Mayotte Hebdo n°899

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LE MOT DE LA RÉDACTION

EAU RAGE, EAU DÉSESPOIR ! "Eau rage, eau désespoir !" : c'est le titre que nous faisions en février 2017, alors que le territoire souffrait d'une pénurie d'eau que personne ne semblait avoir prévu. Heureusement, elle ne s'est plus reproduite, et la crise a débouché sur des mesures à mettre en place pour éviter que cela soit le cas. Car l'eau est un grand enjeu. Elle est d'une importance capitale. Les besoins en production et en adduction sont énormes. Et le chantier est vaste. Nous avons donc choisi cette semaine de nous intéresser à l'eau, et plus particulièrement à l'eau potable, qui fait l'objet de notre dossier. Eau, toujours, mais celle du lagon, puisque nous sommes allés à la rencontre de Marco, un prestataire nautique dont l'arrivée fût pour le moins rocambolesque. Il nous raconte tout dans notre rubrique Mayotte et moi. Enfin, c'est dans les airs que nous irons, avec un reportage sur un entraînement des parachutistes du Détachement de la légion étrangère à Mayotte. Bonne lecture à tous.

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COUP D’ŒIL DANS CE QUE J'EN PENSE

Laurent Canavate

Mayotte Hebdo n°347, vendredi 7 septembre 2007

LE CHALLENGE POUR CHACUN DOIT ÊTRE PASSIONNANT Vous entriez dans un petit bâtiment quasi lépreux, en rez-de-chaussée, en contrebas de l'entrée de l'hôpital. Le fumet des préparations culinaires variées qui mijotaient dans des marmites tout autour accueillait les femmes enceintes, le jour de l'accouchement. Un chat attiré par l'odeur se faufilait entre vos jambes et pouvait vous suivre jusque dans la "chambre". En fait une pièce ouverte à tous les vents, remplie de deux ou trois lits occupés. Pour y arriver, il fallait déjà slalomer entre les lits de camps installés dans le couloir, sur lesquels les femmes attendaient pour accoucher ou patientaient quelques heures après l'accouchement avant de rentrer chez elles. C'était la maternité de Mamoudzou. Dans les dispensaires, en brousse, un infirmier vous accueillait, souvent seul, débordé. Plein de bonnes intentions, mais sans les compétences nécessaires. Pour un clou rouillé enfoncé dans le pied, il nous montrait le frigo et nous demandait de trouver ce qu'il fallait pour se faire vacciner contre le tétanos. On trouvait des restes de repas au milieu de flacons divers. Mais la piqûre était sa spécialité… Et on se retrouvé vacciné. Depuis, le système de santé a connu des avancées extraordinaires. Il y a encore peu, on priait en arrivant en métropole pour ne pas tomber trop gravement malade, faute de couverture sanitaire. Aujourd'hui, c'est quasiment réglé. Evidemment tout n'est pas rose, loin de là. Mais les chantiers sont engagés, dans tous les domaines : formation du personnel, reconnaissance des compétences et qualifications, constructions de bâtiments modernes, développement de spécialités jusque-là inconnues sous nos cieux, une sécurité sociale - en construction - qui

TOLERIE - PREPAR ATION - PEINTURE

permet de prendre en charge une partie des soins… La réorganisation du système de soins n'est pas terminée. Mais il faut savoir d'où l'on vient. Connaître les objectifs et y travailler pour les atteindre le plus vite possible. Il faut reconnaître la réalité, les carences, les évolutions, pour pouvoir réclamer ou critiquer. Il faut aussi un peu de tolérance, de compréhension, même s'il s'agit de notre santé… Dans ce domaine essentiel, comme pour l'éducation, il faut accepter de reconnaître que l'Etat a failli pendant des années, des décennies, à accorder les moyens nécessaires aux citoyens français de Mayotte pour qu'ils disposent des mêmes services que tous leurs concitoyens. Des raisons historiques, politiques sont mises en avant pour expliquer ces carences, soit. Il faut se tourner vers l'avenir. Nous sommes partis de bas, très bas, de quasiment rien. Les Anciens ont fait de leur mieux avec leurs moyens. Aujourd'hui, il faut reconnaître l'effort conséquent, important de l'Etat, mais encore largement insuffisant. Alors que le personnel de l'Education nationale va diminuer de manière importante sur l'ensemble du territoire, il augmente ici, avec des créations de postes. Mais ça ne suffit pas, il faut un véritable plan Marshall pour Mayotte !... On est encore assez loin des conditions idéales, ni même de conditions équivalentes au reste du territoire. Et c'est inacceptable ! Le combat, la "pression" ne doivent être relâchés que lorsque l'égalité sera atteinte. L'Etat, nos représentants politiques doivent trouver les moyens d'y parvenir, mais chacun aussi, dans son service, son administration, son service, doit travailler à cet objectif. Les citoyens doivent être des aiguillons permanents pour ne pas laisser s'endormir le rythme des avancées. Le challenge pour chacun doit être passionnant.

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S LE RÉTRO

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Mayotte il y a 20 000 ans Présentation de l'île telle qu'elle était il y a 20 000 ans, durant la grande glaciation de Würm ! Impressionnant tant elle était plus grande qu'aujourd'hui. Nous l'expliquions : "À l'échelle de l'histoire géologique, Mayotte, même si elle est la plus ancienne de l'archipel des Comores, est une île très jeune : elle est en fait la réunion de deux édifices volcaniques qui ont commencé à se former il y a 15 millions d'années, pour émerger il y a seulement 9 millions d'années. La construction de l'île s'est achevée il y a 1,5 million d'années par les derniers apports du volcan du M'tsapéré. Il y a 100 000 ans, un volcanisme plus récent marquera la création des dépressions de Cavani, Kawéni et Petite Terre, avec des éruptions jusqu'à -6 000 bp (before present). Depuis, l'île est soumise à l'érosion due aux aléas climatiques. Aujourd'hui, le relief est donc quasiment le même qu'il y a 100 000 ans, à une exception près : entre -80.000 et -12.000 bp, l'île était cinq fois plus grande, à cause de la grande glaciation de Würm qui a provoqué une baisse du niveau de la mer de 120 mètres !" Exceptionnellement, nous republions cette semaine dans les pages suivantes les infographies et notre article d'alors. Mayotte Hebdo n°443, vendredi 18 septembre 2009.

Découvrir pour protéger

Les 31ème Journées du patrimoine à l'honneur de ce numéro de Mayotte Hebdo. Nous faisions plus particulièrement un zoom sur le futur Musée de Mayotte, MuMa, qui s'apprêtait alors à ouvrir ses portes : "La toute première exposition du musée de Mayotte sera visible dans les locaux de l'ancienne caserne à Dzaoudzi. Plusieurs panneaux seront à la disposition du public, pour une durée de six mois, et le coup d'envoi de cette première exposition sera donné ce weekend à l'occasion des journées du patrimoine. Plurilinguisme, debaa, production de sel à Bandrélé et les fameuses doukas (épiceries de quartier) seront à l'honneur. Si le sujet semble un peu fouillis, c'est parce que les porteurs de projet en sont encore au stade de la ré¬flexion sur ce que contiendra la structure. Le musée siègera dans la résidence des gouverneurs à Dzaoudzi, classée aux monuments historiques, dont les travaux de réhabilitation pour l'accueil du public s'élèvent à plusieurs millions d'euros. "Il faut du temps, une création de musée cela prend au minimum 15 ans, alors certes le projet date de 1996 mais ce n'est que récemment que l'on s'y est attelé" souligne Chloé Lesschaeve, chargée du patrimoine à la DAC de la préfecture, qui accompagne ce projet piloté par le conseil général. Un travail de fixation doit se faire, il faut former les gens qui vont y œuvrer, notamment les conservateurs et définir ce qui sera mis dedans. Car une bonne part de la culture mahoraise réside dans les traditions, c'est-à-dire le patrimoine immatériel, comme la musique mais surtout les danses." Mayotte Hebdo n°672, Vendredi 19 septembre 2014.

LA PHOTO D'ARCHIVE Cavani en colère Octobre 2009 : des habitants de Cavani bloquent durant près de cinq heures le rond-point du Baobab, puis du stade. Des troubles causés par le manque d'infrastructures sportives destinées aux jeunes du quartier, mais aussi par un vieux contentieux sur un terrain appartenant à la Sim. Pour débloquer la zone et rétablir la circulation, les autorités n'hésitent pas à faire usage de gaz lacrymogènes. Bilan : trois jeunes arrêtés par les forces de l'ordre, des dizaines de poubelles incendiées et deux heures de discussion avec le maire.

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IL Y A 5 ANS

IL Y A 10 ANS

C'ÉTAIT DANS MH


COUP D’ŒIL DANS LE RÉTRO HISTOIRE GÉOLOGIQUE

Julien Perrot

Mayotte Hebdo n°443, vendredi 18 septembre 2009.

IL Y A 12 000 ANS, MAYOTTE ÉTAIT CINQ FOIS PLUS GRANDE À l'échelle de l'histoire géologique, Mayotte, même si elle est la plus ancienne de l'archipel des Comores, est une île très jeune : elle est en fait la réunion de deux édifices volcaniques qui ont commencé à se former il y a 15 millions d'années, pour émerger il y a seulement 9 millions d'années. La construction de l'île s'est achevée il y a 1,5 million d'années par les derniers apports du volcan du M'tsapéré. Il y a 100 000 ans, un volcanisme plus récent marquera la création des dépressions de Cavani, Kawéni et Petite Terre, avec des éruptions jusqu'à - 6 000 bp (before present). Depuis, l'île est soumise à l'érosion due aux aléas climatiques. Aujourd'hui, le relief est donc quasiment le même qu'il y a 100 000 ans, à une exception près : entre -80 000 et -12 000 bp, l'île était 5 fois plus grande, à cause de la grande glaciation de Würm qui a provoqué une baisse du niveau de la mer de 120 mètres ! "Le paysage actuel de Mayotte date d'il y a 3 000 ans seulement". Arnauld Malard, hydrogéologue au BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) de Mayotte a rassemblé divers travaux publiés dans des revues spécialisées, notamment les articles de l’océanographe Bernard Thomassin, pour étudier l'ère quaternaire de l'île, qui s'étend de -1,9 million d'années à aujourd'hui. Pour comprendre comment l'île s'est formée, il faut d'abord en étudier les profondeurs. "Mayotte est comme un iceberg : l'île ne représente en fait que 1 à 3% de toute la masse du cône volcanique, qui descend jusqu'à 3 400 mètres en dessous du niveau de la mer." Il y a 1,5 million d'années, les apports de matériaux issus de l'activité volcanique ont fini par ne plus compenser la "subsidence", un phénomène naturel qui absorbe tous les déficits et les excédents de matières, la croûte terrestre équilibrant les pressions. "Quand l'édifice n'accumule plus de matériaux, il a tendance à s'enfoncer", résume Arnauld Malard. Tandis que l'île commence à s'enfoncer, le récif frangeant continue de se développer : les coraux étant attirés par la lumière, ils vont petit à petit former une barrière récifale, rendant les pentes du volcan de plus en plus abruptes. C'est ainsi qu'apparaît un lagon. À terme, l'île finit par être engloutie sous la mer et il ne reste plus que la barrière : c'est ce qu'on appelle un atoll, le stade final des îles volcaniques. "Le niveau de la mer change en fonction des glaciations" "Depuis un million d'années, le lagon et Mayotte s'enfoncent de 2 mètres tous les 10 000 ans, ce qui est assez faible. La barrière actuelle montre le contour de l'île à l'époque où il y avait une émersion maximale", explique Arnauld Mallard. On peut donc dire que l'île d'aujourd'hui est la même qu'il y a un million d'années, sauf qu'elle était moins érodée, plus émergée et donc plus haute de 200 mètres. "Mais le niveau de la mer change en fonction des glaciations", rappelle le scientifique. Les glaciations sont des phénomènes cycliques naturels "conditionnés à 80% par des changements climatiques provoqués par des modifications orbitales". Il y a trois facteurs astronomiques qui expliquent les glaciations : la "précession axiale", la variation de l'axe de rotation de la terre qui décrit un cône en 10 000 ans, modulé par la lune ; "l'obliquité", la variation de l'angle de rotation de la terre qui s'ouvre et se ferme en 41 000 ans ; et

"l'excentricité", la variation de l'orbite terrestre, avec un cycle de rapprochement et d'éloignement du soleil de 100 000 et 400 000 ans. Un quatrième facteur, le rayonnement solaire, ne semble en revanche pas suivre de cycle déterminé. L'ère quaternaire est ainsi composée d'une succession de périodes glaciaires et interglaciaires, appelées Gunz, Mindel, Riss et Würm, du nom des affluents du Danube où ces glaciations alpines ont été découvertes. En 1996, un forage à plus de 3 000 mètres de profondeur dans le lac gelé de Vostok en Antarctique a permis d'extraire une carotte glaciaire dont l'étude a révélé le climat passé sur une période remontant à 420 000 ans. Les rivières se jetaient dans la mer sur des cascades de 60 mètres La dernière période interglaciaire s'appelle l'Eemien (du nom de la rivière Eem aux Pays- Bas), et s'étend de -131 000 à -114 000 bp (before present) : les températures à l'époque avoisinaient celles d'aujourd'hui. Puis commence la glaciation de Würm, la dernière qu'a connue notre planète et qui ne s'achèvera que vers -10 000 bp. De -80 000 jusqu'au pic de glaciation atteint vers -18 000 bp, les températures chutent et des calottes glaciaires apparaissent sur tout le Nord de l'Europe et tout le Canada. Il y a 18 000 ans, le niveau de la mer a chuté de plus de 120 mètres par rapport à son niveau actuel. De nouvelles terres apparaissent, comme la Béringie entre la Sibérie et l'Alaska (qui explique le peuplement de l'Homme en Amérique) ou le Sahul, un continent formé de l'Australie, de la Nouvelle Guinée et de la Tasmanie. La France et la Grande-Bretagne sont alors reliées par un cordon terrestre, tout comme l'Indonésie et les Philippines ou le Japon et la Corée. Mayotte n'a bien sûr pas échappée à ce phénomène, ce qui explique qu'elle était 5 fois plus étendue qu'aujourd'hui : le lagon, situé à environ 60 mètres de profondeur maximum, était entièrement à découvert et l'île mesurait 1 800 km², contre 374 km² actuellement. Les falaises abruptes formées par l'amoncellement vertical des coraux faisaient de Mayotte une sorte de forteresse dont les eaux s'échappaient en se jetant dans la mer du haut de cascades qui pouvaient potentiellement atteindre 60 mètres !

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40 000 ans sans coraux Complètement "exondé" pendant la glaciation de Würm, le lagon s'est peu à peu végétalisé, jusqu'à devenir une savane herbacée, au milieu de coraux morts. Comme il faisait plus froid et plus sec à cause des alizés sudpolaires, il y avait d'autres espèces végétales, comme des fougères (analogues à celles du Mont Choungui d'aujourd'hui) et des forêts d'euphorbes et de petits conifères. Les plages se sont tassées, et les cours d'eau beaucoup plus puissants ont entraîné une érosion très rapide, créant la célèbre Passe en S à l'Est et les passes Sada et Bateau à l'Ouest. Quand il n'y avait pas de passe, les cours d'eau creusaient des grottes pour se jeter dans la mer, comme en témoigne "la Cheminée", un site de plongée au Nord de la Passe en S. Durant cette période qui s'étale de -50 000 à -10 000 bp, tous les coraux qui colonisaient le lagon sont morts. Le niveau des océans remonte depuis -18 000 bp, mais le lagon n'a commencé à se remplir que vers -12 000 bp, de manière très progressive mais irrégulière, de quelques millimètres à 2 centimètres par an selon les périodes, ce qui est très rapide. Vers -10 600 bp, l'eau de mer s'infiltre dans les endroits les plus profonds du lagon, au banc de l'Iris et à la sortie de la baie de Bouéni et forment ce qu'on appelle des "rias" ou petites mers intérieures. Il y a 10 000 ans, Mayotte est constituée d'une multitude d'îles, et on peut

encore aller à l'îlot de M'tsamboro à pied. En -9.000 bp, nous sommes à 22 mètres en dessous du niveau actuel de la mer : on peut toujours aller en Petite Terre à pied et faire le tour de l'île sur la barrière. Il y a 9 000 ans, on pouvait aller de Mamoudzou à Petite Terre à pied Il y a 7 000 ans, Grande Terre et Petite Terre ne sont plus reliées. En -6 000 bp, il n'y a plus que 5 mètres de moins. Les derniers évènements volcaniques de Petite Terre, dont on observe les traces dans les maars de Moya, datent de cette période. Les coraux - qui avaient disparus recolonisent le lagon au niveau de la barrière récifale, mais aussi au niveau du récif frangeant au gré de la remontée. La mangrove également se déplace en fonction de la montée des eaux. "Aujourd'hui, on retrouve quasiment les mêmes traits de côtes qu'à l'époque interglaciaire de l'Eemien", précise Arnauld Malard. La seule différence, c'est l'érosion du lagon, qui est beaucoup moins plat et plus entaillé qu'avant la glaciation de Würm, à cause de l'érosion provoquée par la pluie, le vent et les cours d'eau. Mayotte telle qu'on la connaît aujourd'hui, avec ses passes, ses coraux et ses mangroves, n'a en fait que 3 000 ans, le début de l'âge de fer en Europe.

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TCHAKS

LA PHRASE

L'ACTION LE CHIFFRE 3 C'est le nombre d'engins neufs reçus lundi 16 par le chef de la caserne des pompiers de Kawéni. Un véhicule de secours et d’assistance aux victimes, un véhicule léger et un camion-citerne feux de forêt sont venus rajeunir et renforcer les moyens de cette unité opérationnelle. La cérémonie de remise des clés a été présidée par le conseiller départemental Ali Debré Combo.

World Clean Up Day : à Mayotte aussi À l’occasion du World Clean Up Day qui aura lieu le samedi 21 septembre, l’école Horizon s’associe à la démarche mondiale de ramassage des déchets en s’attaquant à ceux de Tsingoni. "Il nous semble important de s’associer à la démarche mondiale de nettoyage et d’attirer l’attention sur nos manières de consommer et sur les déchets que nous engendrons, afin de développer des réflexes quotidiens de tri et de recyclage des déchets, et plus largement de préservation de notre environnement et de notre planète", fait valoir l’association qui a fait appel à Yes we can nette pour obtenir le matériel nécessaire à l’opération. Pour participer, rendez-vous samedi à 9h15 au stade de Tsingoni.

"Le dossier qui me préoccupe le plus en ce moment, c’est le dossier de la néonatalogie, l’un des services les plus saturés et le plus difficile de l’hôpital." Dominique Voynet, la future préfiguratrice de l'Agence régionale de santé (ARS) de Mayotte confie ses préoccupations concernant le service de néonatologie du CHM. "Il faut s’organiser pour mieux gérer les flux [migratoires], pour décider qui prendre en priorité (...), mais dire aussi ce qui doit être traité aux Comores", a-t-elle martelé lors d'une rencontre avec la presse, rappelant que la France a mobilisé 44 millions d’euros sur trois ans pour améliorer le système de santé aux Comores.

LA PHOTO DE LA SEMAINE Photo de la semaine Les cocos ont leur miss La Fédération mahoraise des associations des personnes âgées et des retraités (Fémapar) et le salon de coiffure May Salon ont relancé samedi 14 à la MJC de Mgombani l’élection de Miss Koko, un concours interrompu quelques années et qui met en lumière nos mamies mahoraises. Une soirée qui fût un succès et qui a permis d'élire Miss Koko 2019 : Assidjati Boina Bounou, de Chirongui. Bravo à elle.

AÉRIEN Air Mayotte : bientôt dans le ciel de l'île aux parfums

Ça y est, le nom de la future compagnie aérienne mahoraise qui effectuera des liaisons entre Mayotte et La Réunion est connu : cela sera tout simplement Air Mayotte. Issue d'un partenariat entre AB Travel & Tour SAS, à l'initiative du projet, et Air Mediterranean, elle devrait assurer dès l'horizon 2020 sept vols par semaine vers Saint-Denis.

PROVERBE Bora nusu ya hasara raha na hasara ndzima. Il vaut mieux une demi-perte qu'une perte totale.

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LE FLOP LE TOP Un cinéma à Mayotte ?

Les amateurs du septième art vont être ravis : un complexe cinématographique pourrait ouvrir ses portes à Mayotte en mars 2021. À l'origine du projet : le réalisateur d'origine congolaise, Camille Mouyeke. Dénommée Simone Signoret, le complexe de 853 places proposerait cinq salles sur une superficie de 4 000 m2, ainsi qu'un café-brasserie et un restaurant. L'homme détaille : "La construction de ce complexe va apporter un nouveau regard sur le territoire. C’est très important que des gens qui ont envie de voir des films puissent avoir cette possibilité. Cela va permettre aussi de décrocher les jeunes de leurs téléphones. On va pouvoir leur offrir un nouveau mode de divertissement. Les Mahorais et les expatriés doivent pouvoir avoir l’opportunité d’amener leurs enfants au cinéma, et non pas seulement au supermarché. Au fil des discussions, tout le monde me dit vouloir un cinéma comme en métropole, avec un bon fauteuil, un grand écran, un bon son et surtout la possibilité de voir de grands films qui ne sont pas vus ici, à Mayotte."

ILS FONT L'ACTU Thani Mohamed Soilihi

Le sénateur a reçu au Sénat, mardi 17, la visite du vice-recteur de Mayotte, Gilles Halbout. "Nous avons échangé sur l’actualité de l’île, les projets en cours et les perspectives d’avenir. De nombreux sujets ont été abordés, notamment la concrétisation du rectorat de plein exercice, la formation des enseignants, les constructions scolaires, la sécurité au sein de nos établissements scolaires, ou encore l’évolution du centre universitaire", peut-on lire sur sa page Facebook.

Les Seychelles dans la ZEE française

Alors que la filière pêche mahoraise est en pleine structuration (voir Mayotte Hebdo n°898), les accords dont bénéficient les Seychelles pour pêcher dans la zone économique exclusive française de Mayotte pourraient être renouvelés. De quoi susciter l'énervement chez les professionnels. Ainsi, Régis Masséaux, patron de la pêcherie Cap'tain Alandor, s'indigne : "On n’a pas le droit d’accepter que la France et l’Union européenne négocient dans notre dos des accords de pêche avec les Seychelles alors même que nous sommes en pleine structuration de la filière. (…) [Les] thons, ils viennent du large, ils ne descendent pas du Choungui. Si on laisse entrer les thoniers seychellois, qui sont de véritables usines, dans la zone économique exclusive à proximité de nos DCP, on n’aura plus rien à pêcher ! (…) Aujourd’hui, avec mes thoniers à taille humaine, je suis en dessous des seuils de rentabilité, comment voulez-vous que l’on dise à tous les pêcheurs d’aller à 20 milles alors qu’ils se font piquer le poisson quatre milles plus loin ?" Il est vrai que la logique de cette démarche échappera à beaucoup.

Moyengué Echati Maoulida

Une des dernières Chatouilleuses de Mayotte nous a quitté en début de semaine. "Combattante pour Mayotte française, mobilisant les unes et les autres pour défendre notre île et construire notre département, Moyengué portait en elle l’amour de notre terre et de ses traditions. Elle donnait sa voix et son énergie au Maoulida Shengue dont elle devenue l’une des grands foundi : la spiritualité, la musique et l’âme de Mayotte vibraient en elle d’une force hors du commun", a notamment tenu à lui rendre hommage le Collectif de Mayotte en lancant également un appel aux institutions : "Alors que la génération des bâtisseurs de notre île vieillit et disparaît peu à peu, nous appelons le Conseil Départemental et la Préfecture à déployer en urgence les moyens nécessaires pour aller à la rencontre de nos Anciens, recueillir leurs paroles et enregistrer leurs témoignages pour que notre Histoire et leur sagesse soient transmises aux générations futures."

SANTÉ

ÉCO

La dengue toujours présente à Mayotte

Des rencontres pour les cadres et entrepreneurs mahorais de métropole

La circulation du virus de la dengue se poursuit à Mayotte, malgré la diminution du nombre de cas observée depuis plusieurs jours. Du 2 septembre au 15 septembre, sept nouveaux cas de dengue ont été signalés à l’ARS Océan indien. Pour limiter le risque épidémique au retour de la saison des pluies, la mobilisation des acteurs et de la population est indispensable. Les gestes de prévention (…) contribuent activement à limiter la diffusion de la maladie : éliminer les récipients en eau autour de son habitation, se protéger des piqûres de moustiques et consulter son médecin en cas d’apparition de symptômes de la maladie.

Le réseau des cadres et des entrepreneurs mahorais de métropole organise ses premières rencontres, le 28 septembre, à 10 heures, à Paris. Objectif : "permettre aux adhérents de bénéficier d’une information ciblée et d’initier des échanges professionnels tout en créant des synergies fortes, durables et de confiance", fait savoir la Délégation de Mayotte à Paris qui animera les échanges.

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MAYOTTE ET MOI

Grégoire Mérot

MARC DEMOULIN

DIT "MARCO"

CONTRE VENTS ET MARÉES LA CINQUANTAINE, MARCO A ATTERRI À MAYOTTE POUR JOUER LE RÔLE DE PÈRE MAIS CONTINUE À RÊVER COMME UN GOSSE. L’AVENTURE, QUI A TOUJOURS GUIDÉ SA VIE, LE TENTE COMME UN PETIT DIABLE SUR L’ÉPAULE. EN ATTENDANT DE CÉDER À SES VOIX, LE CAPITAINE SE VEUT UN OPÉRATEUR RESPONSABLE DU LAGON AVEC SA SOCIÉTÉ CETAMAYOTTE. IL EST L’UN DES PIONNIERS DE LA DÉMARCHE HIGH QUALITY WHALE WATCHING MENÉE EN PARTENARIAT AVEC LE PARC NATUREL MARIN. Cheveux brossés par le vent, les yeux éclaircis par le soleil et la peau burinée par l’iode, Marco est à l’évidence un homme de mer. Mais si les océans l’ont porté aux quatre coins du monde, le jeune Marc voyage d’abord sur des pages blanches qu’il écume, crayon à la main. "Avant même que je découvre la mer, mes parents m’ont raconté que je ne faisais que dessiner des bateaux", explique Marco, comme on l’appelle dorénavant. Au fil de ses jeunes années, son talent s’aiguise pour s’exposer dans une galerie Montreuilloise. À contrecourant, toujours, l’artiste ne s’engage pourtant pas dans cette voie. Pour la première et dernière fois, il choisit le confort et devient frigoriste. Sa femme, elle, travaille alors pour une compagnie aérienne. "Nous gagnions très bien notre vie, mais j’ai senti que ma vie était ailleurs. Alors un soir, je suis rentré du boulot et j’ai proposé à ma femme de partir à l’aventure. Elle m’a dit oui", se souvient Marco, avec ses accents de titi parisien que le soleil n’a pas brulés. De frigoriste, Marc Demoulin se métamorphose en baroudeur. Et met cap sur l’Afrique. Il y devient, entre autres, gérant de parc safari, chargé de la lutte antibraconnage dans plusieurs pays. "C’était chaud", souritil. En 1989, il est missionné par l’Unesco pour aller à la rencontre des pygmées de Centrafrique. Il est pour certaines tribus le premier homme blanc qu’elles rencontrent. L’aventurier peint alors des gravures et vend ses photos aux plus grandes agences. Puis s’envole, à nouveau. Il devient pilote de montgolfière pour une société américaine dans la Loire. Avant de fuir cette accalmie confortable. On est en 1990 quand Marco atterri en Sierra-Leone, "juste avant que ça pète". C’est là qu’il rencontre son second amour : la mer. "J’ai commencé le bateau là-bas, en tant que skipper, puis en 1993 je suis allé à l’école de la marine pour passer mon brevet de capitaine", expliquet-il. Une nouvelle vie s’ouvre à lui. Le marin vogue sur toutes les mers pendant plus de 10 ans. Et gagne

principalement sa croûte à force de convoyages plus ou moins risqués.

"MA DERNIÈRE GRANDE AVENTURE" "Et puis en 2009 j’ai atterri à Mada, c’est un peu ma dernière grande aventure", lance le baroudeur qui a trouvé là une terre d’adoption. "J’ai tout de suite senti que c’était chez moi", poursuit celui qui promet de retourner vivre "dans le dernier grand far-west". Il va d’abord attendre que sa fille d’une seconde femme, née là-bas, grandisse tranquillement à Mayotte. Il s’est d’ailleurs battu pendant trois ans pour que sa femme et son enfant puisse venir le rejoindre sur l’île au Lagon. Pour Marco et son premier fils de 25 ans maintenant, l’arrivée dans le 101ème département s’est faite plus brusquement. Alors établi à Nosy bé et vivant du whale-watching – les sorties d’observation des baleines, le marin accepte de faire un convoyage pour un ami, même si le bateau ne lui inspirait guère confiance. Résultat, "on a pris une grosse branlée en mer rouge, désolé du terme, et on a fait naufrage. Heureusement, on avait un téléphone satellite et on a pu appeler les secours", raconte Marco, hilare avec sa cigarette au bec. En lien avec l’ambassade de France, les services saoudiens prennent les deux naufragés en charge pour les déposer en territoire français. "J’ai choisi Mayotte parce que c’était le plus proche de chez moi", se souvient celui ne pensait pas s’établir dans le 101ème département. Il l’a pourtant fait, malgré des débuts difficiles. "Je suis arrivé le 19 novembre 2015, on ne peut pas oublier une date comme celle-là. On a débarqué en slip de l’hélico, sans rien", s’amuse encore le capitaine. Depuis, il tente de tempérer l’appel de l’aventure, en se faisant patriarche. "Avec l’âge, on se calme un peu et surtout, j’ai envie de mettre ma famille sur de bons piliers", lâche-t-il sobrement. Après "des jours sans manger", Marco parvient à faire son nid avec succès et rachète le bateau semi-rigide de Planète bleue, quand

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l’opérateur se met aux catamarans. Avec deux de ses amis du lagon, il suit la démarche High Quality Whale Watching", qui vient certifier d’une approche respectueuse des mammifères marins. "J’avais déjà cette éducation car à Madagascar, ça se passe comme cela depuis un bout de temps et puis, de toute façon, je ne supporte pas de voir ce que font certains qui prennent le lagon pour une foire." Un bon filon aussi, comme il le reconnaît : "c’est le sens des temps, 95% de la clientèle de Cetamayotte vient pour cette démarche attestée par le label". Une vision qu’il porte, même si son regard se tourne toujours vers Madagascar où "tout est plus vrai, plus intense qu’ailleurs". Une terre à son image.

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MAYOTTE ET MOI

MARC DEMOULIN

MON ENDROIT FAVORI

Il y en a tellement ! En général, j’aime emmener les clients là où les autres opérateurs ne vont pas. Il reste encore des lieux paradisiaques où l’on se sent seul au monde, par exemple du côté de M’Tsamboro. Mais je ne serai pas plus précis, justement pour préserver ce caractère unique. Ce sont mes petits coins à moi.

MON MEILLEUR SOUVENIR À MAYOTTE Là, il n’y aucun doute, c’est quand ma femme et ma fille ont enfin pu me rejoindre depuis Madagascar après trois ans d’attente pour obtenir les visas. C’était très long et ma fille grandissait sans que je puisse être à ses côtés. Alors quand elles ont débarqué, c’était un grand soulagement. Aujourd’hui ma femme travaille avec moi, c’est elle qui fait la cuisine que les clients dégustent lors des sorties en mer. En général, tout le monde se régale et moi le premier.

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MA BONNE IDÉE POUR MAYOTTE Supprimer les visas. Il y a du travail pour tout le monde et je pense que ça résoudrait largement les problèmes de violence sur l’île. Tout le monde dit : "Avant il n’y avait pas cette délinquance", je réponds qu’il n’y avait pas non plus de problème pour circuler entre les îles. Résultat, les relations étaient apaisées. Je ne pense de toute façon pas que l’on puisse empêcher cette circulation, alors il faut trouver d’autres solutions. Pour en revenir à ce que je fais, je dirais que la bonne idée serait d’empêcher tout prix l’installation d’un tourisme de masse. Cela tuerait l’île. Il faut un tourisme responsable, durable, et qui s’inscrive dans un cercle vertueux de préservation de l’environnement. Quand on voit la situation écologique actuelle, le tourisme de masse ne peut que conduire à la catastrophe.

MA PHOTO MARQUANTE "Cette photo date de 1989, alors que j'étais missionné par l'Unesco pour aller à la rencontre des Pygmées de Centrafrique. Il s'agissait d'une étude dans le cadre des origines du Sida. J'ai atterri dans un village où jamais un homme blanc n'avait pénétré. C'est une des plus grandes expériences que j'ai vécues dans ma vie de baroudeur, et pourtant, il y en a eu !"

MON ŒUVRE PRÉFÉRÉE Coucher de soleil sur le port, de Turner. Dans ma jeunesse, j’étais artiste peintre et j’exposais à Montreuil. J’ai toujours considéré Turner comme le meilleur peintre du monde. Quand j’étais enfant, avant même de découvrir la mer, je dessinais des bateaux. Alors quand j’ai vu ce tableau de mes yeux au Louvre, j’ai été transporté. Je me suis dit que c’était un appel.

BIENTÔT UN BATEAU À LA BOISSONNERIE A bord de son semi-rigide d'une douzaine de places, Marco embarque les amoureux de la nature pour aller observer les mammifères marins, dans une démarche des plus respectueuses des animaux comme le certifie son label High quality whale watching et son engagement dans la charte du Parc naturel marin. Le capitaine en profite pour donner un aperçu de ses petits paradis secrets, où il organise les haltes du midi. L'occasion, durant cette pause, de goûter aux cocktails (pina Colada, marquisette...) fait par ses soins et de savourer la cuisine concoctée par sa femme. Tout est (délicieusement) fait maison. Renseignements et réservation auprès de Cetamayotte au 06.39.01.47.11

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LE DOSSIER

EAU HÉ !

COMMENT EST PRODU ET GÉRÉE L'EAU À MAY 14•

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On la consomme tous les jours, et même plusieurs fois par jour, sans se demander comment cette ressource indispensable à la vie arrive jusqu'à nos robinets. Pourtant, lorsque ce n'est plus le cas, on se rend rapidement compte des dangers et problèmes qui en découlent. L'eau, c'est sans doute notre bien le plus sacré : la pénurie de 2016 nous a d'ailleurs brutalement rappelé l'importance de veiller à sa préservation, mais aussi les lacunes que Mayotte subit en matière d'adduction. Cette semaine, Mayotte Hebdo a choisi de s'intéresser en profondeur à cette eau dont nous avons tant besoin. Comment est-elle puisée ou récupérée ? Comment estelle traitée ? Comment est-elle surveillée ? Et comment est-elle distribuée ? Plongez donc avec nous dans le parcours de l'eau à Mayotte.

UITE YOTTE ? 15

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LE DOSSIER

Solène Peillard

ADDUCTION D'EAU

DES PROJETS DANS LES TUYAUX LA PÉNURIE D'EAU SURVENUE ENTRE 2016 ET 2017 A LAISSÉ DES TRACES. MAIS ALORS QUE LE PLAN D'URGENCE PRÉVU EN RÉACTION PAR LE GOUVERNEMENT TOUCHE À SA FIN, L'HEURE EST VENUE DE PRÉPARER L'AVENIR. D'ICI LA FIN DE L'ANNÉE, LES GRANDS CHANTIERS CONCERNANT LA GESTION DE LA RESSOURCE SERONT ENFIN CONNUS. PARMI EUX, LA TROISIÈME RETENUE COLLINAIRE PRÉVUE À OUROVÉNI EST ENCORE INCERTAINE.

Le projet est vieux de dix ans. Pourtant, il dort toujours au fond des cartons. Déjà en 2009, le Bureau de recherche géologique et minière (BRGM) évoquait la nécessité d'ériger une troisième retenue collinaire à Ourovéni, afin de sécuriser l'approvisionnement en eau potable notamment au sud de l'île. Finalement en 2017, après de longues années de galère, le Syndicat intercommunal d'eau et d'assainissement de Mayotte (Sieam), soulagé, célébrait le débloquement du foncier pour une superficie de 15 hectares. Enfin, la date de livraison du chantier est annoncée : l'ouvrage verra le jour courant 2020. Dans le même temps, l'État acte un plan d'urgence exceptionnel pour lutter contre la pénurie d'eau potable, qui sévit alors depuis des mois. Plusieurs dizaines de millions d'euros de fonds publics sont

alloués au territoire afin d'endiguer une crise qui prive une partie des Mahorais d'accès à l'eau courante. "Ça a tout bouleversé", admet Stéphane Le Goaster, directeur adjoint de la Direction de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Deal). "C'est arrivé très vite et ça nous a laissé peu de temps pour nous retourner". Dans l'urgence, plusieurs pistes sont élaborées, d'autres chantiers sont décidés : de nouvelles campagnes de forages et de captages en rivière, l'extension de l'usine de dessalement de Petite-Terre – la seule du 101ème département –, mais aussi la réhausse d'un mètre de la digue de la retenue collinaire de Combani, qui devrait s'achever dans les prochains mois et qui permettra d'augmenter sa capacité de stockage de 250 000 m3, soit 25 jours de traitement supplémentaires.

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La capacité de stockage de la retenue collinaire de Combani va être augmentée de 250 000 mètres cubes.

PRÉPARER L'APRÈS 2017 "Tout ça fait que le projet d'Ourovéni est devenu un peu moins pertinent", commente Stéphane Le Goaster. D'autant plus que le site aurait dû être relié à l'usine de potabilisation du même nom, alors que celle-ci tourne déjà au maximum de ses capacités, soit 10 000 m3 traités quotidiennement. Autre problème : le bassin versant qui aurait dû approvisionner la troisième retenue est déjà affecté au remplissage du site de Combani. Alors non, le projet d'Ourovéni n'est pas abandonné, mais plutôt actualisé. "Une troisième retenue, pourquoi pas, mais pourquoi pas aussi en faire d'autres plus petites", envisage la Deal. Une manœuvre qui serait à la fois moins coûteuse, plus pratique à construire, à exploiter, à entretenir, et qui, surtout, pourrait être effective plus rapidement. Et les prochains moins s'annoncent cruciaux, les études de faisabilité encore en cours devant permettre de commander les travaux "d'ici la fin de l'année", selon les services de l'État.

Mais avec une croissance démographique moyenne de 4 % par an, le besoin de trouver des ressources suffisantes devient particulièrement pressant, et les futures retenues, quelles qu'elles soient, ne seront à elles seules pas suffisantes. Ainsi, le dessalement constitue lui aussi une piste sérieuse. Actuellement, ce procédé ne représente que 5 à 10 % de l'approvisionnement en eau à l'échelle locale, alors que, contrairement au forage ou au captage, il assure une exploitation illimitée dans le temps. Seul obstacle : le coût. Car si l'installation peut bénéficier de subventions, l'entretien, lui, coûte quatre à cinq fois le prix de l'eau issue des retenues ou des forages. Pour autant, la piste d'une nouvelle installation en Grande-Terre n'est ni exclus, ni actée, et là encore, le schéma directeur qui devrait être dévoilé d'ici la fin de l'année permettra de régler la question. Des structures équipées de panneaux photovoltaïques, donc plus économes, sont toutefois envisagées. Dans les dossiers et les tuyaux également, l'extension, voire la création d'usines de potabilisation, dont

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LE DOSSIER

L'usine de dessalement de Petite-Terre traite 5 à 10 % de l'eau de consommation de Mayotte.

la capacité de traitement, aujourd'hui pleine, constitue un facteur limitant. Une possible aubaine pour Petite-Terre où aucune structure du genre n'existe à ce jour, renforçant sa dépendance à sa grande voisine insulaire. Évidemment, le sujet des forages n'est pas non plus en reste, mais il est, lui, un peu plus délicat. Si une nouvelle campagne d'extraction est prévu pour l'année prochaine, "le fonctionnement des nappes phréatiques n'est pas encore très connu à Mayotte", reconnaît le directeur adjoint de la Deal. Par exemple, les seuils de déclenchement, permettant de savoir à partir de quand les ressources sousterraines s'épuisent, ne sont à ce jour pas mis en place, en dépit du suivi mensuel opéré par la cellule de veille hydrologique.

D'autant plus que ces réserves ont été considérablement sollicitées dans le cadre du plan d'urgence. Et le phénomène d'érosion s'accentuant, les stocks pourraient bien menacer de s'épuiser de plus en plus vite, car avec la dégradation des sols, l'eau des rivières rejoint plus rapidement l'océan.

MIEUX ARMÉ CONTRE LA PÉNURIE "On n'est jamais à l'abri d'une nouvelle pénurie", reconnaît la Deal. "Mais cette année, on part d'une bonne situation". Et pour cause : après le dernier kashkazi (saison des pluies, NDLR), les réserves locales étaient pleines voire débordantes, et l'assèchement actuel des rivières n'est pas plus prononcé que d'habitude en cette

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période d'intersaison. Mieux, selon Météo-France, les prévisions sont bonnes pour les prochains mois. Autrement dit, le département ne devrait pas manquer d'eau. "La saison sera normale, moyenne", assure encore Stéphane Le Goaster. Depuis le dernier épisode de pénurie, un comité de suivi de la ressource en eau se réunit régulièrement sous l'égide de la préfecture. Distributeur, prévisionnistes, pompiers, personnels de l'agence régionale de santé et services de l'État se réunissent ainsi régulièrement afin d'étudier l'éventualité d'une nouvelle menace, et les dispositifs à déployer. Contrairement aux années passés, des fonds publics sont déjà prévus pour les équipements dédiés à l'eau potable et à son assainissement, comme annoncé dans le cadre du plan gouvernemental d'action pour l'avenir de Mayotte. Poids de l'enveloppe : 140 millions d'euros pour la seule période 2018-2020. Si la plupart des chantiers seront commandés dans les prochains mois, un autre est déjà en train de se finir. Entre les deux retenues collinaires de Dzoumogné et Combani, situées de part et d'autre de l'installation de potabilisation d'Ourovéni – la plus grande de l'île avec celle de Bouyouni – un nouveau réseau de canalisation est en train d'être installé. Ce système permettra de connecter les deux bassins, sans passer par l'usine, de quoi favoriser le transfert d'eau entre elles, au cas où l'une se remplisse plus vite que l'autre. "Ce n'est plus qu'une question de jours !", se réjouit la Deal, qui souligne également que, depuis la naissance de l'essaim de séismes, aucune des deux unités ne présente de signe d'usure précoce. n

LES BALBUTIEMENTS DE LA RÉCUPÉRATION À Mayotte, la récupération des eaux à l'échelle industrielle n'a pas encore été déployée, notamment pour des raisons d'assainissement et de potabilité. Mais au sein de la Direction de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Deal), plusieurs initiatives émergent à petite échelle. Ainsi, les eaux des climatiseurs du siège de M'tsapéré sont récupérées pour servir au nettoyage des véhicules. Dans le parc matériel installé à Kawéni, les écoulements de la toiture sont, dans le même but, centralisés dans une cuve de plusieurs milliers de mètres cubes. Autant d'initiatives qui ont germé après la pénurie de 2017, et son bataillon d'arrêts restrictifs, visant notamment les entreprises du BTP. Ces dernières ont été interdites d'utiliser le réseau public pour les activités, les obligeant à envisager des alternatives comme des récupérateurs d'eaux de pluie, ou des forages personnels. Des efforts qui ne sont pas encore généralisés du côté des collectivités.

PLANTER PLUS D'ARBRES, POUR AVOIR PLUS D'EAU Et si les forêts augmentaient nos ressources en eau ? Cent hectares reboisés en une année permettraient à eux seuls d'apporter 500 000 m3 d'eau supplémentaires dans les rivières et nappes phréatiques, selon l'office national des forêts (ONF). "Même si on en récupère que la moitié, c'est à peu près ce qu'il faut pour compenser la hausse de la population, soit le volume d'un forage", juge le directeur adjoint de la Deal. Une solution qui, dans les faits, serait tout à fait applicable au territoire, où la culture sur brûlis fait reculer les espaces forestiers chaque jour, tout en érodant un peu plus les sols, qui dès lors, captent moins d'eau sous-terraines. Propriétaire du sol mahorais à 40 %, le Conseil départemental est le principal acteur à pouvoir organiser une opération de cette envergure. Il y a deux ans, il votait une délibération à hauteur de plusieurs millions d'euros concernant le reboisement partiel du bassin versant de l'Ourovéni. Un premier pas, certes, mais qui demeure insuffisant. "Il y a un effet de temps, de constance", estime encore Stéphane Le Goaster, qui est également ancien ingénieur forestier. En effet, un tel processus impose d'abord un projet de pépinières à l'étude. Puis, une fois les cultures lancées, il faut encore attendre que les arbres poussent. Autrement dit, les résultats ne seraient pas immédiats, et ne seraient visibles qu'à condition que les surfaces reboisées ne soient pas brûlées illicitement. Mais le projet de création de réserves naturelles nationales à Mayotte, porté par la Deal sur des forêts jugées "sauvables" permettrait de débloquer des fonds supplémentaires versés par le ministère de l'Environnement. "Nous pourrions organiser un service de surveillance de la forêt", projette Stéphane Le Goaster. "Cela permettrait aussi de préserver des espèces indigènes qui n'existent qu'à Mayotte", et, en trame de fond, d'augmenter les ressources en bois, de recruter du personnel et par la même, de faire reculer l'envahissement des makis sur les territoires agricoles. Tout un écosystème potentiellement fleurissant, et pas seulement sur le plan environnemental.

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LE DOSSIER

Solène Peillard

QUALITÉ DE L'EAU

ÇA COULE DE SOURCE AU SEIN DU 101ÈME DÉPARTEMENT, L'INTÉGRALITÉ DE L'EAU DISTRIBUÉE AU ROBINET EST RIGOUREUSEMENT TRAITÉE ET CONTRÔLÉE, PARFOIS PLUS QU'AILLEURS. CHARGÉE DE RÉALISER DES ANALYSES INDÉPENDANTES EN CONTINU, L'AGENCE RÉGIONALE DE SANTÉ DÉSOSSE TOUTES LES RUMEURS QUI ENTOURENT, LOCALEMENT, LA QUALITÉ DE LA RESSOURCE. Les ari-ari ont souvent la peau dure. Trop trouble ou pas assez neutre en goût : à Mayotte, la qualité de l'eau de consommation est régulièrement remise en question par les usagers. Pourtant, 99 % des 559 prélèvements réalisés en 2018 par l'Agence régionale de santé (ARS) présentaient des résultats bactériologiques conformes à la règlementation nationale, à laquelle l'île est soumise depuis 2014. Mieux encore : alors qu'au sein d'autres territoires français, les épandages industriels et agricoles très nocifs polluent massivement les ressources naturelles en eau depuis des décennies, Mayotte, elle, échappe à ce phénomène. "Ici, les sols sont encore préservés et l'eau n'est pas contaminée", relève Christophe Riegel, responsable de la cellule eau d'alimentation au sein du service santé-environnement de l'ARS. "On n'est pas sur le même historique, ni sur les mêmes quantités qu'en métropole par exemple". Contrairement à la Guyane ou la Martinique notamment, où des concentrations élevées de pesticides infiltrent nappes phréatiques et eaux souterraines, "il n'y a pas, ici, ce type de molécules dans aucun de nos forages", commente encore l'ARS, n'excluant pas néanmoins que d'autres points non exploités puissent être contaminés, au moins ponctuellement. Déjà en 2017, des traces notamment de dimethoate – un pesticide localement utilisé sur les tomates et très règlementé en France du fait de sa toxicité – avaient été détectées sous-sol, mais dans la limite des seuils tolérés. Le cahier des charges des contrôles des eaux tient ainsi compte de plusieurs centaines d'autres molécules concernant les phytosanitaires, pour un total de 70 paramètres plus généraux – ou critères

normés – différents, comme le pH, le caractère salin ou la concentration en bicarbonate de calcium. "Ce qui nous intéresse le plus, ce sont les paramètres bactériologiques et physico-chimiques", développe Christophe Riegel. Autrement dit, des contaminations qui pourraient présenter, pour la première catégorie, des risques à court terme pour les consommateurs, dont des nausées ou diarrhées, et pour la seconde, des risques à moyen terme comme des problèmes de reins, d'intestins, de systèmes nerveux et même des cancers.

UN RISQUE MAÎTRISÉ Jusqu'à présent, "l'eau de Mayotte n'a jamais été directement incriminée", souligne l'ARS qui, localement, n'a encore jamais eu à ordonner une coupure du réseau pour danger sanitaire imminent. "Toutes les eaux prélevées ici passent par des traitements, ce qui n'est pas le cas partout, comme à La Réunion où au moins une petite moitié n'est pas contrôlée", poursuit Christophe Riegel, qui cite, sur l'île Intense, "un risque mal maîtrisé". Pour autant, et ce malgré la jeunesse du réseau local – installé il y a 20 à 30 ans contre 70 pour certains en métropole –, "on a toujours peur que la ressource se pollue", avoue l'ARS. En dehors du risque de contamination très ponctuelle par un déversement toxique au niveau d'un point de captage, le réchauffement climatique lui-même pourrait représenter une menace. Depuis quatre ans, des cyanobactéries, sorte de micro-algues capables de libérer des toxines dangereuses pour la santé, notamment le foie, le système nerveux, les yeux et d'autres organes, se multiplient dans les eaux stagnantes des retenues collinaires –

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qui alimentent à elles seules 20 % de l'approvisionnement de la ressource. Contre ce phénomène anthropique, observable à l'échelle mondiale et imputable au réchauffement des eaux, le choix a été fait, il y a deux ans, d'ajouter une étape de traitement à base de ferments actifs qui n'impacte pas la qualité de la ressource. "On adapte le processus quand c'est nécessaire", appuie Christophe Riegel, "même si ça représente des coûts en plus et d'autres produits à importer".

QUELLES PROCÉDURES ? À Mayotte comme dans tous les autres départements, l'eau de consommation fait l'objet de deux types de

contrôles. Le premier est assuré en permanence par l'exploitant, la Mahoraise des eaux (Smae), au titre d'autosurveillance. Le second, lui, est à la charge de l'ARS, dont les agents de terrain prélèvent chaque semaine des échantillons depuis la ressource avant de les envoyer en laboratoire, sur l'île ou en métropole. La fréquence de ces prélèvements est fixée par arrêté sur chaque territoire, selon son débit et sa population. "Ce double contrôle permet d'avoir un suivi indépendant", développe l'Agence régionale de santé. "L'exploitant est celui qui vend l'eau, il pourrait donc être juge et parti". Plus concrètement, l'île au lagon compte 14 points de distribution d'eau potable, sorte de réseaux de canalisation au sein desquels la qualité de l'eau, à la

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sortie de l'usine de traitement, est jugée homogène. "Mais puisqu'il y a toujours des risques de contaminations, on contrôle aussi à la sortie du réseau et à la distribution", précise encore Christophe Riegel. Lorsque les échantillons révèlent la présence d'une substance potentiellement dangereuse, "la première chose qu'on fait c'est d'analyser le risque", déroule l'ARS. Après un comparatif entre les résultats obtenus par l'Agence régionale de santé et ceux de l'exploitant, un deuxième contrôle est ordonné. Cette procédure vise à vérifier si le problème décelé s'étend sur tout le réseau et s'il est réellement dû à l'eau en elle-même, la contamination pouvant se faire lors du prélèvement de la ressource ou au moment des analyses, en laboratoire.

PRINCIPE DE PRÉCAUTION Si une anomalie est bel et bien décelée, une communication exceptionnelle est déployée sur la zone concernée afin d'alerter les riverains du risque encouru et des précautions à adopter. "À Mayotte, on n'est pas dans ces cas-là car il n'y a pas d'eau brute dans le réseau", tempère le responsable de la cellule eau d'alimentation au sein du service santé-environnement de l'ARS. En effet, chacun des 25 000 mètres cubes d'eau facturés chaque jour à Mayotte passe par un traitement rigoureux, ce qui n'est pas le cas partout. Le processus ici appliqué inclus d'abord un prétraitement des macrodéchets par dégrillage, puis, des coagulants et floculants sont ajoutés afin d'éliminer les petites particules polluantes, dite colloïdale.

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EN CAS DE COUPURE

Du charbon actif est à son tour additionné à l'eau pour en parfaire la purification, avant que la ressource ne passe par un filtre à sable qui permettra de retenir d'autres impuretés. Enfin, une petite quantité de chlore est injectée pour permettre la désinfection de l'eau. Une mécanique bien huilée qui permet, par exemple, d'éliminer toutes traces des détergents chimiques massivement employés par les lingères dans les rivières, qui représentent jusqu'à 50 % des points d'approvisionnement en saison des pluies. Mais la rigueur demeure toujours de mise lors de la distribution. En cas de casse d'un conduit sur le réseau ou d'une coupure d'eau, "on n'est pas à l'abri de l'intrusion d'une bactérie ou d'un polluant", explique l'ARS. D'où la recommandation de ne pas boire au robinet dans la demijournée qui suit une coupure. "Le principe de précaution prime toujours", conclut Christophe Riegel. Rien d'étonnant, puisque l'eau demeure l'aliment le plus contrôlé de France. n

Lors d'une coupure, les analyses de qualité se poursuivent continuellement. Toutefois, plusieurs précautions restent de mise au moment de la remise en eau afin de prévenir tout risque potentiel. - Laissez couler l'eau jusqu'à ce qu'elle soit claire ; - La demi-journée suivant la remise en eau, pour tout usage alimentaire, faite la bouillir à feu très fort pendant au moins cinq minutes puis laissez la refroidir avant consommation ou, si possible, privilégiez l'eau embouteillée ; - En cas d'énervements inhabituels, rendez-vous sur le site de l'Agence régionale de santé de l'océan Indien ou contactez la Smae au 0269 61 11 42, ou au 0269 61 14 55 en cas d'urgence uniquement.

ATTENTION AUX CONTENANTS Si l'eau distribuée à Mayotte est de bonne qualité, elle ne l'est plus forcément dès lors qu'elle n'est pas consommée dans les bonnes conditions. Ainsi, l'Agence régionale de santé préconise de ne jamais stocker la ressource dans des bouteilles et récipients qui ne sont pas propres ou désinfectés et qui ne ferment pas hermétiquement. Sans quoi les contenants pourraient contaminer l'eau et lui transmettre des bactéries qui lui feraient perdre sa potabilité.

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LE DOSSIER

G.V

DISTRIBUTION

LE DÉFI C'EST INDÉNIABLEMENT L'UN DES PLUS GROS CHANTIERS DE MAYOTTE, TOUS SECTEURS CONFONDUS : L'ADDUCTION D'EAU, OU L'ART DE L'AMENER DEPUIS SA SOURCE JUSQU'AU DOMICILE DU CONSOMMATEUR. UN VRAI DÉFI POUR LE SIEAM COMPTE TENU DES ÉNORMES LACUNES DU DÉPARTEMENT EN LA MATIÈRE.

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Le ratio a fait parler, au point de faire l'objet d'articles dans la presse nationale : "Un tiers des habitants de Mayotte n'a toujours pas l'eau courante", comme le titrait Le Monde le 29 août dernier. Un tiers, soit 81 000 personnes, 29% de la population de l'île, avec une proportion atteignant même 50% des ménages à Mamoudzou ou Koungou. Et si le phénomène est étroitement lié à la construction d'habitat en tôle, 12% des maisons "en dur" sont tout de même concernées par cette carence. En somme : la question de l'adduction – fait d'amener l'eau depuis sa source au robinet du consommateur – est prépondérante sur le territoire. Elle l'est d'autant plus que, en valeur brute, de plus en plus de ménages sont touchés. En effet, si, comme le soulignait le chef du service régional de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), Jamel Mekkaoui, notre département a connu entre 2007 et 2012 "une baisse spectaculaire de la part de ménages n'ayant pas accès à l'eau courante dans leur logement, passant de 55% à 30%", cette proportion stabilisée depuis 2012 ne permet pas de rendre compte de la hausse de la population qu'a connu l'île dans ce laps de temps. Et donc du nombre de logements, lui aussi en augmentation. Ainsi, au-delà du chiffre de 29%, déjà fort, il y a en réalité depuis 2012 "17% de plus de logements qui n'ont pas d'eau courante." C'est donc peu dire qu'il s'agit là d'un défi parmi les plus importants de la décennie pour Mayotte, mais aussi d'un enjeu social et sanitaire capital. Un exemple simple, toujours selon l'Insee et son enquête sur le logement présentée au mois d'août : le nombre de ménages s'approvisionnant en eau dans une rivière ou un ruisseau a augmenté de 37% depuis 2012. En d'autres chiffres : 1 600 ménages au total, dont 1 000 sur le seul ensemble Mamoudzou-Koungou-Dembéni ; et 7 300 habitants, dont 1 450 enfants de moins de cinq ans. "C'est un véritable enjeu de santé publique", s'inquiétait logiquement le responsable. Et c'est sans compter les autres conséquences de cette absence d'adduction. Car qui dit défaut d'eau courante, dit aussi absence du confort sanitaire de base : toilettes et douche en tête. Dont acte. Dans son document, Préparer le plan d'urgence eau Mayotte, paru en décembre 2017 et consécutif à l'épisode de pénurie d'eau endurée par Mayotte au début de cette même année, l'Agence française de développement (AFD) faisait un constat : "on note depuis déjà 10 ans un déséquilibre croissant entre

l'offre et la demande d'eau potable. La production de cette ressource est assurée à Mayotte à partir du dessalement de l’eau de mer (2%), des forages en profondeur (18 %), et de la récupération des eaux de pluie et de rivières (80 %), mais les infrastructures paraissent à la limite de leurs capacités. La ressource en eau demeure fragile."

LE SIEAM, LE SOLDAT AU FRONT DE L'ADDUCTION Acteur majeur dans le domaine, le Syndicat intercommunal d'eau et d'assainissement de Mayotte (Sieam) – ainsi que la Société mahoraise des eaux (Smae), son délégataire pour la distribution d'eau potable (voir encadré) – dispose de cette compétence au nom des 17 communes de l'île. À ce titre, l'organisme est maître d'ouvrage des principaux travaux relatifs à l'alimentation en eau potable : captages et réservoirs, canalisations, connexions, etc. En tout : un réseau de quelque 800 km de canalisations et une soixantaine de réservoirs alimentant en eau potable les agglomérations de Mayotte. Une lourde tâche, dure à assumer et qui fait l'objet de critiques. On se souvient notamment du rapport de la Cour des comptes de Mayotte qui, en juillet dernier, a recadré le syndicat sur sa gestion, estimant que "La trajectoire d’évolution des dépenses retenue par la chambre [proposée dans un précédent rapport, NDLR] n’[étant] pas respectée, le Sieam apparaît incapable de maîtriser ses dépenses." Un point très problématique car, comme le souligne la Cour des Comptes, "En l’état actuel du fonctionnement du Sieam, la chambre souligne que la mise en oeuvre du contrat de progrès en matière d’assainissement apparaît inaccessible." Or, ledit contrat de progrès signé avec l'État, prévoit 140 millions d'euros de travaux, dont 67 millions destinés à l'adduction d'eau potable. Soixante-sept millions plus que nécessaires pour poursuivre le défi de l'adduction.

UN RÉSEAU À ENTRETENIR Et à ce vaste chantier, s'ajoute la nécessité d'entretenir le réseau déjà en place. Car, si la jeunesse du réseau d'adduction lui a permis d'atteindre, en 2012, un taux de rendement de 82,4% – un des plus élevés de France –, il a accusé une baisse de 3% entre 2012 et 2016. En d'autres mots ? Le réseau manque

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C'est le nombre de litres d'eau dont nous avons en moyenne besoin, chaque jour. Trois sont consacrés à l'hydratation et cinq pour l'hygiène et la cuisine.

d'entretien. "La chambre partage le constat établi par un cabinet privé, selon lequel cette dégradation soulève la question des moyens dédiés à la recherche des fuites, aux interventions préventives ou à la connaissance patrimoniale et au renouvellement des équipements", mentionne le rapport de la Cour. Si la responsabilité incombe, selon le Sieam, au délégataire, il n'en demeure pas moins que la perte de la ressource eau potable est réelle : "La perte de la ressource en eau potable, liée en particulier aux fuites existantes au niveau du réseau, est mesurée à l’aide de l’indice linéaire de volumes non comptés. (…) cet indicateur est en hausse de 13 % dans la période 2013-2016, passant de 7,01 à 7,94. Ce résultat peut être considéré comme médiocre au regard de la nature semiurbaine du réseau du syndicat." Autres points mis en exergue : les 56 bornes fontaines présentes sur le territoire, et dont "la persistance de l’existence (…) répond à un besoin certain, [mais qui] est aussi révélatrice d’un réseau inabouti et perfectible pour répondre aux besoins de la population" ; l'utilisation au-delà ou en deçà de leurs capacités de production d'ouvrages de forages ; ou encore de fortes disparités entre les réservoirs de stockage

d'eau sur le territoire : "Le Sieam dispose de 59 réservoirs de stockage d’eau représentant un volume de 27 990 m3 d’eau. Ce volume qui permet une autonomie d’environ 30 heures masque des disparités sur le territoire comme le signale le délégataire dans ses rapports ; 34 % des réservoirs de stockage dispose d’une autonomie inférieure à 7h." Bref : le réseau est à améliorer. La problématique de la distribution d'eau à Mayotte est donc une gageure. Mais une gageure à laquelle il faudra bien répondre, quoi qu'il en soit, et malgré les difficultés financières traversées par l'établissement. Dans son Analyse de la tarification de l'eau et de la récupération des coûts des services sur le bassin de Mayotte, daté de 2013, la Direction de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Deal), soulignait déjà "La capacité de production, d’environ 35 000 m3 d'eau par jour reste insuffisante par rapport aux besoins du territoire. (…) Du fait de l’inégale répartition de la ressource en eau sur l’île, les stations de production sont concentrées dans le nord du territoire. Des transferts d’eau vers le sud, pauvre en ressources et soumis à des étiages sévères, sont nécessaires." À l’horizon 2032, les besoins de Mayotte sont estimés à 44 000 m3 d’eau potable par jour. Il faudra non seulement augmenter la production d'eau, mais également mieux la répartir. n

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UN STANDARD À ANTICIPER En février 2017, en pleine pénurie d'eau, Mayotte Hebdo publiait dans son numéro 781 un article consacré aux projections climatiques à l'horizon 2070. Celles-ci étant toujours valables, nous en republions ici des extraits. Une saison sèche encore plus sèche, et une saison des pluies plus tardive et plus concentrée : si la situation que connait Mayotte aujourd’hui [en février 2017, lors de la pénurie d'eau] relève pour le moment de l’exceptionnel, elle sera la norme à l’horizon 2070. "Les calculs des climatologues le démontrent", explique Bertrand Laviec, météorologue et délégué départemental de Météo France. En cause : le réchauffement climatique. Lors de la 21ème conférence des Nations-Unies sur les changements climatiques (Cop21), en décembre 2015, le délégué abordait déjà cette question. "Il y aura globalement le même cumul de pluie, mais distribué différemment", expliquait-il alors lors d’une conférence. De quoi alerter, car la crise de l’eau que Mayotte connait aujourd’hui devrait devenir récurrente, et donc menaçante si rien n’est fait pour préparer l’île à cette nouvelle donne planétaire. "L’eau est l’enjeu majeur du 21ème siècle, et encore plus sur une île." (…) Et il faut encore ajouter à cela une population en constante augmentation. Au rythme actuel, les prévisions de l’Insee prévoient en effet que nous serons 500 000 habitants en 2050. Ce qui, en extrapolant de manière raisonnable pour l’horizon 2070, nous permet d’envisager les… 650 000 habitants. Autant dire que la crise de l’eau de 2017, avec ses 212 000 habitants recensés [256 500 lors du recensement de septembre 2017] consommateurs de la ressource eau, n’est en rien comparable avec celles qui s’annoncent dans la seconde partie du siècle si rien n’est entrepris pour y faire face.

DES PRÉVISIONS DÉJÀ ÉLOQUENTES IL Y A 10 ANS En 2006, le président de Mayotte Nature Environnement, Chamssidine Houlam, avait mené une étude sur les besoins en eau à venir. "Sur une estimation de consommation moyenne de 150 litres par jour et par habitant, c’est-à-dire sans tenir compte d’une trop grosse hausse du niveau de vie de la population (la consommation moyenne en métropole varie entre 150 et 200 litres par jour et par habitant, N.D.L.R), et en intégrant la retenue collinaire d’Ourovéni qui était alors déjà prévue, la quantité d’eau disponible dans nos extrapolations était déjà insuffisante", explique-t-il. (…)

Photo : Isabelle Bonillo

TENSIONS AUTOUR DE LA DSP DE L'ASSAINISSEMENT Le Syndicat intercommunal d'eau et d'assainissement de Mayotte (Sieam) n'a pas que la compétence de l'eau potable. Il dispose aussi de celle concernant l'assainissement, là aussi un lourd chantier. Si lourd qu'il demande des investissements que le syndicat ne parvient pas à fournir. La solution proposée par le président de la structure, Moussa Mouhamadi Bavi ? Externaliser la compétence en ayant recourt à une délégation de service publique (DSP). Une démarche d'ores et déjà engagée qui ne plaît pas à tout le monde, puisque des salariés du Sieam pourraient être transférés au futur délégataire. Un préavis de grève a été déposé pour le 24 septembre prochain.

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LE DOSSIER

Grégoire Mérot (texte et photos)

FORAGES

UN POTENTIEL À DÉTERRER

DURANT L’ÉTÉ, LE BUREAU DE RECHERCHE GÉOLOGIQUES ET MINIÈRES DE MAYOTTE (BRGM), SOUS L’ÉGIDE DU SIEAM, A PROCÉDÉ À DES ESSAIS DE POMPAGE SUR PLUSIEURS FORAGES HYDRAULIQUES ABANDONNÉS DE L’ÎLE. LE 30 AOÛT, LES ÉQUIPES DU BRGM ET DE FORINTECH, ENTREPRISE SPÉCIALISÉE DANS CE DOMAINE, SE SONT RENDUES À MIRÉRÉNI DANS CE CADRE.

“Démarrage dans 15 minutes ! ”, s’écrie Tatiana Ratsimihira. C’est elle, hydro-géologue au BRGM qui donne le “la” de la mission du jour. À son appel, les membres de l’équipe composée du BRGM et de Forintech (voir

encadré) s’activent en tous sens autour du petit bâtiment qui abrite la pompe. Sous ce cube en béton, un forage profond de 60 mètres. Après plusieurs tests sur la pompe et la solidité de l’équipement, arrive

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aujourd’hui un moment clef : “c’est la dernière étape, pour déterminer si le forage est réellement exploitable. Il s’agit de mettre en place des pompages d’essais, et c’est ce que nous sommes en train de faire aujourd’hui”, explique l’hydro-géologue. “Démarrage dans cinq minutes !” Les techniciens traversent au pas de course la bananeraie qui jouxte la station de pompage. Les visages sont encore fendus de sourire, mais une certaine tension est palpable. “S’il y a le moindre problème pendant les 8 heures d’essai, il faudra attendre au moins une journée, le temps que la nappe se reforme avant que nous puissions faire un nouvel essai”, indique Tatiana Ratsimihira tout en consultant sa montre.

TOP DÉPART Plus qu’une minute. Chacun est à son poste après avoir pris soin de vérifier minutieusement tous les raccordements. “Attention, ça va faire un peu de bruit”, s’amuse la scientifique, casque vissé sur la tête. Avant de reprendre son sérieux. “5, 4 , 3, 2, 1… C’est parti !”

s’époumone-t-elle. La pompe se met à vrombir de toutes ses forces tandis qu’un long tuyau bleu se gonfle. Comme s’il prenait vie. Sur une vingtaine de mètres, il s’anime en serpentant entre les bananiers. Au bout, sa tête – ou sa queue c’est selon – délivre les flots d’eaux que l’on extrait des profondeurs de la terre. Bruit de ruisseau entre les arbres, loin du vacarme de la machine qui l’alimente. On retrouve l’équipe qui s’affaire à quelques ajustements. L’un deux, machette en main, coupe un bout de bois s’ouvrant en Y afin de supporter l’équipement. Bâton de vieillesse pour le boa. “S’ils voyaient ça en métropole, ils seraient fous”, s’esclaffe la cheffe de mission. “On fait avec les moyens du bord, mais tout à l’air de bien se passer”, assure-t-elle, plutôt soulagée. Elle profite d’un instant de répit pour prendre un peu de hauteur sur la situation.

QUATRE FORAGES SUR L’ÎLE Durant l’été les équipes du BRGM et de Forintech ont œuvré sur quatre sites de forage : Tsararano, Kawéni,

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Bandrélé et Miréréni. Après inspection par sonde caméra, l’un d’eux s’est révélé inexploitable. Les autres ont fait l’objet d’un nettoyage en profondeur avant d’être l’objet de premiers essais de remise en service. “Il y a un essai de puits qui permet de déterminer les paramètres hydrodynamiques mais plus spécifiquement les caractéristiques de l’ouvrage en lui-même. Demain nous ferons l’essai de nappe qui consistera à déterminer ses caractéristiques hydrodynamiques. Cela ne veut pas dire que nous

connaitrons exactement quelle est l’extension de la nappe, comment elle se situe, s’écoule etc. En revanche nous aurons ses caractéristiques globales. L’idée est de savoir comment elle réagit au pompage et comment l’eau est mobilisable. En fait de quelle manière le forage va être alimenté”, poursuit Tatiana Ratsimihira. Si tous les essais sont concluants, il reviendra ensuite à l’Agence régionale de santé (ARS) de déterminer la potabilité de l’eau. Un forage en forme de puits d’espoirs. n

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FRÉDERIC TRONEL, DIRECTEUR DU BRGM MAYOTTE

"NOUS TRAVAILLONS DEPUIS DES ANNÉES À RENFORCER LA RESSOURCE EN EAU SOUTERRAINE" G.M

Mayotte Hebdo : Dans quel cadre se sont déroulés les essais de pompage auxquels vous avez procédé durant l’été ? Frédéric Tronel : En 2017, suite à la crise de l’eau de l’année précédente, la préfecture et la Deal nous ont demandé, sous commande du Sieam, de répertorier les ouvrages de pompage abandonnés présents sur le territoire. Nous en avons trouvé quatre dont les caractéristiques techniques et hydrogéologiques pouvaient avoir un intérêt. Nous avons alors procédé à des inspections vidéo qui ont montré que l’un des forages était inexploitable. Il nous a fallu ensuite faire des essais de pompage pour déterminer les caractéristiques de chaque ouvrage, leur débit potentiel puis laisser la main à l’Agence régionale de santé pour déterminer la qualité de l’eau. Ces analyses sont en cours. Si l’eau s’avère bonne, ces ouvrages seront potentiellement raccordables sur le réseau de distribution. MH : Ces ouvrages ont-ils une valeur stratégique pour répondre à la demande en eau ? FT : Il s’agissait plutôt, suite à la crise de l’eau, d’être en mesure de mobiliser le maximum de ressources potentielles dans l’urgence. Mais rappelons que la remise en service de ces ouvrages abandonnés est une mission relativement annexe. Aujourd’hui, nous avons 23 forages exploités et qui ont été réalisés depuis la fin des années 90 à l’occasion de cinq campagnes de forage. Une sixième campagne de reconnaissance

est en projet avec pour objectif de réaliser 10 forages profonds, d’abord de reconnaissance puis d’exploitation si les caractéristiques le permettent. Les études géophysiques ont été menées, nous avons choisi les emplacements les plus favorables avec le Sieam et la Smae et syndicat est actuellement en cours de négociation pour le foncier. MH : Quel est le potentiel d’eaux souterraines sur l’île ? FT : Nous sommes sur une île donc le potentiel n’est forcément pas infini. D’un autre côté, les retenues collinaires peuvent être victimes de la sécheresse et les usines de dessalement consomment beaucoup d’énergie issue du pétrole. Par ailleurs les besoins en eau vont forcément être croissants puisque la démographie augmente et que le raccordement s’intensifie. Dans ce contexte, nous travaillons depuis des années à renforcer la ressource en eau souterraine. Le potentiel est là. L’eau souterraine permet d’avoir de la souplesse en termes d’exploitation et est une solution sécurisée en cas de sécheresse. Les situations passées, et notamment 2016, montrent que nous sommes à un stade relativement critique qui nous impose d’augmenter les capacités de captage souterrain. Le mix actuel est composé de 78% d’eau de surface, de 20% d’eau souterraine et de 2% d’eau dessalée. Avec le forage, l’objectif est de parvenir à 25% d’eau souterraine dans le réseau.

FORINTECH, LE SPÉCIALISTE DU FORAGE

"Ça a été une expérience car c’est une attention de tous les instants pendant 72 heures lors des essais de pompage ! Les travaux se sont très bien passés et nous sommes aujourd’hui ravi de pouvoir remettre au Sieam ces infrastructures qui semblent fonctionnelles", fait valoir Julian Champiat, directeur de Forintech Mayotte. Son entreprise d’une dizaine de salariés, spécialisée dans le forage est installée sur l’île depuis 18 ans. Si les essais hydrologiques ne sont pas ses seules missions, Forintech s’est littéralement investie dans ce domaine avec l’acquisition de nouvelles machines "uniques sur Mayotte", selon Julian Champiat. En 2012, Forintech a réalisé la cinquième campagne de forages hydrauliques qui ont permis le raccordement de cinq pompes au réseau de distribution en 2017. Dorénavant cap sur la sixième campagne.

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REPORTAGE

Cyril CASTELLITI (texte et photos)

DLEM

UN EXERCICE MILITAIRE INÉDIT À MAYOTTE MARDI 17 SEPTEMBRE, LE DÉTACHEMENT DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE DE MAYOTTE (DLEM) A RÉALISÉ UN EXERCICE DE PARACHUTAGE ET D’INFILTRATION SUR LA PLAGE DE BANDRÉLÉ. UNE PREMIÈRE POUR CETTE INSTITUTION MILITAIRE HISTORIQUE À MAYOTTE. POUR LES LÉGIONNAIRES, IL S’AGIT DE SE FAMILIARISER AVEC L’ENVIRONNEMENT DE L’ÎLE JUGÉ SEMBLABLE AUX PAYSAGES DE LA RÉGION COMME DE L’AFRIQUE CONTINENTALE. À QUELQUES JOURS DES JOURNÉES PORTES OUVERTES DU DLEM, L’ÉVÈNEMENT REVÊT ÉGALEMENT D’UNE DÉMONSTRATION DE FORCE.

10h : les regards sont graves sur le tarmac du Bureau militaire de transit (BMT). Dans quelques minutes, les soldats de La première compagnie du DLEM vont investir le CASA CN-235. Un imposant avion tactique de transport, qui s’apprête à larguer ses troupes sur la plage de Bandrélé. L’objectif : "s'entraîner au savoirfaire particulier du saut en parachute, suivi du combat", détaille le Lieutenant-colonel Hugues Latournerie, commandant du DLEM depuis 17 juillet. "La première compagnie du

DLEM est une compagnie tournante. Tous les quatre mois, elle est relevée par un régiment de métropole. Actuellement, nous accueillons la deuxième compagnie du deuxième régiment de parachutistes qui nous vient de Corse", poursuit-il tout en précisant "Ce type d’exercice est potentiellement à même d’être réalisé par d’autres unités d’infanteries. Nous avons par exemple dans la région le deuxième régiment de parachutistes d’infanterie de marine de La Réunion qui pourrait intervenir de la même façon."

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Dernière inspection dans le CASA CN235 avant que celui-ci ne soit investi par les soldats du DLEM.

indienne vers l’imposant appareil. Direction la commune de Bandrélé, au-dessus de laquelle le parachutage doit avoir lieu. L’évènement est historique. Plus de 50 ans après l’installation du DLEM à Mayotte, celui-ci réalise pour la première fois un exercice de parachutage et d’infiltration.

MAYOTTE : UN TERRAIN D'ENTRAÎNEMENT IDÉAL

Si les légionnaires se refusent à reconnaître tout sentiment de stress ou d’appréhension, l’ambiance est manifestement tendue. À quelques heures du grand saut, enfiler les kilos de matériel nécessaires apparaît déjà comme une épreuve. Parachutes au dos et sur le ventre, kit de survie, armes, etc., les gouttes de sueur ruissellent à mesure que le poids grossit sur les épaules des soldats. Lesquels s’assistent mutuellement alors que les gradés s’apprêtent à inspecter les rangs. Casque bien serré, parachute fixé en bonne et due forme et arme à l’épaule, l’assemblée semble prête au grand saut. Par rangées de deux, ils défilent en file

Une fois le pied au sol, l’objectif est de prendre une position située au sommet de l’île. Il faudra attendre le lendemain matin pour que les soldats soient récupérés à auteur de Combani, une fois l’exercice réalisé avec succès. De quoi fournir une expérience capitale pour un corps d’armée aux prérogatives particulières sur le territoire français. "Dans le cadre de ses fonctions, le détachement de la légion étrangère de Mayotte est susceptible d’intervenir dans toute la zone sous-régionale. Il est en alerte permanente, contrairement aux régiments de Métropole qui assurent les alertes à tour de rôle. Ici, nous sommes seuls. Nous sommes susceptibles de partir sous 48h minimum dans n’importe quelle zone de la sous-région. D’où notamment l’importance de l’entraînement", insiste le Lieutenant-colonel Hugues Latournerie. Dans cette perspective, Mayotte offre un terrain d’entraînement idéal pour ses troupes : "Le territoire de Mayotte a cet avantage qu’il est comparable à l’environnement de toute la région. Qu’il s’agisse des îles alentours comme du continent africain. C’est donc un territoire particulièrement favorable à l’entraînement". De quoi permettre aux soldats de se familiariser avec des zones de combat rares dans le paysage national, sans pour autant en quitter ses frontières. n

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REPORTAGE

Arme, parachutes et kit de survie, le matériel nécessaire à l’exercice est lourd et encombrant. L’enfiler n’est pas une sinécure

L’inspection terminée, les troupes se préparent à embarquer sous l’œil attentif des gradés.

Les légionnaires s’entraident pour accrocher leur matériel. Une assistance quasi obligatoire au vue du poids sur leurs épaules

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: Matériel vissé au corps, les légionnaires s’apprêtent à s’envoler. D’ici quelques minutes, ils seront parachutés sur la plage de Bandrélé.

À quelques heures du grand saut, les regards sont concentrées et l’atmosphère tendue pour les légionnaires. : Les légionnaires sont parachutés dans le ciel de Bandrélé. Au sol, gradés et journalistes attendent la suite de l’exercice.

Après le parachutage vient l’exercice d’infiltration. Les soldats seront récupérés le lendemain matin à Combani.

LE DLEM OUVRE SES PORTES Plus qu’un simple exercice, l’évènement revêt également d’un tour de force pour le DLEM. Les 26 et 27 octobre prochains, l’institution organisera ses journées portes ouvertes. Au programme : des ateliers, des démonstrations, et des stands d’information. De quoi consolider l’influence de ce corps d’armée incontournable dans l’histoire du département. "La légion étrangère s’est toujours sentie à sa place à Mayotte, notamment grâce à l’accueil réservée par les Mahorais. Ces derniers sont donc plus que jamais les bienvenus pour nous découvrir lors de nos journées portes ouvertes", conclut Hugues Latournerie.

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LITTÉRATURE

Christophe Cosker, "L’Invention de Mayotte", Pamandzi éd. La Route des Indes, 2019.

LISEZ MAYOTTE Chaque semaine, Christophe Cosker, auteur de L'invention de Mayotte, vous propose la quintessence de chacune des trente-six inventions de Mayotte relevées dans l’ouvrage éponyme.

Il s’agit ici d’un livre dans un livre, ou d’un texte dans un texte. En effet, Bajot publie, au début du XIXe siècle, un texte connu ensuite sous le titre Annales maritimes et coloniales. Mais son titre complet est Recueil des lois et ordonnances royales, règlements et décisions ministérielles, mémoires, observations et notices particulières, et généralement de tout ce qui peut intéresser la Marine et les Colonies, sous les rapports militaires, administratifs, judiciaires, nautiques, consulaires et commerciaux. L’auteur se présente, non sans pompe, comme "sous-commissaire, chef du bureau des lois au ministère, de la société des sciences, belles-lettres et arts de Rochefort, et de celle d’agriculture, sciences et littérature de Calais". C’est dans ce livre, qui est une compilation, que l’on trouve une "Relation de la campagne de la goélette de Sa Majesté Le Lys, commandée par Monsieur Lelieur de la Ville-sur-Arce, élève de la marine de première classe, pendant les mois d’août, septembre, octobre et novembre 1819 ; description des îles Comores, Anjouan, Moelli et Mayotte." L’auteur de cette relation – mot à entendre au sens de narration – est Lelieur de la Ville-sur-Arce, auteur second ; il se présente plus simplement comme un marin qui raconte le voyage qu’il a effectué dans l’océan Indien, notamment dans l’archipel des Comores qu’il va décrire en fonction de son expérience. Mais cette expérience a quelque chose d’insolite. En effet, les trois principaux intérêts du texte sont d’abord l’antagonisme entre le roi de Mayotte et le marin qui veut poser le pied sur l’île – et qui n’y parviendra pas -, puis le fait que cet empêchement ne fait pas avorter la construction d’un discours sur Mayotte qui se présente alors logiquement, de façon mythique, comme île paradisiaque jalousement gardée par des habitants redoutables. L’invention de Mayotte mêle donc ici imagination de l’île et retranscription de données de seconde main, obtenues par ouï-dire. On goûtera particulièrement les précautions oratoires qui servent au narrateur à expliquer qu’il parlera d’un lieu qu’il n’a fait qu’apercevoir.

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Christophe Cosker

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MÉMOIRES DU CAPITAINE PÉRON SUR SES VOYAGES. En 1824, un navigateur, ancien négrier, publie un récit de sa vie sur mer qui montre qu’il a croisé dans de nombreux endroits du monde, en particulier l’océan Indien, et qu’il n’est pas étranger à l’archipel des Comores : Mémoires du capitaine Péron sur ses voyages aux côtes d’Afrique, en Arabie, l’île d’Amsterdam, aux îles d’Anjouan et de Mayotte, aux côtes nord-ouest de l’Amérique, aux îles sandwich à la Chine, etc. Pierre-François Péron, né en 1769, embarque à quatorze ans. Ses activités vont du commerce d’armes et d’esclaves à la chasse au phoque. Réinstallé en France à partir de 1802, il rédige ses mémoires qu’il verra plusieurs fois réédités avant de mourir en 1846. Dans ses mémoires maritimes, l’auteur met en valeur huit destinations parmi lesquelles figure Mayotte, liée à Anjouan. Mais sa visite de l’île aux parfums n’est pas innocente car elle renvoie à sa deuxième activité, celle de trafiquant d’esclaves. Cette invention de Mayotte s’en ressent donc : elle est avant tout une escale pour mener un coup de force. Elle ne devrait donc pas être propice à la découverte d’un lieu, même si on voit le mémorialiste noter ses souvenirs avec un détachement qui montre la disponibilité de son esprit en dépit du contexte belliqueux. La première impression, qui doit peut-être quelque chose à l’imprégnation romantique de l’époque, est celle de deux hommes qui formulent un avertissement solennel au sommet d’une cascade. D’un point de vue plus réaliste, il y a lieu de se demander s’il s’agit de la cascade de Soulou. Le texte est, comme on le verra, découpé en trois parties : l’abordage à Mayotte, la prise de position et le déclenchement des hostilités. Péron est en effet invité par Anjouan à participer à une razzia d’esclaves à Mayotte, action dont le prétexte est la rébellion de l’île contre l’autorité du sultan de l’île voisine. La stratégie militaire anjouanaise déplaît à Péron, en particulier ce qui lui apparaît comme des atermoiements. Les Mahorais, appelés "Mayottais" dans le texte, usent, pour repousser l’assaillant de procédés visiblement inefficaces par les protagonistes, mais peut-être pas pour le lecteur. C’est à ce dernier qu’on laisse le soin de regarder dans les buissons puis dans le texte intégral afin de connaître la fin de l’expédition. La distance d’Anjouan à Mayotte est de dix-huit lieues ; partis au point du jour et laissant les autres bâtiments en arrière, nous

y arrivâmes avant la nuit. Le navire laissa tomber l’ancre par quatorze brasses, fond de sable, dans une baie fermée à tous les vents, et qui se trouve au nord de l’île. Deux hommes se montrèrent sur une colline élevée d’où s’échappait une cascade dont la chute avait au moins quatre-vingts pieds de hauteur ; ils agitaient des morceaux d’étoffe. À ce signal, que l’on prit pour une invitation à aller à terre, quelques-uns de nos gens, ainsi qu’un interprète, descendirent dans le canot et se dirigèrent vers le rivage. Lorsqu’ils se furent rapprochés de deux Mayottais, à la portée de la voix, ceux-ci leur crièrent en portugais que si nous venions en amis, ils nous accorderaient tout ce dont nous pouvions avoir besoin, mais que si nous venions comme ennemis, nous trouverions en eux des hommes qui avaient juré de périr tous jusqu’au dernier plutôt que de se rendre. […] L’armée resta campée sur cette éminence pendant quinze jours ; on ne fit aucun mouvement, on ne prit aucune mesure qui annonçât un plan d’attaque. Des partis parcouraient la campagne, et après avoir enlevé quelques vaches et quelques chèvres, ils rentraient au camp. Dans l’intérêt du prince, et dans le nôtre, nous crûmes devoir faire à Sélim quelques remontrances sur la lenteur de ses opérations ; il répondit qu’avant de rien entreprendre, il avait voulu explorer le pays et connaître les positions qu’occupaient les Mayottais, et qu’enfin sous deux jours il allait se porter en avant. En effet, le surlendemain un mouvement général eut lieu dans l’armée. […] Au signal donné, toutes les troupes se mirent en marche, précédées de deux conques marines, dont les sons discordants retentissaient au loin. Les soldats jetaient des cris, poussaient des hurlements ; c’était un bruit affreux. Sans doute on voulait effrayer les ennemis, et les faire débusquer des épais taillis où on les supposait cachés. L’armée n’observait aucun ordre ; il n’y avait ni alignement ni aucun acte qui indiquât la moindre notion de l’art militaire. Le long du chemin qui conduisait à un village qu’on ne tarda pas à découvrir, les Mayottais avaient suspendu aux arbres, ici des cœurs, là des entrailles, et plus loin des têtes de cabris. Ces sinistres présages ne firent aucune impression sur les soldats ; leur bruyante ardeur redoublait à mesure que nous avancions.

Péron, Mémoires du capitaine Péron sur ses voyages aux côtes d’Afrique, en Arabie, l’île d’Amsterdam, aux îles d’Anjouan et de Mayotte, aux côtes nord-ouest de l’Amérique, aux îles sandwich à la Chine, etc., Paris, Brissot-Thivard, 1824, p. 138-140. 1 Environ 120 kilomètres. La mesure est approximative car elle est plutôt de l’ordre de 70 kilomètres.

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Cet emploi/métier est accessible à partir d'un BTS Agricole en agriculture, génie rural, environnement, etc. Un Master (diplôme d'ingénieur, Master recherche en droit rural, école de commerce, etc.) est requis pour les postes de conseillers. Son accès dans les collectivités territoriales et organismes publics s'effectue sur concours.


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RSM Outre-Mer, cabinet d’Audit, d’Expertise comptable et de Conseil, d’une centaine de collaborateurs, basé à La Réunion et à Mayotte, intervient sur une clientèle diversifiée de PME. RSM Outre-Mer est membre de RSM France et de RSM International, 6ème réseau mondial d’Audit, d’Expertise et de Conseil.

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Les missions :

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Fiche de poste CHEF DE SERVICE ÉDUCATIF - Présentation de la structure MESSO est une association Loi 1901 à but non lucratif créé en 2017. MESSO signifie DEMAIN en langage shimaoré. Avec MESSO, des mahorais associent leurs compétences avec leur connaissance du territoire, et s’engagent afin que DEMAIN puisse enfin devenir AUJOURD’HUI ! Mayotte est un territoire complexe qui s’ouvre au monde moderne à la croisée des chemins entre traditions et modernité. La départementalisation de 2011 et l’entrée en Région Ultrapériphérique Européenne de 2014 lui donnent enfin les moyens de pénétrer de plein pied dans une économie de marché. Pour mener à bien cet immense défi, l’accompagnement au développement de l’action sociale s’avère nécessaire. C’est dans ce contexte que l’association MESSO voit le jour. La structure se positionne en tant que véritable créateur de solutions locales sur le département dans le secteur social et médico-social. - Le métier : Chef de service éducatif Le métier de chef de service éducatif consiste à organiser l’activité d’une équipe pluridisciplinaire au sein d’un établissement d’accueil et à veiller au bien-être des personnes accueillies. - Les missions Le chef de service éducatif a pour principale mission le pilotage et la mise en œuvre du projet d’établissement au sein de la structure. Il dirige pour ce faire, une équipe socio-éducative ou médico-sociale pluridisciplinaire dont il planifie et coordonne le travail au quotidien Ses missions englobent aussi le suivi des activités du service. Il organise ainsi des réunions d’équipe et transmet les informations nécessaires à la direction et aux équipes sur le terrain. Le travail du chef de service éducatif implique également des missions relatives aux usagers et à leur famille qu’il est d’ailleurs amené à rencontrer aussi bien pour aborder les modalités d’accueil que pour évoquer l’évolution des projets personnalisés. Il doit en outre prêter une attention particulière à leurs besoins et s’efforcer d’apporter des solutions adaptées. Compétences Connaissances en management, en droit d’hébergement ; o Pilotage et gestion de projets ; o Un excellent sens de l’analyse afin notamment d’évaluer, développer et valoriser les compétences de ses équipes et gérer les budgets ; o Une bonne organisation ; o La capacité à conduire et animer des réunions ; o La capacité à travailler en équipe. o Élaboration de contenus structurels o Stratégie de développement des actions de la structure o Bonne qualité en communication Mise en oeuvre des actions o Assurer un suivi régulier des différentes actions o Organisations des réunions de suivi avec les équipes et les partenaires o Coordination et suivi administratif des projets en relation avec a direction o Formalisation des bilans d’actions et bilans financiers o Relais avec les partenaires Gestion du service o Organisation et suivi des plannings de l’équipe o Organisation et animation des réunions d’informations et d’échanges o Organisation des réunions de coordination o Bilan des équipes Diplômes o Le CAFERUIS : Certificat d’aptitude aux fonctions d’encadrement et de responsable d’unité d’intervention sociale ou équivalent o Justifier d’une expérience significative dans le secteur o Permis B exigé Place du poste dans l’organisation Le chef de service, travaille sous la responsabilité directe de la direction Spécificité du poste Ce poste implique des déplacements réguliers sur l’ensemble du département Modalités du contrat CDI o Rémunération selon le profil o Début du contrat : dès que possible

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La gestion de l'eau à Mayotte

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