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PARCE QUE
CHAQUE GOUTTE
COMPTE
Cette saison sèche est la 3ème la plus sèche depuis 20 ans, la consommation d’eau à Mayotte ne cesse d’augmenter à raison de 19% sur les 5 dernières années. Ne gaspillons pas.
S O M M A I R E 14 AVRIL 2017
6/7 SANTÉ BIENTÔT UNE HAUSSE DU NOMBRE DE MÉDECINS À MAYOTTE ? 2 0 1 7
10/19 DOSSIER ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES 2017 : LES PROGRAMMES POUR MAYOTTE 20 AUTO-MOTO Z AUTO OUVRE SON SHOW-ROOM 22/23 INTERVIEW FABIENNE DULAC, DIRECTRICE EXÉCUTIVE D’ORANGE FRANCE 24/27 MUSIQUE RETOUR SUR LE CONCERT DE MHD 28/32 SPORT ACTUALITÉ/RÉSULTATS/CLASSEMENTS VOTRE CONCESSIONNAIRE
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TRIBUNE LIBRE La subversion de l’humanitaire : du projet économique de Mayotte à la décennie des misères de fabrication Sans doute, toute idée n’est pas la bienvenue dans le cercle des échanges et surtout lorsque celle-ci rompt avec les vérités établies et bouscule les logiques portées par les autorités. Ceci est d’autant plus vrai qu’il est périlleux, en période de forte tension, de dévoiler des réalités que personne ne veut regarder ou dont la médiation excessive et la surenchère quotidienne et émotive poussée à la limite des passions l’imposent comme un bienfait indispensable de la politique humaniste. Par là, toute pensée contradictoire subit le rejet de la communauté des gens bien. C’est de cette situation qu’il s’agit ici au moment où Mayotte est acculée au mur, au moment où les autorités étatiques tentent d’aveugler les citoyens. Mais il m’incombe de porter la réflexion suivante de la partager et d’espérer qu’elle saura éclairer l’avenir pour remettre Mayotte sur les rails de son histoire selon les vœux de sa population. Nous exposons ici, concrètement, la situation qui prévaut à Mayotte. Elle est le résultat d’un revirement de situation de notre Département qui est passé de l’espoir de son développement à l’extrême perte de son projet de 58 ans de combat. Il ne s’agit pas pour l’heure de dire pourquoi ou comment sommes-nous arrivés à cette situation mais de la nommer d’abord, de dire pourquoi elle perdure et à qui elle profite ensuite et enfin de faire une proposition de sortie de ce marasme. En 1999, au crépuscule de la consultation statutaire de Mayotte, le député Henry Jean-Baptiste donnait les priorités de notre île et fixait l’idée de la société mahoraise postdépartementale et de son économie et, je cite: “Il est essentiel aujourd’hui de concevoir un dispositif institutionnel qui [...] nous assure une réelle maîtrise [...] de notre propre développement. Nous souhaitons passer d’une situation d’assistance à une économie productive ouverte à la création d’entreprises innovantes plutôt que sur l’extension indéfinie du commerce d’importation ou la distribution de revenus sans contrepartie de travail” Nous constatons qu’autour de 2000, Mayotte propose un projet économique de développement basé la responsabilisation du territoire pour une société qui produit du travail et de la richesse. Au bout d’une dizaine d’années, autour de 2011, le projet de Mayotte échappe
complètement aux citoyens de notre département et en premier lieu à nos élus. Pour comprendre ce phénomène qui supplante d’un revers de main l’idée de société proposée par les Mahorais en 2000, il faut interroger un certain sens du monde que dévoile Graham Hancook, auteur de Lords of Poverty, “Les Seigneurs de la pauvreté”. Graham Hankook dénonce l’aide excessive apportée au tiers-monde. Il dévoile l’existence d’une industrie occidentale qui fait fortune en exploitant la misère. Pour pouvoir opérer et être crédibles, les Industries, ONG, etc. doivent s’assurer de la neutralisation de tout processus de développement et de production qui fasse entendre à l’opinion qu’existent dans ce pays des cas extrêmes de famine, de sècheresse, de pauvreté, de maladie, etc. À l’annonce de la départementalisation de Mayotte, depuis 2000, le discours économique de développement et d’émancipation dans la production fut enchâssé. Enquêtes, rapports, missions, médias nationaux, discours politique ont produit une rhétorique de la misère avant l’heure. Cette dernière décennie, toute relation avec l’État s’est fixée autour d’une seule préoccupation qui s’avère la gestion d’une misère industrielle qui se fabrique d’année en année dans des usines sorties tout droit de la Métropole. Elle s’expose. Elle se vend. Elle produit des millions au profit des groupes de SOS et des associations partenaires. Désormais Mayotte est gérée comme un état du tiers-monde en guerre. Notre île est vautrée dans la famine et dans la soif, frappée des drames des enfants errants et de la tôle, habitée par une population victime de malnutrition, illettrée, et j’en passe.
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Ainsi donc, à Mayotte, aucun projet économique d’envergure ne peut être envisagé puisqu’il faut s’occuper des urgences humanitaires. Il faut financer Tama, Taoussi, Solidarité Mayotte, Village d’Eva et j’en passe. -Le projet économique de Mayotte énoncé en 1999 par les élus de Mayotte n’est finalement qu’un fantôme. -La population de Mayotte est acculée aux situations les plus avilissantes: routes impraticables, attaque des coupeurs de route, occupation illégale, spoliation et razzias, délation de l’eau et bientôt famine... - Les entreprises sont jetées aux oubliettes, cloîtrées dans l’ombre, taisez-vous, on vous apporte des tankers d’eau. Voici ouverte la décennie du triomphe des associations “humanitaires” qui, en réalité, ne font que commettre une subversion des principes humanistes avec la complicité d’un certain parlementaire mahorais de gauche devenu porte-parole de la fabrication de la misère. Voici ouverte la décennie de la plongée aux enfers de la population mahoraise sous le regard de ses représentations, loin du drame qui se joue sous leurs yeux. Qui stoppera la décadence? Et selon la logique de Graham Hancook, à Mayotte, Département français, cinquième puissance mondiale, l’aide humanitaire (“Humanitary Aid”) vient de violer l’aide économique (Economic Aid) pour la fortune des rescapés de la Françafrique et de leur progéniture errante. Tout projet économique est enterré. Peut-on sortir de ce plan macabre? Oui, c’est possible. [ Alain-Kamal Martial
TRIBUNE LIBRE
Le SMIAM et le SIAEM, cas d’école !
Le Syndicat Mixte d’Investissement et d’Aménagement de Mayotte (SMIAM) et le Syndicat Intercommunal d’Eau et d’Assainissement de Mayotte (SIEAM) ont été érigés par la volonté manifeste de nos communes, au vu de l’urgence et de la nécessité de doter nos villages des aménagements publics d’envergure et de qualité. Donc des organisations, permises par la loi, qui consistent à faciliter le travail des élus en termes d’ingénierie, de mobilisation des fonds et dans l’idée de “faire valoir les intérêts du territoire”, avait dit feu Zoubert Adidani (SMIAM). Cependant, la préfecture est passée par là, demandant aux élus de se faire hara-kiri, en menaçant même de bloquer les fonds. Alors là, les élus mahorais se sont exécutés sans la moindre contradiction. Il a fait encore plus fort le préfet, sachant parfaitement qu’il n’a pas le pouvoir direct de dissoudre le SMIAM : en effet, par le Code général des collectivités territoriales, Article L. 5212-33, ce dernier a “une compétence liée” pour prendre un tel arrêté de dissolution. Il s’agit de l’hypothèse où l’ensemble des conseils municipaux des communes, membres du syndicat, demandent sa dissolution. Donc, vous l’aurez compris, à la demande motivée de la majorité des personnes morales qui le composent par “arrêté motivé” du préfet (article L5721-7)… Bref, vous avez donné au préfet le bâton pour vous faire battre ! Certes, des dysfonctionnements étaient observés au SMIAM, mais des élus dignes de ce nom se seraient réunis pour dégager des solutions pouvant ramener à flot cet outil indispensable à l’aménagement de notre territoire, un moyen aussi pour maintenir des emplois dans cette île (via la commande publique). Mais que nenni ! Vous, élus, avez obéi au préfet, foulant aux pieds vos prérogatives. Au SIAEM, même rengaine ! Les élus ont ronronné toutes ces années durant pour cumuler les retards quant aux réalisations des infrastructures d’adduction
d’eau. Le département, longtemps, n’a pas payé sa quote-part. L’État a regardé tout ce beau monde dormir et le président du syndicat (un délégué) n’a pas daigné taper du poing sur la table. Les difficultés se faisant jour, le préfet a donné un avis quant à la manière de faire vis-à-vis des revendications de la population, et les mêmes élus ont obéi, encore une fois. Pendant ce temps-là, nos maires restent silencieux car, parait-il, c’est le travail des délégués. D’autres crient en demandant ce que font ces/ses délégués. Mais j’aimerais vous dire, Mesdames et Messieurs les Maires, vous vous moquez de qui ? Quel que soit le type de délégation, il n’y a jamais de véritable transfert de compétence ou de pouvoir, et le maire peut continuer à intervenir dans les domaines qu’il a délégués. Surtout en cas de nécessité comme actuellement avec tous ces problèmes d’eau, et rendre compte au moment opportun à son conseil municipal. En plus, avec la loi NOTRe (nouvelle organisation territoriale de la République) et la montée en charge des intercos, la restructuration voire la disparation du SIAEM se posera. Alors j’attends de voir comment vous allez anticiper et construire tout cela ; bien évidemment, si vous n’attendez pas que le préfet donne son avis sur quoi faire, et que vous vous exécutiez ! Donc Mesdames et Messieurs les Maires, le préfet ne peut vous contraindre à faire autre chose dès lors que votre action est réglementaire et vous semble nécessaire au développement de votre territoire ; vos délégués ne peuvent vous imposer des décisions puisque c’est vous les responsables. Par conséquent, il est temps que vous assumiez vos actes et vos décisions ! Que vous vous conduisiez en politique au fait de vos prérogatives. Et que vous disiez non au préfet lorsqu’il s’agit de défendre les intérêts légaux de votre territoire, quitte à le conduire devant le tribunal administratif et jusqu’au conseil d’État. Cessez de courir après le pouvoir pour venir ensuite nous dire que vous ne pouvez rien faire lorsque surgissent les problèmes. [ MHSO www.mayottehebdo.com r 04/2017 r Mayotte Hebdo N° 791 5