DCF. Souvent pour la Réunion, parfois pour l’hexagone. « Il ne s’agit pas de gros déménagements, car ils gardent une maison ici et beaucoup de mobiliers. Seuls les véhicules personnels et quelques affaires précieuses partent avec eux » clarifie Tassiana M’colo. Si les demandes augmentent, la majorité des clients sont des métropolitains ou des professionnels.

UN TRAFIC MARITIME PERTURBÉ

Il faut avoir les fonds nécessaires pour faire rapatrier ou déménager ses affaires, mais aussi de la patience, car au fil des années, les délais s’allongent, et les factures aussi. « Il y a trois ans, nous promettions à nos clients un conteneur

« LE MANQUE D’INFRASTRUCTURES ME PESAIT, COMME LE FAIT DE NE PAS POUVOIR

SE DÉPLACER EN TOUTE SÉCURITÉ »

livré en 2 mois. Désormais, c’est quatre mois » indique la directrice de AGS Déménagement. Une situation due à l’état du trafic maritime, largement perturbée par les attaques des rebelles Houtis en mer Rouge et au Canal de Suez, route d’habitude empruntée par les bateaux au départ de Mayotte vers la métropole. Les transporteurs ont été contraints de contourner toute l’Afrique pour atteindre l’hexagone ce qui rallonge le temps de trajet, et cela a également entraîné la congestion de ports de substitutions. Conséquence, les frais ont presque doublé. « Avant chaque devis, on calcule le coup de fret [transport par voie maritime], qui comprend les taxes, ce qui gonfle le prix pour les clients » selon Béatrice Liber. La solution pour les clients qui ne peuvent pas se permettre et qui ne sont pas pressés, « c’est de partager un conteneur » précise la responsable. Le conteneur ne part alors que quand il est rempli ou rentable. Un pari risqué hors saison, car les clients sont plus rares. n

COLLECTE DES DÉCHETS : « SI ON VEUT RÉCUPÉRER UNE COMPÉTENCE, IL FAUT LANCER LES MARCHÉS IDOINES »

Alors que la communauté d’agglomération du Grand Nord (CAGNM) souhaite récupérer la compétence de la collecte des déchets, l’attribution des marchés pour assurer les futures collecte est contestée par Enzo Recyclage. Saisi, le tribunal administratif a rejeté le recours déposé par l’entreprise, vendredi.

Afin d’être opérationnelle le jour où elle sortira du syndicat intercommunal d’élimination et de valorisation des déchets de Mayotte (Sidevam), la communauté d’agglomération du Grand Nord (CAGNM) a lancé un marché public en 2023 pour trouver de nouveaux collecteurs. Bien que la sortie du Sidevam (voir encadré) ne soit pas effective, l’intercommunalité a voulu être prévoyante. « Si on veut récupérer une compétence, il faut lancer les marchés idoines », commente Mourad Amadi, directeur général des services de l’intercommunalité. Si la Mahoraise des travaux publics et Caza Pièces Auto ont été retenues, ce n’est pas le cas d’Enzo Recyclage. L’entreprise a souhaité porter le dossier devant le tribunal administratif de Mamoudzou, la semaine dernière, estimant que les deux retenues n’ont pas une expérience équivalente à la sienne en matière de collecte de déchets. Mais pour la CAGNM, le plaignant ne proposait pas le rythme de collecte attendu et demandait un prix bien au-dessus de ceux des concurrents. « Nous, on a quinze ans d’expérience sur la collecte et la revalorisation des encombrants. On nous dit que notre prix est

cher, d’accord, mais c’est cohérent avec ce qu’on offre », se défend Andrian Toilibou, le directeur général de l’entreprise requérante.

« Travailler avec toutes les entreprises »

« Les entreprises qu’on a choisies ont les agréments nécessaires. Je rappelle que Caza Pièces Auto est la seule agréée pour les VHU (véhicules hors d’usage) », indique de son côté le DGS, qui affirme qu’il n’y a aucune volonté de mettre de côté une entreprise. « Au contraire, nous souhaitons travailler avec toutes les entreprises du territoire s’il y a une possibilité de le faire. » Le tribunal administratif a statué, vendredi, en rejetant le recours d’Enzo Recyclage. Son directeur général ne sait pas encore si d’autres démarches seront entamées. De son côté, Moos Boina, le dirigeant de Caza Pièces Auto, se réjouit de s’être vu attribuer un des marchés de l’appel d’offres : « Cela va nous permettre de ramasser plein d’encombrants dans un secteur où il y a moins d’embouteillages qu’à Mamoudzou » n

Marine Gachet

Un divorce pas encore acté

Non satisfaite de la collecte des déchets sur son territoire, la communauté d’agglomération du Grand Nord (CAGNM) souhaite adopter le même modèle que celle de DembéniMamoudzou (Cadema), à savoir l’assurer elle-même. Mais « cela n’est pas évident à faire valoir auprès des institutions » , commente Mourad Amadi, directeur général des services de l’intercommunalité. Si les élus du Nord espèrent pouvoir développer une filière économique autour du réemploi et du recyclage en récupérant la compétence actuellement assurée par le syndicat intercommunal d’élimination et de valorisation des déchets de Mayotte (Sidevam), la sortie du syndicat pour la partie collecte est toujours en suspens. De son côté, le Sidevam indique que la compétence lui revient toujours aujourd’hui, et que la CAGNM n’a jamais engagé de « discussions sérieuses » sur le sujet.

Enzo Recyclage contribue à la collecte des déchets pour la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (Cadema).
Caza Pièces Auto est notamment spécialisée dans le traitement des véhicules hors d’usage (VHU).

LISEZ MAYOTTE LES DOSSIERS HISTORIQUES DES ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DE MAYOTTE (2/10)

AGRÉGÉ DE LETTRES MODERNES ET DOCTEUR EN LITTÉRATURES FRANCOPHONES, CHRISTOPHE COSKER EST L’AUTEUR DE NOMBREUX OUVRAGES DE RÉFÉRENCE SUR LA LITTÉRATURE DE L’ÎLE AUX PARFUMS, NOTAMMENT

UNE PETITE HISTOIRE DES LETTRES FRANCOPHONES À MAYOTTE (2015) DONT IL REPREND, APPROFONDIT ET ACTUALISE, DANS CETTE CHRONIQUE LITTÉRAIRE, LA MATIÈRE.

L’alpha de cette série consacrée aux productions grand format des Archives départementales de Mayotte commence avec « Dzaoudzi, une histoire contrariée (1843-1866) » Il s’agit du catalogue de l’exposition présentée par les Archives départementales de Mayotte dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine en 2005 ». Réalisé par Anne Lebel, conservateur du patrimoine en collaboration Mohamed Boinali Maliki, Salima Abdullah, Alexis Mattoir, Chamsdine Kordjee. Dès la première de couverture, la langue arabe est présente aux côtés du français grâce à JeanPhilippe Brandon, de l’association Shimé, pour la saisie informatique des caractères arabes, Mariame Said Achiraffi et Inzouddine Saindou pour la traduction des titres en shimaore dans une calligraphie arabe. C’est donc à la fois un travail historique et culturel, voire interculturel.

Comme l’indique Saïd Omar Oili, en qualité de Président du Conseil général de Mayotte, dans la préface qu’il donne à l’ouvrage, il s’agit de proposer l’histoire de la ville du Rocher, en Petite Terre, au début de l’administration coloniale, de l’installation des forces armées en 1843 jusqu’au projet de transfert des administrations à Mamoudzou en 1866. L’exposition devenue livre exhibe des documents historiques : rapports,

délibérations, plans, cartes, lithographie, budget et correspondance.

Une note terminale indique la provenance des documents présentés :

« La totalité des sources archivistiques qui a été nécessaire à la réalisation de cette exposition provient des fonds du centre des archives d’outre-mer de Aix-en-Provence qui ont été microfilmées en 2000-2001 par Vincent Forest, alors responsable des Archives territoriales de Mayotte et qui sont consultables aux Archives départementales de Mayotte. Le catalogue est enrichi de quelques illustrations conservées aux Archives départementales de Mayotte. »

L’exposition bat en brèche le lieu commun négatif formulé par la commandant supérieur Bonfils en 1851 :

« Si Mayotte était ce rocher dont le nom est Dzaoudzi, ce serait un affreux séjour pour tous hommes n’ayant pas en soi de quoi vivre intellectuellement, une terre de l’expiation où bien rarement se présente un navire venant du dehors ou toute distraction semble être impossible, où la fièvre a paru conquérir droit d’asile et s’imposer aux habitants. » (p. 32)

L’histoire de la ville coloniale est plus complexe et moins négative. Laissons les faits historiques remplacer le péremptoire par la nuance. Aux yeux des Métropolitains, Dzaoudzi est, à leur arrivée, un village de cases parsemées de tombes et groupées

autour de la résidence du sultan Adriantsouli. Passot leur adjoint progressivement des militaires et commence à réaliser un plan d’urbanisation. Rang des Adrets tente de rendre la ville géométrique comme le montre le fac-simile d’un plan (p. 17). Livet propose l’installation d’une caserne d’artillerie, d’une citerne, d’une caserne d’infanterie de la Marine, d’un magasin à poudre, d’un hôpital, d’une chapelle, d’une prison et d’un puits.

L’amertume de ton du commandant Bonfils se comprend notamment par l’écart entre projet et réalisation. Lorsqu’il

arrive à Mayotte le 13 juin 1851, il ne peut que déplorer l’état de la ville et les chantiers en cours. En 1854, le commandant supérieur Brise installe la maison du gouvernement à Mamoudzou. C’est le début de l’essor de l’installation en Grande Terre.

Cosker

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Vendredi 31 mars 2000

ISSN 2402-6786 (en ligne)

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