Mayotte Hebdo n°908

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VOUS ETES ? S U N E V E SANS R

, l a t n e m e t r a p é D il e s Le Con r e id a s u o v t u e p T A T ’E avec le soutien de l ! s é t l u ic f if d s o v à s e à trouver des répons Le saviez-vous ? Dans le cadre d’une recherche d’emploi, le Pôle emploi, le Conseil Départemental avec le soutien de l’Etat, vous accompagnent au quotidien ! Le RSA (Revenu de solidarité active) existe depuis le 1er janvier 2012 à Mayotte. Le RSA assure aux personnes disposant de faibles ressources un niveau minimum de revenu variable selon le foyer des familles Le RSA est également ouvert aux plus de 25 ans et et aux jeunes parents sous conditions.

dzoumogne 02 69 62 74 44 06 39 97 60 14 Mamoudzou

Chiconi 0269 61 12 26

petite terre 02 69 64 20 30 06 39 69 68 22

Chirongui 02 69 66 19 03

Pour en savoir plus, il suffit d’appeler le

0269ez6d1es9dro1it9s :1 Vous av renseignez-vous !


LE MOT DE LA RÉDACTION

RELEVER LES DÉFIS ET ALLER DE L'AVANT Les défis, notre île n'en manque pas. D'ailleurs, chacun vous le dira : voilà un territoire où tout est encore à faire et sur lequel celui qui a envie peut devenir grand. De l'envie, du talent, du sérieux : voilà ce dont Mayotte a désormais besoin. Voilà, après son combat pour la départementalisation, où se situe son défi. Elle s'est ancrée, elle doit désormais se construire. Cela tombe bien : avec la démographie la plus jeune de France, la main d'œuvre ne manque déjà pas, et manquera encore moins dans les années à venir. Cela dit, pour qu'elle puisse apporter sa pierre à l'édifice, encore faut-il qu'elle soit formée, cette jeunesse. Formée pour participer à la vie de la société, et formée pour y apporter une réelle valeur ajoutée. C'est là un enjeu capital : la formation de la population, la formation de talents, de compétences, pour disposer, demain, de tous ces atouts. Notre dossier de la semaine s'intéresse à ce sujet. Plus léger, mais très gourmand, nous avons rencontré le créateur du désormais célèbre Caresse Cream. Il nous donne la recette – non de ses succulentes glaces – mais de son succès. Enfin, autre institution, plus ancienne celle-ci : knous vous faisons visiter les nouveaux locaux de Mayotte la 1ère, aux Hauts-Vallons, qui répondent aux nouveaux besoins de notre principale chaîne locale. La preuve que le territoire bouge sans cesse… en allant de l'avant. Bonne lecture à tous

Tél. 0269 63 63 03

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COUP D’ŒIL DANS CE QUE J'EN PENSE

Laurent Canavate

Mayotte Hebdo n°521, vendredi 13 mai 2011

PRENDRE LE ZÉBU PAR LES CORNES

Pour aller dans l’arène et se mesurer aux zébus, il faut… du courage. Lors des campagnes électorales, les nombreux candidats font preuve d’une impressionnante énergie, ils sillonnent le terrain, du petit matin à tard dans la nuit. Ils sont capables de mobiliser des équipes, de trouver de l’argent, de se dépenser sans compter… Mais à peine élus, beaucoup ne pensent plus qu’à dépenser… sans compter. Ils oublient toute leur énergie et se prélassent mollement dans des fauteuils capitonnés, dans des premières classes luxueuses, dans des véhicules haut de gamme bien insonorisés, insensibles aux clameurs du dehors qui réclament du travail, ou tout simplement leur dû Des élus, des présidents ont étouffé leurs institutions par des embauches pléthoriques. Ils ont abusé la population en lui faisant croire que c’était une bonne chose d’embaucher à tour de bras. C’était "l’argent du sirkali !"… On pouvait y aller, se servir allègrement. Et le sirkali, l’Etat, la préfecture a laissé faire, mais surtout les citoyens éclairés. Tous ont laissé faire, voyant pourtant déjà le bateau tanguer. Aujourd’hui, le bateau coule, comme un kwassa au milieu de la nuit. Les administrations publiques sont engorgées, les bureaux ne suffisent plus. Il faut louer à gauche, à droite… suivant la majorité au pouvoir. Et ça coûte trop cher. Car le sirkali, c’est nous, les citoyens. C’est nous qui payons les impôts, nous qui achetons des mabawas, des boites de concentré de tomates et des écrans plats, des ordinateurs et des sacs de riz. Sur toutes les marchandises qui entrent sur l’île, il faut prélever une partie importante pour payer tous ces gens, pour beaucoup inutiles. Tout le monde le sait, tout le monde le répète. Mais même ces trois dernières années, ça a continué : +45% de masse salariale au conseil général. Mais que fait de plus le conseil général ? Que fait-il de mieux ? Que fait-il en moins ? Et les communes ? Cnam, Apredema, Agesdm, service culturel, associations, natation scolaire, mouvement sportif… Il faut trancher dans le vif, et encore, et encore, pour payer des salaires inutiles. Certaines collectivités sont déjà en faillite complète. Les plans de redressement proposés par la Chambre régionale

TOLERIE - PREPAR ATION - PEINTURE

des comptes ne suffisent même pas à freiner le déficit grandissant. C’est le cas pour Acoua et Kani-Kéli, mais aussi pour M’tsangamouji, Bouéni, Chirongui, Koungou, et tant d’autres. Dans ce marasme ambiant, cette situation dramatique, il y a tout de même quelques lueurs d’espoir. Il y a ainsi des communes qui assurent, où les équipes en place assurent leur travail au service de leur population. C’est le cas de Bandraboua et Dembéni. Et à un moindre niveau aussi de M’tzamboro ou Bandrélé, de la Petite Terre. Avec les maigres moyens disponibles, ces équipes ont su se mobiliser, travailler, investir pour l’avenir. L’argument d’embaucher dans les collectivités locales pour compenser l’absence de protection sociale n’a servi qu’à camoufler des embauches de complaisance, politiques, familiales. Il faut le dire. C’est un argument fallacieux, car aujourd’hui toute l’île en paye le prix, et pour des années encore, avec les intégrations dans la fonction publique territoriale. Maintenant il va falloir payer ces agents pendant des années, et sans l’argent du sirkali… Et il va falloir payer tous ceux qui ont travaillé et attendent d’être payés. Et il va falloir construire des écoles, des crèches, des routes, des équipements culturels, sportifs, aménager des zones de développement économique… Et il va falloir financer le fonctionnement de ce qui est déjà en place. Pas moyen de débloquer d’argent pour des travaux, pas d’investissements publics, ça veut dire pas d’activité pour les entreprises, des licenciements massifs, pas de travail créé pour tous ceux qui arrivent, ceux qui reviennent, ceux qui sont là et attendent patiemment… Ca veut dire aussi pas d’investissements privés, donc pas de recettes douanières, pas de nouveaux consommateurs, donc pas de nouvelles recettes douanières… Il faut dégraisser les collectivités locales. Il faut prendre le zébu par les cornes, pour relancer l’île sur le chemin du développement, mais cela demande du travail pour accompagner ce mouvement, et beaucoup de courage…

MAYOTTE

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S LE RÉTRO

Pour tous vos communiqués et informations

Une seule adresse : rédaction@mayottehebdo.com

Barge : la valse des prix Avec la crise suscitée par le budget de fonctionnement du Service de transport maritime se pose la question de l'augmentation du prix de la traversée. Le Conseil départemental passe le cap et propose de doubler les tarifs, avec une première hausse de 0,75 € à 1 € jusqu'au 1er janvier prochain. Une hausse à 1,50 € le ticket est destinée à réduire à environ trois millions d’euros le déficit du service. Une décision unilatérale qui a provoqué une réaction immédiate parmi la population de Petite Terre. Pour le porte-parole du collectif qui s'est crée pour l'occasion, c'est un choix de facilité. Pour lui, l’administration aurait privilégié une hausse des prix plutôt que de réfléchir sur un véritable plan économique. Tout comme de nombreux usagers, il ne comprend pas comment un service public destiné à être gratuit en arrive à pratiquer des tarifs aussi élevés. Mayotte Hebdo n°452, vendredi 20 novembre 2009.

Tortues : le braconnage continue Elles sont l'une des richesses du lagon mahorais et devenues, au fil des années, une véritable attraction touristique. Sur les sept espèces de tortues marines connues dans le monde, cinq sont présentes dans la région et quatre dans les eaux de Mayotte. Certaines ont choisi Mayotte comme lieu d'alimentation et y résident, d'autres ne s'y rendent que pour pondre leurs oeufs sur les plages mahoraises. Mais le braconnage dont elles font l'objet, pratique coutumière dans l'archipel, met les populations de tortues en danger. En effet, 67 actes de braconnage ont été recensés en 2007-2008, 122 en 2008-2009, 82 en 2009-2010 et 64 en 2010-2011. Rien que depuis le début de l'année, 180 carapaces auraient été retrouvées braconnées sur les plages. Pour pallier ce danger, les efforts redoublent de toutes parts. Mayotte Hebdo n°681, vendredi 21 novembre 2014.

LA PHOTO D'ARCHIVE Solidarité entre les formateurs du CFA et les élèves Janvier 2003 : mouvement de grève et négociations entre les formateurs du CFA et les dirigeants de la Chambre professionnelle. En cause : le nouveau statut des enseignants et la hausse de leurs salaires. Le mouvement d'humeur des élèves a montré l'importance du Centre dans sa fonction de rempart à la montée d'une délinquance juvénile potentiellement dangereuse pour la société.

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IL Y A 5 ANS

IL Y A 10 ANS

C'ÉTAIT DANS MH


TCHAKS

L'ACTION

LA PHRASE

LE CHIFFRE 25 C'est le nombre de containers, représentant un total de 130 tonnes de matériel humanitaire, reçus par la Plateforme d’intervention régionale de l’océan Indien (PIROI) de la Croix Rouge en préparation de la saison cyclonique 2019-2020. Ils ont été répartis dans les entrepôts de Mayotte, La réunion et Moroni. Ces lundi 18 et mardi 19 novembre, l’entrepôt de Mayotte a ainsi reçu plus de 1 500 articles qui permettront d’assister jusqu’à 2 500 bénéficiaires en cas de catastrophe.

"Seul, tu iras vite, ensemble on ira loin !" Le colonel Frédéric Jardin, chef de corps du RSMA, signe au nom de sa structure une convention avec le vice-rectorat pour lutter contre le décrochage scolaire. Objectif : mutualiser leurs compétences en commençant, par exemple, par leurs plateaux techniques qui seront désormais communs. Ou en travaillant chacun dans les locaux de l’autre. De ce fait, quatre enseignants de l’éducation nationale sont mis à disposition au RSMA. Et huit lycées vont collaborer avec le RSMA sur un certain nombre de formations.

Campagne de vaccination à la Vigie Plusieurs centaines de vaccins ont été prodigués lors de la campagne récemment initiée par le CHM dans le quartier de la Vigie. Un évènement particulièrement suivi qui témoigne de l’attente de la population concernant l’offre de soin, dans un quartier parmi les plus précaires du département. Toutefois, au-delà de cette nécessaire opération, et selon l’ARS, un travail est encore nécessaire pour examiner avec précision les besoins et les lacunes de la Vigie en matière sanitaire.

LA PHOTO DE LA SEMAINE Collège de Bouéni : c'est parti Les premiers élèves du collège de Bouéni ont fait leur rentrée, lundi 18 dans le nouveau bâtiment qui a connu moults péripéties avant de leur ouvrir ses portes. Le vice-recteur et son cabinet ainsi que le maire de Bouéni étaient présents pour assister à l'ouverture partielle de l’établissement. Les élèves, le personnel enseignant et administratif ont pu prendre possession des lieux et les cours ont pu débuter pour les classes de 3èmes et de 4èmes.Les classes de 5èmes et de 6èmes feront ont fait leur entrée dans les lieux le lendemain.

ENVIRONNEMENT Un composteur installé aux Trois vallées Initiative citoyenne à valoriser : un composteur de déchets organiques a été mis en place, samedi 16, dans le secteur des Trois Vallées. C’est l’entreprise Éco-Fusion qui met à disposition de la population ce composteur. Elle forme par ailleurs les volontaires sur la pratique du compostage. Les Gardiens du Littoral, à la manœuvre pour que ce projet voit le jour en profitent pour demander la multiplication de ce genre d’initiatives. "Dans le cadre du Plan Pluriannuelle de l'Energie (PPE) de Mayotte, nous avions déjà fait part de l'importance de la biomasse végétale puisque les végétaux constituent un important réservoir énergétiques facilement accessible et exploitable", soutiennent-ils ainsi.

PROVERBE Ufa kwendra roho mjeni. La mort nous rend étranger.

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LE FLOP

LE TOP Bientôt une fourrière pour animaux "Le concessionnaire s’engage à assurer 7 jours sur 7 la capture et l’accueil des animaux perdus, abandonnés, trouvés blessés ou errants" : au travers d'un appel d'offre publié cette semaine, la ville de Mamoudzou s'attaque à une problématique incontournable pour les administrés, comme pour les canidés. "Ces derniers temps, nous avons eu plusieurs remontées concernant des divagations de chiens, parfois accompagnés par des groupes d'individus qui les utilisent comme des armes par destination", justifie Eric Zubert directeur de la prévention de la sécurité urbaine de la ville de Mamoudzou, qui évoque également "une présence problématiques d'autres animaux sur la voie publique, comme des ovins ou des bovins." La fourrière, dont l'ouverture est prévue pour 2020, est une petite victoire, également pour les défenseurs des animaux. Parmi eux, Tyler Biasini Rossi, président de l'association Gueules d'amour, voit là l'aboutissement d'une vieille demande : "Cela fait trois ans que je réclame à la ville de Mamoudzou de se saisir de cette problématique."

Air Mayotte : le doute

Doute autour du projet d'Air Mayotte, nouvelle compagnie qui ambitionne de mette en place une ligne entre Mayotte et La Réunion. En cause : Tanchiki Maoré, un des principaux investisseurs du projet se retire. "J’ai envie de me battre pour Mayotte, mais là ce n’est plus possible, le tissu économique et les politiques ne sont pas fiables. (…) Du coup je jette l’éponge", a-t-il expliqué. Toutefois, il a tenu à rassurer : "Les collègues continueront le projet mais c’est sur que ça va prendre du retard. On devait faire les premiers vols avant la fin de l’année mais je pense qu’il va falloir attendre au moins mars pour que ça se fasse."

ILS FONT L'ACTU Saïd Omar Oili

"Enfin Mayotte peut se sentir comme un territoire à part entière dans la Nation" : lors de son discours au 102ème congrès de l'Association des maires de France, Saïd Omar Oili, souligne l'importance pour le territoire du plan de convergence de 1,6 milliards d'euros accordé à Mayotte. "Il faudra être réaliste, les efforts que nous devons faire sont importants pour transformer le nuage des subventions et des fonds que nous avons au-dessus de nos têtes, en pluies qui viendront faire pousser nos projets. (…) Nous n’attendons pas de l’Etat qu'il se montre complaisant devant nos insuffisances, en faisant cela il ne nous aide pas", a-t-il également ajouté.

Gilles Halbout

Le vice-recteur, présent lors de la célébration des 30 ans de la Convention internationale des droits de l'enfant, mercredi 20, rappelle toute l'importance qu'a la scolarité pour les enfants. "La scolarisation de tous les enfants est une urgence, et pour faire face à cette urgence, nous avons besoin de nouvelles écoles. Nous faisons tout pour que l’engagement d’ouvrir 800 classes nouvelles ou rénovées d’ici la fin du quinquennat soit honoré. Mais pour mettre fin à la rotation et espérer scolariser tout le monde, nous aurons besoin de 800 classes réellement nouvelles, vous pouvez compter sur moi pour qu’elles soient prêtes d’ici 2025", a-t-il ainsi assuré.

INSOLITE Un singe à Mayotte Si Mayotte compte une grande population de lémuriens, il n'en est rien pour les singes, absents du territoire. Pourtant, un représentant des primates a posé le pieds quelque temps sur l'île entre le 4 et le 20 novembre, après s'être vraisemblablement échappé d'un bateau. "Le singe semble avoir été vu à bord au moment de son arrivée à quai. Il pourrait s’agir d’un singe vert ou vervet (spécimen de sexe mâle, d’environ 4 kg), cercopithèque du genre Chlorocebus, dont il en existe plusieurs espèces présentes dans l'Est de l’Afrique, de l’Éthiopie à l’Afrique du Sud. Cet animal est un animal sauvage. Il convient de ne pas l’approcher, de ne pas tenter de le capturer, de ne pas le nourrir et de ne pas l’effrayer", avait communiqué la préfecture. Finalement, l'animal a été capturé et euthanasié.

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À LA RENCONTRE DE...

Solène Peillard

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BACAR AHMED ATHANY

DEALEUR DE CARESSE DIFFICILE DE LE RATER. DEPUIS 2017, LE MAHORAIS PROPOSE LES SEULES GLACES ROULÉES, À BASE DE PRODUITS LOCAUX ET NATURELS, DE TOUTE L'ÎLE AUX PARFUMS. UN CONCEPT NOVATEUR IMPORTÉ DE THAÏLANDE, ET DONT L'AVENIR ICI SEMBLE PROMETTEUR. DEUX ANS APRÈS L'OUVERTURE DE CARESSE CREAM, D'AUTRES FRANCHISES POURRAIENT BIEN ESSAIMER. C'est une affaire qui roule. Il y a deux ans, Bacar Ahmed Athany ouvrait à Mayotte une enseigne inédite et littéralement rafraîchissante, Caresse Cream. Le concept ? Des crèmes glacées artisanales, 100 % maison, caressées et roulées sur une plaque réfrigérée à -30 degrés. Exit les traditionnelles boules de glace. Désormais, elle se présente sous forme de rouleaux et se décline en un large choix de parfums naturels, auxquels il est possible d'ajouter des biscuits traditionnels, des bonbons chocolatés, de la chantilly, des fruits secs ou de saison. Un savoir-faire sur mesure et novateur que le jeune mahorais a découvert près de quatre ans plus tôt, lors d'un voyage en Thaïlande, pays où, selon la légende, la glace roulée a vu le jour. "En rentrant d'une soirée, j'ai entendu un bruit qui m'a un peu étonné. Je suis allé voir ce qu'il se passait,

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CE QU'ILS EN DISENT Saïd, ami de Bacar Ahmed Athany "On a grandit dans le même quartier, 2K et moi. C'est un sacré personnage et un gars très drôle. Mais ce qui le caractérise le plus, c'est qu'il est hyper audacieux !"

et là on m'a expliqué que c'était des glaces !", se souvient, sourire en coin, Bacar Ahmed Athany, ou "2K" pour les intimes. "J'ai vraiment été agréablement surpris, alors je me suis dit : pourquoi pas le lancer au pays ?". De là, le vingtenaire commence à s'intéresser au matériel nécessaire à cet artisanat d'un nouveau genre. Il trouve un fournisseur en métropole, où il vivait alors, et se forme aux gestes de "caresseur", comme il se plaît à se définir aujourd'hui.

Justement, ces gestes reposent sur une technique bien précise : d'abord, le lait est étalé sur la plaque réfrigérée, sur laquelle les fruits sont ensuite ajoutés et écrasés. Là, avec des sortes de spatules, les "ice rollers" commencent à former leurs rouleaux gourmands, en caressant délicatement la crème glacée en train de se former. "D'où le nom Caresse Cream !", s'amuse 2K, qui met un point d'honneur à se fournir localement. Ainsi, la coopérative des agriculteurs du

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centre fournit les fruits, pendant que les produits laitiers sont eux, récupérés auprès des producteurs d'Ouangani. Mais les intolérants au lactose ne sont pas pour autant en reste, puisque Caresse Cream propose également des recettes au lait végétal, ou 100 % fruitées. De quoi permettre à chacun de profiter de sa caresse. Entre évènements publics et prestations privées à la demande et à volonté – anniversaires, pots de départ, comités d'entreprise, etc. –, Caresse Cream roule sa bosse et séduit une large clientèle. Pourtant, quelques années plus tôt, rien ne prédestinait Bacar Ahmed Athany à devenir glacier. Après avoir obtenu son bac sur l'île aux parfums, le Mahorais s'envole vers Poitiers en 2010 pour y poursuivre sa scolarité. Commence ici un parcours un peu tortueux : d'abord, 2K fait une année de médecine, "ça n'a pas marché". Alors, il s'inscrit en sciences économiques, "j'ai retapé la première année, et finalement j'ai validé un semestre". Ensuite, il passe un master en commerce international, diplôme qu'il obtient mais sans réel projet. "J'ai fait des études pour les parents, et quand du jour au lendemain je leur ai annoncé que j'allais être glacier, ils n'ont pas compris pourquoi", concède l'entrepreneur. "Mais ça m'a quand même apporté puisqu'il y avait cette fibre commerciale et la gestion d'entreprise. C'est comme ça que j'ai développé cet attrait dans le montage de dossier".

DE RETOUR À MAYOTTE POUR LANCER SON BUSINESS Six ans après avoir quitté "le pays", le sien, il se sent prêt à y retourner pour lancer son business. Dans un premier temps, la boutique de gestion l'accompagne. Puis, il parvient à mobiliser quelque 4 200 euros via une structure de financement participatif. À son retour à Mayotte, Bacar Ahmed Athany

se laisse un an pour monter le projet. Finalement en 2017, il commence les prestations privées en tant que glacier itinérant et intervient essentiellement dans les restaurants de l'île aux parfums, en leur proposant de revisiter leur carte des desserts. Une belle aventure commence, jusqu'à ce que la grève générale n'éclate en 2018. "On a bien cru qu'on allait déposer le bilan, ce n'était pas évident", se souvint 2K. "Ici, avec le retard administratif, les pénuries, les problèmes d'eau, on peut avoir tellement de problèmes du jour au lendemain". Finalement, la clientèle étant déjà au rendezvous, les affaires continuent. Et évoluent. Si bien qu'il y a quelques mois, l'enseigne ouvrait ses premiers locaux à Mamoudzou, où les adeptes peuvent désormais déguster leurs caresses glacées dans une ambiance coocooning à la décoration délicate. Grande nouveauté, il est également possible de déjeuner, Caresse Cream proposant depuis peu, pour le midi uniquement, une formule avec les sandwichs maison fraîchement préparés par Mitic Traiteur. Mais les projets ne s'arrêtent pas là, puisque l'année prochaine devrait voir l'ouverture de deux nouvelles franchises, respectivement au nord et à l'est de Mayotte. Déjà à l'été dernier, Caresse Cream propulsait la création d'une entreprise de glace roulée, cette fois en métropole, plus précisément à Périgueux. "On a fournit la machines, les techniques, mais elle est vraiment indépendante", précise le patron de l'enseigne mahoraise. "On a pour objectif de ramener les biscuits traditionnels de chez nous, pour que ça devienne une référence là-bas", espère Bacar Ahmed Athany. "C'est un biscuit à base de sésame, de cacahuètes et de gingembre. C'est un produit qui est fou dans la glace !". Et pour satisfaire encore plus les gourmands, Caresse Cream devrait bientôt proposer des gaufres sucrées et salées. Un nouveau vent de fraîcheur.

CE QU'ILS EN DISENT Pany, client régulier de Caresse Cream "Bacar est quelqu'un de très sympathique, j'ai eu l'occasion de le voir plusieurs fois. Ce qui me plaît surtout chez Caresse Cream, c'est que les ingrédients sont 100% naturels et on peut vraiment choisir tout ce qu'on met dans notre glace."

Caresse cream vous attend rue du commerce à Mamoudzou, du lundi au vendredi, de 12h à 22h et le week-end de 16h à 22h (fermé le jeudi où il est possible de privatiser la salle pour une vingtaine de personnes). Pensez à réserver vos sandwichs au 0639 22 83 51 et à suivre l'actualité de Caresse Cream sur sa page Facebook.

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LE DOSSIER

Geoffroy Vauthier

compétences, formation & insertion

UN ENJEU POUR DEMAIN 12•

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Mayotte, le département le plus jeune de France en termes de démographie, mais aussi en termes de développement. En plein boom, malgré ses nombreuses problématiques, le territoire jouit d'une croissance soutenue, porteuse de bien des ambitions. Oui mais voilà : pour y répondre, il faut des compétences. Et pour avoir ces compétences, il faut former. Et former encore. Un enjeu capital pour le territoire et son économie, mais aussi un facteur d'insertion majeur pour une population pleine d'attentes.


LE DOSSIER

FORMATION PROFESSIONNELLE

UNE OFFRE À OPTIMISER LE DÉVELOPPEMENT DE MAYOTTE EST RÉEL. SUR CE TERRITOIRE OÙ LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE EST SOUTENUE, LES DEMANDES DE COMPÉTENCES LE SONT TOUT AUTANT. UN DÉFI MAJEUR CAR, POUR Y RÉPONDRE, L'OFFRE DE FORMATION PROFESSIONNELLE, INITIALE OU CONTINUE, DOIT ÊTRE AMÉLIORÉE.

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Mayotte : un département au taux de croissance économique particulièrement soutenu depuis le début des années 2000. En plein développement, l'activité économique du territoire ne cesse de se structurer et de se développer, avec des entreprises de plus en plus nombreuses. Car si, en 2018, le nombre de création d'entreprises avait fortement baissé – "Une baisse à relier au mouvement social de février à avril 2018", commentait alors l'Insee –, 2017 avait en revanche connu une forte hausse, classant l'île en tête, cette année-là, des régions française en termes de dynamisme des créations d'entreprises. On le sait : le territoire est plein de promesses, mais encore faut-il pouvoir s'en saisir. Et pour cela, il faut des travailleurs certes, mais aussi des travailleurs qualifiés. Et donc formés. Comme le faisait remarquer Alain Gueydan, directeur de la Dieccte, lors du Forum économique, la croissance économique de 7,6% que connait Mayotte doit par ailleurs être soutenue, elle aussi, par la formation. La logique ? Un actif formé, c'est un salarié qui touchera un salaire lui permettant de consommer… et donc de soutenir la croissance. "Notre objectif est de pouvoir assurer à nos entreprises des personnels compétents. Et pour cela, il y a la nécessité de connaître les besoins [en formation]", détaillait-il dans un constat partagé avec Ben Issa Ousséni, vice-président du Conseil départemental en charge du développement économique, qui rappelait lui aussi qu’il était indispensable "de former la population, d’inverser la tendance et de soutenir la croissance." Inverser la tendance, oui, car la formation professionnelle sur le territoire demande à être organisée.

Si la formation initiale est donc une réponse majeure sur le long terme (voir p.22-23), il faut également répondre aux besoins du moment. Le responsable reprend : "Parmi les solutions, il y a la formation continue, celle des demandeurs d'emplois. Le premier souci toutefois est que le quart des 15-64 ans n'est jamais allé à l'école. Il y a donc tout un travail préalable d'acquisition des connaissances de base. Donc, avant même de pouvoir accéder à des formations qualifiantes, il faut déjà faire des remises à niveau." Et puis, il y a la "nécessité d'adapter nos outils de formation aux nouveaux emplois, notamment dans le cas de la métallerie, de la menuiserie, etc., qui évoluent beaucoup, et sont notamment épaulés par du numérique : l'ouvrier doit désormais savoir maîtriser ces nouveaux outils pour programmer sa machine." Constat clair : "Il y a beaucoup de travail à faire aujourd'hui à Mayotte : déterminer les besoins des entreprises, mais aussi faire monter en compétence la main-d'œuvre pour qu'elle puisse y répondre." Sans oublier un défi encore plus grand, celui de la démographie. Si les chiffres de création d'emplois sont relativement élevés à Mayotte, "on est loin des 4 000 personnes qui arrivent actuellement chaque année sur le marché du travail". La gageure de la formation à Mayotte répond donc à un double objectif : "former pour répondre aux besoins des entreprises du territoire en premier lieu, mais aussi former les gens pour qu'à défaut de trouver un emploi ici, ils puissent accéder à un emploi soit dans le bassin de l'océan Indien, avec des opportunités qui pourrait s'ouvrir dans les deux à trois ans à venir (lire notre encadré sur le projet gazier du Mozambique), soit sur le reste du territoire national."

UN FAIBLE NIVEAU D'EMPLOI ET DE QUALIFICATION…

Ce constat d'un faible niveau de qualifications se retrouve dans le Pacte régional d'investissement dans les compétences, dressé il y a un an et destiné à dégager des pistes stratégiques pour la période 2019-2022 : "La demande d'emploi [à Mayotte] se caractérise par un faible niveau de formation et de qualification", peut-on y lire. Dans le détail, 64% des demandeurs d'emploi "n'ont aucun diplôme qualifiant." Un frein clair à l'emploi, confirmé lors du Forum économique de Mayotte, qui s'est tenu il y a deux semaines à l'hémicycle du Conseil départemental. Salim Farssi, représentant du Pôle Emploi, en faisait le constat : "La quasi-totalité des entreprises ont des difficultés de recrutement. Et dans 76% des cas, il s'agit d'emplois qualifiés." Dans ce contexte, la formation est sans doute le plus grand chantier de Mayotte avec l'éducation. Un autre chiffre ressort de façon marquante : plus de 76,5% des partenaires interrogés durant l'enquête ayant permis d'élaborer le Pacte d'investissement estimaient que "l'offre de formation à Mayotte n'est pas adaptée aux attentes des entreprises et structures locales."

La tâche est vaste. Alain Gueydan, directeur de la Dieccte, le reconnait. Il l'explique : "Chaque année, une étude des besoins de main-d'œuvre est réalisée par Pôle Emploi. Mais nous voulions aussi le deuxième aspect : celui concernant les personnes. Les chiffres nous ont sauté à la figure : 25% de la population âgée de 15 à 64 ans n'a jamais été scolarisée et 69% de cette même classe d'âge n'a pas de diplôme." Autre point majeur : toujours chez les 15-64 ans, une personne sur trois seulement est en emploi à Mayotte, un ratio deux fois plus faible qu'en métropole, et même loin derrière la Guyane et ses 44%. "Il faut toutefois noter un élément majeur et positif", reprend le directeur : "à niveau de diplôme égal, les chances d'emploi le sont aussi. Et c'est même un peu supérieur ici, compte tenu de la forte demande en compétences. Le problème est qu'il y a trop peu de diplômés."

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LE DOSSIER

EN CHIFFRES 6 808

C'est le nombre d'entrées en formation en 2017 (hors formation initiale)

10 268

C'est le potentiel d'accueil annuel à partir de cette année 2019.

PROJET GAZIER DU MOZAMBIQUE FORMER POUR PROFITER DE LA MANNE Anticiper les besoins en qualifications du territoire pour soutenir son développement : une volonté qui revient souvent. Un bon exemple pour l'illustrer : celui du projet gazier du Mozambique (lire Mayotte Hebdo n°907), pour lequel Mayotte pourrait être non seulement une bonne base arrière, mais aussi fournir, via les entreprises, une main d'œuvre qualifiée. Ce que n'ont pas manqué de remarquer les acteurs locaux. "Ses perspectives sont majeures", mettait ainsi en avant le directeur de la Dieccte, Alain Gueydan, lors du Forum économique de Mayotte. Et de le souhaiter : "Nous devons faire en sorte que lorsqu’il débutera, nous ayons formé les gens" aux métiers qu'il mobilisera. Même ambition du côté du Conseil départemental, Enfanne Haffidou, directeur général adjoint du pôle économie, attractivité du territoire et formation, qui estimait qu’il fallait "être prêt à faire face au défi du projet gazier."accompagnement en ingénierie de projet, qui sont très recherchées.

En tête de liste des griefs : une offre inadaptée aux besoins spécifiques des entreprises pour 41% de ces partenaires, voire inexistante pour 17,5% d'entre eux.

…MAIS DES ATTENTES TRÈS FORTES Carla Baltus, présidente du Medef Mayotte, connait bien les secteurs qui, soit déjà soit à moyen terme, auront de forts besoins en maind'œuvre qualifiée (voir également encadré) : le BTP, "du maçon à l'ingénieur, pour répondre aux besoins de tous les chantiers qui vont se mettre en place dans le cadre du plan de convergence (1,6 milliard). Je suis persuadé que nous n'avons pas assez formé et nous risquons d'être en manque de compétences si on ne le fait pas maintenant" ; les métiers de l'aide à la personne au sens large (enfance, personnes âgées, personnes handicapées, etc.), qualifiés par la présidente "d'absolument indispensable" ; ceux des technologies de l'information et de la communication (Tic) car "Mayotte évolue rapidement depuis qu'elle dispose du haut-débit,

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QUELS SECTEURS SONT LES PLUS PORTEURS ? Dans sa prospective sur les besoins de l'île en matière de qualifications, le Pacte régional d'investissement dans les compétences met en exergue les secteurs professionnels en plein développement, qui ont donc besoin de main d'œuvre qualifiée. Les voici : - Le BTP - L'économie touristique - Les métiers de la sécurité - Le numérique et l'informatique - Les métiers de la pêche - Les métiers du sport et de l'animation - La restauration collective - Les démarches de création d'entreprise - L'accompagnement en ingénierie de projet - L'entretien de locaux collectifs - Les métiers de la grande distribution - Les métiers de la logistique, du transport et de la maintenance générale. - Les services à la personne. Mais les entreprises ne sont pas les seules à avoir besoin de compétences. Les collectivités publiques, elles aussi, sont en demande. Les concernant, ce sont les métiers de l'environnement, l'agriculture, l'agroalimentaire ; ceux du social et du médico-social ; ceux du tourisme ; mais aussi des compétences de management pour des fonction supports et de direction technique ; ou des qualifications en accompagnement en ingénierie de projet, qui sont très recherchées.

tout se dématérialise et il faut donc se doter de compétences en la matière" ; les transports avec "l'arrivée du Caribus notamment, mais aussi le transport scolaire qui est amené à évoluer compte tenu de la hausse du nombre d'élèves à transporter" ; tout ce qui concerne les services aux entreprises car "il y a de nouvelles législations à connaître, on manque aussi de comptables, de personnes dans les ressources humaines, etc." Sans oublier l'hôtellerie liée au tourisme, et les métiers de la mer, pour lesquels beaucoup reste à faire "pour la transformation des produits sur place, par exemple. Car si on ne s'occupe pas de nos pêcheurs dès maintenant, on risque de les voir disparaître." Et puis, enfin, l'économie verte, qui nécessiterait "un bon accompagnement pour la production locale. On a des besoins et une volonté d'équiper les écoles avec des structures de restauration." Comme nous le voyons, la liste est vaste.

UNE OFFRE EN FORMATION INSUFFISANTE Opcalia est un "opérateur de compétences". Organisme agrée par l'État, il a pour but de gérer, optimiser et financer les actions de formation engagées par les entreprises. En somme : la structure est celle qui collecte, mutualise et

redistribue les obligations financières versées par cellesci au titre de la formation professionnelle et celle qui répond à leur demande de formation pour les salariés. Le constat de l'entité ? "L'offre en formation n'est clairement pas suffisante", explique Mohamed Ibrahim, conseiller en formation au sein d'Opcalia. "Les entreprises ont du mal à trouver les formations pour faire monter en compétences leurs salariés", poursuit-il en constatant "qu'elles sont donc obligées de les envoyer se former à La Réunion ou en métropole." La faute à "un manque d'investissements ne permettant pas toujours d'avoir ici les compétences requises [des formateurs par exemple, NDLR] pour les formations attendues." Ainsi, même si les organismes de formation sont nombreux et dynamiques à Mayotte – plus de 80 –, leur développement ne peut suivre le rythme de celui de l'île. En cause : "La formation des formateurs professionnels adultes est indispensable pour une pédagogie en cohérence avec les attentes de qualité du territoire", constate le Pacte sus-cité, concluant à la nécessité "d'accentuer la professionnalisation des organismes de formation." Est également conseillée une nécessaire "mise à plat de l'ingénierie de formation et pédagogique ainsi que du système de l'orientation et de l'accompagnement des publics [pour] permettre de donner les

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LADOM POUR SE FORMER À L'ÉTRANGER Mayotte manque encore de formations sur place ? Il est toutefois possible de bénéficier d'une formation professionnelle en mobilité. Parmi les dispositifs existants, celui proposé par L'Agence de l'Outre-mer pour la mobilité (Ladom) : le Passeport pour la mobilité de la formation professionnelle, qui s'adresse aux demandeurs d'emplois résidant en outre-mer. D’une durée moyenne de sept mois, la formation en mobilité se déroule dans l’une des 13 régions de l’Hexagone. Chaque formation est assurée par un centre de formation partenaire de LADOM et peut comprendre des périodes de stage en entreprise. Par ailleurs, un soutien financier peut être apporté à travers l'allocation complémentaire à la mobilité (jusqu'à 700€) et l'allocation d'installation (jusqu'à 800€). En 2018, 2 805 demandeurs d'emploi ultramarins en ont bénéficié, pour un taux de réussite 79,3%.

outils nécessaires aux organismes de formation mahorais et donner un cadre aux financeurs de la formation professionnelles à Mayotte." Des financeurs qui, par ailleurs, "doivent permettre aux organismes de formation d'avoir une meilleure visibilité des besoins des entreprises locales." D'autres éléments entrent en compte : un manque de visibilité, avec une "communication insuffisante sur les actions de formations dispensées à Mayotte et sur les organismes de formation" ; une insuffisance de continuité dans les actions de formation due à "une absence de coordination qui ne permet pas de construire des parcours cohérents entre les différentes acheteurs publics" ; une insuffisance de connaissance précise des besoins en compétence des entreprises ; une difficulté dans la mobilisation du public avec des dispositifs qui "ne prennent pas toujours en compte la réalité mahoraise" ; et un sousdimensionnement des services pour l'emploi. Le Comité régional de l'emploi, de la formation et de l'orientation professionnelle (Crefop) a justement vocation à évaluer les besoins et à dégager des pistes de réflexion pour améliorer la formation professionnelle à Mayotte.

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RSMA UNE CHANCE POUR LES JEUNES ET LE TERRITOIRE Fahardine Mohamed, vice-président patronat-Medef de la structure connait bien la problématique : "C'est vrai. Pour des formations de qualité qui nécessitent des compétences techniques et qui peuvent répondre à la demande, on a du mal à avoir les formateurs pour dispenser les formations. Ce qui amène à une pénurie de main d'œuvre qualifiée. Quand on regarde dans le secteur de la comptabilité par exemple, les cabinets ont vraiment du mal à recruter des vrais comptables, passionnés du métier. Idem pour des techniciens en informatique et tout ce qui relève du domaine du support aux entreprises, la difficulté à recruter est réelle. Même dans l'assainissement, dès qu'ils cherchent des responsables techniques, c'est très difficile." Un manque de formations qui tient aussi à la question des opérateurs de compétences (opco), un seul à Mayotte, contre 11 à métropole. Ce que soulève le vice-président du Crefop : "À Mayotte, on a fait le choix de n'avoir qu'un seul opco, qui est censé représenter tous les autres au niveau national. Or, si je suis salarié d'un secteur qui dépend d'un opco en métropole, je ne peux pas me former parce celui à Mayotte n'a pas encore reçu la mandature ou les ordonnances nécessaires pour lui permettre de financer la formation des salariés qui ne sont pas dans son secteur. C'est une barrière supplémentaire qui se pose à la formation." Reste la solution d'envoyer les salariés se former à La Réunion ou en métropole. Une démarche pas si évidente. "Envoyer les salariés se former ailleurs, cela a un coût très lourd pour une entreprise", argumente Fahardine Mohamed en détaillant : "La récente réforme limite le budget formation des entreprises en fonction du nombre de salariés. Les entreprises de moins de 10 personnes ont par exemple un budget de 4 800 euros pour former leurs salariés, celles de plus de 10 ont un budget de 8 000 euros. Combien de personnes peut-on donc former avec ces contraintes ? D'autant que si un salarié part en formation à l'extérieur, il faut compter qu'il ne sera plus là pendant ce temps, qu'il y a le prix du billet, celui de l'hébergement, de la restauration, etc. Et comme la pénurie en compétences est réelle, on est même pas certain qu'il ne soit pas recruté dans une autre entreprise à son retour, et donc si l'investissement va être rentabilisé."

DES COMPÉTENCES À LA CONCURRENCE Conséquence ? "Les entreprises vont recruter à l'extérieur. À Mayotte, les gens veulent évoluer, veulent accéder à ces postes-là, mais comme ils n'ont pas forcément la formation nécessaire, et donc les compétences nécessaires, ils ne peuvent pas y accéder. Cela crée une sorte d'injustice sociale au sein des entreprises." Un contexte délicat, d'autant qu'il entraîne un turnover : "Mayotte est petite, les entreprises se connaissent. Elles cherchent des compétences et quand elles apprennent qu'il y en a une dans telle entreprise, elles essayent de la recruter à leur tour. Il n'y a donc pas de stabilité. Tout cela concoure à mettre les entreprises en difficulté parce qu'il est difficile de se projeter

À Mayotte, le Régiment du service militaire adapté (RSMA) est une institution reconnue pour la qualité de son travail. Il a d'ailleurs le meilleur taux d'insertion outre-mer. Une réussite. Sa mission ? Apporter à des jeunes en difficulté de solides compétences professionnelles, mais avant des qualités humaines pour s'insérer dans le monde du travail : le "savoir-être". Objectif : l'insertion et l'emploi. Parmi les filières dans lesquelles les jeunes peuvent se former et trouver par la suite du travail : les métiers de la bouche et de service hôtelier, le bâtiment, l'aide à la personne, le commerce, la sécurité, l'animation sportive et de loisirs, la mécanique, etc. Un vaste choix répondant à des besoins concrets du territoire. En avril dernier, le lieutenant-colonel Frédéric Jardin, chef de corps du RSMA, l'affirmait d'ailleurs : "Lorsque Mayotte en aura besoin, le régiment s’adaptera et proposera ces filières de formations aux jeunes. Nous devons nous demander quelles formations, quelles filières devons-nous développer ici à Mayotte, répondant aux besoins de Mayotte tout de suite."

à long terme de cette manière. Et puis on constate aussi que le peu de compétences qui sont présentes sont souvent recrutées ensuite par l'administration, avec des salaires plus conséquents. Le secteur privé ne peut pas faire le poids."

ORIENTER LES FONDS Quelle solution alors ? Fahardine Mohamed reprend : "Il y a des schémas définit par les pouvoir publics. On le sait, il faut développer toutes les formations dans le domaine social, il faut développer le secteur de la mer, etc. Les initiatives, elles sont là. Ce que nous proposons, c'est d'étudier tous les freins qui existent pour orienter les financements dans les secteurs qui sont vraiment demandeurs." Et d'invoquer une politique qui a déjà porté ses fruits : "À l'époque, Mayotte avait besoin d'instituteurs. Je m'en rappelle : dès qu'on passait en seconde, on nous proposait une bourse tous les mois en échange de devenir instit une fois notre bac obtenu. Aujourd'hui, au lieu de le faire que dans le secteur de l'éducation, on le fait dans tous les secteurs qui en ont besoin. Cela serait une politique forte pour Mayotte."

"EN ORDRE DE BATAILLE" Retour à la Dieccte. Alain Gueydan, son directeur, est confiant et détaille les évolutions du secteur : "Cette première année nous a permis de connaître et partager avec les partenaires sociaux la connaissance du marché du travail. Il s'agit désormais de donner les moyens au Conseil départemental de déterminer sa politique et ses priorités en termes de formation professionnelle. Cela a été fait dans le cadre de son Contrat régional de développement de la formation et de l'orientation professionnelle. Y sont définis les 11 secteurs prioritaires de

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développement de la formation pour répondre aux besoins de Mayotte. En interne, le Département renforce également ses propres dispositifs pour s'inscrire dans les schémas nationaux, [notamment avec] le nouvel outil national qu'est la plateforme Agora, présentée ce vendredi 22. On va passer à un outil national interactif auquel seront rattachés tous les acteurs." Les investissements sont là : un effort de 7,5 millions d'euros de la part du Département qui, s'ils sont dépensés, seront complétés par l'État à hauteur de 3,6 millions d'euros cette année, et 4 millions l'an prochain. Le pacte : "l'État accompagne le Département en s'assurant qu'il ne réduit pas ses propres actions. C'est de la complémentarité." Et d'assurer : "Nous ne traînons pas. Le Crefop est en ordre de bataille. (…) Aujourd'hui se met en place une gouvernance quadripartite. On est passé d'un volet de revendications à un volet de partage des informations et de gouvernance partagée. Mr Le préfet et Mr le président du Département ont d'ailleurs souhaité que les commissions du Crefop soient coprésidée par un coprésident issu des salariés, et un autre issu des entrepreneurs, et non qu'il soit piloté seulement par les administrations, pour

que les partenaires soient les moteurs de ces commissions, que les partenaires sociaux aient toute leur place dans les discussions et les orientations en matière de formation professionnelle. La mobilisation de tous est réelle. On part de loin, avec beaucoup de travail à faire, à nous maintenant de ne pas décevoir la population sur le sujet." C'est ce qu'espère également le monde économique mahorais. Du côté de l'Agence de développement et d'innovation de Mayotte, la question de la formation est en effet essentielle. Le directeur général de l'organisme, Frantz Sabin, le confie d'ailleurs : "C'est le défi des années à venir. Il sera difficile, c'est vrai, mais il faut investir massivement dans la formation pour que Mayotte puisse accompagner son propre développement. Celui-ci se fera avec les hommes, et il faut qu'ils soient formés, qualifiés, pour cela." Et comme exemple parlant, celui de la piste longue annoncée par le président de la République Emmanuel Macron lors de sa venue à Mayotte : "Vat-on attendre que le chantier soit lancé pour former des travailleurs, ou le faisons-nous dès maintenant afin qu'ils puissent être disponibles et qualifiés lorsqu'il le faudra ?" n

16 RTE DE KAVANI / 97600 MAMOUDZOU - mayotteqseconseil@gmail.com

MAYOTTE QSE CONSEIL - 0269 63 14 05 / 0639 97 10 35

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PERSONNE EN SITUATION DE HANDICAP

UN VRAI VIVIER DE COMPÉTENCES FORMER, C'EST AUSSI PERMETTRE À DES PERSONNES DE S'INSÉRER DANS LA SOCIÉTÉ EN Y TROUVANT DU TRAVAIL. C'EST PARTICULIÈREMENT VRAI POUR LES PERSONNES EN SITUATION DE HANDICAP. ET IL N'E S’AGIT PAS QUE D'UN ACTE SOCIAL, MAIS BEL ET BIEN D'UTILISER DES COMPÉTENCES QUI PEUVENT CONTRIBUER À PORTER MAYOTTE. ENTRETIEN AVEC NAWAL YSSOUFA, DIRECTRICE DE L'ASSOCIATION MESSO, QUI ŒUVRE DANS LE DOMAINE. Mayotte Hebdo : À quelles difficultés se heurtent l'insertion et la formation professionnelle des personnes en situation de handicap à Mayotte ? Nawal Yssoufa : Pour ceux qui sont reconnus en tant que tel, la première difficulté est qu'ils ne font plus confiance au prescripteur. Beaucoup ne vont plus, par exemple, au Pôle Emploi parce que souvent, même si on n'est pas contre ces personnes en elles-mêmes, on sait peu comment les orienter. Nous, par exemple, on a une formation de 16 usagers avec deux formateurs. Aujourd'hui, les moyens alloués aux organismes de formation ne permettent pas d'avoir des équipes d'éducateurs ou autre, suffisantes pour accompagner au mieux l'usager en situation de handicap. Il y a une vraie frustration des jeunes en situation de handicap. Ils vont se retrouver à devoir suivre un rythme de personne valide, alors qu'elles ne le sont pas. Ce n'est pas adapté du tout. Ils ne s'inscrivent donc pas en formation continue ou, quand ils le font, ils n'y vont pas forcément parce que dès le début ils constatent la rupture. Il faut tout mettre en œuvre pour l'éviter et pour que ces jeunes puissent participer à ces formations. MH : Certaines personnes en situation de handicap ne sont pas, en plus, reconnues comme telle par l'institution… NY : En effet. La porte d'entrée, pour elles, c'est la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH). Cela reste un problème car les délais d'attente pour traiter une demande sont de l'ordre de deux ans. Néanmoins, une vraie structuration avec un gros rattrapage sont en cours. Mais on est dans une année charnière en ce qui concerne le handicap, car il faut le dire : que ce soit la MDPH ou les autres structures et institutions – nous avions d'ailleurs ce matin même une réunion à ce sujet (mercredi 20 novembre) –, tout le monde est au diapason pour se dire qu'il faut y mettre les moyens et mieux organiser les choses, afin qu'on sache clairement qui propose tel ou tel dispositif. On a une préfecture et un Département qui ont pris les choses très au sérieux, il faut le reconnaître : le temps consacré à la question du handicap est trois plus important que l'an dernier par exemple. Cela a bien évolué.

MH : Des problématiques qui s'ajoutent à la question du tabou que peut représenter le handicap à Mayotte… NY : Tout à fait. Il y a même des personnes salariées handicapées, mais qui ne vont pas faire la démarche pour se faire connaître. C'est une question de confiance, de représentativité du handicap à Mayotte. On a aussi des jeunes que l'on suit qui ne sont pas sortis de chez eux depuis deux ou trois ans. L'enjeu est de faire évoluer les mentalités et la valorisation de soi : quand on est en situation de handicap, il faut arrêter de se dire qu'on a un gros problème et qu'on ne peut donc pas avancer. C'est un long travail à faire avec les familles, les institutions et le prescripteur. MH : Plus largement, peut-on dire que les personnes en situation de handicap représentent un vivier de compétences important, sur un territoire qui en manque, et qu'il serait dommage de s'en priver ? NY : Exactement. L'un des créneaux sur lesquels nous travaillons est la question des entreprises adaptées. C'est un vrai enjeu. Les entreprises ont cette volonté d'intégrer mais manquent d'accompagnement. Les services des relations humaines nous le disent clairement : ils ne peuvent pas consacrer deux jours pour connaître les dispositifs et les aides existantes, pour monter un dossier complexe auprès de l'Agefiph (Association de gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées), etc. Et puis il y a le turn-over des prescripteurs : des personnes montent le dossier, et puis s'en vont deux ou trois après. Le suivi est fastidieux. C'est dommage car les personnes en situation de handicap représentent un vrai plus pour l'économie. Actuellement, on réfléchit à une entreprise adaptée oeuvrant dans le nettoyage, ou encore l'environnement. D'autres structures y réfléchissent dans la restauration aussi. En somme : des choses qui sont nécessaires à Mayotte. Ces personnes-là, soit on fait comme si elles n'existaient pas – mais c'est voué à l'échec car on ne peut pas mettre de côté toute une partie de la population –, soit on se dit qu'ils ont droit à une chance. Ils ne sont pas inutiles, loin de là, et peuvent apporter quelque chose à une entreprise et à la société.

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FORMATION INITIALE

UN ÉLÉMENT DÉTERMINANT SI LE DÉVELOPPEMENT DE LA FORMATION CONTINUE, C'EST-À-DIRE CELLE QUI PERMET AUX SALARIÉS D'ACQUÉRIR DE NOUVELLES COMPÉTENCES TOUT AU LONG DE LEUR CARRIÈRE, EST NÉCESSAIRE À MAYOTTE, LA FORMATION INITIALE RESTE LE PREMIER ÉCHELON VERS L'ACQUISITION DE COMPÉTENCES EN VUE D'UNE VIE ACTIVE. UN ENJEU DONT LE VICE-RECTORAT A BIEN CONSCIENCE. PHILIPPE LEFEBVRE, DÉLÉGUÉ ACADÉMIQUE À LA FORMATION PROFESSIONNELLE INITIALE ET CONTINUE AU VICE-RECTORAT NOUS EN DIT PLUS. Mayotte Hebdo : On sait les difficultés pour les entreprises à trouver des compétences spécifiques à Mayotte. Les filières et spécialités mises en place par le vicerectorat, qu’elles soient générales ou plus particulièrement professionnelles, tiennent-elles comptent des besoins à venir ? Philippe Lefebvre : La carte des formations est un des enjeux majeurs de la préparation de rentrée. Elle répond à un double objectif : répondre à la demande économique et répondre à la demande des jeunes. Pour faire converger les deux, il existe dans nos formations un parcours éducatif mis en œuvre depuis 2015, d'information et d'orientation vers les différents métiers, ceci constitue le "parcours avenir", qui commence en sixième, au collège, jusqu'en terminale. Il vise l’acquisition de compétences et de connaissances nécessaires pour se projeter dans l’avenir et faire des choix raisonnés et éclairés. Le processus d'évolution de la carte des formations part du Contrat de plan régional de développement des formations et de l'orientation professionnelles (CPRDFOP), un document stratégique qui fixe les besoins du département à cinq ans, des travaux du Comité régional de l'emploi, de la formation et de l'orientation professionnelles (CREFOP)

qui regroupe tous les partenaires, État, Département, employeurs et salariés. Le vicerectorat adapte à la hausse, à la baisse, en ouverture ou fermeture l'offre de formation. L'offre de formation initiale sous statut scolaire vise la montée en compétences de l’ensemble des jeunes de Mayotte, qualification qui reste la meilleure façon de trouver un emploi : le niveau de formation initiale est un élément déterminant d’insertion. Par contre, les entreprises peuvent avoir des besoins à moyen terme, deux ou trois ans. C'est là qu'intervient l'apprentissage, garant du besoin des entreprises, car il y a signature d'un contrat de travail. Ce mode de formation permet une montée en compétence du futur collaborateur de l'entreprise, grâce à une formation en alternance, une semaine en entreprise et une semaine en centre de formation. Elle se traduit par l'obtention d'un diplôme national, CAP, Bac pro ou BTS. Et, pour les demandes expertes des entreprises, souvent à court terme, le besoin d'un spécialiste de la fibre chez un opérateur du numérique par exemple, c'est la formation continue qui constitue la meilleure réponse pour l'entreprise en termes de délai/livrable. Le Greta*, qui est un des 80 organismes de formation, construit une réponse adaptée au besoin spécifié. L'entreprise envoie ses salariés en formation.

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LES FILIÈRES PROS EN CHIFFRES 1 700 élèves en CAP, dans 36 formations dont 10 en apprentissage.

MH : On connait le contexte socio-économique de Mayotte, avec des élèves souvent en difficulté et un niveau réputé assez faible. De fait, la formation professionnelle, qui permet aussi de répondre à des attentes fortes sur le territoire, bénéficie-t-elle d’une attention particulière ? PL : La formation professionnelle est un des enjeux pour un territoire en construction comme Mayotte. Sans négliger les formations générales, qui permettent à des jeunes Mahorais de faire des études supérieures et de prendre des postes à responsabilité, la formation professionnelle offre une forme d'apprentissage plus adaptée pour certains jeunes, qui ont besoin de faire pour apprendre. Les activités proposées ont tout de suite un sens, ce qui permet de développer la motivation et donc la réussite du parcours de formation avec, à terme, l'obtention du diplôme visé. La force de la formation professionnelle est de proposer à tout type de profil un parcours d'apprentissage qui vise l’excellence, du maçon au technicien en systèmes numériques : un jeune ayant une idée précise de ce qu'il veut faire plus tard ou un jeune ayant des difficultés scolaires que l'on remotive grâce à une formation plus adaptée.

3 700

élèves en bac professionnel, dans 33 formations dont deux en apprentissage.

1 200

étudiants en BTS, dans 15 formations dont trois en apprentissage.

MH : Quelles sont les filières professionnelles amenées à se développer dans les années à venir à Mayotte ? PL : Le secteur production est très demandée, idem pour les métiers de la sécurité, du BTP, du numérique, du service aux entreprises. Les indicateurs économiques sont explicites. Le secteur du sanitaire et social devrait lui aussi se développer. Le secteur des services (vente, commerce, etc.), déjà très développé au sein de nos formations peut encore s'étoffer de quelques-unes Le secteur hôtellerierestauration doit aussi être accompagné dans son développement en vue du développement du tourisme à Mayotte. *Structure de l'éducation nationale qui organisent des formations pour adultes dans de nombreux métiers.

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ELYES AKRIMI, RESPONSABLE D'EXPLOITATION TIFAKI INTERIM

"PLUS LA DEMANDE EST SPÉCIFIQUE, PLUS LA DIFFICULTÉ EST GRANDE" AVANT LA FORMATION PROFESSIONNELLE, IL Y A PARFOIS L'INSERTION PAR L'ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE. COMPTE TENU DU CONTEXTE ÉCONOMIQUE ET SOCIAL DU TERRITOIRE, LES BESOINS EN LA MATIÈRE SONT GRANDS. PARMI LES ACTEURS PHARES DU SECTEUR, L'ASSOCIATION TIFAKI HAZI, QUI A INAUGURÉ IL Y A UN AN TIFAKI INTÉRIM. OBJECTIF DE CETTE STRUCTURE DE TRAVAIL TEMPORAIRE : METTRE EN RELATION LES ENTREPRISES ET LES DEMANDEURS D'EMPLOI EN DEMANDE D'INSERTION. ENTRETIEN AVEC ELYES AKRIMI, RESPONSABLE D'EXPLOITATION DE TIFAKI INTERIM. Mayotte Hebdo : Mayotte Hebdo : Tifaki Hazi a inauguré il y a un an Tifaki Intérim, qui met à disposition des entreprises des personnes recrutées par votre société. De quel constat est née cette initiative ? Elyes Akrimi : Tifaki Hazi existe depuis une vingtaine d'années sur le territoire et a pour objectif de favoriser toutes les personnes rentrant dans la catégorie de l'insertion. Il existe plusieurs types de structures pour ce faire : l'association intermédiaire Tifaki Hazi, qui permet de mettre un pas à l'étrier via de petites missions. Mais cela a des limites, car lorsqu'un demandeur d'emploi arrive dans le cursus, il bénéficie d'un agrément Insertion par l'activité économique (IAE) de Pôle Emploi, valable deux ans. Durant cette durée, Tifaki Hazi peut donner un nombre indéfini de missions à cette personne. Par contre, au niveau des entreprises, la limite est de 450 heures. Donc on se rend compte que c'est un tout petit volume horaire. Une nouvelle structure a donc été mise en place : Tifaki Service, une entreprise d'insertion (EI). C'est une société qui va faire des prestations de biens et de

services sur tout le département, sauf qu'on a ici une restriction horaire de 24 heures hebdomadaires. L'outil qui manquait à Tifaki Hazi pour répondre à la montée en compétence des demandeurs d'emplois, c'était l'entreprise de travail temporaire d'insertion : Tifaki Interim. Avec cela on peut intervenir sur tout le territoire sans contraintes horaires, et du coup avec un salarié en insertion dont on connait les compétences car il sera passé auparavant par nos autres structures, aura bénéficié de formations, d'un accompagnement, etc. On peut donc lui proposer des missions un peu plus "compliquées" que les missions initiales chez Tifaki. Le but : lui permettre de trouver un emploi de lui-même et de manière stable. MH : Il y a donc acquisition de compétences, même de base, ce qu'on appelle le savoir-être. À quel niveau de compétences recrutez-vous ? EA : On a deux manières de voir les choses. À Mayotte, on a un vivier un peu spécifique, avec des compétences qui peuvent être limitées. Un des premiers facteurs qu'on

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LE DOSSIER

va regarder, c'est la motivation. Une personne motivée qui vient ici, qui est polyvalente, qui peut être transversale dans ses missions, on va lui faire plus confiance qu'une autre qui ne va demander qu'à faire du secrétariat, par exemple. Il faut savoir que Tifaki a deux casquettes : prospecter les entreprises pour évaluer leurs besoins, et trouver un demandeur d'emploi qui va répondre à ce besoin. Très souvent, chez nous, les gens viennent en pensant qu'on dispose d'une palette illimitée d'emplois et qu'on va pouvoir les placer dans notre base de données. Or, pour nous, l'intérêt n'est pas de disposer de 6 000 demandeurs d'emploi, un vivier énorme qu'on ne pourrait pas utiliser. Nous en avons actuellement une cinquantaine, mais on les optimise. Si la personne est polyvalente, on va la faire travailler lundi sur un chantier de manutention, le mardi sur du bâtiment, le mercredi sur de l'entretien, etc. On peut maximiser la disponibilité de cette personne pour valoriser ses compétences et lui apporter plus de revenus, lui permettre d'avoir un suivi et de développer encore plus ses compétences. Aujourd'hui, la Chambre régionale d'économie sociale et solidaire (Cress) a fait un gros travail sur les clauses d'insertion dans les appels d'offres publics pour obliger les entreprises à recruter des personnes dans cette catégorie, soit en direct, soit en passant par des structures comme les nôtres. On peut par exemple nous demander des électriciens sur un domaine bien spécifique, de la basse tension par exemple. Nous on va alors essayer de faire une recherche de profils en ce sens, mais une personne qui a des compétences en électricité, on va aussi lui donner sa chance, parce que l'entreprise qui travaille avec nous sait qu'elle n'aura pas forcément le profil parfait, et on sait les difficultés à Mayotte pour trouver des personnes qui ont des compétences dans certains domaines. MH : Justement, sur la base de votre constat au quotidien, où est l'obstacle entre une demande forte de compétences, et une offre finalement limitée ?

EA : Ce qui est intéressant, c'est que le département est en constante évolution. On est dans un virage. Les corps de métiers sollicités sont variés. Dans le bâtiment par exemple, cela va être du charpentier, du menuisier, du soudeur, etc., plus toutes les spécialités. Nous parlions de soudeurs, mais à l'intérieur de ce corps, il y a la soudure à l'arc, inox, aluminium, etc. La difficulté est là : plus on va rentrer dans un corps de métiers spécifique, plus la complexité à trouver la compétence attendue est grande. Il n'y a pas longtemps, une structure du bâtiment m'a sollicité pour trouver deux charpentiers et cela a été très difficile de le faire. Autre exemple avec les chauffeurs poids-lourds, qui jusqu'ici n'avaient pas l'obligation d'avoir la Fimo (formation initiale minimum obligatoire), comme en métropole. On a beaucoup de chauffeurs poids-lourds, mais très peu ont cette formation. Dans tous les corps de métiers, on peut avoir des lacunes, mais, en ce qui nous concerne, la difficulté n'est pas tant de trouver la personne adéquate que de trouver celle qui est éligible à l'Insertion par l'activité économique. On a parfois des demandeurs d'emplois qui viennent, qui ont la compétence exacte recherchée, mais qui ne sont pas éligibles. On doit donc trouver la personne générique qui pourra répondre à cette demande. MH : Quelles compétences sont attendues par les entreprises ? EA : Les besoins évoluent tous les jours. Hier, cela pouvait être des besoins simples, mais demain ils seront peut-être plus compliqués. Dans le bâtiment par exemple, les entreprises me disent qu'elles ont des factotums, des hommes à tout faire en quelque sorte. Par contre, quand elles vont avoir des demandes très précises, cela va être compliqué, la charpente par exemple. Dans un autre domaine, l'informatique, c'est difficile de trouver un informaticien dans la catégorie insertion. La raison est simple : lorsqu'une personne est qualifiée, elle trouve du travail rapidement. De manière

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générale, les besoins des entreprises aujourd'hui sont des compétences spécialisées. MH : À quelles difficultés les organismes tels que Tifaki Interim sont-ils confrontés ? EA : La personne qui est demandeuse d'emploi sur la longue durée, c'est sans doute quelqu'un qui n'a pas ou peu de revenus. Imaginons que je trouve un soudeur – donc quelqu'un qui a ici une compétence précise – dans le sud pour une mission dans le nord. Il va peut-être refuser parce que c'est trop loin, parce qu'il ne pourra pas payer ses déplacements, etc. Il y a aussi la question de l'agrément IAE, auquel il faut être éligible, ce qui n'est pas toujours le cas. C'est des difficultés d'ordre administratif par rapport aux salariés en insertion, plus que des obstacles techniques. Mais on a la chance, sur les missions demandées, d'avoir la casquette de l'insertion. Quand on prospecte, les gens connaissent notre cœur de métier, savent cela. Le client a donc une certaine ouverture d'esprit. Il sait qu'il ne va pas avoir un salarié très qualifié, mais quelqu'un qui se remet le pied à l'étrier. MH : Sans être dans la formation professionnelle à proprement parler, vous donnez donc des bases essentielles au salarié. Un premier pas vers des compétences améliorées ensuite… EA : Exactement. Les structures IAE, c'est cela. C'est un accompagnement pour redonner de la confiance, l'acquisition de premières compétences, etc. La personne rentre chez nous, elle a très peu de connaissances, elle a besoin d'un accompagnement. On va alors la rediriger vers des centres de formation si on voit que c'est possible, par exemple. En interne on a des encadrants techniques qui suivent les gens sur le terrain, d'autres qui font des suivis mensuels, etc. L'idée, c'est d'avoir cette montée en compétence, d'amener la personne vers plus d'autonomie pour qu'elle puisse de débrouiller par elle-même, et – si elle fait de bon travail chez nos clients – être recrutée.

"À MAYOTTE, IL Y A DES BESOINS, ET CHACUN PEUT S'EN SORTIR" accueillir toute la misère du monde mais qu'elle doit en prendre sa part. Je la transformerai en disant que si cette pauvreté veut travailler, pourquoi le territoire devrait-il s'en priver ? Il y a du travail partout ici. La preuve : les associations intermédiaires du territoire ne sont pas des concurrents, mais des collaborateurs. Il y a un besoin qui se fait sentir, avec un fort turnover et du savoir qui part. Alors autant utiliser la main d'œuvre à disposition. Allons-y. MH : Quel est le plus gros défi d'avenir, selon-vous ? EA : On est là pour accompagner des gens. Le défi c'est dont de faire en sorte que 100% de ceux qui sortent de nos structures trouvent du travail, qu'ils prennent part à la société. Il y a des besoins et ils peuvent s'en sortir. n

MH : On connait les difficultés de Mayotte en termes de qualification. Est-ce que le secteur de l'insertion peut représenter un gros vivier potentiel pour l'économie ? EA : Le département est très particulier en effet. On pourrait dire que la moitié de la population entre dans la catégorie de l'insertion. On ne peut pas la laisser de côté. Michel Rocard disait que l'Europe ne peut pas

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Raïnat Aliloiffa

VISITE

BIENVENUE DANS LES NOUVEAUX LOCAUX ÈRE DE MAYOTTE LA 1 C’EST ENTRE APPRÉHENSION ET EXCITATION QUE TOUTES LES ÉQUIPES DE MAYOTTE LA 1ÈRE ONT PRIS POSSESSION DE LEUR NOUVEAU SIÈGE DEPUIS LE 6 NOVEMBRE. LA PENDAISON DE CRÉMAILLÈRE A EU LIEU CE MERCREDI 20 NOVEMBRE À L’OCCASION DE L’INSTALLATION DE L’ÉQUIPE TÉLÉ AUX HAUTS VALLLONS. IMMERSION DANS CETTE NOUVELLE STATION QUI EN MET PLEIN LA VUE.

L’extérieur de la nouvelle station de Mayotte la 1ère

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Ils sont tout beaux, ils sont tout neufs. Après plus de deux ans de construction, les nouveaux locaux de Mayotte la 1ère sont désormais ouverts depuis deux semaines. Les équipes de la radio, internet et l’administration ont été les premiers à s’installer. La rédaction télé et ses techniciens ont emménagé ce mercredi 20 novembre. La diffusion du premier journal télévisé a mis en ébullition tout le personnel. L’émotion et l’excitation étaient au rendez-vous. « Je n’ai jamais été aussi stressée. Je sentais tous les regards braqués sur moi alors que normalement j’arrive à faire abstraction. Mais finalement tout s’est bien passé et je peux relâcher la pression », confie Siti Daroussi, présentatrice du journal télévisé, à la fin de son édition.

UNE STATION À LA POINTE DE LA TECHNOLOGIE Une nouvelle page se tourne pour Mayotte la 1ère. Mais pas de regrets pour les principaux concernés qui sont ravis de leur nouveau lieu de travail. « Je suis content car ces locaux sont adaptés à nos besoins. On a du nouveau matériel à 98%, et un peu de récupération de l’ancienne station » s’enthousiasme Malidi Mohamed, chef de centre. Ce bâtiment est à la pointe de la technologie et est très moderne. À l’intérieur comme à l’extérieur l’architecture est sophistiquée, rien n’est laissé au hasard. Chaque service a son environnement

et le matériel nécessaire. L’immeuble dispose d'un sous-sol dédié à la régie et aux plateaux télé. Au rez-de-chaussée se trouvent les studios radio et maquillage. Puis à l’étage sont installées les différentes rédactions, l’administration et la cafétéria. Le tout est construit sur 3000 mètres carré de superficie. Le bâtiment lui-même fait 2600 mètres carré. Le directeur régional Jean Philippe Lemée est fier de ce bijou synonyme de nouveaux projets. « C’est le dernier bâtiment construit du groupe France Télévisions. Il est fait pour accueillir une télé, une radio et le numérique. Ce dernier volet est très important pour Mayotte la 1ere. En 2020 on se focalisera d’ailleurs sur ça. Nous allons vers une convergence de nos trois antennes avec une couverture à 360 degrés. Ce qui nous permettra de donner une information complète, sur l’ensemble des médias disponibles aujourd’hui, à la population à Mayotte mais également à l’extérieur. » Les animateurs, journalistes et les techniciens sont quant à eux satisfaits du matériel qui est à leur disposition. « Cela nous change de la Petite-Terre où ce n’était plus possible. On a déjà poussé les murs plusieurs fois. Les conditions de travail n’étaient pas optimales. Maintenant nous avons un bel outil, à nous d’être à la hauteur », déclare Bouche, coordinateur radio et animateur. Le siège de Mayotte la 1ère redonne de l’espoir non seulement aux équipes de la chaîne, mais également à toute la population mahoraise qui voit ce déménagement comme une évolution positive de la société. n

Open space de la rédaction télé. Les journalistes écrivent leurs sujets sur ces ordinateurs neufs. Un autre open space existe également pour la rédaction radio.

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Studio radio avec l’animatrice Natacha et ses invités en direct. Un deuxième studio radio se trouve à côté. Entre les deux se trouve la régie.

Les maquilleuses sont contentes de la pièce qui leur est dédiée. « Ça fait plaisir de travailler dans ces conditions » déclare l’une d’elle.

Dans l’open space de la rédaction télé, un espace est emménagé comme un plateau. Il sert à faire des directs. Anastasia Laguerra est la première journaliste à le tester.

L’espace d’accueil du bâtiment. Des fauteuils sont placés dans les recoins de la pièce. Quatre écrans télé permettent de suivre en direct les programmes de plusieurs chaines du groupe France Télévisions.

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Jean-Philippe Lemée directeur régional de Mayotte la 1ère, Toufaili Andjilani rédacteur en chef de toutes les rédactions, et Abdou Mohamed Kaphet dans la régie télé.

La régie télé et les techniciens quelques minutes avant la diffusion du premier JT.

Le nouveau plateau télé du JT a un design très moderne. Des images en direct de la barge sont diffusées sur l’écran se trouvant derrière le présentateur.

« Le plateau télé est magnifique. Il y a pleins de projecteurs, de lumières et de caméras mais je me suis sentie à l’aise. C’est un vrai plaisir pour travailler,» sourit Siti Daroussi, en compagnie du présentateur Darouche Daou.

Second plateau télé destiné aux émissions. Les différentes lumières disponibles permettent de changer de décor pour chaque programme.

Les téléspectateurs pourront désormais assister aux émissions. Un espace est créé sur le plateau télé pour accueillir le public.

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LITTÉRATURE

Christophe Cosker, "L’Invention de Mayotte", Pamandzi éd. La Route des Indes, 2019.

LISEZ MAYOTTE Chaque semaine, Christophe Cosker, auteur de L'invention de Mayotte, vous propose la quintessence de chacune des trente-six inventions de Mayotte relevées dans l’ouvrage éponyme.

Alors que les textes précédents faisaient la part belle à Mayotte, au sein de l’archipel des Comores, force est de reconnaître qu’au sein du XIXe siècle français, âge d’or de la colonisation, Mayotte n’occupe pas une place prépondérante dans la littérature coloniale. Cette place s’explique par l’exiguïté de la taille de l’archipel des Comores, et plus encore de Mayotte. Les îles sont, en outre, des espaces enclavés. Face à l’immensité des continents africain et asiatique dont la France coloniale possède des pans, la force d’attraction de Mayotte est moindre, ou peut-être plus discrète, car l’île baigne dans l’océan qui fait le lien entre deux hauts lieux de l’exotisme culturel. Dans l’introduction de L’Invention de Mayotte, nous avons signalé que nombreux sont les panoramas coloniaux dans lesquels Mayotte n’apparaît pas, sans oublier que le prix de brièveté revient à Gustave Léon Niox. Mais l’ampleur de son ouvrage excuse la place qu’il accorde à Mayotte dans Géographie : l’expansion européenne, Empire britannique, Asie, Afrique, Océanie : « Mayotte, 10 000 habitants malgaches, indoux [sic] et arabes (altitude de 380 mètres), appartenant à la France depuis 1843) ». L’île est perçue comme un nom, une population, un sommet et un statut. On notera que Niox retient la date d’installation de la France à Mayotte, deux ans après la signature du traité de cession. Onésime Reclus quant à lui, à qui l’on prête l’invention du terme « francophonie », intitule plus sobrement son ouvrage Géographie. Plus discret, ce titre n’est ni moins vaste ni moins ambitieux. Il revient sur la situation de Mayotte pour les navigateurs et retient la même date que Niox. C’est donc presque le même texte, mais avec un peu plus de chair. Et le mot lagon n’y est toujours pas employé. On trouve donc, à défaut, la périphrase « bassin tranquille environné de coraux ».

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Christophe Cosker

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GÉOGRAPHIE

Entre le 12e et le 13e degré, dans le canal du Mozambique, à deux cents kilomètres du rivage nord-ouest de Madagascar, l’île de Mayotte, qui nous appartient depuis 1843, fait partie de l’archipel des Comores. Elle émerge d’un bassin tranquille environné de coraux, elle est volcanique, avec des pitons de six cents mètres d’élévation, et couvre 32 000 hectares de terres fécondes, propres à toutes les cultures tropicales. Le climat n’y vaut pas mieux qu’à Nossi-Bé et sur plus de 7 000 habitants (Malgaches, Africains, Arabes), à peine y a-t-il deux cents Blancs, presque tous des créoles de Bourbon et de Maurice. Dzaoudzi, la capitale, est bâtie sur une île qu’un chenal sépare de Mayotte ; elle est si malsaine qu’on se propose de transporter le gouvernement de l’autre côté du chenal. Onésime Reclus, Géographie, Paris, Mulo, 1873, p. 771-772.

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Publi-rédactionnel

ACTUALITÉS DU RÉSEAU RURAL JOURNEE DE LA FEMME RURALE : VISITE CHEZ UNE EXPLOITANTE AGRICOLE DYNAMIQUE Le mercredi 30 octobre dernier, un déjeuner était organisé avec les agricultrices, le Préfet et les services de l’état, du département et de la CAPAM chez Corine AVICE Agricultrice de

profession. Ces femmes dynamiques et entreprenantes ont eu l’occasion de décrire la réalité parfois difficile de leur métier qu’elles exercent toujours avec passion.

Visite de la délégation, de l’élevage de bovins de Mme Avice.

FOCUS SUR UN PORTEUR DE PROJET : LA COMMUNE DE CHIRONGUI LANCEMENT DU GUIDE TOURISTIQUE ET CULTUREL DE LA COMMUNE DE CHIRONGUI LE 28 NOVEMBRE 2019 DE 9H À 11H, À LA MÉDIATHÈQUE. La ville de Chirongui conscient de son patrimoine historique mène depuis 2015 des actions de valorisation de ses sites patrimoniaux. Dans cette dynamique, la commune a souhaité mettre à l’honneur son patrimoine, sa culture et son potentiel touristique. C’est dans ce cadre que la Mairie de Chirongui à réfléchi à un projet de guide culturel et touristique afin de rendre visible tout le potentiel du territoire en valorisant le patrimoine local et contribuer à sa protection. Ce projet a été accompagné par le Groupe d’Action Locale (GAL) Ouest Grand Sud de Mayotte, il est cofinancé par les Fonds Européens Agricole pour le Développement Rural (FEADER). Le cout total du projet s’élève à 12 858 €. Le GAL a financé à hauteur de 11 572 euros et le conseil départemental 1 285 euros. Vous avez un projet ? contact : galouestgrandsud@gmail.com


Publi-rédactionnel

LE PROJET DES HAUTEURS DE CHIRONGUI : Sur les hauteurs de Chirongui, cinq sites patrimoniaux d’exception invitent à la randonnée et à la découverte d’une histoire communale riche en légendes et traditions : la rivière de

Padza

grotte tani

Mroni Mami, les padzas des hauteurs de Chirongui, l'ancien village de Mjini Chirongui et la grotte de Tani Malandi, la montagne aux esprits (Bungu Kakanoru).

le tani malandi

sentier malandi

La Mairie de Chirongui a déposé en 2018, un projet au FEADER pour l’aménagement du sentier des hauteurs de Chirongui. C’est en 2019, après avoir pris attache auprès de tous les propriétaires fonciers, que le FEADER a validé le projet porté par la Mairie. Ce projet d’un montant total de 90 198 € est soutenu par le FEADER à hauteur de 67 648 euros et par le Conseil départemental à hauteur de 7 758 euros. L’objectif de ce projet est d’aménager et de valoriser le sentier

des hauteurs Chirongui grâce à des travaux de sécurisation (création de passerelles en bois, création de marches dans la roche), des travaux de signalétique (balisage) et des travaux de confort (création de farés, de table de pique-nique et de panneaux d’information). Ces travaux effectués, l’objectif sera de promouvoir et de valoriser le sentier à travers des animations, des visites guidées et l’obtention du label "Promenade et Randonnée".


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LA COMMUNAUTÉ DE COMMUNES DE PETITE-TERRE (MAYOTTE) Recrute Un (e) Chargé de vérification et d’optimisation des bases fiscales H/F) Catégorie B/C : Rédacteur / Adjoint administratif DESCRIPTIF : Sous l’autorité du directeur des finances et de la commande publique, vous aurez pour mission de conduire toutes les actions qui contribueront à l’optimisation des bases fiscales de la communauté de communes. Les directives seront données par la direction, il s’agira pour l’essentiel d’un travail de terrain, de vérificateur des états fiscaux et de contrôle des Autorisations d’Occupation des Sols. Missions :

Adressage - En relation avec les communes adhérentes participer et vérifier la finalisation de l’adressage sur Petite Terre - S’assurer de la remontée des informations auprès de la DRFIP pour intégration dans les rôles

Optimisation de la Taxe d’Habitation et de la Taxe Foncière sur les propriétés bâties - Recensement et vérification des logements vacants identifiés par la DRFIP - Vérification sur le terrain des données des rôles de la DRFIP

Vérification des Autorisations d’Occupation des Sols - Vérification sur le terrain des constructions qui n’auraient pas obtenu une Autorisation d’Occupation des Sols - En relation avec la direction de l’urbanisme recensement et régularisations à engager avec les pétitionnaires concernés - Transmission en relation avec la direction de l’urbanisme des données auprès des maires et de la DRFIP

Profil : Baccalauréat minimum

Savoir et savoir-faire : - Bonne connaissances informatiques - Connaissances à minima des collectivités territoriales et des principes de la fiscalité directe locale - Qualités rédactionnelles - Compréhension de la problématique d’optimisation des bases

Savoir-être - Connaissance de la Petite Terre - Très grande rigueur - Capacités d’organisation - Très grande disponibilité - Qualités relationnelles Capacités de synthèse et d’analyse et d’initiative

Conditions de recrutement : - Poste à temps complet. - Cadre d'emploi : Rédacteur/ adjoint administratif. Type de recrutement : contractuel.

Rémunération statutaire. Poste à pourvoir dès que possible Candidature avec lettre de motivation + C.V. à adresser, avant le 18 décembre 2019, à : Gérard BAUZA : Directeur Général des Services Amida SIAKA : Assistante de direction et des assemblées – référent RH/ formation Communauté de Communes de Petite Terre Rue PPF-CS 83416- 97615 Pamandzi cedex. Mail : ccpt@cc-petiteterre.fr / GSM : 0639 10 63 93


LA COMMUNAUTÉ DE COMMUNES DE PETITE-TERRE (MAYOTTE) Recrute Un (e) Chargé de gestion immobilière et foncière H/F) Catégorie A : Attaché Territorial DESCRIPTIF : Sous l’autorité du directeur de l’urbanisme, de la planification et de la politique foncière, vous participerez à la définition, la déclinaison et la mise en œuvre des orientations stratégiques de la collectivité en matière immobilière et foncière en utilisant les outils juridiques et financiers disponibles. Apporte une expertise foncière et patrimoniale dans le cadre de l'élaboration des projets d'aménagement. Oriente et conseille les élus et les services opérationnels. Vous coordonnerez les actions des différents acteurs potentiellement impliqués dans de futures opérations d’aménagement. Participe aux opérations portées par le chef de service.

Missions : - Mise en œuvre des orientations stratégiques en matière foncière ; - Gérer la mise en œuvre et le suivi des procédures d’acquisitions et de cessions du patrimoine intercommunal (amiable, préemptions et expropriations) ; - Mise en œuvre d'une stratégie foncière à long terme - Définition et mise en œuvre des procédures foncières adaptées ; - Collaborer avec les différents partenaires fonciers du territoire (communes, Département, EPFAM, France Domaine, notaires, géomètres…) afin de mettre en œuvre la politique de développement urbain porté par les élus ; - Suivi des contentieux - Participation auprès du chef de service aux opérations d’aménagement, à l'élaboration du budget et des documents d'urbanisme (PLUi).

Profil : - De formation de l’enseignement supérieur en droit public ou en Aménagement du territoire (Bac + 3 minimum) ; - Expérience souhaitée dans le domaine de la gestion patrimoniale d’une collectivité ; - Connaissance du code l’urbanisme ; code général de la propriété des personnes publiques et du droit administratif des biens ; - Connaissance des procédures et des outils d’aménagement et de maitrise foncière ; - Connaissance du territoire ou du contexte local

Savoir et savoir-faire : - Suivi et traitements, instruction des DIA ; - Mise en œuvre de l’exercice du droit de préemption urbain - Veille foncière à partir des DIA reçues ; - Assure la sécurité juridique des actes ; - Mise à jour des tableaux de bord de suivi des opérations foncières.

Savoir-être - Vous faites preuve de sens du service public, de rigueur, - De capacités d’organisation, d’une très grande disponibilité ; de capacités relationnelles et de travail en équipe ; de qualités rédactionnelles, de synthèse, d’analyse et d’initiative ; vous veillez à travailler en étroite relation avec les autres cadres et agents de la Communauté.

Conditions de recrutement : - Poste à temps complet. - Cadre d'emploi : Attaché Territorial. Type de recrutement : contractuel.

Rémunération statutaire. Poste à pourvoir dès que possible Candidature avec lettre de motivation + C.V. à adresser, avant le 18 décembre 2019, à : Amida SIAKA : Assistante de direction et des assemblées – référent RH/ formation Gérard BAUZA : Directeur Général des Services Communauté de Communes de Petite Terre BP 74 – Rue PPF 97615. Mail : ccpt@cc-petiteterre.fr / GSM : 0639 10 63 93 CDG 35 - Service Mobilité / Emploi / Compétences – 1, Avenue de Tizé – CS 13600 – 35236 THORIGNÉ-FOUILLARD CEDEX. Mail : service.metiers@cdg35.fr


MAGAZINE D’INFORMATION NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros 7, rue Salamani Cavani M’tsapéré BP 60 - 97600 Mamoudzou Tél. : 0269 61 20 04 contact@mayotte.hebdo.com Directeur de la publication Laurent Canavate canavate.laurent@mayottehebdo.com Directeur de la rédaction Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 38 soldat@mayottehebdo.com Rédacteur en chef Geoffroy Vauthier

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Couverture :

Enquête sur la formation à Mayotte

Journalistes Romain Guille Solène Peillard Grégoire Mérot Cyril Castelliti Raïnat Aliloiffa Direction artistique Franco di Sangro Graphistes/Maquettistes Olivier Baron, Franco di Sangro Commerciaux Cédric Denaud, Murielle Turlan Thomas Lévy Comptabilité Catherine Chiggiato compta@mayottehebdo.com Secretariat Annabelle Mouhamadi Première parution Vendredi 31 mars 2000 ISSN : 1288 - 1716 RCS : n° 9757/2000 N° de Siret : 024 061 970 000 18 N°CPPAP : 0121 I 92960 Site internet www.mayottehebdo.com


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