Mayotte Hebdo n°895

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COUP D’ŒIL DANS CE QUE J'EN PENSE

Laurent Canavate

Mayotte Hebdo n°501, vendredi 10 décembre 2010

MAYOTTE IL Y A 20 ANS

Il y a 20 ans, à Mayotte, il n'y avait pas d'eau au robinet tous les jours. On attendait son tour, par quartier. On avait des bassines dans la salle de bains et dans la cuisine. Il y avait de l'électricité de temps en temps, dans les quartiers raccordés. Les nuits étaient surtout éclairées par la lune, les bougies et les lampes à pétrole. Choungui était encore au bout d'une piste bien glissante en saison des pluies, tout comme Combani quand il fallait passer par Vahibé. Il y avait encore beaucoup de cases en terre dans tous les villages, chacun avait son champ, une pirogue et les plus jeunes une place aux abords du village pour construire leurs bangas. Il y avait 100.000 habitants en moins... La vie était paisible. Il y avait très peu de voitures, jamais d'embouteillage et quelques 404 bâchées avec des bancs en bois en vis-à-vis pour nous transporter. Peu de Mahorais allaient à la plage ou se baigner. Les cabris et les zébus, "en divagation", se promenaient librement en ville ou paissaient sur les bords des routes. La prison de Mamoudzou, en centre-ville, à la place de l'actuelle gendarmerie, était entourée de grands arbres posés sur du sable et était surnommée "la prison-passoire", car les détenus sortaient les soirs de week-end pour aller à la Geôle ou au Golden, avant d'y revenir le lundi matin. La délinquance, les cambriolages étaient exceptionnels, puis se sont progressivement développés, mais seuls les wazungus étaient concernés au début... Les quelques wazungus de l'île étaient d'ailleurs surtout des fonctionnaires "de passage" et habitaient dans les seules maisons disponibles, dans les lotissements de la Sim. La cohabitation était saine et le respect mutuel. Il y avait un collège à Chiconi, un à Tsimkoura et un dans le nord, un lycée à Mamoudzou, à côté de l'IFM. Les dispensaires "de brousse" avaient des "frigos solaires" pour stocker les quelques rares médicaments et vaccins mis à disposition, surtout de l'aspirine, puis du Doliprane... La petite maternité de Mamoudzou accueillait les femmes enceintes et la famille qui préparait à manger sur place. Les quelques boutiques de la rue du Commerce ou de la place du Marché ne proposaient pas tous les jours du beurre ou du lait. Les boulangeries se comptaient sur les doigts d'une main et pour boire un verre on pouvait aller au 5/5 chez Papa Joe ou au Caribou. À la place de

TOLERIE - PREPAR ATION - PEINTURE

la BFC il y avait un tout petit restaurant et M'gombani était une mangrove. Les télévisions étaient rares aussi dans les villages (il n'y avait qu'une chaine, quelques heures par jour), et certains, avec une cassette VHS se transformaient le soir venu en cinémas. Il n'y avait pas de téléphone portable, pas d'internet, pas de Facebook, pas de haut-débit. De petits avions à hélices permettaient de rejoindre la Réunion, certains jours seulement. L'aéroport était une petite case au bord de la piste. En 20 ans, énormément de choses ont évolué. L'espérance de vie a augmenté de près de 20 ans et la mortalité infantile a chuté. Les enfants vont à l'école, au collège, au lycée. Les enfants sont devenus des avocats et des médecins, des professeurs et des ingénieurs... Nous pouvons être soignés. Mais plus nombreux, beaucoup plus nombreux, les champs et les pirogues des pêcheurs n'ont plus suffi. Il a fallu alimenter tout ce monde, le loger, l'éduquer, le soigner. Des emplois ont été créés, dans les administrations et dans les entreprises. Mayotte a franchi des étapes importantes. Le département en est une, tout comme la rupéisation qui s'approche. Mayotte s'est ouverte au monde, sur le monde, il faut s'en réjouir pour plein de raisons, mais sans jamais oublier ses racines, ses cultures. Certaines difficultés sont toutefois apparues, qu'il faut maintenant résoudre : chômage, violence, immigration clandestine massive, embouteillage... Il faut aujourd'hui que cette île de l'océan indien trouve sa place dans le monde, que ses enfants et tous ses habitants trouvent leur place, trouvent un emploi pour subvenir dignement, fièrement, aux besoins de leurs enfants. Il faut que des entreprises se créent, se développent, enrichissent cette île. Il y a 20 ans, il était difficile d'imaginer cette île aujourd'hui, avec les bonnes et les moins bonnes évolutions. Aujourd'hui, il faut corriger, arranger ce qui dérape, rattraper ceux qui sont oubliés sur le chemin, et imaginer Mayotte dans 20 ans.

MAYOTTE

SANS Z RENDE S U O V

PARE-BRISE

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S LE RÉTRO

Pour tous vos communiqués et informations

Une seule adresse : rédaction@mayottehebdo.com

Élodie, miss Mayotte 2009 Élection surprise cette année-là : décidé seulement un mois plus tôt, l’évènement Miss Mayotte rencontre malgré tout un grand succès avec 11 jolies candidates, un public nombreux et deux heures de direct sur Mayotte 1ère. L’heureuse élue ? Élodie Anridhoini, « une jolie métisse de Chirongui. » Nous poursuivions : « Agée de dix-neuf ans, Elodie ramène donc la couronne de Miss Mayotte au sud de l'île, dans sa commune, dans son village au grand bonheur de la maire de la commune, Roukia Lahadji, présente au comité de tourisme et qui l'a vivement embrassée au terme de la soirée. Tout comme ses cousins et cousines qui ont fait le déplacement jusqu'à la capitale pour la soutenir. Avec un petit frère et une petite sœur, Elodie vivait avec sa mère à Chirongui, d'où elle est partie l'an dernier pour continuer ses études. Elle était au collège à M'gombani, puis au lycée de Mamoudzou. » Mayotte Hebdo n°439, vendredi 21 août 2009.

François Hollande : que peut-il changer ? Arrivée de François Hollande à Mayotte. Que changera-t-il ? « Il y a des raisons objectives de penser que Mayotte peut atteindre rapidement les standards des pays émergents si les élus s’en donnent les moyens. La condition pour y parvenir est d’assumer pleinement les responsabilités liées à la décentralisation, ce qui implique d’avoir le courage de prendre les décisions impopulaires qui s’imposent pour permettre aux collectivités locales de sortir de la spirale des déficits. Renouer avec les équilibres budgétaires est la seule manière de prendre en main le destin de l’île. Nous y parviendrons rapidement avec la solidarité nationale, difficilement si les Mahorais sont dénigrés au prétexte de la solidarité nationale ! Si le président Hollande parvient à faire changer la vision des médias de gauche sur Mayotte, sa visite sera amplement réussie. Pour le reste, il ne faut pas s’attendre que la parole se transforme comme par miracle en argent comptant », écrivions-nous. Mayotte Hebdo n°668, vendredi 22 août 2014.

LA PHOTO D'ARCHIVE Manifestation au centre de rétention administrative

Juin 2011 : une trentaine de personnes réunies sous les couleurs de la Cimade, du Resfm (Réseau éducation sans frontière), de Médecins du monde ou de la CGT-Educ’action se retrouvent devant le centre de rétention administrative (CRA) de Pamandzi pour dénoncer "les conditions de rétention des gens." Juste avant la fin du mouvement, les manifestants se réunissent en face du centre, au bord de la route et scandent : "Pierre par pierre, brique par brique, nous détruirons le centre de rétention."

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IL Y A 5 ANS

IL Y A 10 ANS

C'ÉTAIT DANS MH


TCHAKS

VRAGE

ute de la Scam - 97600 Mamoudzou T: 02 69 61 08 58

LA PHRASE "Il faudrait en construire huit [des déchetteries] pour soulager le Sidevam, mais on ne nous donne pas de foncier, à l’exception de Bandrélé."

LE CHIFFRE L'ACTION

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Un mini festival au Trévani

C'est le nombre de cas de dengue signalés à Mayotte depuis le début de l'année et jusqu'au 22 août 2019, date à laquelle nous bouclions cette édition. Entre le 3 et le 17 août, 17 nouveaux cas ont en effet été recensés. Pour faire face au risque épidémique, les gestes de prévention recommandés par l'Agence régionale de santé contribuent activement à limiter la diffusion de la maladie : éliminer les récipients en eau autour de son habitation, se protéger des piqûres de moustiques et consulter son médecin en cas d’apparition de symptômes de la maladie.

Après l’annulation du concert de Kalash du fait d’un booker malveillant, l’hôtel Trévani qui devait accueillir l’artiste le 7 septembre remue ciel et terre pour faire rendre cette date encore plus attractive. Si on ne connaît pas encore les noms des artistes, Thierry Saidani, directeur de l’exploitation et directeur artistique du lieu promet "un mini festival, avec plusieurs têtes d’affiche internationales et locales". Les contrats sont en passe d’être signés et le responsable l’assure "de grosses pointures" sont sur le coup

Le vice-président du Sidevam regrette les mises en causes à répétition du syndicat dans la collecte des déchets ménagers. En cause : des ramassages des lus irréguliers. Or, il souligne le manque d'infrastructures qui pourraient soulager le travail de l'organisme. Et de rajouter : "Quand des automobilistes jettent leurs déchets par la fenêtre, ce n’est pas notre faute. (…) Les carcasses qui longent les routes, personne ne dit rien ! On assure des missions alors que ce ne sont pas les nôtres."

LA PHOTO DE LA SEMAINE Un projet d'abattoir pour la maque "Mon pouletti" La marque "Mon pouletti", portée par AVM (Abattoir volaille Mayotte), qui regroupe les différents acteurs de la volaille dans l’île, doit connaître un nouvel essor à travers un projet d’abattoir d’envergure industrielle. Le bâtiment sera situé à Kahani sur un terrain qui vient d’être défriché. Pour AVM, comme pour les différentes collectivités qui soutiennent cette démarche, la création de l’abattoir constituera le dernier élément dans la structuration d’une filière locale de volaille.

FORMATION 12 rue des cent villas - 97600 Mamoudzou T: 0269 60 32 16 - F: 0269 60 32 17 e-mail : tand-m.architectes@orange.fr

Usine d'abattage et de transformation de volailles à Kahani

Des stagiaires récompensés

Insertion PC6

Affaire : 120-22 AVM

JUIN 2018

EMETTEUR

PROJET

PHASE

TYPE

LOT

TDM

AVM

PC

VUE

ARC

Après quatre mois de formation chez l’organisme Messo dans différents domaines d’activités, tels que la menuiserie, une quinzaine de stagiaires a été récompensés d’un diplôme à l’Hôtel de ville jeudi 22. Ces jeunes ont pu recevoir une remise à niveau mais aussi et surtout une opportunité de s’insérer à l’avenir dans la vie active.

PROVERBE Ech.

IDEN.

N° SERIE

INS

040503

INDICE

Ãkili mali L'intelligence est une richesse.

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LE FLOP LE TOP Une technopole à Dembéni

Une route qui n'avance pas !

Une future technopole située à Dembéni ouvrira à la fin de l’année 2021, signant là une nouvelle page du développement et de l’aménagement du territoire. Destinée à l’accompagnement des entreprises innovantes, cette structure aura pour objectif de mettre à leur disposition des équipements et des laboratoires, d’assurer le renforcement de leur potentiel technologique et de les orienter vers les secteurs porteurs d’avenir, en promouvant l’innovation et la recherche. Coût de l’opération : 8.5 millions d’euros. "Si on veut franchir un cap et créer des entreprises durables, il faut amener les outils qu’il faut pour exister et concurrencer. La technopole vient donc travailler sur l’innovation et ainsi permettre de lancer le "Made In Mayotte", mais aussi d’aller dans la réflexion de l’avantage compétitif", a commenté Zoubaur Alonzo, directeur général de la Chambre de commerce et d'industrie.

Ras-le-bol à Passamaïnty, où l'état de la route ne s'améliore pas. Pour protester contre la durée anormalement longue des travaux, qui fait de la rue principale un champ miné, des habitants se sont regroupés mardi 21 au matin pour bloquer le rond-point de l'entrée du village. "Les élus qui habitent Passamaïnty ne sont même pas en capacité de nous donner des informations sur l’avancée des travaux", grognait ainsi l'un d'eux. En réponse, le préfet, Jean-François Colombet, a promis une réunion avec les principaux concernés.

ILS FONT L'ACTU Christophe Fontfreyde

Jusqu’alors directeur adjoint des Affaires maritimes de la Nouvelle-Calédonie, Christophe Fontfreyde est le nouveau directeur des parcs naturels marins de Mayotte et des Glorieuses. Il succède à ce poste à Cécile Perron, qui les dirigeait depuis leurs créations respectives en 2010 et 2012. "Christophe Fontfreyde est accueilli par une équipe opérationnelle, dans un contexte dynamique avec les dix ans du parc marin de Mayotte en 2020 et à mi-parcours de son plan de gestion", indique l'institution.

Dominique Voynet

L'ancienne ministre de l'Aménagement du territoire et de l'environnement, sous la présidence de Jacques Chirac, actuellement inspectrice générale des affaires sociales, sera-t-elle la directrice de la nouvelle Agence régionale de santé de Mayotte, désormais organisme de plein exercice. C'est en tout cas ce qu'annoncent nos confrères de Mayotte la 1ère, sans confirmation officielle à l'heure où nous bouclions ces lignes. Quoi qu'il en soit, la responsable connait déjà le terrain et les problématiques de l'île, ayant eu la charge d'un rapport étudiant les conditions d'une coopération sanitaire avec l'Union des Comores, en 2018.

PÈLERINAGE Du rififi pour le retour du hadj Certains pèlerins partis faire le Hadj à La Mecque en Arabie Saoudite ont eu la fâcheuse surprise de ne pas pouvoir repartir samedi dernier, "ce qui a provoqué un chamboulement pour les autres retours", confie Younoussa Abaine, directeur de la médiation et de la cohésion sociale en charge du service cadial au Conseil départemental. "Lors du deuxième départ [prévu le dimanche], tout le monde s’est retrouvé à l’aéroport. Ceux qui ont raté leur vol [la veille] ont alors pris la place des autres, ce qui a fait reculer tout le contingent." La cause de cet imbroglio ? Un problème informatique selon Younoussa Abaine. "Quand les pèlerins arrivent, tous les passeports sont donnés au ministère du pèlerinage. Mais ils n’ont pas pu les récupérer en temps et en heure." Un problème qui serait également lié à un départ depuis l’aéroport de Djeddah et non pas celui de Médine, comme cela se fait habituellement. Malgré tous ces rebondissements, le dernier contingent devait signer son retour hier sur l’île aux parfums.

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MAYOTTE ET MOI

Grégoire Mérot

RÉGIS MASSÉAUX LE CAPITAINE

TOUT AU LONG DE SA VIE, LE PATRON DE CAPTAIN ALANDOR A NAVIGUÉ SUR LES EAUX MAIS AUSSI SUR LA TERRE MAHORAISE, POUR FAIRE VIVRE SON ENTREPRISE DE PÊCHE. PARTI DE PEU, IL EST AUJOURD’HUI À LA TÊTE D’UNE ENTREPRISE DE 13 PERSONNES POUR RÉGALER L’ÎLE DE SES PRODUITS SANS PAREIL. ET LE CAPITAINE NE COMPTE PAS S’ARRÊTER LÀ. En voilà un Mahorais qui a bien mené sa barque. Tout au long de sa vie, Régis Masséaux a bravé les éléments pour construire de ses mains de marin une entreprise dont la seule évocation fait aujourd’hui saliver le chaland : Captain Alandor. Mais déjà, d’où vient donc ce nom ? "Du côté de mon père, ma famille est originaire d’Ongojou et le patriarche s’appelait Gilles Alandor Masséaux, dit Jules Alandor, c’est donc tout naturellement que j’ai repris ce nom pour la société", explique le patron pêcheur. Pour rendre honneur à ses pères donc, et à sa terre mahoraise. Mais alors que ses aïeuls étaient des propriétaires terriens, lui a pris la mer. Né en métropole d’un père militaire, le jeune Régis ne reste pas longtemps dans l’Hexagone et vogue aux quatre coins de l’Afrique au grès des affectations paternelles. "A chaque fin de mission, je retournais à Mayotte chez ma grand-mère qui est bien connue ici : c’est Madame Foucault, elle tenait le Moana et un commerce qui est devenu l’Auberge du rond-point", se souvient-il, replongeant avec plaisir dans ces souvenirs. C’est là, revenu sur ses terres, que l’enfant d’alors noue un lien sans pareil avec la mer. Son père l’emmène pêcher dans le lagon. Sa grand-mère, elle, navigue en boutre entre Moroni et Madagascar pour ravitailler son commerce. La mer nourricière, la mer qui fait vivre… Alors, quand le petit Masséaux est envoyé en métropole pour "suivre une scolarité normale après des années d’alternance entre le Tchad et Mayotte", tout ne se passe pas vraiment comme prévu. Les salles closes ne sont vraiment pas pour lui. À 13 ou 14 ans, il va donc rejoindre sa grand-mère maternelle en Vendée. Et c’est le début de l’aventure. De son aventure pour être exact. Régis Masséaux embarque comme mousse avec les sardiniers de Saint-Gilles-Croix-de-Vie. On retrouve alors le produit de ses efforts chez la Conserverie de l’île d’Yeu ou encore dans les boîtes Saupiquet.

DE MOUSSE À CAPITAINE Mais le jeune homme ne compte pas rester mousse et veut rapidement prendre des galons. Direction Bastia donc, où il suit une formation à l’école de la marine marchande. Cette-fois ci, les cours lui réussissent et il est embauché dès sa sortie à la Messagerie Maritime, qui deviendra quelques années plus tard la géante CMA-CGM. Alors que son fils vogue sur les mers, le père de Régis, Charles-Auguste Masséaux prend sa retraite et s’installe, évidemment, à Mayotte. Il remonte ses deux bateaux qui flottaient à Saint-Pierre de La Réunion, "L’ours des mers" et le "Katamata" pour pêcher dans le lagon mahorais. Peu de temps après, l’Ours des mers est aspiré par les fonds et son compagnon est revendu lorsque Masséaux père fait une attaque cérébrale. Remis d’aplomb, le père veut reprendre la mer coûte que coûte, il achète un nouveau bateau mais une seconde attaque le ramène à terre. Rebelotte, l’ancien militaire veut reprendre du service. "Puisque tu veux continuer la pêche, je la ferai avec toi", lui indique son fils. On est en 2004 et un nouveau chapitre s’ouvre dans les aventures de Régis Masséaux. Père et fils constituent leur société de pêche à Mayotte, avec une première barque : le "Captain Alandor". Quand il n’est pas sur l’eau, Régis grimpe et parcourt les pistes Mahoraises dans son Land Rover équipé d’un frigo. "En plus de la pêche, je faisais un peu de collecte auprès des autres pêcheurs et j’allais vendre le poisson en ambulant", se remémore le capitaine. Peu à peu, la commercialisation se fait plus contraignante. Alors il s’adapte et installe deux modules au carrefour de Doujani. Des modules qui deviendront le bâtiment que l’on connaît aujourd’hui.

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"La demande commençait à être de plus en plus forte et j’étais de moins en moins en mer", explique celui qui, de pêcheur à patron-pêcheur, superpose désormais deux casquettes : patron et pêcheur. Au fil des années, l’entreprise investit dans des "long liners" destinés à la pêche au thon, au marlin ou encore à l’espadon. En mars de cette année, le Captain Alandor 3, dernier du nom, accoste à Mayotte grâce à la camaraderie que Régis Masséaux entretient avec les pêcheurs de La Réunion. Entre temps, l’entreprise qui continue à faire de la collecte sous forme de coopérative étend ses filets. On la retrouve à Jumbo ou encore au centre commercial du Baobab. Autour de deux segments : le très frais haut-de-gamme pour les ménages les plus fortunés et le surgelé pour tous, avec l’objectif de toucher l’ensemble de la population. Car une chose est sûre, pas question que le poisson asiatique vienne supplanter le mahorais dans les étals. Régis Masséaux se fait un devoir, à travers une pêche qu’il veut responsable, de nourrir l’île. Et de lui rendre un peu de ce qu’elle lui a donnée. n

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MAYOTTE ET MOI

RÉGIS MASSÉAUX

MON ENDROIT FAVORI

Mayotte, tout simplement. Prenez un compas, fixez sa pointe sur l’île et tracez un cercle de 500 kilomètres de rayon. Nous voilà dans une région d’une richesse incroyable qui forme un tout en touchant les Comores, la Tanzanie, Madagascar. Mais cette richesse incroyable, il faut en faire quelque chose, soyons actifs de cette région. Je ne peux envisager de vivre à l’extérieur de ce cercle. Mayotte, c’est le centre de mon monde.

MON MEILLEUR SOUVENIR À MAYOTTE Ils se font de la concurrence mais c’est sans doute durant mes années de gamin quand j’allais retrouver ma grand-mère en rentrant du Tchad. Je savais qu’ici et nulle part ailleurs, j’étais véritablement chez moi. Pour rien au monde je ne serai allé ailleurs. Quand je n’étais pas sur l’eau, j’étais avec elle, dans le premier bar de l’île, le Moana, en 1973.

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MA BONNE IDÉE POUR MAYOTTE

Il nous faut un atelier comme à La Réunion pour collecter, transformer et distribuer les produits de la mer, c’est indispensable pour structurer la filière pêche comme ça l’est pour structurer la filière agricole qui a besoin d’un abattoir. Il y a une grande solidarité sur l’île, profitons-en et mettons-nous en commun, c’est comme cela que l’on survivra face à la concurrence et les difficultés auxquelles font face les petits pêcheurs. J’ai déjà fait une proposition en ce sens auprès de la préfecture, j’attends la réponse. J’ai aussi pris contact avec les commerçants : ils sont prêts par solidarité à nous mettre en avant mais il faut que cela ait du sens et que le consommateur s’y retrouve. Je le répète, c’est possible pourvu que nous mettions nos efforts en commun. L’État et le département nous soutiendrons, ils ont pris conscience des enjeux, mais il faut que nous le traduisions dans le réel. Cela vaut pour Mayotte, mais aussi pour la région : nous pouvons développer un savoir-faire local à exporter. Mais si nous ne le faisons pas rapidement, d’autres n’attendront pas pour prendre notre place. J’espère que cet atelier verra le jour à l’horizon 2021

MON ŒUVRE PRÉFÉRÉE Le secret des déferlantes, d’Yves Bourgeois, qui retrace la dernière expédition de Lapérouse en 1788. Le film, et surtout l’histoire de Lapérouse, envoyé par Louis XVI aux quatre coins du monde pour faire valoir ce que la France avait de meilleur m’inspirent beaucoup. En réalité, c’est un des piliers de la construction du maritime français et j’aime à me dire que je perpétue cette tradition.

CAP’TAIN ALANDOR : LE GOÛT DE LA MER La poissonnerie Cap’tain Alandor, qui vend les produits de la pêche des bateaux du même nom et ceux collectés auprès d’autres pêcheurs a ouvert ses portes au carrefour de Doujani en 2004. Depuis, l’entreprise loue ou dispose de rayons propres au Jumbo de Kawéni ou en encore au Baobab. Rendezvous sur la page Facebook de Captain Alandor pour être tenus au courant des derniers arrivages et réserver votre tartare de thon.

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LE DOSSIER

MAYOTTE

ILS FONT PARLE


Par : Geoffroy Vauthier Solène Peillard Grégoire Mérot

Vous êtes nouvellement arrivés ? Alors Mayotte Hebdo vous présente quelques-unes des personnalités qui participent au développement de l'île au quotidien. Voix de l'État ou du Département, chefs d'entreprise ou artistes, ils ont fait parler d'eux cette année et devraient le faire encore durant celle qui vient. Une année qui s'annonce, une fois encore, pleine de nouveaux défis, à la mesure des enjeux de Mayotte.

ER D'EUX 11

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LE DOSSIER

LES POLITIQUES

JEAN-FRANÇOIS COLOMBET L'ŒIL DE L'ÉTAT Il est le nouveau préfet de Mayotte, et sa fonction en fait sans doute l’une des personnes les plus importantes de l’île. Le préfet joue en effet le rôle de relais auprès de l’État, depuis 1800 et sa création par Napoléon Bonaparte. Il lui revient initialement de faire connaître et respecter les lois. Au fil des ans, des Républiques et de la mise en place des administrations locales, sa mission évolue pour devenir un élément incontournable dans l’essor économique et social du pays. Il s’appuie sur les membres du corps préfectoral, sur les services installés dans la Préfecture et sur les services déconcentrés de l’État telle que la direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF) ; la Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DEAL) ; la direction des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (DIECCTE) ; la direction de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DJSCS) ; ou encore la direction de la mer du sud de l’océan Indien (DMSOI). On le voit partout : inaugurations, réunions de travail, rencontres sur le terrain avec des partenaires, etc. Compte tenu de la distance avec la métropole, du passif avec l’Union des Comores mais aussi des nombreuses crises subies par l’île aux parfums ces dernières années, les Mahorais attendent du préfet des réponses concrètes à leurs problématiques. À la suite du conflit social et des blocages durant sept semaines au début de l’année 2018, Dominique Sorain débarque sur le territoire le 28 mars en qualité de préfet de Mayotte, délégué au gouvernement. Nommé le 10 juillet dernier haut-commissaire de la république en Polynésie française, l’ancien directeur de cabinet du ministère des Outre-mer laisse sa place à Jean-François Colombet, jusqu’à présent secrétaire générale de la préfecture de Haute-Garonne. Ce remplacement coïncide avec la signature, deux jours plus tôt, du contrat de convergence d’un montant de 1,647 milliard d’euros pour développer les transports collectifs, pour améliorer la distribution d’eau potable et réduire son impact sur le lagon, pour améliorer la traçabilité des produits alimentaires, pour bâtir des logements, pour construire des établissements scolaires, etc. Autant dire que tous les regards seront tournés vers le haut fonctionnaire – et plus largement vers l'État – pour veiller à la bonne application du plan, car une chose est sûre : à Mayotte plus qu’ailleurs, le préfet n’a pas le droit à l’erreur ! n

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LES POLITIQUES

ISSA ISSA ABDOU LE POLITIQUE QUI MONTE Probablement le vice-président du Conseil départemental le plus actif dans son domaine. Avec le lourd portefeuille des affaires sociales – première compétence du département – Issa Issa Abdou a notamment pour mission la mise en place des dispositifs liés à l’enfance et à la jeunesse. Une lourde tâche compte tenu du profil de la pyramide des âges mahoraise et de la précarité dans laquelle évoluent bon nombre de familles. L’Aide sociale à l’enfance (ASE) est ainsi le grand chantier du moment pour le viceprésident. Depuis 2016 en effet, l’État a rattrapé une partie de ce qu’il devait au Département dans ce domaine : 42 millions permettant à la collectivité de répondre en partie aux besoins du territoire, particulièrement nombreux en la matière, notamment en ce qui concerne les 3 500 mineurs non-accompagnés (dit mineurs isolés) de l’île. Un retard qui se rattrape peu à peu, donc, grâce à l’implication de l’élu. n

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LE DOSSIER

LES POLITIQUES

SOIBAHADINE IBRAHIM RAMADANI PRÉSIDENT DISCRET

L’actuel président du Conseil départemental a été élu en 2015 sous l’étiquette Les Républicains. Également sénateur de 2004 à 2011, il est désormais à la tête d’une équipe de sept vice-présidents et 25 conseillers départementaux. Parmi les grands dossiers du moment pour le président : l’évolution institutionnelle du département en département-région. Un sujet sensible car le projet – parfois appelé « toilettage institutionnel » – également porté par le sénateur Thani Mohamed Soilihi, suscite la défiance. Sur un territoire qui s’est longuement battu pour faire partie intégrante de la République française, certains voient en effet une marche vers une autonomie forcée. "Faux" répondent en chœur ses défenseurs, sans pour autant parvenir à convaincre pleinement. Un des grands objectifs de cette année, donc, pour Soibahadine Ibrahim Ramadani et sa majorité : expliquer et rassurer la population sur cette modification institutionnelle afin de ne pas plonger le département dans un mouvement social d’envergure. n

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LES POLITIQUES

Celui qui a été plus jeune maire de France – il a été élu maire de Sada à 23 ans en 1983 – est désormais député de Mayotte pour la deuxième fois depuis 2017, après un premier mandat de 2002 à 2007. Son cheval de bataille ? L’immigration clandestine et le respect de la souveraineté française sur Mayotte par l’Union des Comores, pays pour lequel il plaide toutefois en faveur d’une augmentation de l’aide française au développement. Il est d’ailleurs président du groupe d’amitié France-Comores à l’Assemblée nationale. Avocat,

MANSOUR KAMARDINE L'AVOCAT DE MAYOTTE FRANÇAISE proche de l’ancien président de la République Jacques Chirac pour lequel il nourrit une affection particulière, l’homme politique est également connu pour être celui qui a obtenu l’abolition de la polygamie à Mayotte grâce à un amendement en 2003. Un changement de société indispensable pour permettre à l’île de devenir département, ce qui sera le cas huit ans plus tard. Très actif au Palais Bourbon, Mansour Kamardine a déposé de nombreux amendements et propositions de loi en faveur du territoire. n

ET AUSSI

RAMLATI ALI UNE FEMME EN POLITIQUE Première femme députée de l’île aux parfums au terme d’une élection qui a dû être réorganisée, Ramlati Ali est également la première Mahoraise à devenir médecin à Mayotte, et ancienne maire de Pamandzi. Rattachée au groupe LREM, moins communicante que son collègue Mansour Kamardine, elle a surtout porté le projet de loi sur le délai d’intervention du juge des libertés et de la détention en rétention administrative à Mayotte, ainsi rétabli à cinq jours ; et pour avoir permis une facilitation des visas pour le pèlerinage à La Mecque aux Mahorais. n

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LE DOSSIER

LES POLITIQUES

THANI MOHAMED SOILIHI LE SAGE

Sénateur de Mayotte, réélu sous l’étiquette LREM en 2017, Thani Mohamed Soilihi est également le premier Mahorais à accéder à la vice-présidence du Sénat. De hautes responsabilités méritées tant le sénateur Thani monte au front, quitte à risquer, parfois, de virulentes critiques. Ce fût le cas en 2018, alors que le département était sous le coup d’un vaste mouvement social. Alors que la ministre des outre-mer était à Mayotte, l’élu l’a soutenu, au grand dam des collectifs, farouchement opposés à son plan de sortie de crise. Plus récemment, c’est son projet de loi destiné à faire évoluer le département en département-région qui fait polémique. Thani Mohamed Soilihi est ainsi accusé de vouloir brader le statut de Mayotte pour l’amener vers plus d’autonomie et, à terme, une supposée indépendance. Des accusations sans fondements, réplique-t-il, arguant au contraire plus de moyens pour Mayotte au sein de la République française. Le projet doit être déposé cette année pour être voté l’an prochain. Autant dire que le temps presse et que le sénateur et ses soutiens devront faire preuve de pédagogie pour parvenir à cette transformation. n

ET AUSSI

ABDALLAH HASSANI Autre sénateur de Mayotte. Discret, il a été élu à cette fonction en 2017 et siège avec le groupe LREM. Il a également été maire de Mamoudzou de 2001 à 2008. n


SANS OUBLIER

LES MAIRES QUI FONT PARLER D'EUX

SAID OMAR OILI UNE CARRIÈRE POLITIQUE RICHE En 2014, la carrière politique de Said Omar Oili prend une nouvelle dimension. En mars, il prend les clés de la commune de Dzaoudzi-Labattoir avant de devenir le président de l’Association des maires de Mayotte au mois de mai. Ancien président du conseil général de 2004 à 2008, il fonde en 2007 le Nouvel Élan pour Mayotte. Un parti dont l’objectif est de rassembler les femmes et les hommes autour d’un projet de société fondé sur des valeurs comme la responsabilité, la solidarité et la

défense des plus démunis, l’égalité entre les citoyens, l’esprit d’innovation et le sens de l’initiative ou encore l’identité culturelle, afin d’œuvrer pour l’émancipation et pour un véritable épanouissement économique et culturel des Mahorais au sein de la République française. Si l’homme peut parfois irriter ses pairs, il est à l’origine de nombreux projets dans sa commune, comme la création de 240 logements à Marzoukou et l’aménagement d’un espace intergénérationnel sur le boulevard des Crabes. n

HANIMA IBRAHIMA JOUAWOU UNE FEMME AUX MULTIPLES CASQUETTES En plus d’être maire de Chirongui, Hanima Ibrahima Jouawou se dit être une femme "engagée au service du bien commun et de l’intérêt général". D’où ses nombreuses casquettes en dehors de la politique telles que présidente de l’Agence régionale du livre et de la lecture de Mayotte ou présidente l’association Mlézi Maoré. Son franc-parler se fait souvent entendre lors de réunions publiques durant lesquelles elle n’hésite pas à prendre la parole

pour défendre les intérêts des Mahorais ou pour exprimer tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Du côté de sa commune, deux grands projets sont attendus avec impatience : le pôle culturel et sa salle de cinéma pouvant accueillir jusqu’à 200 personnes et la Maison des familles et de l’artisanat. Grâce à eux, Chirongui pourrait à l’avenir devenir une véritable alternative à l’agglomération de Mamoudzou. n

ANCHYA BAMANA "FILLE DE", MAIS PAS QUE ! Être l’enfant d’une personnalité publique peut bien souvent donner des idées. Fille de l’illustre Younoussa Bamana, père de Mayotte française, premier député élu de la collectivité et président du conseil général de 1977 à 2004, Anchya Bamana suit les traces de son papa en remportant la mairie de Sada en 2014. Et à un an des prochaines élections, elle compte se représenter sans-étiquette pour tenter de briguer un second mandat. Dans sa commune construite à flanc de colline, elle imagine sortir de terre la première piscine communale de l’île. Elle est également présidente de l’Union départementale des centres communaux d’action sociale de Mayotte. n

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LE DOSSIER

DANS L'ACTUALITÉ

ESTELLE YOUSSOUPHA MYSTÉRIEUSE MILITANTE

Avant d’être une des voix les plus virulentes du Collectif des citoyens de Mayotte, Estelle Youssouffa s’est d’abord illustrée en tant que journaliste. Diplômée de l’Ecole de journalisme de Tours, elle poursuit son cursus au Canada avant de prendre l’antenne sur LCI. C’est le début d’une riche carrière à la télévision : Al Jazeera, TV5 Monde, BFMTV ou encore France 2, Estelle Youssouffa enchaîne les postes de présentatrice et de grand reporter avant d’enseigner le journalisme à l’IPJ Paris-Dauphine. Une carrière qu’elle complète par ailleurs en tant que conférencière et analyste politique. En Afrique, elle s’est fait un nom en organisant des séminaires sur l’empowerment du continent, dont la dernière édition s’est déroulée en 2017 à Kigali, au Rwanda. Depuis, la journaliste multi-casquette est surtout connue des Mahorais pour ses prises de positions très fermes, notamment sur le volet de l’immigration à Mayotte. Elle s’est fait un combat personnel de porter la voix des Mahorais, quitte à s’attirer les foudres de certains d’entre eux, mais aussi quitte à faire quelques écarts avec la réalité malgré sa formation de journaliste. On l’a ainsi retrouvée sur les ondes de RT France, suite à la signature de l’accord entre la France et les Comores le 22 juillet, assurant que l’Union des Comores organisait avec l’aval de son nouveau partenaire, la colonisation de Mayotte. Son combat contre l’insécurité à Mayotte et l’immigration clandestine est parfois perçu comme une haine anti-comoriens. Quoi qu’il en soit et quoi qu’on en pense, c’est l’une des voix qui comptent à Mayotte et sur ses réseaux sociaux. Même si le Collectif des citoyens a connu cette année une guerre des chefs durant laquelle sa légitimité a été remise en cause à plusieurs reprises. n

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DANS L'ACTUALITÉ

SAÏD HACHIM LA RÉFÉRENCE SCIENTIFIQUE MAHORAISE Inconnu du grand public jusqu’en 2018, Saïd Saïd Hachim est passé de l’ombre à la lumière en étant le premier à faire un lien entre les séismes qui secouaient Mayotte et la naissance d’un volcan sous-marin au large de l’île au lagon. Le jeune géographe employé par le Conseil départemental a participé à la troisième mission scientifique d’étude du volcan, Mayobs3, à bord du Marion Dufresne. Son absence lors du quatrième opus a suscité l’émoi dans toute l’île, à commencer par le sien. "Je me sens humilié", a-t-il ainsi confié à Flash infos. Le comité scientifique avait en effet considéré que l’objet de ses recherches ne correspondait pas aux objectifs scientifiques de la mission, le géographe planchant plutôt

sur les impacts sociétaux à Mayotte de la naissance du volcan. Quoi qu’il en soit, toute une île s’est sentie vexée par l’absence du seul Mahorais compétent sur le sujet. Et quoi qu’en pense le comité scientifique, son implication dans les recherches est d’une importance que les métropolitains ne mesurent pas. Il est en effet le seul à être à la fois à l’interface du monde scientifique et des croyances qui règnent sur l’île, à l’interface aussi du français le plus technique et du shimaoré. En somme, il est le seul à pouvoir rassurer toute une population sur un phénomène qu’elle ne maîtrise pas, qui suscite les peurs et dont elle subit les conséquences quotidiennement à travers les séismes. n

GILLES HALBOUT PAPE DE L'ÉDUCATION À MAYOTTE

Appelé en urgence pour prendre le relais de son prédécesseur à la tête du vice-rectorat de Mayotte, Gilles Halbout ne manque pas d’ambition pour transformer l’école à Mayotte. Objectif numéro un : que l’école regagne la confiance des Mahorais. Cela doit passer par un travail de fond avec l’ensemble des partenaires et un nouveau projet pédagogique à l’automne. Chantre de la qualité dans l’enseignement plutôt que de la quantité, le nouveau vice-recteur, qui aura par ailleurs la tâche de transformer le vice-rectorat en rectorat de plein exercice, souhaite notamment mettre en œuvre une

pédagogie différenciée. C’est-à-dire séparer les élèves en difficultés, leur offrir un enseignement adapté et permettre aux élèves au parcours classique de progresser à leur rythme. Une petite révolution dans l’île où l’on déplore le sureffectif en classe. Et où l’on déplore, surtout, les mauvais résultats du bac avec moins de la moitié des élèves reçus à l’examen avant les rattrapages. L’ancien président de la Communauté d’universités et d’établissements (Comue) Languedoc-Roussillon et, entre autres, docteur en mathématiques, souhaite aussi mettre l’accent sur l’orientation des élèves, en lien avec la réforme du bac et l’élargissement des filières dans l’enseignement supérieur sur l’île. La culture, dont est féru Gilles Halbout, ne sera pas oubliée et fera l’objet d’un traitement tout particulier dans le parcours des élèves. Dans le même temps, le vice-recteur aura peutêtre à faire face à la grogne des syndicats puisqu’audelà du redressement de la situation à Mayotte, il est aussi envoyé pour appliquer les réformes scolaires du gouvernement. Un travail de longue haleine donc, mais qui n’effraie pas pour autant celui qui, d’une part, a choisi son poste et qui, d’autre part fait "tout par passion", selon ses mots. n

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LES ENTREPRENEURS

IDA NEL L’IMPÉRATRICE

En quarante ans, Ida Nel a bâti un véritable petit empire sur l’île au lagon. Arrivée d’Afrique du Sud avec son mari, où elle avait déjà fait ses armes d’entrepreneuse, la femme d’affaire a fait destin lié avec le développement économique de Mayotte. Sa réputation de dirigeante à la peau dure n’est plus à faire chez les Mahorais, mais peu d’entre eux connaissent l’étendue de son emprise sur l’économie de l’île. Jusque dans les foyers et dans les voulés. C’est en effet elle qui a organisé dans les années 1980 l’importation des mabawas, ces petites ailes de poulet qui se retrouvent sur les grilles de tous les barbecues de l’île. Au-delà de l’anecdote, cela démontre bien qu’elle est à l’affut de la moindre opportunité économique. Et que ses opérations sont presque toujours couronnées de succès. À commencer par ses opérations foncières. Il y a quelques dizaines d’années, Ida Nel achète pour quasiment rien de nombreuses parcelles à Kawéni. Elle les revendra plus tard, alors qu’un projet de zone industrielle est en cours… 24 fois plus cher. C’est la naissance de la zone Nel, où plusieurs milliers de Mahorais travaillent aujourd’hui. Business de la terre mais aussi de la mer. Une opportunité évidente quand on est sur une île. Outre une société d’import/export qu’elle a créée puis revendue pour un joli pécule, Ida Nel est aussi présidente de la société qui gère le port de Longoni. Outre la délégation de service public que sa société Mayotte Channel Gateway détient pour la gestion du port, son entreprise Manu-port est également présente sur les lieux pour assurer la manutention et la logistique des marchandises débarquant et embarquant à Longoni. Une véritable manne financière qu’Ida Nel a obtenu en sachant bien s’entourer, notamment d’élus du département… Quitte à risquer des ennuis judiciaires pour conflit d’intérêt. Ida Nel a été relaxée mais deux élus ont été condamnés. Au total, la business woman est à la tête de sept entreprises et assure déjà sa succession. Accompagnée par sa petite fille qui termine ses études en métropole, Ida Nel pourrait aujourd’hui pour prendre peu à peu le contrôle de la Smart, manutentionnaire historique du port de Longoni, à travers une nouvelle société, MANUT-Mayotte, que sa petite-fille présidera prochainement. À Mayotte, l’impératrice semble avoir désigné sa dauphine. n

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LES ENTREPRENEURS

CARLA BALTUS LA NOUVELLE GARDE

La présidente du Medef Mayotte est une des femmes entrepreneures les plus emblématiques de l'île. Pourtant, rien ne prédestinait cette native de Cayenne à s’installer au sein du 101ème département, où elle inspire désormais toute une génération de Mahoraises. Carla Baltus grandit en Guyane, plus précisément dans la ville de Kourou, célèbre pour sa base spatiale européenne. Ce n’est donc pas par hasard que la jeune femme décide, après l’obtention d’un bac scientifique, de se tourner vers l’électrotechnique, en espérant pouvoir ensuite travailler dans la cité de son enfance, depuis laquelle elle regardait les fusées décoller. Études supérieures obligent, elle quitte son département pour Limoges. Les premières personnes qu’elle y rencontre sont, comme elle, de jeunes ultramarins, et plus précisément des Mahorais. Elle finit par tomber amoureuse de l’un d’entre eux et découvre d’abord Mayotte à travers ses récits. En 1996, lorsqu’il retourne s’installer sur l’île aux parfums, elle n’hésite pas à le suivre jusqu’à Dzoumogné et y devient rapidement institutrice. L’année suivante à peine, l’envie d’entreprendre se fait sentir. Constatant le manque d’offre en matière de transports de personnes sur le territoire, Carla Baltus lance une étude de marché puis achète un bus et embauche des chauffeurs, n’ayant elle-même pas le permis de conduire. Au fil du temps, son entreprise, Carla Mayotte Transport Baltus (CMTB), grandit et se développe. La jeune femme intègre les syndicats dédiés aux transports et finira même par

présider l’un d’entre eux, le CMDT 976, ce qui lui permettra de participer à une mesure : l’exonération des charges patronales. Alors que le droit commun se rapproche doucement du sol mahorais, Carla Baltus part vivre pendant plus d’un an en métropole afin de se former et se mettre à niveau. De retour à Mayotte, elle acquiert le premier véhicule de l’île capable de transporter des fauteuils roulants, avec le concours de l’association "Toioussi". Justement, même dans le milieu associatif, Carla Baltus ne retire jamais sa casquette de dirigeante, puisqu’elle a co-fondé l’association Entreprendre au féminin Mayotte, un réseau de femmes patronnes qui partagent leur expérience professionnelle, s’épaulent et se conseillent. Parallèlement, CMTB donne naissance à plusieurs entreprises-filles, dont un centre de formation dédié au transport et à la logistique et une auto-école tous permis, qui accueillera même le premier simulateur de conduite de tout l’océan Indien. Plus récemment, alors qu’elle présidait l’instance paritaire de Pôle emploi Mayotte, Carla Baltus interpelle la ministre des Outre-mer quant à la nécessité de créer une institution mahoraise régionale et autonome visà-vis de La Réunion, un chantier qui débutera quelques mois plus tard. Également ancienne vice-présidente de la médecine du travail de Mayotte, cette quarantenaire a été élue, il y a un peu plus d’un an, première femme à la tête du Medef du 101ème département, une suite logique pour cette cheffe d'entreprise au parcours exemplaire. n

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LE DOSSIER

LES ENTREPRENEURS

ERSI VOLONAKI REINE DE LA GRANDE DISTRIBUTION Née en 1947 en Grèce, Ersi Volonaki est présidente directrice générale du groupe Sodifram. Un groupe implanté à Mayotte depuis 1992 et qui dispose de multiples filiales dans des domaines comme le textile avec les enseignes Fashion et Topmod, du meuble et de l’électroménager avec HD meubles, de l’informatique avec G. Informatique), de la culture avec Pages de garde), du bricolage avec Musada et de l’équipement sportif et l’enseigne Intersport. En tout : une trentaine de magasins, et quelque 600 employés de tous les corps de métier, du manutentionnaire au transporteur. Premier employeur privé de l’île et premier importateur, le groupe a par ailleurs ouvert l’an dernier le centre commercial du Baobab à Mamoudzou, le premier de l’île à être en intérieur et sur deux étages. n

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LES ENTREPRENEURS

MARIE-JOSEPH MALÉ LES SEULES AILES DE L'ÎLE Rares à Mayotte sont les personnalités à avoir fait couler autant d’encre. Et pour cause : le monopole d’Air Austral est, localement, un sujet à la fois tranché et tranchant. Premier directeur général de SkyTeam Airline et ancien PDG d’Air France Consulting aux États-Unis, Marie-Joseph Malé prend la direction de la compagnie aérienne réunionnaise en 2012. Il succède ainsi à Gérard Ethève, fondateur démissionnaire de la société, alors en pleine crise financière. S’il a permis la création de la première ligne directe Paris-Dzaoudzi en 2016, le polytechnicien réunionnais est toutefois vivement critiqué dans le 101ème département pour la politique tarifaire appliquée ici. Par ailleurs, entre les écueils liés aux – très récurrentes – pannes et immobilisations des appareils affrétés pour Mayotte, aux retards successifs et au nonrespect des règles d’indemnisation des passagers, la compagnie aérienne avait suscité une vive polémique l’année dernière : après la suspension partielle de ses droits de trafics, Corsair avait été contraint de se retirer du ciel mahorais, permettant à Air Austral, désormais en situation de monopole, de revoir ses tarifs à la hausse, un an après les avoir alignés sur celui qui était son unique concurrent. Une manœuvre toujours strictement démentie par Marie-Joseph Malé, qui publiquement, s’exprime peu sur le cas de Mayotte. Mais aujourd’hui, la société accuse un nouveau coup dur en affichant une perte d’exploitation de 4,5 millions d’euros pour la période 2018-2019, après avoir affiché un bénéfice de 5,2 millions d’euros l’année précédente. En cause : la concurrence low-cost de French Bee sur la ligne Paris-Saint-Denis de La Réunion, l’augmentation de ses charges, liée à la hausse du prix du pétrole et aux coûts de maintenance. Pourtant, lors de sa prise de fonction au sein d’Air Austral, Marie-Joseph Malé était parvenu à redresser la société alors confrontée à de lourds problèmes de trésorerie, en baissant ces mêmes coûts d’exploitation. En somme : si Air Austral a, il est vrai, contribué au développement et au désenclavement de Mayotte, la compagnie et son directeur ne sont plus dans le cœur des Mahorais. n

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LE MONDE DE LA CULTURE

GABRIEL BARATHIEU LE PHOTOGRAPHE Ses photos du lagon de Mayotte ont fait le tour du monde. En 2017, Gabriel Barathieu est nommé meilleur photographe sous-marin de l’année, la plus haute récompense de la profession, qu’il ne pratique alors que depuis deux ans. En avril dernier, quatre de ses clichés sont sélectionnés par le National Geographic pour figurer dans le livre « 100 dives of a lifetime », ou « Les 100 plongées d’une vie ». Assurément, sa vie à lui, « Gaby » la consacre désormais exclusivement à sa passion. En 1999, alors âgé de 16 ans, il plonge pour la première fois à l’île de La Réunion, où il décide de s’installer dix ans plus tard. Fasciné par les profondeurs marines, il s’achète un petit appareil de base, pour pouvoir montrer les beautés du monde silencieux à ses parents restés en métropole. Finalement, il investit dans du matériel professionnel et devient plongeur recycleur certifié, ce qui lui permet d’avoir une autonomie de trois à quatre heures sous l’eau, contre une en temps normal. En 2015, le décès de son instructeur le contraint à arrêter la plongée pour revenir à son premier travail dans les travaux publics. C’est ainsi que, deux ans plus tard, il arrive à Mayotte, où il renoue avec sa passion. Il découvre ici la « Twilight zone », là où les derniers rayons de lumière parviennent à pénétrer les profondeurs océaniques, et où les plongeurs se font rares du fait de son accès particulièrement difficiles. Depuis, Gabriel partage partout à travers le globe ses photos de tortues, raies manta, requins marteaux, baleines à bosses, autant d’espèces qu’il a rencontré dans les eaux mahoraises. n

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LE MONDE DE LA CULTURE

Photo : Franco di Sangro

KOMO MUSIQUE ET TRADITION

Digne héritier de la musique traditionnelle mahoraise, Komo – Mouhamadi Hafidhou de son vrai nom – ne monte jamais sur scène sans son gabussy. Similaire à une sorte de petite guitare à trois ou quatre cordes pour les non-initiés, cet instrument ancestral est fait d’une unique pièce de bois, dont le dessus de la caisse est recouvert d’une peau de chèvre tendue. Alors qu’il apprend seule la guitare acoustique, Komo finit par découvrir le gabussy à travers la pratique d’autres musiciens locaux bien connus des Mahorais, Petit Langa et Foundi Tcho. En les rencontrant, Mouhamadi Hafidhou se décide à acquérir son propre instrument auprès de Colon Hassan, artisan de Chiconi et référence en la matière. Il joue ses premières gammes en s’inspirant de

la musique locale, dont il reprendra les classiques à travers toute l’île, au sein du groupe qu’il forme avec ses frères et cousins ; Tanimaroza, en référence au lieu-dit éponyme qui l’a vu naître, sur la commune de Tsingoni. Lorsqu’il débute sa carrière solo, en 2017, Komo conserve ses influences traditionnelles, puisque les huit titres de son premier album, lui aussi baptisé Tanimaroza, mêlent plusieurs genres mahorais, populaires et anciens : m’godro, chigoma, sambé, m’biwi, etc. En somme, des rythmiques typiquement mahoraises. Depuis, le joueur de gabussy se produit d’Anjouan jusqu’à La Réunion en passant par Madagascar et bien évidemment son île natale, toujours, la tradition locale au cœur. n

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LE DOSSIER

LE MONDE DE LA CULTURE

Photo : Jean Philippe Fauliau

M’TORO CHAMOU LA VOIX ARTISTIQUE DE MAYOTTE

« M’Toro », en référence au nom mahorais donné aux esclaves rebelles, « Chamou », diminutif de Chamsidini, son nom à lui. Une appellation qui résume à elle seule l’attachement du chanteur et guitariste à Mayotte, son île natale, intime, aimée et chargée d’Histoire. Surtout, son unique source d’inspiration. En sept albums et onze ans de carrière, l’auteur-compositeurinterprète n’a jamais cessé de chanter le shimaoré, à la façon de ce qu’il décrit luimême comme un « M’godro rock » compris par tous les publics et bien loin du rap auquel il s’essayait plus jeune, au sein de l’un des premiers groupes mahorais du genre, M’Tsapéré Power. Ses thèmes abordent toutes les facettes qui font de Mayotte

ce qu’elle est : son passé, ses espoirs, sa culture, sa jeunesse, l’immigration, aussi. Car ici, la musique est partout comme Chamou se plait à le répéter, et pourtant rares sont les chanteurs locaux à trouver un écho à la fois dans tout l’océan Indien, en Afrique et sur l’Hexagone, où l’artiste se produit régulièrement. Mayotte, il s’y produit quelques fois, alors qu’il l’a quitté il y a plusieurs années pour s’installer sur l’île de La Réunion, où la politique culturelle, plus structurée, lui permet de mener ses projets artistiques dans de meilleurs conditions. Son dernier album, « Sika Mila » ou « Saisis ta culture » sorti en avril dernier, se veut être un message d’espoir adressé à la jeunesse mahoraise. n

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LE MONDE DE LA CULTURE

NASSUR ATTOUMANI LA PLUME DE L'ÎLE Le casque colonial qu’il ne quitte jamais est sa signature, en dehors de celle qu’il a déjà apposée sur ses 18 ouvrages. Auteur mahorais le plus prolifique, Nassur Attoumani est aussi le plus reconnu en dehors du 101ème département. De la littérature au théâtre, des sketchs qu’il a écrit à ses débuts, dans les années 80, à la bande-dessinée, un essai, un livre d’images et même un disque, Nassur Attoumani navigue entre les genres mais porte toujours au cœur cette volonté de soulever les tabous qui entourent le quotidien mahorais, parfois sous le poids des traditions locales. En 2004, son roman « Mon mari est plus qu’un fou, c’est un homme », reçoit le grand prix littéraire de l’océan Indien. Quinze ans plus tôt, il publiait son premier manuscrit de théâtre en langue française, « La fille du polygame », un titre évocateur et déjà annonciateur des lourds thèmes auxquels il

consacrera sa carrière, toujours entre émotion, vécu personnel, sociologie de l’île et humour, quelques fois teinté d’un cynisme provocateur. Depuis, il défend régulièrement les couleurs de la littérature mahoraise lors de l’annuel Salon du livre de Paris, aux côtés d’une poignée d’écrivains locaux. Natif de Moroni en Grande Comore, Nassur Attoumani n’hésite pas à ouvrir ses horizons artistiques à toute la région, comme le prouve son roman « Instinct de survie à Madagascar », sorti cette année. Autre aventure avec sa prochaine parution à venir, une traduction inédite des Fables de La Fontaine en shimaoré, afin de faire découvrir la littérature française à ceux qui ne parlent pas la langue, tout en perpétuant de façon originale la tradition des halé halélé, les contes locaux. n

TAAMBATI MOUSSA L'AMBASSADRICE DE LA TRADITION MAHORAISE

À Mayotte, la culture traditionnelle, et plus particulièrement la beauté, passe inévitablement par Taambati. Elle incarne la mémoire vivante des secrets des rituels mahorais et fabrique elle-même nombre

de cosmétiques ancestraux. Du masque de beauté – le fameux msindzano arboré par les femmes en toutes occasions – aux broches de fleurs de jasmin, en passant évidemment par l’art de nouer et porter le salouva, Taambati initie avec bonheur ses convives à ces gestes traditionnels, ces pans de culture, au sein de ses chambres d’hôtes à Bouéni, son « Santalogis », comme l’appelle la coco en référence au bois de santal, élément essentiel de la beauté mahoraise. Dans la demeure familiale, elle propose également des ateliers culinaires, toujours axés, évidemment, sur la tradition locale : préparation du poutou, du fruit à pain, du manioc, râpage de la papaye. Véritable ambassadrice, Taambati dévoile aussi aux curieux qui la visitent quelques merveilles de sa malle aux trésors. Parmi eux, le shtambouli, chapeau de cérémonie autrefois porté par les hommes, mais aussi de rares poteries, ou un moulin à canne à sucre, témoins d’une culture à préserver et perpétuer. Tous les efforts de Taambati pour transmettre et faire vivre le patrimoine local ont été salués en 2015, lorsque la Mahoraise s’est vu recevoir le titre de chevalier de l’ordre national du mérite, quatre ans après avoir été faite chevalier des arts et des lettres. n

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ENTRETIEN

Romain Guille

LA SIM DÉLIVRERA 500 LOGEMENTS PAR AN DÈS 2020 AHMED ALI MONDROHA 28•

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Alors que le développement de l'île est en cours, et que sa démographie ne cesse d'augmenter, la question du logement se pose. L’occasion de faire le point avec le directeur général de la Société Immobilière de Mayotte (SIM), Ahmed Ali Mondroha, sur la politique menée par le nouvel actionnaire majoritaire, CDC Habitat, mais aussi sur les projets en cours et à venir.

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Mayotte Hebdo : Depuis la création de la SIM en octobre 1977, quel est le chemin parcouru et quel bilan pouvez-vous tirer ? Ahmed Ali Mondroha : L’histoire de la SIM est intimement liée à l’histoire de l’habitat à Mayotte. Il y a quelques années, on estimait que plus de 60 % de l’habitat sur l’île aux parfums était conçu par la SIM. Le produit d’accession sociale plus connu sous le nom de « case SIM » a duré trente ans, jusqu’en 2006, pour ensuite laisser place au logement en accession très sociale (LATS). Puis vers les années 20092010, on a commencé le logement locatif social. Au commencement de l’habitat, c’était une véritable révolution ! Aujourd’hui, on a un parc de 2.000 logements, dont 400 logements locatifs sociaux. Les 1.600 autres sont des logements locatifs libres ou intermédiaires, plus à destination de fonctionnaires expatriés ou de cadres locaux. Entre temps, la SIM a aussi réalisé des opérations d’aménagement pour le compte des collectivités. Comme dans la vie de toute entreprise, il y a eu des épisodes douloureux. Par exemple, entre 2003 et 2005, la société a connu de graves problèmes de gestion, ainsi qu’entre 2013 et 2014 où l’on a traversé une grosse crise de trésorerie. En clair, il y a eu des hauts et des bas, mais depuis 2015, on est plutôt sur une phase ascendante en termes de développement. En quarante-deux ans d’existence, l’actionnariat a beaucoup évolué. Au tout début, la SIM était une société d’État avant de passer au statut de société d’économie mixte, avec l’introduction de collectivités locales dans la gouvernance. Et dernièrement, CDC Habitat, l’un des plus importants bailleurs sociaux de France, est devenu actionnaire majoritaire. Fin 2017, elle a racheté l’essentiel des parts de l’État, qui n’a gardé que 5 % de ses actions, et qui à vocation à céder le solde à terme. MH : Justement, depuis la prise de pouvoir de CDC Habitat, des voix s’élèvent dénonçant le fait que la gestion de la SIM aurait échappée à Mayotte… A.A.M. : Ce sont des rumeurs. En tant qu’opérationnel, je ne m’y arrête pas. Mon rôle n’est pas politique. Il consiste à mettre en musique les orientations stratégiques prises par nos actionnaires, même si je peux être amené à donner des avis ou propositions au sein du conseil d’administration. La question essentielle est : « estce que l’on répond ou non aux besoins de la population ? » À noter que la SIM a une mission d’intérêt général. Le plus important, c’est que

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PORTRAIT

NOUS N’AVONS AUCUN LOGEMENT VACANT DANS LE SOCIAL l’actionnaire nous donne les moyens de soutenir notre développement, et c’est largement le cas actuellement. MH : D’ailleurs, quel est votre rythme actuel en termes de construction ? Quels sont les prochains principaux projets qui vont sortir de terre ? Et quelle est leur répartition géographique sachant que les activités économiques sont amenées à se décentraliser ? A.A.M. : Il y a encore deux ou trois ans, quand la SIM arrivait à mettre en chantier une centaine de logements, il s’agissait d’une année exceptionnelle en termes de production. Aujourd’hui, avec la réorganisation que l’on

a amorcée, on a augmenté notre rythme de production pour passer à une vitesse de croisière de 500 logements annuels à compter de 20202021. À Mayotte, il faut compter deux ans de délai moyen de réalisation pour une opération de construction de taille moyenne (40 à 50 logements), sans compter une année d’étude qui précède, y compris la recherche de financement. Pour vous donner un ordre d’idée, en ce moment-même, il y a plus de 550 logements en construction sur le territoire, notamment 216 à Labattoir et 200 dans le quartier Hamaha derrière Jumbo Score… L’arrivée de l’Établissement public foncier et d’aménagement (EPFAM) est de bon augure car il va nous préparer de la matière première, autrement dit du foncier aménagé, car c’est bel et bien la problématique ici à Mayotte dans notre domaine, sans oublier l’absence d’assainissement collectif. On tient compte de cette volonté de couvrir le territoire en logement social, sachant que plus de 80 % de la demande en logement social se concentre en périphérie urbaine, à savoir Mamoudzou, Koungou et Petite-Terre. Mais il n’empêche que l’on fait quand même des opérations à l’extérieur de cette zone, à l’image de Tsimkoura (2 opérations de 18 et 36 logements sociaux sont en cours de construction actuellement), de Combani (un projet de 26 logements va être lancé en travaux ce mois-ci), de Dzoumogné (un projet de 18 logements sociaux va démarrer courant 2020) et de Dembéni (56 logements à proximité de l’université ont été lancés en travaux le mois dernier). Si l’on sort de la zone d’activité de la ville chef-lieu, on y va tout de même prudemment. La raison est simple : dans la plupart des communes, la structure de la demande n’est pas suffisamment étudiée ou connue donc l’offre peut ne pas être sécurisée pour une exploitation future… Notre but n’est pas seulement de construire pour construire, mais il faut par la suite remplir les logements et les exploiter pour pouvoir tenir les engagements auprès de nos banquiers. MH : Dans le plan d’actions pour l’avenir de Mayotte, les deux phases de programmation 2018 stipulent la construction de 459 logements locatifs sociaux. Avez-vous respecté vos engagements ? A.A.M. : Je pense que oui car nous avons effectivement pu faire financer 459 logements sociaux en 2018 sur la ligne budgétaire unique

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(LBU). Une partie de ces 459 logements va être mise en chantier cette année et une autre dès 2020. Pour bien comprendre, on travaille en temps masqué. Les études sont en cours pendant que l’on boucle les financements et les garanties qui vont avec. MH : Il y a une belle carte à jouer en termes de développement durable, comme la pose de panneaux photovoltaïques et d’isolation thermique, ou encore l’utilisation de matériaux locaux. Quelles obligations devez-vous respecter à ce sujet-là ? A.A.M. : On s’aligne sur toutes les normes en vigueur et on se fait même un devoir de respecter tous les aspects environnementaux. Il y a encore quelques temps, on a beaucoup bâti en brique de terre compressée qui est un produit local en passe d’être normé et qui est reconnu comme étant qualitatif d’un point de vue acoustique ou d’isolation thermique. On a toujours été précurseur dans beaucoup de domaines, dont celui-ci. Par rapport aux panneaux photovoltaïques, on en pose mais pas systématiquement. Sur certains immeubles, on loue les toits à des sociétés spécialisées. Et CDC Habitat a un partenariat dans ce domaine que l’on va dupliquer ici. MH : Alors que de nombreux logements se retrouvent vides, CDC Habitat a pour ambition de multiplier par trois le nombre de logements sociaux dans les dix prochaines. Mais cet objectif ne va-t-il pas créer un appel d’air, comme le soutiennent certains élus à l’instar du député Mansour Kamardine ? A.A.M. : Nous n’avons aucun logement vacant dans le social. Il faut savoir que les deux tiers des logements de notre parc actuel sont des maisons individuelles. Or aujourd’hui, on ne construit plus que du collectif. Ainsi de plus en plus, on va rentrer dans le moule de ce qui se fait ailleurs, tout en tenant compte des spécificités locales. Concernant l’appel d’air, il y a un besoin de loger les habitants, que ce soit des Français ou des personnes en situation régulière. Ceux en situation irrégulière ne sont pas éligibles

à un logement social. Vous pouvez vérifier dans notre parc, aucun clandestin n’y est logé ! MH : Votre vision n’est-elle pas trop ambitieuse sachant que les Mahorais préfèrent privilégier leurs maisons traditionnelles ? A.A.M. : Lorsque l’on a commencé, il y a une dizaine d’années, les premiers logements locatifs sociaux, le débat sur l’adaptation des mahorais au collectif s’était posé. Il faut se rappeler que l’on vit sur une île, et donc à un moment donné, il faut aller en hauteur et se tourner vers le logement collectif. Tout le monde ne pourra pas avoir sa maison individuelle… Je pars du principe que quand un Mahorais part vivre ailleurs, notamment en Métropole ou à La Réunion, il s’adapte. L’être humain a une bonne capacité à s’adapter par rapport à l’environnement dans lequel il vit. MH : Bon nombre d’habitants sont découragés par la lourdeur administrative et la complexité des dossiers, n’y-a-t-il pas moyen d’alléger les démarches ? A.A.M. : Les démarches ne sont pas du tout compliquées à mes yeux. Mais le système national d’enregistrement (SNE), pour faire la demande de logement social par internet, n’est pas encore opérationnel à la SIM, faute de progiciel d’exploitation adapté. Un nouvel outil de gestion locative va être déployé au cours du 1er semestre 2020, ce qui va nous permettre de mettre en place le SNE et ainsi faciliter l’enregistrement des demandes de logements sociaux. Ce n’est qu’une fois que l’on vous proposera un logement que l’on vous réclamera le reste de la paperasse, comme l’avis d’imposition par exemple. Actuellement, les communes n’étant pas organisées pour enregistrer directement les demandes, tout est centralisé à la SIM. Et c’est d’autant plus frustrant et long qu’il n’y a pas beaucoup d’offres actuellement. En ce moment, la demande active, c’est-à-dire les dossiers éligibles si l’on avait les logements à proposer, s’élève à 600 candidatures. À partir de l’année prochaine, cela va se fluidifier avec notre ambition de livrer 500 logements par an. n

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Cet emploi/métier est accessible avec un diplôme de niveau bac+2 (BTS, L2, etc.) à Master (Master professionnel, diplôme d'école d'architecture) en design d'espace, architecture intérieure, arts appliqués, métiers d'art. Un Master complété par une expérience professionnelle est requis pour l'obtention du titre d'Architecte d'Intérieur délivré par le Conseil Français des Architectes d'Intérieur (CFAI). La pratique d'une langue étrangère, en particulier l'anglais, est requise. La maîtrise de l'outil informatique (logiciels de conception et dessin assisté par Ordinateur – CAO/DAO –) peut être requise.


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Fiche de poste ÉDUCATEUR SPÉCIALISÉ - Présentation de la structure MESSO est une association Loi 1901 à but non lucratif créé en 2017. MESSO signifie DEMAIN en langage shimaoré. Avec MESSO, des mahorais associent leurs compétences avec leur connaissance du territoire, et s’engagent afin que DEMAIN puisse enfin devenir AUJOURD’HUI ! Mayotte est un territoire complexe qui s’ouvre au monde moderne à la croisée des chemins entre traditions et modernité. La départementalisation de 2011 et l’entrée en Région Ultrapériphérique Européenne de 2014 lui donnent enfin les moyens de pénétrer de plein pied dans une économie de marché. Pour mener à bien cet immense défi, l’accompagnement au développement de l’action sociale s’avère nécessaire. C’est dans ce contexte que l’association MESSO voit le jour. La structure se positionne en tant que véritable créateur de solutions locales sur le département dans le secteur social et médico-social.

- Intitulé du poste : Éducateur spécialisé en protection de l’enfance A partir d’un diagnostic partagé au sein d’une équipe pluridisciplinaire, l’éducateur spécialisé en protection de l’enfance élabore le projet éducatif. Il accompagne et protège, dans le respect d’une démarche éthique et déontologique, les enfants et adolescents confiés. Il garantit les conditions de leur développement à la fois sur les plans psychologique, physiologique, affectif, cognitif, social et culturel.

- Les missions o Élaboration d’un diagnostic social et d’hypothèses d’intervention o Élaboration du projet personnalisé co-construit avec chaque personne o Mise en oeuvre, suivi et évaluation des actions éducatives o Prise en charge de l’enfant, du jeune, d’un groupe d’enfants o Gestion d’activité socio-éducative o Communication avec les familles, représentants légaux, référents sociaux et différents partenaires o Développement d’actions de soutien à la parentalité o Instruction des dossiers administratifs des jeunes confiés o Contribution à l’élaboration des projets de service o Rédaction de rapports et de notes de synthèses o Organisation de manifestations ponctuelles

Compétences o Accueillir et évaluer l’enfant dans sa situation individuelle, familiale et sociale o Développer une relation éducative personnelle avec l’enfant avec l’aide des supports o Concevoir et rédiger un projet individualisé de l’enfant en fonction des besoins identifiés o Évaluer les résultats des actions éducatives mises en oeuvre et actualiser les besoins o Maintenir ou recréer les liens avec la famille de l’enfant o Développer et animer des activités individuelles et collectives o Travailler en équipe pluridisciplinaire o Sélectionner les informations à communiquer dans le respect des jeunes accueilli et du secret professionnel o Mobiliser les ressources sociales, familiales et environnementales o Capitaliser et transmettre son expérience aux différents acteurs o Interroger et adapter sa pratique professionnelle o Anticiper et réagir avec pertinence à une situation d’urgence o Rédaction des écrits professionnels à l’aide de l’outil informatique

Mise en oeuvre des actions o Cadre institutionnel, administratif, juridique et politique relatif à l’éducation spécialisé o Techniques éducatives o Développement de l’enfant o Technique d’écoute et de relation à la personne o Technique de prévention, gestion de conflits et de situations d’agressivité o Connaissance de l’environnement à l’interne comme en dehors de la structure

Gestion du service o Organisation et suivi des plannings de l’équipe o Organisation et animation des réunions d’informations et d’échanges o Organisation des réunions de coordination o Bilan des équipes

Diplômes - Diplôme d’éducateur spécialisé ou équivalent - Justifier d’une expérience significative dans le secteur - Permis B exigé

Place du poste dans l’organisation Il travaille sous la responsabilité directe du chef de service

Spécificité du poste Ce poste implique des déplacements réguliers

Modalités du contrat CDI o Rémunération selon le profil o Début du contrat : dès que possible

Association Messo

85 route nationale de M’Tsapéré , 97600 Mamoudzou Inscriptions : 02 69 62 18 23 – secretariat.direction@messo.fr - MESSO


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Ils font parler d'eux

Journalistes Ichirac Mahafidhou Lyse Le Runigo Hugo Coëff Romain Guille Solène Peillard Grégoire Mérot Benoît Almeras Correspondants HZK - (Moroni) Direction artistique Franco di Sangro Graphistes/Maquettistes Olivier Baron, Franco di Sangro Commerciaux Cédric Denaud, Murielle Turlan Thomas Lévy Comptabilité Catherine Chiggiato compta@mayottehebdo.com Secretariat Annabelle Mouhamadi Première parution Vendredi 31 mars 2000 ISSN : 1288 - 1716 RCS : n° 9757/2000 N° de Siret : 024 061 970 000 18 N°CPPAP : 0121 I 92960 Site internet www.mayottehebdo.com


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