9
900 LE MOT DE LA RÉDACTION
Le chiffre parle de lui-même : 900, le nombre de numéros de Mayotte Hebdo. Neuf-cents, cela représente en moyenne 45 numéros par an : un par semaine – hors vacances – depuis 19 ans. Neuf-cents numéros, ce sont aussi des milliers d'articles rédigés, des millions de signes tapés, des dizaines de journalistes passés un jour par ici et qui ont, le temps de quelques mois, de quelques années, ou parfois d'une vie, participé à l'information du territoire.
Neuf-cents numéros, cela traduit tout l'engagement de notre journal dans l'avenir de Mayotte. Des visites ministérielles ou présidentielles, des grands projets avortés ou réalisés, des grèves, des envies, des regrets, des réussites, des échecs, de l'acharnement, de la motivation. Et aussi des espoirs pour ce territoire. Toujours de l'espoir, coûte que coûte, vaille que vaille. Il en faut. Il le faut. Neuf-cents numéros, ce sont aussi 900 dossiers publiés. Ces dossiers de 6, 8, 10, 12 ou parfois Tél. 0269 63 63 03
www.somaco.fr
20 pages, qui sont le cœur de votre magazine. Il a évolué régulièrement pour s'adapter aux besoins du territoire, mais a toujours gardé ce point d'ancrage, ses racines. Car qu'est-ce qui ets plus important que les racines ?
Prendre le temps de comprendre pour faire savoir, le temps d'observer pour faire découvrir, le temps d'écrire pour que tout soit clair. Actualité, politique, culture, tradition, économie, environnement, grands défis, international, société, immigration, etc. : nous essayons systématiquement d'apporter notre pierre à l'édifice, d'être fidèle à notre première motivation, inscrite depuis le premier jour dans notre ADN : "Participer au développement harmonieux de Mayotte."
Neuf-cents numéros, enfin, c'est la preuve que vous nous appréciez. Et nous vous en remercions. Ra Hachiri, bonne lecture à tous, et à la semaine prochaine... pour le numéro 901.
Pour votre santé pratiquez une activité physique régulière. www.mangerbouger.fr
MAXI PROMO MINI PRIX
Promo valable jusqu'au 15/10/2019
SARDINES 0,65€ 125GR OMEGA 0,85€
HUILE VÉGÉTALE TROPICAL 250ML
0,30€
CONCENTRÉ 0,20€ DE TOMATE 0,25€ 70GR
0,40€
3
• M ay o t t e H e b d o • • N ° 9 0 0 • 2 7 / 0 9 / 2 0 1 9
COUP D’ŒIL DANS CE QUE J'EN PENSE
Laurent Canavate
Mayotte Hebdo n°618, vendredi 14 juin 2013
MAYOTTE, UNE ÎLE PAISIBLE 14h30 ce jeudi après-midi, dans les rues paisibles de Cavani, à Mamoudzou. 1, 2, 3... 11 gamins déboulent. La moitié est en savates, les autres sont pieds nus... L'un a un coupecoupe "de militaire", long comme le bras d'un adulte. Un autre passe, à peine âgé de 14 ans... avec une boule de pétanque à la main, tentant à peine de la dissimuler le long de son corps, plutôt chétif... Ils ont entre 12 et 15 ans, à peine plus. Ils sont dépenaillés, la plupart a un sac à dos. Ils se sifflent, se suivent, s'arrêtent, repèrent, pour plus tard peut-être, puis repartent en courant, disparaissant tout à coup comme un vol de moineaux. Il est 14h35 ce jeudi après-midi, dans une rue menaçante de Cavani, à Mamoudzou. Des mineurs font la loi, leur loi. Ils se sentent invincibles, marchent et menacent les passants en toute impunité. Face à ces jeunes, la police a "les mains liées". Ils sont mineurs, seront sortis du commissariat avant que la victime ait fini de porter plainte. Les habitants sont interloqués, inquiets. Ils ne savent plus quoi faire : les sermonner... En réponse ces "enfants" les insultent. Les attraper et les corriger, "à l'ancienne", puis les amener chez leurs parents, si possible, pour leur rappeler leurs responsabilités. Parfois difficiles, souvent dangereux, pour les habitants, surtout face à des tels groupes, de telles bandes. Dangereux face à la justice qui se préoccupera des violences subies par le "mineur", et oubliera la menace permanente, la peur pour les femmes et les enfants que subissent les habitants. Alors ces jeunes se promènent dans les rues en toute impunité, n'imaginant pas encore leur majorité. Et ils s'organisent, se hiérarchisent, se spécialisent, s'arment... Ils deviennent plus grands, plus forts, plus équipés. De la rapine, ils passent au vol à la tire, des vitres des voitures cassées à la va-vite, ils passent à l'intrusion dans les maisons, dans les entreprises, les magasins. Un bruit les faisait fuir, un cri "au voleur !" les chassait. Aujourd'hui, ou demain, ils iront au devant des habitants, au contact. Ils braqueront, agresseront, violenteront. 19h00, ce jeudi soir dans les rues de Cavani, et ailleurs. Les habitants se calfeutrent, s'enferment, se cadenassent. Certains gardent un couteau à portée de main. Les alarmes, les volets métalliques, les barbelés ont fleuri, comme des fleurs de la peur. Un chien hurle au loin. Au milieu de la nuit, on entend parfois un cri, une course-poursuite dans la rue. Il y a 20 ans, la prison-passoire de Mamoudzou n'abritait que quelques rares individus. Les maisons, les voitures restaient
TOLERIE - PREPAR ATION - PEINTURE
ouvertes. Les vols étaient rares, les agressions encore plus. La population et les forces de l'ordre ont laissé s'installer les clandestins sur les hauteurs des villages, louant quelques cases honteuses, employant cette main-d'oeuvre docile et si peu chère. Les responsables politiques n'ont pas voulu y consacrer le moindre moyen. Kawéni était ainsi oubliée, il suffit de se rappeler de sa MJC à l'abandon, jamais livrée. Koungou est à l'abandon. Vahibé, Combani... La pauvreté, les bidonvilles, la clandestinité se sont installés en bordure des quartiers et aujourd'hui cette jeunesse a grandi et descend dans les rues. Elle prend possession des rues. Des écoles à l'abandon. Des MJC jamais livrées. Des terrains de sport inexistants, ou sans gestion. L'Aprédéma fermée. Des quartiers insalubres. Les parents absents, démissionnaires ou incapables de gérer. Aucun espoir, la faim au ventre parfois... Faute de vouloir régler le problème quand il est apparu, le courage a conduit certains responsables à l'ignorer. Le problème a grossi, grandi. Il va devenir incontrôlable. Il rend la vie difficile, tendue. Une étincelle et ces jeunes deviennent émeutiers. Mayotte, une île paisible... a perdu de sa tranquillité, de son attractivité. Ses enfants partent et ne reviennent pas longtemps, ses médecins, ses enseignants s'en vont. Les écoles surchargées et le niveau déplorable inquiètent les parents. Il restera bientôt essentiellement des indexés barricadés et de jeunes adultes affamés dans les rues. Mayotte doit se réveiller ! L'île doit redevenir un endroit agréable à vivre, propre, avec de l'activité, des loisirs, des emplois créés, de l'espoir pour demain. La peur doit changer de camp. Des lampadaires aux lampes allumées dans les rues. Un couvrefeu pour les mineurs à partir de 21h00. Des forces de l'ordre en plus grand nombre pour pouvoir patrouiller la nuit le temps nécessaire. Les parents rendus responsables de leurs enfants. Le recel puni sévèrement. Des habitants invités, incités à s'organiser, par quartiers, pour surveiller leurs rues, avec des interlocuteurs pour les forces de l'ordre. La population doit reprendre possession de son île, de ses quartiers et de ses rues. C'est dramatique d'en être arrivé là et d'imaginer de telles solutions !... Mais avant d'imaginer un développement économique et social harmonieux, il faut que la sécurité des personnes et des biens soit assurée, ce n'est pas le cas aujourd'hui. Et ce n'est pas bon du tout.
MAYOTTE
SANS Z RENDE S VOU
PARE-BRISE
DZOU oudzou MAMéO97U60 0 mam aw 10 rue mam 0269 63 70 00 I KAWÉle,NKa wéni na tio na Route 0269 61 14 16
1 rue sppm vers Batimax, Kaweni contact@carosserie-austral.com 0639 69 19 76 / 0269 61 90 14
specialiste@mayotte-parebrise.com
4•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 0 • 2 7 / 0 9 / 2 0 1 9
S LE RÉTRO
Pour tous vos communiqués et informations
Une seule adresse : rédaction@mayottehebdo.com
Pannes à répétition : complétement barge ! La goutte d'eau qui fait déborder le vase : "Leçon d'escalade dans la barge de mercredi matin. Une énième avarie, qui cette fois serait due à une pénurie de carburant, a nécessité l'évacuation en mer de près de 300 personnes. C'est seulement trois heures après leur départ que tous les passagers, partis à 7h00 de Petite Terre, ont pu débarquer à Mamoudzou", racontions-nous en préambule avant de poursuivre : "Avec des barges de plus de dix ans, l'entretien devient de plus en plus coûteux pour ce service public de transport en commun. Mais, selon [le STM], de nouvelles commandes seraient prévues pour l'année prochaine." Mayotte Hebdo n°444, vendredi 25 septembre 2009.
IL Y A 5 ANS
IL Y A 10 ANS
C'ÉTAIT DANS MH
Aménagement : un nouveau front de mer
C'est le projet que tout le monde attendait… mais qui n'a toujours pas vu le jour. L'aménagement du front de mer de Mamoudzou est en effet un de ces serpents de mer dont Mayotte a le secret. En 2014, c'est la Société publique locale (SPL) 976, qui se saisit de l'idée. Objectif : faire du front de mer de la capitale "la vitrine de Mayotte." Nous écrivions : "Des emplacements commerciaux supplémentaires, des parkings payants, des équipements de loisirs, sur le papier, le projet est très alléchant. Le rapport du Conseil général évoque "un projet d’envergure pour l’aménagement du front de mer de Mamoudzou avec des financements conséquents garantis". Dans cette perspective, la commune de Mamoudzou, qui ne fait pas encore partie des actionnaires de la SPL 976, pourrait intégrer rapidement le Conseil d’administration de la société." Mayotte Hebdo n°673, vendredi 26 septembre 2014.
LA PHOTO D'ARCHIVE Un système de fraude mis à jour Avril 2009 : mise à jour d'un système de fraude généralisée entre des douaniers du port, des transitaires et des importateurs. Un trafic de marchandises basé sur de fausses déclarations douanières qui minoraient la valeur des marchandises importées et qui avait cours à Mayotte "depuis toujours." Vingt-sept personnes sont alors mises en examen, dont huit douaniers présumés corrompus. Le préjudice pour la Collectivité s'élèverait à plusieurs centaines de milliers d'euros.
5
• M ay o t t e H e b d o • • N ° 9 0 0 • 2 7 / 0 9 / 2 0 1 9
ACTUS
6•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 0 • 2 7 / 0 9 / 2 0 1 9
JACQUES CHIRAC
L'ANCIEN PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE EST DÉCÉDÉ L'ANCIEN PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE, JACQUES CHIRAC, EST DÉCÉDÉ JEUDI 26 SEPTEMBRE À L'ÂGE DE 86 ANS. BIEN QUE PARTISAN DE LA DÉPARTEMENTALISATION, IL AVAIT TENTÉ DE MODÉRER LES ARDEURS DES MAHORAIS LORS DE SA PREMIÈRE VENUE SUR L'ÎLE, EN 1986, AVEC SA CÉLÈBRE PHRASE : "LES PAYSANS DE CHEZ MOI QUI ONT BEAUCOUP DE SAGESSE DISENT : "IL NE FAUT PAS METTRE LA CHARRUE AVANT LES BŒUFS." JE SUIS PERSUADÉE QUE CETTE FORMULE EST VRAIE EN TOUTE CIRCONSTANCE ET POUR VOUS AUSSI." IL ÉTAIT ÉGALEMENT REVENU EN 2001, ALORS PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE, POUR ABORDER L'APPLICATION PROGRESSIVE DU DROIT COMMUN À MAYOTTE. IL S'AGISSAIT DE LA PREMIÈRE VISITE D'UN CHEF D'ÉTAT SUR L'ÎLE. NOUS REPRODUISONS DANS LES PAGES SUIVANTES LE DISCOURS QU'IL AVAIT TENU LE 19 MAI 2001.
7
• M ay o t t e H e b d o • • N ° 9 0 0 • 2 7 / 0 9 / 2 0 1 9
ACTUS Monsieur le maire, Monsieur le ministre, Messieurs les parlementaires, Monsieur le président du Conseil général, Mesdames et messieurs les élus, Mesdames et messieurs, mes chers compatriotes, Je suis très heureux de vous retrouver et je suis heureux de retrouver Mayotte, notre France de l'Océan indien, si belle, si attachante, si généreuse. C'est avec émotion que je m'exprime aujourd'hui, sur la place du marché de Mamoudzou, aux côtés des élus qui, depuis plus de quarante ans, ont conduit le combat pour que votre île demeure française. A tous les Français de Mayotte, j'adresse le même message de fraternité, de soutien, de fidélité et d'affection. Votre accueil chaleureux me touche profondément. Vous tous, dignitaires religieux, responsables syndicaux, magistrats, fonctionnaires, militaires, acteurs du monde associatif, chefs d'entreprises, artisans et agriculteurs, vous construisez l'avenir de Mayotte dans notre République. Vous donnez à la France les couleurs de la diversité, de la tolérance, de la fraternité. Je vous en remercie du fond du coeur, au nom de l'ensemble de nos compatriotes de métropole et d'outre-mer. En saluant vos élus, en rappelant leur détermination et leur travail infatigable, je tiens aussi à rendre hommage à tous ceux qui ont proclamé l'attachement, l'adhésion de Mayotte à notre patrie, et tout particulièrement aux femmes qui ont illustré cet émouvant combat. J'ai une pensée particulière pour Zaina M'Déré et Bouéni M'Titi qui, hélas, ne sont plus là pour en constater le succès, mais dont je tiens à saluer respectueusement et affectueusement la mémoire. Ma présence ici est évidemment un engagement. Un engagement manifesté dès 1986, lorsque, Premier ministre de notre pays, j'ai effectué la première visite d'un chef de gouvernement à Mayotte. Un engagement que je suis heureux de poursuivre en étant le premier Président de la République à venir saluer chez eux, en terre française, les Mahoraises et les Mahorais. Un engagement que vous me verrez affirmer aux côtés de vos élus chaque fois qu'il s'agira de renforcer la place de Mayotte dans la République et de promouvoir son développement économique et social. En vous retrouvant aujourd'hui, je mesure l'immensité du chemin parcouru par votre île depuis quinze ans. La transformation est profonde et impressionnante : elle témoigne de l'effort exceptionnel de la métropole comme de votre volonté de façonner votre destin et d'offrir un avenir à vos enfants. Nous avons ensemble le devoir de faire en sorte que les années qui viennent soient aussi riches de progrès, qu'elles contribuent à accélérer la croissance de Mayotte et à resserrer encore ses liens avec le territoire métropolitain. Je salue le travail effectué depuis cinq ans par les Mahorais pour élaborer un nouveau statut donnant toutes ses chances à votre île. Les deux groupes de réflexion mis en place par le précédent gouvernement, en juin 1996, ont permis de multiplier les échanges
8•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 0 • 2 7 / 0 9 / 2 0 1 9
et les débats et de formuler des propositions respectant les traditions culturelles et les spécificités géographiques de Mayotte. La concertation qu'ils ont menée, qui a permis à toutes les sensibilités de s'exprimer, est le meilleur gage d'efficacité pour l'avenir. Elle a débouché sur un projet d'accord qui a été massivement approuvé par les électeurs mahorais le 2 juillet 2000. C'est cet accord qui inspire la loi relative à Mayotte actuellement débattue par le Parlement. En modernisant les institutions mahoraises, en tournant définitivement la page de la précarité statutaire, ce texte donne à votre île la certitude de son ancrage dans la République en même temps qu'il lui fournit les moyens les plus efficaces pour préparer, dans les dix années qui viennent, le rapprochement des législations de Mayotte et de la métropole. Ce statut de collectivité départementale, c'est d'abord l'assurance, pour Mayotte, de fonctionner dans les conditions ordinaires d'une collectivité décentralisée. Dans trois ans, le président de votre Conseil général assumera la responsabilité du pouvoir exécutif, conformément au modèle qui prévaut sur le reste du territoire français depuis 1982. Parallèlement à cette réforme, les actes de la collectivité départementale se verront reconnaître un caractère exécutoire dans les conditions du droit commun. Cette décentralisation doit être accompagnée des moyens indispensables pour assurer sa réussite. Les programmes de formation des élus et des agents de la collectivité sont en cours d'élaboration. Il appartient au gouvernement de les mettre en oeuvre rapidement, c'est ce qu'il fait. Il lui appartient aussi de veiller à ce que la dotation de rattrapage et de premier équipement soit suffisante pour assurer une mise à niveau des équipements communaux en rapport avec la progression rapide de la population mahoraise. C'est la volonté et la responsabilité du ministre en charge de l'outre-mer. En faisant de Mayotte une collectivité décentralisée à part entière, ce nouveau statut ouvre aussi la voie à une harmonisation rapide des législations locale et nationale. Je pense d'abord à la décision de rendre applicable de plein droit à Mayotte la totalité des lois et des règlements relatifs à la nationalité, au droit civil des personnes et des biens, au droit pénal ainsi qu'à la procédure administrative contentieuse et non contentieuse. Je pense aussi aux nombreux dispositifs qui assureront l'extension du droit commun à Mayotte dans des domaines aussi variés que les compétences de la collectivité départementale, la coopération régionale, le rapprochement des dispositions fiscales. Je pense enfin à la réforme du régime communal, à celle de la justice cadiale et à la clarification des relations entre statut personnel et statut de droit commun. Toutes ces mesures reposent sur le même principe : l'identité législative avec la métropole prévaudra chaque fois que cela sera possible, les seules exceptions étant liées au respect de vos traditions culturelles et religieuses, ainsi qu'à la nécessité de prendre en compte votre environnement géographique. C'est un grand message de tolérance, qui répond aux idéaux les plus profonds de notre pacte social. C'est le gage d'un nouvel équilibre entre tradition et modernité, entre les particularités de votre île, qui doivent être respectées, et son appartenance à la République, qui ne saurait être remise en cause. C'est l'assurance que les dix années qui viennent seront employées au mieux pour enraciner la particularité mahoraise dans la communauté française. Au terme de ces dix années, les Mahorais dresseront le bilan de la période et ils décideront de la forme qu'ils souhaitent donner à leur présence dans la République. J'ai eu l'occasion de l'affirmer plusieurs fois au cours de mes déplacements outre-mer, et hier encore à La Réunion : l'heure de l'uniformité des statuts est passée. Il appartient à chaque collectivité d'outre-mer de choisir le cadre institutionnel qui assurera au mieux son développement au sein de la République. Rien ne doit être figé et Mayotte, comme les autres collectivités françaises d'outre-mer, doit avoir cette liberté de choix du statut le mieux adapté à ses spécificités, qu'il s'agisse du statut départemental ou de tout autre statut. Mais pour cela, je le répète, deux conditions doivent être réunies : le respect des principes et de l'unité de la République, la consultation préalable des populations. J'ai la conviction que la loi en cours de discussion est une première étape qui donnera à Mayotte les moyens de progresser sur la voie qu'elle s'est choisie, sur la voie qu'ont choisie pour elle ses habitants, dans le respect du débat démocratique : celle d'une collectivité solidement ancrée dans la République, fière de sa culture et de ses traditions, en même temps que déterminée à appliquer, dans toute leur extension, les lois en vigueur dans les départements français. Les dix années qui viennent ne seront pas seulement importantes pour l'évolution institutionnelle de votre île. Elles seront aussi décisives pour son développement économique. Dynamisme démographique, mutations sociales : tout chez vous semble aller plus vite. Le temps n'a évidemment pas la même signification lorsque la population double tous les quinze ans et lorsqu'une société aux traditions séculaires rejoint en quelques années le rythme de la mondialisation. Votre vivez à l'heure des bouleversements. C'est d'abord le choc démographique que représente tous les ans l'arrivée sur le marché du travail de 3.500 jeunes, qui seront, à très brève échéance, 5.500. Il y a là un formidable réservoir d'énergie et de dynamisme, de créativité et d'imagination, mais aussi une évolution qu'il faut savoir anticiper et préparer. L'Etat et les élus de Mayotte se sont donné comme priorité d'aider à l'éducation et à la formation professionnelle des jeunes. Je salue le choix qui a été fait de consacrer près de la moitié des crédits du Contrat de plan au renforcement des qualifications de
9
• M ay o t t e H e b d o • • N ° 9 0 0 • 2 7 / 0 9 / 2 0 1 9
ACTUS la jeunesse mahoraise. C'est un investissement indispensable pour l'avenir. Il devra être complété par des mesures favorisant la mobilité des jeunes Mahorais, notamment pour leur permettre de continuer leurs études dans le reste de la France, ou d'y acquérir une formation professionnelle débouchant sur un emploi. En marge de cette transition démographique, Mayotte vit un développement accéléré. L'économie fait preuve d'une grande vitalité et l'emploi a progressé de 7 % par an au cours de la période récente. A côté du secteur traditionnel, tourné vers l'autosubsistance et les cultures de rente, surgissent des entreprises modernes et performantes orientées vers le commerce, les services, le bâtiment et les travaux publics. Ce développement économique est le seul moyen de faire face à la pression démographique. Il doit toutefois être maîtrisé, en se gardant des effets destructeurs d'une modernisation aveugle, qui bouleverserait l'équilibre des solidarités traditionnelles. L'apparition de la concurrence, la mise en oeuvre de nouvelles normes juridiques, l'élévation du niveau des emplois et des qualifications : tous ces facteurs posent la question de l'adaptation des artisans, des foundis de Mayotte et des petits commerçants, à cette mutation rapide. C'est pourquoi il est important de mettre en place une véritable stratégie de développement, en encourageant la création d'une agence et d'un fonds de développement permettant de soutenir l'effort d'adaptation de l'économie traditionnelle. L'institution consulaire devra aussi jouer son rôle avec la création prochaine d'une chambre des métiers, d'une chambre d'agriculture et d'une chambre de commerce et d'industrie. Plus encore que sur le reste du territoire français, il est essentiel de veiller ici à la formation des professionnels et d'aider à la gestion des entreprises ainsi qu'au renforcement des filières de production. Pour conserver la maîtrise de son développement, Mayotte a tout intérêt à investir sur ses atouts traditionnels. Je pense évidemment à l'agriculture, qui recèle de formidables potentialités de croissance, notamment avec la vanille, le café ou l'ylang-ylang, production à forte valeur ajoutée que votre île est seule à pouvoir fournir avec un tel degré de qualité. Je pense aussi à la richesse de votre lagon qui permet le développement de l'aquaculture et de la pêche, ce qui suppose que les professionnels puissent s'équiper dans des conditions modernes et efficaces. Dans tous ces domaines, il est important que le développement local s'appuie sur des fonds de garantie et des aides à l'investissement, afin que les producteurs mahorais trouvent les outils nécessaires à la mise en valeur des richesses de votre île. Il serait également particulièrement utile que Mayotte puisse à nouveau bénéficier, à côté du Contrat de Plan, d'une convention de développement avec l'Etat. J'avais mis en place en 1986 un tel dispositif qui avait été ensuite reconduit par le précédent gouvernement et dont l'efficacité et la souplesse d'utilisation ont fait leurs preuves. Mayotte a également une chance à saisir en matière de tourisme, à condition que celui-ci se développe dans le respect de l'environnement et de ses traditions. Le lagon, les ceintures de corail, les plages et les massifs forestiers des deux terres offrent des beautés d'une richesse inégalée. Il faut poursuivre les efforts qui ont été engagés pour offrir des sites aux investisseurs, accroître l'offre de services touristiques et mettre en valeur la faune remarquable de votre archipel. Dans cette perspective, la réalisation d'une desserte aérienne directe entre Dzaoudzi et Paris est désormais une ardente obligation. La première convention de développement que j'évoquais à l'instant a permis, en 1986, de désenclaver Mayotte en créant une première piste pour des avions de moyenne capacité. Il faut aujourd'hui franchir une nouvelle étape en engageant sans tarder les études pour doter votre île des infrastructures aéroportuaires permettant d'accueillir les gros porteurs nécessaires au développement touristique. Dans l'intervalle, une liaison aérienne directe avec escale doit être mise en place entre Mayotte et la métropole. La compagnie Air Austral a présenté un projet qui a reçu le soutien du président de votre Conseil général, de tous les élus de Mayotte ainsi que des présidents des Conseils général et régional de la Réunion. Je souhaite qu'avec l'aide de toutes les parties prenantes, il puisse se concrétiser rapidement. Ce projet n'est pas seulement la clé du développement du tourisme dans votre île, avec toutes les retombées économiques que cela suppose. C'est aussi la manifestation tangible du lien qui unit Mayotte à la métropole en même temps que le moyen d'assurer la mobilité des Mahorais qui souhaitent poursuivre leurs études en dehors de leur île ou retrouver leur famille après une formation en métropole. La réduction des effets de l'éloignement passe aussi par le développement des nouvelles technologies de l'information. Le réseau
10•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 0 • 2 7 / 0 9 / 2 0 1 9
de téléphonie mobile et le nouvel accès à Internet, dont la mise en place est aujourd'hui effective, contribueront à rapprocher Mayotte de l'Europe ainsi que du reste de l'Océan indien. Mayotte a longtemps souffert de l'isolement dans ses relations avec les Etats voisins. La multiplication des actions de coopération dans les domaines les plus divers, qu'il s'agisse du sport, de la culture, de l'agronomie, de la recherche ou des infrastructures, montre que cette période est désormais révolue. Lors du sommet des chefs d'Etat de la Commission de l'Océan indien qui s'est tenu à Saint-Denis de la Réunion en décembre 1999, j'ai eu l'occasion d'expliquer à nos partenaires et amis de la zone l'attachement indéfectible de la France à Mayotte, la volonté des Mahorais d'être français et leur souhait d'être impliqués dans les actions de coopération. Le mieux-être des peuples de l'Océan indien et la stabilité régionale commandent que soient dépassés les blocages et les réticences hérités de la décolonisation. Les réformes en cours permettront d'ailleurs à Mayotte de renforcer ses actions de coopération et de tisser les liens indispensables à son développement, dans un esprit de dialogue et de solidarité. La participation des sportifs mahorais aux jeux de l'Océan indien s'inscrit naturellement dans ce cadre. C'est un symbole auquel la France est très sensible. Avec toute l'amitié et toute la fermeté nécessaires, nous devons faire comprendre à nos partenaires que l'éthique du sport ne peut s'accommoder d'aucune discrimination. Je tiens à être clair sur ce point : la France ne saurait garantir sa contribution au financement d'événements sportifs auxquels les jeunes Mahorais se verraient encore refuser la possibilité de participer. L'octroi de compétences en matière de coopération régionale fera de plus en plus de Mayotte un partenaire écouté et solidement intégré à cette partie de l'Océan indien. La France est profondément attachée à l'établissement de relations durables entre Mayotte et les îles voisines. C'est une nécessité pour Mayotte ainsi que pour l'aide au développement des Comores. C'est aussi indispensable pour apporter une réponse sérieuse à l'immigration clandestine et aux drames humains dont elle s'accompagne. Mesdames et Messieurs les élus, Mes chers compatriotes, Je vous remercie encore pour la chaleur de votre accueil, pour la constance et pour la fermeté avec laquelle vous construisez la France dans cette partie de l'Océan indien. Faire vivre la particularité mahoraise au sein de la République, mettre en valeur les richesses de Mayotte, anticiper les besoins en formation d'une population en forte progression, maîtriser un développement économique rapide, favoriser l'insertion de l'île dans son environnement régional : ce sont ces défis auxquels il faudra répondre dans les dix prochaines années. Vous avez déjà fait le choix de privilégier les revenus de l'activité sur ceux de l'assistanat. La métropole vous soutiendra dans cette politique courageuse tout en apportant son aide aux personnes en situation vulnérable, en favorisant l'accès de tous à l'eau, à l'électricité et au téléphone et en donnant aux femmes seules les moyens d'élever leurs enfants. Il serait en effet contraire à tous les principes de notre République de laisser des citoyens ou des familles privés des progrès qui se répandent à Mayotte. Mais nous devons aussi regarder plus loin. La brutalité des changements que connaît votre île, l'affaiblissement des solidarités traditionnelles, l'émergence de nouveaux modes de vie sont autant de facteurs qui ne sauraient être ignorés. Les jeunes Mahorais ne trouveront ni les perspectives d'avenir, ni les repères dont ils ont besoin, si tous les efforts ne sont pas faits pour renforcer le dialogue social et inscrire le progrès économique dans le respect des valeurs traditionnelles de Mayotte. Les Mahorais doivent demain témoigner, en faveur du développement de leur île, de la même ténacité et de la même persévérance que celles dont ils ont fait preuve pendant quarante ans pour confirmer leur choix d'être français. Vous connaissez, mes chers compatriotes, mon attachement profond et ancien pour Mayotte. Vous pouvez compter sur moi pour que la République soit toujours à vos côtés pour vous aider à mettre en oeuvre ce projet. Avec la volonté et la détermination de construire l'avenir de votre île. Avec l'immense fierté d'affirmer la présence de Mayotte dans la France. Vive Mayotte ! Vive la République ! Vive la France !
11
• M ay o t t e H e b d o • • N ° 9 0 0 • 2 7 / 0 9 / 2 0 1 9
ACTUS
12•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 0 • 2 7 / 0 9 / 2 0 1 9
13
• M ay o t t e H e b d o • • N ° 9 0 0 • 2 7 / 0 9 / 2 0 1 9
TCHAKS
LE CHIFFRE
L'ACTION
LA PHRASE "Mayotte a toujours été reléguée au second plan et nous avons aujourd’hui face à nous une réforme qui va encore plus détruire la situation de nos retraités."
Salim Nahouda, secrétaire générale de la CGT Mayotte, déterminé à motiver les manifestants – moins d'une centaine de personnes – lors d'une marche dans les rues de Mamoudzou, dans le cadre d'un mouvement national contre la réforme des retraites. “Depuis 1841, nous n’avons jamais cessé de demander l’égalité, et aujourd’hui, alors que le plafond des pensions est de 1 000 euros et que l’aide sociale pour les personnes âgées est 50 % moins élevée qu’en métropole, le compte n’y est pas !", a également souligné le syndicaliste.
Semaine de l'égalité professionnelle
À l’occasion de la semaine de l’égalité professionnelle, le préfet de Mayotte délégué du gouvernement, Jean-François Colombet, et Mohamed Majani, le maire de Mamoudzou, organisent une table ronde sur la thématique de l’articulation dans la vie familiale et professionnelle, qui se déroulera le vendredi 4 octobre de 8h30 à 13h à la mairie de Mamoudzou. Au programme : une ouverture des échanges par la délégation régionale aux droits des femmes et à l’égalité (DRDFE), suivie d’une table ronde avec les intervenantes Houssamie Mouslim, psychologue clinicienne, Echat Magoma, directrice des ressources humaines à Électricité de Mayotte (EDM), et Maria Mroivili, sociologue. De 14h à 16h se déroulera une marche pour l’égalité professionnelle, au départ du rondpoint du manguier pour une arrivée prévue sur la place de la République.
11 000
C'est le nombre de personnes, habitant hors de la capitale, qui se rendent chaque jour à Mamoudzou pour y travailler, sur 19 700 personnes travaillant dans une commune autre que celle où ils résident. Le chiffre est révélé par une étude de l'Insee sur l'emploi à Mayotte. Autres données intéressantes : le niveau de l’emploi reste faible sur ces dix dernières années. Sur trois personnes âgées de 15 à 64 ans, hors cursus scolaire, on trouve en moyenne un employé, une personne écartée de l’emploi et une autre personne qui a choisi de ne pas travailler. La dynamique est bien là concernant la création d’emplois, mais elle évolue en même temps que la croissance démographique. Résultat, le niveau de l’emploi stagne à 32 %, contre 66 % en métropole et 44 % en Guyane.
LA PHOTO DE LA SEMAINE
De nouvelles bières locales Une nouvelle brasserie a ouvert ses portes à Mayotte, et elle tourne à plein régime. Que ce soit en bouteille ou en fût, elle souhaite séduire une clientèle avide de bières blanches, blondes et ambrées. Un projet artisanal crée à l'initiative d'Antoine Autran, et qui risque fort de faire un carton dans les mois à venir. "Il faut bien comprendre que ma brasserie est un petit projet artisanal. Par conséquent la vente se fait en direct et en circuit court. Aucune des bières ne se retrouve dans les rayons de la grande distribution. Par contre, je vais ouvrir un dépôt en Petite-Terre pour des questions de facilité", a-t-il détaillé.
GRANDES MARÉES L'heure de la préparation
Il y a trois semaines, plusieurs zones de l'île se retrouvait en partie sous les eaux. En cause : un fort coefficient de marée couplé à l'enfoncement que Mayotte connait depuis le début du phénomène sismo-volcanique. Ce week-end, rebelote avec des marées encore plus grandes. La préfecture a ainsi communiqué les consignes à respecter pour les habitants du bord de mer : "protégez vos biens" ; "coupez l'électricité, l'eau et fermer les bouteilles de gaz" ; "préparez votre kit d'urgence (médicaments, vêtements, alimentation, etc." ; "tenez-vous au courant du niveau des marées et de l'évolution de la situation météo" ; "limitez vos déplacements en bord de mer et circulez avec précaution en limitant votre vitesses" ; "ne vous engagez pas sur une route fermée à la circulation" ; "Surveillez attentivement les enfants sur le littoral ou sur les plages" ; "Restez informés et écoutez les consignes de sécurité" ; "si nécessaire, évacuez vos habitations et gagnez les lieux d'accueil prévus par votre mairie."
14•
PROVERBE Ava mengo tsi munyaho. Celui qui te tourne le dos n'est pas ton compagnon.
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 0 • 2 7 / 0 9 / 2 0 1 9
LE FLOP LE TOP Succès à Mayotte pour le World Clean Day
Alors que la chasse aux déchets se déroulait dans 163 pays dans le cadre de l'opération World Clean Day, Mayotte a répondu à l’appel international avec succès. Plusieurs centaines d’élèves et de bénévoles ont en effet pris part à une vingtaine d’actions aux quatre coins de l’île. "Il est très motivant de constater que la population se préoccupe de cette question environnementale et qu’elle a renoncé à son temps libre pour participer et agir de manière responsable", s'est réjoui Raphaela Raaber, coordinatrice adjointe de Yes We Can Nette, une des associations participant à l'évènement. Parmi les actions menées : l’association Kaja Kaola a nettoyé les hauteurs de Tsoundzou et a redescendu près de 300 sacs ; le bar et le club de plongée Jolly Roger 976 en ont profité pour se rendre sur l’îlot Bandrélé : Les Naturalistes ont inclus une action de nettoyage au cours de leur bivouac à Saziley ; plus au sud, le lycée de Chirongui a réservé un bus pour emmener ses élèves sur la plage de la ville de Bouéni ; l’association Ngazi Ngome s’est, quant à elle, chargée de dégager le quartier et la rivière de Bonovo à M’Tsapéré ; ou encore, dans le même style, le club de kayak de Passamaïnty a récupéré les déchets de la mangrove durant une sortie.
ILS FONT L'ACTU Bacar Ali Boto
Le premier adjoint à la mairie de Mamoudzou en déplacement à New-York dans le cadre du Forum des collectivités locales et régionales, organisé par Cité Unies France au siège des Nations Unies. Bacar Ali Boto y représente en effet la municipalité de Mamoudzou. Objet des débats : les objectifs de développement durable. "On pourrait se demander pourquoi Mamoudzou est représentée ici ? Nous sommes membre d'une île, qui a besoin de se faire connaître hors de ses frontière (…), plus particulièrement aux Nations Unies puisque nous avons une problématique qui concerne l'appartenance de Mayotte à la France. Il va de soi qu'à chaque fois que nous aurons l'occasion de porter la voix de Mayotte au-delà de nos frontières, cela ne peut être qu'une très bonne chose.", a t-t-il déclaré dans une vidéo sur sa page Facebook.
Caribus : les entreprises de Kawéni en colère
Une épine dans le pied du projet Caribus ? Si l’enquête publique au sujet du projet du réseau de transport collectif urbain de la communauté d’agglomération DembéniMamoudzou s’est clôturée samedi dernier, les entreprises ne décolèrent pas et expriment leur indignation. "Ce projet est monté dans notre dos au détriment des entreprises et des salariés", constate d’un goût amer, Marc-Antoine Moles, secrétaire du syndicat des transitaires de Mayotte, qui a adressé un courrier au Premier ministre, Édouard Philippe, en ce sens en fin de semaine dernière. Pour les entreprises, le chantier d’une durée de trois ans risque de tuer l’emploi sur Kawéni, qui regroupe plus de 60% des salariés de Mayotte. En ligne de mire des contestataires ? Le tronçon de Kawéni d’une distance d’1,5 kilomètre, qui s’étend du carrefour de la zone industrielle Nel à celui de SFR : "Comment va-t-on procéder pour les containers ?", s'inquiète le syndicaliste. Pour Mohamed Moindjié, adjoint en charge des transports à la Cadema, il ne s’agit en aucun cas "d’un sujet tabou". Si "des questions légitimes se posent", l’élu explique que "les analyses de l’enquête publique sont en cours. (…) On va tenir compte des avis et des inquiétudes de chacun avant de communiquer."
Mansour Kamardine
Le député demande au gouvernement de "revoir sa copie" et de transférer la gestion du Feder au Conseil départemental. Ce dernier a déjà pris ses dispositions pour assurer cette gestion, notamment grâce à un renforcement des compétences réalisé en partenariat avec la région Réunion qui est en matière de gestion des fonds européens un bon élève reconnu en France et en Europe." La cause de cette indignation ? "Alors que l'Etat a pris deux ans de retard sur la mise en oeuvre des fonds européens sur la période 2014-2020, que son déficit d'ingénierie est pointé par l’Union européenne, que sur les 3/4 de la période 2014-2020, seulement le quart du Feder, le cinquième du fonds agricole et le septième du fonds social sont consommés en paiement, le gouvernement refuse [d'en transférer] la gestion (…) au Conseil départemental. Le mauvais élève donne donc des leçons au jeune département et entend garder la haute main sur le Feder. En réalité, l'Etat cherche à financer ses priorités via l'Europe et entrave le financement des projets de développement prioritaires des Mahorais que sont les routes, la piste longue, le port, l'université, le haut débit numérique, la transition énergétique et la protection de l’environnement."
MER
Des requins observés au large
De grands squales ont été observés dans la journée de lundi au nord de l’île, entre M’tsahara et Handréma. Leur présence s’explique par celle d’un cadavre échoué de baleine au large des côtes. Le corps du mammifère a également attiré des bancs de thons qui, pour leur part, font le régal des pêcheurs sur place. "Les requins sont très costauds", affirme Charif Abdallah, le patron des pêcheurs de M’tsapéré, ajoutant :"Nous avons demandé aux pêcheurs qui sont sur place d’être très vigilants face aux requins et de bien se comporter car nous n’avons pas le droit de les tuer." Du côté du Parc marin, on rassure : "Nous allons voir ce que nous allons faire pour mobiliser nos équipes mais ce qui est certain, c’est que nous n’allons pas ramener le corps. Au contraire, si cela s’avère nécessaire, nous tenterons de l’écarter afin qu’elle ne pénètre pas dans le lagon. Il faut que la charogne reste au large pour nourrir un écosystème plutôt que d’attirer avec elle des prédateurs dans le lagon", a expliqué Christophe Fontfreyde, le directeur de l'organisme.
15
• M ay o t t e H e b d o • • N ° 9 0 0 • 2 7 / 0 9 / 2 0 1 9
À LA RENCONTRE DE...
Solène Peillard
16•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 0 • 2 7 / 0 9 / 2 0 1 9
SITTI AHAMADA M'ZE
COMMERCIALE À L'INTERNATIONAL SITTI AHAMADA M'ZE A SILLONNÉ L'OCÉAN INDIEN, AVANT DE DÉCOUVRIR PLUSIEURS PAYS D'EUROPE POUR Y ENRICHIR SON PARCOURS SCOLAIRE ET PROFESSIONNEL. À SEULEMENT 24 ANS, CETTE NATIVE DE LABATTOIR DIRIGE, EN MÉTROPOLE, L'UNE DES AGENCES D'UN RÉSEAU MONDIAL SPÉCIALISÉ DANS L'EXPÉDITION. UNE EXPÉRIENCE QUI LUI PERMET DE CONCILIER SON AMOUR DU COMMERCE AVEC CELUI QU'ELLE VOUE AUX LANGUES ÉTRANGÈRES. MAIS IL SE POURRAIT BIEN QU'ELLE FINISSE PAR POSER SES VALISES À MAYOTTE, EN PRENANT SOIN D'Y AMENER DE GRANDS PROJETS TOURNÉS VERS L'ÉTRANGER. Son parcours est bien rempli. Il part de Labattoir, passe par La Réunion, puis l'Espagne et la Belgique, pour finalement trouver son point d'ancrage en métropole, dans la ville de Besançon. Là-bas, Sitti Ahamada M'ze, du haut de ses 24 petites années, continue de s'ouvrir au monde, puisqu'elle dirige l'agence locale de Mail Boxes Etc., une société internationale implantée partout à travers le globe. De quoi inscrire la société parmi les plus grands réseaux mondiaux de franchise de service
17
• M ay o t t e H e b d o • • N ° 9 0 0 • 2 7 / 0 9 / 2 0 1 9
CE QU'ILS EN DISENT Binta Ba, amie de Sitti Ahamada M'ze "J'ai connu Sitti à l'université, et si nous sommes restées amies depuis c'est parce que c'est une fille intelligente, battante et très persévérante. C'est une véritable source d'inspiration pour tous ceux qui la connaissent !"
spécialisé dans l'expédition, l'impression et la domiciliation pour les particuliers et les entreprises. Il y a encore une quinzaine d'années, Sitti Ahamada M'ze avait pour habitude de s'installer derrière la caisse du Douka Bé tenu par sa mère, sur la Petite-Terre qui l'a vue naître. Sur le comptoir au-dessus duquel elle voit défiler les clients, éclot déjà son amour pour le commerce et les relations qu'il créées. "C'est ce que j'ai toujours voulu faire", sourit-elle. Alors qu'elle n'avait que 10 ans, le rideau de la petite épicerie se ferme : ses parents décident de quitter l'île aux parfums pour la ville de Besançon, en Franche-Comté, pour se rapprocher de
la famille. Sitti Ahamada M'ze y vivra trois ans durant, avant de s'envoler, cette fois, pour La Réunion. Adolescente, elle intègre le lycée Amiral Bouvet, à Saint-Benoît, où elle décroche, en 2013, son baccalauréat littéraire spécialité anglais. Déjà les prémices d'une seconde passion naissante. Dans la foulée, elle s'oriente vers un cycle préparatoire aux études supérieures et à l'insertion professionnel. "J'étais un peu hésitante", reconnaît la jeune femme. "Alors j'ai tenté ce cursus et ça m'a aidé à comprendre ce que j'aimais, ce que je voulais vraiment faire". Diplôme universitaire Mahoraise repart de
18•
en poche, la nouveau pour
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 0 • 2 7 / 0 9 / 2 0 1 9
Besançon et son université, soucieuse d'enrichir son parcours scolaire en métropole, où la continuité est plus facilement assurée. Cette fois, plus de place au doute ou à l'hésitation. Sitti le sait : à présent, elle veut apprendre les langues étrangères. "J'aime beaucoup ça, les langues sont ce qui fait tomber les barrières entre les gens", défend-elle. "Tout commence par la communication". C'est donc tout naturellement qu'elle s'inscrit à une licence en langue étrangère appliquée. Et si elle ne retrouve ici plus le Douka de son enfance, elle en porte suffisamment le souvenir et la nostalgie pour se spécialiser dans le commerce. À la différence près qu'à présent, c'est celui à l'international qu'elle vise.
L'OCÉAN INDIEN, L'EUROPE ET LE MONDE Pendant trois ans, Sitti Ahamada M'ze apprend le chinois, qui l'aidera dans son futur choix de carrière. Puis elle s'envole, encore, pour perfectionner son anglais dans la ville belge d'Anvers, où l'étudiante passera six mois en Erasmus. Une fois son programme international achevé, elle part une nouvelle fois, pour un nouveau pays : l'Espagne, où l'attend un stage d'assistante commerciale pour une entreprise spécialisée dans le e-commerce. Dans le quartier des affaires de Barcelone, la société compte quatre pôles, chacun étant dédié à une langue étrangère précise. Du sur-mesure pour Sitti Ahamada M'ze, qui ne doute plus du projet auquel elle veut consacrer sa vie. Petit à petit, la jeune femme touche son rêve d'enfant du bout des doigts. Elle ne sait pas encore qu'elle s'en approchera bien plus près, à une vitesse fracassante. Son expérience hibérique s'achève et elle revient finalement à Besançon, licence LEA commerce international et langues étrangères fraîchement acquise. Il est temps de mettre un pied dans la vie professionnelle. Coup de chance, un poste fait pour elle attend preneur. Sitti Ahamada M'ze postule alors en tant qu'assistance commerciale, pour une agence qui vient à peine d'ouvrir dans sa ville d'adoption. Tout correspond, en tout point, à ses attentes : l'emploi à pourvoir mêle à la fois sens des affaires, relation clientèle et ouverture vers l'international via la maîtrise de plusieurs langues, et pour cause. Mail Boxes Etc. a vu le jour dans les années 1980 aux États-Unis, plus précisément en
Californie. En 40 ans d'expérience, la société a fait ouvrir 2 100 agences de services : 500 sur le continent américain, 1 600 autres dans une quarantaine de pays. En 2015, le chiffre d'affaires de ce vaste réseau s'élevait à quelque 400 millions d'euros. Sitti Ahamada M'ze est comblée. "Travailler pour cette entreprise fait appel aux connaissances commerciale que j'ai apprise sur les bancs de l'école, mais aussi aux langues étrangères, puisque nos clients sont internationaux". Un défi qui n'effraie pas la Mahoraise. Au fil de ses études et de son expérience personnelle, la jeune vingtenaire a appris à maîtriser quatre langues : l'anglais, d'abord, puis l'espagnol, le chinois, et même le néerlandais.
VERS UN RETOUR AUX SOURCES ? Seulement un an plus tard, au début du mois de septembre dernier, c'est la consécration : Sitti Ahamada M'ze devient responsable de l'agence où elle a fait ses premières armes. Mais même après avoir vu et appris le monde par ses dialectes, la jeune femme n'oublie pas d'où elle vient. "Revenir vivre à Mayotte, c'est une idée que j'ai en permanence dans un coin de ma tête", reconnaît-elle, plus de dix ans après avoir quitté son île. Et la richesse de son parcours, la native de Labattoir espère bien pouvoir la mettre, un jour, au service de son territoire. Quand ? Difficile à dire, mais une chose est déjà sûre : "J'ai deux projets très intéressants pour Mayotte", promet Sitti Ahamada M'ze qui prend toutefois soin de ne pas trop en dévoiler, par pudeur, modestie, ou superstition, peut-être. "Je veux ouvrir mon entreprise ici, cela pourrait avoir un lien avec le transport". Et évidemment, sur un marché international. "C'est tout à fait réalisable à Mayotte. Quand je reviendrai ici, je ne le ferai pas sans rien derrière, j'aurais déjà des contacts qui viennent d'un peu partout", promet la responsable d'un centre de service ouverts vers toutes les régions du globe. Au gré de ses voyages, sa volonté d'ancrage s'affirme. "On pense qu'à Mayotte, il y a peu de choses, que rien n'est assez développé, et c'est pour cela qu'on veut partir, c'est normal. Mais si nous ne revenons pas un jour nous-même pour participer au développement de notre île, personne ne le fera à notre place et ça n'avancera jamais", conclue Sitti Ahamada M'ze.
19
CE QU'ILS EN DISENT Nafiati Abdou Nanhoba, cousine de Sitti Ahamada M'ze "C'est une personne en or ! Elle est honnête, ambitieuse, travailleuse et très sociable. Sitti est toujours heureuse de s'ouvrir aux autres."
• M ay o t t e H e b d o • • N ° 9 0 0 • 2 7 / 0 9 / 2 0 1 9
ENTRETIEN
Geoffroy Vauthier
MARIE-JOSEPH MALÉ, PDG D'AIR AUSTRAL
"LA PISTE LONGUE NOUS FACILITERAIT LA 20•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 0 • 2 7 / 0 9 / 2 0 1 9
Souvent critiquée pour son monopole, qu'elle est accusée de vouloir maintenir à tout prix, la compagnie aérienne Air Austral règne sur le ciel mahorais. Pourtant, son président-directeur général, Marie-Joseph Malé, se dit prêt à accueillir une éventuelle concurrence et souhaite même que cela soit le cas.
A VIE" 21
• M ay o t t e H e b d o • • N ° 9 0 0 • 2 7 / 0 9 / 2 0 1 9
ENTRETIEN
DLEM
Mayotte Hebdo : Air Austral vient de lancer une campagne de notoriété en métropole. Le dispositif sera diffusé sur les chaînes BFM TV mais aussi sur RMC Découverte. L'objectif est de mettre en avant les destinations desservies par la compagnie, dont Mayotte. Qu'est-ce que le territoire a à mettre en avant selon-vous ?
Marie-Joseph Malé : Au-delà du potentiel touristique de l'île, nous sommes surtout un opérateur historique. Nous avons donc assuré une forme de continuité, entre le territoire et La Réunion dans un premier temps, et puis désormais avec la métropole. C'est notre vocation première et elle le reste, même si nous cherchons à accompagner le
22•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 0 • 2 7 / 0 9 / 2 0 1 9
Photo : Geoffroy Vauthier
"JE NE L'AI JAMAIS CACHÉ : MON OBJECTIF N'A JAMAIS ÉTÉ DE BAISSER LE PRIX CAR JE SAIS LES COÛTS QUE J'AI, MAIS D'AMÉLIORER LE RAPPORT QUALITÉ-PRIX"
territoire lorsqu'on le peut à travers le développement du tourisme et des affaires. Mais nous n'en sommes qu'un des acteurs uniquement. Notre vocation initiale a toujours été d'assurer la continuité. MH : À propos du tourisme, est-il porteur pour une compagnie aérienne comme la vôtre ?
MJM : Je pense qu'il y a une vraie réflexion globale à poser. Partout où il y a eu développement du tourisme, il y a eu un travail de fait sur l'attractivité : comment traitet-on le client en termes d'hôtellerie et d'hébergements, de restauration, de divertissements, etc. Comment communique-t-on dessus ? Le développement touristique ne peut pas se décréter car c'est un tout. Personne ne voyage pour le plaisir du voyage en soit, mais pour
23
• M ay o t t e H e b d o • • N ° 9 0 0 • 2 7 / 0 9 / 2 0 1 9
ENTRETIEN
l'objectif, la destination. Le transporteur, lui, ne fait que la liaison, c'est un maillon. Avec Ewa, nous amenons des gens à Mayotte, mais aussi des touristes qui vont ailleurs. Cela permet de rentabiliser. Il faut prendre conscience de cela. On a l'impression qu'en faisant ci ou ça [ouvrir des lignes ou baisser les prix, NDLR], on va faire venir tout le monde à Mayotte, mais détrompez-vous. Si c'est pour avoir quatre passagers par vol, ce n'est évidemment pas possible. Il faut faire attention : ce n'est pas parce qu'un jour on a vu un groupe, que lancer un vol quotidien vers là ou là est pertinent. MH : Mais il y a tout de même une question de rendement. Il y a quelque chose à gagner dans ce développement… MJM : Clairement, oui. Mais ce n'est pas le développement touristique qui a été la raison première de notre présence à Mayotte, sinon on ne l'aurait pas fait depuis 40 ans. On a été là parce qu'il fallait assurer des liaisons de manière équilibrée. Et ce qu'il s'est passé. Je
pense qu'il y a des déplacements naturels de population, des déplacements affinitaires entre La Réunion et Mayotte, d'affaires et administratifs. Cela a toujours été l'essentiel du trafic, et cela le reste. Oui, on accompagne aujourd'hui, entre autres, le développement de ce nouveau pan qu'est le tourisme, mais encore une fois, nous ne sommes qu'une des parties prenantes d'un ensemble. Et tout ceci, évidemment, dans des conditions de rentabilité au moins assurée. MH : Autre nouveauté de la compagnie, la mise en place d'une option "délai de réflexion", permettant de bloquer le prix d'un billet durant quelques jours avant de l'acheter. Comment fonctionne-t-elle ? MJM : Très simplement. Quand vous allez sur notre site, vous effectuez une réservation et nous vous proposons une option payante, à 20 euros, qui permet de maintenir la réservation "vivante" pendant cinq jours, et donc de garder le même prix puisque sur les tarifs les plus bas, il faut en général acheter le billet tout de
24•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 0 • 2 7 / 0 9 / 2 0 1 9
suite. Nous l'avons testé pendant un mois et à la vue des résultats concluants, on a décidé de lancer ce nouveau service. MH : C'est une manière de remédier, au moins en partie, au prix des billets d'avion, que beaucoup jugent prohibitifs ? MJM : C'est surtout une vraie attente de la clientèle, qui est valable partout, et non juste à Mayotte. Avec la digitalisation, les clients utilisent désormais internet et considèrent que les prix sont extrêmement volatiles, et c'est tout à fait normal car cela fait partie de la gestion du quotidien. Ils attendent cette possibilité, nous leur proposons donc de figer le prix du billet pendant quelques jours, comme beaucoup d'autres compagnies, avec cette option payante, parce que pour nous il y a évidemment un manque à gagner là-dessus. MH : Ces dernièrs mois, votre compagnie s'est retrouvé sous le feu des critiques, avec l'immobilisation d'un de ses Boeing 787, dont il faut remplacer les ailettes des réacteurs, et la nécessité d'adapter son programme de vol en faisant appel à des avions d'autres compagnies. Où en est cette réparation ? Et quand les usagers Mahorais retrouveront-ils un programme fixe ? MJM : Je rappelle que nous avons utilisé l'autre Boeing 787, celui qui tourne dans l'océan Indien, pour effectuer la liaison Dzaoudzi-Paris. Le 787 qui était utilisé ici a été arrêté le 3 juin. Rolls Royce a des problèmes de production des ailettes – une cinquantaine de compagnie est impactée pour près de 140 moteurs qui sont actuellement immobilisés –, cela demande donc
nécessairement un certain temps pour la production, même accélérée. D'autant que la production des nouvelles ailettes avec de nouveaux matériaux a commencé il y a seulement quelques mois. C'est ce qui explique le délai anormalement long d'arrêt des appareils. Le nôtre devait revenir vers la première quinzaine du mois d'octobre, mais on nous dit que cela pourrait être un peu plus tard. Toutefois, par mesure de précaution, on a mis en place le plan B, qui tourne avec l'avion de Wamos et le second 787, jusqu'à la fin du mois d'octobre, où le 787 sera de nouveau effectif. Le programme est lancé, stabilisé, les passagers ont été informés, il n'y a plus de surprises ni de perturbations. Il y a eu quelques petits ajustements par rapport à l'origine, mais globalement, mis à part deux vols de raccrochage – le premier et le dernier – le reste a été très peu perturbé. Les horaires sont les horaires classiques. MH : Votre compagnie est souvent critiquée à Mayotte pour son monopole. On l'accuse notamment d'avoir tout fait pour que Corsair, qui effectuait une liaison Paris-Tananarive-Dzaoudzi, ne jouisse plus des droits pour desservir la capitale malgache, rendant nonrentable la desserte de Dzaoudzi. Qu'y répondez-vous ? MJM : Oui, nous sommes la seule compagnie à effectuer une liaison directe vers Paris, mais nous le sommes de fait. Le reste n'est pas exact, c'est un procès d'intention. La situation actuelle, on la subit plus que nous en sommes la cause. Je rappelle les éléments : pendant près de 10 ans, nous avons été en situation de concurrence sur le ParisMayotte. Les compagnies qui ont commencé à faire du Paris-Mayotte en direct – pas Mayotte-Paris car personne n'avait l'appareil pour pouvoir le faire –, c'est d'abord Corsair et XL Airways, pas nous. Nous on a toujours fait du Mayotte-La Réunion-Paris. Et cela a été comme ça pendant près d'une décennie. Corsair aurait-il pu continuer ? Bien évidemment : ils faisaient du Paris-Dzaoudzi-Tananarive, et ils ont toujours les droits pour faire du Paris-DzaoudziTananarive ! Très récemment, le PDG de Corsair a accordé une interview à L'écho touristique*, il y avoue clairement qu'ils vont désormais s'orienter vers l'Atlantique-Nord, et qu'ils ont abandonné Madagascar et Mayotte parce qu'il n'y avait pas de trafic, et qu'il n'y en avait pas à faire. C'est un peu différent de l'explication qui avait été donnée auparavant. Alors, qu'est-ce qu'il s'est passé pour qu'il y ait cet amalgame et qu'on nous accuse de tous les maux ? Avec l'arrivée de French Bee, qui a un peu perturbée le marché en affichant des tarifs plus bas – d'ailleurs, ils ne le disent
25
• M ay o t t e H e b d o • • N ° 9 0 0 • 2 7 / 0 9 / 2 0 1 9
ENTRETIEN
pas car c'est une compagnie française, mais je pense que XL Airways a souffert de Norwegian et de Level, mais aussi de French Bee –, Corsair a voulu restructurer ses vols. Donc, plutôt que de faire Paris-Dzaoudzi-Tananarive-Paris, ils ont voulu faire Paris-La Réunion-TananariveLa Réunion-Paris, en arrêtant Dzaoudzi. Et ils ont fait du Réunion-Dzaoudzi à côté. À cette époque-là, durant près d'un an, ils n'avaient pas les droits de trafic locaux entre La Réunion et Tananarive, mais les avaient, j'insiste, pour faire Paris-Tananarive, le gros de la recette. Ils ont demandé les droits de trafic qui leur manquaient – qui représentent une petite recette comparée à Paris – pour remplacer les passagers qui descendait à La Réunion par des passagers allant à Madagascar. Ils ont obtenu ces droits de manière temporaire, avec l'obligation d'amener du trafic, du tourisme supplémentaire. Au bout d'un an, les Malgaches ont fait les comptes, ont constaté que le trafic n'avait globalement pas bougé, et que la seule conséquence avait été qu'Air Madagascar avait perdu du trafic – et un peu nous aussi – au profit de Corsair. Ils ont donc simplement arrêté ces droits locaux. Corsair a invoqué cette suspension pour arrêter, mais c'est un prétexte : la recette est faible en comparaison avec celle d'un long courrier comme Paris-Tananarive. Ils étaient déjà mal, ils perdaient de l'argent, et ils ont donc décidé d'arrêter Dzaoudzi, etc. Voilà le fond de l'histoire : ils ont stoppé la liaison pour des raisons économiques. Mais ils auraient pu continuer, ils avaient toutes les exigences requises par la DGAC pour cela. MH : Une nouvelle compagnie – Air Mayotte – s'apprête à effectuer des liaisons Mayotte-La Réunion, à raison de vols quasiquotidiens en 2020. Dans une situation financière délicate, Air Austral peut-elle encaisser cette concurrence ? MJM : Pour l'usager, il vaudrait mieux qu'on puisse encaisser, sinon les clients se retrouveront dans la même situation qu'aujourd'hui avec un seul transporteur qui serait Air Mayotte. C'est tout le risque. En 2012, lorsqu'on allait mal et que je suis arrivé à Air Austral, je suis venu à Mayotte et
la seule inquiétude de tout le monde était de savoir si nous, l'opérateur historique depuis 40 ans, allions arrêter. J'ai assuré que nous continuerions, ce que nous avons fait. La concurrence, encore une fois, a existé il n'y a pas longtemps sur le Paris-Mayotte et sur le Réunion-Mayotte, et elle peut revenir, c'est de bonne guerre. Moi, je n'ai jamais été contre, d'autant que ça évitera qu'on soit la cause de tous les malheurs de tout le monde. À partir du moment où les règles sont les mêmes pour tout le monde en matière d'organisation, de sécurité, etc., je n'ai absolument aucun problème avec la concurrence. Mais ici, le marché est étroit. Alors quand on a une concurrence qui arrive – ce qui est pour moi positif, je le répète – il faut que cela puisse générer de la clientèle nouvelle pour que les deux puissent s'y retrouver. Sinon, le risque est qu'un des deux se retire ou que chacun réduise sa capacité car personne ne va se suicider en continuant comme si de rien n'était s'il n'y a pas une hausse du trafic. Et à l'arrivée, on se retrouve dans la situation antérieure. MH : C'est donc viable uniquement si le trafic augmente ? Sinon, seuls les prix baissent et c'est un manque à gagner pour une compagnie… MJM : Regardez le vol d'hier (lundi 23 septembre, NDLR), Réunion-Mayotte : il restait 50 places en économie. Aujourd'hui (mardi 24 septembre, NDLR), l'avion est à moitié vide. Le tarif le moins cher qui existe est de 247 euros, et ce n'est pas pour autant que l'avion est plein. C'est la question qu'on doit tous se poser. Nous verrons au moment où Air Mayotte arrivera les tarifs qu'ils proposent, l'impact que cela a sur nous, et tout le monde s'ajustera. Quand Corsair est arrivé avec deux vols par semaine sur le Réunion-Dzaoudzi, le tarif qu'ils pratiquaient de 190 euros, nous le pratiquions avant eux, à 199 euros. En octobre 2012, j'avais demandé qu'on lance un tarif extrêmement agressif sur Mayotte, et nous étions alors seuls. Et justement parce qu'on l'était : cela permettait d'éviter un jour de nous accuser de nous "gaver". C'est important
26•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 0 • 2 7 / 0 9 / 2 0 1 9
de comprendre qu'on n'a pas attendu, que nous avons été pro-actifs. Sur 190 euros, il y a en 80 de taxes d'aéroport. Il reste donc 110 euros. En divisant en deux, c'est le même prix qu'un taxi entre Roissy et Paris. Si on devait remplir notre avion avec ça, j'arrêterais la ligne tout de suite. Je ne l'ai jamais caché. Pourquoi ? Parce notre utilisation, ici, est réduite. Cela, les gens ne le réalisent pas. Or, c'est l'économie de base des transports. La région est compliquée en cela. On est en sous-utilisation des machines : on ne peut pas se poser sur des aéroports secondaires, les coûts sont bien supérieurs à ceux que l'on trouve en Europe, on a des coûts de touchée au niveau des escales, des restrictions en matière d'horaires, d'ouverture et de fermeture des aéroports, etc. : nos surcoûts sont là, c'est une réalité. Donc, à 190 euros, tout le monde serait heureux, mais personne ne survivrait. Il est donc tout à fait normal que les prix fluctuent. À ce sujet, sur le Réunion-Mayotte, 70% de nos ventes sont faits avec des tarifs inférieurs à 450 euros. Quand on lit les réseaux sociaux, on a l'impression qu'on a des tarifs qui sont le double. En réalité, il n'existe pas, en classe
économique, de tarif supérieur à 773 euros depuis cinq ans, et c'est le tarif pour les évacuations sanitaires ! Le tarif les plus élevé sur cette liaison pour un client classique en classe économique est de 657 euros, loin des 800 euros que l'on voit parfois sur les réseaux sociaux. Ce tarif là n'existe pas, tout simplement. MH : Toujours au sujet des billets, le coût du carburant est souvent invoqué pour justifier leur prix élevé. Comment agir là-dessus en tant que compagnie aérienne ? MJM : Très franchement, nous, on ne sait plus quoi faire sur ce sujet. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir essayé. Pour tout vous dire, même quand on a débuté avec Ewa en 2013, on a rencontré Total, fait des calculs, etc., pour trouver une solution, car Total justifiait la hausse du carburant par leur prise en charge d'un camion-citerne, amorti déjà à cette date. Cela n'a pas abouti. Conséquence : Ewa a des surcoûts de 50%, car le carburant est 50% plus cher qu'à La Réunion. Ewa a à subir ça.
27
• M ay o t t e H e b d o • • N ° 9 0 0 • 2 7 / 0 9 / 2 0 1 9
ENTRETIEN
En ce qui nous concerne, quand on vole vers Paris, on a une bonne partie de notre carburant – contrairement à ce que les gens prétendent – qui est pris ici, à Mayotte. C'est un surcoût pour nous aussi. J'ai écrit au PDG de Total en ce sens. Nous n'avons pas eu gain de cause. Peut-être qu'un jour il y aura de la concurrence, des projets alternatifs, et que les choses changeront. Aujourd'hui en tout cas, nous n'avons pas espoir d'améliorer les choses. MH : Le carburant représente quel coût pour une compagnie aérienne ? MJM : Entre 28% et 37% des coûts selon les compagnies. C'est significatif. MH : Il y a quelques mois, dans nos colonnes, vous déclariez que vous aviez toujours soutenu le projet de piste longue. Il se murmure que le président de la République pourrait la valider lors de sa venue au mois d'octobre. Comment accueilleriez-vous la nouvelle si c'était le cas ? MJM : En 2012, je venais d'arriver chez Air Austral, et l'enquête publique était en cours. Je soutenais déjà le projet. Clairement, cela nous faciliterait la vie. Pourquoi a-ton investi dans des 787 ? Parce qu'on a compris en 2012 qu'il n'y aurait pas de piste
longue et que nos gros 777 ne pourraient donc pas tourner ici. Un seul aurait pu, mais il était surmotorisé et très gourmand en carburant, on y aurait laissé notre chemise. On aurait pu attendre et continuer comme on le faisait, en passant par La Réunion, mais pour pouvoir offrir un service de qualité, nous avons choisi d'investir dans les 787 et de faire du direct. Je ne l'ai jamais caché : mon objectif n'a jamais été de baisser le prix, parce que je sais les coûts que j'ai, mais d'améliorer le rapport qualitéprix. Quand on est passe d'une amplitude de vol de 17h, deux heures de transit à La Réunion comprises, à 9h45, le rapport qualité/ prix est doublé. Si les gros 777 avaient pu se poser, on aurait résolu nos problèmes très facilement avec eux : on aurait fait deux fréquences au lieu de quatre, car ils sont deux fois plus gros, et puis c'était terminé. Tout simplement. On n'aurait pas eu tous ces plans B en cas d'incidents sur les 787, etc. Sur le plan opérationnel, l'absence de piste longue représente beaucoup de contraintes. C'est ce qui fait la difficulté de la tâche, et je pense que c'est la raison pour laquelle on est les seuls à le faire. MH : Vous ne semblez pas craindre du tout la concurrence malgré une situation financière tendue. L'arrivée d'Air Mayotte n'a pas l'air de vous inquiéter, pas plus
28•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 0 • 2 7 / 0 9 / 2 0 1 9
que la possibilité d'une piste longue et donc plus de facilités à venir pour d'éventuels concurrents… MJM : Notre situation financière n'était pas fameuse l'année passée, mais nous avions annoncé que nous serions en négatif, le conseil d'administration le savait. Cela n'est plus le cas pour cette année. La concurrence fait partie de l'aérien. Je suis là depuis sept ans, toute ma carrière a été faite avec la concurrence. On est accusé de tous les maux, et même si on fait quelque chose de bien, on voit anguille sous roche. Par exemple, nous avons signé un accord avec Kenya Airways, qui est vraiment d'une généralité incroyable – pour preuve, je n'ai pas vu le patron depuis un an –, et on soupçonne qu'il s'agit d'une entente tarifaire entre nous. Je n'ai aucune idée de ce qu'ils font, on a d'ailleurs un mal fou à être en contact avec eux. Pour moi, la concurrence doit faire partie de notre vie. Si on a mis le 787, c'est justement parce qu'on était dans une démarche de concurrence. Pourquoi a-t-on résisté à French Bee, et pourquoi cette année nous sommes sur une pente ascendante avec un retour à l'équilibre en prévision ? Parce qu'on s'est toujours dit que nous étions extrêmement vulnérables sur La Réunion, que quelqu'un viendrait. Qu'a-t-on fait ? On a développé le Mayotte-Paris, ce qui était prévu, avec une stratégie de différenciation rentable, parce qu'on ne se bat pas avec un low-cost sur les coûts : on ne le peut tout simplement pas. Il y a donc eu trois axes : tout d'abord, monter en fréquence sur cette liaison avec des vols directs. Cela a été fait et aujourd'hui, on n'a pas augmenté nos grilles tarifaires, on est seulement victimes de notre succès. Le deuxième a été de changer notre flotte pour avoir un produit haut de gamme : nos 777 ont deux ans d'âge, quant aux 787, vous les connaissez. Vous avez vu ce que c'est ? Sur La Réunion, en haute contribution,
c'est à dire en classe business et premium, nous sommes les meilleurs. Le troisième axe, enfin, a été de développer les correspondances. Au départ de La Réunion, c'est Madagascar. Et on a du trafic qui vient d'Europe, qui les utilisent. Ce sont ces trois axes de différenciation qui nous ont permis de résister et de nous redresser. Si la concurrence arrive à Mayotte, on verra ce qu'on fera et la stratégie que nous adopterons, comme nous l'avons déjà fait. MH : Plus largement, quelles sont les pistes de développement pour la compagnie ? MJM : Aujourd'hui, il faut vraiment que l'on consolide ce qu'on a mis en place, et qu'on retrouve une normalité en termes d'exploitation sur le Mayotte-Paris pour monter en puissance. Nous sommes arrivés à un vol quotidien cet été par exemple. Il faut essayer de pérenniser ça, entre du vol quotidien en haute saison, et quatre fréquences en basse saison. Cela offrira à la clientèle mahoraise un vrai programme stable et un vrai lien vers la métropole. On a aussi toutes les initiatives tarifaires, avec notamment les rendez-vous "flash" du vendredi. On est vraiment sur de la consolidation, avec aussi un travail à faire avec l'Office du tourisme pour assurer plus de valorisation en Europe et en métropole. On a des liens sur Marseille à consolider également. Ce sont des lignes qui fonctionnent bien et la montée en puissance se passe bien. Et puis, sur le régional, on est en train de procéder à un changement de flotte. On va, dans les semaines qui viennent, étudier la possibilité de remplacer nos appareils par d'autres de plus petites tailles afin d'augmenter la fréquence des vols, notamment entre La Réunion et Mayotte. Pour cela, on est en négociation avec Airbus pour des A220.n
CORSAIR À L'ASSAUT DES DESTINATIONS À FORT VOLUME, AU DÉTRIMENT DE MAYOTTE Dans un article de L'écho touristique* relatant une conférence de presse du PDG de Corsair, on apprend que l'arrêt de la desserte de Mayotte par la compagnie répond à une stratégie de développement axée sur "des destinations à gros volume autorisant cinq fréquences minimums par semaine." Extrait. "C'est pourquoi la compagnie a décidé de procéder à une rationalisation de son réseau. "Nous voulons des destinations à gros volume autorisant cinq fréquences minimums par semaine." Une stratégie qui va de pair avec la volonté de Corsair de poursuivre son développement sur le marché clientèle Affaires. L’objectif assumé est de cibler les destinations à fort volume qui "permettent un programme plus productif. En priorité ceux qui supporteront un vol quotidien", précise Pascal de Izaguirre. Dans cette optique, toutes les destinations qui ne répondent pas à ces critères ont été sorties du réseau de Corsair : Tananarive, Dzaoudzi, Bamako et La Havane. En revanche, la compagnie, fondée par Jacques Maillot en 1981, vole toujours vers La Réunion "où le marché s’est stabilisé après l’arrivée de French Bee", selon Pascal de Izaguirre." *www.lechotouristique.com/article/corsair-moins-dantilles-moins-de-loisir-plus-de-grandes-destinations
29
• M ay o t t e H e b d o • • N ° 9 0 0 • 2 7 / 0 9 / 2 0 1 9
MAGAZINE
G.V
AÉROPORT ET PISTE LONGUE
UN DÉVELOPPEMENT IN
LA RUMEUR COURT : LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE, EMMANUEL MACRON, POURRAIT ANN PRÉCISÉMENT CE QU'IL EN EST RÉELLEMENT MAIS, EN TOUT CAS, CE VIEUX SERPENT DE MER EST POUR SA PART RESTÉ DANS LES CARTONS. RETOUR EN IMAGES, EN DISCOURS ET EN DÉB AÉROPORT : UNE ÉVOLUTION EN IMAGES L'aérogare de Mayotte en 1975 (photo 1), quelques années après les premières dessertes aérienne du territoire. Une autre époque ! Sur la photo du bas, le même bâtiment, photographié sous un autre angle en 1981 (photo2). Sur la dernière photo, faite en 2006 (photo 3), les locaux sont inutilisés. Ils ont depuis été détruits.
1
2 3
30•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 0 • 2 7 / 0 9 / 2 0 1 9
NABOUTI ?
NONCER LA REPRISE DE PROJET DE PISTE LONGUE LORS DE SA VISITE, LE MOIS PROCHAIN. DIFFICILE DE SAVOIR R A SOUVENT ÉTÉ PROMIS. SI L'AÉROPORT, LUI, S'EST BEL ET BIEN DÉVELOPPÉ, L'ALLONGEMENT DE LA PISTE BATS SUR L'AÉROPORT DE DZAOUDZI-PAMANDZI ET SUR LA PISTE LONGUE.
4
L'aéroport et sa piste en 1998 (photo 4, 5 et 6). Il s'agit-là de la deuxième version de l'infrastructure. Elle sera utilisée jusqu'en 2014, année où celle que l'on connaît aujourd'hui sera inaugurée (photo 7 et 8). Les anciens locaux ont été transformés en centre d'affaire (illustration 9).
7
6
5 8 9 31
• M ay o t t e H e b d o • • N ° 9 0 0 • 2 7 / 0 9 / 2 0 1 9
MAGAZINE
PISTE LONGUE : UN RÊVE SUR LE PAPIER
LES CONCLUSIONS D'UN DÉBAT PUBLIC EN FÉVRIER 2012, SUITE À LA PROMESSE DE NICOLAS SARKOZY, ALORS PRÉSIDENT, DE RÉALISER LA PISTE LONGUE, LA COMMISSION NATIONALE DU DÉBAT PUBLIC LIVRE SES CONCLUSIONS SUR LE PROJET*. ELLES FONT SUITE À L'ENQUÊTE PUBLIQUE MENÉE À MAYOTTE DE JUIN 2011 À DÉCEMBRE 2011. EXTRAITS. *Document consultable dans leur intégralité sur https://www.debatpublic.fr/projet-desserte-aerienne-mayotte
UN DÉVELOPPEMENT
ÉVIDENT POUR MAYOTTE ?
Selon la DGAC, les avantages du projet résident dans une meilleure desserte aérienne, des temps de trajet réduits pour aller en métropole, plus de concurrence et des plus gros porteurs ce qui devrait contribuer à la baisse des tarifs. "Tout ceci devrait être favorable au développement économique, au développement du tourisme dans une certaine mesure, à la baisse du tarif du fret aérien, etc." affirme l’un de ses représentants.
UNE PISTE LONGUE
CRÉATRICE D'EMPLOIS ?
La création de la piste longue permettrait d’enregistrer, à l’horizon 2020, de l’ordre de 50 000 passagers supplémentaires. Sachant que la DGAC estime qu’environ une centaine d’emplois nouveaux est créée lorsque le trafic augmente de 100 000 passagers, ceci se traduirait ainsi par l’apparition d’environ 50 emplois permanents supplémentaires, sans oublier les 50 à 100 emplois temporaires liés aux travaux de construction. Mais estce à la hauteur des attentes de l’assistance, d’un département connaissant un taux de chômage de l’ordre de 25% ? Ou bien convientil d’espérer que l’effet sur l’économie locale sera en réalité plus marqué grâce à la création de 4 000 emplois directs et indirects liés au fonctionnement de l’aéroport comme l’estime l’association comité Mayotte département (COMADEP) ?
32•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 0 • 2 7 / 0 9 / 2 0 1 9
DES PRIX
INFÉRIEURS ?
À partir d’études théoriques, la DGAC estime que les coûts des vols directs seraient inférieurs de 25 à 30% à ceux des dessertes avec escales ; mais cette baisse risque d’être atténuée, pour les vols directs de Mayotte vers Paris, en raison d’un prix du kérosène bien plus élevé à Mayotte qu’ailleurs (50 % de plus qu’à la Réunion ou à Paris)9. Ce sujet a donné lieu à bien des échanges, l’assistance réclamant que des accords interviennent entre les compagnies aériennes et la société Total, ce que les pouvoirs publics s’efforcent actuellement de faciliter.
ET L'ENVIRONNEMENT ? Souvent invoqué pour justifier l'annulation du projet, la préservation de l'environnement avait été abordé lors du débat public. Voici ce qui en était dit. Dès le début des échanges, ce thème a évidemment retenu l’attention de l’assistance. Le président du Conseil général a mis en garde : "Pour que la population puise adhérer totalement au projet, il est important que, en parallèle, toutes les solutions qui permettront de réduire les nuisances puissent être mises en place". Ces dernières ont été dénoncées tout au long du débat. Par exemple, France Nature Environnement, dans un communiqué de presse, dénonce un projet "destructeur" car sa mise en oeuvre sur le récif de la barrière de corail "aurait un impact désastreux sur le très fragile écosystème du lagon. La zone de l’aéroport est l’une des plus riches par ses herbiers marins, sites de reproduction et nurserie pour de nombreuses espèces, espace de nourrissage pour les dugongs et tortues, plages recevant la ponte de tortues". Mais on reconnaît en cours de débat, en le déplorant, que l’on ignore la surface couverte par ces herbiers, donc le pourcentage qui risque d’être affecté par le projet. Dans l’hypothèse où ne serait pas retenue la technique de remblai pour l’allongement de la piste, la DGAC juge qu’il serait techniquement possible d’envisager une piste sur béton avec des piliers reposant sur le platier. Mais les atteintes écologiques seraient selon elle équivalentes pour les herbiers, les dugongs et les tortues. (…) De son côté, la fédération mahoraise des associations environnementales rappelle n’avoir jamais été contre ce projet et se prononce clairement pour le scénario 2 (voir plus loin), moins impactant pour l’environnement, notamment pour les courants marins et l’érosion marine.
Mais aussi... Un exposé présenté le 21 septembre par un océanographe, directeur de recherches honoraire du CNRS au Centre d’océanologie de Marseille a permis d’appréhender de manière détaillée la situation environnementale terrestre et marine de l’île de Mayotte, plus particulièrement du site concerné, et d’approcher les effets que pourraient avoir les différentes solutions envisagées pour l’allongement de la piste. Il note en particulier que réalisés en une seule fois des travaux ont moins d’impact sur l’environnement que des opérations conduites en plusieurs étapes, argument auquel l’assistance est particulièrement sensible. Selon la DGAC, le projet est porteur de deux problèmes principaux : en premier lieu, la construction de la piste sur le lagon se traduirait notamment, selon le scénario choisi, par une destruction d’herbiers, la modification éventuelle de l’écoulement des eaux du lagon ou la détérioration d‘une zone de mangrove; en second lieu se pose la question des matériaux nécessités par le remblai qu’elle prévoit de prélever avant tout sur les collines du Four à Chaux (qui selon la DGAC ne présente aucun intérêt écologique majeur) ou la colline de Labattoir et accessoirement, pour des matériaux tels que les granulats, de Grande Terre ; le maître d’ouvrage ne passe pas sous silence la question, difficile car porteuse de nuisances, de leur transport ; c’est pourquoi il étudiera une solution de transport par une bande transporteuse établie en mer le long de la côte entre le Four à Chaux et l’aéroport, ce qui n’évitera pas cependant le transport par route d’une partie des matériaux. En ce qui concerne la construction de la piste convergente elle-même, la DGAC affirme qu’il faudra s’attendre à ce que soit portée atteinte à une petite zone de mangrove. Au sujet de l’écoulement des eaux du lagon, elle pense, au vu des éléments en sa possession, qu’il resterait suffisant pour maintenir le renouvellement des eaux et la vie du lagon.
33
• M ay o t t e H e b d o • • N ° 9 0 0 • 2 7 / 0 9 / 2 0 1 9
MAGAZINE
PISTE LONGUE
LES PROJETS TOMBÉS À L'EAU
PARCE QUE MAYOTTE A TOUCHÉ DU DOIGT SA PISTE LONGUE, PLUSIEURS PROJETS PRÉLIMINAIRES AVAIENT ÉTÉ ÉTUDIÉS À TRAVERS LE TEMPS. REVUE.
UN AÉROPORT EN GRANDE-TERRE ? Comme le mentionnent les documents du débat public mené en 2001, " Le choix d'étendre la piste existante, ou de réaliser une nouvelle piste à Mayotte est au centre des débats depuis une trentaine d’années. Cette situation avait conduit à identifier dès 1987 trois sites d’implantation pouvant convenir à une piste de 2 450 m pour avions de type A300, le site de Pamandzi étant alors équipé d’une piste de 1 350 m. Cette étude a conclu à la possibilité de prolonger à 2 450 m la piste existante, cette longueur étant nécessaire au décollage d’un A310-300 moyennant la mise en oeuvre d’une trouée courbe." Comme le montre la carte, la possibilité d'implanter un aéroport en Grande-Terre avait par exemple été étudiée.
34•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 0 • 2 7 / 0 9 / 2 0 1 9
DEUX SCÉNARIOS RETENUS Les deux scénarios retenus par une étude datant de 2010. Le premier consiste en l'allongement de la piste actuelle à 2 310 m, puis en la réalisation ultérieure d'une piste convergente de 2 600 m. Il permettait de "répondre au mieux aux besoins à moyen terme et d’adapter l’infrastructure aux besoins à long terme." Le second proposait la réalisation directe d'une piste convergente prenant appui sur la piste actuelle, sans allongement de cette dernière. Avantage : "limiter l’impact sur les herbiers et réduire les perturbations hydrodynamiques."
CE QU'ILS EN ONT DIT
JACQUES CHIRAC, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE, LE 19 MAI 2001 A b o rd a n t l a q u e s t i o n d u développement touristique de l'île, le président Jacques Chirac rappelle la nécessité d'une piste longue : " D a n s c e t t e p e rs p e c t i v e , l a réalisation d'une desserte aérienne directe entre Dzaoudzi et Paris est désormais une ardente obligation. (…) Il faut aujourd'hui franchir une nouvelle étape en engageant sans tarder les études pour doter votre île des infrastructures aéroportuaires permettant d'accueil les gros porteurs nécessaires au développement touristique."
NICOLAS SARKOZY, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE, LE 18 JANVIER 2010 Lors d'une visite à Mayotte pour aborder la départementalisation à venir et le développement de l'île, Nicolas Sarkozy estimait la piste longue "essentielle" : "Qu'il me soit permis de dire un mot sur le projet de piste longue de l'aéroport de Pamandzi. Je suis convaincu que cette infrastructure est essentielle pour le développement économique de Mayotte. Cette infrastructure nous la ferons parce qu'elle permettra à l'île de pouvoir accueillir des touristes en provenance directe de l'Europe, sans passer par la Réunion située, je le rappelle, à 1 400 kilomètres de Mayotte. Cet équipement permettra aussi de pouvoir acheminer du fret dans des conditions plus optimales qu'aujourd'hui, je pense par exemple aux produits de la pisciculture. (…) Il faut donner à votre territoire les mêmes atouts dans le domaine aérien. Dans les semaines qui viennent, les études seront lancées, afin de préparer la déclaration d'utilité publique de la piste longue et le lancement des travaux fin 2011, début 2012. Ceux-ci dureront trois ans, pour une ouverture du nouvel aéroport avec sa piste longue en 2015. On me dit qu'une compagnie aérienne serait en capacité de faire atterrir des Boeing 777, c'est-à-dire des vols long-courriers assurant la liaison directe avec Paris, sur la piste actuelle de Mayotte. Je vais expertiser cette proposition. Si celle-ci s'avérait faisable, alors les objectifs de la piste longue sur le transport direct des touristes et des Mahorais pourraient être atteints bien avant 2015."
35
• M ay o t t e H e b d o • • N ° 9 0 0 • 2 7 / 0 9 / 2 0 1 9
LITTÉRATURE
Christophe Cosker, "L’Invention de Mayotte", Pamandzi éd. La Route des Indes, 2019.
LISEZ MAYOTTE Chaque semaine, Christophe Cosker, auteur de L'invention de Mayotte, vous propose la quintessence de chacune des trente-six inventions de Mayotte relevées dans l’ouvrage éponyme.
Parmi les aventuriers qui découvrent Mayotte, ou l’inventent, Leguével de Lacombe figure en bonne place, malgré le portrait négatif qu’en a fait l’historien Jean Martin dans Comores : quatre îles entre pirates et planteurs (1983). C’est en 1840 que le marin publie son Voyage à Madagascar et aux îles Comores : 1823-1830. Le but de sa navigation est la grande île du sud-ouest de l’océan Indien, Madagascar, mais il ne rechigne pas à faire escale, à l’entrée du canal du Mozambique, dans l’archipel des Comores qui apparaît alors comme un satellite de Madagascar. Comme pour son prédécesseur Pierre-François Péron, l’escale de prédilection de Leguével de Lacombe est l’île d’Anjouan. L’intrigue est le même dans ce texte que dans la précédent : la traite négrière. Mais les ressorts de cette intrigue diffèrent. Cette fois-ci, le roi n’interdit pas le séjour de Mayotte ; il l’autorise au contraire dans un but perfide. En effet, faisant mirer la perspective d’un chargement d’esclaves, le roi de Mayotte réussit à faire mettre pied à terre à un capitaine pourtant relativement méfiant, en affaires tout au moins. Après avoir quitté son bord pour un discret confin, il est jeté au fond d’un puits, après avoir été poignardé. Ceux qui l’accompagnent connaîtront également une triste fin. L’action est alors redoublée car c’est le navire et ceux qui l’occupent qui connaissent le même sort, dans une scène dont la tension dramatique est construite avec art. On notera par exemple la manière dont des motifs virtuellement comiques comme la culbute dans la citerne ou le pistolet enrayé, servent à susciter une émotion qui étreint le lecteur face à la mort de personnages réels : le capitaine Fresque et son équipage. La force du texte, mais aussi peut-être ce qui permet de le relativiser, est qu’il s’agit du témoignage d’un Anjouanais anonyme, ayant sans doute intérêt à maintenir son île comme meilleure escale de rafraîchissement, qui raconte à un marin comment un autre marin a été tué, avec barbarie, dans l’île voisine. Quel meilleur moyen de frapper l’imagination de Leguével de Lacombe et de faire en sorte qu’il continue à croiser dans les eaux d’Anjouan et à éviter celles de Mayotte ! C’est donc une Mayotte cruelle qui est ici inventée d’une façon qui n’est peut-être pas désintéressée.
36•
Christophe Cosker
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 0 • 2 7 / 0 9 / 2 0 1 9
VOYAGE À MADAGASCAR ET AUX ÎLES COMORES Pour donner une idée de la perfidie du chef de Mayotte, je crois devoir placer ici, sur la triste fin du capitaine Fresque, des détails que je tiens d’un Anjouanais, témoin oculaire de cette horrible scène. Depuis quinze jours environ, la goélette le Charles, qui avait appartenu autrefois à Jean René, était dans le port de Mayotte ; le chef promettait tous les jours au capitaine de faire venir de l’intérieur des esclaves qu’il avait promis de lui vendre. Pendant qu’il l’amusait1 ainsi, il faisait ses dispositions pour s’en défaire et s’emparer de sa cargaison. Il l’engagea plusieurs fois à débarquer toutes ses marchandises ; mais Fresque déclara qu’il ne le ferait que quand les nègres seraient arrivés. Un matin, des officiers du chef allèrent à bord, où l’équipage couchait habituellement, annoncer que les esclaves attendus depuis si longtemps étaient enfin arrivés et qu’on pouvait les venir voir. Fresque, le lieutenant, le maître et trois matelots se hâtèrent de descendre à terre ; ils étaient si peu défiants qu’aucun d’eux ne s’arma. Le chef les reçut en souriant et sortit avec eux pour les conduire, disait-il, dans la case où ses nègres étaient enfermés. Ils traversèrent la ville et arrivèrent dans la campagne près d’une grande citerne ; là il s’arrêta et se servit d’un prétexte pour engager Fresque à y regarder. Tandis que le capitaine se penchait sur le mur qui entourait le puits, des Arabes se jetèrent sur lui et lui portèrent plusieurs coups de poignard ; puis ils le précipitèrent dans la citerne. Ses matelots eurent le même sort. Pendant qu’on les assassinait, plusieurs pirogues pleines d’hommes armés se rendaient à bord du Charles pour exercer les mêmes cruautés ; le second, qui était seul avec quatre matelots, les vit s’approcher et soupçonna leurs intentions ; plus prévoyant que son capitaine, il l’avait souvent averti de se tenir sur ses gardes. Dès qu’il aperçut les Arabes il se prépara à se donner la mort, afin de ne pas tomber entre les mains de ces barbares : il prit un pistolet qu’il posa sur son front ; mais cette arme en mauvais état ne partit pas ; il en essaya d’autres, ce fut en vain : les Arabes abordèrent le navire, et massacrèrent ses matelots ; ils n’épargnèrent qu’un vieil Indien musulman qui se sauva en récitant des versets du Coran, et un mousse de treize à quatorze ans. 1
Il s’agit ici d’un sens aujourd’hui archaïque du verbe "amuser" : retarder, faire attendre.
Leguevel de Lacombe, Voyage à Madagascar et aux îles Comores : 1823-1830, Paris, Desessart, 1840, tome 2, Chapitre XXIX, p. 231-233.
37
• M ay o t t e H e b d o • • N ° 9 0 0 • 2 7 / 0 9 / 2 0 1 9
OFFRES D'EMPLOI OFFRES DE FORMATIONS FICHES MÉTIERS TÉMOIGNAGES CONSEILS
LE MÉTIER DE LA SEMAINE
LABORANTIN D'ANALYSES MÉDICALES
LE LABORANTIN D'ANALYSES MÉDICALES RÉALISE ET TRAITE DES PRÉLÈVEMENTS BIOLOGIQUES EN VUE D'ANALYSES BIOMÉDICALES SELON LA PRESCRIPTION MÉDICALE, DANS UN OBJECTIF DE DIAGNOSTIC, DÉPISTAGE, TRAITEMENT, PRÉVENTION OU DE RECHERCHE. IL PEUT RÉALISER DES PRÉLÈVEMENTS BIOLOGIQUES SPÉCIFIQUES (SANG, SÉCRÉTIONS, ETC). ENVIRONNEMENT DE TRAVAIL - Établissement du sang - Établissement/organisme de recherche - Laboratoire d'analyses - Laboratoire d'analyses médicales
COMPÉTENCES
- Réceptionner et contrôler le prélèvement biologique et consigner la date, l'heure de prélèvement, les coordonnées du patient, etc. - Préparer les analyseurs, les réactifs, etc., et l'échantillon biologique (fractionnement, répartition, etc.) selon le type d'analyse - Procéder au traitement de l'échantillon par centrifugation, dilution, chauffage, etc., surveiller le déroulement de l'analyse et consigner les données - Comparer les résultats de l'analyse aux résultats antérieurs, aux valeurs minimales/maximales et établir le compte rendu - Suivre l'état des stocks - Déclencher un réapprovisionnement - Ranger des produits ou marchandises selon leurs dates de validité et les conditions de conservation - Vérifier le fonctionnement des analyseurs, actualiser le registre de maintenance et informer en cas de dysfonctionnement - Détruire des déchets - Désinfecter et décontaminer un équipement - Entretenir un poste de travail
ACCÈS AU MÉTIER
Cet emploi/métier est accessible avec un BTS en analyse biologique, biochimie agricole, un diplôme d'Etat de Technicien en Analyses Biomédicales – DETAB – ou un DUT en génie biologie. Des formations complémentaires (certificats de biochimie, sérologie, hématologie, etc.) peuvent être requises. Le certificat de capacité de prélèvement est obligatoire pour effectuer les prélèvements sanguins. L'accès à la fonction publique hospitalière s'effectue sur concours sur titre. Des vaccinations prévues par le Code de la santé publique sont exigées. PROPOSENT UNE FORMATION AU TITRE D’ASSISTANT DE VIE AUX FAMILLES A DIEPPE en MÉTROPOLE La formation d’une durée de 6 mois permet d’obtenir le titre d’assistant de vie aux familles et, ensuite, de travailler au domicile notamment auprès des personnes âgées. Aucune condition de diplôme n’est requise pour s’inscrire. Il faut néanmoins réussir l’épreuve orale. Début de la formation : 14 janvier 2020 Inscription sur le site Internet de l’IFCASS www.ifcass.fr jusqu’au 8 novembre 2019.
Renseignement : Auprès de l’IFCASS au 02.35.82.67.18 et sur son site Internet www.ifcass.fr Auprès de LADOM au 02.69.61.51.28 et sur son site Internet www.ladom.fr
www.facebook.fr/ifcass
Conditions d’entrée : Être inscrit au Pôle Emploi / avoir entre 18 et 30 ans / Avoir un foyer fiscal à Mayotte dont le quotient familial est inférieur à un montant qui vous sera communiqué par LADOM / Ne pas avoir bénéficié d’une autre aide à la mobilité dans l’année / Satisfaire à l’épreuve orale.
OFFRES D'EMPLOI FORMATEUR COORDINATEUR (H/F)
CAPITAINE 200 VALIDÉ (H/F)
RESPONSABLE ADMINISTRATIF / ADMINISTRATIVE DE GESTION * voir site Pôle emploi
SARL DEVELOPP AGRO ECON SECUR ALIMENT - 976 - MAMOUDZOU Mission : Placé sous l'autorité du responsable de la formation professionnelle, vous serez chargé d'assurer : - La rédaction du plan d'assurance qualité (PAQA) de l'action
SEA BLUE SAFARI - 976 - MAMOUDZOU
intégrer l'équipe de pilote guide ecotouristique de Seabluesafari à Mayotte afin de faire découvrir à notre clientèle la biodiversité du lagon (coraux, poissons, mammifères marins, etc...)
MCTP - 976 - TSINGONI
Le (a) responsable administratif (ve) de gestion effectue le traitement administratif de dossiers (prise de rendez-vous, rédaction du courrier, classement des dossiers, saisie de documents
Fiche de poste ÉDUCATEUR SPÉCIALISÉ - Présentation de la structure MESSO est une association Loi 1901 à but non lucratif créé en 2017. MESSO signifie DEMAIN en langage shimaoré. Avec MESSO, des mahorais associent leurscompétences avec leur connaissance du territoire, et s’engagent afin que DEMAIN puisse enfin devenir AUJOURD’HUI ! Mayotte est un territoire complexe qui s’ouvre au monde moderne à la croisée des chemins entre traditions et modernité. La départementalisation de 2011 et l’entrée en Région Ultrapériphérique Européenne de 2014 lui donnent enfin les moyens de pénétrer de plein pied dans une économie de marché. Pour mener à bien cet immense défi, l’accompagnement au développement de l’action sociale s’avère nécessaire. C’est dans ce contexte que l’association MESSO voit le jour. La structure se positionne en tant que véritable créateur de solutions locales sur le département dans le secteur social et médico-social. - Intitulé du poste : Éducateur spécialisé en protection de l’enfance A partir d’un diagnostic partagé au sein d’une équipe pluridisciplinaire, l’éducateur spécialisé en protection de l’enfance élabore le projet éducatif. Il accompagne et protège, dans le respect d’une démarche éthique et déontologique, les enfants et adolescents confiés. Il garantit les conditions de leur développement à la fois sur les plans psychologique, physiologique, affectif, cognitif, social et culturel. - Les missions o Élaboration d’un diagnostic social et d’hypothèses d’intervention o Élaboration du projet personnalisé co-construit avec chaque personne o Mise en oeuvre, suivi et évaluation des actions éducatives o Prise en charge de l’enfant, du jeune, d’un groupe d’enfants o Gestion d’activité socio-éducative o Communication avec les familles, représentants légaux, référents sociaux et différents partenaires o Développement d’actions de soutien à la parentalité o Instruction des dossiers administratifs des jeunes confiés o Contribution à l’élaboration des projets de service o Rédaction de rapports et de notes de synthèses o Organisation de manifestations ponctuelles Compétences o Accueillir et évaluer l’enfant dans sa situation individuelle, familiale et sociale o Développer une relation éducative personnelle avec l’enfant avec l’aide des supports o Concevoir et rédiger un projet individualisé de l’enfant en fonction des besoins identifiés o Évaluer les résultats des actions éducatives mises en oeuvre et actualiser les besoins o Maintenir ou recréer les liens avec la famille de l’enfant o Développer et animer des activités individuelles et collectives o Travailler en équipe pluridisciplinaire o Sélectionner les informations à communiquer dans le respect des jeunes accueilli et du secret professionnel o Mobiliser les ressources sociales, familiales et environnementales o Capitaliser et transmettre son expérience aux différents acteurs o Interroger et adapter sa pratique professionnelle o Anticiper et réagir avec pertinence à une situation d’urgence o Rédaction des écrits professionnels à l’aide de l’outil informatique Mise en œuvre des actions o Cadre institutionnel, administratif, juridique et politique relatif à l’éducation spécialisé o Techniques éducatives o Développement de l’enfant o Technique d’écoute et de relation à la personne o Technique de prévention, gestion de conflits et de situations d’agressivité o Connaissance de l’environnement à l’interne comme en dehors de la structure Gestion du service o Organisation et suivi des plannings de l’équipe o Organisation et animation des réunions d’informations et d’échanges o Organisation des réunions de coordination o Bilan des équipes Diplômes - Diplôme d’éducateur spécialisé ou équivalent - Justifier d’une expérience significative dans le secteur - Permis B exigé Place du poste dans l’organisation Il travaille sous la responsabilité directe du chef de service Spécificité du poste Ce poste implique des déplacements réguliers Modalités du contrat CDI o Rémunération selon le profil o Début du contrat : dès que possible
Association Messo
85 route nationale de M’Tsapéré , 97600 Mamoudzou Inscriptions : 02 69 62 18 23 – secretariat.direction@messo.fr - MESSO
MAGAZINE D’INFORMATION NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros 7, rue Salamani Cavani M’tsapéré BP 60 - 97600 Mamoudzou Tél. : 0269 61 20 04 contact@mayotte.hebdo.com Directeur de la publication Laurent Canavate canavate.laurent@mayottehebdo.com Directeur de la rédaction Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 38 soldat@mayottehebdo.com Rédacteur en chef Geoffroy Vauthier
# 900
Couverture :
Quel avenir pour l'aérien ?
Journalistes Romain Guille Solène Peillard Grégoire Mérot Cyril Castelliti Correspondants HZK - (Moroni) Direction artistique Franco di Sangro Graphistes/Maquettistes Olivier Baron, Franco di Sangro Commerciaux Cédric Denaud, Murielle Turlan Thomas Lévy Comptabilité Catherine Chiggiato compta@mayottehebdo.com Secretariat Annabelle Mouhamadi Première parution Vendredi 31 mars 2000 ISSN : 1288 - 1716 RCS : n° 9757/2000 N° de Siret : 024 061 970 000 18 N°CPPAP : 0121 I 92960 Site internet www.mayottehebdo.com