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LE MOT DE LA RÉDACTION
ESCLAVAGE MODERNE
Les ministères de la Justice et de l’Intérieur ont récemment publié un rapport recensant le nombre de victimes de travail forcé et d’esclavage moderne. Mayotte figure en tête des départements comptant le plus grand nombre de personnes exploitées par le travail. Entre 2016 et 2023, 169 victimes ont été enregistrées sur le territoire, et la grande majorité d’entre elles est d’origine étrangère, six sur dix étant comoriennes. Ces chiffres ne surprennent personne, sachant que Mayotte est le territoire avec le taux d’immigration le plus élevé. Car oui, tout cela est lié. Les personnes arrivant clandestinement et n’ayant aucun moyen de subvenir à leurs besoins sont contraintes de travailler illégalement pour survivre. Elles sont conscientes que leurs conditions de travail ne respectent aucune loi, mais elles n’ont pas le choix. Peut-on réellement les pointer du doigt ? Pas vraiment. En revanche, ceux qui les exploitent sont les véritables coupables de cette situation. Ils profitent de leur précarité et les payent une misère pour faire le ménage chez eux, garder leurs enfants ou construire leurs maisons. Puis ce sont les mêmes qui demandent aux immigrés de rentrer chez eux. L’hypocrisie à l’état pur. Nous pouvons logiquement nous demander à qui profite réellement cette immigration…
Bonne lecture à toutes et à tous.
Raïnat Aliloiffa
Le premier quotidien de Mayotte
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TCHAKS
L’OFFICE DE L’EAU DE MAYOTTE DÉSORMAIS INSTALLÉ
C’est une instance qui existe dans d’autres territoires ultramarins, mais qui restait encore étranger à Mayotte. Ce mardi, la nouvelle gouvernance de l’Office de l’eau a pris place dans l’hémicycle Younoussa-Bamana du conseil départemental de Mayotte. Selon le Département, « l’objectif de ce nouvel organisme est clair : proposer des solutions durables pour que la population ne subisse plus les coupures récurrentes et puisse bénéficier d’une gestion stable et pérenne de cette ressource essentielle ». Le conseiller départemental du canton de Mamoudzou 3, Nadjayedine Sidi, a été désigné président délégué. Au conseil d’administration, il sera entouré de représentants des collectivités locales, de l’État, des usagers et des experts.
KICK-BOXING : MAXIME
ROCHEFEUILLE
REMPORTE TROIS MÉDAILLES D’OR EN ICO
Représentant la France, Maxime Rochefeuille a réussi à gagner trois médailles d’or, ce week-end, à Francfort. Ces trois titres, le kickboxeur du Maore boxing club les a acquis dans le championnat ICO, une fédération réservée aux amateurs du monde entier. Il a dominé la compétition en full contact (31-35) ans en catégorie 85-89 kg et le ring continuous (18-35 ans) catégorie 80-90 kg. Et pour la troisième médaille en or, il a battu le Chypriote Rafail Aristidou en martial box light tatami (18-35 ans) catégorie 80-85 kg. En comptant en plus la médaille d’argent en K1, il présente le meilleur bilan parmi les combattants français. Ainsi, dans le même club à Majicavo-Lamir que Maxime Rochefeuille, Louna Synave remporte la médaille de bronze en kick light (13-15 ans) catégorie 50-55 kg, après s’être inclinée en demi-finale contre l’Écossaise Alycia Mackay.
UNE
CENTAINE
DE CAS DE
CHOLÉRA
DÉTECTÉS AUX COMORES
Dans son dernier bulletin, Santé publique France indique que l’épidémie de choléra « est terminée à Mayotte », le dernier cas détecté sur le territoire date du 12 juillet. Mais les professionnels de santé incitent néanmoins à la prudence, car la circulation de la bactérie a repris sur l’île de Grande-Comore où plus d’une centaine de cas ont été détectés ainsi que des décès. Aucun cas de choléra n’a été documenté actuellement sur les îles de Mohéli et d’Anjouan. « Cette reprise augmente le risque de réintroduction de la maladie sur le territoire et incite à maintenir les gestes de prévention à Mayotte ou lors de voyage dans la République des Comores », précise Santé publique France.
LES PILOTES D'AIR AUSTRAL INQUIETS POUR
LEUR AVENIR ET CELUI DE LEUR COMPAGNIE
Les pilotes de la compagnie aérienne réunionnaise tirent la sonnette d’alarme. Dans un communiqué datant du 16 octobre, le Syndicat National des Pilotes de Ligne de la section Air Austral énumèrent plusieurs sujets qu’il juge « très questionnables ». Il vise par exemple le nouveau président du directoire, Hugues Marchessaux. « Son manque d’expérience à ce poste ne peut qu’inspirer le doute quant à la plus-value qu’il pourrait apporter à notre compagnie, en grande difficulté », peuton lire. Les professionnels regrettent également qu’Air Austral ne renouvelle pas sa flotte et ne développe pas plus d’offres, contrairement aux concurrents qui sont également en difficulté financière. Le syndicat s’inquiète pour l’avenir de la société et de la région océan Indien. « La disparition d’Air Austral… Serait une catastrophe de plus pour nos Outremer…. Ne parlons même pas du rôle primordial d’Air Austral pour le désenclavement de Mayotte ; Air Austral étant le seul acteur assurant la continuité territoriale entre le 101ème département et la France hexagonale. »
DIXIÈME NOMINATION
POUR LE COURTMÉTRAGE « LAKA »
Le court-métrage « Laka » rejoint la sélectionnofficielle au festival La Toile des Palmistes, le rendez-vous des amoureux du cinéma en Guyane et l'un des plus importants festivals ultra-marins. Il se déroule à Cayenne du 24 au 26 octobre. Le film mahorais sera diffusé le vendredi 25 octobre en plein air, sur la place des Palmistes. Une dixième nomination pour la production de Germain Le Carpentier, qui avait été présentée au festival congolais Fickin (Festival international de cinéma de Kinshasa). Il est d’ailleurs en replay sur la plateforme France TV.
LU DANS LA PRESSE
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LA MUTINERIE DE LA PRISON AFFAIRE POLITIQUE À LA RÉUNION
Publié par Jérôme Talpin, sur Le Monde, le 16/10/2024
Afin de sécuriser l’établissement de Majicavo et de « faire baisser la pression », surpopulation. Plusieurs élus ont réagi vivement, dont la présidente de région, Huguette
L’onde de choc de la mutinerie du 28 septembre dans la prison de Mayotte, à laquelle ont pris part une centaine de détenus, continue de se propager. Elle a d’abord entraîné la démission surprise de l’administration pénitentiaire du directeur de l’établissement, le 7 octobre, pour dénoncer la surpopulation record à Majicavo (650 détenus incarcérés pour 278 places), ainsi que l’absence d’avancées dans la construction d’une seconde prison dans l’île annoncée en mars 2022 par l’ancien garde des sceaux Eric Dupond-Moretti. C’est désormais à La Réunion de connaître comme une réplique de cet événement.
Afin de sécuriser l’établissement à la suite de cette mutinerie, de réparer les dégâts et de faire « baisser la pression », l’administration pénitentiaire avait annoncé, le 8 octobre, le transfert de 27 détenus de Mayotte vers le département voisin de l’océan Indien. Une décision qui a fait bondir le député réunionnais « insoumis » Jean-Hugues Ratenon. « Quand je disais que l’on transfère la violence de Mayotte à La Réunion » , a-t-il réagi, en réfutant toute « stigmatisation dans [s]es propos » , mais en défendant « le choix de regarder le problème en face »
Des mots qui comptent, car M. Ratenon s’était, en mars, attiré les foudres d’élus mahorais quand, après plusieurs rixes entre bandes, il avait écrit au préfet de La Réunion pour lui demander de « ne pas laisser La Réunion devenir un Mayotte bis en matière de violence »
Le 8 octobre, la maire de Saint-Denis, Ericka Bareigts (Parti socialiste), s’est, elle aussi, inquiétée de ces transferts en soulignant que les prisons réunionnaises « souffrent déjà d’une surpopulation carcérale » . Avec « le risque de dégrader un peu plus les conditions d’accueil des prisonniers à La Réunion »
La crainte d’une
« instrumentalisation »
Selon une source pénitentiaire réunionnaise, l’expression « transférer la violence » utilisée par Jean-Hugues Ratenon reste toutefois largement « exagérée » . Car aucun des détenus transférés n’appartient à ceux qui
ont pris part à la mutinerie. Une quinzaine d’entre eux doivent être jugés en novembre par le tribunal judiciaire de Mamoudzou. L’administration pénitentiaire a assuré aux syndicats de surveillants mahorais et réunionnais qu’ils seront, ensuite, envoyés dans des établissements de l’Hexagone.
Par ailleurs, vingt des transfèrements de détenus à La Réunion étaient déjà programmés et ont été anticipés vers le centre pénitentiaire du Port, un établissement d’exécution de peines réservé aux personnes condamnées définitivement à des peines de plus de deux ans. Chaque mois, ces transfèrements vers La Réunion concernent en moyenne deux détenus en provenance de Mayotte, où il n’existe pas de quartier de ce type, précise une source pénitentiaire, qui craint une « instrumentalisation de cette affaire »
Mais, pour les élus réunionnais, ces déplacements dépassent les questions de gestion régionale des détenus par l’administration pénitentiaire. Ericka Bareigts en appelle à la « solidarité nationale » « La Réunion n’est pas là pour accueillir la surpopulation carcérale de Mayotte » , a lancé, de son côté, la présidente du conseil régional, Huguette Bello (divers gauche), après avoir tenu à visiter, lundi 14 octobre, le centre pénitentiaire de Saint-Denis. Cet établissement, relève-t-elle, accueille 824 détenus pour 575 places. Cent vingt d’entre eux dorment par terre sur des matelas.
« Que les gouvernements n’envoient pas ici les problèmes qu’ils ne peuvent pas régler, considère bien plus largement Mme Bello. Nous avons suffisamment de problèmes : 36 % de personnes sous le seuil de pauvreté, 40 000 personnes sans logement. » Un discours qui peut susciter, à La Réunion, l’adhésion d’une partie de l’opinion publique reprochant aux Mahorais de venir s’y installer en raison des multiples crises frappant le 101e département français.
Pour la présidente de la région Réunion, il est plutôt question que « le gouvernement prenne ses responsabilités et donne aux Mahorais les mêmes droits que tous les Français » . L’élue cite les minima sociaux, comme le RSA, de moitié inférieur à Mayotte, et le smic à 8,80
DE MAYOTTE DEVIENT UNE RÉUNION
», 27 détenus ont été transférés dans des établissements réunionnais également touchés par la Huguette Bello, sur fond d’inquiétude de voir les Mahorais quitter leur île pour La Réunion.
euros brut de l’heure contre 11,65 euros à La Réunion et dans l’Hexagone. La conséquence pour Mme Bello est un « appel d’air » à La Réunion, qui « subit les conséquences des politiques mises en œuvre depuis M. Sarkozy »
Face à ce débat, les syndicats pénitentiaires se défendent de « faire de la politique » . Mais voir des élus s’emparer du
thème de la surpopulation carcérale pour illustrer un ensemble de problématiques ultramarines leur apparaît assurément comme une aubaine. « Cela fait des semaines que nous faisons part de nos graves difficultés et que Paris ne renvoie aucun signe, observe Vincent Pardoux, secrétaire régional FO Justice pour La Réunion et Mayotte. Il faut faire marcher tous les leviers pour faire bouger les choses. »
Immigration sont-elles liées
LE « SENTIMENT » D’INSÉCURITÉ À MAYOTTE EST DEVENU PALPABLE. LES ACTES DE VIOLENCE SE MULTIPLIENT SUR L’ÎLE, SOUVENT SOUS LES YEUX DE TOUS. À CHAQUE FOIS, UNE POPULATION PARTICULIÈRE EST POINTÉE DU DOIGT : CELLE DES ÉTRANGERS. CERTAINS ÉTABLISSENT UN LIEN DIRECT ENTRE L’INSÉCURITÉ ET L’IMMIGRATION. C’EST UN DISCOURS QUE L’ON ENTEND PARTOUT, MÊME DANS L’HEXAGONE. À TORT OU À RAISON ? NOUS VOUS PROPOSONS UN DÉBUT DE RÉPONSE DANS CE DOSSIER.
et insécurité liées ?
DOSSIER
Raïnat Aliloiffa
reportage
Lien entre immigration et insécurité : réalité ou illusion ?
L'IMMIGRATION ET L'INSÉCURITÉ SONT SOUVENT LIÉES DANS DE NOMBREUX DÉBATS PUBLICS, NOTAMMENT À MAYOTTE. L'ARRIVÉE DE NOUVEAUX MIGRANTS EST SOURCE DE TENSIONS. CERTAINES PERSONNES CRAIGNENT QUE L'IMMIGRATION NE CONTRIBUE À UNE AUGMENTATION DE LA CRIMINALITÉ OU À UN SENTIMENT D’INSÉCURITÉ.
L’ancien préfet de Mayotte, Jean-François Colombet, a été le premier représentant du gouvernement à établir un lien entre l’immigration et l’insécurité grandissante dans le 101e département. Depuis, cette idée n’a cessé d’émerger dans l’opinion publique. « C’est tout à fait raisonnable de faire le lien », affirme Safina Soula, la présidente du collectif des citoyens de Mayotte 2018, même si elle est consciente que certains jugent ce raccourci « trop facile ». Cependant,
elle appuie son argument en se basant sur l’évolution de la société ces dernières années. « Avant, il n’y avait pas cette immigration telle que nous la connaissons aujourd’hui, et il n’y avait pas toutes ces attaques. Aujourd’hui, ces agressions sont devenues le quotidien de tout le monde. Des gens arrivent sur le territoire, ils ne sont ni Mahorais ni Français, et ils agressent », insiste-t-elle. Son argumentation va encore plus loin. La militante s’interroge sur le mode opératoire utilisé par ces jeunes ainsi que sur le degré de violence de leurs actes. « Ça
« C’EST UNE FILIÈRE QUI S’EST INSTALLÉE À
MAYOTTE ET À CAUSE DE L’IMMIGRATION
n’a rien à voir avec les petits vols individuels ou les arrachages de sacs à main. C’est une filière qui s’est installée à Mayotte, et à cause de
l’immigration clandestine, on se demande si ce n’est pas fait volontairement pour déstabiliser notre île », soutient-elle. Cette dernière regrette que les communautés étrangères, notamment comoriennes et africaines, ne dénoncent pas ces faits et ne soutiennent pas les Mahorais lors des manifestations.
DIFFÉRENCE ENTRE IMMIGRATION ET CLANDESTINITÉ
Salim Mouhoutar, écrivain et conférencier, fait la distinction entre immigration et clandestinité. « Ce n’est pas l’immigration en elle-même qui joue un rôle, mais plutôt la clandestinité. Lorsqu’une personne est en situation clandestine, elle est souvent amenée à vivre dans la pauvreté et à recourir à d’autres moyens pour survivre. C’est ça le vrai problème », explique-t-il. Entre alors en jeu le critère de la pauvreté. Mais cela justifie-t-il les agressions que subissent les habitants de Mayotte ? Selon l’expert, l’évolution de la société a sa part de responsabilité. « Nous sommes passés d’une société longtemps gérée dans un cadre purement traditionnel, avec une spiritualité, à une société qui s’est orientée vers un individualisme sans foi et un matérialisme consumériste sans loi. C’est ça le problème. » Autrement dit, autrefois, les gens n’étaient pas violents, car il n’y
avait pas autant de tentation, tandis qu’aujourd’hui, l’existence de l’individu est fondée sur la possession de biens.
« C’EST TOUT À FAIT RAISONNABLE DE FAIRE LE LIEN »
LA RESPONSABILITÉ DES PARENTS
L’éducation que reçoivent les enfants joue également un rôle. « Un enfant, c’est comme un étranger dans un pays inconnu avec une langue qu’il ne connaît pas. S’il est accompagné, il pourra s’en sortir sans faire de bêtises. S’il est laissé à lui-même, il fera ce qu’il pourra pour survivre », précise Salim Mouhoutar. C’est le sort d’une grande majorité de ceux appelés « délinquants ». Ils se retrouvent seuls, car leurs parents ont été expulsés du territoire. Dans d’autres cas, les familles sont présentes à Mayotte, mais sont démissionnaires, puisqu’elles vivent dans la clandestinité et ont d’autres priorités. Finalement, le lien entre immigration et insécurité est-il une réalité ou une illusion ? Il n’y a pas de vérité absolue. n
Lisa Morisseau
Témoignage
« Depuis, c’est très compliqué, je ne dors quasiment plus »
LA VIDÉO A ÉTÉ ABONDAMMENT PARTAGÉE SUR LES RÉSEAUX ET LES MÉDIAS, CELLE DE L’AGRESSION ET LA MENACE À LA MACHETTE D’UNE VOITURE À KOUNGOU VENDREDI 11 OCTOBRE. NAISSA ÉTAIT DANS LE VÉHICULE. DEPUIS CES VIOLENCES, ELLE NE PARVIENT PAS À REPRENDRE UNE VIE NORMALE. TÉMOIGNAGE.
La voix qui tremble, les yeux humides… Naissa* est encore sous le choc. Le vendredi 11 octobre, vers 6 heures du matin elle se rendait au travail avec sa tante et deux autres femmes. Tout à coup leur voiture est arrêtée par deux hommes au niveau de la pharmacie de Koungou. Masques de clown sur le visage, ils les agressent, frappent avec acharnement sur les vitres de la voiture, l’un d’eux tient une longue machette. Les femmes se voient mourir, paniquent et finissent après de longues minutes par s’échapper après avoir donné un téléphone portable aux délinquants.
Rencontrée trois jours après, près du comité du tourisme à Mamoudzou, Naissa est encore traumatisée. « Depuis, c’est très compliqué, je ne dors quasiment plus », avoue-t-elle. La jeune femme de 26 ans continue à faire des crises d’angoisse et de pleurs. Vendredi matin, elle a filmé toute la scène : « J’ai activé la caméra sur Snapchat pour prévenir les autres que des délinquants sont là » . À ce moment-là, elle ne se doute pas de la suite des événements.
Depuis, elle n’a jamais regardé la vidéo. « Tout le monde l’a vue sauf moi », explique-telle. Mais elle n’a pas besoin de la revoir, car la « scène tourne en boucle dans ma tête », affirme-t-elle.
« LA SCÈNE TOURNE EN BOUCLE DANS MA TÊTE »
« CE N’EST PAS NORMAL DE SE DEMANDER SI ON VA ARRIVER SAIN ET SAUF »
Aujourd’hui, en arrêt de travail Naissa a du mal à vivre normalement. « Dans la rue, je ne marche pas tranquillement, je suis stressée à l’idée de faire une mauvaise rencontre ». Celle
« JE SUIS STRESSÉE À L’IDÉE DE FAIRE UNE MAUVAISE RENCONTRE »
qui habite dans le nord de la Grande-Terre ignore si elle réussira un jour à « reprendre la route » La jeune femme ressent une immense « colère et une soif de vengeance » « Ce n’est pas normal de se réveiller à 4 heures du matin, de partir au travail et de se demander si on va y arriver sain et sauf », insiste-t-elle. Lundi matin, elle a appris à la radio en venant à Mamoudzou que le Collectif des citoyens a organisé
un blocage du bureau des étrangers à la préfecture en réaction à l’agression de Koungou en associant immigration et délinquance. Sans être particulièrement politisée sur ces questions, elle s’est rendue au rassemblement. Aujourd’hui, elle ne demande qu’une chose : « Pouvoir vivre en sécurité » n
* Le prénom a été changé pour respecter l’anonymat.
DOSSIER
Nadhuir Mohamady et Raïnat Aliloiffa
Reportage
Le bureau des étrangers bloqué depuis ce lundi
LE COLLECTIF DES CITOYENS DE MAYOTTE 2018 A BLOQUÉ, DÈS CE LUNDI MATIN, LE BUREAU DES ÉTRANGERS DE LA PRÉFECTURE DE MAYOTTE À MAMOUDZOU, SUITE À L’AGRESSION D’UNE MÈRE DE FAMILLE DANS SA VOITURE À KOUNGOU, LA SEMAINE DERNIÈRE.
« Stop. On régularise pour nous tuer », est-il inscrit sur une banderole placée devant le bureau des étrangers. Ce lundi, dès cinq heures du matin, les membres du collectif des citoyens de Mayotte 2018 bloquent ce service de la préfecture, qui délivre habituellement les titres de séjour. C’est l’agression, survenue ce vendredi, d’une mère de famille à Koungou dans son véhicule qui a poussé le collectif à se mobiliser. « Pourquoi ces jeunes qui sont nés ou ont grandi ici nous en veulent-ils ? Cela dure
depuis des années. Est-ce que les papiers suffisent à les satisfaire ? » , demande avec colère Safina Soula, la présidente du groupe. Celleci souhaite alerter les autorités sur cette insécurité : « Ils doivent agir. Nous demandons l'arrêt des régularisations des personnes arrivées clandestinement, il nous faut des mesures d’urgence. » Selon elle, le bureau des étrangers serait à l’origine d’une régularisation abusive qui contribuerait à cette insécurité.
«
IL NOUS FAUT DES MESURES D’URGENCE »
UNE INTERVENTION MUSCLÉE
Selon la présidente du collectif, Safina Soula, des négociations ont été entamées avec le préfet. « Nous voulons voir des actions concrètes avant de lever le sit-in » , a-t-elle déclaré. Pourtant, à leur grande surprise, ce mercredi, des policiers se sont rendus sur place pour décrocher les banderoles accrochées par les manifestants devant la préfecture. Dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux, on peut voir les forces de l’ordre essayer d’arracher les affiches, tandis que les membres du collectif, principalement des femmes, dont certaines sont âgées, tentent de les en empêcher. « Cette banderole ne partira
pas », entend-on dans la vidéo. Celle qui pose problème affiche le message « Sabry Hani dégage », faisant référence au secrétaire général de la préfecture de Mayotte. Le collectif Ré-MaA (Résistance Réunion/Mayotte en action) a aussitôt envoyé un communiqué pour soutenir le collectif des citoyens de Mayotte 2018. « Nous ne saurions tolérer que des mères, des citoyennes qui ne font que réclamer la sécurité, soient violentées alors qu'elles expriment légitimement leur droit à la sécurité, face aux violences quotidiennes qui sévissent sur leur territoire » , indique-t-il. À l’heure où nous écrivons ces lignes, le bureau des étrangers de la préfecture est toujours fermé. .n « NOUS DEMANDONS
ARSENALISATION DES ET DES MINEURS À
ÉTRANGÈRES ET DÉSTABILISATION
REVENDIQUÉE D’UNE ULTRAPÉRIPHÉRIQUE
M. SOULA SAÏD-SOUFFOU - DOCTORANT EN DROIT
Les guerres modernes sont protéiformes. Si les canons, les missiles et les avions de chasse demeurent essentiels sur le champ de bataille, les soldats modernes peuvent prendre les traits de simples civils innocents méritant accueil et protection. Loin des snipers, des soldats cybernétiques des films de science-fiction, l’on parle ici d’arsenalisation de populations, de migrants, de menaces hybrides et d’ingérences étrangères. Face à ces phénomènes, les États sont obligés de s’adapter constamment y compris dans le cyberespace pour assurer leur sécurité. Selon l’OTAN : « On entend par menaces hybrides des activités menées
ouvertement ou non à l’aide de moyens militaires et de moyens non militaires : désinformation, cyberattaques, pression économique, déploiement de groupes armés irréguliers ou emploi de forces régulières » . L’utilisation des flux migratoires comme activités hybrides et géopolitiques est à présent reconnue par l’OTAN et l’UE. Selon cette dernière : « Les menaces hybrides visent à exploiter les vulnérabilités d’un pays et ont souvent pour but de saper les valeurs démocratiques et les libertés fondamentales » Bien avant les crises migratoires au Sud de l’UE, notamment dans les îles italiennes, et à l’Est de l’UE, notamment à la frontière entre la Pologne et le Bélarus, l’utilisation de populations à des fins d’activités hybrides et géopolitiques était déjà une réalité à Mayotte depuis le milieu des années 1990. La politique de reconduite à la frontière des migrants économiques, telle qu’elle est pratiquée en outre-mer depuis des décennies, donne des résultats « peu satisfaisants » selon la Cour des comptes. Pour produire les effets escomptés, elle devrait faire l’objet d’une réorganisation profonde. Aujourd’hui, l’espace continental de l’UE est à son tour impacté par le phénomène migratoire de façon brutale, même s’il est vrai que des signes avant-coureurs pouvaient annoncer l’avènement d’un tel phénomène aux portes de l’Europe. « Les migrants servent de chair à canon pour faire pression sur un État » . C’est une des réalités des nouvelles guerres hybrides. La France, à travers la région ultrapériphérique de Mayotte, fait l’objet de ce genre de pression compte tenu des revendications territoriales des Comores sur Mayotte depuis 1974. Quant à l’Europe, elle semble avoir manqué de vigilance. Le
DES MIGRANTS MAYOTTE : INGÉRENCES DÉSTABILISATION
RÉGION
DE L’EUROPE
SORBONNE PARIS NORD
renforcement de certains régimes autoritaires, en quête de reconnaissance et d’affirmation, pouvait pourtant attirer son attention. Elle se retrouve aujourd’hui la cible de nombreuses attaques hybrides. Jean-Sylvestre MONGRENIER évoquait déjà, en 2020, une « arsenalisation des flux migratoires » . L’UE prenait alors pleinement conscience du fait que des migrants pouvaient être utilisés comme des « armes » par destination dans le cadre d’une guerre hybride, une situation pourtant dénoncée depuis des décennies par les élus de Mayotte. C’est en ce sens que l’on peut affirmer que les RUP sont, en quelque sorte, des lunettes grossissantes des enjeux de sécurité intérieure de l’UE.
Dès 1997, éclatait une crise séparatiste au sein de la République fédérale islamique des Comores. L’île d'Anjouan manifeste alors sa volonté d’accéder à la pleine souveraineté. Le drapeau français est hissé sur de nombreux bâtiments officiels. En guise de représailles, un blocus hermétique est imposé à l’île par les autorités fédérales comoriennes soutenues par l’OUA . Rapidement, la population va manquer de tout, notamment de nourriture et de médicaments, entrainant une crise économique, sanitaire et sociale sans précédent. De tels événements enclenchent une dynamique d’émigration massive vers Mayotte qui est alors déstabilisée progressivement au point que la moitié de sa population est aujourd’hui étrangère, majoritairement comorienne et en situation irrégulière . La mise en œuvre du visa Balladur (18/01/1995) et le lancement du processus de départementalisation, avec la consultation référendaire du 2 juillet 2000, ont engendré une forme de radicalisation du discours comorien à l’égard de Mayotte française. En 2021, le gouverneur d’Anjouan, Anissi Chamsoudine, a publiquement appelé ses compatriotes à envahir Mayotte par kwassa . Il a déclaré : « Il faudrait peut-être que les Comoriens prennent des kwassa par milliers. J’ai déjà le mien. Mais, il faudrait que tout le monde se mobilise. On verra si
la France nous bombardera avec ses bateaux de guerre » . Cette arsenalisation des populations comoriennes a entrainé un changement profond de perception du migrant comorien. Celui-ci est passé de migrant économique à celui d’envahisseur déclaré. Pourtant, en 2019, un accord ambitieux de partenariat renouvelé, assorti d’un plan de développement doté de 150 millions d'euros (2019-2022), a été signé entre la France et les Comores. La contrepartie demandée aux Comores était une participation active à la lutte contre l’immigration clandestine. Cet engagement n’a pas été tenu. En outre, « Il faut aussi relever l’absence de coopération pénale tant sur le plan de l’extradition que des demandes d’entraide aux fins d’enquête notamment dans la lutte contre les filières d’immigration. Ainsi, la convention d’entraide judiciaire en matière pénale signée à Moroni le 13 février 2014 n’est toujours pas ratifiée par les Comores » . En raison de la forte pression migratoire, les faibles infrastructures de Mayotte sont saturées et l’attractivité professionnelle des l’ile est en berne. Ainsi, l’île, de quelques 374 km2 seulement, manque de tout : insuffisance de structures d’accueil et d’hébergement, quasi-inexistence d’aides d’urgence à destination des migrants et des demandeurs d’asile, crise de l’eau, désert médical, écoles surchargées, explosion de la violence. Dans ce contexte inédit, les migrations africaines, qui apparaissent et s’intensifient, constituent un défi social supplémentaire à relever. En l’absence de maîtrise des flux migratoires habituels, notamment comoriens, les demandeurs d’asile d’origine africaine sont devenus des victimes collatérales du différend franco-comorien. L’acceptation sociale de ces nouvelles migrations est rendue difficile. La société mahoraise subit des transformations majeures à très grande vitesse.
Toutes les populations migrantes ne peuvent être considérées comme arsenalisées. Beaucoup fuient, de bonne foi, les persécutions et partent à la recherche d’un pays plus sûr. Montesquieu, conceptualisant la sûreté comme protection juridique contre l’arbitraire de l’État,
DOSSIER
disait que « La liberté politique consiste dans la sûreté » . L’UE est aussi victime de l’attractivité de son modèle politique, économique, social et démocratique. Aujourd’hui, il s’agit de gérer les conséquences sécuritaires d’un tel engouement, dans des conditions budgétaires dégradées qui favorisent concomitamment la montée des tensions sociales et le renforcement des régimes illibéraux. Audelà de la question politique et géopolitique, les soubassements économiques de l’arsenalisation des migrants ne peuvent être ignorés. En effet, les populations arsenalisées sont souvent de modestes conditions. Ainsi, le pays agresseur trouve, dans une telle opération, une soupape de sécurité lui permettant d’exporter ses propres difficultés socio-économiques vers un autre pays qui se retrouve moralement et politiquement contraint de les prendre en charge, selon des modalités propores à sa législation nationale. C’est bien l’effet submersif de la migration qui cause la déstabilisation du pays agressé et la saturation de ses services publics.
L’arsenalisation des populations permet d’atteindre des « buts de guerre » à peu de frais en causant des dégâts particulièrement visibles sur la société, les services publics, l’économie et le cadre de vie du pays visé. Il est alors difficile de mettre directement et juridiquement en cause les autorités du pays agresseur face à l’hybridité de la menace et en l’absence de déploiement d’une armée conventionnelle identifiée. Cependant, s’agissant des Comores, l’invitation publique à l’invasion établit officiellement la responsabilité directe du pays. Mayotte, région agressée, a encore du mal à s’adapter à ce phénomène qui sature complètement ses capacités d’accueil, d’insertion économique et sociale. Quant à l’UE, elle est en train de faire l’expérience de ce type d’activités hybrides sur son sol continental. Ses capacités d’accueil ont souvent été mises à rude épreuve ces dernières années et les perspectives géopolitiques (augmentation des réfugiés climatiques, des demandeurs d’asile, des migrants économiques) laissent entrevoir une aggravation du phénomène dans les prochaines années. Étant entendu que ces manœuvres sont manifestement martiales, le rôle des forces armées dans la gestion des migrations arsenalisées se développe eu égard à l’ampleur du phénomène aux frontières extérieures de l’UE. Le cadre de la défense européenne demeure l’OTAN (Art. 42 TUE). Dès lors, des échanges nourris, entre l’UE et l’OTAN, ont été menés sur l’arsenalisation des migrants. Le Conseil des affaires étrangères a appelé,
à maintes reprises, à « améliorer la coopération UE-OTAN en matière de lutte contre les menaces hybrides »
Quant à l’arsenalisation des mineurs, elle constitue un défi nouveau auquel les États membres doivent également s’attaquer de toute urgence. Elle constitue une source de déstabilisation et de dégradation continue de la sécurité intérieure de l’UE. Des entités criminelles, ayant parfois des connexions avec l’étranger, recrutent et arsenalisent des mineurs de plus en plus jeunes à des fins de commission d’actes de terreur qui fragilisent la stabilité de certaines RUP comme Mayotte. Le mode opératoire est toujours le même : jeunes cagoulés, souvent vêtus de blouses blanches, armés de galets, de machettes, d’autres armes blanches, parfois même d’armes à feu et de chiens dressés au combat utilisés comme armes par destination. Plusieurs agents des forces de l’ordre, agressés par les bandes, se sont vus dépouillés de leurs armes de service qui se retrouvent, temporairement ou durablement, dans les mains de ces bandes criminelles. Par ailleurs, l’introduction irrégulière d’armes par kwassa est devenue monnaie courante. Un sentiment de toute-puissance gagne les jeunes arsenalisés. « Les adultes, ceux qui ont 18 ou 19 ans, les utilisent pour les crimes qu'ils veulent commettre, car les mineurs ne feront jamais de prison » . L’excuse de minorité , principe majeur de la justice des mineurs, est massivement détournée par les bandes organisées pour affaiblir et défier les autorités. En outre, la seule prison de l’île déborde : 650 prisonniers pour 278 places théoriques, dont 30 pour mineurs, sur une population de plus de 350 000 habitants. Le directeur de la prison a démissionné, début octobre 2024, pour attirer l’attention sur les conditions de travail difficiles dans cet établissement marqué, fin septembre 2024, par une minuterie largement diffusée sur les réseaux sociaux par les prisonniers euxmêmes. Les jeunes délinquants n’hésitent plus à s’afficher, y compris à visage découvert, sur ces mêmes réseaux sociaux, armes à la main. En Espagne et à La Réunion, l’implantation de ce phénomène de bandes armées de machettes constitue un vrai sujet de préoccupation pour la sécurité intérieure. Des cas sporadiques de violences extrêmes commises par de très jeunes mineurs apparaissent sur le territoire continental, notamment à Marseille. L’impact émotionnel de la violence des mineurs sur la société est plus fort que celui des adultes compte tenu de leur minorité psychologiquement associée à la tranquillité et au bonheur. À Mayotte,
les échecs de milliers de parcours d’intégration, issus de l’immigration, causent aujourd’hui des tensions sociales fortes qui sont à l’origine de violences graves et répétées dans le territoire où l’échelle de BUI TRONG, permettant de mesurer l’intensité des violences urbaines, atteint régulièrement des records, y compris aux abords de l’école de la république. Pendant longtemps, on a cru, ou voulu croire que les violences juvéniles à Mayotte se résumaient à une simple délinquance de « survie » pratiquée par des mineurs isolés souvent issus de l’immigration. C’était faire fi du processus d’embrigadement qui est à l’œuvre au sein de ces jeunes populations vulnérables à qui l’on inculque la haine de Mayotte et de la France au sein de bandes particulièrement violentes comme les « watoros » ou les « Dakou » pouvant être respectivement traduits par « les Sauvages » et « les Terreurs ». Au sein de ces bandes, il n’y a pas que des jeunes sans papiers ni régularisables ni expulsables, dits « ni ni » . Des jeunes nés à Mayotte, ayant un parent de nationalité française, ou pouvant prétendre, à leur majorité, à ladite nationalité, se retrouvent également embrigadés dans ces bandes organisées. Ainsi, dans de nombreuses affaires criminelles impliquant ces gangs de mineurs qui tuent, volent à main armée, se livrent à des expéditions punitives, coupent les routes, rackettent, brûlent des voitures et des bâtiments publics, caillassent des bus scolaires, des transports de personnels hospitaliers, des ambulances, des véhicules de la sécurité civile et agressent les forces de l’ordre, il apparaît, en réalité, que des adultes ont été mis en cause directement ou indirectement comme complices des violences commises par les jeunes délinquants. Ainsi, le 18 décembre 2023, eu égard aux violences extrêmes constatées sur le territoire, compte tenu de la montée des messages de haine contre Mayotte et la France sur les réseaux sociaux, et face à des bandes manifestement arsenalisées, l’Assemblée départementale de Mayotte a sollicité une enquête du parquet national antiterroriste aux fins de faire la lumière sur les actes de terreur perpétrés à Mayotte. Cette saisine vient après une phase de préfiguration d’un Observatoire des violences à Mayotte (OVM) et de la mise en place d’une Task Force de lutte contre l’insécurité au sein du Conseil départemental. Souvent cerveaux présumés des opérations, financeurs, parfois cuisiniers centraux de ces mêmes bandes, les adultes, restés dans l’ombre, ont quasi systématiquement des accointances avec l’étranger, notamment avec les Comores voisines. Ces aspects subversifs des violences commises à Mayotte, peu médiatisés, sont visés à l’Article 411-4 du Code pénal qui punit les activités visant à « susciter des hostilités ou des actes d'agression » ou à « fournir à une puissance étrangère, à une entreprise ou une organisation étrangère ou sous contrôle étranger ou à leurs agents les moyens d'entreprendre des hostilités ou d'accomplir des actes d'agression contre la France » . En outre, quelques Mahorais pro-comoriens, voyageant passeport français à la main et participant de plus en plus ouvertement à des conférences publiques remettant en cause la présence française à Mayotte, nourrissent, par de tels agissements, les revendications territoriales comoriennes. « Mayotte est prise au piège d’un conflit entre deux états, la France et les
Comores » . La dernière conférence connue s’est tenue à Bakou (Azerbaïdjan) les 2 et 3 septembre 2024 et était intitulée « l'occupation illégale de Mayotte par la France » . L’Azerbaïdjan est connu pour se livrer activement à des ingérences en Nouvelle-Calédonie. L’aide que l’Union des Comores reçoit des puissances étrangères, proches de la Chine et de la Russie, comme l’Azerbaïdjan renforce la déstabilisation permanente du département de Mayotte. Cette guerre sans armée régulière faite d’ingérences et de menaces protéiformes doit être menée de front par le gouvernement français, avec le concours du Département de Mayotte, avec des moyens plus adaptés. Le combat fait rage à la suite de l’apparition de nouveaux acteurs étrangers qui agissent partout y compris sur les réseaux sociaux. La France s’est ainsi dotée d’une loi visant à lutter efficacement contre les ingérences étrangères . Par conséquent, loin de relever de la petite délinquance entretenue de l’intérieur ou de l’extérieur, la violence extrême des mineurs, transformés en « enfants soldats » ou en « agents de l’étranger », peut être constitutive d’activités hybrides tendant à défier, discréditer et affaiblir des gouvernements ou des autorités régionales, notamment dans leur capacité à assurer la sécurité de leurs territoires. Ces activités hybrides visent à asseoir de nouveaux équilibres géopolitiques régionaux et mondiaux, à conforter l’affirmation de nouveaux régimes illibéraux et autoritaires, en marge de l’intensification des tensions sino-américaines pour le leadership mondial.
1
I OTAN, Lutte contre les menaces hybrides, 07 mars 2024.
II Communication conjointe au Parlement européen et au Conseil, Cadre commun en matière de lutte contre les menaces hybrides, Une réponse de l'Union européenne, JOIN (2016) 18 final, Bruxelles, le 6.4.2016.
III COINTAT Christian et FRIMAT Bernard, Rapport d’information à la suite d’une mission d’information effectuée en Guyane, en Martinique et en Guadeloupe du 17 février au 4 mars 2011, n° 410, Sénat, 6 avril 2011, p. 15.
IV AMSILI Sophie, Les migrants servent de chair à canon pour déstabiliser l'Union européenne, Les Échos, 9 novembre 2021.
V MONGRENIER Jean-Sylvestre. Géopolitique de l'Europe. PUF, 2020, 128 p.
VI Organisation de l’Unité Africaine (1963-1999) devenue Union africaine en 2002.
VII Recensement générale de la population en 2017.
VIII Embarcation légère servant de transport clandestin.
IX Comores infos, le gouverneur d’Anjouan appelle à envahir Mayotte en kwassa, 29 janvier 2021.
X IGJ/IGAS/IGA/IGAE/IGESR/IGF, op. cit., p. 101.
XI MONTESQUIEU. Œuvres complètes. Tome 2. Gallimard, La Pléiade, 1951, p. 431.
XII Communication conjointe au Parlement européen et au Conseil, Cadre commun en matière de lutte contre les menaces hybrides, une réponse de l'Union européenne, Bruxelles, 6 avril 2016 JOIN(2016) 18 final, p. 3.
XIII VELAZQUEZ Jaime, À Madrid, des centaines mineurs tombent dans la violence des "gangs latinos", Euronews, 21/02/2022.
XIV Art. L121-5 du Code de la justice pénale des mineurs.
XV Créée dans les années 1990 par Lucienne BUI TRONG (1942-2028) qui était spécialiste des violences urbaines.
XVI Délibération DL_AP2023_0283 portant saisine du parquet national antiterroriste (PNAT) au sujet des actes de terrorisme perpétrés dans le département de mayotte, 18 décembre 2023.
XVII DR Alain Kamal Martial (écrivain, dramaturge, chercheur en Littératures postcoloniales) dans l’émission Zakwéli, Mayotte 1ère, 3 mai 2023.
XVIII LOI n° 2024-850 du 25 juillet 2024 visant à prévenir les ingérences étrangères en France.
LISEZ MAYOTTE LES DOSSIERS HISTORIQUES DES ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DE MAYOTTE (4/10)
AGRÉGÉ DE LETTRES MODERNES ET DOCTEUR EN LITTÉRATURES FRANCOPHONES, CHRISTOPHE COSKER EST L’AUTEUR DE NOMBREUX OUVRAGES DE RÉFÉRENCE SUR LA LITTÉRATURE DE L’ÎLE AUX PARFUMS, NOTAMMENT
UNE PETITE HISTOIRE DES LETTRES FRANCOPHONES À MAYOTTE (2015) DONT IL REPREND, APPROFONDIT ET ACTUALISE, DANS CETTE CHRONIQUE LITTÉRAIRE, LA MATIÈRE.
En 2009, on découvre une deuxième production du système éducatif des Archives départementales de Mayotte intitulé : « Mayotte pendant la Seconde guerre mondiale ». Cette nouvelle collaboration du Conseil général de Mayotte et du vice-rectorat propose un nouveau code couleur – plus sombre - qui sera conservé pour les quatre productions qui complètent la série à ce jour, dans l’état actuel de nos connaissances. Ce nouveau code couleur est également lié au passage d’un éditeur à un autre, soit d’Imprimah à Armen factory.
C’est un nouveau président du Conseil général de Mayotte qui introduit cette nouvelle publication : Ahamed Attoumani Douchina. Il insiste particulièrement sur l’originalité pratique d’une forme spéciale : « Comme le dossier précédent, il vise à offrir aux enseignants de l’île des matériaux pédagogiques complets, clairs, modulables et librement utilisables dans le cadre de la classe, tout en offrant aux curieux un aperçu relativement complet d’une phase de l’histoire de Mayotte. » (deuxième de couverture)
Réalisé par Hélène David, du service éducatif des Archives départementales de Mayotte et coordonné par Anastasia Iline, directrice de la même institution, ce dossier propose d’articuler l’histoire de Mayotte et celle de la métropole en revisitant une période
importante de l’histoire de France sur un nouveau terrain d’observation. Après une présentation générale, quatre pistes sont explorées :
- « Les premières années du conflit dans l’océan Indien (1939-1941) »
- « La présence anglaise à Mayotte, à partir de 1942 »
- « L’administration française à Mayotte »
- « Les difficultés de la vie quotidienne » Voici comment, dans l’introduction générale, le problème est posé :
« Les colonies des différents adversaires européens vont servir de relais dans cet océan Indien qui fait le lien entre l’Afrique et l’Asie, pour combattre les forces de l’Axe et défendre les intérêts des Alliés. Comment Mayotte a-t-elle pris sa place dans ce conflit ? »
La première réponse à cette question consiste à rappeler que Mayotte est d’abord sous l’influence de la sphère de Vichy de 1939 à 1941. La situation est la suivante :
« Mayotte et l’océan Indien sont laissés dans une relative tranquillité pendant les premières années du conflit. Madagascar et ses dépendances restent fidèles au gouvernement de Vichy. Le gouverneur général Annet, dans la même mouvance que son prédécesseur Cayla, applique la politique décidée par le maréchal Pétain et inscrit ces territoires ‘au service de la France qui souffre encore, mais qui sent qu’elle abordera bientôt des jours meilleurs
sous l’égide de son chef clairvoyant, aimé et vénéré.’ À Mayotte, un comité régional de la Légion française des combattants et des volontaires de la Révolution nationale est créé à Dzaoudzi.
» En 1942, Mayotte tombe dans le giron anglais : « Le 2 juillet 1942, les troupes britanniques débarquent à Mayotte à partir de deux destroyers : HMS Dauntless et HMS Active. Les membres du 209e escadron de la Royal Air Force (RAF), sous le commandement du lieutenant Fitzpatrick et accompagnés par une douzaine de soldats des King African Rifles dirigés par le colonel David Kemble, prennent pied sur l’îlot de Pamandzi (Petite Terre). » Il s’agit d’une partie de l’opération Ironclad décidée par Churchill à l’insu du général de Gaulle. Le but est d’empêcher une installation japonaise dans la zone en
débarquant à Madagascar. On précisera enfin que les administrateurs ayant collaboré refusent de se plier aux décisions britanniques et quittent l’île.
Le dossier s’achève sur la prise en compte de l’événement du point de vue du témoin lambda pour qui guerre rime avec privation : « La pénurie de tissus a particulièrement marqué les mémoires. Les habitants les plus pauvres étaient alors obligés de se vêtir avec la toile grossière des sacs de riz. On ne trouvait plus de savon et tout un ensemble de produits appréciés des populations européennes était également introuvable comme le vin, l’huile, les conserves. »
Christophe Cosker
NARENDRE
Organisme acheteur : NARENDRE, agissant au nom et pour le compte de CADEMA (976)
Contact : Cellule marchés de la SIM, Cellule marchés de la SIM, 97600 Mamoudzou, FRANCE.
Tél. +33 612660748.Courriel : tcu@ narendre.com.
AVIS DE MARCHÉ - SERVICES
Site du profil d’acheteur : https://www. marches-securises.fr
Objet du marché : La présente consultation est destinée à recruter la maîtrise d’oeuvre pour la réalisation des travaux des phases 2 bis et 3 et les études de niveau PRO des secteurs arrêtés au stade AVP. Maîtrise d’oeuvre générale de la ligne de bus à haut niveau de service, dite « BHNS » du réseau CARIBUS
Type de marché : Services
Lieu principal d’exécution : 97600
MAYOTTE
Classification CPV : 71310000
Division en lots. Il convient de soumettre des offres pour boamp_reponselot_.
Valeur estimée hors TVA : 4000000 euros
Informations sur les lots : Lot n° 1 : Maîtrise d’oeuvre géné-
rale de la ligne de bus à haut niveau de service, dite « BHNS » du réseau CARIBUS Réalisation des travaux et études de niveau PRO des secteurs arrêtés au stade AVP des phases 2 bis et 3 du projet CARIBUS
Date limite de réception des offres : 20/11/2024 à 12:00.
Type de procédure : Ouverte Avis de marché BOAMP n° : 24114069 (envoyé le 08 octobre 2024)
AVIS D'APPEL PUBLIC À LA CONCURRENCE - SERVICES
Section 1 : Identification de l'acheteur
Nom complet de l'acheteur : Office
Culturel Départemental de Mayotte (976)
Numéro national d'identification :
Type : SIRET - N° : 20008063800014
Code postal / Ville : 97600 Mamoudzou
Groupement de commandes : Non
Section 2 : Communication
Moyens d'accès aux documents de la consultation
Lien vers le profil d'acheteur : https:// www.marches-securises.fr
L'intégralité des documents de la consultation se trouve sur le profil d'acheteur : Oui
Utilisation de moyens de communication non communément disponibles : Non
Nom du contact : Madame la Présidente de l'Office culturel départemental de Mayotte.
Section 3 : Procédure
Type de procédure : Procédure adaptée ouverte
Conditions de participation :
Capacité économique et financière : voir RC
Capacités techniques et professionnelles : Voir RC
Technique d'achat : Accord-cadre
Date et heure limite de réception
Diffusé du lundi au vendredi, Flash Infos a été créé en 1999 et s’est depuis hissé au rang de 1er quotidien de l’île.
Lu par près de 20.000 personnes chaque semaine (enquête Ipsos juillet 2009), ce quotidien vous permet de suivre l’actualité mahoraise (politique, société, culture, sport, économie, etc.) et vous offre également un aperçu de l’actualité de l’Océan Indien et des Outremers.
des plis : Mercredi 20 novembre 2024 - 12:00
Présentation des offres par catalogue électronique : Interdite
Réduction du nombre de candidats : Non
Possibilité d'attribution sans négociation : Oui
L'acheteur exige la présentation de variantes : Non
Identification des catégories d'acheteurs intervenant (accord-cadre uniquement) : Office culturel départemental de Mayotte
Critères d'attribution : voir RC
Section 4 : Identification du marché
Intitulé du marché : RELANCE 1 ENTRETIEN DE LA SALLE DE CINEMA ALPA JOE
Classification CPV : 90900000
Type de marché : Services
Lieu principal d'exécution : Salle de
cinéma Alpa Joe 8, boulevard Halidi
Sélémani 97600 Mamoudzou
Durée du marché (en mois) : 36
Valeur estimée hors TVA : 150000 euros
La consultation comporte des tranches : Non
La consultation prévoit une réservation de tout ou partie du marché : Non
Marché alloti : Non
Section 6 : Informations complémentaires
Visite obligatoire : Non
Autres informations complémentaires : La visite des lieux avant remise des offres est recommandée.
Marché de 12 mois, renouvelable 2 fois (au total 150 000 euros sur 3 années)
Date d'envoi du présent avis 16 octobre 2024
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# 1107
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Première parution
Vendredi 31 mars 2000
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