www.mayottehebdo.com r 11/2016 r Mayotte Hebdo N°770
1
Points de vente Page de garde - Sodifram Kaweni La bouquinerie de Passamainty - Passamainty Maison des livres - place Mariage Mamoudzou Mr Bricolage - Jumbo Score
Au fil du kalame - Chirongui Boutik’ air - aéroport Gîte du mont Combani - Combani BSMA - Combani
Pour passer vos commandes : 0639 65 97 66 / distribution@somapresse.com
2 Mayotte Hebdo N°770r 11/2016 r www.mayottehebdo.com
S11 NOVEMBRE O M2016M A I R E 6/7 ÉVÉNEMENT GRÈVE DE LA FONCTION PUBLIQUE 10/15 DÉBAT LA POLITIQUE MAHORAISE EST-ELLE MALADE ? 16/17 MAG 24H AVEC… UN FOU 18 AUTO-MOTO AUDI Q2 20/23 MAYOTTE ÉCO LE GUIDE DU RADIN/CONSTRUCTION 24/27 TOUNDA PORTRAIT 28/32 SPORT INTERVIEW/RÉSULTATS/PROGRAMME
www.mayottehebdo.com r 11/2016 r Mayotte Hebdo N°770
3
CE QUE VOUS EN DITES
TRIBUNE LIBRE Une certaine idée de la démocratie Ces deux bons pères de famille – Younoussa Bamana et Martial Henry - auraient dit : “Arrêtez de vous bagarrer dans le palais du peuple mes enfants. Soyez dignes de nous ! Travaillez pour l’île ! Battez-vous, mais pour les droits fondamentaux des citoyens français de Mayotte qui sont bafoués”.
contact@mayottehebdo.com
Aucun État d’Afrique n’est démocratique. C’est un fait ! Aucun gouvernement des pays africains ne repose sur le dialogue et le discours démocratique. C’est une réalité. Et pourquoi ?
L’expérience africaine n’a jamais pu réaliser les principes de la démocratie, de la république et de la politique. La dictature a tout balayé. Pour des raisons simples.
Nous allons répondre dans un exposé de quelques lignes. La réponse que nous développons doit interpeller nos jeunes élus du Conseil départemental.
Premièrement, le peuple, le public et la cité n’ont jamais été les préoccupations majeures de ces États postcoloniaux. Seul l’ego du potentat, la hernie du tyran, comme dirait Sony Labou Tansi, paralyse les organes de l’État.
La démocratie est un héritage magnifique. Elle nous vient de la tradition gréco-romaine. Ce n’est nullement une invention néo-africaine. Ses principes sont le fruit de siècles et siècles d’expériences.
D’abord, commençons par ce que nous enseigne la tragédie grecque sur la démocratie. Les amphithéâtres circulaires représentaient le modèle de l’assemblée. À ce lieu, les affaires de la cité étaient débattues. Phèdre, Antigone, Médée, des chefs-d’œuvre qui ont, à chaque fois, mis sur la table la question de la passion opposée à la raison d’État. La question de l’intérêt individuel opposé à l’intérêt général.
En 1961, les jeunes États postcoloniaux ont voulu instaurer des gouvernements sur la base du modèle démocratique. Six décennies plus tard, les États indépendants de l’Afrique entière peinent. Les pouvoirs pataugent dans une réalité assassine, criminelle au sein de pouvoirs rapaces. Les uns contre les autres les politiques se cannibalisent, se vampirisent dans une gouvernance de la haine vindicative accumulant coups d’état après coups d’état.
C’est ainsi que les principes d’une démocratie naissante étaient présents dans le débat de la vie de la cité. Rappelons-nous des termes clés des affaires citoyennes. La politique vient du mot polis, la ville, cette racine étymologique de la politique désigne les affaires de la ville. La démocratie, étymologiquement, demus : le peuple, cratiae, autorité. Donc l’autorité du peuple. Et enfin, un dernier mot république, de rei (les choses), publicae (publiques).
4 Mayotte Hebdo N°770r 11/2016 r www.mayottehebdo.com
Le deuxièmement est expliqué par le premièrement : dans la mesure où l’ego du tyran prédomine et supplante l’intérêt du peuple, le public et le politique s’anéantissent. Les divisions internes rendent très facile la corruption des hommes politiques. C’est ainsi qu’au Congo, Denis Sassou Nguesso armé par Elf Total Fina s’en prend à son frère Pascal Lissouba pour hypothéquer le pétrole du peuple. Au Zaïre, Mobutu armé par les Belges s’en prend à son frère Patrice Eméry Lumumba pour troquer les diamants du Katanga. Plus proche de nous, Ali Soilihi et Ahmed Abdallah nous ont offert un théâtre avec les armes de Bob Denard qui s’accapare des richesses du petit peuple des Comores. Constatez que lorsqu’au sommet du palais du peuple, les hommes politiques se
TRIBUNE LIBRE divisent dans une lutte fratricide, le cartel des charognards néocoloniaux s’accapare de la richesse du peuple. Par conséquent, dans les conflits fratricides, le premier perdant est le citoyen-peuple. Les deux bons pères de famille qui ont tenu le Conseil général de Mayotte de 1977 à 2004 se sont évertués à asseoir la démocratie selon la république française. Ils ont écarté passions humaines, ils ont défendu la raison du peuple contre les tentations égotistes. Personne n’a jamais pu les diviser. Ils ont eu sans doute leurs défauts, mais ils ont bien tenu la chose du peuple, la chose publique, selon les lois de la démocratie. Or, aujourd’hui les passions de nos élus et de notre administration supplantent la raison d’État. Le palais du peuple se transforme en champ de guerre… notre démocratie se trouve menacée. Ce qui se passe à Mayotte aujourd’hui, au sein du Conseil Départemental et dans les intercommunalités réactualise une tragédie des plus absurdes jouée et rejouée à satiété dans les dictatures africaines. Ceux qui s’y querellent ne le font pas pour l’intérêt de la démocratie, de la république, de la politique, ils se bagarrent pour leurs intérêts personnels. Ceci n’est pas du tout démocratique ! Mais se demande-t-on : qui finance leurs conflits fratricides au CD ? Qui finance les guerres intestines de l’intercommunalité ? Qui finance la salive des bagarreurs politiques
de notre île ? Qui vole le peuple à Mayotte pendant que les Mahorais s’entre-déchirent ? Qui profite de nos divisions ? Les deux pères de famille auraient dit aux petits pugilats : “Fils, nous sommes en démocratie. Vous siégez au palais du peuple, il est sacré. Faites de la politique, certes, mais dans le respect de ceux qui vous ont élus !” Y a-t-il un père pour calmer les enfants quand ils se bagarrent dans la maison du peuple ? Y a-t-il un père pour sauver la démocratie ? Qui va les raisonner ? Qui va leur dire que le peuple souffre de leurs querelles ? Qui va nous dire à nous tous que pendant que nous nous pavanons avec nos airs triomphants dans notre guéguerre tribale, les Autres, chasseurs de primes, charognards néocoloniaux s’enrichissent sur le dos de notre peuple ? Car nous sommes frères et sœurs de Mayotte. Nous devons être unis pour l’intérêt de l’île. Unis, tous, contre les chasseurs de primes qui nous divisent et contre les charognards néocoloniaux qui nous privent des fruits de notre développement. Alors, soyons humbles, ayons de la modestie, soyons unis, soyons fraternels, soyons Mahorais, repensons notre combat. Tous unis contre les charognards néocoloniaux. Tous unis pour l’intérêt du peuple. [ Alain-Kamal Martial
www.mayottehebdo.com r 11/2016 r Mayotte Hebdo N°770
5