LE MOT DE LA RÉDACTION
MAYOTTE, UN TERRITOIRE QUI BOUGE S'il y a bien quelque chose qu'il faut reconnaître à Mayotte, c'est qu'on ne s'y ennuie pas. Il y a deux ans, la pénurie d'eau sévissait. L'an dernier, les tremblements de terre faisaient leur apparition. Cette année, on découvre qu'il y a un volcan à 50 km de l'île. Ajoutez à cela une pincée de mouvements sociaux, et quelques doses de grèves, et on obtient un territoire des plus animés. C'est bien, sauf que ce n'est pas ce qu'on cherche. À Mayotte en effet, on aimerait bien retrouver un peu de sérénité, pour les plus anciens, ou tout simplement connaître un peu de sérénité pour les plus jeunes. Cela sera-t-il le cas ? Ne nous mentons, pas demain, car de grands chantiers demandent forcément un peu de temps. En tout cas, dans le grand entretien qu'il nous accordé, le préfet délégué du gouvernement, Jean-François Colombet, se veut confiant : "Je crois que nous sommes aujourd'hui à un tournant", nous affirme-t-il. Et il est vrai que, depuis le mouvement social de 2018, les lignes semblent bouger un peu. L'État a peut-être pris la mesure du désarroi de Mayotte, les maires aussi se sont mis au travail. Et les collectivités, de manière générale, ont l'air plus engagées. Cela continuera-t-il ainsi ? Ou bien s'agitil d'un effet qui retombera comme un soufflet dès que les choses auront commencé à s'améliorer ? Chacun espère que non. À voir, et à surveiller. Un grand entretien avec le préfet dans lequel sont également abordées les grandes marées, qui posent désormais quelques complications sur le littoral. Y compris en termes environnementaux. C'est ce que nous étudions dans notre rubrique magazine. Enfant, dans sa rubrique Lisez Mayotte, Christophe Cosker revient sur le traité de cession de Mayotte à la France. Intéressant, et instructif. Bonne lecture à tous.
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COUP D’ŒIL DANS CE QUE J'EN PENSE
Laurent Canavate
Mayotte Hebdo n°578, vendredi 24 août 2012
NE RIEN FAIRE, C'EST CONDAMNER MAYOTTE
À Zanzibar, le soir venu, sur le front de mer devant le Palais des merveilles, l'ancien palais des sultans swahilis, une fois par semaine, des restaurateurs de l'île installent leurs stands, équipés de leurs toques, et proposent leurs plats et spécialités aux gens de passage, aux familles, aux touristes. L'endroit regorge de vie, de rencontres, de plaisir. Il y en a pour toutes les bourses et le front de mer vit, rigole, joue. À Saint-Pierre de la Réunion, à Port- Louis, capitale de Maurice, à Majunga, et à tant d'endroits à travers le monde, sur tous les continents, le front de mer est aménagé. Des bancs sont installés, des kiosques à musiques, des jeux pour enfants, des snacks, des bars ou des restaurants, des marchands de glaces, des manèges, des commerces qui proposent de tout… Cet espace de vie, public, offre un lieu de rencontres, un lieu où les familles, les amis se retrouvent. C'est un lieu qui créé de la richesse, de la richesse en termes de lien social, en termes d'emplois… À Mayotte il y a quelques voitures, des blocs de pierres rendant l'accès au lagon impossible, des grillages rouillés, de la poussière ou de la boue, suivant la saison, des personnes qui font leurs besoins, des canalisations qui déversent leurs contenus putrides dans ce si beau lagon, des poubelles qui s'amoncellent… C'est un choix, une volonté politique peut-être ? En tout cas c'est une réalité… Et c'est bien dommage. Il y a bien eu des projets, des perspectives, des envies un jour avancées, mais le dossier s'est perdu dans le placard d'un directeur ou d'un président… Et la liste de ces projets qui dorment est si longue, si souvent égrenée, qu'elle fatigue… Il arrive parfois que l'on fasse une croix devant un projet qui a enfin vu le jour… puis on s'y reprend et on s'aperçoit 6 mois après que le bâtiment est toujours fermé, abandonné, squatté, progressivement abimé, détruit… comme des MJC, des marchés couverts… Alors je me demande de plus en plus si nos élus n'auraient pas qu'une part des responsabilités, une part importante
TOLERIE - PREPAR ATION - PEINTURE
certes. Dans les collectivités locales, au conseil général, certains présidents, maires et autres conseillers de leurs majorités ont embauché à tout va, ont plombé les comptes des collectivités pour des décennies en saturant les services d'agents de catégorie C à 80%... Les rares cadres sont souvent bien seuls, abandonnés, sans moyens, sans soutiens forts. Et bien incapables de soulever des montagnes, ni même de gérer l'avenir, englués qu'ils sont dans le quotidien. Ces agents embauchés dans les années 2000 sont là pour les 20 à 30 prochaines années. Beaucoup se retrouvent intégrés dans les fonctions publiques. Il va tout de même falloir faire fonctionner les services, faire avancer les dossiers, les projets. Alors quelle est la solution ? Des formations ? Si c'est possible. Des départs en pré-retraite ? Dès que c'est envisageable. Un fonctionnement resserré des équipes, par projets ? Des réorientations de certains agents dans les services qui nécessitent des agents sans qualification ? Sûrement. Les responsables politiques, avec le soutien des syndicalistes, doivent prendre ce dossier en mains. C'est l'avenir de l'île qui est en train de filer et les bébés d'avanthier, les enfants d'hier, les ados d'aujourd'hui et les jeunes adultes de demain regardent attentivement, attendent, espèrent trouver un travail dans cette île. Ne rien faire c'est les condamner à quitter leur île. Ne rien faire c'est condamner les femmes seules à faire l'aller-retour entre la Réunion ou la Métropole et Mayotte, amenant parfois un enfant, faute de moyens pour permettre à chacun de connaître cette île d'où ils sont originaires, mais où il n'y a pas de place pour eux. Ne rien faire, c'est condamner Mayotte à subir des violences, des cambriolages, des manifestations de plus en plus souvent… sans même que cela arrange la situation, au contraire. Il faut pouvoir faire avancer les dossiers et ils s'accumulent. Mayotte ne pourra pas se nourrir de paroles.
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S LE RÉTRO
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Pour un environnement durable : création du parc marin en 2010 Deux ans après la parution d'un arrêté créant la mission d'étude pour le parc marin de Mayotte, et un an après la mise en place du comité de pilotage, il est l'heure de la synthèse finale. Elle présentera les orientations de gestion du futur parc pour permettre la rédaction du décret instaurant sa mise en place. Un parc au début mal accepté par les élus et les pêcheurs. "Le parc marin sera un aquarium géant, qui va au-delà du lagon, qui sera géré par tous et dont on pourra manger les poissons !", résumait ainsi Christophe Peyrel, faisant allusion à une déclaration de Saïd Omar Oili, qui estimait que "les personnes qui s'occupent de la promotion de ce parc marin veulent constituer des aquariums géants. Nous, les Mahorais, on ne veut pas nager avec ces poissons, on veut les manger." Mayotte Hebdo n°445, vendredi 2 octobre 2009.
Troisième forum des Rup : Mayotte à Bruxelles Mayotte participe pour la première fois en tant que région ultrapériphérique européenne (Rup) au forum qui leur est consacré à Bruxelles. Pour montrer son attachement et son engagement à l’Europe, le Conseil général de Mayotte conduit une délégation de 50 personnes. "Pourquoi une aussi forte délégation à Bruxelles ?", se demande les Mahorais. Réponse du Département : le président du Conseil général, Daniel Zaïdani ne voulait pas limiter cette participation aux seuls élus et cadres administratifs du conseil général. Il a donc élargi la délégation mahoraise de 40 personnes qui font partie du tissu socio-économique de l’île. Medef, CCI, élus communaux, organisme de formation, agriculteurs, conseil économique et social, conseil de la culture, de l’éducation et de l’environnement, Opcalia étaient ainsi représentés. Mayotte Hebdo n°674, vendredi 3 octobre 2014.
LA PHOTO D'ARCHIVE Le Cnam devient centre régional Mars 2008 : le Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) de Mayotte, qui dépendait jusque-là de celui de la Réunion, devient centre d'enseignement régional. Un statut qui lui permet désormais de mettre en place ses propres cours, en accord avec les besoins de l'île. "Ceci nous permet également de spécifier notre offre de formation par rapport aux besoins de l'île", précisait le directeur Jean-Luc Linhart, en poursuivant : "Nous avons déjà commencé cette année à lancer quelques enseignements en présenciels, nous allons maintenant développer des formations complètes de premier cycle et notre DPES."
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IL Y A 5 ANS
IL Y A 10 ANS
C'ÉTAIT DANS MH
TCHAKS
L'ACTION
LA PHRASE LE CHIFFRE 8 C'est le nombre de nouvelles espèces botaniques confirmées par l'antenne de Mayotte du Conservatoire botanique national de Mascarin. La même étude a également mis en évidence la présence de 22 autres espèces qui n'avaient jamais été mentionnées sur le territoire, bien qu'existantes ailleurs sur le globe.
L'ESS récompensée
"Nous allons certainement avoir 10 cm d'eau supplémentaires à la fin du mois" Dans un entretien à Flash Infos, le directeur de cabinet de la préfecture, Étienne Guillet, rappelle que, si les grandes marées des 28 et 29 septembre n'ont pas été si graves qu'annoncées, le phénomène se reproduira à la fin du mois d'octobre. "[Cela] peut générer des risques car la météo pourrait bien être défavorable. Nous aurons tous les éléments et les détails 24 heures avant la montée des eaux", explique-t-il (lire également notre entretien avec le préfet, JeanFrançois Colombet des pages 12 à 23).
LA PHOTO DE LA SEMAINE
Mercredi 2, le Haut-commissaire à l’Économie sociale et solidaire, Christophe Itier, était dans les locaux du Fanya Lab à Chirongui pour découvrir les initiatives innovantes en matière d’économie sociale et solidaire (ESS) et remettre officiellement le label Territoire French Impact au Conseil départemental, à la boutique de gestion des autoentrepreneurs (BGE) et à la Cress qui se sont alliés pour porter le projet. Cette labellisation offre une opportunité pour l’île aux parfums puisqu’elle propose un droit de tirage sur une enveloppe nationale et la possibilité d’hacker la norme – dans un territoire plutôt hors normes – pour permettre aux acteurs mahorais de faire de l’innovation sociale un levier de développement territorial.
La première borne électrique installée C'est une première à Mayotte : une borne électrique destinée au rechargement des véhicules électriques. De quoi décoincer la situation du Conseil départemental, qui a l’obligation de posséder un parc électrique et qui avait donc fait la commande de trois Renaut Zoé, mais qui faute de borne, ne pouvait les rentabiliser. De quoi, aussi, insuffler un nouveau mode de transport : "On veut devenir une référence, un exemple. Et ainsi proposer un packaging – voiture électrique, borne et photovoltaïque – aux entreprises intéressées", s'est réjoui le directeur général de la Somiva, à l'initiative du projet.
ARTS & MÉTIERS Un nouveau centre de formation pour 2022
Le Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) vient de dévoiler la liste des 55 premières villes moyennes qui accueilleront un espace d'accès à la formation dans le cadre de son programme "Au coeur des territoires" et parmi lesquelles figure Mamoudzou. D'ici 2022, le chef-lieu de l'île devrait donc voir s'ouvrir un nouveau centre qui proposera aux jeunes de nouveaux cursus à vocation professionnelle, leur offrant la possibilité de mobiliser facilement les financements du dispositif nécessaires.
PROVERBE Kafuu asumtseha kahowo. Celui qui ne lave pas ses vêtements se moque de celui qui ne se lave pas.
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LE FLOP LE TOP Une réserve naturelle pour les forêts de Mayotte
Le chèque énergie peine à séduire
Si Mayotte est reconnu comme "L'un des plus beaux lagons du monde", selon l'expression consacrée, son patrimoine naturelle forestier est aussi exceptionnelle. Un richesse naturelle forestière en passe d'être reconnue "grâce à un agrément mettant en lumière les plus beaux patrimoines nationaux", expliquent la Deal, qui poursuit : "Après ce travail de longue haleine, les partenaires entament dorénavant la phase de consultation réglementaire, et en parallèle, la mise à l'enquête publique. Ces deux étapes permettront d’acter définitivement le positionnement local vis à vis de ce projet de création de réserve. Ces consultations sont basées sur un dossier comprenant notamment un projet de décret de création précisant la réglementation et le périmètre de la Réserve Naturelle Nationale des Forêts de Mayotte." La population est elle aussi appelée à participer lors de réunion d'informations : au lycée de Coconi le 3 octobre de 9h à 11h et de 13h et 15h ; au village de Sohoa le 4 octobre de 16h à 18h ; au lycée de Dzoumogné le 7octobre de 14h à 16h ; à la mairie de Mtsamboro le 7 octobre de 18h30 à 20h30 ; au lycée de Bandrélé le 9 octobre de 9h à 12h ; au village de Koungou le 9 octobre de 18h30 à 20h30 ; au lycée de Mamoudzou Nord le 9 octobre de 13h30 à 15h30 ; au lycée de Chirongui le 11 octobre de 10h à12h ; et à la bibliothèque municipale de Choungui le 11 octobre de 14h à 16h.
Présenté comme une aide à destination des ménages les plus modestes, le dispositif chèque énergie peine à séduire les Mahorais malgré ses nombreux avantages. En cause : "la méconnaissance du dispositif, la nonréception du chèque en raison de problème d’adressage sur le territoire, et la non-titularisation de contrat à EDM auprès de certains bénéficiaires", selon le diagnostic d’EDM. De quoi mobiliser l’État et ses partenaires, qui souhaitent développer son usage auprès des citoyens susceptibles d’en bénéficier. Pour rappel, cette aide peut aller de 48 à 277 euros, et les bénéficiaires peuvent faire valoir ces montants en ramenant le chèque énergie ainsi que les attestations associées à EDM. Pour savoir si vous êtes bénéficiaire, et le cas échéant profiter de ces offres, rendez-vous sur chequeenergie.gouv.fr.
ELLES FONT L'ACTU Salama Salim et Yousra Mouhidine Au nom de l’AS UNSS du collège de Passamaïnty, Salama Salim et Yousra Mouhidine, anciennes élèves de l'établissement aujourd'hui au lycée mais ayant réalisé le projet, ont reçu à Paris le Prix Coup de Coeur du concours national Éthique et Sport Scolaire, pour leurs travaux sur la lutte contre le sexisme dans le sport. Les anciennes pensionnaires de la section handball et de la section rugby, accompagnées de leur ancien professeur d’EPS Urbain Gay et de l’actuel professeur d’EPS responsable de l’AS de Passamaïnty, Julien Robin, ont ainsi présenté leur projet aux invités parmi lesquels le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer. "Le projet sur le sexisme dans le sport réalisé par l’AS Passamaïnty : c’est du vécu pour ces jeunes filles", assure Urbain Gay. "À Mayotte, seulement 30 % des licenciés sont des filles. Au-delà du cadre du concours et du thème choisi par notre AS, le reportage vidéo présenté au Sénat est notamment un appel à développer le sport féminin", poursuit l’ex-responsable de la section handball du collège de Passamaïnty.
SANTÉ Le CHM certifié par la Haute autorité de santé
Suite à la visite des experts de la Haute autorité de santé à Mayotte en avril dernier, le centre hospitalier vient d’obtenir sa certification officielle. Effectuée tous les quatre à six ans, la visite de certification est destinée à vérifier que le management, l’équipement et l’organisation de l’hôpital sont conformes aux exigences de la réglementation et aux bonnes pratiques professionnelles. Elle permet aussi d’identifier les points sur lesquels le travail doit se poursuivre pour améliorer encore le service rendu aux patients. Gage de qualité et de sécurité des soins pour les professionnels qui y exercent comme pour les patients qui le fréquentent, cette certification récompense le travail sérieux des équipes du CHM.
CULTURE Du hip-hop au centre universitaire Rendez vendredi 4 septembre à partir de 11h au centre de formation et de recherche de Dembéni, pour un atelier découverte et initiation autour de la danse et de la culture hip-hop suivi, à 12h30, d’une démonstration artistique assurée par les jeunes talents de Hip-hop évolution. L’occasion également d’échanger avec les danseurs. Pour vous inscrire appelez le pôle culturel au 0639 40 34 72 ou envoyez un mail à l’adresse jeanlouis.rose@ univ-mayotte. fr. Entrée libre.
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MAYOTTE ET MOI
Solène Peillard
YOANN HAUTECLOCHE LÈVE-TOI ET GLISSE
APRÈS AVOIR NAVIGUÉ ENTRE LES CARAÏBES, TAHITI, LA MARTINIQUE ET LA GUADELOUPE, YOANN HAUTECLOCHE A DÉCIDÉ IL Y A TROIS ANS D'OUVRIR SA PROPRE ÉCOLE DE GLISSE, WAKE UP MALUJA, SUR L'ÎLE AU LAGON. UN LAGON, JUSTEMENT, DONT CE CHAMPION DE FRANCE DE KAYAK EST TOMBÉ AMOUREUX ET POUR LEQUEL SES IDÉES NE MANQUENT PAS. Cheveux blonds, peau bronzée et tatouée, lunettes de soleil polarisées et tongs aux pieds. À le voir au petit matin, monter sur son bateau planche sous le bras, il n'y a aucun doute : Yoann Hautecloche est bien un surfer. Plus précisément un "wakeboarder", et pas n'importe lequel. En 2017, le jeune homme ouvrait à Mayotte sa propre école de wakeboard, Wake Up Maluja. Entre lui et le lagon, c'est une véritable histoire d'amour, une histoire de passion. Picard de naissance, le jeune trentenaire débarque sur l'île aux parfums en 2015, pour travailler quelques mois pour l'ancienne école de ski nautique Wakeboard Paradise, fermée depuis. "J'ai été charmé par le cadre", sourit Yoann. "J'ai rapidement constaté le potentiel que représentait le lagon mahorais pour ce sport". La saison terminée, il retourne à Bora-Bora en Polynésie française où il vivait alors, puis en métropole. Mais le souvenir de Mayotte ne le quitte pas.Yoann finit par revenir sur le sol du 101ème département, afin de s'associer avec son ancien employeur pour développer la pratique du wake au sein de la base nautique. "Mais ça n'a pas fonctionné, nous n'étions pas en accord", se souvient le sportif. Alors qu'il se préparait à quitter l'île une nouvelle fois, des clients le sollicitent pour poursuivre leur apprentissage. Ni une, ni deux, le sportif décide d'ouvrir sa propre structure. Il loue un bateau, fait venir le matériel et s'installe sur le ponton de Mamoudzou, derrière le restaurant La Croisette. Loin est l'époque, où, adolescent, il s'adonnait au canoë kayak en eaux vives dans le club associatif du village de son enfance, dan les Pays de la Loire. "C'est comme ça que j'ai découvert les sports nautiques", décrit l'entrepreneur au gré de ses souvenirs. Rapidement, il met un pied à la compétition. "Je suis entré dans différents centre de pôle espoir, de sport-études, de sport de haut niveau", égraine-t-il modestement. Au point de décrocher le titre de champion de France en solo et en équipe. Brevet d'État d'entraîneur sportif en poche, il forme, en 2010, de jeunes espoirs français et intervient comme formateur et conseiller technique départemental dans le Val d'Oise. Petit à petit, au fil du temps et des rencontres, il s'essaie à d'autres sports de glisse : le wakeboard, d'abord, puis le surf et le kitesurf. Le premier le passionnera très vite un peu plus que les autres.
Avant son expatriation insulaire, Yoann part une première fois en stage en Floride, "pour [sa] progression personnelle". "J'ai été séduit par leur approche pédagogique du wakeboard, plus fine et plus technique que ce que je connaissais déjà en métropole", se souvient-il encore. Au total, il ira se former à trois reprises sur le continent américain, notamment en tant qu'instructeur. D'ici la fin de l'année, il y retournera même avec des clients mahorais afin de "reprendre un peu de bagages". Pour la même raison, quelques années plus tôt, il s'installait dans les Caraïbes, puis en Guadeloupe, en Martinique, en Corse, en Polynésie française et à Tahiti, le temps de six mois ou un an, pour enseigner tantôt le kitesurf, tantôt le wakeboard, toujours. Mais c'est en découvrant l'île aux parfums et la beauté de son lagon que Yoann décide de poser sa planche, une bonne fois pour toute.
SURFER SUR LES PROJETS "Mayotte est l'Eldorado de l'entreprenariat, je le pense sincèrement",
défend-il. Alors que Wake Up Maluja soufflera sa troisième bougie en janvier, son fondateur fourmille d'idées nouvelles. Déjà il y a quelques mois, il s'équipait d'un système de radiocommunication aquatique afin de favoriser l'échange en direct entre lui, l'instructeur, et l'apprenant qui progresse ainsi bien plus vite. "C'est un outil pédagogique formidable, puisqu'avant j'attendais que les gens tombent pour leur donner des conseils ou les rassurer !"
À l'avenir, Yoann ambitionne également de créer un club associatif autour de sa pratique, juste à côté du ponton, "pour organiser différents évènements comme des compétitions ou des regroupements pour la jeunesse mahoraise", projette le wakeboarder. Son second projet, cette fois, se veut plus transversal : en proposant des stages hebdomadaires, avec hébergement et restauration compris, Yoann entend attirer une clientèle extérieure, réunionnaise, métropolitaine ou étrangère. "Je cherche actuellement des complexes hôteliers", dévoile t-il. "L'idée serait de recevoir ces clients tout en leur proposant en parallèle des activités culturelles et touristiques, comme de la plongée ou des sorties dauphins". De quoi, peut-être, faire émerger le tourisme local du creux de la vague.
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MAYOTTE ET MOI
YOANN HAUTECLOCHE
MON ENDROIT FAVORI
"C'est le lagon, tout le lagon ! J'en ai vu plusieurs, autour de plusieurs îles, mais ici, peu importe l'heure de la journée, au levé ou au couché du soleil, on a une diversité folle, des paysages de côtes rocheuses, de sable blanc… Je suis clairement amoureux du lagon, c'est le plus beau de l'océan Indien, celui que je préfère et celui qui m'a fait tomber sous le charme de Mayotte."
MON MEILLEUR SOUVENIR À MAYOTTE "Je l'ai très clairement en tête ! C'était de nuit, un levé de lune splendide juste au-dessus de la piste de l'aéroport de Pamandzi. Je l'avais observé depuis l'eau, j'étais au niveau de l'îlot Mbouzi. Je ne l'ai pas pris en photo et je le regrette…"
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MA PHOTO MARQUANTE "C'est une image envoyée par mes amis. Cela faisait plusieurs mois que j'étais à l'hôpital après un grave accident de moto survenu à Mayotte et qui avait nécessité mon évacuation sanitaire vers La Réunion… Il y a un clin d'œil au nom de l'école de glisse, "Wake Up Maluja", que j'ai choisi notamment parce que j'aimais l'association de la pratique du wake avec l'idée de se lever pour tenir sur la planche, comme pour sortir du lit…"
MON ŒUVRE PRÉFÉRÉE "C'est un film, "Océans", le documentaire de Jacques Perrin. Ce qui me plaît dans cette œuvre, c'est la façon très novatrice de filmer et de montrer cette richesse marine qui me passionne depuis tout jeune. Ce film m'apaise énormément et pour dire vrai, maintenantgh je le regarde régulièrement pour m'endormir par exemple. C'est un peu comme le réflexe de Pavlov, je suis conditionné ! Pour être un peu plus puéril, je suis aussi fan du Petit Prince depuis longtemps. J'ai toujours adoré la vie et l'œuvre d'Antoine de Saint-Exupéry. Je trouve la morale, le message humain vraiment magnifique."
LE PONTON LATITUDE MALUJA BIENTÔT INAUGURÉ Depuis quelques semaines, Latitude Jet, prestataire de randonnées en jet ski encadrées par un moniteur diplômé, s'est lui aussi installé derrière le restaurant La Croisette, à seulement quelques pas du bateau de l'école de glisse Wake Up Maluja. Les deux structures organisent communément l'inauguration de leur ponton samedi 12 octobre, de 17h à 23h. L'occasion de découvrir ces deux sports nautiques autour d'un pot dans une ambiance conviviale.
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GRAND ENTRETIEN
Geoffroy Vauthier
Photo : Geoffroy Vauthier
DLEM
Mayotte Hebdo : Voilà deux mois que vous avez pris vos fonctions à Mayotte, succédant à Dominique Sorain. Depuis la prise de poste de ce dernier en mars 2018 – et la mention spéciale "délégué du gouvernement" – on sent une volonté de l'État de mettre aux fonctions des hommes plus communicants qui seront
perçus comme plus actifs. En tant que préfet, recevez-vous des consignes en ce sens ? Avez-vous pour mission, ici plus qu'ailleurs, de faire savoir et faire connaître les actions de l'État ? Jean-François Colombet : Tout d'abord, succéder à Dominique Sorain est quelque
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JEAN-FRANÇOIS COLOMBET, PRÉFET DE MAYOTTE
"J'AI TROUVÉ ICI UNE POPULATION DÉTERMINÉE" À MAYOTTE, LES PRÉFETS SE SUIVENT ET NE SE RESSEMBLENT PAS. QUOIQUE… DEPUIS LE MOUVEMENT SOCIAL DE 2018, L'ÉTAT SEMBLE ATTACHÉ À NOMMER DES PRÉFETS DÉTERMINÉS. APRÈS DOMINIQUE SORAIN ET SON ACTION APPRÉCIÉE, JEAN-FRANÇOIS COLOMBET EST DÉSORMAIS À LA TÊTE DE LA PRÉFECTURE ET SOUHAITE S'INSCRIRE LUI AUSSI DANS UNE LIGNE DYNAMIQUE. PHÉNOMÈNE VOLCANIQUE, IMMIGRATION ILLÉGALE, AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE, UTILISATION DES FONDS, ETC., IL RÉPOND À NOS QUESTIONS.
chose de compliqué car on succède à quelqu'un qui a, je crois, réussi à Mayotte ; qui a conduit des actions très concrètes et dont les Mahorais ont bénéficié. Ensuite, quand vous avez passé quelques jours ici, vous comprenez bien, sans que personne ne vous l'indique ou ne vous le demande, qu'il faut en permanence être sur le terrain. Je l'ai senti immédiatement et c'est ce que je m'efforce de faire pour rencontrer les Mahorais,
les élus, pour écouter leurs difficultés quotidiennes et bien m'intégrer. Je crois qu'un préfet ne peut pas réussir à Mayotte s'il n'est pas au milieu de la population. Je suis donc au contact, j'écoute, et je l'ai montré assez régulièrement. Mais naturellement, écouter ne suffit pas. Il faut aussi faire les choses. C'est mon slogan : "faire plutôt que dire." Et faire les choses, concrètement, c'est faire bouger les lignes, améliorer les situations
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La lutte contre le développement des bidonvilles va s'intensifier. Un sujet majeur pour Jean-François Colombet : "Que des Mahorais vivent aujourd'hui dans de tels quartiers, sans assainissement, sans eau, quelques fois même sur des terrains où leurs vies sont en danger, c'est inacceptable."
difficiles, et dire ce que l'on fait. C'est une règle générale pour un préfet et, encore une fois, il faut être sur cette ligne là pour réussir à Mayotte. MH : Quel a été votre premier regard sur Mayotte lors de votre arrivée ? Qu'est-ce qui vous a le plus surpris en bien et, à l'inverse, qu'est-ce qui vous a paru avoir des airs de gageure ? JFC : En arrivant, j'ai trouvé une île développée, une population extrêmement mobilisée pour faire avancer les choses, et une population qui a besoin de les faire avancer. Ça, c'est une
perception extrêmement favorable quand on arrive car le premier atout de Mayotte, ce sont les Mahorais. Évidemment, on observe aussi qu'il y a des difficultés lourdes. Celle qui m'a le plus frappé dans les premières heures – il se trouve que dès le lendemain de mon arrivée, je les ai tous visité de nuit –, ce sont les bidonvilles. J'ai vu là qu'on avait un sujet important. Décemment, on ne peut pas laisser vivre des familles, des hommes, des femmes, des enfants, dans des milieux aussi dégradés. Je rappelle qu'un tiers de la population de ces bidonvilles est française. On ne peut pas accepter ça ici. Que des Mahorais vivent
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aujourd'hui dans de tels quartiers, sans assainissement, sans eau, quelques fois même sur des terrains où leurs vies sont en danger, est inacceptable. MH : Vous êtes donc déterminés à poursuivre les actions de lutte contre l'habitat insalubre ? Cette politique va-t-elle s'intensifier ? JFC : Elle va s'intensifier, oui. Le premier objectif est de stopper l'extension des bidonvilles, leur développement. J'ai d'ailleurs signé avec le maire de Mamoudzou une convention qui nous permet de regarder ce qu'il se passe chaque jour, et de constater s'il y a de nouvelles cases en tôle qui jouxtent le périmètre de L'Anru (Agence de la rénovation urbaine). Si c'est le cas, on intervient et
on les détruit avec les moyens de droit qui sont à notre disposition, soit en état de flagrance soit en vertu de la loi Elan – qui nous permet d'intervenir lorsque les gens sont sur une zone de danger –, soit en introduisant un référé mesures utiles devant le juge, mais cette démarche prend un peu plus de temps. Notre objectif est donc vraiment de "stabiliser" les bidonvilles. Le deuxième est de les réduire. Cela ne se fera pas d'un coup de baguette magique, parce que c'est évidemment long : ils se sont construits depuis 30 ans, et il faudra probablement 10 ans pour les détruire. Ceux qui disent que cela peut se faire plus rapidement ne connaissent pas le sujet. Il faudra aussi beaucoup d'argent, parce qu'il va falloir reloger dans des conditions décentes les Mahorais qui sont dans ces bidonvilles. Cela veut dire
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Photo : Bruno Marie
GRAND ENTRETIEN
À propos de la piste de l'aéroport, désormais sujette à de potentielles inondations, le préfet l'admet : "Il est évident que si nous avions eu à pâtir d'une houle plus forte [lors de ce week-end de grandes marées], cette piste aurait probablement souffert. Cela fait partie des infrastructures indispensables, et elle fait évidemment partie des points identifiés qu'il va nous falloir traiter."
construire des maisons adaptées, reliées à l'assainissement, à l'eau courante et à l'électricité. Il s'agit d'offrir des conditions de vie meilleures, mais aussi des conditions de réussite plus grandes pour les enfants. Ce dernier point est très important : il ne faut pas que ces enfants soient livrés à euxmêmes, mais qu'ils puissent trouver dans leur foyer un lieu où on fait ses devoirs, où l'on vit sereinement en famille. Nous avons commencé cette démarche, car nous sommes en train de construire un village de transition, avec une quarantaine de places. L'Établissement public foncier et d'aménagement de Mayotte (Epfam) est
chargé de ce dossier que nous finançons à hauteur de 500 000 euros avec le Conseil départemental. Il permettra, après enquête sociale, de loger des populations qui vivent dans ces bidonvilles, de détruire leurs cases en tôles, et de les reloger ensuite dans des logements définitifs avec un reste à charge supportable par les familles. MH : Justement, ce village de transition sera-t-il destiné à tous ou bien réservé aux personnes de nationalités françaises ou en situation légale sur le territoire ?
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À PROPOS DU SIEAM JFC : Il sera réservé aux Français et aux étrangers en situation régulière uniquement. Et cela ne sera qu'une transition. MH : Où sera implanté ce village de transition ? JFC : Sur un terrain qui appartient à l'État. Cela sera rapide. Il faut qu'en mars prochain, le chantier soit terminé. MH : C'est en effet express. On dit souvent que la France est une lourde machine administrative, mais nous avons là la preuve qu'il est possible d'accélérer les dossiers… JFC : On ne peut pas tout faire aussi rapidement, hélas. Mais il faut que nous soyons le plus souvent possible être dans l'esprit de la loi, et pas seulement sur la lettre.
SUR LE PHÉNOMÈNE SISMO-VOLCANIQUE MH : Mayotte entre dans une "nouvelle ère", avec des marées qui pourront désormais être synonymes d'inondations à cause de la subsidence de l'île. Ce week-end n'a pas été si catastrophique qu'annoncé, mais cela ne sera peut-être pas toujours le cas. Qu'est-ce que l'État prévoit pour limiter l'impact de ce phénomène nouveau ? JFC : Le phénomène des grandes marées est parfaitement habituel. Pour autant, compte tenu de la subsidence enregistrée, cela aurait pu en effet devenir un évènement exceptionnel si la météo avait été celle que l'on nous annonçait. Avec un peu de houle, nous aurions eu davanatge de zones inondées. C'est la raison pour laquelle nous avons mis en place un dispositif spécial. Si nous n'avions rien fait, il nous aurait été reproché, ainsi qu'aux maires, de n'avoir pas pris la mesure de la situation. Les maires se sont mobilisés, il faut leur rendre hommage. L'État aussi. Au-delà de ces marées, il y a le phénomène du volcan que, désormais, nous connaissons mieux et sur lequel nous communiquons régulièrement. Mais j'ai compris que cette communication à destination de la population était encore insuffisante. C'est la raison pour laquelle va se tenir une série de 10 réunions publiques dans un premier temps, où nous irons dans les villages de la côte Est tout d'abord, afin qu'un scientifique mahorais, universitaire et renommé, donne des explications. Elles seront traduites en shimaoré et en shibushi de façon à ce que tout le monde entende ce que nous avons à dire sur ce phénomène. C'est par là qu'il faut commencer : expliquer aux populations ce phénomène volcanique. Deuxième chose : toutes les données récupérées sont en cours d'examen. À la fin du mois de décembre, les spécialistes à Paris auront modélisé les risques susceptibles de nous toucher du fait de ce volcan. Lorsque nous connaîtrons cette modélisation – quand
"C'EST UNE OFFRE DE SERVICE. LE SIEAM FAIT COMME IL VEUT." cela peut-il se produire ? Avec quelle ampleur ? –, nous mettrons au point les dispositifs de protection des populations et nous leur expliquerons les mesures et réflexes à avoir quand on est confrontés à une alerte. Reste le sujet de la subsidence, de l'affaissement de l'île. A priori, elle ne s'enfonce plus aujourd'hui, mais nous avons sur des points de côtes identifiés, probablement des choses à faire pour protéger l'espace public et peut-être, à terme, demander à certaines populations de ne plus résider sur ces zones spécifiques. Il n'y en a pas énormément, mais il y en a. Il s'agira alors d'accompagner les gens dans leur relogement. Cela prendre du temps car cela doit se faire sérieusement, mais c'est une option qu'il ne faut pas écarter compte tenu du phénomène qui nous touche. MH : On sent depuis quelques mois, avec la découverte du volcan, une certaine inquiétude. Il y a notamment des exercices de gestion de crise, une sensibilisation de la population à tel ou tel phénomène, etc. Honnêtement, malgré des discours qui se veulent rassurant, l'État est-il si serein que ça ? JFC : Je ne dirai pas qu'il s'agit d'une inquiétude, mais d'une prise de conscience que ce phénomène nouveau va nécessairement entraîner des risques nouveaux, et qu'il faut donc nous préparer à y faire face pour protéger les populations. Nous sommes sereins, mais déterminés à agir pour protéger les gens. C'est pour ça que nous sommes mobilisés et que nous agirons très vite dès que les modélisations en cours nous aurons livrés les premiers résultats. Nous le ferons naturellement avec les maires, qui ont déjà des outils à leur disposition et des plans communaux. La collaboration État/communes sera forte sur ce sujet. MH : Au sujet des communes, depuis la crise de 2018, cette collaboration État/municipalités semble être le mot d'ordre… JFC : … et les communes jouent le jeu. Les maires se sont mobilisés. Et d'ailleurs, l'évènement des fortes marées nous a révélé que la mobilisation est réelle. Les maires sont présents, ont pris conscience du sujet, et nous travaillons parfaitement ensemble. Sur un sujet comme celui-là, cela serait inconséquent d'entretenir des bisbilles.
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GRAND ENTRETIEN
"On ne pourra pas porter le contrat de convergence et le 1,6 milliard d'euros de commande publique dans les trois ans sans un port extrêmement performant, c'est clair", remarque le haut-fonctionnaire.
MH : Revenons-en au phénomène sismovolcanique et à la subsidence. Vous l'avez dit vous-mêmes, certaines zones de l'espace public peuvent être menacées. C'est notamment le cas de la piste de l'aéroport. Jouit-elle d'une attention particulière ? JFC : Il est évident qu'on ne peut pas se passer de la piste, et il est évident aussi que si nous avions eu à pâtir d'une houle plus forte, cette piste aurait probablement
souffert. Cela fait partie des infrastructures indispensables, et elle fait évidemment partie des points identifiés – ceux dont nous parlions précédemment –, qu'il va nous falloir traiter.
SUR L'ACTUALITÉ EN GÉNÉRAL MH : Le Sieam est dans la tourmente et semble perdre de plus en plus ses compétences avec, notamment, la possible délégation du Contrat de progrès et de ses
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le Sieam peut aller plus vite ? Est-ce qu'il rencontre des difficultés pour aller plus vite ? Dans ce cadre-là, la proposition que j'ai faite au président du Sieam est celle-ci : "Si vous souhaitez déléguer la maîtrise d'ouvrage à la Deal pour vous aider à conduire vos investissements, alors la Deal sera au service du Sieam pendant trois ans pour piloter les investissements sur l'eau et l'assainissement." En d'autres termes : nous pouvons les aider s'ils ont des difficultés alors que les Mahorais sont dans un besoin urgent. C'est simplement de ça dont il s'agit et non d'une recentralisation comme j'ai pu le lire dans la presse. Il y a des communes à Mayotte qui confient à la Deal la construction de leurs écoles, non ? Est-ce que pour autant, les communes ont été rayées de la carte administrative de Mayotte ? Ont-elles cessé d'exister ? Ont-elles perdu leurs compétences ? La réponse est non, naturellement, mais les écoles sont construites et les enfants peuvent être scolarisés. MH : Ce n'est donc pas un conseil appuyé, avec peu de latitude à refuser ? JFC : Non, c'est une offre de service. Le Sieam fait comme il veut. L'État est au service des Mahorais. Cette proposition sert à Mayotte et sert les Mahorais. MH : Autre ressource financière à consommer avec les fonds européens. Le Conseil départemental souhaite avoir la main dessus et en fait souvent la demande, plutôt que de les voir gérer par l'État comme actuellement. En vain. Quels sont les freins à cette passation ?
140 millions d'euros à la Deal. C'est une nécessité selon-vous ? JFC : L'État n'a pas vocation à traiter les questions d'eau et d'assainissement de Mayotte. Il y a pour cela un syndicat intercommunal dont les élus se sont dotés, et qui peut tout à fait conduire les projets. Cela étant, nous avons aujourd'hui un programme d'urgence qui qui porte des travaux sur l'assainissement, mais aussi sur l'eau, pour un montant total de 140 millions d'euros. La question, compte tenu de l'urgence – car il faut tout faire pour éviter une nouvelle crise de l'eau – est donc plutôt "Comment faire pour aller plus vite ?" Est-ce que
JFC : Le transfert des fonds européens au Conseil départemental est inéluctable. Il interviendra nécessairement, c'est le sens historique des choses et tout le monde s'en réjouira lorsque cela sera le cas. C'est juste une question de temps. Visiblement, le gouvernement a répondu qu'il faut encore prendre une année ou deux, en tout cas le temps nécessaire pour que le Département puisse prendre ses responsabilités comme il le souhaite. Les choses vont se faire. Nous sommes entrés dans une phase de transition, et le premier ministre a d'ailleurs annoncé que le Conseil départemental sera organisme de gestion intermédiaire pour certains fonds, qui lui seront délégués. C'est donc une étape de plus que nous venons de franchir et qui va dans le sens du transfert au Département. Nous allons faire en sorte, avec ce dernier, de travailler main dans la main sur ce sujet. Ce n'est pas parce que la préfecture instruit les dossiers que le Conseil départemental et son assemblée en seront écartés. Au contraire, cela n'est absolument pas notre intention car nous avons besoin du Département pour réussir. Le problème des fonds européens, c'est surtout celui des maîtres d'ouvrage. Pourquoi avons-nous quelques fois du mal à consommer les crédits ? Parce que les maîtres d'ouvrage, qui sont les bénéficiaires des subventions,
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GRAND ENTRETIEN À PROPOS DE L'IMMIGRATION CLANDESTINE
"OBJECTIF POUR LA FIN DE L'ANNÉE ? ÉQUILIBRER LES RECONDUITES ET LES ARRIVÉES" sont eux-mêmes confrontés parfois à des difficultés en termes d'ingénierie. MH : C'est qui pèche encore au Département aux yeux de l'État ? JFC : Pas au Département. Si aujourd'hui les taux de consommation sont encore en difficulté bien que nous fassions tout pour les faire progresser, c'est parce que les maîtres d'ouvrage ont quelques fois du mal à aller au bout de leurs projets. Donc, notre responsabilité à nous, l'État, est de les aider. D'où la plate-forme d'ingénierie que la ministre des Outre-mer a décidée, en particulier. Mais il faut relire attentivement la réponse qui leur a été faite : c'est une réponse d'ouverture, elle ouvre sur une étape intermédiaire qui est, d'après moi, la dernière avant le transfert pur et simple.
SUR L'UNION DES COMORES ET L'IMMIGRATION CLANDESTINE MH : Cet été a été signé un accord entre la France et l'Union des Comores. Ses premiers effets en termes d'immigration clandestine se font-ils déjà sentir ? JFC : Il y a deux choses à distinguer. Tout d'abord les demandes d'asile des ressortissants africains venant de la région des Grands lacs. Ces demandes ont doublé en 2019. On va probablement atteindre les 2 000. Comme ici il n'y a pas l'aide aux demandeurs d'asile, ces personnes vivent dans des conditions très difficiles. Leur objectif n'est pas de s'installer ici, mais de gagner la métropole. Notre souci à nous est donc de faire en sorte que ces demandeurs d'asile ne puissent plus passer par des filières installées à Madagascar et aux Comores – on y travaille et nous en avons d'ailleurs démantelé récemment, mais l'institution
judiciaire en parlera plus précisément le moment venu –, mais aussi de faire en sorte que la demande d'asile faite à Mayotte puisse être traitée très rapidement par l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) afin de savoir si c'est un débouté de la demande – et dans ce cas-là nous le reconduisons à la frontière – ou si celle-ci est acceptée pour que le concerné puisse partir pour la métropole. C'est la raison pour laquelle j'ai demandé au directeur général de l'Ofpra, qui est venu en mission ici, d'organiser très régulièrement des audiences foraines, c'est-à-dire d'envoyer ses instructeurs à Mayotte, pour que tous les dossiers puissent être vus très rapidement, de façons à ce que nous puissions aller au bout de la procédure : soit un retour à la frontière, soit un départ vers la métropole. Ensuite, il y a aussi l'accord bilatéral entre la France et l'Union des Comores, qui portent également là-dessus. Je dois observer que le volume des demandeurs d'asile en provenance des Comores et originaires des Grands lacs est en train de baisser. Cela veut dire que des actions efficaces sont entreprises aux Comores pour empêcher les demandeurs d'asile africains d'arriver jusqu'à Mayotte. Les mêmes discussions sont en cours à Madagascar. En ce qui concerne les arrivées de kwassas en provenance d'Anjouan, nous en détectons toujours autant aux abords des côtes mahoraises. Le chiffre n'a donc pas baissé, mais je crois que les Comoriens sont en train de prendre des initiatives pour que cela change. Nous regarderons cela de près. Toutefois, si nous identifions toujours autant de kwassas aux abords des côtes nord-ouest, nous en interceptons aussi beaucoup plus. La nuit dernière encore (entretien réalisé mardi 1er octobre, NDLR), nous avons intercepté deux embarcations avec 37 étrangers en situation irrégulière à bord et 2 000 cartouches de cigarettes. Aujourd'hui, grâce à l'opération Shikandra, à la refonte de la stratégie et aux moyens mis à notre disposition, nous enregistrons des succès sur la lutte contre l'immigration clandestine en mer. À terre nous étions déjà très bon, mais il est vrai qu'en mer nous avions des marges de progrès. Aujourd'hui, elles se comblent, nous sommes donc plus efficaces. À ce jour, nous avons reconduit plus de 20 000 Comoriens aux Comores depuis le début
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d'année 2019. Or, l'évaluation des arrivées de Comoriens à Mayotte tourne autour de 24 000. Mon objectif pour la fin de l'année est donc d'équilibrer les reconduites et les arrivées de façons à stabiliser le système. C'est ambitieux, mais réaliste. MH : Ce sont les consignes que vous avez, parvenir à ce chiffre ? JFC : Il n'y a pas d'objectif chiffré à proprement parler, mais une idée simple : quand on veut entrer sur le territoire français à Mayotte, on demande l'autorisation. On n'entre pas sans cela. Tous ceux qui prétendent rentrer sur le territoire de Mayotte, et donc en France, sans cette autorisation, seront reconduits. L'objectif est tout simplement là. MH : Vous dîtes que les Comores sont en train de mettre en place de quoi limiter les départs de kwassas. Quoi par exemple ? JFC : Ils travaillent en partenariat avec des acteurs compétents, sur la surveillance des côtes notamment. Je le redis : aujourd'hui nous détectons toujours autant de kwassa, mais ils regardent cela de près.
SUR LE PLAN MAYOTTE MH : Faisons le point sur l'avancée du Plan Mayotte, annoncé en juin 2018. Parmi les 53 mesures qui le constituent, quelques-unes avaient attiré l'attention. C'est le cas notamment d'une étude pour mettre en place des liaisons interquartiers et favoriser le contournement de Mamoudzou. Où en est-on ? JFC : Le Conseil départemental et la Cadema pourraient s'exprimer mieux que moi sur ce sujet, car c'est quand même celui des collectivités. Mais vous avez raison, c'était aussi dans le Plan global de transports et de déplacements (PGTD). Or, il se trouve que ce dernier contient plusieurs objets, dont les liaisons interquartiers que vous abordez. Ce n'est pas le plus simple à mettre en route. Il y en a un qui va jouer un rôle plus important pour désenclaver Mamoudzou et faire en sorte que les Mahorais ne passent pas tous les matins deux heures dans la voiture pour aller travailler et deux heures le soir pour rentrer. Nous fondons beaucoup d'espoirs sur le projet de Caribus, parce qu'il réduira la circulation. Il est extrêmement important et s'articule avec les projets du Conseil départemental : le pôle d'échange multimodale en particulier, mais aussi les liaisons maritimes entre notamment Mamoudzou et Dembéni. Et puis le Département travaille aussi sur l'interurbain. Tout cela est lancé, même si Caribus avance plus vite.
MH : Caribus, d'ailleurs, ne fait pas l'unanimité, en particulier chez les entreprises qui sont situées sur à proximité du tracé… JFC : Le projet fait face à des inquiétudes, c'est vrai et je les comprends. Il faudra rapidement se mettre autour d'une table pour écouter tout le monde et étudier dans une intelligence commune comment nous pouvons faire pour maintenir Caribus, c'est impératif, et en même temps ne pas pénaliser les intérêts économiques de l'agglomération. Je fais confiance aux élus, et s'ils ont besoin de la médiation du préfet, je suis à leur disposition. MH : Cela dit, pour en revenir à la question initiale, le projet Caribus n'est pas antinomique avec le projet de contournement de Mamoudzou. Ce dernier est-il donc mis entre parenthèse ? JFC : Oui, mais savez-vous combien coûte le projet Caribus ? Il coûte 155 millions d'euros. On ne peut pas mettre tous les objets du PGTD sur la table en même temps. La priorité aujourd'hui, c'est Caribus. MH : le Plan Mayotte proposait aussi une "mission pour l'amélioration de la desserte aérienne de Mayotte", afin d'agir sur le prix des billets et de permettre à plus d'avions long-courriers d'effectuer des vols sans escales." A-t-elle eu lieu ? JFC : Il y a encore quelques études qui ne sont pas rendues et qui doivent l'être sur cette question. Je crois que tout le monde a cette problématique à l'esprit. Tout le monde s'est mobilisé sur la question. Elle est importante pour les Mahorais, pour l'économie mahoraise, pour la compagnie qui œuvre aujourd'hui à Mayotte et qui le fait dans des conditions difficiles. Quand on voit ce qu'il se passe sur le marché aérien, avec deux faillites successives, il faut comprendre que les choses ne sont pas simples sur ce secteur d'activité. Il y a des difficultés, mais aussi une volonté de la compagnie en question d'améliorer les choses. Probablement faudra-t-il d'autres conditions pour que les choses se passent bien. MH : La gestion du port était aussi mentionnée. Il était un temps question de transformer Longoni en grand port maritime, géré par l'État. JFC : Le port est dans les compétences du Conseil départemental, qui a délégué ce service public à une entreprise. Le constat qui est fait par les chefs d'entreprise – et je ne suis pas loin de le partager –, c'est qu'on peut sans doute encore améliorer le fonctionnement du port. On y travaille. Laissons l'autorité judiciaire se prononcer sur la question de la Smart, qui est une question centrale, mais je suis assez optimiste quant à une évolution positive des choses. En tout cas, on ne
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Photo : Geoffroy Vauthier
GRAND ENTRETIEN
À PROPOS DU PORT DE LONGONI
"ON NE POURRA PAS PORTER LE CONTRAT DE CONVERGENCE ET LE 1,6 MILLIARD D'EUROS DE COMMANDE PUBLIQUE DANS LES TROIS ANS SANS UN PORT EXTRÊMEMENT PERFORMANT, C'EST CLAIR" 22•
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pourra pas porter le contrat de convergence et le 1,6 milliard d'euros de commande publique dans les trois ans sans un port extrêmement performant, c'est clair. MH : Mais l'État n'entend donc pas intervenir dans la gestion du port ? JFC : Je ne suis pas en mesure de vous donner une information pertinente sur ce sujet (lire également notre encadré). MH : Enfin, la plate-forme d'ingénierie dont vous parliez précédemment a-t-elle été actée ? JFC : Il y a eu une réunion interministérielle au plus niveau il y a 15 jours à Paris. Elle a acté le financement des postes de travail qui composeront cette plate-forme. Nous avons conduit des entretiens avec des candidats
à Mayotte et en dehors de Mayotte, et nous sommes en voie de les recruter. La plate-forme sera donc bientôt recrutée. Tous les obstacles sont désormais aplanis. Sa mise en place est une question de semaines et elle sera immédiatement mise à disposition des collectivités pour les aider à conduire leurs maîtrises d'ouvrage. MH : Un mot de la fin à destination des Mahorais, pour finir ? JFC : J'ai confiance en eux les : Mahorais ont envie de changer les choses, de se doter d'équipements performants, de voir leurs enfants réussir leurs études, des études de qualité. Ils ont envie de vivre sur cette île. Je crois que nous sommes sur la bonne voie. Nous sommes aujourd'hui à un tournant. Le contrat de convergence va nous faire prendre ce virage. J'ai confiance en l'île dans sa capacité à bien prendre ce virage. n
Longoni, grand port maritime ? On s'en rappelle : en décembre 2017, la Cour des Comptes épinglait la gestion du port de Longoni, qualifiée de "défaillante", mais aussi de "gouvernance inadaptée." La juridiction préconisait donc le changement de statut du port de Longoni en Grand port maritime, afin que l'État puisse intégrer sa gouvernance et remettre un peu d'ordre. En réponse, la ministre en charge des transports, Elisabeth Borne, répondait que le statut particulier du port de Mayotte – décentralisé – ne permettait pas d'envisager "la présence de l'Etat dans les instances de gouvernance (…) en l'état actuel du droit". Par ailleurs, créé dès l'origine sous le régime de port décentralisé, le port de Longoni ne peut bénéficier d'un transfert de propriété à titre gratuit puisque ce mécanisme est réservé aux seuls ports relevant de l'Etat et transférés par la suite aux collectivités locales. Cette cession "devrait s'effectuer dans un autre cadre que celui de la loi de décentralisation de 2004 et ne pourrait s'envisager que sur demande du Département". En outre, la ministre rappelait que la mission interministérielle mise en place en 2017 étudiait plutôt "les scénarii envisageables permettant d'établir un pilotage plus efficace du contrat de cession actuel". Elisabeth Borne soulignait également que c'était au Département de signifier qu'il renonçait à sa compétence portuaire au profit de l'Etat. Or, "nous n'avons pas connaissance de la position du Conseil départemental sur ce point, ni même s'il en a forgé une", constatait-elle. Interrogé, le conseil portuaire, avait affirmé que le Département était "favorable" à la transformation du port de Longoni en grand port maritime et que ce changement "permettrait de minimiser les conflits que nous connaissons actuellement", sans toutefois que le Conseil départemental n'exprime officiellement sa position. Enfin, la ministre réfuté l'argument de la Cour des Comptes prenant en exemple les ports des autres DOM : dans le cas de Mayotte, la transformation en grand port maritime supposerait la résiliation de la convention de DSP en cours entre le Département et MCG, convention qui arrive à échéance en 2028. "Sa résiliation risque d'entraîner d'importantes conséquences financières (…) et de donner lieu à de nouveaux contentieux d'indemnisation, qui viendraient s'ajouter à ceux, non encore résolus, relatifs à la précédente concession", arguait la ministre, soulignant toutefois que la mission interministérielle évaluait actuellement "les conséquences d'une telle résiliation". Depuis, le projet ne semble pas avoir beaucoup avancé, même s'il n'est pas abandonné. Il semblerait en effet que l'État étudie toujours cette possibilité, sans pour autant qu'il ne s'agisse d'une piste privilégiée. L'époque ne serait pas, de manière générale, à la recentralisation des ports. Le Plan Mayotte de juin 2018 abordait toutefois ce point dans sa mesure n°40 : "proposer, d'ici l'été, les modalités d'une gouvernance rénovée."
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Cyril Castelliti
GRANDES MARÉES
QUELLES CONSÉQUENCES POUR L'ENVIRONNEMENT ? ALORS QUE DES MARÉES EXCEPTIONNELLES SONT ENCORE PRÉVUES DANS LE DÉPARTEMENT, MAYOTTE TENTE TANT BIEN QUE MAL DE S'ADAPTER À CE PHÉNOMÈNE MAJEUR SUSCEPTIBLE DE PROVOQUER MOULT PERTURBATIONS CAR COUPLÉ À LA SUBSIDENCE DE L'ÎLE. LOIN DU TRAFIC ROUTIER, DES RÉPERCUSSIONS SUR LA BARGE, OU DES DÉGÂTS POTENTIELS SUR LES HABITATIONS, LA MONTÉE DES EAUX GÉNÈRE AUSSI DES CONSÉQUENCES POUR L'ENVIRONNEMENT. CONSÉQUENCES : DES PROBLÉMATIQUES ÉCOLOGIQUES NON NÉGLIGEABLES, QUI SEMBLENT PASSER EN DESSOUS DES RADARS MÉDIATIQUES ET POLITIQUES. Après un épisode préoccupant fin août, l'océan est revenu grignoter le littoral ces jours-ci sans provoquer de dégâts majeurs. Hormis quelques perturbations au niveau de la barge et de certains axes routiers, nombreux sont ceux qui ont estimé ce phénomène comme relatif vis-à-vis des menaces annoncées. Trop de bruit pour rien ? Pas vraiment selon le directeur de cabinet de la Préfecture Étienne Guillet : "Le phénomène est resté modeste, et fort heureusement. Nous avons eu de bonnes conditions météorologiques", justifie-t-il tout en nuançant : "Y avait-il un risque ? Oui. Des gens étaientils menacés ? Oui. Nous l’avons constaté à Iloni ou M'tsapéré, avec cette eau qui est entrée dans les terres où se situent des habitations" (lire également notre entretien du préfet des pages 12 à 23).
À moins d'être sourd ou particulièrement isolé, impossible de pas entendre les alertes autour du phénomène des grandes marées.
Dans ces zones particulièrement vulnérables, les conséquences de la montée des eaux ne sont pas toujours celles envisagées. Une foi l'océan revenu d'où il vient, un triste spectacle saute aux yeux : celui d'un territoire où les déchets ramenés par l'océan s'entassent, et
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les flaques d'eau stagnante et polluée s'enfoncent dans les sols. Un phénomène difficile à contenir, alors même que l'eau ne compte pas freiner son avancée sur des terres polluées par l'activité humaine.
DES DÉCHETS ÉPARPILLÉS ET RAMENÉS DANS LE LAGON "À chaque épisode de pluie ou de marée, on retrouve souvent des déchets en suspension dans la mangrove". Chez les Naturalistes de Mayotte, le président Michel Charpentier n'a pas attendu cette montée des eaux exceptionnelles pour s'inquiéter de la pollution du littoral. "Lors de fortes marées, beaucoup de déchets sont ramenés et éparpillés sur les terres. Selon la rapidité du phénomène, d'autres sont ramenés dans le lagon". Selon une étude publiée par l'association, 90 à 95% des déchets marins autour de l'île sont des matières plastiques. Entre les résidus dispersés par l'océan sur les côtes, et ceux ramenés dans le lagon, impossible de fermer les yeux sur les conséquences environnementales de cette submersion marine sur des zones habitées. À chaque centimètre de terre rongé sur des villages, de nouveaux déchets sont ainsi la proie de mère nature.
Pour l'homme, ce phénomène peut potentiellement être contenu dans l'éventualité d'un ramassage des déchets systématique après le passage de la marée. Ce qui est encore loin d'être gagné. Mais pour les espèces présentes sur le littoral, et plus particulièrement dans la mangrove, les conséquences nettement plus dommageables. "Le plastique devient particulièrement dangereux pour les espèces lorsqu'il se désintègre", rappelle Michel Charpentier. Il poursuit : "On estime à 70% le nombre d'espèces ayant au moins circulé une fois par la mangrove. C'est un espace particulièrement fréquenté par les crustacés, certains poissons, voire même des petites tortues". A Iloni, comme dans d'autres zones du littoral investies par la population de façon pas toujours légale, cette cohabitation forcée s'avère ainsi dommageable pour les espèces maritimes. Avec une écrasante majorité de la population installée en bord de mer, doublée d'une marée susceptible de ramener des déchets toujours plus loin sur les terres, leur avenir demeure plus que jamais menacé.
QUID DE L'EAU STAGNANTE Au-delà des déchets, les traces laissées par le passage de la marée offrent d'autres perspectives préoccupantes.
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Quelques dizaines de minutes après le pic de montée des eaux, des flaques inquiétantes étaient constatables dans toute la partie d'Iloni affectée par le phénomène. Avec des teintes de couleur blanche, noire, ou verte, impossible de nier le contact de flaques avec des produits chimiques. Sans parler de l'odeur nauséabonde qu'elles dégagent. Une conséquence malheureusement logique du contact de l'eau avec des habitations où sont parfois entreposés des produits dangereux pour l'environnement. Qu'il s'agisse de produits d'entretien en tout genre (lessive, javel, etc.), hydrocarbures, ou d'installations susceptibles de dégager des substances au contact de l'eau. Pire encore, dans certaines zones, ce sont carrément les égoûts qui débordent. Contactée à ce sujet, l'ARS se contente de rappeler les précautions de base. "Une fois l’épisode de submersion terminé, il s’agira d’ouvrir portes et fenêtres de manière à aérer les logements, de procéder à l’évacuation et l’élimination des déchets, au nettoyage à grandes eaux si possible, de laver le linge souillé, et de remettre en état la maison", nous indique l'institution. Elle insiste également sur la nécessité de "S’approvisionner en eau potable exclusivement à partir du réseau public", tout en vidant "tous
les récipients contenant de l’eau afin de limiter le développement et la prolifération des moustiques". Des précautions inapplicables sur le littoral d'Iloni, où la population de certains quartiers circule carrément les pieds dans l'eau croupie une fois le pic de la marée reculée. La plupart des axes de passage entre les maisons étant submergés par des flaques qui peinent à retourner dans l'océan. En cause : un urbanisme qui ne permet pas à l'eau de s'évacuer comme elle le devrait. Lorsqu'ils ne s'évaporent pas, ces liquides s'infiltrent ainsi dans les sols, provoquant logiquement leur pollution. Dans la mangrove d'Iloni et sa périphérie, la population assure être habituée à vivre avec l'eau. "Parfois elle m'arrive au niveau des cuisses. Que voulez-vous faire ? On fait avec. Quand c'est trop, je pars un plus loin vers la route", confie une habitante pas vraiment inquiétée par le phénomène. Au fil de la conversation, les conséquences de ces flaques polluées se révèlent timidement : "Ma fille a eu des problèmes. Sa peau était recouverte de boutons. J'ai dû l'emmener au CHM", glisse-t-elle du bout des lèvres. Rien de surprenant à voir le nombre d'enfants circulants pieds nus dans les allées inondées. Parfois, certains se risquent même à se baigner dans la mangrove, tout en
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tentant quelques brasses entre les détritus qui flottent à la surface. Dans ce village où nombreux sont ceux qui jurent "vivre légalement avec des papiers", malgré leurs habitations majoritairement informelles, les plus vieux reconnaissent le caractère exceptionnel des récents évènements. "Je n'ai jamais vu l'eau monter aussi loin dans les terres depuis les années 2000", atteste un bacoco. Pour autant : "Personne n'est venu nous avertir des risques. Lorsque les autorités se déplacent, c'est toujours pour détruire les habitations plutôt que de nous venir en aide". Quid des marées à venir ? "On verra, Dieu est là pour veiller pour nous."
QUELS AMÉNAGEMENTS POSSIBLES ? Face ce phénomène qui n'est pas près de diminuer dans les années à venir. Des précautions s'imposent. "Il va falloir réfléchir au problème avec les collectivités et l’ensemble des décideurs pour savoir ce que nous pouvons aménager. En cas d’exposition aux risques, il faut peut-être aménager le littoral autrement ou envisager des logiques d’évacuation ou d’expropriation de quartiers. Ce n’est qu’une réflexion, mais il faut être vigilant et surveiller le phénomène", s'inquiète Etienne Guillet avant de conclure : "L’enjeu est de savoir comment vivre et s’adapter à cet environnement qui change". Question aménagement du littoral, l'exercice peut s'avérer particulièrement risqué pour les autorités. "Je prends l'exemple de la Mangrove de Mangajou, près de Sada, dans la baie de Chiconi. Il y a moins de deux ans, la Deal était obligée de faire des travaux de soutènement de la route, car la marée attaquait le quai de route. Comment en sommes-nous arrivés
là ? Parmi les hypothèses, il y a les travaux d'enrochements antérieurs de l'autre côté de la route pour protéger Chiconi. Cela a potentiellement perturbé la courantologie du fond de baie et entraîné un courant d'érosion du littoral", explique le président des Naturalistes de Mayotte. "Quand on touche aux éléments d'un système en équilibre, on risque de déséquilibrer la nature dans des endroits où on ne s'y attend pas", résume-t-il. Un phénomène d'autant plus grave à la vue de l'érosion du littoral mahorais, qui n'a pas attendu les grandes marées pour se manifester. "Sur certaines zones du territoire, nous assistons déjà à un recul progressif du trait de côte. Au fond de la baie de Soulou il y a par exemple une érosion forte depuis longtemps. Cela est visible. À certains endroits, des cocotiers tombent carrément sur la plage", prévient-il tout en insistant : "C'est un phénomène naturel sur lequel il n'y a pas lieu de lutter". Bien avant ces enjeux, Mayotte se prépare à un nouvel épisode de marées potentiellement dangereux d'ici la fin du mois : "Nous allons certainement avoir 10 centimètres supplémentaires à la fin du mois, ce qui peut générer des risques, car la météo pourrait bien être défavorable. Nous aurons tous les éléments et les détails 24 heures avant la montée des eaux", prévient Etienne Guillet. Pour Michel Charpentier, ces phénomènes nous rappellent une réalité difficilement avouable : "Le littoral n'appartient pas à l'homme, mais à l'océan. C'est lui qui dicte sa loi". Malgré une concentration de la population en bord de mer, Mayotte n'a guère d'autres choix que de reculer sur les terres pour éviter les dégâts. Un travail de longue haleine, qui doit être élaboré en accord avec l'environnement pour éviter de répéter des erreurs aux conséquences déjà visibles. L'exercice
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LITTÉRATURE
Christophe Cosker, "L’Invention de Mayotte", Pamandzi éd. La Route des Indes, 2019.
LISEZ MAYOTTE Chaque semaine, Christophe Cosker, auteur de L'invention de Mayotte, vous propose la quintessence de chacune des trente-six inventions de Mayotte relevées dans l’ouvrage éponyme.
Ce texte est sans doute l’invention la plus radicale de Mayotte par la France. Avant ce premier texte officiel, Mayotte existe pour elle-même et n’est pas encore française. Il s’agit d’un texte signé, presque à la sauvette – étant donné qu’il n’est ratifié que deux ans plus tard et que c’est alors que la France s’installe à Mayotte -, entre Pierre Passot et Andriantsouli. Premier texte interculturel, il est retranscrit en français et en arabe. Or, ce texte ne va pas sans poser problème, car la légitimité de celui qui cède Mayotte à la France a souvent été remise en question en raison de son origine malgache. En outre, les conséquences du texte qui transforme Mayotte d’abord en protectorat, puis en colonie, sont très importantes. C’est la raison pour laquelle la dizaine d’articles de ce traité, qui essaimera ensuite dans les autres îles de l’archipel, est perpétuellement citée et discutée dans la littérature francophone, qu’il s’agisse d’essais ou de fictions. Nous les avions jadis recensés pour fonder l’hypothèse selon laquelle ce traité était le substrat d’une littérature qui se pose la question de sa francité. Le prologue et l’épilogue du texte législatif l’ancrent dans le réel en commençant par une prière de tradition musulmane, en indiquant les signataires directs et indirects du texte en leurs noms et qualités. La lecture égrène ensuite les articles d’un texte dont la lecture est toujours particulière parce qu’il s’agit d’un texte de pouvoir, parce qu’il s’agit d’un texte qui fait loi, parce qu’il s’agit d’un texte qui engage. En apparence, il est moins question de Mayotte que d’Andriantsouli et des avantages liées à la cession de l’île sur laquelle il règne : une pension, l’éducation de ses enfants, la jouissance de sa propriété, ses facilités de circulation, à tout le moins tant qu’il reste à Mayotte et soutient la France. Mais une lecture plus attentive permet aussi de détecter les intentions d’une puissance coloniale qui s’approprie les terres dites libres, qui se réserve le droit d’expropriation dans un but stratégique et qui fait du sultan de l’île son vassal.
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Christophe Cosker
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TRAITÉ DU 25 AVRIL 1841 PORTANT CESSION DE MAYOTTE À LA FRANCE Au nom du Dieu clément et miséricordieux, c’est en Lui que nous mettons notre confiance. Le traité suivant, négocié par Monsieur le Capitaine Passot, l’envoyé de Monsieur de Hell, contre-amiral gouverneur de Bourbon, a été conclu entre le Sultan Adrian Souli, fils d’Oura, ancien roi des Sakalaves, aujourd’hui Sultan de Mayotte, et le gouvernement français, sauf l’approbation de Sa Majesté Louis-Philippe Ier, roi des Français, ou de son représentant, le gouverneur de Bourbon. Article Ier Le Sultan Adrian Souli cède à la France, en toute propriété, l’île de Mayotte, qu’il possède par droit de conquête et par convention, et sur laquelle il règne depuis treize ans. Article 2 En retour de la présente cession, le gouvernement français fera au Sultan Adrian Souli une rente annuelle et viagère de mille piastres. Cette rente, qui sera payée par trimestre, ne sera pas réversible sur les enfants du Sultan Adrian Souli mais deux de ses fils pourront être envoyés à Bourbon pour y être élevés aux frais du gouvernement français. Article 3 Le Sultan Adrian Souli pourra continuer à habiter à Mayotte, il conservera la jouissance de toutes ses propriétés particulières, mais il ne devra en aucune manière s’opposer aux ordres donnés par le représentant à Mayotte du Roi des Français ; il devrait, au contraire, faire tout ce qui dépendra de lui pour en assurer l’exécution. Article 4 Si le Sultan Adrian Souli voulait retourner à Madagascar, la terre de ses ancêtres, le gouvernement français s’engage à le déposer lui et ceux de ses gens qui désireraient le suivre sur le point qu’il désignera, sans autre condition : mais alors la pension de mille piastres qui lui est allouée cesserait à dater du jour de son départ de Mayotte.
Article 5 Toutes les propriétés sont inviolables ; et les terres cultivées soit par les Sakalaves, soit par les autres habitants de l’île de Mayotte, continuent à leur appartenir. Cependant, si pour la sûreté de la défense de l’île, il était nécessaire d’occuper un terrain habité par un individu quelconque, celui-ci devrait aller s’établir sur une autre partie de l’île inoccupée et à son choix, mais sans être en droit d’exiger une indemnité. Article 6 Les terres non reconnues propriétés particulières appartiennent de droit au gouvernement français qui seul pourra en disposer. Article 7 Les discussions, disputes ou différends quelconques qui pourraient s’élever entre les Français et les anciens habitants de Mayotte seront jugés par des hommes sages et éclairés choisis dans les deux populations et désignés par Sa Majesté le Roi des Français ou par son représentant à Mayotte. Article 8 En considération des liens de parenté et d’amitié qui unissent le Sultan Adrian Souli au Sultan Alaony, si ce dernier veut résider à Bourbon, Mayotte ou Nossi-Bé, il sera traité de la manière la plus favorable par le commandant pour le Roi des Français. Article 9 Le présent acte rédigé en français et en arabe a été fait en triple expédition dans chacune des deux langues ; il recevra son exécution lorsqu’il aura été sanctionné par Sa Majesté le Roi des Français ou par son représentant le Gouverneur de Bourbon et à dater du jour où le pavillon national de France sera arboré sur un point quelconque de Mayotte. Fait à Mayotte, le dimanche deuxième du mois de Rabi-el-anal 1257 de l’hégire, date correspondante au 25 avril 1841.
Signé Passot
(Le texte de ce traité porte en marge la mention : « ratifiée par le Roi Louis-Philippe le 10 février 1843 ».) Traité du 25 avril 1841 portant cession de Mayotte à la France.
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Publi-rédactionnel
ACTUALITES DU RESEAU RURAL : 3 séminaires d’informations et d’échanges à destination des porteurs de projets et futurs bénéficiaires du Feader se sont déroulés à Coconi et Chirongui, en juillet, août et septembre.
Le premier intitulé « Suivi de projet et demande de paiement pour les bénéficiaires » en partenariat avec les services de l’ASP *et du S.E.A*de la DAAF a réunion de nombreux porteurs de projet venus comprendre le circuit de suivi de leur projet éligible au Feader.
Séminaire au Lycée Agricole de Coconi
Le second portait sur « le suivi de réalisation et les demandes de paiement d’un projet cofinancé par le Feader » toujours en partenariat avec l’ASP et le SDTR de la DAAF était à destination des collectivités et des associations d’environnement de Mayotte. Enfin le dernier, s’est tenu à la mairie de Chirongui en partenariat
Séminaire de Chirongui, le 12 septembre
avec l’association des agriculteurs du sud et a eu pour objet de présenter les différentes aides en faveur des agriculteurs. L’objectif de ces rencontres Réseau Rural est de fédérer l’ensemble des acteurs au service du développement rural par une promotion de la mobilisation du Feader à Mayotte.
Publi-rédactionnel
JOURNEES DU PATRIMOINE, LE « VIVANT » A L’HONNEUR AU LYCEE AGRICOLE. Le vendredi 20 et samedi 21 septembre ont eu lieu les journées du patrimoine, ce fut l’occasion pour les Mahoraises et les Mahorais de venir découvrir une partie du patrimoine agricole mahorais,
sous découvertes de nos abeilles et de l’apiculture et d’une race bovine issue du patrimoine local le Zébu mahorais officiellement reconnue par le ministère de l’agriculture depuis 2018.
ASSEMBLEE GENERALE DU RESEAU RURAL : L’assemblée Générale du Réseau rural de Mayotte, se tiendra le matin du jeudi 10 octobre à l’hémicycle Bamana, en présence de l’animateur national Mr David Armellini venu spécialement de Paris pour voir sur place les projets co financés par le
Feader , l’état et le Conseil départemental. Il visitera les sites de Bandrélé, Chirongui, des GAL et des exploitants tout au long de cette semaine d’immersion sur le territoire mahorais : dernier né des réseaux ruraux régionaux !
PARLONS FEADER : STAND DE L’EUROPE AU SALON DU TOURISME 2019.
Les vendredi 13 et samedi 14 septembre 2019, s’est déroulé le 8ième salon du tourisme de Mayotte. Comme chaque année le stand de l’Europe organisé par le service Europe de la préfecture présentait au grand public les différents
fonds européens dont le FEADER. Quiz, contacts avec les porteurs de projet, réponses aux nombreuses questions des futurs bénéficiaires telles ont été les animations proposées sur le stand.
OFFRES D'EMPLOI OFFRES DE FORMATIONS FICHES MÉTIERS TÉMOIGNAGES CONSEILS
LE MÉTIER DE LA SEMAINE
OPTICIEN LUNETIER L'OPTICIEN LUNETIER ASSEMBLE ET DÉLIVRE DES ÉQUIPEMENTS DE CORRECTION OPTIQUE À DES PERSONNES ATTEINTES DE TROUBLES VISUELS SELON LA PRESCRIPTION MÉDICALE, LA DEMANDE INDIVIDUELLE. IL COMMERCIALISE DES ARTICLES (LUNETTES DE SOLEIL, ÉTUIS, INSTRUMENTS OPTIQUES, PRODUITS DE CONSERVATION ET DE NETTOYAGE, ETC.) ET PEUT MESURER L'ACUITÉ VISUELLE ET DÉTERMINER LA CORRECTION OPTIQUE NÉCESSAIRE À LA PERSONNE. IL PEUT COORDONNER UNE ÉQUIPE (MONTEUR VENDEUR, OPTICIEN, PERSONNEL ADMINISTRATIF, ETC.), DIRIGER UN OU PLUSIEURS MAGASINS D'OPTIQUE. ENVIRONNEMENT DE TRAVAIL - Centre de santé - Magasin d'optique
COMPÉTENCES
- Étudier une demande client - Conseiller un client - Renseigner le client sur les équipements optiques, les conditions de prise en charge par la Sécurité Sociale, les mutuelles, etc. et le conseiller dans son choix - Prendre les mesures pour la réalisation de l'équipement optique et établir la fiche d'exécution des travaux - Préparer les verres (centrage, axage, montage, etc.), procéder à l'essayage sur le client et effectuer les ajustements - Renseigner des documents médico-administratifs - Réaliser le suivi des règlements clients
ACCÈS AU MÉTIER
Cet emploi/métier est accessible avec le BTS Opticien Lunetier (BTSOL). L'emploi/métier de monteur vendeur optique est accessible avec le CAP monteur vendeur optique ou le BEP optique lunetterie. Des formations complémentaires (optométrie, contactologie, basse vision) peuvent être requises.
OFFRES D'EMPLOI COMMERCIAL / COMMERCIALE EN SERVICES AUPRÈS DES ENTREPRISES
ESTHÉTICIEN / ESTHÉTICIENNE
CONSEILLER(E) EN INSERTION PROFESSIONNELLE (F-H) (H/F)
MAESTRIA RECRUTEMENTS - 976 - MAYOTTE Développer et gérer un portefeuille de clients existants ou potentiels sur un secteur géographique Contribuer à la définition de la stratégie commerciale et marketing
COULEURS BEAUTE SARL - 976 - MAYOTTE
Vous accueilliez la clientèle, répondez à leurs besoins. Vous effectuez les épilations (visage et corps), les soins du visage, les soins du corps (modelage relaxant, pierres chaudes, réflexologie
976 - MAMOUDZOU
Le Centre de Formation Continue d'Apprentis d'Auteuil Mayotte recrute un/une Conseiller(e) en Insertion Professionnelle (F-H)
* voir site Pôle emploi
LE NUMERIQUE EDUCATIF POUR RENDRE LES APPRENTISSAGES DES ENFANTS MAHORAIS PLUS EFFICIENTS Le FEDER a permis d’équiper neuf lycées en classes mobiles de PC portables et de mettre à disposition de tous les établissements du 2nd degré un Espace Numérique de Travail pédagogique pour accompagner la réussite de tous les élèves mahorais.
MONTANT TOTAL DU PROJET 709 018 € dont une participation du FEDER de 403 644 €
MAGAZINE D’INFORMATION NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros 7, rue Salamani Cavani M’tsapéré BP 60 - 97600 Mamoudzou Tél. : 0269 61 20 04 contact@mayotte.hebdo.com Directeur de la publication Laurent Canavate canavate.laurent@mayottehebdo.com Directeur de la rédaction Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 38 soldat@mayottehebdo.com Rédacteur en chef Geoffroy Vauthier
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Couverture :
Grand entretien avec le préfet de Mayotte
Journalistes Romain Guille Solène Peillard Grégoire Mérot Cyril Castelliti Correspondants HZK - (Moroni) Direction artistique Franco di Sangro Graphistes/Maquettistes Olivier Baron, Franco di Sangro Commerciaux Cédric Denaud, Murielle Turlan Thomas Lévy Comptabilité Catherine Chiggiato compta@mayottehebdo.com Secretariat Annabelle Mouhamadi Première parution Vendredi 31 mars 2000 ISSN : 1288 - 1716 RCS : n° 9757/2000 N° de Siret : 024 061 970 000 18 N°CPPAP : 0121 I 92960 Site internet www.mayottehebdo.com