Mayotte Hebdo n°789 _ aperçu gratuit

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S31 MARS O 2017 M M A I R E 4/7 MOUVEMENT SOCIAL LA COLÈRE GUYANAISE POURRAIT-ELLE SE PROPAGER À MAYOTTE ? 10/15 DOSSIER ÉTUDIANTS MAHORAIS EN MÉTROPOLE : ENTRE DOUTE ET ESPOIR 16/17 MAG VOULEZ-VOUS COACHER AVEC MOI ? (PARTIE 2/2) 18/19 À LA RENCONTRE DE… OUMARI HOUMADI, CHAMPION PARAPLÉGIQUE 20 AUTO-MOTO NOUVEAU FORD KUGA 22/23 AQUACULTURE UNE THÈSE EN COURS POUR UN DÉVELOPPEMENT DURABLE DE LA FILIÈRE 24/27 PHOTO MICHEL FORET PRÉSENTE SON LIVRE PHOTO : MUDU & MZUNGU 28/32 SPORT ACTUALITÉ/RÉSULTATS/CLASSEMENTS

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© captures d’écran Guyane 1re et photos Nacima Bougouffa

ÉVÉNEMENT MOUVEMENT SOCIAL

La Guyane connait depuis deux semaines un important mouvement social. Si l’insécurité en a été le déclencheur, la société civile s’est rapidement mobilisée autour d’autres problématiques : économie, immigration clandestine, équipements scolaires, etc.

LA COLÈRE GUYANAISE POURRAIT-ELLE SE PROPAGER À MAYOTTE ?

L

a Guyane est à l’arrêt. Depuis deux semaines, un mouvement social paralyse l’île. Les causes du ras-le-bol ? Immigration clandestine, insécurité, économie, etc. Des tensions qui rappellent celles de Mayotte. Alors, la crise sociale que connaissent nos lointains compatriotes pourrait-elle réveiller les colères de l’île aux parfums ?

“Le battement d’ailes d’un papillon au Brésil peut provoquer une tornade au Texas”, nous dit une célèbre métaphore. S’il ne s’agit pas ici du Brésil et du Texas, l’élément déterminant est bien plus puissant qu’un simple battement d’ailes : un mouvement social d’ampleur qui paralyse la Guyane depuis ce début de semaine. Au centre des débats : immigration clandestine, insécurité, vie chère, fiscalité, éducation, etc. Des problématiques bien connues de l’île aux parfums, qui s’en agite déjà régulièrement. Dès lors, la question est posée :

les revendications de Guyane peuventelles réveiller celles de Mayotte ? Sur les réseaux sociaux en tout cas, s’ils sont quelques-uns à douter de la possibilité qu’un conflit du même type apparaisse ici, c’est surtout pour des considérations relevant de la lassitude ou de la crainte des conséquences – “Il y a un manque de solidarité ici” ou “On y a déjà eu droit en 2011 avec les mêmes revendications et les mêmes dérives. Six ans plus tard, rien n’a changé, voire même c’est pire. Alors rebloquer l’île et lâcher les délinquants dans les rues ce n’est pas la solution”, expliquent

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des internautes. Pour la majorité en revanche, l’agacement guyanais et les méthodes employées semblent plus souvent provoquer de la compréhension que de la critique. “Il n’y a que cette méthode de blocage qui marche. Marre de devoir se battre corps et âmes pour obtenir les choses les plus élémentaires”, commente un internaute sur Facebook ; “Soutien à nos amis Guyanais qui font ce qu’on ne sait pas faire : s’unir”, soulève un autre ; “À quand notre tour ?”, se demande un troisième ; “Je pense même que c’est une fenêtre qu’on doit


ÉVÉNEMENT saisir”, motive un quatrième. En somme : le mouvement social de Guyane réveille les aspirations mahoraises. La tendance est confirmée par un sondage que nous avons lancé sur les réseaux sociaux. À la question “Pensez-vous que le mouvement social de Guyane puisse se propager à Mayotte ? “ Plus de 73 % des votants répondent “Oui”, mais seulement 51 % pensent que cela peut faire avancer les attentes locales (voir résultats en page suivante). Il faut dire que depuis quelques semaines, le contexte de l’île aux parfums semble lui aussi se crisper à nouveau. Grèves, menaces de reprise des décasages, manifestation pour la paix et la sécurité : autant de points qui tendent à réveiller une colère jamais tout à fait considérée, ni endiguée, mais qui laisse aussi des souvenirs négatifs en raison des conséquences sécuritaires qu’un mouvement social implique souvent à Mayotte. “Le virus est là” En janvier 2016, l’ancien député Mansour Kamardine alertait sur la situation d’une île “Au bord de la guerre civile”, comme il la qualifiait alors. Plus d’un an après, il espère que l’île ne soit pas victime de blocages et appelle à se tourner vers les urnes, mais demande une vigilance toute particulière : “Les revendications exprimées en Guyane sont encore plus aigües à Mayotte, explique-t-il. La sécurité, l’immigration clandestine, les questions sociales, mais aussi des poursuites judiciaires, selon moi inappropriées, envers des Mahorais qui essayent de récupérer leur terrain, etc. : tous les ingrédients sont réunis. Espérons qu’il n’y ait pas de contagion, mais le virus est là. Il

y a beaucoup de risques, résultat d’une politique gouvernementale envers l’outre-mer gérée par-dessus la jambe.” Plus globalement, dans une tribune publiée sur Le Figaro ce lundi 27 mars, Patrick Karam, ancien délégué interministériel à l’Égalité des chances des français d’Outre-mer met aussi en garde contre une propagation de la crise aux autres départements ultra-marins : “Le président de la République et son gouvernement doivent tirer les conséquences des enjeux de la dégradation de la situation en Guyane qui pourrait conduire à un engrenage aux conséquences imprévisibles et à un embrasement de tous les outre-mer.” Terreau fertile Retour à Mayotte. Du côté des syndicats, les positions sont mitigées. Rivo, secrétaire général du SNUipp et un des leaders du mouvement engagé l’année dernière ne croit pas en une éventuelle propagation du mouvement social guyanais. “Au départ, ce n’est pas un mouvement syndical, explique-t-il. La mobilisation a débuté avec le mouvement des 500 frères, autour duquel se sont greffées des revendications populaires. C’est à ce moment-là seulement que les syndicats ont rejoint la mobilisation.” Pour lui, “Mayotte serait capable d’un tel élan, mais elle manque de détermination. Durant les conflits, certains syndicats sont à la recherche de la première occasion pour en sortir.” En somme : malgré une évidente similitude dans les situations, l’île aux parfums serait trop attentiste. “D’ailleurs, je ne souhaite pas que ce conflit s’envenime ici, cela serait une copie. Il y aura probablement quelques hurluberlus pour se montrer, mais un mouvement social doit se préparer, cela ne se fait pas comme ça.”

L’an dernier, Mayotte connaissait aussi un important rassemblement. Le déclencheur : la mort d’un père de famille suite à une agression.

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