www.mayottehebdo.com www w ww ww w w.m .ma maayo m yot yot otteh tteeeh heeb ebd bd b do o.c o. ..cco om m rr 04/2017 04/ 04 0 4/201 4/ 20 20 01 17 r M Ma Mayotte ayo yott yot tte H Hebdo ebdo N° 793 1
CE QUE J’EN PENSE AMÉNAGER, DÉVELOPPER MAYOTTE !* Un front de mer à Port-Louis, aménagé et vaste, propice aux promenades diurnes ou nocturnes, en famille, entre amis, en amoureux... Un lieu de vie, avec des bancs, des jeux pour enfants, des glaciers, des marchands de gaufres, de crêpes, des boutiques diverses, avec des vendeurs de brochettes, avec des restaurants, des bars, qui la nuit venue distillent leurs musiques, animent la vie, la ville, sous la lune bienveillante. Des lieux de rencontres, d’échanges, d’expositions, de fêtes ! Un lieu de travail, une zone de développement économique, une zone d’activités pour beaucoup. Une façade, une vitrine du territoire, de sa vivacité, de son dynamisme. Cela manque cruellement à Mayotte. C’est pitoyable. Un front de mer, comme à Saint-Pierre, comme à Bandol, Boston ou Rio, comme partout dans le monde ! A Mamoudzou, en comblant de la jetée à la pointe Mahabou, le projet existe, depuis des années... Avec un escalier qui monte jusqu’à la pointe Mahabou, d’où la vue est superbe et où pourraient aussi trôner un lieu de vie, un restaurant, un bar, un lieu d’expositions... Et le terre-plein de M’tsapéré aussi doit évoluer. Il serait temps. On ne va pas rester avec ce tas de gravats poussiéreux où siège, bien seule, l’ex-direction de l’Equipement. Mais ce ne sera pas quelqu’un de passage qui portera le projet, trop lourd, trop long, trop ambitieux, comme la piste longue... C’est à un élu, un groupe d’élus, une institution, une CCI, une mairie, un aménageur, un département, une région de lancer ce projet, de le suivre, de trouver le financement, d’en préparer la gestion. Le public et le privé peuvent s’associer sur des investissements de ce type. Il faut une volonté forte, soutenue, ambitieuse de nos élus, qui seront là évidemment soutenus par le monde économique et peut-être même les syndicats de salariés, trop heureux de pouvoir participer à mettre en œuvre un projet de création d’emplois et de développement de Mayotte. Notre île en est à ses balbutiements en termes d’aménagements. Une ruelle défoncée serpente difficilement entre des trottoirs trop étroits et encombrés, c’est l’entrée et la traversée de Mamoudzou, la 1ère ville de Mayotte... C’est la route nationale 1. Ses rues sont en partie arrachées, abandonnées, sans entretien sérieux. Il n’y a évidemment pas de place pour des arrêts pour les taxis, ni même pour les hypothétiques bus. Il n’y a pas eu de places de parkings prévues pour l’ex-cinéma, ni pour l’ex-stade territorial de Cavani. Et tout continue à se concentrer sur Mamoudzou. Les bidonvilles se transforment tranquillement en quartiers inaccessibles, où chacun avait construit une case où il pouvait, où il voulait, sans règle...Et on a laissé faire, tout aussi tranquillement. Sans penser aux trottoirs, aux places de parkings, aux lieux de vie communs, aux places publiques... Ces entrelacs sont aujourd’hui inaccessibles aux bus, aux camions-poubelles, aux véhicules des pompiers. D’ailleurs il n’y a toujours pas de noms à ces ruelles et autres impasses sans éclairage, qui deviennent pour certaines des coupe-gorges la nuit venue. Il manque de moyens, mais surtout de réflexion, d’action en termes d’aménagement. Il serait temps d’y penser. Et d’agir. Il serait temps de concevoir des projets amitieux, de se mobiliser sérieusement, que les élus arrêtent de se tirer dans les pattes les uns des autres, se tenir par la barbichette. Et à menacer de changer de camp au moindre billet d’avion refusé, avec des chantages ridicules. Il serait temps que nos élus se mettent au travail, mobilisent leurs équipes, qui pour certaines attendent, et se bougent à chercher et trouver des financements. C’est le travail des élus. Il faut travailler ici, mais aussi préparer des dossiers consistants et les porter à Paris, dans les ministères, les défendre, argumenter suffisamment pour se faire entendre malgré la crise. Ce sera difficile, mais ce sont eux qui se sont présentés pour défendre nos intérêts et ceux de Mayotte. Il faut un jour assumer et arrêter de prendre sans donner. Il doit y avoir une union de nos responsables, de leurs forces, pour avancer. Seuls, dispersés ils vont régulièrement au casse-pipe, ou alors juste faire des courses et acheter du parfum aux duty-free... Il y a trop d’agents publics qui ne font rien dans les bureaux, à part trainer sur internet, se reposer ou s’occuper de leurs affaires personnelles, de leurs associations. Il est temps d’agir, de sévir ! Où sont les dizaines de directeurs et autres chefs de services? Ils perçoivent leurs salaires, souvent conséquents, sans résultats, sans contrôle, sans avoir à faire travailler leurs équipes ?... Mayotte a besoin de créer des emplois pour ses enfants, d’aménager l’île et de créer de l’activité. Il est temps que chacun s’y mette sérieusement. [ Laurent Canavate
*Texte déjà paru le 26 avril 2013 (Mayotte Hebdo n°611)
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ÉVÉNEMENT ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES
TOUR DE FORCE DE MACRON, MAIS MAYOTTE À CONTRE-COURANT
INCONNU IL Y A ENCORE DEUX ANS, L’ANCIEN MINISTRE DE L’ÉCONOMIE EMMANUEL MACRON ARRIVE EN TÊTE DU PREMIER TOUR DE L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE FACE À MARINE LE PEN. À MAYOTTE, LE DÉSORMAIS FAVORI À L’ÉLYSÉE N’ARRIVE TOUTEFOIS QUE TROISIÈME, FRANÇOIS FILLON REMPORTANT LES SUFFRAGES MAHORAIS. Acoua
Dembeni
Bouéni Voix
% Inscrits
% Exprimés
Voix
% Inscrits
% Exprimés
Voix
% Inscrits
% Exprimés
Marine Le Pen
337
11,98
28,71
Marine Le Pen
858
23,41
45,81
François Fillon
449
12,78
30,38
François Fillon
307
10,91
26,15
François Fillon
619
16,89
33,05
Emmanuel Macron
440
12,53
29,77
Benoît Hamon
198
7,04
16,87
Emmanuel Macron
154
4,20
8,22
Marine Le Pen
329
9,37
22,26
Emmanuel Macron
121
4,30
10,31
Jean-Luc Mélenchon
99
2,70
5,29
Jean-Luc Mélenchon
119
3,39
8,05
Jean-Luc Mélenchon
65
2,31
5,54
Nicolas Dupont-Aignan
55
1,50
2,94
Nicolas Dupont-Aignan
40
1,14
2,71
Abstention : 52,40 %
Chiconi
Bandrélé Voix
% Inscrits
% Exprimés
Abstention : 54,78 %
Abstention : 45,87 %
Dzaoudzi Voix
% Inscrits
% Exprimés
Voix
% Inscrits
% Exprimés
François Fillon
775
16,46
46,27
François Fillon
895
19,87
42,12
Emmanuel Macron
906
16,92
38,23
Marine Le Pen
457
9,71
27,28
Marine Le Pen
651
14,45
30,64
Marine Le Pen
650
12,14
27,43
Emmanuel Macron
161
3,42
9,61
Emmanuel Macron
182
4,04
8,56
François Fillon
362
6,76
15,27
Jean-Luc Mélenchon
139
2,95
8,30
Jean-Luc Mélenchon
130
2,89
6,12
Jean-Luc Mélenchon
227
4,24
9,58
41
0,87
2,45
Nicolas Dupont-Aignan
79
1,75
3,72
Nicolas Dupont-Aignan
66
1,23
2,78
Benoît Hamon
Abstention : 62,15 %
4 Mayotte Hebdo N° 793r 04/2017 r www.mayottehebdo.com
Abstention : 46,65 %
Abstention : 52,08 %
Il était encore inconnu il y a deux ans. L’ancien ministre de l’Économie Emmanuel Macron, leader du mouvement En marche, arrive en tête des suffrages au premier tour de l’élection présidentielle, face à Marine Le Pen : 24.01% pour le premier, contre 21,30% pour la seconde. Un résultat qui, de plus, ne souffre que de peu d’abstention : 80% des Français se sont en effet déplacés pour le vote. Une issue qui rompt avec celle exprimée par Mayotte. L’île aux parfums a en effet plébiscité l’ancien Premier ministre François Fillon, avec 32,61% des voix – confirmant encore une fois son ancrage à droite —, mais avec une très forte abstention : 56,43%. Comme ailleurs en revanche, le département à positionné la candidate frontiste en seconde position avec 27,28%, a donné à Jean-Luc Mélenchon un écho qu’il n’avait encore jamais connu, et a remisé le candidat PS Benoît Hamon dans le tiroir, lui préférant même parfois le droitiste Nicolas Dupont-Aignan (voir résultats par commune par ailleurs). Des réactions locales rapides Comme dans l’Hexagone, les réactions des comités de soutien locaux à la présidentielle ne se sont pas fait attendre. Pour Mansour Kamardine, candidat aux prochaines législatives et soutien des Républicains et de François Fillon, arrivé en tête dans le département, la défaite est amère : «J’ai le sentiment d’une soirée de grande défaite, a-t-il commenté. Après le matraquage du «Penelope Gate», les résultats inverses m’auraient surpris. Je voterai Macron malgré ses déclarations sur Mayotte et les Comores. Je le préfère de loin à Le Pen.» L’ancien député ne mâche toutefois pas ses mots quant au candidat déchu et à sa stratégie face aux «affaires» : «Fillon a commis une erreur monumentale de communication. Il fallait assumer son erreur jusqu’au bout et c’est là la deuxième erreur qu’il a réalisée. La conséquence, c’est que toute sa famille politique est entrainée dans la tourmente.» Les Insoumis de Jean-Luc Mélenchon ont eux aussi réagi, mais avec cette fois une satisfaction de façade. Objectif : mettre en avant les bons résultats réalisés localement. «Nous avons multiplié par 10 notre nombre d’électeurs par rapport à 2012», se réjouit ainsi Adrien Theilleux, porte-parole du comité de soutien mahorais à la France Insoumise avant de poursuivre: «Nous n’avons pas de regrets à
Mayotte quant au maintien de la candidature de Hamon. Chacun a le droit de se présenter à une élection. En revanche, je note que ce dernier a demandé une alliance qui était en vérité un appel à ce que Mélenchon se retire quand il était devant lui dans les sondages. Mais quand les tendances se sont inversées, il n’a pas reformulé sa proposition.» L’échec de Benoit Hamon, justement, et du Parti socialiste, ne semble pas surprendre son principal soutien ici : le sénateur Thani Mohamed Soihili. «Ces résultats sont conformes aux sondages, a-t-il déclaré. Félicitations au vainqueur Emmanuel Macron. Je constate que si on additionne les voix de Mélenchon et Hamon, la gauche passe avant tout le monde. Cela confirme que tant que l’on restera divisé, nous perdrons les élections.» Et, comme dans le camp adverse de la France Insoumise, l’élu regrette que Benoît Hamon ait maintenu coûte que coûte sa candidature : «Il était de notre de responsabilité de s’unir. (…) Par loyauté, j’ai respecté le résultat des primaires, mais il appartenait au vainqueur de rassembler les électeurs de gauche autour de son programme. Chose que Benoît Hamon n’a pas su faire. Il était à la tête des frondeurs quand il était ministre de François Hollande. Il a participé aux problèmes qu’a rencontrés ce gouvernement. Personnellement, je n’ai pas voulu suivre cette logique de dissidence parce qu’il a lui-même été dissident sous la présidence Hollande.» Enfin, du côté des partisans d’Emmanuel Macron, c’est évidemment la satisfaction qui est de mise. Sur le plateau de nos confères de Mayotte 1ère, le président de son comité de soutien à Mayotte, Harouna Colo s’est dit «Très content du résultat pour mon pays. J’appelle au rassemblement. Je rends hommage à Fillon qui appelle les Français à faire barrage à Le Pen.» Des appels à faire barrage au Front national – second grand vainqueur à Mayotte - venus de presque tous les partis, mais que fustige Saidali Boina Hamissi, soutien à Marine Le Pen sur l’île aux parfums : «Ce sont eux qui sont antidémocratiques. Ils ne respectent pas la voix du peuple.» Prochaine étape : le deuxième tour, qui aura lieu le 7 mai prochain. Les urnes diront alors si les tendances, qui donnent Emmanuel Macron large vainqueur, se vérifient. [ G.V avec G.D et O.L
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