LE MOT DE LA RÉDACTION
JE VOULÉ, TU VOULÉS, IL VOULÉ, NOUS VOULÉONS… Et si on contactait tous ensemble l'Académie française pour leur proposer de nouveaux termes à inscrire dans le dictionnaire ? Il faut bien le dire : Mayotte pourrait apporter sa contribution et quelques mots bien trouvés. Le verbe "barger", par exemple, mais aussi – car c'est là une autre tradition phare de notre île – "vouléer". Le voulé, en effet, est une des habitudes désormais bien ancrée sur l'île. Pas un week-end sans que les plages en soient remplies. On y mange sur le grill, tous ensemble, on discute, on s'amuse, on fait la fête, on rencontre les voisins, bref : on passe un bon moment. Il était donc important pour nous de nous pencher sur le sujet. Après tout, bien que fort pratiqué, bien peu connaissent les origines du voulé. Et il se peut même que votre magazine soit le premier, dans son dossier de la semaine, à documenter ce moment de convivialité. Des voulés qui sont aussi photogéniques et, qui sait, se sont peut-être retrouvés un jour dans le viseur d'Anouar Mlambeou, photographe officiel de Miss Mayotte, bien connu sur l'île pour ses talents. Il fait l'objet de notre portrait de la semaine. Parmi ceux qui se bougent pour notre île, il y a aussi Del Zid, fondateur du festival Milatsika. En 12 ans d'existence, l'évènement a permis d'accueillir de nombreux artistes et de réjouir des milliers de spectateurs. Une belle pérennité sur un territoire où bien peu de moyens sont accordés aux politiques culturelles, mais aussi la preuve que la volonté peut permettre de réaliser beaucoup de choses. Enfin, notre rubrique magazine revient sur la création d'une réserve nationale pour nos forêts. Vous en découvrirez les enjeux, et ce qui est prévu pour les préserver. Bonne lecture à tous.
CENTRE COMMERCIAL MANEK - HAUTS VALLONS VOUS RECHERCHEZ
UN LOCAL POUR VOTRE BRASSERIE
AVEC UN EMPLACEMENT IDÉAL ? 0269 63 63 03
P
scisam-mayotte@maharajah.fr
CLIENTS
3
• M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 2 • 1 1 / 1 0 / 2 0 1 9
COUP D’ŒIL DANS CE QUE J'EN PENSE
Laurent Canavate
Mayotte Hebdo n°338, vendredi 15 juin 2007
MAYOTTE, ÎLE SOLAIRE Que Mayotte soit connue pour son lagon, c'est mérité, largement. Cela pourrait même l'être au-delà de nos espérances. La grandeur, la beauté, la richesse de ce lagon, associée à une protection réglementaire sérieuse, volontariste, comprise par la population, devrait pouvoir valoriser bien plus encore dans le temps ce patrimoine mondial. Alors que tant d'autres îles du monde sont parfois obligées de piller leurs ressources, de sacrifier l'avenir, le lagon de Mayotte devrait prendre de la valeur. Pour les loisirs, la plongée, les promenades, des hôtels sous-marins, mais aussi pour la recherche scientifique, l'aquaculture, la culture de perles, d'algues… Quand d'autres producteurs auront des problèmes politiques, de logistique ou techniques, nous pourrons continuer notre activité, tranquillement. Le lagon constitue assurément l'une de nos richesses, l'un de nos étendards que l'on pourra fièrement brandir à la face de nos voisins et du monde. Non loin, après les nombreuses attaques contre le conseil général, des "journalistes" réunionnais se plaisent à nous affubler de l'image de voleurs, de menteurs, de gougnafiers, et désormais de violeurs. Les Unes consacrées à Mayotte sont rares, mais particulièrement bien choisies… systématiquement négatives, et renvoient une image très négative de notre île. Il ne tient qu'à nous que cela cesse et mettre en avant nos atouts. Et l'île en a. Outre son lagon, la suppression des sacs plastique, à l'initiative du conseil général, participe à cette image positive, moderne, préoccupée de l'environnement que nous pouvons offrir. La disparition progressive de la polygamie, avec l'égalité des femmes devant l'héritage, constitue aussi un geste symbolique, fort, courageux, à destination des femmes de France et du monde. La cohabitation de la République et de l'Islam offre de la même façon un exemple pour le monde que nous pouvons expliquer, valoriser, défendre.
TOLERIE - PREPAR ATION - PEINTURE
La décision, là aussi avec l'impulsion du conseil général, de développer sur l'île les énergies renouvelables de manière forte est très encourageante pour notre avenir, mais aussi en termes d'images. L'éolienne installée à Longoni, à titre expérimental, pour disposer de données précises porte de nombreux espoirs. Tout comme le projet de production de biogaz sur la décharge de Hamaha. Atteindre 30% de la production d'électricité avec l'énergie solaire, objectif ambitieux annoncé par le président du CG il y a deux semaines, est sûrement réalisable. Comme l'équipement en chauffeeau et lampadaires solaires à travers toute l'île. Tout cela ne demande que des investissements publics et privés, des engagements politiques, des soutiens financiers, des encouragements fiscaux… et beaucoup de travail. Et c'est là que nous devons agir, sans que les uns perdent leur temps et leur énergie, tapent sur les autres, pour le simple plaisir de le voir chuter. Si l'un avance et les autres tirent dans l'autre sens, nous n'allons pas avancer vite. La "jalousie mahoraise", visant à taper sur la tête de celui qui dépasse pour le faire rentrer dans les rangs, est souvent dommageable. De beaux projets sont parfois ainsi bloqués en cours de route, inutilement. Plutôt que d'envier, voire insulter ou cracher sur son voisin, il serait temps d'essayer soi-même d'avancer, pour soi, pour les siens, mais aussi pour l'ensemble. L'ambition de chacun ne doit pas se heurter à son voisin ou à son concurrent, elle doit conduire bien plus loin et c'est cette somme d'ambitions, de travail, qui pourra conduire chacun, à l'image de Mayotte, à être connu, reconnu, respecté. Il est temps de sortir de cette période d'élections, propice aux insultes et aux coups bas et repartir sur des bases saines, constructives.
MAYOTTE
SANS Z RENDE S VOU
PARE-BRISE
DZOU oudzou MAMéO97U60 0 mam aw 10 rue mam 0269 63 70 00 I KAWÉle,NKa wéni na tio na Route 0269 61 14 16
1 rue sppm vers Batimax, Kaweni contact@carosserie-austral.com 0639 69 19 76 / 0269 61 90 14
specialiste@mayotte-parebrise.com
4•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 2 • 1 1 / 1 0 / 2 0 1 9
S LE RÉTRO
Pour tous vos communiqués et informations
Une seule adresse : rédaction@mayottehebdo.com
Une nouvelle aérogare en 2012 Visite du secrétaire d'État chargé des transports, Dominique Bussereau, à Mayotte. L'occasion de confirmer l'ouverture d'une nouvelle aérogare pour 2012. "L'appel d'offres sera lancé à la fin du mois, les travaux seront finis à la fin 2011 et l'ouverture est prévue à la mi 2012. Il s'agira d'une concession pour la construction de l'aérogare, des parkings pour les avions et les automobiles", annonce le secrétaire d'État. Coût total du chantier : estimé à 50 millions d'euros. Et nous précisions : "En ce qui concerne la piste longue, cela serait pour 2015 si tout va bien, mais nous avons déjà bien d'autres promesses sur ce sujet pourtant essentiel. Dominique Bussereau espère qu'avec la départementalisation, Mayotte deviendra une Rup pour pouvoir bénéficier du Fonds européen de développement régional (Feder). En effet, le plan de financement de la piste longue n'est pas bouclé et un coup de pouce venu de Bruxelles ne serait pas de trop." Mayotte Hebdo n°446, vendredi 9 octobre 2009.
Quelle retraite à Mayotte ? Zoom sur la mise en place progressive du système de retraites à Mayotte, prévu en 2070. "Il est prévu dans le cadre de l'ordonnance de décembre 2011 une série de progressivité sur l'alignement dans le plafond, dans la cotisation et dans les règles de prestation. Une réforme des retraites qui date de janvier 2014 au niveau national, prévoit qu'il y aura un texte spécifique pour la réforme des retraites à Mayotte. Mais la publication de ce texte est impatiemment attendue par les acteurs locaux de la sécurité sociale. Ces derniers plaident pour une évolution assez forte et une accélération du dispositif pour que le montant des retraites soit plus adapté au contexte mahorais", écrivions-nous. Mayotte Hebdo n°675, vendredi 10 octobre 2014.
LA PHOTO D'ARCHIVE Les policiers de la collectivité deviennent agents de la Police nationale Janvier 2003 : les agents de police de la Collectivité départementale de Mayotte s'apprêtent à devenir des agents de la police nationale. La formation préalable à ce changement – prévu pour août 2004 – débute avec un premier groupe de 20 agents qui apprennent à manipuler les armes.
5
• M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 2 • 1 1 / 1 0 / 2 0 1 9
IL Y A 5 ANS
IL Y A 10 ANS
C'ÉTAIT DANS MH
TCHAKS
LA PHRASE
L'ACTION
LE CHIFFRE 2 000 C'est le nombre d'enfants qui, en moyenne chaque année, découvrent les richesses du lagon depuis la mise en place de l'appel à projets "Les p'tits foundis du lagon", par le Parc marin. Pour cette année, 2019-2020, "26 projets scolaires et associatifs ont été retenus sur les 81 déposés, 88 classes et groupements associatifs bénéficieront de 167 interventions des agents du Parc en classe, sur le terrain ou en mer, soit 1 843 enfants âgés de 6 à 18 ans qui seront sensibilisés et pourront devenir acteurs de leur environnement marin.
Création d'une police municipale intercommunale de l’environnement Une première à Mayotte : la création de la première police municipale intercommunale de l’environnement. Les trois agents, armés, qui la composent sont équipés d’un véhicule 4x4 sérigraphié qui devrait être rapidement complémenté par des moyens maritimes. Ils seront secondés par trois agents de surveillance de la voie publique (ASVP) assermentés et dix médiateurs "ambassadeurs de l’environnement", déjà sur le territoire. L’ensemble de ce dispositif forme la brigade intercommunale de l’environnement et permettra après une période de médiation et d’éducation à la population, de réprimer les plus graves atteintes à l’environnement comme les pollutions diverses et dangereuses, les brûlis, les dépôts sauvages de déchets, l’atteinte aux espèces végétales et animales protégées, etc.
"On est dans le grand écart, pour certains on parle de maisons en tôle et d’accès à l’eau, pour d’autres on parle de climatisation et de voitures." Jamel Mekkaoui, chef du service régional de l'Institut nationale de la statistique et des études économiques (Insee), réagit au constat fait dans l'étude de l'institut sur les conditions de vie dans les villages mahorais. Si le bilan n’est pas réjouissant en se basant sur les chiffres de 2017, l’évolution sur cinq ans depuis 2012 l’est encore moins : "On est clairement sur une dégradation des conditions de vie pour les villages les plus démunis", expliquait pour sa part Pierre Thibault, l'auteur de l’étude. À l’inverse, le groupe de villages le mieux loti a connu une belle évolution — toutes proportions gardées — au cours de ces cinq années. Mais ces villages, au nombre de dix, ne représentent que 6 % de la population de l’île.
LA PHOTO DE LA SEMAINE Un dispositif sur-mesure pour les jeunes désocialisés Signature d'un nouveau dispositif en faveur des jeunes en situation de marginalité, mardi 9 : le travail alternatif payé à la journée (Tapaj). Lancé prochainement en PetiteTerre à titre expérimental, il se présente comme un moyen inédit d’insérer des jeunes en situation de marginalité dans la société. Le concept : repérer des individus particulièrement précaires et désocialisés, pour leur proposer un travail payé à la journée et utile à la collectivité.
ÉTUDE
PROVERBE
Une enquête sur les pratiques culturelles à Mayotte
Une enquête menée par le ministère de la Culture est actuellement en cours à Mayotte. Elle a pour ambition de mieux connaître les comportements et habitudes des personnes lors de leur temps libre et de loisirs. Pour ce faire, 2 000 foyers ont été tirés au sort, et des enquêteurs de l’institut Sikajob, munis d’une carte officielle les accréditant, iront à leur rencontre à partir du 16 octobre.
Hanyo mbili mwiso umani. Deux bouches finissent par se disputer.
6•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 2 • 1 1 / 1 0 / 2 0 1 9
LE FLOP LE TOP Une hélistation pour le CHM
Du retard pour le collège de Bouéni
Le Centre hospitalier de Mayotte (CHM) a inauguré son hélistation. "Une journée à marquer d'une pierre blanche", s'est réjoui le président de l'établissement, Issa Issa Abdou. Le seul hélicoptère du territoire, détenu par la gendarmerie, mais déjà utilisé par le CHM, peut ainsi se déposer directement dans la cour de l’hôpital. "C’est un gain de temps non négligeable. Avant, l’hélicoptère était obligé de se poser sur le stade de Cavani avant que les patients ne soient transportés en ambulance", rappelle Catherine Barbezieux, directrice du CHM, en insistant : "cela permettra de sauver des vies supplémentaires". Objectif à terme ? "Permettre à tous les centres de soin d’accueillir l’hélicoptère."
L'ouverture du collège de Bouéni n'aura pas lieu au mois d'octobre, comme initialement prévu. En cause : "Les entreprises chargées d’un certain nombre de finitions ont accumulé un retard qui bloque la livraison de l’établissement. Le conteneur transportant le matériel nécessaire n’est toujours pas disponible", a détaillé le vicerectorat dans un communiqué de presse. Pour rappel, le montant des travaux s’élève à 28 millions d’euros, pour une surface de 6 418 m2 d’aménagements intérieurs et 6 490 m2 d’aménagements extérieurs. Il s'inscrit par ailleurs dans une démarche bioclimatique avec une architecture "favorisant la ventilation naturelle et préservant des espèces d’arbres pendant le chantier." Très attendu, l'établissement accueillera 900 élèves dans ses classes, et 128 en Section d'enseignement général et professionnel adapté (Segpa). Allez, encore un peu de patience.
ELLE FAIT L'ACTU Ramlati Ali La députée de Mayotte intervient lors du débat sur la politique migratoire de la France et de l'Europe, à l'Assemblée nationale, mardi 7 octobre. Elle y rappelle la situation des outre-mer face à l'immigration, et particulièrement celle de Mayotte. "Les flux illégaux entrant [y] sont estimés entre 24 000 et 28 000 personnes par an", a-t-elle notamment rappelé. "Le gouvernement a pris la mesure de la réalité mahoraise" a-t-elle aussi souligné, en estimant "toutefois, il est nécessaire de durcir certains critères d'accès au séjour afin que les détenteurs de titres puissent quitter le territoire de Mayotte [et de la] rendre aux Mahorais." Quant à la diplomatie et à la coopération régionale, elle "note quelques avancées", mais estime qu'elle "doit être renforcée" car "Mayotte a besoin d'une meilleure intégration dans son environnement régional." Un dernier point à l'occasion duquel a été abordé la question de la Commission de l'océan Indien, qui ne reconnaît pas Mayotte, et qui doit renouveler son secrétaire général en 2020.
FRAUDE Le Codaf contrôle restaurants et opérateurs maritimes Dans le cadre du plan d’action décidé au sein du Comité opérationnel départemental antifraude (Codaf), des actions de contrôles de restaurants se sont déroulées mardi 1er octobre sur les communes de Tsingoni et Ouangani. Quatre établissements ont été contrôlés par les services de la Brigade mobile de recherche – groupe travail illégal – et les services de la Dieccte et plusieurs situations de travail dissimulé et d’emploi d’étrangers sans titre de travail ont été relevées. Le lendemain, une autre opération visant des activités professionnelles de loisirs et promenades en mer a eu lieu sur le lagon. Au cours de celle-ci, coordonnée entre les services de l’Unité littorale des affaires maritimes et les services de la DIECTTE (inspection du travail), quatre navires ont été contrôlés : deux bateaux de plongée, un prestataire de tourisme et une barque de pêche. Plusieurs situations de travail dissimulé et des situations de danger ont été constatées. Tous ces contrôles, terrestres et maritimes, donneront lieu à des poursuites en cas de non-conformité à la loi.
7
• M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 2 • 1 1 / 1 0 / 2 0 1 9
À LA RENCONTRE DE...
Solène Peillard
8•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 2 • 1 1 / 1 0 / 2 0 1 9
ANOUAR MLAMBEOU
DIT BLACK Ä
PHOTOGRAPHE PROFESSIONNEL AUTO-ENTREPRENEUR ET PHOTOGRAPHE, ANOUAR MLAMBEOU EST REVENU S'INSTALLER À MAYOTTE IL Y A TROIS ANS APRÈS UN LONG CURSUS À PARIS. DEPUIS, IL TRAVAILLE TANTÔT DEVANT, TANTÔT DERRIÈRE L'OBJECTIF POUR DE GROS PARTENAIRES LOCAUX ET COMPTE BIEN ÉTENDRE DAVANTAGE SON ACTIVITÉ. ET PAS SEULEMENT À L'ÉCHELLE DE L'ÎLE. Pas un Mahorais n'a pu rater les clichés d'Anouar Mlambeou. En août dernier, les cinq candidates au titre de Miss Mayotte se dévoilaient pour la première fois aux yeux du public, via une série de portraits officiels capturés par le jeune entrepreneur. Ici, le Petit-terrien est mieux connu sous son surnom de Black Ä, traduction anglais d'Anouar, ou "A noir" et nom sous lequel il créait, il y a trois ans, sa propre société. Depuis, le professionnel est devenu le photographe attitré de trois gros réseaux locaux : le comité Miss Mayotte, d'abord, mais aussi l'agence régionale So'Coman Event et Bouge-toi Mayotte, spécialisée dans le social media. "Je travaille aussi pour Mayotte la 1ère, sur des émissions comme Zana Za Maoré", complète Anouar Mlambeou. "Au départ, j'acceptais pas mal de petits projets et ça a été formateur, mais je préfère avoir le temps de bien conceptualiser les choses. " De la mode, du sport, du paysage, du mariage de
9
• M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 2 • 1 1 / 1 0 / 2 0 1 9
CE QU'ILS EN DISENT Nassem, ami et collaborateur d'Anouar Mlambeaou C'est un gars fiable, hyper cool, drôle et simple. Anouar travaille discrètement, il ne fait pas de bruit et c'est comme ça qu'il franchit les étapes, uniquement grâce au mérite et au travail, pas en se constituant un réseau. Il est aussi bon devant que derrière l'objectif, il a un certain charisme que tout le monde n'a pas !
l'évènementiel, l'artiste s'est, en trois ans, constitué une banque d'images aussi large que diversifiée. Mais aujourd'hui, c'est vers la photo de cinéma qu'il se tourne. "Ce qui me plait, c'est que ça véhicule du rêve, de l'émotion", sourit le trentenaire. "Puisque c'est de l'acting, le photographe maîtrise plus l'émotion, alors qu'en photo sportive par exemple, il la subit, il ne la maîtrise pas !" Mais Black Ä ne reste pas seulement derrière l'objectif, puisqu'il lui arrive fréquemment de passer devant la caméra. En s'associant avec un producteur audiovisuel, Naftal Dylan pour ouvrir son entreprise, Anouar met un pied dans l'acting, pour des courts
métrages ou des spots publicitaires. Une nouvelle facette de sa discipline qui ne laisse pas indifférent. "J'ai beaucoup aimé la façon qu'à Naftal de filmer, de donner de l'émotion aux images et de les dynamiser. Au début c'était un peu pour rigoler mais il y a eu de bons retours et c'est parti comme ça !", retrace le Mahorais. C'est à Paris quelques années plus tôt que naissent les prémices de leur collaboration. Après son bac obtenu en 2003 sur l'île aux parfums – où il se faisait déjà appeler Black Ä lorsqu'il intervenait sur la radio du lycée de Petite-Terre –, Anouar s'envole poursuivre son cursus scolaire
10•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 2 • 1 1 / 1 0 / 2 0 1 9
en métropole, alors qu'il touchait déjà à l'appareil depuis tout jeune. "À l'époque, je ne savais pas comment me lancer dans la photo, je ne savais pas comment en tirer de l'argent et je ne connaissais pas l'analyse du marché", se souvient le jeune homme. La première année, il s'inscrit en licence d'anglais à Lille, "pour rigoler". Puis il intègre l'une des premières promotions du BTS négociation relation client à Reims et décroche le diplôme deux ans plus tard. Anouar aurait pu s'arrêter là, mais il décide plutôt de partir, cette fois, pour l'université de Limoges où il intègre une licence professionnelle en management. "J'étais plutôt à l'aise avec les gens, j'a un bon sens du contact et j'aime bien transmettre mon savoir, alors j'ai choisi ça un peu par défaut", résume le désormais photographe. Puis, il monte sur la capitale pour y réaliser un premier stage. Finalement, il reste sur Paris où il intègre l'International Business School, au sein de laquelle l'étudiant ne terminera finalement pas son master. "J'avais validé ma première année quand HSBC s'est présenté, alors je suis devenu conseiller financier", commente Anouar, dont le parcours sera également marqué par d'autres postes en tant que commercial et formateur. Pour autant, jamais son rêve de devenir photographe ne le quitte. En parallèle, il continue de pratiquer de son côté, apprend la vidéo et multiplie les stages aux côtés de professionnels, comme Stéfan Bourson, spécialisé dans la mode et l'esthétique, qui l'aide notamment à se familiariser avec le jeu de lumière en studio. Naftal, son ami d'enfance, lui aussi Mahorais et venu à Paris pour étudier l'audiovisuel, l'aiguille et le conseille également. Petit à petit, les deux ultramarins se découvrent une sensibilité commune pour le cinéma et commencent à échafauder un projet commun : celui de rentrer sur l'île aux parfums pour y ouvrir, à deux, leur propre entreprise dédiée à leur passion. Finalement, après une douzaine d'années en métropole, Anouar décide de rentrer au pays pour donner vie à l'idée qu'il poursuit. Mais avant, il dépense ses économies pour acheter le matériel dont il aura besoin. Sur le territoire où la concurrence est bien moins pesante qu'en métropole, l'entreprise du binôme fleurit, leur osmose se confirme. "Je gère tout ce qui est photo, acting et mise en scène, lui il s'occupe vraiment de la partie vidéo et réalisation. Mais quand l'un
ou l'autre a besoin d'un assistant, on s'aide mutuellement", se réjouit l'entrepreneur. "Les grands projets commencent à s'installer et à durer." Parmi eux, la future ouverture d'un studio professionnelle à Pamandzi, qui serait le premier du genre en PetiteTerre. Une structure ouverte à tous les publics, particuliers comme professionnels, "pour tout ce qui est portrait ou photos conceptuelles", précise l'instigateur du projet. S'il a un pied à Mayotte, l'autre à Madagascar où il se rend fréquemment pour visiter ses parents et s'exercer par la même, à la photographie de paysages, Black Ä entend étendre son activité : "L'objectif ce n'est pas de s'arrêter là. Il y a un grand marché qu'on néglige, souvent dans le cinéma et la photo de cinéma, c'est le continent africain", rêve l'artiste, qui ne manque toutefois pas d'espoir pour son île natale. "Je pense qu'ici en 2020, beaucoup de choses vont se lancer. Il y a des jeunes qui commencent à monter à Mayotte et qui montrent qu'ils savent ce qu'est le travail !" Tout comme lui. "Mais pour cela, il faut avoir beaucoup de recul et accepter la critique et les sacrifices…" Baada dhiki faradji* ! n * Expression mahoraise signifiant "Après les difficultés, le bonheur".
CE QU'ILS EN DISENT Naftal Dylan, associé d'Anouar Mlambeaou "Anouar est quelqu'un de généreux. J'apprécie travailler avec lui sur mes productions parce qu'il s'implique beaucoup et c'est un perfectionniste. En photo comme en vidéo, il donne toujours le meilleur de lui-même. Mais il aime aussi détendre l'atmosphère avec son humour décalé."
INFOS PRATIQUES Découvrez le travail de Black Ä et contactez le sur sa page Facebook @blacka.mlbc, sur son compte Instagram @blacka_mlbc, son site internet : www.blackamlbc.com ou lors la prochaine édition de l'évènement La Minute Art, vendredi 11 octobre de 18h à minuit au snack Bonéra de Pamandzi.
11
• M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 2 • 1 1 / 1 0 / 2 0 1 9
Photo : Jonny Chaduli
LE DOSSIER
LE VOULÉ
SE MET À TABLE 12•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 2 • 1 1 / 1 0 / 2 0 1 9
C'est un des marqueurs culinaires et festifs de Mayotte : pas un week-end en effet sans que les plages de l'île n'accueillent de nombreux voulés, ces barbecues, g é n é ra l e m e n t t e n u s s u r l a plage, où l'opulence se discute à la convivialité. Pourtant, cette pratique que chacun s'accorde à considérer comme traditionnelle, bien peu en connaissent l'origine. Eh oui : bien que largement répandu, le voulé garde encore sa part de mystère. Et son importance ne se résume pas qu'à un pur moment de loisirs. Pour Mayotte Hebdo cette semaine, le voulé se met à table.
13
• M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 2 • 1 1 / 1 0 / 2 0 1 9
LE DOSSIER
Geoffroy Vauthier
TRADITION
TOUTE UNE HISTOIRE AMICAL, POLITIQUE, PÉDAGOGIQUE, SPORTIF OU ENCORE ÉLECTORAL, MAIS TOUJOURS FESTIF : À MAYOTTE, LE VOULÉ SE CONSOMME À TOUTES LES SAUCES. MAIS SI L'ÉVÈNEMENT EST COURANT, POUR NE PAS DIRE OBLIGATOIRE, PEU SAVENT À QUAND IL REMONTE ET QUELLES SONT SES RACINES.
14•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 2 • 1 1 / 1 0 / 2 0 1 9
Il y a dans le regard de Saïd une satisfaction toute particulière. Il est 9h30 heures ce dimanche-là à Bambo Est. Avec sa longue plage et son vaste espace ombragé de palmiers, le lieu se prête particulièrement bien à la tradition du voulé. Nombreux sont ceux qui viennent ainsi y passer la journée. Saïd est de ceux-là. À 25 ans, l'homme est satisfait du travail effectué. Avec, Hamada, son acolyte du jour, il se sont rendus plus tôt que le reste du groupe sur la plage. Objectif : commencer à préparer les festivités. "Moi je ne vais pas m'enjailler le samedi soir", rigole-t-il, justifiant ainsi sa présence sur les lieux plus matinale que celle de ses comparses à venir. Et de poursuivre : "J'aime me lever tôt et préparer la journée. Ça c'est mon truc. On est bien là, au calme, à s'activer doucement."
S'activer doucement ? "Trouver un endroit sympa, allez chercher du bois, remettre en place quelques galets pour le foyer, en installer un deuxième, et puis me poser en attendant que les autres arrivent. Après tu vois, je me repose face à la mer, et j'attends que ça commence." Pendant ce temps, Hamada est parti au village acheter une caisse de mabawas, "au cas où ils arriveraient plus tard que prévu. Quand on se lève tôt, on a faim plus tôt. Au moins on pourra faire un tchak en attendant." Sur les coups de 11h, le reste de la troupe commencera à arriver. En tout, une dizaine d'amis, chacun apportant sa contribution : des cuisses de poulet que deux d'entre eux préparent dans une marmite, quelques brochettes pour un autre, du manioc et du fruit à pain que l'on pose dans la braise pour ceux-ci, des ustensiles ici, une grille oubliée remplacée par une autre empruntée au voulé voisin. Musique, préparation, jus divers et quelques bières ou verres de vin en cubi pour les moins attachés à la tradition religieuse. Sur le reste de la plage, à une dizaine de mètres les uns des autres, de nombreux groupes préparent eux aussi les festivités de la journée dans un mélange de musiques raggae, zouk, d'afro trap, de rap, et parfois aussi de musique plus traditionnelle. Objectif : se détendre et partager un moment "ouvoimoja". Le voulé, c'est en effet une de ces habitudes de vie à la mahoraise, où l'opulence se discute à la convivialité. C'est aussi "L'occasion de se retrouver" pour Mariama, à peine revenue de métropole et qui profite ici de son premier barbecue sur son île natale depuis deux ans. "C'est une des choses que j'attendais le plus depuis mon retour, la semaine dernière", assure-t-elle. Pourquoi ? "Pour l'esprit de convivialité ! On est là, on grignote, on rigole. Il y a des jeunes entre eux, des familles, des enfants qui se baignent. On discute toujours avec des gens nouveaux dans les voulés." Une des particularités du voulé ? "Peut-être. Il est vrai qu'en métropole, les pique-niques sont plus isolés, les gens les pratiquent plutôt en groupe, à l'écart, sans forcément se mélanger. Mais ce n'est pas vrai partout non plus, alors je dirai plutôt que les voulés traduisent la mentalité mahoraise. On n'aime pas trop être seuls !", rigole-t-elle avant de prendre dans ses bras une amie qu'elle vient justement de retrouver par hasard et qui participe elle aussi… à un voulé à 50 mètres de là.
Photo : Jonny Chaduli
L'ART DE LA SIMPLICITÉ "Le voulé, c'est avant tout la manière la plus simple de manger", explique Alain-Kamal Martial, chercheur en littérature, auteur, et à la tête de la Direction départementale du livre, qui poursuit : "Cet aspect là n'est pas à négliger. À la mer vous avez du poisson, à la rivière vous avez des crevettes, partout où vous êtes, vous trouvez une petite bête à manger, une banane à mettre sur le grill. La grillade, c'est vraiment le moyen le plus élémentaire de se nourrir. Il n'y a pas besoin d'eau, de casseroles, etc. Partout où on se trouve on peut faire un voulé. Même les enfants peuvent en faire un. C'est une pratique très simpliste, une habitude, un réflexe. C'est quelque chose que l'on fait sans même y réfléchir." Et bien que l'art de la
15
• M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 2 • 1 1 / 1 0 / 2 0 1 9
Photo : Isabelle Bonillo
LE DOSSIER
16•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 2 • 1 1 / 1 0 / 2 0 1 9
grillade soit partagé et apprécié partout dans le monde, cette simplicité serait, selon Alain-Kamal Martial, propre à Mayotte. Il le constate : "Je suis allé au Mozambique, en Tanzanie, un peu partout, et l'expression du voulé telle qu'on le connait à Mayotte, je ne l'ai pas retrouvé. Il y a des grillades bien sûr, mais ce n'est pas comme le voulé comme nous le concevons ici, avec la banane sur la braise et cette connotation de grillade à tout moment, sans même se concerter. Cette simplicité est typique d'ici."
LIBERTÉ, LIBERTÉ CHÉRIE Une simplicité typique donc, mais aussi une grande liberté. Il l'explique : "Le voulé se fait vraiment en dehors de la maison. On quitte la société quelques heures pour aller faire quelque chose ailleurs. C'est aussi pour ça qu'il s'est ancré : il n'est associé à aucune règle de la société. Les gens se trouvaient un lieu un peu caché, loin des vues de la société, et faisaient un voulé." Une manière d'échapper aux règles, donc, qui pu valoir à la pratique une mauvaise réputation à un moment. "Le voulé n'a pas toujours eu la réputation sympathique dont il jouit aujourd'hui", rappelle Alain-Kamal Martial. En cause : on ne se dissimule pas toujours des regards pour simplement méditer : "Les consommateurs de vin de palme, par exemple, organisaient des voulés pour pouvoir en boire. Il a donc aussi été associé à l'alcool, puis à un certain vagabondage et aux marginaux, parce que pour faire un voulé, certains volaient un cabri ou un poulet qui trainait dans le village." Mais cette mauvaise réputation s'est finalement effacée avec le temps et la récupération politique qui en est faite. Car lorsqu'il s'agit de rassembler les gens pour leur faire passer un message, comme ailleurs sur la planète, leurs habitudes sont le meilleur des vecteurs. En l'occurrence, "le voulé est devenu une sorte d'appât pour attirer les gens, leur parler et faire passer des idées. Lors d'un voulé, on est en amitié, en complicité. On se fait plus confiance. Comme partout, s'asseoir et partager à manger est un signe de confiance. À partir de là, le voulé a commencé à être légitimé comme un moyen de socialisation normale." Légitimité et aujourd'hui encore bien pratique pour sensibiliser et faire passer un message : nombre de voulés sont encore organisés à l'aube de telle ou telle élections, lors de campagne de sensibilisation de telle ou telle institution, ou tout simplement pour faire connaître telle ou telle opération ou association.
DES ORIGINES ANCESTRALES Mais, à l'instar d'autres traditions de pique-niques dans le monde, difficile de dater avec précision la naissance de ce plaisir simple et champêtre qu'est de manger en extérieur sans chichi. Toutefois, sans en connaître l'origine, tout le monde sur l'île a toujours connu la pratique. Yazidou Maandhui, écrivain, se rappelle ainsi des "festas", adaptées du terme "fiesta", "des pique-niques organisés après avoir cotisé et réservés à des grandes occasions, comme la "bonne année",
explique-t-il en poursuivant : "Dans la société traditionnelle, l'oisiveté n'était pas très bien vue. Allez faire la fête tous les week-ends n'avaient aucun sens. Ce qui explique que les voulés concernaient des évènements particuliers." Ainsi, "souvent, les adolescents qui avaient leur banga étaient des adeptes du voulé." Le voulé en tant que pratique liée à un moment de pure convivialité, serait donc contemporaine. C'est une piste que soulève Mlaili Condro, linguiste et sémioticien. Mais attention, comme nous l'avons dit, il ne s'agit là que de son aspect convivial et de détente. Une conception assez récente : "Il s'est transformé en loisir avec l'arrivée des wazungus à Mayotte. De la même manière, le voulé s'est délocalisé, il a suivi les wazungus à la plage, car traditionnellement il se déroulait dans les champs, la plage étant un lieu mystique peuplé de djinns. En les fréquentant, les wazungus ont désacralisé ces lieux dans l'esprit des Mahorais, et ces derniers s'y installent aujourd'hui pour manger, ce qui n'était absolument pas le cas autrefois. C'est aussi à cette époque-là qu'ils se sont féminisés" Si le voulé a évolué et s'est modifié, c'est donc qu'il existait auparavant. Son sens et son importance étaient alors bien différents. Mlaili Condro le rappelle : "Il s'agissait d'un cheminement vers l'autonomie, comme un rite de passage vers l'âge adulte pour les jeunes hommes. Car traditionnellement, le voulé est avant tout une affaire d'hommes." Une affaire d'hommes destinée à l'apprentissage de la vie, et à se débrouiller dans une nature que l'homme doit, en ces temps anciens, dominer pour vivre. Le chercheur poursuit : "Les jeunes hommes se retrouvaient entre eux en dehors du village, devaient chasser des hérissons ou pêcher du poisson par exemple, trouver de quoi les accompagner, etc. Ils devaient aussi couper du bois, faire du feu, cuire les aliments. À travers ces voulés, ils apprenaient tout ça et prouvaient qu'ils étaient capables de subvenir aux besoins de leurs familles, qu'ils étaient des hommes." Un apprentissage de la vie, en somme, bien nécessaire aussi pour se tailler une stature d'homme, physiquement parlant cette fois. "L'aspect sportif n'est pas à négliger", souligne Mlaili Condro en poursuivant : "Pour avoir un jus sucré, les garçons devaient grimper aux cocotiers par exemple. La coupe du bois, la marche, etc. sont autant d'exercices utiles pour se tailler un corps à même de subvenir aux besoins familiaux. D'autant qu'il n'était pas rare, après avoir bien mang et être rassasié, de s'affronter amicalement dans des combats de boxe traditionnelle." Un passé que l'on peut qualifier de sportif, donc ? Contre toute attente, oui. Mais d'ailleurs, ce terme voulé, d'où vient-il ? "J'avoue que la racine du mot m'échappe", avoue en rigolant la linguiste Lavie Maturafi. "C'est une bonne question", s'interroge aussi Mlaili Condro. Seul Alain-Kamal Martial a une piste, tout en restant prudent : "En shimaoré, le terme "vu" signifie "cendres". Alors peut-être faudrait-il creuser de ce côté-là." En guise de réponse, nous nous contenterons donc d'une question, qui traduit toute la convivialité de ce barbecue en plein air. Une convivialité qui, finalement, est la seule chose essentielle : "Voulé-vous partager un moment avec nous ?" n
17
• M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 2 • 1 1 / 1 0 / 2 0 1 9
LE DOSSIER
Solène Peillard
ANECDOTES
50 NUANCES DE VOULÉ
INSOLITES, COCASSES OU INATTENDUES : LOIN DU RENDEZ-VOUS TRADITIONNEL, DES MAHORAIS RACONTENT LEURS HISTOIRES ET SECRETS DE VOULÉ.
SANDATTI, 27 ANS
Des histoires de voulé ? J'en ai tellement ! Je me souviens d'une fois, c'était chez mon oncle à Mamoudzou. On mangeait avec les amis et la famille dans la petite cour étroite de chez lui, quand d'un coup, un type est arrivé par les escaliers en courant, sans se préoccuper de nous, puis il a escaladé le mur, comme un maki ! On n'a pas trop compris, jusqu'à ce que deux policiers arrivent à leur tour. En fait, c'était une course poursuite au milieu de notre voulé ! On a jamais su si le mec avait été arrêté ou pas.
18•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 2 • 1 1 / 1 0 / 2 0 1 9
OLIVIER, 42 ANS Un week-end, on avait fait un voulé avec des amis en Petite-Terre. Dans l'après-midi, ça faisait un moment qu'on avait commencé à boire, et j'ai un pote, un peu bourré, qui est allé s'endormir sous un arbre. Dans son sommeil, toujours assis sous son arbre, il a commencé à se gratter de partout : les bras, les jambes, le torse, tout ! Nous on a pas vraiment fait attention, tu sais comment c'est... Mais en se réveillant il s'est rendu compte que plein de "bibi mangui", des chenilles urticantes, lui étaient tombées dessus ! Tout son visage a gonflé, tout son corps… Y compris son sexe. Forcément, en se grattant, il n'a fait que répartir un peu plus les poils des chenilles sur sa peau. Mais il s'en est remis !
CAMILLE, 21 ANS On est allé se baigner un dimanche à Iloni avec quelques copains. Sur la plage, on a rencontré des gens qu'on connaissait en train de faire un voulé. Alors on a échangé nos bouteilles de soda contre un peu de viande. Ils nous ont donné de la peau de zébu, j'étais un peu étonnée mais comme je n'avais jamais goûté, j'étais contente ! Sauf que… c'était tellement dur que personne n'a réussi à finir son morceau, et je crois que c'était un peu cramé. Des enfants qui jouaient au foot sont venus nous demander à manger, et comme on avait que ça, on leur en a donné. Ils ont goûté un bout et ont finit par tout balancer à la mer.
SAMIR, 33 ANS
On faisait un petit voulé tranquille chez Fredo sur la plage de Bambo Est et pour faire descendre toutes les brochettes qu'on venait de s'enfiler, Kadija, une amie, et moi avons décidé de faire un peu de boxe anglaise sur la plage, parce que je pratiquais ce sport en métropole et qu'elle voulait que je lui fasse une démo. On essaie de faire quelques esquives, je frappe à gauche, à droite, et à un moment, par fatigue ou à cause de la digestion, elle n'a pas esquivé un de mes coups… Là, elle se prend mon poing en pleine tête et tout de suite après ça un gros œuf apparait au-dessus de son œil, un bleu énorme ! Comme quoi, ça peut-être dangereux le voulé…
MOMO, 38 ANS
ZOUBERT, 48 ANS
On était sur l'ancienne commune de Poroani, qui a disparu car elle était trop près de la mer, donc menacée par la montée des eaux. Aujourd'hui, il ne reste plus que la mosquée et quelques vieilles maisons juste à côté, c'est là qu'on était venus pour faire un voulé avec les habitants de Chiconi. Ils ont l'habitude de venir ici pour observer la montée des eaux en souvenir de leurs ancêtres qui ont dû partir à cause du phénomène. Mais le 29 septembre, jour de fortes marées, on a pas pu rester sur place car l'eau est montée un peu plus que d'habitude. Elle a même fait sortir le roi des crabes de son trou, qui se niche toujours entre les fondations d'une ancienne maison à droite de la mosquée. Les habitants nous ont dit que ça n'arrivait jamais !
Des voulés, j'en fais tous les week-end, mais je n'ai pas vraiment d'histoire à raconter. Ce que je peux dire c'est que c'est une affaire d'hommes, mais pour qu'il soit réussi, il faut des petites ! Les femmes elles s'occupent de la maison, tout ça, mais en dehors, c'est nous qui gérons. C'est comme ça qu'on impressionne les filles qu'on ramène : on fait le feu, à manger, on leur sert leur assiette sans qu'elles n'aient rien à faire, et si y 'en a une qui trouve qui y a pas assez de sel, tant pis pour elle ! Mais en général elles aiment bien quand on fait un peu les beaux pour leur plaire. C'est une sorte de jeu entre nous, même si c'est la petite-copine d'un pote c'est pas grave, on y va quand même ! En tous cas, quand on fait un voulé, on invite toujours des plein de petites !
19
• M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 2 • 1 1 / 1 0 / 2 0 1 9
LE DOSSIER
Cyril Castelliti
EN PRATIQUE
GUIDE DE SURVIE DU VOULÉ UN CADRE IDYLLIQUE, UN ENTOURAGE SAIN ET DE BELLES SAVEURS SUR LE GRIL. POUR RÉUSSIR UN VOULÉ, PAS BESOIN D’UN DOCTORAT EN GASTRONOMIE. QUELQUES SAVOIRS DE BASE SONT NÉANMOINS NÉCESSAIRES POUR PASSER UN BON MOMENT À LA SAUCE MAHORAISE. LA RECETTE N’EST GUÈRE COMPLEXE POUR CEUX QUI EN MAÎTRISENT LES INGRÉDIENTS. À VOS BROCHETTES, PRÊTS, VOULÉ !
• LES MABAWAS • LES BROCHETTIS Pièce maîtresse de la gastronomie locale, que d’aucuns classeraient dans la catégorie malbouffe, l’aile de poulet est au voulé ce que le poisson est au kakamoukou. Achetées par cartons en grande surface, leur qualité n’est guère variable. Généralement en provenance d’Amérique latine, la viande se distingue bien souvent en fonction de la qualité de ses assaisonnements : sel, poivre, oignon, ail, curcuma, etc. Sa préparation fait la différence. Idéalement, afin d'en conserver les saveurs, il est préférable ne pas cuire la viande à même le grill, mais en la surélevant légèrement.
De part et d’autre de la barge, leur odeur rappelle leur omniprésence dans le département. Achetées par sacs de 10 à 20 kilos, les brochettes de bœuf sont l’élément le plus pratique à consommer sans risquer se redécorer la bouche ou les vêtements. Ici encore, les assaisonnements et la préparation jouent un rôle clé. À ce titre, de la sève de papaye peut être utilisée afin d’attendrir la viande. Attention à la taille et au nombre de carrés de graisse. En cas de surdose, le brochetti peut rapidement devenir un chewing-gum gras. La solution reste encore de les préparer soi-même en découpant la viande de cabri, de bœuf ou de zébu à la maison. C’est rare, ça prend du temps, mais ça en vaut la peine.
20•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 2 • 1 1 / 1 0 / 2 0 1 9
• LES BANANES
Avec toute cette quantité de viande, un peu de fruits ne peut pas faire de mal. Parmi les pièces incontournables de ce festin : la banane verte, généralement achetée ou cueillie. Avant de la cultiver, vérifier sa taille et sa maturité, qui se fait au toucher et à l’œil. Il suffit ensuite de la déposer à même les flammes jusqu’à ce que sa peau devienne noire. Une fois le fruit cuit de l’intérieur, il ne vous reste plus qu’à décoller la peau, et tremper son contenant dans un peu de poutou. Autre possibilité : faire frire la banane dans de l’huile pour une texture nettement plus moelleuse. Dans tous les cas, ça calle.
• LE FRUIT À PAIN
Lorsque le fruit atteint une taille raisonnable et que sa texture se raffermi, c’est qu’il ne faut pas tarder à le consommer. Parfois même, le fruit à pain se décroche tout seul comme une invitation à le déguster. À l’instar de la banane, le fruit se jette directement dans les flammes ou la braise jusqu’à devenir bien noir. Il faut ensuite gratter la couche la plus exposée aux flammes, avant de marquer une entaille en croix au sommet du fruit pour l’ouvrir. La partie non comestible enlevée, il ne reste plus qu’à déguster.
• LE POISSON
• LE PIMENT/
Quand on parle de poisson pour un voulé, il faut d’emblée éviter les petites espèces. De gros poissons plus gras tels que le mérou sont préférés. Le thon est à prohiber car il s’assèche facilement. Préférez de grosses portions enroulées dans des feuilles de bananes. Lesquelles peuvent être surélevées pour éviter d’être collées à la grille. Question assaisonnements : curcuma, piment en poudre, oignons et citrons sont les bienvenus.
LE KETCHUP/ LA MAYO
Sans piment, la fête peut laisser un goût amer. Ingrédient incontournable, son goût est sur le podium des saveurs mahoraises. Qu’il s’agisse de piment rouge ou vert, cuisiné maison, acheté en bordure de route ou en grande surface, son piquant se doit d’être sur toutes les babines. N’oubliez donc sous aucun prétexte le célèbre pot de purée de piments rouges et verts, préparée avec gros sel et du citron.
• L'ALCOOL Musulmane dans sa culture comme dans sa tradition, Mayotte est loin d’être un lieu de consommation d’alcool systématique. À l’écart des regards indiscrets, il n’est cependant pas rare que le voulé devienne l’occasion de quelques verres. Ici, pas de champagne ou de grand cru. On préfère généralement une bière bien fraîche ou un cubi de ce bien connu – mais objectivement assez mauvais – vin rouge vendu dans les petits commerces.
• LA MUSIQUE Ambiance détente et convivialité. Pour une bande son des plus réussie, voici quelques artistes à rajouter sans hésitation dans votre playlist du voulé : Babadi : Indra - Baco Ali : M’godro - Wawa Salegy : Spécial - Cadence mahoraise : Soroda - Komo – Tanimaroza – Baina - Nimbé Thémbo - M'Toro Chamou : Radio Tranganika.
21
• M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 2 • 1 1 / 1 0 / 2 0 1 9
ENTRETIEN
Solène Peillard
DEL ZID, FONDATEUR ET DIRECTEUR ARTISTIQUE DU FESTIVAL MILATSIKA
"NOTRE OBJECTIF EST D'APPORTER AUTRE CHOSE AU PUBLIC MAHORAIS" C'EST UNE HISTOIRE QUI DURE. LE FESTIVAL DES MUSIQUES ACTUELLES MILATSIKA REVIENT LES 18 ET 19 OCTOBRE SUR LE PLATEAU DE CHICONI. DOUZE ANS D'EXISTENCE ET 13 ÉDITIONS CONSÉCUTIVES : UNE PROUESSE INÉDITE SUR UN TERRITOIRE OÙ AUCUNE POLITIQUE GLOBALE DE DÉVELOPPEMENT CULTUREL N'EST ENCORE VÉRITABLEMENT DÉPLOYÉE. FONDATEUR ET DIRECTEUR ARTISTIQUE DE L'ÉVÈNEMENT, DEL ZID REVIENT SUR L'HISTOIRE DE MILATSIKA ET SUR LES PARTICULARITÉS DE LA SCÈNE MAHORAISE. Mayotte Hebdo : Le festival existe depuis 12 ans, du jamais vu à Mayotte. Quel est le secret de votre longévité ? Del Zid : Je pense que c'est juste le courage, la volonté, l'envie. Nous sommes animés par notre passion et on ne voit pas d'autre issue que le succès. Les autres alternatives sont inenvisageables pour nous et je crois que c'est ça qui fait la réussite du festival. Je ne sais pas comment fonctionnent les autres organisations, mais en tous cas peu de personnes ont le courage d'aller au bout de leur ambition, la plupart lâchent prise à la première difficulté rencontrée. Ce n'est pas parce que le festival est là où il en est aujourd'hui que nous n'avons pas connu des déboires, il ne faut pas se leurrer. Mais justement, on en a tellement connu qu'on n'a pas envie de gâcher le temps et l'énergie qu'on a dépensés pour cet évènement. Rien n'est venu en claquant des doigts, mais on a fait nos preuves, on a montré une certaine
abnégation et surtout, de la motivation. L'équipe sur place est dévouée et c'est ça qui fait la réussite de l'évènement, il n'y a pas de recette miracle : c'est le travail, le travail et le travail. MH : À quoi le public doit-il s'attendre cette année ? DZ : Il y aura de la funk, du blues, de la pop music, du groove, du rock, du reggae et même du m'godro : un peu de tout en fait. Milatsika est un festival ouvert à toutes les générations, et dédié aux musiques actuelles, c'est-à-dire à tous les genres de musique, mais avec des créations modernes et qui puisent leurs racines dans l'océan Indien. Pour la première fois, il y aura aussi un battle de danse proposé par l'association Hip-Hop Évolution à 15h sur la place Mambadi de Chiconi. Autre nouveauté, un artiste québécois (le chanteur innu Shauit, ndlr) jouera vendredi soir. Nous avons pu
22•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 2 • 1 1 / 1 0 / 2 0 1 9
23
• M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 2 • 1 1 / 1 0 / 2 0 1 9
ENTRETIEN
"ON EST DANS UNE DÉMARCHE DE DÉVELOPPEMENT CULTUREL, D'ÉDUCATION ET DE PÉDAGOGIE". travailler avec le Canada car mon plus grand partenaire est une salle de spectacle à Valence, le Train Théâtre qui travaille beaucoup avec ce pays. C'est comme ça que nous avons pu tisser cette collaboration tripartite. MH : Une première sur la scène musicale mahoraise. Comment y êtes-vous parvenu ? DZ : J'ai eu la chance de cultiver des relations professionnelles, nationales et internationales, sans quoi j'aurais été laissépour-compte dès le début. J'ai vécu douze ans en métropole, j'allais dans les organisations de festivals d'été des communes, comme à Valence justement. Ça m'a permis d'être visible et de proposer aux artistes de venir à Mayotte. Les choses se sont faites comme ça, en côtoyant les maisons de disques, les producteurs, les salles des spectacles, etc. J'ai commencé à laisser mûrir le projet du festival au début des années 2000 et en rentrant à Mayotte en 2005, j'ai proposé ça à la municipalité de Chiconi, ma ville natale, plus précisément à l'office municipal de la jeunesse et des sports qui existait dans toutes les communes de l'île fut un temps. Il me fallait une structure solide pour porter cette idée toute neuve et que je ne voulais pas décrédibiliser en fondant une association nouvelle, qui n'avait pas encore fait ses preuves. Le projet était ambitieux, et je ne voulais prendre aucun risque inutile. On a mené nos réflexions pendant deux ans, jusqu'à ce que l'on puisse mettre en place le festival. En 2008, j'ai créé l'association Milatsika Émergence pour pouvoir porter tout ça car les offices municipaux n'avaient pas vraiment vocation à organiser ce genre de choses. Ça a été un tremplin auprès des décideurs et des institutions et j'ai pu faire venir des artistes connus des Mahorais, en
en faisant venir de nouveaux, qui font autre chose. Et c'est passé, c'est comme ça que je procède pour qu'on soit dans notre objectif d'apporter autre chose au public mahorais. MH : Justement, votre démarche se démarque d'un festival classique… DZ : Notre but c'est de sensibiliser le public à tous les genres musicaux et aux différentes façons de les consommer, pas seulement par la danse mais aussi par l'écoute, la réflexion, la spiritualité, etc. On est dans une démarche de développement culturel, d'éducation et de pédagogie. Nous, on propose des œuvres et des spectacles qui amènent le public à écouter et réfléchir, à percevoir plus largement l'esthétisme de l'art. Au départ, c'était compliqué et il y a eu quelques critiques. Nous les avons entendues pour mieux atteindre notre objectif. Et je crois que nous sommes en bonne voie puisque les critiques que je recevais 100 fois par jour il y a dix ans, je ne les reçois plus 100 fois par jour aujourd'hui. Je suis le petit-fils d'un grand fundi très respecté, donc la musique, tout ça, c'était un peu mal vu, c'était perçu comme une forme de déviation dans mon parcours. Mais depuis le début, ce qui compte pour moi c'est le travail et la façon dont je peux faire avancer les choses. Et les gens commencent à comprendre notre démarche. Les choses évoluent, on est dans la modernisation. MH : Cela signifie-t-il qu'à Mayotte, il est plus facile d'organiser ce genre d'évènement qu'il y a 12 ans ? DZ : Non au contraire, c'est de pire en pire ! Les modes de consommation ne sont plus les mêmes, et avant, c'était plus simple qu'aujourd'hui, le public se posait moins de questions. À Mayotte, ce n'est pas facile d'organiser un festival comme celui-ci, rien qu'en termes de conception et de mœurs, mais aussi d'un point de vue technique, social et juridique, particulièrement dans le domaine du spectacle. Il n'existe aucun cadre juridique ! Par exemple, nous n'avons a pas de licence d'entrepreneur du spectacle (une obligation légale pour tous les organisateurs d'évènements d'arts vivants qui permet d'employer des artistes, ndlr). Concrètement, quand on fait venir quelqu'un de l'extérieur, il est régi par le statut d'intermittent du spectacle, donc il
24•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 2 • 1 1 / 1 0 / 2 0 1 9
doit déclarer ses cachets. Mais ici, ce régime n'existe pas donc l'artiste doit assumer ses charges lui-même. En gros, il ne faut pas qu'il déclare ses prestations s'il ne veut pas que tout soit pour sa pomme sans être compensé après. Donc la solution c'est de passer par les producteurs directement pour faire un contrat de cession. Dans ce contexte, il y a deux ans, les associations des arts vivants de Mayotte se sont constituées en collectif, celui des arts confondus. Nous sommes allés au ministère des Outre-mer, à celui de la Culture, on a rencontré la direction des Affaires culturelles, etc. pour parler de ce sujet et après deux ans, les choses sont en train de bouger : au début du mois, le décret national est sorti pour dire qu'il n'y aurait plus besoin de constituer une commission régionale pour l'attribution des licences. C'est une bonne nouvelle parce qu'à Mayotte il n'y a aucun expert en ce sens, donc l'admission ne peut pas se faire et on était mis de côté d'office. En gros, on en avait le droit mais pas l'accès. Mais cette question-là est réglée. MH : Quid des autres freins du secteur ? DZ : Du côté des droits sociaux, on ne bénéficie pas de formations (professionnelles, ndlr) pour les artistes directement sur le territoire, puisque le statut d'intermittent n'y prend pas effet et qu'en ce sens, on ne cotise pas. Il faudrait réfléchir à la création d'un pôle emploi propre au secteur du spectacle. Cela existe déjà en métropole et même à La Réunion. Mais pas à Mayotte. MH : Dans ce contexte, quelles perspectives de développement peut offrir l'île à ses artistes ? DZ : D'abord, il faut définir un cadre juridique pour que les gens puissent exercer leur travail ou leur passion correctement, de la même façon dans tous les territoires d'outre-mer. Tout ça ne sera pas possible si on continue de faire des petits showcases dans des bars. Oui, c'est bien, mais si on veut aller dans le développement culturel et artistique autour de la création, il faut établir l'équité nationale, notamment en termes d'infrastructures dignes de ce nom pour pouvoir accueillir des spectacles, des formations, des artistes en résidence, des expositions, etc. L'association Milatsika Émergence mène un projet de création de scène de musique actuellement à Chiconi, à travers le projet du festival, et là on est en bonne voie puisqu'il y a de gros partenaires de la métropole avec nous, la municipalité, des architectes, etc. On peut dire que nous sommes en face de préfiguration. Cela prendrait la forme d'une vraie salle de spectacle digne de ce nom comme on peut en trouver à Paris ou à Bordeaux. Donc les choses bougent, on ne dort pas, on lutte !
"LE DÉVELOPPEMENT DE MAYOTTE NE SE FERA PAS SI SA CULTURE N'AVANCE PAS". MH : Quels sont les autres projets que mène l'association ? DZ : Le festival, c'est le côté visible de l'iceberg en quelque sorte. Mais tout autour, chaque année, on fait des choses qui sont toutes aussi importantes si ce n'est plus : de la médiation culturelle, des actions dans les écoles, dans les quartiers, des résidences, des formations en coaching scénique et vocal, en écriture, en interprétation, etc. On fait ces formations non seulement pour les artistes de Chiconi mais aussi pour ceux de tout Mayotte, qui souhaitent se perfectionner et développer leur audace artistique. C'est tout ça, Milatsika, ce travail que nous menons auprès de l'ensemble du public, parce qu'il faut continuer à l'éduquer et à le sensibiliser. Le développement de Mayotte ne se fera pas si sa culture n'avance pas. n
INFORMATIONS PRATIQUES Jour 1 – Vendredi 18 octobre dès 20h30, retrouvez Aoutsouka (La Réunion) ; Ottilie [B] (France métropolitaine) ; Shauit (Québec) ; Bouya, Gama et Bricetoly (Mayotte). Jour 2 – Samedi 19 octobre, à partir de 20h30, découvrez Watoro (Comores) ; Del Zid (Mayotte) ; Moh ! Kouyate (Guinée-Conakry) ; Lico Kininike (Madagascar) Aucun ticket n'est proposé en prévente. Tous les billets seront à acheter les soirs même de l'évènement, au guichet installé sur le plateau sportif de Chiconi. L'entrée est au prix unique de dix euros.
25
• M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 2 • 1 1 / 1 0 / 2 0 1 9
MAGAZINE
Cyril Castelliti
ENVIRONNEMENT
UNE RÉSERVE NATURELLE POUR SAUVER LA FORÊT D'ICI 2020, MAYOTTE POURRAIT BIEN VOIR APPARAÎTRE UNE NOUVELLE RÉSERVE NATURELLE NATIONALE SUR SON TERRITOIRE. LE FRUIT D'UN TRAVAIL MENÉ DEPUIS 2013 PAR LA DEAL, EN PARTENARIAT AVEC L'ONF ET LE CONSEIL DÉPARTEMENTAL. SI LE PROJET EST MASSIF, L'URGENCE ENVIRONNEMENTALE L'EST TOUT AUTANT. TOUR D'HORIZON DES ENJEUX ET POINTS CLÉS DE CE CHANTIER D'ENVERGURE.
26•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 2 • 1 1 / 1 0 / 2 0 1 9
RATTRAPER LE RETARD VIS-À-VIS DES AUTRES DÉPARTEMENTS ULTRAMARINS Selon l'édition 2018 de l'inventaire forestier établi par l'Institut national de l'information géographique et forestière, Mayotte se classe parmi les départements d'outre-mer affichant un taux de boisement des plus préoccupants. Ce dernier est de seulement 38% en effet, ce qui classe le département derrière la Réunion (39%), la Guadeloupe (44.5%) et la Martinique (49%). Au sommet du classement, la Guyane, affiche le plus haut niveau de boisement d'outre-mer avec 97,5%. Pour autant, "les superficies forestières tendent à se réduire en Guadeloupe, en Guyane et surtout à Mayotte sous la pression du développement des surfaces agricoles", précise l'institution. Autre indice grave, le taux d'aire forestière protégée ridiculement réduit de Mayotte (7%), par rapport autres départements ultramarins tels que la Réunion (63%), la Martinique (26%) ou la Guadeloupe (32%). Un indice supplémentaire de l'urgence de développer une réserve forestière conséquente sur l'île aux parfums.
RESPECTER DE NOUVELLES RÈGLES
Qui dit nouvelle réserve forestière, dit forcément nouvelle réglementation. Les bivouacs et les campings seront désormais interdits dans toutes les surfaces protégées. Autre nouvelle interdiction : les manifestations sportives, écotouristiques et festives, ainsi que les perturbations sonores et lumineuses. Adieu donc les sorties en moto dans la forêt, ou les rassemblements non déclarés des déserteurs des villes. Au rayon des interdictions, certaines déjà existantes, mais mal ou peu appliquées, seront renforcées. Résultat : pas d’activité agricole et pastorale, pas d’activité industrielle ou commerciale, pas d’exploitation forestière, pas de chasse ni de pêche et pas de survol au-dessus de 300 m du sol pour ne pas perturber les oiseaux. En somme, les visiteurs pourront exclusivement randonner sur des routes balisées, en essayant de se faire le plus discret possible pour ne pas perturber l'équilibre de mère Nature.
27
• M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 2 • 1 1 / 1 0 / 2 0 1 9
MAGAZINE
VALORISER LE TOURISME ÉCO RESPONSABLE Pour préserver la biodiversité, tout en sensibilisant les populations sur leur importance, des sentiers spéciaux seront dédiés aux randonneurs. L'objectif : "Réhabiliter certaines étapes du sentier de grande randonnée qui fait le tour de l'île. Et pourquoi pas développer des sentiers de petite randonnée", indique Marion Boisseaux, chargée du développement environnement et de l'accueil du public au sein de l'ONCF. L'occasion de valoriser la forêt dans son potentiel pédagogique. "Lorsque l'on trace un sentier, l'idée principale est de faire découvrir la biodiversité sans la
perturber. Il s'agit de faire découvrir des endroits remarquables pour apprécier des espèces et des panoramas particuliers", indique à ce titre David Van Cauteren, formateur de guides de randonnée. Il insiste sur le travail minutieux nécessaire à l'entretien et l'élaboration de ces voies de passage : "La plupart des sentiers créés le sont sur la base de ceux déjà existant. Dans la mesure où Mayotte ne compte pas de mammifères suffisamment massifs pour en tracer, il s'agit généralement de chemins empruntés par l'homme. Les entretenir est un travail important, notamment en raison des lianes qui peuvent créer des surpoids sur les arbres jusqu'à les effondrer. Cela génère des zones impraticables".
28•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 2 • 1 1 / 1 0 / 2 0 1 9
PROTÉGER LES ESPÈCES RARES ET ENDÉMIQUES
PRÉSERVER LES RESSOURCES EN EAU
Protéger les forêts, c'est avant tout protéger le refuge d'une biodiversité unique en France. Avec 653 espèces végétales indigènes, dont 47 endémiques de Mayotte, les espaces naturels forment un écosystème aussi fragile que nécessaires à leur survie. "Sur les sommets de Mayotte se concentre une majeure partie de la biodiversité d'origine de l'île. On ne la retrouve nulle part ailleurs", rappelle à ce titre Michel Charpentier, président des Naturalistes de Mayotte. Lesquels ont déjà la responsabilité de gérer la première de l'île : celle de l'îlot M'Bouzi. Parmi les espèces végétales endémiques du département, la fougère arborescente Cyathea boivinii fait partie des exemples à protéger et à réintroduire pour la préserver. D'autres espèces rares sont également sur la liste des spécimens à entretenir, tels que le petit-duc d'Anjouan. Également menacé : le maki, dont le nombre a été divisé par deux en 40 ans, passant ainsi de 50 000 individus à quelque 25 000 aujourd'hui. Pour éviter que les lémuriens ne s'invitent en nombre dans les zones urbaines ou les champs, conserver leur habitat d'origine s'inscrit comme un prérequis nécessaire à sa survie.
Parmi les enjeux clé du développement de l'île pour les futures générations, la préservation des ressources en eau relève de la priorité. Or, celles-ci sont directement dépendantes de l'état de nos forêts, comme le rappelle le président des Naturalistes de Mayotte : "Sur un terrain peu ou pas végétalisé, l'eau des pluies glisse pour finir sa course dans le lagon ou les rivières. À l'inverse, la forêt permet de ralentir leur chute et de s'infiltrer dans les sols. Le phénomène est semblable à une éponge. Finalement, l'eau est restituée sous forme de sources (rivières, lacs etc.) et vient alimenter les nappes phréatiques. Lesquelles peuvent par la suite être pompées pour servir la population". Pour mettre en exergue l'importance de ce phénomène, le spécialiste cite le cas d'Anjouan : "Cette île a été très déforestée de façon massive. On estime à plus de 80% la proportion de forêts rasées depuis 1950. Depuis cette date le nombre de rivières pérennes a diminué de moitié", s'alarme-t-il avant de conclure : "Supprimer la forêt revient à supprimer nos réserves en eau". n
CHIFFRES CLÉS : 67 500 000 hectares de forêts sont protégés dans les territoires d'outre-Mer. 6 massifs forestiers mahorais sont concernés par le projet de réserve. 2 800 hectares de forêt, soit près de la moitié des forêts publiques mahoraises devraient être protégées. 653 espèces végétales indigènes sont présentes sur le territoire, dont 47 sont endémiques. 450 000 euros par an sont alloués au bon fonctionnement du projet (salaire des gardes forestiers, entretien de la réserve, frais administratifs, etc.)
29
• M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 2 • 1 1 / 1 0 / 2 0 1 9
LITTÉRATURE
Christophe Cosker, "L’Invention de Mayotte", Pamandzi éd. La Route des Indes, 2019.
LISEZ MAYOTTE Chaque semaine, Christophe Cosker, auteur de L'invention de Mayotte, vous propose la quintessence de chacune des trente-six inventions de Mayotte relevées dans l’ouvrage éponyme.
Jean Rigotard, préfet à Mayotte de 1978 à 1980, est à l’origine d’une initiative intéressante qui témoigne de son intérêt pour l’île et de son goût pour l’histoire. Il entreprend en effet de fonder une Chronique historique de Mayotte. 1844, les premiers temps de l’installation de la France dont nous n’avons réussi à retrouver que le premier numéro, tapé à la machine et ronéotypé. Ce premier numéro est publié en 1980 et s’intéresse au personnage du capitaine, officier à Bourbon, actuelle île de La Réunion. Le préfet se fait archiviste et, en amateur de ce qu’il appelle le « document pur », propose au lecteur « Quelques extraits de la correspondance et des travaux du capitaine Roux sur Mayotte en 1844 ». Ces travaux consistent principalement en un projet de défense militaire de l’île, ce qui invite à voir en lui le Vauban de Mayotte ! Le projet historique d’archiviste mené par le préfet n’est pas sans rapport avec le nôtre, car il s’agit bien ici d’une invention militaire de Mayotte, l’île ayant vocation à être transformée en forteresse contre ses ennemis des îles voisines et les razzias auxquelles ils se livrent, sans oublier les ennemis de la France à Mayotte : les autres puissances coloniales. Le style du capitaine Roux est volontiers lyrique, c’est-à-dire ici enthousiaste, en particulier à l’endroit de ces prédécesseurs et de la description de l’île. Jéhenne et Passot sont pour lui les héros de l’invention de Mayotte, île dont la beauté excite sa première verve qui est esthétique avant d’être militaire. Le lagon de Mayotte n’est pas une quelconque particularité miraculeuse, mais l’évolution naturelle de la géologie d’une île. Mais cet enthousiasme est peut-être de commande car lorsqu’il s’agit de chercher les points faibles de cette île si parfaitement défendue par sa barrière de corail : il en trouve quatre. Le premier est au Nord, le second au Sud, le troisième à l’Ouest et le quatrième à l’Est. Le lecteur cohérent tirera lui-même les conséquences des points forts et faibles de Mayotte !
30•
Christophe Cosker
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 2 • 1 1 / 1 0 / 2 0 1 9
CHRONIQUE HISTORIQUE DE MAYOTTE. 1844, LES PREMIERS TEMPS DE L'INSTALLATION DE LA FRANCE Il existe dans les groupes des Comores une île dont la configuration est unique dans le monde entier ; cette île connue sous le nom de Mayotte est entourée d’une ceinture de récifs contre laquelle était venue se briser jusqu’à ce jour la curiosité des plus hardis explorateurs. Il était réservé à deux officiers français, Monsieur Jéhenne et Passot d’aborder ses côtes défendues par une barrière en apparence infranchissable. Honneur à eux et à ceux qui ont conseillé et ordonné l’occupation de Mayotte ! Cette large zone madréporique est située à une distance moyenne de 4 000 mètres de la terre ; elle affecte la forme elliptique et se trouve heureusement coupée en quelques points par lesquels on peut pénétrer dans une mer intérieure parsemée d’îlots et dont il sera fait mention plus tard. Les côtes sont découpées d’une façon admirable ; ce ne sont que criques, anses et baies ; on dirait un feston1. Aussi grâce au môle2 naturel auquel on a donné le nom de paracel , à l’heureuse disposition des îlots et à la forme de son périmètre, Mayotte possède-t-elle un grand nombre d’abris et de refuges aussi vastes que sûrs. Un coup d’œil jeté sur les cartes numéros trois et cinq en apprend plus que la description le plus détaillée et la plus claire. […]
J’ai reconnu quatre modes principaux d’attaque pouvant être employés isolément ou combinés ensemble par l’ennemi. Ainsi pour attaquer Zaouzi [Dzaoudzi], l’arsenal maritime, et ruiner ce dernier réduit à notre puissance, l’ennemi peut s’introduire dans l’intérieur du paracel par les passes du sud et de Bandélé [Bandrélé], et se diriger à travers Bambo, Bandéli, Bouzi [Mbouzi] et l’Ajangua-Ouest [Hajangua] [Note de l’auteur : les dangers de la passe de Longoni éloignent toutes craintes sérieuses de ce côté.] ; ou s’engager en deuxième lieu dans la passe longue et difficile du Nord et pénétrer à travers Aombé, la grande Nossi-Effatsi et Cacazou. Il peut débarquer, en troisième lieu, sur la côte Est de Pamanzi [Pamandzi] du côté de la pleine mer, ou sur la côte Sud-Ouest après avoir forcé les passes du Sud et dépassé l’Ajangua-Est. Il peut, en quatrième lieu, diriger une attaque par terre sur Choa, en débarquant ou sur les nombreuses plages de la côte Ouest de Mayotte, ou sur quelques-uns des points abordables de la côte Est compris entre la pointe Sud et Bandélé, la pointe Nord et les Nossi-Effatsi. Jean Rigotard, Chronique historique de Mayotte. 1844, les premiers temps de l’installation de la France, numéro 1, 1980, p. 2-29.
Motif architectural en forme d’arc, le plus souvent une guirlande de feuillage suspendue par des rubans. Un môle est à l’origine un ouvrage de maçonnerie qui permet de casser les vagues à l’entrée d’un port.
1 2
31
• M ay o t t e H e b d o • N ° 9 0 2 • 1 1 / 1 0 / 2 0 1 9
OFFRES D'EMPLOI OFFRES DE FORMATIONS FICHES MÉTIERS TÉMOIGNAGES CONSEILS
LE MÉTIER DE LA SEMAINE
JURISTE
LE JURISTE CONSEILLE ET INFORME DES PERSONNES PHYSIQUES OU MORALES EN MATIÈRE JURIDIQUE ET JUDICIAIRE, ÉTABLIT DES ACTES JURIDIQUES ET EFFECTUE LA GESTION DE CONTENTIEUX. IL PEUT PRÉSENTER ORALEMENT LA DÉFENSE DE CLIENTS AU COURS DE PLAIDOIRIES, PEUT VEILLER À LA SÉCURITÉ JURIDIQUE D'ENTREPRISES, ET FORMER DES PERSONNES DANS SA SPÉCIALITÉ, ACTUALISÉE PAR UNE VEILLE INFORMATIVE. ENVIRONNEMENT DE TRAVAIL
- Association - Cabinet juridique - Collectivité territoriale - Entreprise industrielle - Entreprise publique/établissement public - Société d'investissement - Administration / Services de l'État - Assurance - Banque - Informatique et télécommunications
COMPÉTENCES
- Conseiller un client sur des questions d'ordre juridique - Apporter des conseils sur des procédures de résolution de litiges - Rédiger des actes / procédures juridiques - Accomplir des démarches auprès d'organismes publics ou privés pour le compte de clients - Traiter des dossiers de contentieux (litiges, réclamations, etc.) - Réaliser une veille documentaire (collecte, analyse etc.) - Tenir informée sa structure des nouvelles techniques et réglementations liées à l'activité.
ACCÈS AU MÉTIER
Cet emploi/métier est accessible avec un diplôme de niveau Bac+4 (M1, IUP, etc.) à Master (Master professionnel, Master recherche, etc.) en droit complété par une spécialisation (avocat, assurance, finance, fiscalité, etc.). La pratique d'une langue étrangère, en particulier l'anglais, est requise.
OFFRES D'EMPLOI RESPONSABLE DES RESSOURCES HUMAINES À MAYOTTE (H/F)
ANIMATEUR / ANIMATRICE QSE QUALITÉ SÉCURITÉ ENVIRONNEMENT (H/F)
VENDEUR POLYVALENT EN MAGASIN BIO (H/F)
TECHNICIEN MÉTHODES BÂTIMENT/GÉNIE CIVIL F/H (H/F)
CHARGÉ / CHARGÉE D'AFFAIRES EN ÉLECTRICITÉ * voir site Pôle emploi
976 - MAMOUDZOU Recherche: RESPONSABLE DES RESSOURCES HUMAINES À MAYOTTE (H/F) Votre quotidien ? La gestion du personnel des différentes structures du groupe
COLAS - 976 - MAMOUDZOU
Assister les responsable QHSE sur les activités du centre bâtiment : Animer les systèmes QHS en place, sensibiliser le personnel à la démarche QSE, réaliser des audits et les contrôles qualité
LYCÉE DES MÉTIERS STE CATHERINE - 976 - MAMOUDZOU
Rattaché(e) au Responsable de magasin vos missions principales seront les suivantes : - Accueillir et conseiller la clientèle et s'assurer de la satisfaction des clients
976 - MAMOUDZOU
VINCI Construction Dom-Tom recherche pour une de ses filiales basée à Mayotte et réalisant des chantiers de bâtiment (logements, bureaux, bâtiments industriel) et/ou de génie civil
SARL MERIELEC - 976 - MAMOUDZOU
Analyser les projets pour déterminer : la faisabilité, les ressources à mobiliser. Vous êtes en charge de mettre en adéquation des compétences et des effectifs par rapport au travail à réaliser.
− Action Logement Services − SAS au capital de 20 000 000 d’euros − Siège social : 19/21 quai d’Austerlitz, 75013 Paris − 824 541 148 RCS Paris − Immatriculée à l’ORIAS sous le numéro 17006232 − Société de financement agréée et contrôlée par l’ACPR.
Notre action pour Yazid : 1 000 € pour l’aider à s’installer près de son travail
Action Logement agit pour faciliter le logement des salariés près de leur emploi. Vous déménagez pour un nouvel emploi ou dans un logement situé à moins d’une heure de votre lieu de travail ? Bénéficiez d’une aide de 1 000 euros pour vous installer. Renseignez-vous sur actionlogement.fr Pour les demandeurs aux revenus inférieurs à 1,5 fois le SMIC. Aide soumise à conditions et octroyée sous réserve de l’accord d’Action Logement Services. Disponible dans la limite du montant maximal de l’enveloppe fixée par la réglementation en vigueur. Cette aide est cumulable avec d’autres aides Action Logement.
MAGAZINE D’INFORMATION NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros 7, rue Salamani Cavani M’tsapéré BP 60 - 97600 Mamoudzou Tél. : 0269 61 20 04 contact@mayotte.hebdo.com Directeur de la publication Laurent Canavate canavate.laurent@mayottehebdo.com Directeur de la rédaction Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 38 soldat@mayottehebdo.com Rédacteur en chef Geoffroy Vauthier
# 902
Couverture :
Le voulé, une histoire bien mahoraise
Journalistes Romain Guille Solène Peillard Grégoire Mérot Cyril Castelliti Correspondants HZK - (Moroni) Direction artistique Franco di Sangro Graphistes/Maquettistes Olivier Baron, Franco di Sangro Commerciaux Cédric Denaud, Murielle Turlan Thomas Lévy Comptabilité Catherine Chiggiato compta@mayottehebdo.com Secretariat Annabelle Mouhamadi Première parution Vendredi 31 mars 2000 ISSN : 1288 - 1716 RCS : n° 9757/2000 N° de Siret : 024 061 970 000 18 N°CPPAP : 0121 I 92960 Site internet www.mayottehebdo.com