Mayotte Hebdo n°914

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#RÉGIONRÉUNION

APPEL À PROJETS

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ERVIR S LA RÉUNION

APPEL À PROJETS (AAP)

PATRIMOINE CULTUREL DANS L’OCÉAN INDIEN ASSOCIATION, ACTEUR PUBLIC, ORGANISME DE RECHERCHE, ORGANISME GESTIONNAIRE D’ESPACE NATUREL OU ÉTABLISSEMENT D’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR Vous avez des projets collaboratifs visant à développer les outils et connaissances utiles à la préservation et la valorisation du patrimoine culturel dans l’Océan Indien

RÉPONDEZ À CET APPEL A PROJET AVANT LE 4 FÉVRIER 2020 - 16h L’APPEL À PROJET EST TÉLÉCHARGEABLE SUR :

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LE MOT DE LA RÉDACTION

2020, ANNÉE CHARNIÈRE D'entrée, respectons la tradition. Mayotte Hebdo vous souhaite donc la meilleure année possible, la réussite, la santé évidemment, mais aussi détermination. Car cette année est une des années charnières pour notre territoire. Entre le plan de convergence, les mutations qui s'annoncent au sujet des retraites, la promesse (si elle est bien négociée en tout cas) de la manne financière que représente le projet gazier du Mozambique, ou encore des nouveautés en termes de formations, il s'agit de prendre un tournant essentiel pour les années à venir. C'est ce que nous expliquent plusieurs élus et acteurs de l'île. Cette année, vous retrouverez également notre rubrique À la rencontre de et les réussites mahoraises qu'elle met à l'honneur. Cette semaine, c'est Lisha Ahamada, premier coach et formateur en développement personnel originaire de l'île. De quoi avoir confiance en ce fameux avenir. Et puis, pour finir, nous vous proposons une rétrospective de l'année écoulée. Une manière de faire le lien avec hier, pour créer une continuité efficace pour l'avenir. Encore une fois, nous vous adressons nos meilleurs vœux, et bonne lecture à tous.

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COUP D’ŒIL DANS CE QUE J'EN PENSE

Laurent Canavate

Mayotte Hebdo n°316, vendredi 12 janvier 2007.

"IL FAUT PRENDRE LE TEMPS D'EXPLIQUER…" "Il faut prendre le temps d'expliquer…", "les gens n'ont pas compris, ils ne savent pas", "ils ne sont pas au courant des lois", "on ne peut pas plaquer des textes sans réfléchir"… Les remarques en ce sens sont pléthores. Les décideurs feraient mieux de faire leur travail, d'expliquer, plutôt que de répéter ces phrases comme une litanie mettant surtout en avant leur incompétence. Les textes, les lois, ce sont eux qui les votent, les valident. Ce sont eux qui décident. C'est à eux d'expliquer à la population ce qui va se passer. Mais dans de nombreuses mairies, mêmes les dates et ordres du jour des conseils municipaux ne sont pas annoncés à la population, affichés en mairie comme la loi l'impose. Alors comment les citoyens pourraient-ils y assister et être au courant de ce qui se décide. Il est aussi facile de ne pas savoir. Il suffit de ne pas chercher. Il suffit aussi d'oublier ce que l'on nous a dit. L'évolution du système sanitaire… On ne nous a rien dit. On ne nous a pas expliqué que les dispensaires allaient fermer, répétaient alors les habitants des villages concernés. Pourtant des réunions avaient eu lieu avec les élus, chargés d'informer leurs électeurs, leurs concitoyens, invités à ces réunions à ce titre. Mais ils n'ont absolument pas fait leur travail, quand bien même ils étaient venus assister aux réunions. Et à des réunions, les élus y sont conviés régulièrement. Des missions aussi. Mais ce n'est pas pour le plaisir. Il s'agit de rendre compte de ce qui s'est dit, de ce qui se décide, de ce qui est faisable. C'est ainsi que fonctionne la démocratie locale. Mais beaucoup d'élus ne sont à leur place que pour faire le beau, pour être appelé "M. le maire", dans la rue… ou "M. le président"… C'est le règne de l'apparat. En attendant l'avènement de la démocratie locale, voire participative. Les cases Sim ne sont plus offertes au plus grand nombre. Les élus ont-ils expliqué pourquoi il a fallu arrêter la gabegie ?... Parce que des abus importants ont été enregistrés. Certains faisant construire sur des fonds publics des maisons pour tous les membres de leur famille, résidant sur place ou à l'extérieur, et les louant à des m'zungus ou des clandestins, les transformant en commerce, alors que la réglementation l'interdisait

TOLERIE - PREPAR ATION - PEINTURE

et indiquait bien qu'il s'agissait de permettre aux plus défavorisés de disposer d'un toit décent. Pour ces abus notamment, le système a été remis en cause. Mais les élus siègent au Conseil de l'habitat. Ils dirigent la Sim. Participent aux commissions d'aménagement foncier. Certains se sont donc dépêchés de faire construire aux frais de l'Etat des maisons avant l'extinction du système. Tant pis pour les autres. Aujourd'hui, d'autres mécanismes tentent de voir le jour. L'assainissement sur Mamoudzou suit le même chemin… Ce sont nos élus, locaux, qui ont décidé de mettre en place l'assainissement, conscients de son importance pour notre environnement. Ce sont eux qui ont fixé les tarifs, les aides pour les raccordements… Et pourtant très peu sont connectés à ce réseau. Le foncier ne tardera pas à poser des problèmes, bien plus graves. La procédure qui commence avec la régularisation doit aboutir à l'obtention d'un titre de propriété. Une partie de la démarche est prise en charge par la Collectivité, mais dès qu'il faut payer, les formalités s'arrêtent. Et beaucoup croient, ou font croire, qu'ils sont propriétaires. Quand les désillusions finiront par arriver, il sera trop tard. C'est facile de faire croire qu'on ne sait pas, qu'on ne comprend pas. Il est du rôle des élus de l'expliquer, mais aussi de chacun d'en parler avec ses amis, sa famille, pour éviter des déconvenues. Les administrations ont elles aussi leur rôle à jouer en termes d'information et de communication. Il y a là un vrai vide, germe de problèmes à venir. C'est comme le débat sur le développement économique… Tout le monde le réclame, à corps et à cris, comme un préalable à tout, une nécessité… Mais personne ne fait de proposition concrète, au lieu de parler pour ne rien dire. Et ça fait des années que ça dure… Des cabinets extérieurs consultés copient parfois un projet réalisé ailleurs et le vendent bien cher. Il finira dans un tiroir, alors que des compétences existent de plus en plus sur l'île. Dans une société comme Mayotte aujourd'hui, en pleine évolution, le besoin d'explication, d'information est important. Il serait temps d'arrêter de mentir, de se mentir, et de parler honnêtement, utilement.

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S LE RÉTRO

Pour tous vos communiqués et informations

Une seule adresse : rédaction@mayottehebdo.com

Que faire de nos ordures ? La question que tout le monde se pose : comment gérer nos déchets ? Nous décrivions la situation du moment : "À l’horizon 2011, le centre de stockage des déchets ultimes devrait être mis en service. Cette structure, construite en partie grâce à des fonds européens, permettra d’assurer un meilleur traitement des déchets de l’île. L’Etat verrait d’un bon œil la création d’un syndicat unique qui se chargerait de la collecte et du traitement des déchets. Mais l’avènement de ce syndicat n'est pas encore réalisé, même si les communes commencent à délibérer dans ce sens." Mayotte Hebdo n°457, vendredi 8 janvier 2010.

Ce qui change en 2015 En toute logique, c'est un numéro de nouvelle année que présente Mayotte Hebdo cette année-là. Au programme : tout ce qui va changer en 2015. Des nouveautés nombreuses : hausse du Smig, revalorisation du RSA, hausse du prix des timbres, réforme des allocations familiales, hausse du prix du gazole, etc. Le numéro revient également sur les attentats alors menés contre Charlie Hebdo, avec de nombreuses réactions d'indignation face à ces actes et un rassemblement spontané sur la place de la République. Mayotte Hebdo n°686, vendredi 9 janvier 2015.

LA PHOTO D'ARCHIVE Réconciliation au MDM Août 2006 : divisés en deux courants depuis l'élection d'Adrien Giraud au poste de sénateur de Mayotte, les militants du MDM actent leur unité retrouvée dans la perspective du rendezvous référendaire de 2011. Une réconciliation qui va bien au-delà des deux courants et qui s'adresse à l'ensemble des courants d'idées favorables à une départementalisation de Mayotte.

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IL Y A 5 ANS

IL Y A 10 ANS

C'ÉTAIT DANS MH


TCHAKS LE CHIFFRE 5 C'est le nombre d'années pour lequel à été renouvelé l'agrément au service inter-entreprises de santé au travail de Mayotte (Medetram), par le Dieccte le 26 décembre. L’arrêté rappelle cependant la structure à ses engagements : celle-ci doit mettre en place dans le courant de l’année une antenne dans le nord du département ainsi que recruter un deuxième médecin du travail.

LA PHRASE

L'ACTION

"L’avenir est désormais prometteur"

Une rencontre pour parler des risques naturels La menace du cyclone Belna a réveillé un vieux démon des services de la protection civile sur le territoire : les risques naturels. Raison pour laquelle le service de protection civile rencontre les différents acteurs communaux pour permettre de parer au mieux à la prochaine menace. Une réunion s’est tenue en ce sens entre la préfecture et "la commune de Dembeni, les foundis et les responsables de mosquée pour évoquer la sensibilisation et l’alerte des populations en cas d’événement grave", a indiqué l'institution.

À l'occasion de ses vœux à la population sur Mayotte la 1ère, le préfet de Mayotte, Jean-François Colombet, estime que l'année 2020 a de quoi donner confiance, en particulier sur le volet économique. La raison ? Le contrat de convergence qui doit générer activité économique et emplois grâce à la commande publique, mais aussi le projet gazier du Mozambique : "Et les 150 milliards de dollars qui seront investis dans les trente prochaines années à 450 km de là, pour exploiter le gaz du canal du Mozambique, croyez-vous que cela ne soit pas prometteur pour le développement de Mayotte ?", a-t-il questionné.

SANTÉ Pic de dengue dans le nord Depuis le 16 décembre, au moins 15 nouveaux cas de dengue ont été signalés dont au moins 13 à M’tsamboro/Hamjago. Une recrudescence de la maladie qui a poussé l’ARS à déployer son personnel sur le terrain. Des agents de lutte anti vectorielle sont ainsi intervenus à plusieurs reprises dans le Nord pour identifier et supprimer les gîtes larvaires ainsi que faire de la prévention auprès de la population. "L’intervention de l’ARS est nécessaire, mais elle ne suffit pas", prévient cependant l’agence de santé. "En ce début de saison des pluies, elle appelle les habitants et les différents acteurs territoriaux à la vigilance et leur demande de se mobiliser en adoptant les bons gestes sans lesquels aucune prévention n’est efficace", poursuit l’ARS. Des bons gestes comme se protéger contre les piqures de moustiques, éliminer l’eau stagnante et consulter directement un médecin en cas de forte fièvre, maux de tête, douleurs musculaires et/ou articulaires et sensation de grande fatigue.

HANDICAP Sortie de conflit à la MDPH Les agents de la Maison départementales des personnes handicapées (MDPH) de Mayotte, menaçaient depuis le 30 décembre de se mettre en grève ce mardi 7 janvier, suite à leurs revendications non prises en compte par la direction. La manifestation a effectivement eu lieu mais a finalement été de courte durée. Un protocole de sortie de crise a en effet été signé en fin de matinée, destituant, entre autres, l’actuel directeur de la MDPH.

PROVERBE Hasira hasara. La colère est mauvaise conseillère.

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LE FLOP LE TOP Un Noël pour les enfants en famille d'accueil

Voilà trois ans que le Conseil départemental organise une remise de cadeaux pour les enfants placés en famille d’accueil. Cette année l’événement a eu lieu mercredi 8 janvier à la MJC de M’Gombani. Tous sont repartis avec un présent entre les mains et un sourire aux lèvres. Le viceprésident du Conseil départemental délégué aux Affaires sociales, Issa Issa Abdou, qui remettait les cadeaux, a profité de cette occasion pour saluer le travail fait par les familles et rappeler les dispositifs mis en place à Mayotte pour aider les mineurs isolés. Et de rappeler que "l’aide sociale à l’enfance est un gros chantier. Mayotte abrite 4 000 mineurs non accompagnés selon les chiffres donnés l'année dernière par le sociologue David Guyot. Cela nous oblige à jongler avec la loi et dépasser les chiffres autorisés qui est de trois enfants par famille ou quatre s’il y a une dérogation."

Le Dreamliner (encore) plaqué au sol

Décidément, il semble bien difficile pour les Boeing 787 d'Air Austral de décoller. Après une année ponctuée de pannes et d'immobilisation, un des Dreamliner de la compagnie a une nouvelle fois été immobilisée, mardi matin. De fait, la rotation Dzaoudzi-Saint-Denis-Dzaoudzi qui devait avoir lieu le même jour a été annulée, et les passagers reportés sur d'autres vols. En cause : un problème informatique qui, compte tenu de la haute technicité de l'appareil, très informatisé, rend compliqué une remise en route rapide. Toutefois, la compagnie a promis des améliorations à venir, avec des formations à ses équipes et le recrutement d'informaticiens. Des décisions consécutives à la venue d'une équipe d'experts de Boeing, diligentée par Air Austral. "Ces appareils sont parmi les premiers de cette nouvelle génération", invoque la compagnie en poursuivant : "C'est un tournant dans le monde de l'aérien, un tournant qui nécessite une adaptation. Cela va prendre un peu de temps, mais nous sommes de plus en plus performants sur ces nouveaux systèmes. Cela n'ira qu'en s'améliorant."

ILS FONT L'ACTU Gilles Halbout Le vice-recteur devient officiellement recteur. "Sur proposition du ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse et de la ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation : M. Gilles Halbout, professeur des universités, vicerecteur de Mayotte, est nommé recteur de la région académique de Mayotte, recteur de l’académie de Mayotte", indique ainsi le compte rendu du Conseil des ministres qui s’est tenu ce lundi 6 janvier. La nomination vient formaliser la fin d’un long processus de transition vers un rectorat de plein exercice, déjà entériné le 20 novembre 2019 par un décret transformant le vice-rectorat de Mayotte en région académique.

Mtoro Chamou Le musicien mahorais se hisse parmi les lauréats du pris des Musiques d'ici. Une nouvelle reconnaissance pour l'enfant du pays qui fait rimer rythmes locaux et occidentaux. De ce multiculturalisme, Chamssidine de son prénom, puise une inspiration inépuisable. Tantôt dans ses racines. Tantôt dans ses dérives. Des sujets qu'il portera une nouvelle fois sur la scène métropolitaine à l'occasion de sa nouvelle tournée. Il jouera notamment à Annonay en Ardèche le 25 janvier, et à la Cigale à Paris le 1er février, lors du festival Au fil des voix.

VOLCAN La plus grande poche magmatique jamais identifiée Une étude parue dans la célèbre revue Nature et menée par une équipe de chercheurs internationale a permis de retracer l’histoire du jeune volcan sous-marin qui s’est élevé au large de nos côtes. Elle a révélé un phénomène d’une ampleur inédite : les Mahorais ont assisté, sans le voir, à la plus grande éruption volcanique jamais enregistrée… Et habitent sur la plus grande poche magmatique jamais observée. Une étude qui rappelle à tous les acteurs que les risques ne sont toujours pas derrière nous : la déformation du réservoir sur lequel repose l’île continue et son effondrement pourrait déclencher d’importants séismes.

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À LA RENCONTRE DE...

Solène Peillard

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LISHANE AHAMADA

COACH ET FORMATEUR ENDÉVELOPPEMENT PERSONNEL LA CONNAISSANCE DE SOI ET DES AUTRES AU CŒUR. ADOLESCENT, LISHANE AHAMA DÉCOUVRE LE DÉVELOPPEMENT PERSONNEL ET LES BIENFAITS QU'IL PEUT LUI APPORTER AU QUOTIDIEN. DEPUIS, LA DISCIPLINE VERTÈBRE SA VIE À TEL POINT QU'IL EN A FAIT SON MÉTIER AFIN DE TRANSMETTRE AUX AUTRES CE QUI A ÉTÉ POUR LUI UNE VÉRITABLE RÉVÉLATION. CELUI QUI A QUITTÉ L'ÎLE APRÈS SON BAC Y REVIENDRA CE MOIS-CI POUR PROPOSER DEUX CONFÉRENCES GRATUITES ET GRAND PUBLIC DÉDIÉES À LA CONFIANCE EN SOI. UN RENDEZ-VOUS QUI POURRAIT MÊME SE PÉRENNISER. Deux frères énigmatiques qui rappent perchés au sommet de la Tour Eiffel. Voilà ce qu'évoquera à certains les lettres PNL. Mais pour d'autres, cet acronyme désigne un outil de développement personnel, la programmation neurolinguistique qui permet notamment de gagner en confiance en soi pour mieux atteindre ses objectifs. Et assurément, Lishane Ahamada appartient à cette deuxième catégorie. C'est adolescent que le Mahopolitain découvre ce concept développé dans les années 70. Alors lycéen à Mamoudzou, le jeune homme rencontre cette discipline en plongeant le nez dans les rayons de livres de ses camarades de classe, dont les parents s'intéressaient déjà au développement personnel. Ainsi

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CE QU'ILS EN DISENT Lucile L., élève de Lishane Ahamada en formation PNL Lishane est un formateur enthousiaste et énergique, bienveillant et avec l’envie de transmettre. La PNL m’a apporté une meilleure connaissance de moi-même, de mes besoins, et m’a permis de me fixer des objectifs à atteindre dans ma vie familiale et professionnelle.

nait la passion qui guidera le reste de sa vie. Alors, curieux de s'instruire et de travailler sur lui-même, Lishane dévore tous les ouvrages consacrés qu'offre la bibliothèque départementale, et y trouve même un écho à la philosophie prônée par les arts martiaux qu'il pratique en autodidacte depuis ses dix ans. À cet âge-là, le petit brin d'homme vivait encore dans sa Brest natale, aux côtés de ses parents, originaires de Mayotte. Entre quelques allers-retours, il viendra sur l'île quelques mois durant, du CE1 au CE2. Finalement, il rentre en métropole pour terminer l'école primaire et le collège. À sa ren-

trée au lycée, le revoilà à Mamoudzou. Lishane y restera jusqu'au baccalauréat, avant de s'envoler pour Toulouse. Entre les briques de la ville rose, le Mahorais passe une première année de prépa, avant d'intégrer la faculté. Il en ressortira quatre ans plus tard, maîtrise de physique-chimie en poche afin de devenir professeur, et en toile de fond, "comprendre la matière", comme le résume Lishane. "On étudie la structure de la matière en physique-chimie, mais finalement, ce qui m'intéressait, c'était de comprendre la structure du comportement humain".

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CE QU'ILS EN DISENT

LA PASSION DU BIEN-ÊTRE Puis ses plans changent. Alors, le jeune diplômé passera les quatre premières années de sa vie active à Manosque, dans le sud-est de la France avant de prendre le chemin de l'Éducation nationale, non pas comme professeur mais en tant que surveillant de lycée. Là, il commence à s'intéresser plus sérieusement à la programmation neurolinguistique – la fameuse PNL – et travaille pour la première fois sur la thématique avec quelques élèves. "Je savais que j'avais l'envie de transmettre, mais en tant que surveillant, j'étais limité.", reconnaît le désormais entrepreneur. "J'avais les connaissances, mais pas les compétences". Alors, en 2011, Lishane Ahamada entame une formation dédiée aux relations humaines et à la communication et comprend véritablement le fonctionnement de la méthode et finit par fonder sa propre société, Vers la praxis. Pendant cinq ans, il conjuguera son poste de pion à celui de patron, avant de passer l'année dernière son diplôme de coaching en PNL en 2018. Depuis, Lishane Ahamada intervient auprès des particuliers et des entreprises, comme EDF, où il dispense à son tour des formations personnalisé sd'une demi-journée à plusieurs jours, tantôt sur la solitude des chefs d'entreprise, tantôt sur la confiance en soi. "On en parle beaucoup, mais ce n'est pas évident de la définir", analyse celui qui est éga-

Jean-Jacques Verger, formateur en PNL et en coaching de Lishane Ahamada et auteur de la préface de La méthode MARGEL

lement conférencier. "Et lorsqu'on a une idée claire des choses, ça devient plus facile de travailler dessus". Particulièrement dans le cadre de la PNL, dont la démarche consiste non pas à chercher la cause de ses problèmes, mais plutôt la solution, en s'inspirant de ceux qui ont réussi pour valoriser ses propres talents. Dans le prolongement logique de son activité, Lishane Ahamada a écrit et auto-diffusé son propre livre l'année dernière, La méthode MARGE, pour méditation, affirmation, respiration, gratitude et expression. "C'est une méthode que j'utilise depuis dix ans pour atteindre mes objectifs dans tous les champs de ma vie", sourit le formateur. "Cela aide à avoir une vision claire de ce que l'on veut en développant sa confiance en soi". Comme un clin d'œil à ses racines, Lishane va même plus loin en sortant une version limitée spéciale 976, réservée aux habitants de Mayotte, à leur multiculturalisme et à ses vertus pour une meilleure compréhension des autres et de soi-même. Des habitants auxquels il proposera pour la première fois de sa carrière deux conférences gratuites les 18 et 26 janvier, axées sur l'estime et l'image de soi. Des évènements ouverts et accessibles à tous, puisque "la confiance est universelle", comme le répète le formateur. Et si une demande se fait sentir, le trentenaire envisage de revenir au pays deux fois par an afin de réitérer ces rendez-vous, bien loin de l'Occitanie où il vit aujourd'hui. n

Lishane était un élève hyper impliqué, hyper studieux, bienveillant et généreux. Il a une grande qualité d'aide, il est vraiment au service de l'autre. Il a réussi sa reconversion professionnelle et il mérite vraiment ce qu'il est en train de vivre.

DES CONFÉRENCES À MAYOTTE POUR RENFORCER SA CONFIANCE EN SOI Lishane Ahamada animera deux conférences publiques et gratuites portées sur l'estime de soi, suivies d'ateliers autour de l'image de soi. Samedi 18 janvier à la MJC de M'gombani entre 14 et 17h ; Dimanche 26 janvier dans le magasin Uvaga situé rue du commerce à Mamoudzou, de 10h à 16h

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LE DOSSIER

2020

LES DOSSIERS QUI VONT FAIRE L'ANNÉE

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La tradition veut que l'on se souhaite une bonne année. Mais une bonne année, en réalité, c'est bien difficile à prévoir ! Tout au plus peut-on se projeter dans les grands dossiers qui vont la rythmer, et espérer qu'ils se révèlent positifs pour notre île. Pour en savoir plus, nous avons interviewé plusieurs acteurs politiques ou économiques du territoire. Quels sont les grands sujets qui vont les mobiliser cette année ? Quelles sont les grandes lignes qui vont faire 2020 ? Réponses.

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LE DOSSIER

G.V.

THANI MOHAMED SOILIHI, SÉNATEUR

PISTE LONGUE, RETRAITES ET ANTICIPATION L'ANNÉE 2020 S'ANNONCE CHARGÉE POUR LE SÉNATEUR THANI MOHAMED SOILIHI, ENTRE LE SUIVI DE LA PROMESSE PRÉSIDENTIELLE DE PISTE LONGUE, LE DÉBAT NATIONAL DES RETRAITES QUI CONCERNE AUSSI MAYOTTE, OU ENCORE UNE POSSIBLE RÉFORME INSTITUTIONNELLE DU TERRITOIRE. DE LA NÉCESSITÉ POUR L'ÎLE DE PRENDRE SON DESTIN EN MAIN. Mayotte Hebdo : Quels dossiers vont occuper votre année 2020 ? Thani Mohamed Soilihi : Il y en a un en cours, c'est la loi bioéthique, qui a vocation à étendre la PMA aux couples de femmes homosexuelles et aux femmes seules. Je fais parti de la commission spéciale montée au Sénat pour s'occuper de ce texte. Ce sont des travaux intenses qui impliquent des sujets très sensibles. C'est un dossier national, et qui concerne donc aussi Mayotte. Sujet national, toujours, et qui concerne lui aussi tout particulièrement Mayotte : les retraites. Il y a un enjeu qui est celui de la mise en place d'une retraite minimale de 1 000€ promise par le président. Il faut travailler sur cette avancée pour qu'elle soit appliquée à Mayotte aussi, puisque nous avons chez nous, depuis des années, des problèmes irrésolus de retraite dus aux difficultés de cotisations, dans un système où on est justement rétribué en fonction de ces cotisations. Cela va être un enjeu fort pou le département. MH : Le président Macron avait justement parlé de la convergence des droits sociaux à Mayotte, lors de sa venue sur le territoire. Il y a donc de quoi être confiant sur le sujet des retraites… TMS : Oui, mais être confiant ou pas n'est pas la seule question. Ce sont des sujets qui ne vont pas se faire tout seul. Ils impliquent que les parlementaires dont je fais partie suivent ce dossier de près pour que, le moment venu, Mayotte ne soit pas oubliée. Entre les promesses d'un président et les réceptivités, il peut y avoir un décalage, surtout si cela nécessite un travail des parlementaires. Je n'ai plus envie qu'on se lève un beau matin avec la gueule de bois en constatant qu'on a raté le coche. C'est la raison pour laquelle je mets un point d'honneur à être présent dans les débats parlementaires. Collectivement, il faut faire en sorte que cela ne soit pas un rendez-vous manqué. Alors oui, on peut être confiant lorsqu'on a vu que les engagement pris dans différents secteurs ont été tenus, mais à condition qu'il y ait le même suivi réalisé par les acteurs de Mayotte.

MH : En parlant de promesse, la piste longue en est une. Le sujet sera au centre de l'attention ? TMS : C'est évidemment un gros sujet. C'est pareil sur ce point : il y a eu la promesse du président de la République, mais si on ne fait rien, elle ne viendra pas. C'est pour cela que j'ai demandé très tôt à ce qu'un comité de suivi soit mis en place, et je me réjouis que le président du Conseil départemental, Soibahadine Ibrahim Ramadani, m'ait emboîté le pas en le proposant lui aussi. Mais on est encore au stade des vœux. Or, nous avons – au moins en partie – les cartes en mains. Je réitère ici ma volonté de voir le Département, parce que c'est son rôle en tant que chef de file, de s'emparer de ce dossier et réunir localement ce comité pour commencer les travaux. MH : Une évolution institutionnelle était également envisagée pour cette année, afin que Mayotte devienne un département-région. C'est un dossier que vous avez porté sur demande du Conseil départemental. Peut-il encore voir le jour à temps, puisque le délai pour déposer une loi et changer le mode de scrutin de la collectivité n'est plus que de deux mois ? TMS : En ce qui me concerne, j'ai fait ma part du travail. On peut toujours en discuter. J'ai déposé deux propositions de loi, et j'en ai préparé une troisième. Elle ne retient que deux points consensuels pour aller plus rapidement : rejoindre le mode de scrutin régional et augmenter le nombre des représentants pour que Mayotte ne soit pas le territoire le moins représenté. Ce travail est sur la table et la balle, elle, est dans le camp à la fois du Département et de l'État. Il ne tient qu'à eux de faire en sorte que ce dossier soit bouclé de façon qu'au prochain rendez-vous, on ne soit pas encore dans ce système actuel où il n'y a pas de perspectives ni de projets présentés aux Mahorais. Or, Mayotte en a besoin, elle a besoin d'un cap. Toutes ces questions de piste longue ou de port, des questions cruciales, n'étaient pas dans un programme commun d'une majorité qui aurait été choisie par la population. Ce sont des sujets qui se sont imposés, donc arrêtons de subir les évènements et anticipons un petit peu plus.

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G.V.

ISSA ISSA ABDOU, VICE-PRÉSIDENT DU CONSEIL DÉPARTEMENTAL EN CHARGE DES AFFAIRES SOCIALES

"2020, ANNÉE CHARNIÈRE" CONVERGENCE DES DROITS, DES RETRAITES EN PARTICULIER, MAIS AUSSI PRÉPARATION DE L'AVENIR : CETTE ANNÉE EST DÉCISIVE.

Mayotte Hebdo : Quels sont les grands dossiers qui vont occuper le Département cette année, et en particulier pour les affaires sociales ? Issa Issa Abdou : La convergence et l'alignement des droits sociaux. Tout au moins obtenir un calendrier clair sur ce sujet. En ce sens, nous avons adressé au président de la République une proposition en trois temps. L'idée est de voir l'aboutissement de tout cela. J'ai eu l'occasion de le dire au sous-préfet délégué à la cohésion sociale : c'est une boussole très importante pour nous. L'alignement des droits sociaux, c'est le parachèvement de la départementalisation car les acquis sociaux ne sont pour le moment étendus que pour moitié à Mayotte. Et pour ceux qui le sont, ils ne le sont qu'à 40% ou 50% de ceux de métropole dans le meilleur des cas. Je pense au Code de la sécurité sociale, celui de la santé, etc. MH : Vous attendez donc que l'État fixe un cap afin de pouvoir vous mettre en ordre de marche… IIA : Au moins cela, oui. Dans la proposition que nous avons faites à l'État, il y a par exemple les urgences absolues avec – c'est d'actualité – la question des retraites. Le président de la République a parlé d'un minimum de 1 000 euros pour les petites retraites. Nous disons "chiche : alignons aussi Mayotte à ce niveau-là." Il y a aussi la prime de fin d'année, la prime d'assiduité, etc. Tout cela, pour nous, relève de l'urgence absolue. Si on prend en compte que 84% de la population vit sous le seuil de pauvreté, ce sont ces mesures-là qui vont permettre que Mayotte ne soit pas la dernière de la classe. Et puis, il y a aussi le moyen terme, qui correspond à la fin du contrat de convergence, en 2022 : il faudra aligner tout ce qui est déjà étendu ici au niveau de la métropole. Le RSA devra être à 100% par exemple. Au-delà, sur le prochain contrat de convergence, tout ce qui n'est pas étendu devra l'être. Avec cela, on aura

parachevé la départementalisation. Nous sommes raisonnables, et si on ne peut pas nous donner gain de cause sur nos propositions, alors nous sommes preneurs d'une meilleure solution de la part du gouvernement. Mais que nous ayons au moins un calendrier clair à suivre. D'autre sujets seront aussi importants, comme le Plan contre la pauvreté mené avec l'État ; le Fonds de développement social que nous avons renégocié récemment, etc. 2020 est crucial en ce sens, car nous arrivons à la fin des accompagnements et des compensations qui nous étaient accordés. J'ai obtenu un accord de principe pour qu'ils continuent à partir de 2021, mais ce sont des choses à préparer. Cette année, il s'agit de préparer les étapes suivantes, de les anticiper. C'est une année charnière. MH : Il y a aussi la question de l'évolution institutionnelle du département en départementrégion. Une proposition qui a provoqué des divergences. Le projet peut-il encore voir le jour alors qu'il ne reste que deux mois pour l'inscrire dans la loi ? IIA : La loi dit qu'afin de modifier le mode de scrutin électoral, il faut que les choses soient effectives un an avant. Les prochaines élections régionales étant prévues pour mars 2021, cela ne nous laisse en effet que deux mois. Je crains que cela ne soit pas possible à tenir compte tenu du délai. De mon avis, cela ne va donc pas changer cette fois-ci, bien que j'espère me tromper car une région est une nécessité pour développer ce territoire. Mais je constate que rien n'a bougé, il n'y a pas de consensus. MH : Pourquoi cet échec sur cette évolution ? IIA : Le consensus du territoire sur ce projet majeur n'existe pas. Il y a des divergences de vues entre les uns et les autres. On n'est pas encore capable de se mettre autour d'une table pour préparer les enjeux colossaux de ce territoire. Il me semble pourtant que c'était un bon projet.

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LE DOSSIER

S.P

ALI ABDOU, DIRECTEUR DU GEMTOUR

"ON A BESOIN D'UN PILOTE DANS LE BATEAU"

Mayotte Hebdo : L'élaboration du schéma stratégique est assurément le temps fort de 2019 en matière de tourisme. Qu'en retenez-vous ? Ali Abdou : Nous devons en être les premiers consommateurs, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Les Mahorais ont un certain pouvoir d'achat mais ils préfèrent aller sur les îles voisines. Nous manquons d'acteurs forts. L'hôtel Sakouli ou le Trévani commencent à atteindre un certain standard de prestations, mais il nous faudrait une dizaine d'établissements comme ceux-là. D'autant plus que les jeunes reviennent de plus en plus travailler à Mayotte, mais avec un besoin de loisirs alors que sur le territoire il n'y a ni cinéma, ni théâtre, ni concerts. Donc les lieux touristiques doivent être en capacité de pallier ce manque. Le Gemtour va bientôt mener une étude sur la connaissance de nos acteurs et surtout de nos offres de service par intercommunalités. Il faut qu'on sache ce que l'on peut consommer en matière de tourisme : loisirs nautiques et terrestres, chambres d'hôtels, etc. MH: Mayotte compte moins de 1 000 lits d'hôtels. À défaut de pouvoir construire rapidement, le département affiche un objectif de 500 nouvelles chambres d'hôtel d'ici dix ans, dont 150 en cinq ans. Est-ce suffisant ? AA : Le président du Gemtour s'y est opposé, pour lui c'était une blague ! Il porte lui-même un projet d'une centaine de chambres sur Petite-Terre, là où il y avait la villa Raha. Donc s'il le concrétise, normalement d'ici deux ans, il ne restera plus que cinquante chambres à créer et on aura atteint l'objectif. C'est une bêtise. Nous n'avons pas manqué de le signaler et je crois qu'ils ont ramené ce chiffre à 450 (contre les 150 initialement prévu, ndlr). Il faudrait au moins un hôtel d'une cinquantaine ou d'une centaine de chambres avec des équipements comme des salles de réunions et de conférences dans chaque intercommunalité. On prépare les Jeux des îles pour 2027, il faut qu'on soit au

EN OCTOBRE, EMMANUEL MACRON DISAIT OUI À LA PISTE LONGUE. EN DÉCEMBRE, LE DÉPARTEMENT DÉVOILAIT LE DIAGNOSTIC DE SON PREMIER SCHÉMA STRATÉGIQUE DU DÉVELOPPEMENT DU TOURISME. DES PROGRÈS QUI NE SUFFIRONT TOUTEFOIS PAS À FAIRE DE 2020 L'ANNÉE QUI VERRA DÉCOLLER LE TOURISME À MAYOTTE. DIRECTEUR DU GROUPE DES ENTREPRISES MAHORAISES DE TOURISME, ALI ABDOU SOULÈVENT LES FREINS QUI PÈSENT ENCORE SUR LE TERRITOIRE. niveau. Ce n'est pas avec 150 chambres qu'on pourra accueillir tout le monde ! Si on est capable de construire des lycées et des collèges, je crois qu'on est capable de construire des hôtels. MH : Autre frein, en plus d'être insuffisantes, les chambres déjà disponibles affichent des tarifs plus élevés que dans le reste de l'océan Indien… AA : C'est une réalité. Je pense que c'est une question de dispositifs de financements qui sont peu utilisés à Mayotte parce que les acteurs locaux n'en sont même pas informés. Le département a délégué sa compétence au comité du tourisme, puis à l'Agence de développement et d'innovation de Mayotte (Adim) et aux intercommunalités. Chacun a ses propres objectifs, ses propres orientations et parfois on a l'impression que personne ne se parle. Il manque des passerelles pour faciliter l'accès des acteurs locaux aux subventions… On a besoin d'un pilote sur le bateau ! MH : Comment agir ? AA : C'est la promotion qui manque à Mayotte. Cela coûte cher mais si on ne le fait pas ça nous coûtera encore plus. Depuis la création des offices de tourisme intercommunaux, obligatoire depuis la loi NOTRe, le comité doit se positionner comme agence de promotion… Ce qui fait doublon avec l'agence de développement. Nous professionnels, on se retrouve tiraillés : l'Adim fait la promotion de la marque "Oui Mayotte" (lancée en octobre dernier, ndlr), mais le comité ne l'utilise pas… On ne sait pas qui fait quoi, alors ça ne s'exporte pas en dehors du département. Au Gemtour, on demande à travailler avec tout le monde, avec les mêmes références. C'est ce qui nous manque.

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Sunnita Oumar

YOUNOUSSA ABAINE, DIRECTEUR DE LA MÉDIATION ET DE LA COHÉSION SOCIALE AU CONSEIL DÉPARTEMENTAL

"LE DÉFI DE MAYOTTE C’EST SA JEUNESSE" Mayotte Hebdo : Quels sont les changements attendus pour cette année 2020 ? Younoussa Abaine : Nous avons à ce jour un plan plus rigoureux qui nous permettra de mener des actions très concrètes sur plusieurs chantiers grâce à des partenariats avec certaines communes pour légitimer nos actions. Cette année je peux dire que pour la première fois, il y a un vaste chantier sur le problème de la délinquance et de la violence. On attend donc des présentations, des programmes hebdomadaires comme le dahira, le moulidi ou encore le maoulida chengué, qui ont pour but de rassembler beaucoup de monde pour le recueillement et le vivre-ensemble, pour une meilleure cohésion sociale entre la jeunesse, la vie adulte, la religion et la spiritualité. Avec le plan que nous avons travaillé et notre projet de services pour le conseil cadial qui va être bientôt validé, nous espérons donc rentrer pleinement dans la société. MH : Peut-on espérer une multiplication ou un renforcement des actions menées par votre direction ? YA : Oui. En réalité nous avons commencé un chantier qui a pour but de recenser, mais surtout de renforcer, l’aménagements des structures éducatives et également des lieux de cultes. Il s'agit de développer une attractivité autour des mosquées pour que nos jeune s’intéressent à la pratique de la religion. La mosquée pour ces jeunes ne sera pas seulement un lieu de prière, ce sera aussi un lieu de prêche pour qu’ils intègrent la religion et le vivre-ensemble. Il y aura aussi la multiplication des séminaires inter-villageois pour animer la société à travers les conférences, et ainsi dégager cette violence, cette délinquance. Nous allons donc multiplier les conventions avec nos partenaires comme les communes, les institutions républicaines mais également les collectivités locales et les associations. MH : Le mois de décembre a été marqué par de nombreuses violences à Majicavo. Les cadis sont intervenus pour contribuer à rétablir le calme. Traduitelle une réel implication et acceptation de votre organisation au sein de la sphère publique et social,

ou la difficulté que peuvent avoir les forces de l'ordre dans certains cas ? YA : Non, je crois que les forces de l’ordre et l’État font un énorme travail pour la sécurité du territoire et la lutte contre la délinquance. Mais dans notre société, aujourd’hui, on parle souvent de droits mais très rarement de devoirs, surtout en ce qui concerne les enfants. Pour construire une meilleure société, on a besoin de toutes les expertises. Quelle que soit la situation, l'État fait son travail mais il ne peut pas le faire seul : tout ce qui est en rapport avec l'éducation relève des parents et des autorités religieuses. C’est donc parfaitement notre domaine. Le corp politique reconnait de plus en plus l’importance du rôle du cadi à travers la prévention, la parentalité et l’éducation. Une convention est d’ailleurs en route avec la justice pour pouvoir travailler avec eux. MH : Vos actions en 2020 porteront-elles donc plus sur la prévention des conflits ou sur le règlement de conflit et la création de liens sociale entre les jeunes ? YA : Nous allons agir sur les deux axes car les conflits existent déjà, mais nous allons aussi travailler autrement grâce aux nouvelles technologies. Le préfet actuel est très sensible sur le problème des jeunes, il a donc souligné qu’il voulait relever ce défi avec l’ensemble des partenaires institutionnels, mais surtout avec le conseil cadial. Il nous invite d’ailleurs le lundi 13 à Case Rocher, pour une réunion liée au Conseil cadial. Le but est de créer un partenariat institutionnel dans les démarches de la mise en place d’actions concrètes MH : 2020 sera-t-elle une année propice à la nomination d’un nouveau grand Cadi ? YA : Cette institution doit évidemment avoir un chef, je peux donc vous assurer que c’est une chose qui n’est pas dans un avenir lointain mais dans un présent proche. Peut-être même que dans les jours à venir vous connaîtrez le nom du nouveau grand cadi lors de la cérémonie d’intronisation, il sera connu au plus tard le 16 janvier à l’occasion de la cérémonie des vœux offert par le président du Conseil départemental. Ce sera donc un sujet de soulagement pour la population.

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LE DOSSIER

G.V.

CARLA BALTUS, CHEFFE D'ENTREPRISE ET PRÉSIDENTE DU MEDEF

"UNE ANNÉE À PRENDRE SÉRIEUSEMENT" C'EST LE PILIER DU DÉVELOPPEMENT. L'ÉCONOMIE DU TERRITOIRE NE DEMANDE QU'À EXPLOSER. ET L'ANNÉE À VENIR EST PLEINE DE PROMESSES. PLAN DE CONVERGENCE, ÉVOLUTION DANS LA FORMATION, MAIS AUSSI À PLUS LONG TERME DÉSENCLAVEMENT DE L'ÎLE, LA PRÉSIDENTE DU MEDEF ET CHEFFE D'ENTREPRISE, CARLA BALTUS, DÉTAILLE LES ENJEUX DE 2020.

Mayotte Hebdo : L'économie mahoraise peine parfois à décoller malgré un potentiel réel. Quels grands dossiers sont susceptibles de faire changer les choses ? Carla Baltus : Plusieurs sont d'importance, à commencer par la piste longue annoncée par le président de la République. Elle permettra un réel désenclavement de l'île et un véritable développement économique. Ce qu'on espère, c'est avoir de la concurrence et des tarifs plus attractifs, comme ce fût le cas lorsque d'autres compagnies desservaient Mayotte. Des billets moins chers, c'est plus de gens qui viennent, plus de touristes pour Mayotte. Cela permettrait à tout le monde de se déplacer plus facilement qu'aujourd'hui. Et puis, cela permet également plus de volume de fret et des coûts plus attractifs, une bonne chose car le bateau n'est pas toujours pratique pour les entreprises. Sans compter que c'est aussi une question de sécurité. MH : La formation est aussi au centre des préocupations du monde économique… CB : Elle est à un tournant, avec beaucoup de bouleversements au niveau national : d'Opcalia on va passer à Akto ; il y a une refonte des opérateurs de compétences qui faisaient la collecte ; l'arrivée du compte personnel de formation dans les années à venir, etc. On peut aussi citer le Comité régional de l'emploi, de la formation et de l'orientation professionnelles (Crefop), qui a un nouvel outil mis en place il y a un

an et qui prend ses marques, ou encore de nouveaux dispositifs pour la transition professionnelle. C'est donc tout de même une révolution dans la formation. C'est important car il va falloir être à la hauteur des chantiers à venir, pour pouvoir les absorber. Cela veut dire les anticiper pour ne pas manquer d'effectifs. Ils vont être nombreux avec le plan de convergence : des infrastructures, le Caribus, etc. On va créer beaucoup d'emplois, et il va falloir que nos demandeurs d'emplois soient suffisamment formés. Ce sont des sujets sur lesquels on travaille beaucoup pour qu'on ne nous oppose pas, à l'issue du plan, qu'on n'a pas pu réaliser suffisamment de chantiers et que nos entreprises n'étaient pas au rendez-vous. Dernier exemple avec le secteur de la pêche : 200 pêcheurs sont à former, sinon il va nous en manquer sur le territoire. C'est donc une année à prendre sérieusement. Beaucoup de choses changent, on est région ultra-périphérique (Rup), notre département évolue rapidement, et on a des obligations : on doit se donner les moyens d'être au niveau national. MH : Dans les faits, comment faire levier pour cela ? CB : Cette année, nous ambitionnons de multiplier les rencontres avec les institutions locales et nationales, mais aussi avec les partenaires sociaux. Nous comptons aussi apporter plus de solutions juridiques, sociales et fiscales à nos adhérents. En somme : défendre l'économie locale et lui permettre de se développer grâce au plan de convergence – nous l'avons dit – mais également avec la coopération régionale, notamment sur ce qui concerne le projet gazier au Mozambique. Et n'oublions pas de faire le vœu que notre île retrouve la paix et la sécurité, car la délinquance freine l'économie et altère la qualité de vie essentielle au bien-être des habitants.

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G.V.

RAMLATI ALI, DÉPUTÉE

"UNE ANNÉE À NE PAS RATER"

POUR LA DÉPUTÉE RAMLATI ALI, LA RÉFORME DES RETRAITES POURRAIT MARQUER UN TOURNANT PARTICULIÈREMENT IMPORTANT POUR MAYOTTE. UNE ANNÉE QU'ELLE ESTIME PAR AILLEURS DÉTERMINANTE SUR BIEN DES POINTS, ET QU'IL FAUT DONC ABORDER DE LA MANIÈRE LA PLUS SÉRIEUSE. Mayotte Hebdo : Quels sont les sujets qui vont être déterminants pour Mayotte, selon vous, cette année ? Ramlati Ali : À Mayotte, tous les sujets sont prioritaires. Mais en ce début d'année, le projet de loi sur les retraites fait beaucoup parler. Il est très important et Mayotte est concernée. C'est le sujet qui me préoccupe tout particulièrement actuellement. Il faut déjà que les Mahorais puissent intégrer pleinement le droit commun. Aujourd'hui, certains retraités mahorais peuvent toucher 5€ par mois, ceux pour qui cela va un peu mieux ne peuvent toucher que jusqu'à 250€ par mois. Quand on sait qu'une personne qui n'a jamais travaillée peut toucher un peu plus de 400€ avec l'allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa), on se demande pourquoi quelqu'un aurait travaillé toute sa vie pour toucher moins que cela… Donc il faut commencer par corriger cette injustice, de façon à ce que l'État applique ce qui est appliqué en métropole : qu'une personne qui a moins de 1 000€ de retraite puisse bénéficier de l'Aspa en plus, en attendant 2022 et la mise en place de la retraite minimum de 1 000€, dont les Mahorais pourront aussi bénéficier. En somme, il s'agit d'accélérer la convergence des droits à la retraite à Mayotte, et faire en sorte qu'elle ne soit pas oubliée des annonces faites. MH : En termes de suivi des annonces faites par le président Macron, le sénateur Thani Mohamed Soilihi ainsi que le président du Conseil départemental, Soibahadine Ibrahim Ramadani, plaident pour la mise en place d'un comité de suivi, qui serait composé d'élus et d'acteurs du territoire. Partagez-vous cette ambition ?

RA : C'est une nécessité, en effet. Sans suivi, les annonces resteront des annonces. Un bon exemple actuel d'une annonce qui a été suivie d'effet est celui de la mise en place d'un rectorat de plein exercice à Mayotte. À ce titre, j'ai rencontré mardi 7 le recteur afin que nous puissions réfléchir tous les deux aux dossiers que l'on doit porter ensemble, avec pour objectif que ce nouveau rectorat donne ce qu'on attend de lui, qu'il nous serve à quelque chose. On doit donc déjà suivre les dossiers individuellement, car ce n'est pas parce qu'un projet est annoncé qu'il va se faire. Et il faut non seulement s'assurer qu'il soit mis en place, mais aussi qu'il ne s'agira pas d'une coquille vide. Chacun d'entre nous, grands élus – et j'inclus dans ce terme le président du Conseil départemental et celui de l'Association des maires de Mayotte, Saïd Omar Oili –, devons être capables de revenir à chaque fois sur ces dossiers, de les interroger, de les vérifier, pour être sûrs qu'ils sont constructifs et en faveur des Mahorais. Et si en plus, on peut se réunir tous ensemble pour être encore plus efficaces, c'est encore mieux. MH : Plan de convergence, promesses présidentielles, projets prometteurs : diriez-vous que l'année 2020 sera une année déterminante pour le 101ème département ? RA : Absolument, et il ne faut pas la rater. Il faut que l'on veille à ce que cette année puisse voir l'avancement du territoire, sa mise à niveau.

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G.V.

RÉTROSPECTIVE

2019, UNE ANNÉE PLUS CALME QUE LA PRÉCÉDENTE SI 2018 AVAIT ÉTÉ PARTICULIÈREMENT AGITÉE AVEC UN VASTE CONFLIT SOCIAL, L'ANNÉE 2019 S'EST MONTRÉE PLUS CALME. PLUS CALME, OUI, MAIS PAS FORCÉMENT MOINS IMPORTANTE. VISITE PRÉSIDENTIELLE, PROJET GAZIER DU MOZAMBIQUE, GRANDES MARÉES ET CYCLONES : TOUR DE L'ACTU D'UNE ANNÉE QUI POURRAIT ÊTRE CHARNIÈRE. JANVIER

DES REMOUS AU SIEAM Grosse brouille entre le Sieam et son délégataire, la Smae, filiale de la Sogea et du groupe Vinci, 10 ans après la signature de la DSP. Des remous qui font planer la menace d'une rupture du contrat signé. En cause, selon le syndicat des eaux : un enrichissement conséquent de la Smae et des pertes financières importantes pour le Sieam.

DES POISSONS MORTS AU LARGE On ne le sait pas encore, mais bientôt Mayotte découvrira un volcan au large. En attendant, ce sont des pêcheurs qui alertent. Et pour cause : voilà plusieurs semaines qu'ils constatent la présence de poissons morts et d'une forte odeur de gaz à une cinquantaine de kilomètres à l'est de l'île.

UN NOUVEAU PRÉSIDENT POUR MADAGASCAR Notre grande voisine a un nouveau président. Passées les tensions politiques et sociales provoquées par l'élection, Andry Rajoelina est élu à la tête du pays. Chef d'entreprise et homme d'affaire, il avait auparavant été maire de la capitale, Antananarivo, mais aussi président de la Haute autorité de la transition suite au renversement de Marc Ravalomanana en 2009.

LA FIÈVRE DE LA VALLÉE DU RIFT RÉAPPARAIT À MAYOTTE Cela faisait depuis 2007 qu'elle n'était pas réapparue à Mayotte, mais en janvier 2019, cinq cas humains de fièvre de la vallée du Rift montre qu'elle fait son retour à Mayotte. Si elle affecte principalement les

ruminants domestiques, elle peut aussi se transmettre à l'homme.

LE MOZAMBIQUE DEMANDE À MAYOTTE DE DEVENIR SA BASE ARRIÈRE Une bonne nouvelle pour Mayotte : le Département est en effet contacté par le gouvernement du Mozambique pour devenir une base arrière dans le cadre du projet gazier du pays. Une source de revenus conséquente pour Mayotte, et une

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annonce qui débouche en fin d'année sur la création d'une Task Force mahoraise, destiné à mettre en ordre de bataille les acteurs économiques et institutionnels de l'île pour profiter de cette manne.

FRENCH BEE NE SE POSERA PAS À MAYOTTE Non, la compagnie aérienne française qui officie à La Réunion, French Bee, ne se posera pas à Mayotte malgré la sollicitation du Conseil départementale. Et cela n'a d'ailleurs jamais été envisagé par la compagnie. Motifs invoqués : un carburant trop coûteux et une piste trop courte. Pour le moment en tout cas...

SIX SISMOMÈTRES LARGUÉS AU LARGE L'essaim de séismes inquiète de plus en plus. Pour apporter des réponses, six sismomètres sont déployés au large de Mayotte, à grande profondeur. Enjeu : collecter des données précises afin de mieux localiser l’essaim, les failles en jeu, voire la chambre magmatique, mais éventuellement aussi expliquer d’autres phénomènes telles que les remontées de gaz récemment rapportées par les pêcheurs deux mois plus tôt.

MARS

LES PRÉMICES DU DÉPARTEMENT-RÉGION

LE DROIT DU SOL ÉVOLUE À MAYOTTE

Le sénateur Thani Mohamed Soilihi convie une mission d'inspecteurs à Mayotte. Objectif : examiner les conditions d'une évolution du département en département-région, sur le modèle existant à La Réunion. Bien que prévu depuis 2019, ce "toilettage institutionnel" fait grincer des dents, ses opposants y voyant une marche vers plus d'autonomie. Malgré l'engagement favorable du Conseil départemental, le projet ne semble pas avoir beaucoup avancé depuis.

Entrée en vigueur au 1er mars du décret d'application de l'évolution du droit du sol à Mayotte. Désormais, les enfants nés à Mayotte de parents étrangers en situation irrégulière ne pourront plus prétendre à la nationalité française comme auparavant, sauf si l’un des deux parents peut présenter tous les documents permettant justifier de sa résidence ininterrompue en France depuis plus de trois mois en situation régulière à la date de la naissance.

FÉVRIER UN RECENSEMENT QUI FAIT PARLER Les résultats du recensement de la population de 2017 sont annoncés avec un chiffre éloquent et inédit : près d'un habitant sur deux – 48% – à Mayotte est de nationalité étrangère. De quoi inquiéter. Particulièrement en cause dans ce constat : les flux migratoires vers Mayotte, mais aussi le départ de nombreux natifs de Mayotte vers la métropole ou La Réunion.

OLIVIER NOBLECOURT EN VISITE CHEZ NOUS Le délégué interministériel en charge de la prévention et de la lutte contre la pauvreté, en visite à Mayotte pour une mission de trois jours. Dès son arrivée, il visite le bidonville de Mangatélé, avant de rencontrer les acteurs de l'insertion professionnelle et sociale du département le plus pauvre de France.

AUX COMORES, AZALI ASSOUMANI RÉÉLU

Marche pacifiste, chants et musique sur la route de l'aéroport. Il s'agit d'une manifestation réunissant quelque 250 habitants de l'île pour protester contre le prix des billets d'avion pratiqués par la compagnie Air Austral, mais aussi pour demander la réalisation d'une piste longue afin d'encourager la concurrence.

La Commission électorale nationale indépendante proclame les résultats provisoires de l’élection présidentielle de l'Union des Comores. Azali Assoumani arrive en tête avec plus de 60 % des voix. Problème : le total du pourcentage des suffrages exprimés excède les 100 %. De quoi renforcer l'agacement de l'opposition, qui voit en cette élection une manière pour le président de confisquer le pouvoir. Une réélection qui débouchera sur une période de crise et d'arrestations sommaires d'opposants.

LE TRÈS HAUT DÉBIT À MAYOTTE

LE CARIBUS LANCÉ

Quelque 400 km de fibre optique pour doter le territoire du très haut débit. Le câble Fly-Lion 3 atterri sur l’île aux parfums pour une mise en service au troisième trimestre. Ce câble sous-marin vise à renforcer la connectivité du territoire et sera en liaison directe avec la Grande Comore.

Le projet de réseau de transport en commun de la Cadema, le Caribus, avance. Après la présentation du logo, le calendrier des travaux est présenté. Prévu pour démarrer avant la fin de l'année, le chantier s'étalera sur trois ans et demi.

LA GROGNE CONTRE LE PRIX DES BILLETS D'AVIONS

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AVRIL UN NOUVEAU SENTIER DE RANDONNÉE ÀBANDRÉLÉ Un petit pas pour l'île, un grand pas pour les randonneurs. Les sentiers de randonnée bien entretenus et bien balisés ne sont pas si courants à Mayotte. Dès lors, l'inauguration d'un sentier des crêtes à Bandrélé fait office de nouveauté rafraichissante pour découvrir les merveilles de notre île,

au long de l’année pour permettre l’élaboration du SAR, le schéma d’aménagement régional. Son objectif : orienter et planifier le développement territorial de Mayotte sur le long terme, en concertation avec tous les acteurs de l’île. De quoi faire changer le visage de Mayotte. L'adoption du SAR par le Conseil départemental est prévue pour ce mois de janvier 2020.

UN AN APRÈS LA CRISE, ANNICK GIRARDIN DE RETOUR À MAYOTTE Retour à Mayotte plus calme pour la ministre des Outre-mer, Annick Girardin. Un an après sa venue pour dénouer la crise sociale qui bloquait l'île, la ministre revient cette fois pour dresser un premier bilan du Plan Mayotte. "Il faut reconnaître ce qui a été fait et remercier ceux qui l'ont fait", même si tout "prend toujours plus de temps qu'on ne le voudrait face à des urgences (…) qui s'accélèrent de jour en jour", reconnait-elle.

KENNETH PRÉPARE MAYOTTE

d'autant que ses 7,4 km – environ 3h de marche – sont ponctués de bornes et de codes QR permettant d'obtenir des informations sur l'environnement des lieux.

Mayotte s'inquiète : la tempête tropicale Kenneth se rapproche et menace l'île. Barges immobilisées, aéroport fermé, tout comme les établissements scolaires et les dispensaires permettent de limiter les risques. Au programme : fortes pluies, rafales et houles mais peu de dégâts. Kenneth touchera en revanche Grande Comore plus durement.

LE MINISTRE DE L'INTÉRIEUR À MAYOTTE

ALPHA BLONDY RÉGALE MAYOTTE

Arrivée du ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, à Mayotte. Pas de grandes annonces durant les trois jours de sa visite sur l'île, mais la promesse de renforts pour la lutte contre l'insécurité. "Il est nécessaire que nous maintenions un haut niveau de pression" sécuritaire, déclare-t-il en promettant : "nous renforcerons encore les moyens." Le ministre devra toutefois écourter sa visite à cause de l'incendie de Notre-Dame de Paris.

Il ne s’était plus produit à Mayotte depuis douze ans, et le faire revenir n’aura pas été facile. Mais finalement, même le passage du cyclone Kenneth n’aura pas eu raison d’Alpha Blondy, le célèbre raggae man, qui donne le troisième concert de sa carrière sur l’île aux parfums. Un succès.

LANCEMENT DU SCHÉMA D'AMÉNAGEMENT RÉGIONAL Lancement des Ateliers du territoire. Au total, quatre sessions seront organisées tout

LE PREMIER OFFICE DU TOURISME INTERCOMMUNAL INAUGURÉ Premier du genre à voir le jour à Mayotte, l’office de tourisme de l’intercommunalité du Centre-Ouest est inauguré. Première cible de ce nouvel outil : le public local, "qui a besoin de trouver des activités", explique la chargée de mission de l'OT.

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MAI

LE VICE-RECTEUR DÉMISSIONNE Départ surprise du vice-recteur Stephan Martens, quelques mois après sa nomination à Mayotte et alors qu'il était en charge de la mise en place d'un rectorat de plein exercice à Mayotte. Parti pour "raisons familiales et professionnelles", il ne peut être remplacé immédiatement.

UNE MAISON DES ARTISANS À MAMOUDZOU Jolie initiative que celle de quatre entreprises locales qui ouvrent une boutique commune à Mamoudzou. La coopérative de la Maison des artisans de Mayotte permet ainsi d’offrir aux producteurs et aux consommateurs un lieu commun et central ouvert toute l’année, en dehors des événements ponctuels.

ENFIN DES "VISAS HADJ" POUR LES MAHORAIS L'ambassade d'Arabie Saoudite en France annonce que sera envoyée une délégation à Mayotte pour y délivrer des visas pour La Mecque. Une première pour les pèlerins de l'île, jusqu'à alors obligés

d'engager la démarche à La Réunion ou aux Comores. Malheureusement pour les fidèles musulmans, aucune délégation ne viendra finalement cette année.

UN VOLCAN SOUS-MARIN AU LARGE Un an après le début de l'épisode d'essaim de séismes à Mayotte, une importante part du mystère est levée : les milliers de secousses ressenties sont liée à l'apparition d'un volcan sous-marin à l'est de l'île. Une surprise de taille qui enthousiasme la communauté scientifique internationale mais suscite aussi de nombreuses questions et inquiétudes.

SUCCÈS DU RN POUR LES ÉLECTIONS EUROPÉENNES Le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen arrive très largement en tête des élections européennes à Mayotte, avec plus de 45% des voix exprimées. Le taux d'abstention, lui, s'élève à 71,36%. Trente-quatre listes étaient représentées.

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MAGAZINE

JUIN UNE NOUVELLE COULÉE DE LAVE AU SUD DU VOLCAN

recul avec seulement 42,2 % de réussite au premier tour, soit 7,9 points de moins que l'année précédente. Un peu plus d'un quart des candidats du département est toutefois appelés aux épreuves de rattrapage.

Un mois après la surprise d'un volcan sous-marin au large de Mayotte, la seconde mission océanographique du navire Marion Dufresne sur zone, Mayobs 2, dévoile une nouvelle coulée de lave qui s'étend sur 8 km2, pour un volume de magma émis estimé à 0,2 km3.

UN CER À BANDRÉLÉ

UNE FUTURE AGENCE RÉGIONALE DE LA BIODIVERSITÉ ?

ENZO S'ENFLAMME

Dans l'optique de se doter d'outils pour la préservation de l'environnement naturel de Mayotte, le Conseil départemental lance une étude de préfiguration à une future Agence régionale de la biodiversité adaptée au territoire. Une convention de partenariat pour la mise en place d'un Comité de pilotage afin de suivre l'état d'avancement du projet est en effet signée en ce sens au premier trimestre 2019.

JUILLET

Il était largement attendu. Le voilà inauguré : le centre éducatif renforcé de Bandrélé peut accueillir, sur demande de la justice, des mineurs délinquants pendant quatre mois en vue de leur réinsertion sociale. Une première dans le 101ème département.

Un important incendie se déclare dans les locaux de l’entreprise Enzo recyclage, sans faire de blessés. Près de cinquante sapeurspompiers se rendent sur place pour tenter de maîtriser les flammes. Les habitants du quartier, eux, sont évacués pour des raisons de sécurité. L'incendie durera plus de deux jours.

UN NOUVEAU PRÉFET POUR MAYOTTE Le préfet Dominique Sorain, arrivé en mai 2018 alors que Mayotte était paralysée par un vaste mouvement social, quitte l'île pour la Polynésie française en qualité de Haut-Commissaire à la République. Pour le remplacer, Jean-François Colombet est nommé.

ENFIN UN NOUVEAU VICE-RECTEUR Plusieurs mois après la démission de Stephan Martens à la tête du vice-rectorat, un successeur lui est trouvé. Gilles Halbout, jusqu'à présent président de la Communauté d’université et d’établissements du Languedoc-Roussillon, poursuivra donc la tâche de mise en place du rectorat de plein exercice.

BILAN MITIGÉ POUR MAYOTTE AUX JEUX DES ÎLES BAC : LE TAUX DE RÉUSSITE EN NET RECUL Les résultats du baccalauréat pour l’académie de Mayotte tombent. Fait marquant : le taux de réussite est en net

Retour de la délégation de Mayotte des Jeux des îles de l’océan Indien, où elle a battu son record de médailles sur une participation avec trois récompenses Toutefois, elle n'atteint pas son principal objectif de se classer cinquième des îles participantes.

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UN ACCORD FRANCE-COMORES Fin juillet, un accord-cadre entre la France et l'Union des Comores est signé. D'un côté, la France s'engage à augmenter son aide au développement de façon record, de l'autre, l'Union des Comores promet de mieux surveiller ses frontières. Objectif : mieux contrôler les flux migratoires entre les îles comoriennes et Mayotte la française.

AOÛT LA CRC ÉPINGLE LE SIEAM La Chambre régionale des comptes La RéunionMayotte publie son deuxième avis de contrôle budgétaire du Syndicat intercommunal de l’eau et de l’assainissement de Mayotte (SIEAM). Alors que le préfet avait déjà saisi l’institution pour évaluer la première version du budget, la chambre régionale des comptes regrette que la seconde version, censée intégrer les préconisations de la Cour des comptes traduit des efforts "insuffisants" de la part du syndicat.

ANNICK GIRARDIN, LE RETOUR (BIS), AVEC SIBETH NDIAYE Annick Girardin, ministre des Outre-mer, et sa collègue Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement, en visite sur l’île avec un programme chargé pour ces deux jours de terrain : immigration comme fil conducteur pour Annick Girardin – avec le lancement de l'opération Shikandra en particulier – et de l’autre, la famille et la place de la femme dans la société pour Sibeth Ndiaye.

DOMINIQUE VOYNET À LA TÊTE DE LA FUTURE ARS MAYOTTE Après le parlement européen, l’Assemblée nationale, le ministère de l’aménagement, la mairie de Montreuil et le Sénat, Dominique Voynet poursuivra son parcours à la tête de la future ARS de Mayotte. "C’est une excellente nouvelle pour notre île qu’une personnalité de premier plan relève ce défi de la création d’une ARS Mayotte qui entrera en service le 1er janvier 2020. Surtout, et au-delà de la notoriété de Dominique Voynet, je me réjouis de la nomination de quelqu’un qui connaît bien les enjeux de santé publique spécifiques à Mayotte", se réjouit alors le président du Conseil départemental, Soibahadine Ibrahim Ramadani.

SEPTEMBRE UN LYCÉEN DÉCÈDE DANS UNE RIXE Drame au lycée de Sada : un lycéen de 19 ans est tué dans une rixe affrontant deux bandes rivales. La victime "a fait l'objet de coups violents et a lourdement chuté au sol." Malgré l'arrivée des secours et l'héliportage du Samu sur place, les soins prodigués ne permettent pas de le réanimer.

MAYOTTE DÉCOUVRE L'IMPACT NOUVEAU DES GRANDES MARÉES Elles étaient déjà connues, mais elles seront désormais couplées au phénomène de subsidence que connaît l'île. Le week-end du 1er septembre, les grandes marées inondent le boulevard des Crabes, la rampe de la barge, la piste de l'aéroport et d'autres zones du littoral. Heureusement, les conditions climatiques – vent et houle – ont été favorables et n'ont pas aggravé la situation. Les grandes marées associées à l'enfoncement de Mayotte posent désormais la question de l'aménagement à long terme du littoral.

UNE NOUVELLE COMPAGNIE À MAYOTTE ? La société AB Travel and Tour SAS s'associe avec Air Mediterranean pour créer une nouvelle compagnie dans le but de réaliser des vols entre Mayotte et

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MAGAZINE

La Réunion. Les premiers trajets entre les deux îles devaient débuter à la fin du mois de novembre, mais le projet a vraisemblablement pris du retard puisqu'aucune liaison n'a encore été effectuée.

BAISSE DES NAISSANCES À MAYOTTE Elle tient encore son titre de première maternité de France, mais pour la première fois, les chiffres de la natalité à Mayotte sont en baisse avec 9 590 naissances sur l'année 2018, contre 9 762 l'année précédente. Notre île détient toutefois toujours la palme du taux de natalité avec 4,7 enfants par femme contre 1,8 en métropole et 3,6 en Guyane.

d’offrir un gain de chance supplémentaire aux patients.

DE NOUVELLES BARQUE POUR LES PÊCHEURS Le nouveau bateau des pêcheurs arrive de Martinique, où il a été construit. Il sonne l’arrivée de jours meilleurs pour la filière pêche qui avait jusqu’à 2021 pour renouveler sa flotte.

LE SIEAM PRIVATISE L'ASSAINISSEMENT Grogne chez les employés du Sieam : le syndicat envisage de privatiser sa compétence assainissement en optant pour une délégation de service publique. Le délégataire serait déjà quasiment désigné en la société Vinci. Si tel est le cas, "les employés devront chercher du travail ailleurs. Vinci ramènera ses cadres, et reprendra peutêtre quelques techniciens mais quoi qu’il en soit, au moins soixante personnes sont menacées de perdre leur emploi", craint un syndicaliste.

L'ANCIEN PRÉSIDENT, JACQUES CHIRAC, DÉCÈDE À la fin du mois, l'ancien président de la République, Jacques Chirac, décède à l'âge de 86 ans. À Mayotte, l'émotion est grande. Et pour cause : l'ancien chef d'État avait été à la base de l'ancrage de Mayotte en France, en étant notamment le premier à avoir abordé l'application progressive du droit commun sur l'île aux parfums.

OCTOBRE UNE HÉLISTATION POUR LE CHM Une nouveauté pratique pour le CHM : l'inauguration d'une hélistation. Grâce à cette nouvelle plateforme, le délai d’intervention doit être divisé par trois et ainsi permettre aux équipes médicales

PISTE LONGUE : EMMANUEL MACRON DIT OUI La visite était particulièrement attendue. Mardi 22, le président de la République, Emmanuel Macron, se pose à Mayotte. Deux jours de visite particulièrement importante pour le 101ème département. Immigration, contrat de convergence, mais aussi infrastructures. Et c'est là une bonne surprise : le chef de l'État se dit favorable à la réalisation d'une piste longue. "Oui, on la fera. Je vous le dis très clairement", promett-il. Et de l’affirmer pour rassurer : "Il n’y aura pas d’études d’impact (…) car elles ont été faites plusieurs fois." Une nuance tout de même : de l’aveu même du président, il faudra en mener une dernière "dans l’année et demie à venir pour savoir comment nous lancerons les travaux." En trame de fond de ce questionnement : "les problèmes liés aux risques sismiques et à l’effondrement." Sont également annoncées lors de la visite la possible transformation de Longoni en grand port maritime, la construction de 800 nouvelles classes "d'ici la fin du quinquennat", ou encore la convergence prochaine des retraites.

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NOVEMBRE

DÉCEMBRE

DES VIOLENCES EN PETITE-TERRE

LE CALME REVIENT AU SIEAM

Alors que les fidèles sont réunis à la grande mosquée de Pamandzi pour célébrer la naissance du prophète Mahomet, plusieurs jeunes font irruption pour en découdre avec d’autres adolescents assistant à la cérémonie du Maoulida. La rixe fait deux blessés dont un atteint au thorax d’un coup de couteau. Le lendemain, la violence refaisait surface en Petite-Terre alors qu’une bande déambule dans les rues de Pamandzi avec des intentions délictuelles avant de se faire disperser par la police. Face à cela, une réunion réunissant les différentes autorités de l’île se tient pour tenter d’enrayer ce phénomène grandissant. Dans les jours suivants, des lycéens et habitants de Petite-Terre manifesteront contre ces violences.

Les représentants du personnel et la direction du Syndicat intercommunal d’eau et d’assainissement de Mayotte (Sieam), signent un protocole de fin de conflit. S’il ne met pas un terme au processus de délégation de service public de la branche assainissement, comme demandé par une partie des grévistes, le document engage la direction à accéder largement aux doléances des agents.

MAYOTTE EN ORDRE DE BATAILLE POUR LE PROJET GAZIER Le Conseil départemental, l’État et l’ADIM sont sur le pied de guerre pour que Mayotte tire profit du projet gazier du canal du Mozambique, estimé à 25 milliards d’euros. De nombreux chefs d’entreprises de Mayotte sont conviés à prendre part à l’offre que proposera l’île d’ici quelques mois. Pour cela, c'est une véritable Task Force qui est mise en place, organisée autour "des services portuaires, des services aériens transports logistiques, autour du sujet sanitaire, autour du sujet numérique, autour de la base arrière (c'est-à-dire la capacité de séjour d’hébergement et de tourisme de loisir), autour de l’industrie, du BTP, de la mécanique, de la maintenance et enfin autour de l’offre administrative facilitatrice", détaille le préfet de Mayotte Jean-François Colombet.

CHÔMAGE : LE CHIFFRE CHOC Le chiffre annoncé par l'Insee reste stable mais est encore bien trop élevé. Le taux de chômage à Mayotte en 2019 est de 30%. À l’instar de 2017 et même de 2016. Seule l’année 2018 se différencie (le taux de chômage était passé à 35%) à cause du mouvement social qui avait touché l’île. Ce chiffre fait de Mayotte le département français et la région d’Europe qui a le plus de chômeurs. En Métropole, ce taux est de 9% et dans l’Outre-Mer il varie entre 18 et 24%.

BELNA FRÔLE MAYOTTE Séismes mis à part, voilà longtemps que Mayotte n'avait pas autant tremblée. En cause : Belna, premier système de la saison cyclonique choisi de passer en plein sur l'île. Pré-alerte cyclonique, alerte orange, puis alerte rouge : l'île se prépare au pire et un vaste dispositif d'hébergement d'urgence est déployé par l'État et les municipalités. Heureusement, sa trajectoire se modifie légèrement et Belna passe au large de Mayotte, sans provoquer de dégâts. Ouf ! Mais le 101ème département sait désormais qu'il n'est pas à l'abri d'une catastrophe naturelle.

KAWÉNI SOUS TENSION

UN POLICIER DE LA PAF ÉPINGLÉ

Dans la soirée du mardi 26, des dizaines de jeunes caillassent les forces de l’ordre pendant plusieurs heures à Kawéni. Des blessés sont à déplorer du côté de la police. Ce qui pourrait apparaitre comme un tristement banal fait divers soulève pourtant nombre de questions dans un quartier épargnés par les violences les mois précédents. Ces évènements se reproduiront régulièrement jusqu'au mois de décembre avec des affrontements entre bandes.

Le parquet de Mamoudzou annonce le démantèlement d’un réseau de passeurs. Un policier de la Police aux frontières (PAF) est aussi mis en cause dans cette affaire qui en rappelle une autre, datant de février et pour laquelle deux agents de la PAF de l’aéroport avaient été mis en examen. Pour autant, l'institution rassure : il s'agit d'un agent isolé et non d'un réseau en son sein. n

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LITTÉRATURE

Christophe Cosker, "L’Invention de Mayotte", Pamandzi éd. La Route des Indes, 2019.

LISEZ MAYOTTE Chaque semaine, Christophe Cosker, auteur de L'invention de Mayotte, vous propose la quintessence de chacune des trente-six inventions de Mayotte relevées dans l’ouvrage éponyme.

Océan Indien : instructions nautiques sur Madagascar et les îles de l’océan Indien Méridional (1885) est un ouvrage pratique émis par un organisme du ministère de la marine : le Service des instructions nautiques à la Direction générale des services hydrographiques. Équivalent européen des routiers arabes, il donne des conseils de navigation qui concernent l’emplacement des îles, la force et l’orientation des courants et des vents, les particularités du marnage et les difficultés inhérentes à la navigation dans les mers du sud, en raison des récifs coralliens, des franges côtières à la barrière qui délimite le lagon. Dans le texte à venir, on trouvera de sèches inscriptions, destinées au marin qui veut atteindre l’île de Mayotte sans s’échouer sur le récif. Pour éviter le péril, force est de trouver l’une des passes qui permettent d’entrer dans le lagon. Il ne sera pas ici question de la plus célèbre des passes de Mayotte, celle appelée porte sinueuse en langue vernaculaire – mlongogori -, ni de celle, septentrionale, de Mtsamboro mais des passes méridionales qui font aujourd’hui les délices des plongeurs amateurs de pélagiques (des espadons aux requins-marteaux) – sans oublier celle que marque une roche blanchie : Bandrélé, Bandeli dans le texte. La taille des caractères hiérarchise symboliquement les passes pour le marin. Ce dernier, s’il est débutant, devrait s’aguerrir à l’alignement d’amers pour suivre une route permettant d’entrer dans le lagon..

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Christophe Cosker

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LES PASSES DE MAYOTTE La PASSE DE BOËNI est dans l’alignement de la pointe Boëni par le piton oriental de la montagne Mavégani, à l’E[st] q[quart] N[ord] E[st] (Voir la vue de la carte.). Elle a une bonne largeur ; mais, par suite de sa distance à la côte, il est difficile de distinguer la pointe Boëni du reste de la terre. La passe aux Bateaux, tire probablement ce nom de son peu de largeur, mais on y trouve de l’eau pour toute espèce de navire. Pour entrer on tient la pointe Cani entre le morne Cani et la montagne Outchongui [Chougui], au N[ord] 81° E[st] environ. (Voir la vue de la carte.) On ne doit pas tenter cette passe sans pilote, à cause de son peu de largeur et de sa distance de la côte, et parce qu’en dedans du récif il y a un espace considérable qui n’a pas été suffisamment reconnu. Les PASSES SAZILEY sont au nombre de trois, séparées les unes des autres par deux plateaux de corail, dont le plus Sud porte un banc de sable qui assèche au tiers du jusant. Ces passages ne sont pas très fréquentés, quoique les plus grands navires puissent y trouver suffisamment d’eau. La passe Saziley du Sud est large et bonne. Pour la faire, on amène un bouquet d’arbres éloigné (Touffe) de la pointe Sud de Mayotte au N[ord] 80° par-dessus la pointe Dapani. (Voir la vue.) En tenant l’îlot Bouni à l’Ouest on entre également. Bouni, haut et boisé, est à l’extrémité Sud de Mayotte et vu d’en dehors de la passe il fait l’effet d’une colline basse reliée à la grande terre. La passe Saziley du Milieu gît dans l’alignement de la partie Nord en pain de sucre de la montagne Outchongui, ouverte juste au Sud du Morne Carré, à peu près au N[ord] 77° O[ouest]. Il y a de treize à quatorze mètres d’eau dans ce passage. La passe Saziley du Nord est la plus étroite ; les marques de direction quand on a atteint les récifs sont : la partie en pain de sucre de la montagne Outchongui juste ouverte au

Nord du Morne Carré, à peu près à l’Ouest. Cet alignement conduit un peu près du récif de corail de bâbord en entrant. Dans ces parages les courants porteraient au S[ud] ½ E[st] environ, avec une vitesse de 22 milles en vingt-quatre heures (Dordogne, août 1875.). La PASSE DE BANDÉLI [Bandrélé] est environ à cinq milles au Sud de l’île Pamanzi [Pamandzi], et c’est ordinairement celle que prennent les navires venant de l’Est. Il y a au sommet et un peu à droite du Morne [X], de la montagne Mavegani un obélisque blanchi à la chaux qui sert d’amer à distance et qui conduit dans l’entrée de la passe, quand on le tient au Nord 81° 30’ Ouest par un second obélisque, blanchi à la chaux, placé près de la mer sur la pointe du Rocher blanchi ; il faut seulement avoir la précaution de ne pas ouvrir la balise du Morne X au Nord au moment où l’on entre dans la passe, et de ne pas l’ouvrir au Sud quand on est à l’extrémité intérieure de cette même passe. Lorsque le pic en pain de sucre d’Outchongui [Choungui]est par l’extrémité Nord de Bandéli, au Sud Ouest quart Ouest, on est en dedans des récifs et l’on peut venir vers le Nord sur l’extrémité Ouest de l’île Ajangua [Hajangwa] la plus Ouest. On passe à une demi encablure environ de celle-ci, puis au côté Est de Bouzi [Mbouzi], en donnant également à l’îlot qui gît devant cette dernière un tour d’une demi encablure. Si on le préfère, on peut passer à l’Ouest de Bouzi ; mais, dans ce cas, il faut arrondir sa pointe Sud Ouest à la distance d’un quart de mille pour éviter un récif écarté, et passer à un tiers de mille au plus de son côté Nord pour parer les plateaux de corail qui s’étendent au sud de la pointe Choa. Service des instructions nautiques à la Direction générale des services hydrographiques, Océan Indien : instructions nautiques sur Madagascar et les îles de l’océan Indien Méridional, Paris, Imprimerie nationale, 1885, p. 61-62.

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- Collectivité territoriale - Entreprise - Entreprise publique/établissement public - Société de conseil - Entreprise de Services Numériques – ESN

COMPÉTENCES

- Analyser les besoins du client - Analyser les besoins d'un projet - Définir les caractéristiques techniques du produit - Concevoir les solutions techniques - Concevoir l'architecture d'un système d'information - Évaluer le résultat de ses actions - Procéder aux phases de tests et de recettes des applications développées - Mettre en place les procédures techniques d'exploitation, d'utilisation et de sécurité des équipements informatiques - Définir et contrôler l'application des procédures qualité et sécurité des systèmes d'information et de télécoms - Effectuer une assistance technique - Traiter l'information (collecter, classer et mettre à jour) - Mettre à jour une documentation technique

ACCÈS AU MÉTIER

Cet emploi/métier est accessible avec un Master (M1, Master professionnel, diplôme d'ingénieur, etc.) en informatique et télécoms, complété par une expérience professionnelle dans le secteur. La pratique de l'anglais (vocabulaire technique) est requise.


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Renseignement : Auprès de l’IFCASS au 02.35.82.67.18 et sur son site Internet www.ifcass.fr Auprès de LADOM au 02.69.61.51.28 et sur son site Internet www.ladom.fr

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Conditions d’entrée : Être inscrit au Pôle Emploi / Etre âgé au minimum de 18 ans / Avoir un foyer fiscal à Mayotte dont le quotient familial est inférieur à un montant qui vous sera communiqué par LADOM / Ne pas avoir bénéficié d’une autre aide à la mobilité dans l’année / Satisfaire aux épreuves de sélection (évaluation en français et entretien).


MAGAZINE D’INFORMATION NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros 7, rue Salamani Cavani M’tsapéré BP 60 - 97600 Mamoudzou Tél. : 0269 61 20 04 contact@mayotte.hebdo.com Directeur de la publication Laurent Canavate canavate.laurent@mayottehebdo.com Directeur de la rédaction Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 38 soldat@mayottehebdo.com Rédacteur en chef Geoffroy Vauthier

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Couverture :

les perspectives pour 2020

Journalistes Romain Guille Solène Peillard Grégoire Mérot Cyril Castelliti Raïnat Aliloiffa Direction artistique Franco di Sangro Graphistes/Maquettistes Olivier Baron, Franco di Sangro Commerciaux Cédric Denaud, Murielle Turlan Thomas Lévy Comptabilité Catherine Chiggiato compta@mayottehebdo.com Secretariat Annabelle Mouhamadi Première parution Vendredi 31 mars 2000 ISSN : 1288 - 1716 RCS : n° 9757/2000 N° de Siret : 024 061 970 000 18 N°CPPAP : 0121 I 92960 Site internet www.mayottehebdo.com


Le Président du Conseil départemental de Mayotte, Soibahadine Ibrahim Ramadani et l’ensemble des conseillers départementaux vous présentent leurs meilleurs vœux en cette nouvelle année

Cérémonie des Vœux à la population le jeudi 16 janvier 2020 à 14h00 dans les Jardins du Département

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Conception : DCIP - MAYOTTE www.cg976.fr

Bonne Année


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