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APPEL À PROJETS
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ERVIR S LA RÉUNION
APPEL À PROJETS (AAP)
PATRIMOINE CULTUREL DANS L’OCÉAN INDIEN ASSOCIATION, ACTEUR PUBLIC, ORGANISME DE RECHERCHE, ORGANISME GESTIONNAIRE D’ESPACE NATUREL OU ÉTABLISSEMENT D’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR Vous avez des projets collaboratifs visant à développer les outils et connaissances utiles à la préservation et la valorisation du patrimoine culturel dans l’Océan Indien
RÉPONDEZ À CET APPEL A PROJET AVANT LE 4 FÉVRIER 2020 - 16h L’APPEL À PROJET EST TÉLÉCHARGEABLE SUR :
www.regionreunion.com
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LE MOT DE LA RÉDACTION
PLAISIRS DE LA (VIE) CHÈRE Oui, c'est vrai, la vie chère n'est pas un plaisir. Mais il faut bien relativiser, et même ironiser ! Cette semaine, votre magazine s'est livré à un travail comparatif des prix des produits à Mayotte. Qu'en ressort-il ? Et bien qu'effectivement, vivre bien à Mayotte exige un certain potentiel financier. Un paradoxe sur le département… le plus pauvre de France ! Même les autres DOM sont moins chers que nous, c'est dire si nous tenons là une belle pole position. On vous explique tout dans quelques pages. Nous rencontrons également El-Hadad Mohamed, qui a pris l'initiative de créer une association consacrée au nettoyage de Poroani, son cher (dans le sens positif cette fois) village. Enfin, c'est la directrice de l'Agence régionale de santé – désormais de plein exercice –, Dominique Voynet, qui répond à nos questions dans notre rubrique Entretien. Elle y développe ses projets, ses ambitions et les missions que se doit de porter l'institution. Bonne lecture à tous… si aucune coupure d'électricité ne vient l'interrompre.
Tél. 0269 63 63 03
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COUP D’ŒIL DANS CE QUE J'EN PENSE
Laurent Canavate
Mayotte Hebdo n°734, vendredi 29 janvier 2016
QUEL AVENIR POUR MAYOTTE ?
Mayotte a de nombreux handicaps structurels, liés à son éloignement des grands centres de production et de consommation, liés à sa taille, son insularité. On le sait. L'île a aussi des atouts, structurels, qu'elle devra(it) valoriser : sa culture swahilie, son histoire liée aux pays de la région, son côté français et européen avec les compétences et services qui peuvent y être associés. En effet, par sa proximité culturelle et géographique, Mayotte pourra(it) apporter sa contribution au développement des territoires environnants. Elle pourra(it) former les infirmières et sages-femmes des Comores ou de Madagascar, voire du Mozambique. On pourrait aussi, sur l'île, former les polices nationales ou municipales, aider à leur mise en place, apporter nos compétences pour la gestion des archives, du patrimoine culturel, des déchets, la protection et la valorisation des espaces naturels, des plages et des lagons, former des guides de moyenne montagne, des installateurs de panneaux solaires, des agriculteurs, des aquaculteurs... Mayotte pourrait devenir un centre de formation des cadres pour les entreprises avec une école de commerce solide, d'ingénieurs avec les Conservatoire national des arts et métiers, d'informaticiens, de programmeurs avec une technopole dynamique… Le centre universitaire pourrait accueillir des étudiants de toute la zone et brasser ainsi les connaissances, mutualiser les programmes, les projets ambitieux. Les diplômes français, européens, sont appréciés, reconnus mondialement. Nous n'avons pas beaucoup d'espaces sur l'île pour de l'agriculture ou de l'élevage extensifs. Nous n'avons pas autant de plages et, à part le lagon à valoriser, de sites naturels ou historiques aussi exceptionnels qu'à Madagascar, Maurice, Zanzibar ou les Seychelles. En revanche nous pourrions avoir de la matière grise et ainsi apporter notre pierre à la région en termes de développement. Nous pourrions aider à la mise en place et à la gestion du cadastre, de l'état civil. Nous avons de l'expérience et cette proximité culturelle et géographique qui faciliterait ces formations. Le coût pour nos voisins pourrait être assurés par les fonds de coopération nationaux ou européens, et ainsi bénéficier à Mayotte et ses entreprises. Cela permettrait en outre de bénéficier sur l'île de ces compétences et ne pourrait que servir Mayotte. Ces formations feraient aussi rayonner la francophonie et (re) donnerait toute sa place et sa fierté à Mayotte dans la région. Les échanges qui naitraient au cours de ces formations, de ces contacts réguliers, favoriseraient le développement de nos entreprises dans la région, la vente de nos produits et services, pour lesquels nous pourrions assurer le service après-vente, le dépannage rapide, grâce à un réseau aérien et/ou maritime qui dessert (desservirait) efficacement toute la région.
TOLERIE - PREPAR ATION - PEINTURE
Mayotte aurait à y gagner : sa jeunesse compétente, expérimentée trouverait là les emplois tant attendus, dans le public comme le privé. Mayotte rayonnerait et apporterait (enfin) sa contribution au développement de la zone et de l'argent (re)viendrait sur l'île, alors que pour le moment l'argent arrive sur Mayotte et plutôt que d'être investi ici, part en grandes quantités dans la zone, par les transferts d'argent mensuels, les constructions des uns et des autres dans leur île voisine d'origine ou quitte Mayotte par le tourisme. Et on pourrait enfin imaginer, à part la niche du tourisme lié au lagon à développer, développer des structures d'accueil, touristiques, pour loger toutes ces personnes qui viendraient en formation en zone européenne. Elles devraient se loger, mais aussi manger, se divertir, en profiteraient pour découvrir le lagon, faire des courses, mais aussi pourquoi pas consulter un ophtalmo, un dentiste, acheter des pièces détachées, des ordinateurs, des machines, lire le journal… Il faudrait pour cela que les compétences soient là, et n'aient pas fui à la Réunion ou en Métropole… Il conviendrait aussi que les produits soient à des prix attractifs… d'où la nécessité urgente de placer l'ensemble de l'île en zone franche globale, pour réduire les charges, les taxes et autres octrois de mer destructeurs d'économie, pour privilégier la création d'activités, d'emplois. Cette configuration de Mayotte lui permettrait de pouvoir constituer une base arrière pour les activités gazières et pétrolières colossales qui sont en train d'émerger, de Pemba au Mozambique à Majunga, à moins d'une heure d'avion. Les cadres internationaux qui y travaillent dur déjà seraient ravis, demandeurs, de pouvoir se reposer le week-end sur le lagon, faire quelques courses dans un hypermarché, manger du fromage ou aller au restaurant, aller au cinéma… Ils seraient même très intéressés pour pouvoir baser leurs femmes et enfants ici, si tant est qu'ils puissent disposer d'un cadre de vie agréable, sécurisé, mais aussi d'un système éducatif de qualité, voire international. Il y a de nombreux problèmes graves à résoudre pour en arriver là : immigration clandestine, insécurité, qualité du système éducatif et de santé, insalubrité, efficacité des services publics et des administrations… Pourtant Mayotte aurait toute sa place dans une telle configuration, et toute la population en profiterait. On pourrait imaginer un beau front de mer à Mamoudzou, où l'on aimerait se promener et retrouver des amis en fin de journée, des villes et des villages propres, des plages aménagées, vivantes, et propres, des zones d'activités dynamiques, des administrations efficaces, avec des agents compétents, dynamiques, au service du territoire. On pourrait l'imaginer…
MAYOTTE
SANS Z RENDE S U O V
PARE-BRISE
DZOU oudzou MAMéO97U60 0 mam 10 rue mamaw 7 3 0269 6 0 00 I KAWÉNKa wéni Route nationale, 16 4 1 0269 61
1 rue sppm vers Batimax, Kaweni contact@carosserie-austral.com 0639 69 19 76 / 0269 61 90 14
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S LE RÉTRO
Pour tous vos communiqués et informations
Une seule adresse : rédaction@mayottehebdo.com
Prisonniers des bidonvilles Mise en relief des situations dramatiques vécues dans les trop nombreux bidonvilles de Mayotte, mais aussi volonté de comprendre les différentes causes amenant autant de flux migratoires sur l'île. Parmi celles-ci, "la population mahoraise est souvent accusée de mener un double jeu par rapport à la question de l’immigration. En dépit de la volonté générale de voir diminuer l’afflux de sans papier, les Mahorais sont aussi les premiers à les héberger et les employer. Appât du gain, difficultés pour trouver de la main-d'œuvre ou volonté de venir en aide à des proches. À travers une série de papiers, nous allons étudier la nature des relations ambigües entre ces communautés." Mayotte Hebdo n°461, vendredi 6 février 2015.
La mangrove en danger Dossier consacré à nos si précieuse mangrove, malheureusement menacées. "Sur les 30 dernières années, entre 25 et 30% de la mangrove mondiale a disparu", introduisions-nous avant de mettre en avant : "Mayotte n’est pas épargnée par ce phénomène. Car si sa mangrove n’a reculé que de 5% en 60 ans, il semble impératif de sauvegarder cet écosystème aux vertus extraordinaires." Nous détaillions également : "Cette régression s’explique par plusieurs facteurs étroitement liés. Il y a d’abord la fragilité des habitats de mangrove qui présentent une grande vulnérabilité aux modifications des conditions hydrologiques et sédimentaires. Dans le contexte de forte pression démographique que connaît l’île, cette vulnérabilité pose un problème. En 20 ans, la population mahoraise a été multipliée par trois. L’urbanisation littorale et la construction d’infrastructures se sont accrues pour répondre aux besoins d’une population grandissante." Mayotte Hebdo n°690, vendredi 6 février 2015.
LA PHOTO D'ARCHIVE Découvrir le patrimoine maritime de Mayotte Juin 2011 : avec comme charpentier le foundi Ynoussa, les élèves de la section sportive voile du collège de Bandrélé découvrent et réalisent des pirogues traditionnelles, pour pouvoir ensuite les utiliser dans le cadre de l’école ouverte. L'initiative est menée dans le cadre du projet Laka Lagon.
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IL Y A 5 ANS
IL Y A 10 ANS
C'ÉTAIT DANS MH
TCHAKS
LA PHRASE "Le tourisme à Mangatélé, ça suffit, nous attendons du concret maintenant"
L'ACTION
LE CHIFFRE 1,9
C'est, en millions, la somme débloquée pour accompagner les collectivités et soutenir les associations dans la lutte contre la pauvreté. L'annonce a été faite par Christelle Dubos, la secrétaire d'État auprès de la ministre des Solidarités et de la Santé, lors de sa visite du bidonville de Mangatélé, lundi 1er. Elle prévient toutefois que ce chantier englobait aussi les domaines de l'éducation et de la santé, et qu'il prendrait du temps.
1ère promotion du MEEF La promotion 2017-2019 en master Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation (MEEF) dans le 1er degré est officiellement diplômée ce samedi 8 février à partir de 13h dans l’amphithéâtre du centre universitaire de formation et de recherche (CUFR) à Dembéni, en présence du recteur, Gilles Halbout, et du responsable du département sciences de l’éducation, Abal-Kassim Cheik Ahamed.
Le vice-président du Conseil départemental en charge des Affaires sociales, Issa Issa Abdou, réagit à la visite de terrain de Christelle Dubos, la secrétaire d'État auprès de la ministre de la Santé et des Solidarités, dans un bidonville de Kawéni. Des mots qui traduisent une très forte attente de l'élu local. Pour l’élu, le premier des combats est en effet "l’alignement des droits et prestations sociales. C’est un préalable à toute bataille contre la pauvreté, car oui, nous sommes très pauvres, et nous ne sommes pas aidés à la hauteur de nos besoins, mais nous ne sommes même pas traités à la hauteur d’un département normal."
LA PHOTO DE LA SEMAINE Violences à Dembéni Déferlement de violences à Dembéni. Dimanche, une agression sur une personnalité du village par des jeunes de Tsararano entraîne une réponse de ceux de Dembéni deux jours après. Des scènes d'une rare violence qui se succèdent et qui amènent le maire de la commune, Ambdi Hamada Jouwaou, à instaure un couvre-feu : tout mineur ne pourra, sans être accompagné de l’un de ses parents ou d’un représentant légal, circuler sur la voie publique de 20h à 5h du collège d’Iloni au lycée de Tsararano. Et en cas de débordement en dehors de cette zone, cet arrêté sera étendu sur l’ensemble du territoire communal.
CHIRONGUI
TAXE
Quelques semaines après l’inauguration officielle du pôle culturel de Chirongui, la structure a lancé l’ouverture de son cinéma mercredi 5 février. À l’affiche, pour ce premier jour, Dr Dolittle à 17h, suivi du film 1917 à 19h30. Jusqu’à mardi 11, il sera possible de visionner également Les Misérables, La bataille géante… 2, Bad boys for life et Cuban network. Découvrez les programmes sur la page Facebook Cinéma de Chirongui ou au 06.39.25.94.99.
La baisse du barème de l’impôt sur le revenu a été votée dans la loi de finances pour 2020 au bénéfice de près de 17 millions de foyers fiscaux. Grâce à la réforme du prélèvement à la source, celle-ci est applicable dès janvier, alors qu’elle ne l’aurait été qu’en 2021 avec l’ancien système. Le gain moyen de cette baisse s’élève à 203 euros pour 8.000 des 9.000 foyers imposables du département de Mayotte.
Le cinéma inauguré
L'impôt sur le revenu en baisse
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LE FLOP LE TOP Des maisons à 50 000€ max
Deuxième black-out pour Mayotte
Une solution innovante commanditée par l'État et réalisé par l'Établissement public foncier et d'aménagement de Mayotte (Epfam) pour lutter contre l'habitat précaire : détruite des habitations précaires en proposant aux familles d'acquérir un logement aux normes. Pour cela, la "maison en kit pour l'hébergement adapté". Le principe ? Deux niveaux, 48 mètres carrés auxquels s’ajoutent 13 mètres carrés de bloc sanitaire, une charpente métallique, des matériaux locaux – briques et bois – et une structure adaptée au risque sismique et cyclonique pour un tarif de 50 000€ livrée, ou 30 000€ en auto-construction, le tout en accession à la propriété pour une participation d'une dizaine d'euros par mois par famille en plus des aides au logement. Cerise sur le gâteau : une maison est construite en quelques jours seulement. Afin de permettre la transition, un premier "village relais" – dont la première pierre a été posée mardi 4 février par Christelle Dubos, la secrétaire d'État auprès de la ministre des Solidarités et de la Santé – verra le jour au mois de juin à Tsoundzou. Les familles s'y installeront le temps que leur nouvelle maison soit construite.
Nouvelle coupure générale d'électricité lundi 3 février. Une panne qui, selon EDM, a été causée par une série de manœuvres non autorisées sur le réseau électrique, donc "un acte malveillant". "Afin de déterminer l’origine de ce court-circuit, une investigation nécessaire poste par poste de la zone concernée, entre Combani et Mtsangamouji, a été réalisée de manière exhaustive. Un camion-laboratoire a également été déployé pour contrôler les lignes souterraines et des agents pour visiter les lignes aériennes", poursuit l'entreprise. L’enquête n’a permis d’identifier aucun défaut majeur, de nature à cause un tel phénomène : "Le réseau a été trouvé intact, ce qui confirme une série de manœuvres non autorisées sur le réseau électrique." Par ailleurs, EDM a déposé plainte contre X pour mise en danger de la vie d'autrui et manipulation d'ouvrages publics sans autorisation dans le cadre de la coupure général d'électricité survenue le 28 janvier.
ILS FONT L'ACTU Ségolène Royal Début janvier, l'ancienne ministre – qui a par ailleurs été ministre déléguée à l'Enseignement scolaire auprès du ministre de l'Éducation d'alors, Claude Allègre, sous le gouvernement de Lionel Jospin – lance une polémique sur la radio RMC en lâchant à l'antenne : "Avant on mutait discrètement les professeurs pédophiles et si possible dans les Outre-mer, comme ça c’était loin et on en entendait plus parler." De quoi susciter nombre d'interrogation dans les territoires ultramarins, auxquelles elle a répondu mardi 5 : "À tous mes amis des Outre-mer qui se sont émus et je le comprends, je tiens à apporter les précisions suivantes : la lutte contre les violences faites aux enfants est pour moi un engagement de toujours. Lorsque je fus nommée ministre de l’enseignement scolaire en juin 1997 il y a plus de vingt ans, lorsque les cas d’affaires de pédophilie sont remontés à ma connaissance, au lieu de détourner le regard et de laisser l’administration gérer, j’ai pris le problème très au sérieux. Et c’est précisément suite aux rumeurs de mutation discrète dans les Outre-mer, qui m’ont révoltée, mais aussi en milieu rural isolé que j’ai mis en place un plan de lutte contre cette criminalité impunie : circulaire du 26 août 1997, clarification de la conduite à tenir avec les recteurs, distribution dans toutes les écoles à tous les élèves du petit guide : mon corps c’est mon corps, j’ai le droit de dire non."
PROVERBE Hairi ya mutru udjiusa raha na uusiwa. Il vaut mieux se laisser tomber qu'être renversé.
BANDRÉLÉ
Musicale plage fait peau neuve Travaux d'aménagement de la partie sud de Musicale plage : réalisation de nouvelles installations, telles que des farés et du mobilier adapté à l’utilisation du site, et création de nouveaux espaces destinés à améliorer le confort des usagers et à renforcer l’attractivité touristique du lieu. La mairie explique qu'ils seront "réalisés en tenant compte des enjeux environnementaux et favoriseront le retour à l’état naturel des parcelles dégradées." Des plantations seront également réalisées sur le site. Montant prévisionnel du chantier : 600 000€, cofinancé par l’Union européenne (FEDER), le contrat de projet État-Région, et la commune. Les travaux se dérouleront sur trois mois, restreignant l'accès à cette partie du site.
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MAYOTTE ET MOI
Sanna Ray (avec G.V)
EL-HADAD MOHAMED
L'HOMME QUI NETTOIE POROANI
À 35 ANS EL-HADAD MOHAMED S'EST LANCÉ LE DÉFI DE FAIRE PARTICIPER LES HABITANTS DE SON VILLAGE, POROANI, À SON NETTOYAGE. POUR CELA, CELUI QUI EST AGENT DÉVELOPPEMENT AU SEIN DE LA MUNICIPALITÉ A CRÉE UNE ASSOCIATION. RENCONTRE AVEC UN AMOUREUX DE L'ÎLE. Il est un des enfants de Poroani et un profond amoureux de son île. À 35 ans, El-Hadad Mohamed se mobilise pour nettoyer son village et encourager ses habitants à en faire de même grâce à son association : l'Association culturelle et environnementale de Poroani, créée l'an dernier. Il l'explique : "Nous habitons une petite île, la dégradation de l'environnement ne favorise pas le développement de notre territoire. Avec mon association, nous pensons aux rivières et aux plages qui sont en perte de puissance, voire même en voie de disparition, mais aussi à nos mangroves qui hébergent toutes sortes de déchets, ce qui représentent un réel danger pour nos coraux et autres mammifères marins." Mais alors, comment agit-elle, cette association ? En mobilisant et en sensibilisant les habitants de Poroani à avoir les meilleurs comportements environnementaux, mais aussi en débarrassant les quartiers, les bords de route et les deux plages de Magnassini et Antanabe des déchets qui les jonchent. "L’association cherche vraiment à préserver l’environnement, à lutter contre la pollution et la disparition des espèces pour donner un coup de pouce à notre écosystème", développe El-Hadad. Des idées concrétisées par l'organisation de journées culturelles et de ramassage dans les quartiers et les plages avec l’aide des habitants de Poroani. Et surtout des jeunes car "nous participons également à des journées de sensibilisation auprès d'eux lors des accueils collectifs des mineurs." Mais d'où lui vient cet attrait pour l'environnement ?
UN RAPPROCHEMENT PROGRESSIF VERS L'ENVIRONNEMENT Après un cursus secondaire suivi à Mayotte et l'obtention de son baccalauréat ES, El-Hadad s'envole comme beaucoup d'autres vers la métropole où il se lance dans
un BTS commercial. Une fois diplômé en formation commerciale, le Poroanien revient sur son île natale pour exercer longtemps dans le commerce. Rien à voir avec l'écologie donc, mais les choses évoluent avec un changement de domaine professionnel qui va lui permettre de se "rapprocher davantage de l'environnement." Il intègre en effet la commune de Chirongui avec pour mission de fédérer l'action des élus, des associations, des services municipaux et des structures sociales. Il a aussi pour tâche de créer une dynamique générale en mettant en place, par exemple, des sorties éducatives ou encore des équipements urbains. Également, “Je favorise également la démocratie locale en instituant des conseils consultatifs de quartier pour permettre aux citoyens de donner leur avis sur les dossiers à venir concernant la gestion urbaine et la circulation”. Et il s’occupe principalement des villages dits "prioritaires" de la commune : Poroani, les deux Miréréni et Chirongui. "Ces villages connaissent de réels problèmes en termes de développement de la pollution", explique-t-il en justifiant : "c'est l'une des raisons qui nous a poussé à créer l'association, compte tenu de l’expansion considérable des déchets qui se trouvent un peu partout, mais surtout des déchets échoués sur les plages." Parmi ses projets, élargir les actions de l'association à tous les villages de Chirongui, mais aussi organiser... un festival de musique, dont la première édition pourrait "tourner autour de l'environnement (…) La sensibilisation auprès de la population est une tâche primordiale. Le tri des déchets et reboisement de la mangrove sont aujourd'hui fondamentaux. Pour cela il faut des acteurs, des ambassadeurs qui pourront véhiculer nos actions. Mayotte a besoin d'être propre pour être en bonne santé, pour poursuivre son développement économique et touristique." n
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MAYOTTE ET MOI
DÉMO
MON ENDROIT FAVORI
là-bas. magnifique, calme, spacieux, et c’est pourquoi j’organise toutes mes réunions et les voulés de famille et Serrés-la-main, où des bains de sang coulaient à cette place, c’était assez triste. Toutefois, le cadre est histoires sur notre petit village. D’ailleurs on m’a raconté récemment la difficile période opposant Sorodas magique et ne cesse de me fasciner chaque jour. À chaque fois que je vais là-bas : j’apprends de nouvelles et patrimoine culturel. Je passe la majorité de mon temps sur ce lieu pour me ressourcer. Cet endroit est grands-parents, et puis ensuite nos parents, vivaient. Aujourd’hui, c’est devenu notre plage, notre héritage La plage de Poroani, aussi appelée Antanaba, qui veut dire le grand village. Autrefois, c’était là où nos
MA PHOTO MARQUANTE C'est une photo de mon village, Poroani, qui date de 1980. Cette image est remarquable, elle nous met face à une transition et évolution tranchante entre le village d'il y a 40 ans et celui d'aujourd’hui. Le changement est impressionnant, c’est d’ailleurs ce qui a attiré mon attention. Comment on est passé de cet état à celui de maintenant en si peu de temps ? Comment les gens faisaient pour vivre dans des maisons de deux pièces avec en moyenne six personnes à l’intérieur ? Aujourd’hui, si on montre cette photo à un jeune de Poroani, je doute fort qu’il arrivera a identifier l’endroit.
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MON MEILLEUR SOUVENIR À MAYOTTE Étant un enfant de Mayotte, j’avais dès mon très jeune âge une passion pour les chants et danses traditionnels. De ce fait, on avait notre troupe intergénérationnelle de dahira avec laquelle on voyageait à travers les villages de l’île pour aller danser. J’ai eu l’occasion de visiter tous les villages, de rencontrer un grand nombre de personnes, etc. En bref, de découvrir d’autres choses que ce qu’on avait l’habitude de voir chez nous à Poroani. D’ailleurs j'ai rencontré mon meilleur ami lors de nos sorties de dahira à Bouéni. Ces voyages font partis de mon meilleur souvenir d’enfance, un souvenir indélébile que je relate avec fierté.
MON ŒUVRE PRÉFÉRÉE La fille du polygame, de Nassur Attoumani, reste de loin mon oeuvre préférée, car c’est l’un des grands auteurs engagés qui abordent des sujets controversés à Mayotte tels que la polygamie, le viol ou encore l'inceste. Cette pièce de théâtre fait partie de mon enfance. Quand nous étions en 6ème, nous apprenions par coeur ses passages et on devait la représenter à la fin de l’année.
MA BONNE IDÉE POUR MAYOTTE Mayotte est une belle île avec des richesses culturelles et une évolution importante. Néanmoins, nous devons continuer à garder la beauté de notre île et la rendre plus attractive en faisant de bonnes actions, notamment organiser des journées de nettoyage pour notre village respectif, par exemple. Il serait également bon de redessiner le réseau routier afin de limiter les embouteillages et réduire la pollution de l’air engendrée par les voitures.
Adhérer à l'Acep L'Association culturelle et environnementale de Poroani est ouverte à tous les adhérents qui souhaiteraient venir au secours de l'environnement. Elle propose des actions comme des nettoyages de plages, mais aussi des journées dédiées à la culture mahoraise. Page Facebook : ACEP.
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LE DOSSIER
2,
0.2%
1/3 10 €
1,8% 1,3%
4,1%
6,5% 12•
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,1% consommation 2,6% UNE SI CHÈRE ÎLE
%
"Le prix de la vie au soleil", diront les plus relativiste. Certes, mais c'est oublier qu'à Mayotte, si le soleil est bel et bien dans le ciel, il n'est pas vraiment dans la vie quotidienne. Entre misère, chômage et retard de développement, notre département est le plus pauvre de France, mais un de ceux où ma vie quotidienne est la plus cher. Paradoxal ? Oui, mais est-on encore à un paradoxe près ? Non. Pour mieux cerner la réalité, Mayotte Hebdo a donc décidé cette semaine de se livrer à quelques comparatifs de prix. Les quelques produits retenus n'ont pas vocation à être représentatifs de l'ensemble de ceux en vente sur l'île, simplement à donner un ordre d'idée. D'ailleurs, il serait bien délicat de savoir précisément quelle enseigne est le moins cher, ou laquelle a le meilleur rapport qualité-prix car, c'est le premier constat que nous avons fait : dans les produits de consommation courante, l'offre – bien que réduite – demeure variée entre du (très) bas de gamme de marques bien inconnues et des produits de meilleures qualités éparpillés ici ou là. Bref : la leçon que l'on peut en tirer, c'est que chez nous, que l'on cherche à faire des économies ou à n'acheter que des produits de qualité sûre, il est bien compliqué de savoir comment faire ses courses le mieux possible.
3 € 0,9% 13
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LE DOSSIER
CONSOMMATION
LES DERNIERS CHIFFRES
CHAQUE ANNÉE, L'INSTITUT NATIONAL DE LA STATISTIQUE ET DES ÉTUDES ÉCONOMIQUES DRESSE L'INDICE DES PRIX À LA CONSOMMATION DES MÉNAGES. EN CE DÉBUT D'ANNÉE 2020, L'INSTITUT A DONC RENDU PUBLIQUE SON ANALYSE SUR L'ANNÉE 2019. VOICI LES GRANDS CHIFFRES À RETENIR.
0.2% C'est la baisse moyennes des prix à Mayotte en 2019 par rapport à l'année 2018, qui avait enregistré une hausse de 0,3%.
DES PRODUITS MANUFACTURÉS EN BAISSE
4,1% Pour la sixième année consécutive, les prix des produits manufacturés reculent de 4,1 % en 2019. Une baisse nettement plus importante qu'en France, où le prix de ces produits ne diminuent que de 0,6%.
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6% ET
4%
Ce sont les baisses respectives de l'habillement (chaussures comprises), et des véhicules. Un recul important qui porte la baisse générale
1/3 C'est ce que représentent les produits manufacturés dans les dépenses totales. Cette proportion importante permet d'atténuer fortement l'inflation
UNE HAUSSE DANS LES SERVICES
1,8% C'est la hausse des prix des services. Ceux-ci continuent donc de grimper après une précédente hausse de 1,5% en 2018. Elle est plus marquée à Mayotte qu'en France où, sans compter notre département, cette augmentation est de 1%
2,9% La hausse des prix de la restauration
1,3%
La hausse des services financiers
2,1% La hausse des prix des transports et communications
1,4% La hausse des services liés au logement
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LE DOSSIER
UNE HAUSSE DES PRIX DE L'ALIMENTATION CONTENUE
0,7% C'est l'augmentation des prix dans l'alimentation en 2019. Une hausse moins rapide que les trois années précédentes où elle avait été de 1,1% en 2016, 2,5% en 2017 et 2,8% en 2018. Cette hausse des prix est nettement moins forte qu’en France hors Mayotte (+ 2,5 %).
6,5% La hausse des prix des produits frais
2,6% 16•
La hausse des prix des produits céréaliers
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0,9%
La hausse des prix du poisson
0,7% La baisse du prix des viandes et volailles
La hausse du prix des œufs et produits laitiers
2.3%
0.8%
La baisse des prix des boissons alcoolisées
L'ÉNERGIE AUGMENTE
2%
À Mayotte, les prix de l’énergie continuent de progresser en 2019 avec +2 %, après une hausse de 3,4 % en 2018 et de 5,7 % en 2017. Cette augmentation s’explique principalement par la hausse des prix des produits pétroliers. En France, les prix de l’énergie augmentent au même rythme : +1,9 %.
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LE DOSSIER
R.A
BOUCLIER QUALITÉ-PRIX
UN REMPART GLOBALEMENT RESPECTÉ LE PRIX D’UN PANIER DE BASE GRIMPE RAPIDEMENT À MAYOTTE. L’ÉTAT, EN ACCORD AVEC LES DIFFÉRENTES ENSEIGNES PRÉSENTES SUR LE TERRITOIRE, A DONC DÉCIDÉ DE FIXER DES PRIX MAXIMAUX POUR LES PRODUITS DE CONSOMMATION LES PLUS UTILISÉS. UNE RÈGLE QUI N’EST PAS TOUJOURS RESPECTÉE. C’est un fait, les prix des produits de consommation à Mayotte sont nettement plus élevés qu’en France métropolitaine. Cette situation avait conduit à la grève contre la vie chère en 2011. Suite à ce vaste mouvement social et aux autres grèves menées dans les autres territoires d’Outremer, le gouvernement avait alors voté une loi afin de calmer la colère des ultramarins et remédier au problème. La loi Lurel du 20 novembre 2012, a mis en place le "bouclier qualité-prix". Il s’agit d’une liste de produits de consommation courants vendus à prix modéré par les enseignes. L’objectif est de lutter contre la vie chère dans les DomTom et de permettre à chacun de pouvoir se procurer les produits de base. Ces derniers diffèrent selon les territoires. À Mayotte nous retrouvons des aliments de la vie quotidienne comme les différents types de viandes, des légumes, des féculents, des épices, ou des produits d’hygiène. En 2019, le bouclier qualité prix comptait 77 produits et le panier
s’élevait à 193€. Un prix maximal est fixé pour toutes les enseignes, elles sont ensuite libres de le baisser pour faire jouer la concurrence. Cependant, tous les groupes présents sur le territoire ne respectent pas à la lettre le bouclier qualité-prix. Certains produits valent plus chers, et d’autres ne sont pas toujours disponibles en magasin. Ce qui incite les clients à acheter un produit similaire à un prix plus élevé. À Mayotte, la population a ses produits phares comme le riz, la sardine, l’huile, et la lessive pour laver à la main. Nous nous sommes donc intéressés à ces produits, et avons vérifié si tous les groupes respectent les règles du jeu. La liste complète des produits est disponible sur le site mayotte.gouv.fr, qui indique également les prix. Voici les prix recommandés par le bouclier qualité prix* pour cinq produits sélectionnés. n *Prix constatés le lundi 3 février, sur la base des produits disponibles en magasin. Les prix les moins élevés ont été retenus.
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1,18€ 0.65 € RIZ PARFUMÉ LE KG
SARDINE À L'HUILE BOITE DE 125G
1.50€ 2.56 € HUILE DE TOURNESOL 1L
Produits
LESSIVE POUDRE LAVAGE MAIN
500G
Enseignes Jumbo Score
Sodifram
Somaco
Doukabé
Hyper Discount
Baobab
Riz parfumé sac de 20 ou 25kg
23€ le sac de 20kg soit 1,15€/kg
22,90€ sac de 25kg soit 0,92€/kg
23,50€ sac de 20 kg soit 1,18/kg
23€ sac de 20kg soit 1,15€/kg
22,90€ sac de 25kg soit 0,92/kg
22,90€ sac de 25kg soit 0,92/kg
Préservatifs
2,70€ la boîte de 12
2,90€ la boite de 6
2,95€ la boite de 12
2,90€ la boite de 6
2,90€ la boite de 6
Sardine à l’huile boite de 125g
0,65€
0,65€
0,65€
0,69€
0,65€
1,15€ le moins cher
Huile de tournesol 1L
1,85€
1,79€
1,50€
1,85€
1,79€
1,79€
Lessive poudre lavage main 35gx6
0,60€
0,60€
0,60€
0,60€
0,60€
x
x
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LE DOSSIER
S.P
OUTRE-MER
LA GUERRE DES DOM
NUL NE L'IGNORE : LA VIE DANS LES DÉPARTEMENTS D'OUTRE-MER COÛTE BIEN PLUS CHER QU'EN FRANCE MÉTROPOLITAINE. ET POUR UNE FOIS, MAYOTTE SE CLASSE PREMIÈRE EN LA MATIÈRE. POURTANT, CE N'EST PAS TOUJOURS ICI QUE CERTAINS PRODUITS SONT LES PLUS ONÉREUX. MAIS COMBIEN PÈSENT VRAIMENT LES ÉCARTS DE PRIX AVEC NOS VOISINS ULTRAMARINS ? EN VOICI UN APERÇU NON EXHAUSTIF.
BOUTEILLE D'EAU DE SOURCE PREMIER PRIX (1,5 LITRE) Prix/bouteille en grande surface Prix au litre
Mayotte
La Réunion
À partir de 80 centimes
À partir de 50 centimes
0,41 centimes
33 centimes
Guyane
Martinique
Guadeloupe
À partir de 60 centimes
À partir de 43 centimes
À partir de 60 centimes
40 centimes
29 centimes
40 centimes
Selon l'autorité de la concurrence, une bouteille d'eau minérale d'1,5 L achetée en dehors du territoire au prix initial de 1,03 euros reviendrait, une fois arrivée en outre-mer, à 4,21 euros, dont 1,87 euros de fret, 65 centimes d'octroi de mer et 5 centimes de transit local et de transport routier. Son prix total, entre l'Hexagone et les DOM, a ainsi été multiplié par 4,07. L'institution établissait ainsi, en 2018, que "les produits à faible valeur ajoutée, comme une bouteille d'eau, sont davantage impactés que les produits à forte valeur ajoutée (une bouteille de champagne par exemple), les prestations liées au fret ne dépendant pas de la valeur de la marchandise".
ANANAS FRAIS EN PRODUCTION LOCALE (VARIÉTÉ VARIABLE) Prix moyen au kilo sur les marchés (2019)
Mayotte
La Réunion
Guyane
Martinique
Guadeloupe
2,55 euros
2 euros
4 euros
Entre 1,20 et 2 euros
1,70 euros
Source : Directions régionales de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt (Daaf)
En 2019, les produits frais ont connu une inflation de 13,6 % à Mayotte, alors que le coût de l'alimentation générale accusait une très légère baisse (- 0,2 %)
TÉLÉPHONE PORTABLE SAMSUNG GALAXY A10 32 GO Mayotte Prix d'achat neuf constatés en boutique
À partir de 179 euros
La Réunion
Guyane
Martinique
Guadeloupe
Entre 149 et 159 euros
Les téléphones portables neufs coûteraient, selon l'Insee, en moyenne et à Mayotte, deux fois plus chers qu'en métropole.
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ESSENCE ET GAZ Mayotte
La Réunion
Guyane
Martinique
Guadeloupe
Sans plomb
1,56€/l
1,46€/l
1,63€/l
1,49€/l
1,49€/l
Gazole
1,32€/l
1,15€/l
1,50€/l
1,36€/l
1,36€/l
Bouteille gaz 12 kg
22,50€/l
18,68€/l
19,98€/l
20,51€/l
18,56€/l
PAQUET DE FARINE PREMIER PRIX (1 KILO) Prix en grande surface
Mayotte
La Réunion
Guyane
Martinique
Guadeloupe
À partir de 79 centimes
À partir de 67 centimes
À partir de 97 centimes
À partir de 75 centimes
À partir de 75 centimes
En 2019, l'association de consommateurs Familles Rurales estimait que les prix pratiqués en outre-mer étaient globalement 66 % supérieurs à ceux de métropole, plus particulièrement à Mayotte où la différence monte jusqu'à 73 %. Pour l'Insee, les produits alimentaires représentent la plus grosse part des dépenses des foyers mahorais, à hauteur de 25 % contre 16 % en France hexagonale, où les biens et services occupent cette fois la première place en termes de consommation. "Les produits alimentaires et boissons non alcoolisées consommés habituellement en métropole coûtent 42 % plus chers à Mayotte, soit un écart de prix du même ordre que celui mesuré dans les autres DOM (entre 37 % à La Réunion et 48 % en Martinique). L’écart est particulièrement fort pour les boissons sans alcool (+ 73 %)", concluait l'Insee en 2015. Dans le 101ème département, la volaille, le riz et la viande bovine constituent à eux seuls 38 % des dépenses alimentaires.
DACIA DUSTER (DIESEL), MODÈLE D'ENTRÉE DE GAMME Prix d'achat pour un véhicule neuf en concession
Mayotte
La Réunion
Guyane
Martinique
Guadeloupe
24 000 euros
22 740 euros
21 850 euros
20 600 euros
18 990 euros
Selon l'Insee, acheter une voiture à Mayotte coûte en moyenne 25 % plus cher qu'en métropole. Les pièces détachées seraient elles aussi plus onéreuses. En revanche, "les services liés à l'entretien du véhicule sont meilleur marché" sur le territoire, relevait en 2015 l'institut de sondage.
COMMUNICATIONS : JUSQU'À DEUX FOIS PLUS CHÈRES À MAYOTTE Forfait appel/SMS/ MMS illimités + 60 Go d'Internet (hors option) Box Internet / téléphone/ TV (fibre)
SFR Métropole
SFR Mayotte et Réunion
20 euros/ mois
39,99 euros/ mois
À partir de 15 euros / mois
À partir de 39 euros/ mois
Orange Métropole
Orange Mayotte
Orange Réunion
Forfait 2h d'appel/ SMS et MMS illimités + 5 Go d'Internet (hors option)
11,99 euros/ mois
15 euros/ mois
14,99/mois pour 2 Go et 19,99 euros/mois pour 30 Go
Box Internet / téléphone/ TV (ADSL)
À partir de 22,99 euros/ mois
À partir de 52,40 euros/ mois
À partir de 32,61 euros/ mois
En raison des installations locales, le débit mahorais est jusqu'à 20 fois plus faible qu'en métropole. Concernant les forfaits, Orange offre la possibilité de souscrire jusqu'à 150 Go en France métropolitaine (et 120 Go à La Réunion), contre 100 pour SFR, mais tout deux ne vont pas au-delà de 60 au sein du 101ème département. Aussi, ces deux opérateurs proposent, sur l'Hexagone, jusqu'à 100 chaînes télévisées supplémentaires, ainsi que davantage d'option, tant en téléphonie mobile qu'au niveau de leurs différentes boxes. Selon l'Insee en 2015, "les prix des communications à Mayotte étaient en moyenne supérieurs de 35,3 % à ceux de métropole". Une catégorie qui représenterait 6 % du budget des dépenses des Mahorais, soit deux fois moins que les Hexagonaux. Entre 2005 et 2011, la moyenne de ces seules dépenses a été multipliée par quatre, pour finalement atteindre 59 euros par foyer et par mois. L'accès à Internet coûterait, lui, 59 % plus cher sur l'île aux parfums qu'en métropole.
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LE DOSSIER
G.V
AÉRIEN
DES PRIX QUI S'ENVOLENT ? ON LE SAIT : VOYAGER À MAYOTTE COÛTE CHER. VOIRE TRÈS CHER. EN CAUSE : UNE ABSENCE DE CONCURRENCE SOUVENT INVOQUÉE QUI, JEU DE L'OFFRE ET DE LA DEMANDE AIDANT, EMMÈNERAIT LA COMPAGNIE PRÉSENTE, EN SITUATION DE MONOPOLE, À TIRER LES PRIX VERS LE HAUT. C'est sans doute le secteur où l'on râle le plus : l'aérien et son absence de concurrence, accusée de tirer les prix vers le haut. Si une première réunion du comité de pilotage pour la piste longue promise par le président de la République s'est tenue la semaine dernière (voir encadré) et que cette réalisation doit permettre, à terme, de diversifier l'offre de et vers Mayotte, entraînera-t-elle pour autant une réelle une baisse des prix ? Au moins de septembre dernier, nous avions interviewé le PDG d'Air Austral*, Marie-Joseph Malé, à propos de cette possibilité. Sa réponse ? "Je n'ai absolument aucun problème avec la concurrence. Mais ici, le marché est étroit. Alors quand [elle] arrive, il faut que cela puisse générer de la clientèle nouvelle pour que les deux puissent s'y retrouver. Sinon, le risque est qu'un des deux se retire ou que chacun réduise sa capacité car personne ne va se suicider en continuant comme si de rien n'était s'il n'y a pas une hausse du trafic. Et à l'arrivée, on se retrouve dans la situation antérieure." Et d'expliquer que les prix pratiqués sont, en l'état des choses en tout cas, ceux les plus bas possibles. Il citait pour cela l'exemple de Corsair, présente à Mayotte jusqu'à fin 2018 : "Quand Corsair est arrivé avec deux vols par semaine sur le Réunion-
Dzaoudzi, le tarif qu'ils pratiquaient de 190 euros, nous le pratiquions avant eux, à 199 euros. (…) Sur 190 euros, il y a en 80 de taxes d'aéroport. Il reste donc 110 euros. En divisant en deux, c'est le même prix qu'un taxi entre Roissy et Paris. Si on devait remplir notre avion avec ça, j'arrêterais la ligne tout de suite. Je ne l'ai jamais caché. Pourquoi ? Parce notre utilisation, ici, est réduite. Cela, les gens ne le réalisent pas. Or, c'est l'économie de base des transports. La région est compliquée en cela. On est en sous-utilisation des machines : on ne peut pas se poser sur des aéroports secondaires, les coûts sont bien supérieurs à ceux que l'on trouve en Europe, on a des coûts de touchée au niveau des escales, des restrictions en matière d'horaires, d'ouverture et de fermeture des aéroports, etc. : nos surcoûts sont là, c'est une réalité. (…) Il est donc tout à fait normal que les prix fluctuent." En attendant de voir, un jour prochain, arriver des compagnies concurrentes, nous nous sommes livrés à un comparatif de divers vols internationaux ou régionaux, afin de savoir si, oui ou non, les prix pratiqués ici étaient exorbitants. Les réponses en chiffres. n *Mayotte Hebdo n°900, vendredi 27 septembre 2019.
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PISTE LONGUE : PREMIÈRE RÉUNION DU COMITÉ DE PILOTAGE La première réunion du comité de pilotage pour la piste longue s’est tenue vendredi 31 janvier en présence d’élus locaux, du préfet et de la direction générale de l’aviation civile. Aucune nouvelle grande annonce n’a été faite, mais le rendez- vous a toutefois permis de définir plus clairement les objectifs du chantier. À savoir, selon Jean-François Colombet : "protéger le patrimoine naturel de Mayotte", "fiabiliser le dossier" aux yeux de la loi et des magistrats, et "accélérer les délais". Car s’il est encore trop tôt pour savoir quand la première pierre de la nouvelle piste sera posée, Jean-François Colombet annonce déjà vouloir avancer de "deux ou trois mois" la fin de l’étude préparatoire qui se ponctuera par une enquête publique. De quoi coller un peu plus aux délais annoncés en octobre dernier sur le sol mahorais par Emmanuel Macron qui tablait alors sur "l’année et demie qui vient" pour voir le chantier débuter. Mais pour l’heure, "comment voulez-vous que l’on dise que les travaux seront faits dans un an, deux ou trois ans ?", a interrogé le préfet, dévoilant au passage que le choix de la piste lui-même – longue ou convergente – n’avait pas encore été acté. "Nous allons étudier toutes les hypothèses finement pour avoir un dossier beaucoup plus fiable, et les Mahorais feront partie du choix", a encore insisté Jean-François Colombet. "Mais l’allongement produirait un impact qu’il faudra mesurer." Retour donc à la fin 2021 pour connaître l’option privilégiée.
COMPARATIFS DE QUATRE VOLS DEPUIS PARIS CDG Sur la base d'un vol direct A/R avec un bagage en soute. En cas de vols de plusieurs compagnies le même jour et dans les mêmes conditions, le tarif le plus bas a été retenu. Prix constatés le 3 février. Si la date aller ou retour n'était pas disponible, la moins chère de la veille ou du lendemain a été choisie. Les prix au km sont arrondis au centième supérieur (ex : 0,067 est arrondi à 0,07).
DU LUNDI 4 MAI AU SAMEDI 30 MAI Paris-Dzaoudzi 16 104 km A/R
Paris-Bangkok 18 902 km A/R
Paris-Cayenne 14 226 km A/R
Paris-Los Angeles 18 172 km A/R
771€ 0,05€/km
636,05€ 0,03€/km
577,99€ 0,04€/km
781,51€ 0,04€/km
DU JEUDI 9 JUILLET AU JEUDI 20 AOÛT Paris-Dzaoudzi 16 104 km A/R
Paris-Bangkok 18 902 km A/R
Paris-Cayenne 14 226 km A/R
Paris-Los Angeles 18 172 km A/R
1 162,50€ 0,07€/km
1 264,99€ 0,07€/km
897,99€ 0,06€/km
1 429,51€ 0,08€/km
QUE CONSTATE-T-ON ? Hors vacances estivales et ramené au coût du kilomètre, la liaison Paris-Dzaoudzi est la plus chère de ces quatre vols long-courriers A/R, devant les liaisons Paris-Los Angeles et Paris-Bangkok, pourtant plus longues. Le moins cher ? Un Paris-Cayenne, lui, ne coûte "que" 897€ : 264€ de moins qu'un Paris/Dzaoudzi pour 1 878 km de moins à parcourir A/R. Pour autant, le prix du billet entre Mayotte et Paris demeure dans les clous d'un vol long-courrier, et si le prix augmente logiquement en période estivale, il reste là aussi dans la norme. En somme : dans la moyenne supérieure des tarifs.
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LE DOSSIER
COMPARATIFS DE VOLS DEPUIS DZAOUDZI OU SAINT-DENIS DE LA RÉUNION VERS PARIS Sur la base d'un vol direct A/R avec un bagage en soute. En cas de vols de plusieurs compagnies le même jour et dans les mêmes conditions, le tarif le plus bas a été retenu. Prix constatés le 3 février. Si la date aller ou retour n'était pas disponible, la moins chère de la veille ou du lendemain a été choisie.
DU LUNDI 4 MAI AU SAMEDI 30 MAI Dzaoudzi-Paris avec Air Austral 16 104 km A/R 771,16€ 0,05€/km
Saint-Denis-Paris avec Air Austral 18 744 km A/R
Saint-Denis-Paris (Orly) avec French Bee 18 720 km A/R
909,50€ 0,05€/km
725,45€ 0,04€/km
Saint-Denis-Paris avec Air Austral 18 744 km A/R
Saint-Denis-Paris (Orly) avec French Bee 18 720 km A/R
1 162,50€ 0,06€/km
871,15€ 0,04€/km
DU JEUDI 9 JUILLET AU JEUDI 20 AOÛT Dzaoudzi-Paris avec Air Austral 16 104 km A/R 1 428,16€ 0,09€/km
QUE CONSTATE-T-ON ? Nous avons ici comparé les tarifs des vols vers Paris au départ de Dzaoudzi, mais aussi de Saint-Denis de La Réunion, en incluant French Bee, compagnie concurrente d'Air Austral sur cette liaison. Qu'il s'agisse de période estivale ou pas, French Bee est moins cher et arrive à contenir ses tarifs sur les dates observées, en dessous de 750€ et 900€. Pour un séjour hors vacances scolaires, le Dzaoudzi-Paris s'affirme honnête en comparaison du Saint-Denis-Paris, mais explose dès lors que la période estivale débute, dépassant les 1 400€, contre seulement 1 162,50€ pour un Réunion-Paris, pourtant plus loin.
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COMPARATIFS DE VOLS RÉGIONAUX Sur la base d'un vol direct A/R avec un bagage en soute. En cas de vols de plusieurs compagnies le même jour et dans les mêmes conditions, le tarif le plus bas a été retenu. Prix constatés le 4 février. Si la date aller ou retour n'était pas disponible, la moins chère des jours autour a été retenue.
DU MARDI 5 MAI AU JEUDI 14 MAI Dzaoudzi-Tananarive Avec Air Madagascar 1 412 km A/R 358€ 0,25€/km Saint-Denis-Tananarive Avec Air Austral 1 742 km A/R 390,94€ 0,22€/km
Dzaoudzi-Moroni Avec Ewa Air 520 km A/R
Dzaoudzi-Saint-Denis Avec Air Austral 2 822 km A/R
350,94€ 0,67€/km
501,25€ 0,18€/km
Saint-Denis-Maurice Avec Air Austral 462 km A/R
Saint-Denis-Mahé* Avec Air Austral 3606 km A/R
254,50€ 0,55€/km
566,80€ 0,16€/km
Dzaoudzi-Moroni Avec Ewa Air 520 km A/R
Dzaoudzi-Saint-Denis Avec Air Austral 2 822 km A/R
425 € 0,82€/km
439 € 0,15€/km
Saint-Denis-Maurice Avec Air Austral 462 km A/R
Saint-Denis-Mahé* Avec Air Austral 3606 km A/R
254 € 0,55€/km
376 € 0,10€/km
*Du 3 au 10 mai
DU JEUDI 9 JUILLET AU JEUDI 23 JUILLET Dzaoudzi-Tananarive Avec Air Madagascar 1 412 km A/R 358€ 0,25 €/km Saint-Denis-Tananarive Avec Air Austral 1 742 km A/R 410 € 0,23€/km *Du 10 au 24 juillet
QUE CONSTATE-T-ON ? Logiquement, et certains coûts étant incompressibles, le coût au kilomètre des vols régionaux est plus élevé que celui des vols internationaux. Toutefois, on constate que l'idée répandue que la liaison de La Réunion à Maurice est la plus chère par rapport à la distance parcourue est fausse. C'est en effet le Dzaoudzi-Moroni qui est la plus chère, et de loin, que cela soit en période estivale ou non.
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LE DOSSIER
G.V
PRODUITS DIVERS
UNE OFFRE FLOUE AU-DELÀ DU BOUCLIER QUALITÉ-PRIX, DE NOMBREUSES OFFRES EXISTENT. LES PRIX SONT-ILS COMPARABLES D'UNE ENSEIGNE À L'AUTRE ? OU BIEN EST-IL POSSIBLE DE RÉDUIRE SON BUDGET CONSIDÉRABLEMENT ?
Si le bouclier qualité-prix impose aux enseignes de distribution de proposer certains produits à un prix maximum, rien ne leur empêche d'en proposer d'autres, de gamme plus élevée à un prix libre. Idem avec les produits qui ne sont pas inscrits dans le bouclier. Nous avons donc voulu savoir quelle était la gamme de prix proposée sur quatre produits, au prix libre* : un cahier A4 de 96 pages à grands carreaux (le moins cher possible), un pack de six bières de 33cl de marque Phoenix (disponible quasiment partout), le traditionnel carton d'ailes de poulet (exclu du bouclier qualité-prix) et des tampons hygiéniques (le moins cher possible). Premier constat : selon les produits, comme un cahier par exemple, l'écart de prix peut
considérablement varier, quand d'autres voient leurs prix contenus dans un relatif mouchoir de poche. Deuxième constat, marqué : compte tenu de la variété des marques et des gammes, réparties dans les différentes enseignes, il faudra toutes les parcourir pour trouver son panier idéal, quelle soit l'attente : le plus économique, composé uniquement de produit de gamme moyenne, etc. Un vrai casse-tête. n *Sur la base des produits disponibles en magasin le mercredi 5 février. Le distributeur Somaco, de type épicerie de proximité et proposant par ailleurs le plus souvent des produits d'entrée de gamme et donc peu comparables dans cette rubrique, n'a été inclus que pour les ailes de poulets.
HD
Somaco
Sodifram
Douka-Bé
Baobab
Jumbo
SNIE
Cahier A4 96p. Grands-carreaux
1,10€
x
1,30€
x
1,50€
0.90€
1,50€
Pack de 6 bières Phoenix
6€
x
5,70€
5,70€
6€
6€
Ailes de poulet carton de 10kg
22,50€
22,50€
23,90€
23,90€
Tampons hygiéniques
1,35€ les 24
1,95 les 32
3,80€ les 20
2,50€ les 20
23,50€
x
27,50€ 1,95€ les 32
6€ 23,90€ 1,50€ les 24
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S.P
SERVICE PUBLIC
DES SALAIRES ATTRAYANTS DEPUIS 2017, MAYOTTE A REJOINT LES AUTRES DÉPARTEMENTS DES OUTRE-MER DANS LA MAJORATION DES SALAIRES DES FONCTIONNAIRES ULTRAMARINS. MAIS MÊME SI CELLE-CI EST SUPPOSÉE PALIER LA VIE CHÈRE DANS LES DOM, ELLE NE FAIT PAS L’UNANIMITÉ. POURTANT LES BULLETINS DE PAIE DES AGENTS DU SERVICE PUBLIC À MAYOTTE EN FERAIENT RÊVER PLUS D’UN. Majoration ou sur-rémunération. Deux termes différents qui signifient la même chose. Et tous les fonctionnaires des départements d'outre-mer en bénéficient, au regard du niveau de vie qui est très élevé. La majoration diffère selon les départements. Sur l’île de La Réunion, les salaires dans le service public sont augmentés de 54% alors qu’en Guadeloupe, Guyane, Martinique et Mayotte, le taux s’élève à 40%. Il s’agit d’un sujet qui est régulièrement décrié, car il coûterait trop cher au gouvernement et favoriserait les inégalités salariales au sein même des départements. Selon un rapport du Sénat, à Mayotte "Les revenus des personnes les plus riches y sont près de dix fois supérieurs à ceux des plus pauvres." Le président de la République, Emmanuel Macron, avait par ailleurs réagi sur le sujet lors de la session du grand débat avec les maires ultramarins le 1er février 2019 : "Aujourd'hui la vie est chère [en Outre-mer] pour tous ceux qui n'ont pas la sur-rémunération. Il faut penser à une transition sur 10 ans et savoir comment progressivement s'en sortir."
LES PROFESSEURS Sur notre territoire, certains métiers, à l’exemple de de celui des professeurs, ont la réputation d’être bien payés. Cela en amène plus d’un à réfléchir à une éventuelle reconversion, tant les salaires seraient alléchants. Mais qu’en est-il réellement ? En effet, qu’il soit contractuel ou titulaire, un professeur à Mayotte est mieux payé qu’un professeur en métropole. En début de carrière un professeur contractuel perçoit entre 2 500€ et 3 500€ brut selon les chiffres donnés par le rectorat de Mayotte. "La rémunération exacte varie en fonction du niveau de diplôme initial", précise un représentant du rectorat de Mayotte. En France métropolitaine, les salaires s’échelonnent entre 1 500€ et 1 700€ brut pour un contractuel. Le salaire d’un professeur titulaire au collège ou lycée à Mayotte est compris entre 3 200€ et 3 500€. À
cela il faut ajouter, pour les primo-arrivants "environ 11 000€ par an les quatre premières années, et pour les contractuels 4 500€ les deux premières années", souligne le rectorat. Alors que les professeurs des collèges et lycées qui restent dans l’hexagone débutent avec un salaire de 2 000€ brut mensuel. Les agrégés ont un salaire plus élevé. Quant aux professeurs des écoles à Mayotte, ils sont payés un peu plus de 3 100€ bruts mensuels en début de carrière, contre 2 000€ bruts mensuels en métropole. Tous ces montants n’incluent pas les primes. Les rémunérations évoluent également en fonction de l’établissement d’affectation de l’enseignant, s’il est professeur principal au collège et lycée, ou s’il est directeur d’une école du premier degré.
LES INFIRMIERS Pour les professionnels de la santé, comme les infirmiers, il est beaucoup plus avantageux de travailler sur l’île si l’on se réfère uniquement au salaire. Selon l’Institut des études en santé de Mayotte, durant son année de stage, l’infirmier à Mayotte est payé en moyenne 2 500€ brut par mois. Il doit effectuer un an de stage avant d’être titularisé. Après sa titularisation, il perçoit en moyenne 2 900€ bruts mensuels. Ces salaires concernent les professionnels qui travaillent à l’hôpital. "Les infirmiers libéraux ont un salaire plus élevé malgré toutes les cotisations", affirme Josiane Henry, directrice de l’Institut des études en santé de Mayotte. En métropole, selon le site du ministère de la santé et de la solidarité, un infirmier en soins généraux qui est en stage gagne 1 711€ net par mois. Une fois qu’il devient titulaire, son salaire passe à 2 251€ net mensuels. Il est important de préciser que ces chiffres ne sont pas exhaustifs puisque les revenus d’un infirmier dépendent également de sa spécialité. Un infirmier en soins généraux gagne moins qu’un infirmier en bloc opératoire qui gagne moins qu’un infirmier anesthésiste.n
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Grégoire Mérot
DOMINIQUE VOYNET
L'ARS DE PLEIN EXERCICE, UN CHANTIER COLOSSAL MAIS SUR LES RAILS
ALORS QUE L’AGENCE RÉGIONALE DE SANTÉ DE MAYOTTE – DE PLEIN EXERCICE – EST OFFICIELLEMENT NÉE AU 1ER JANVIER 2020, BEAUCOUP RESTE À FAIRE POUR QUE CETTE INSTITUTION PUISSE PLEINEMENT JOUER LE RÔLE MAJEUR QUE LE TERRITOIRE ATTEND D’ELLE. ENTRE LE DÉFI ADMINISTRATIF ET LA SITUATION SANITAIRE BIEN PARTICULIÈRE DU TERRITOIRE, DOMINIQUE VOYNET, SA DIRECTRICE, SE DOIT D’EMBARQUER SES ÉQUIPES VERS UNE NOUVELLE DIMENSION. DEUXIÈME HÔPITAL, PRÉVENTION, ADAPTATION DU RÉSEAU DE SOIN À L’ÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE, LA NOUVELLE DIRECTRICE NOUS DIT TOUT DE SES AMBITIONS POUR TRANSFORMER LE VISAGE DE LA SANTÉ SUR LE DÉPARTEMENT. LE TOUT EN DEUX ANS. Mayotte Hebdo : Pourquoi la création d’une ARS de plein exercice était-elle nécessaire et quels enjeux cela a-t-il représenté ? Dominique Voynet : Cette création est un énorme chantier. D’abord parce qu’il n’y avait pas une volonté partagée entre Mayotte et La Réunion de créer une ARS de plein exercice et qu’il a fallu dans tous les domaines batailler très ferme pour que les choses se fassent de façon équilibrée. Mais c’était nécessaire. Ensuite parce que l’histoire et l’expérience ont montré que ce n’était pas à La Réunion que l’on pouvait décider de ce qui était bon pour Mayotte. Rappelons que la distance entre les deux îles est la même qu’entre Paris et Oslo. Lorsque je suis venue en 2016 pour faire une étude sur l’offre de santé à Mayotte, cela m’a sauté aux yeux. Le problème n’est pas que les responsables de La Réunion sont
méchants ou injustes, c’est que nous avions beaucoup de projets à peine émergents à Mayotte et beaucoup de projets en attente de financement à La Réunion. Dès lors, quand les agents de l’île Bourbon allaient défendre leurs dossiers à Paris, ceux qui étaient prêts étaient évidement ceux de leur territoire. Mayotte, dans le même temps, n’avait pas les ressources pour consolider et porter les dossiers. De ce fait, le fossé entre les deux îles ne cessait de se creuser. Cela date de plusieurs années mais ces injustices ont perduré dans le temps, et se sont aggravées. L’année dernière encore, la répartition des crédits dédiés à la psychiatrie ou au médico-social, par exemple, pointait vers les 90%/10% en faveur de La Réunion. Alors même que l’on est ici en retard et que l’on doit absolument le combler.
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La séparation avec La Réunion a forcément été difficile. Parce que cela signifie notamment séparer les crédits, dans des conditions parfois ubuesques. Un exemple : l’année dernière, la décision politique de créer l’ARS Mayotte a été prise. On a alors attribué 10 postes supplémentaires au département, de l’argent pour créer ces postes afin, justement, de créer cette ARS et il se trouve qu’une partie de cet argent a été utilisée à La Réunion. Résultat, ici, nous n’avons pas pu créer les postes prévus. L’année dernière, au 1er janvier, décision a été prise de nommer un directeur général adjoint préfigurateur de l’ARS. Cela s’est tellement mal passé avec La Réunion que ce monsieur est parti plus tôt que prévu, ce qui a fait que l’on m’a demandé de venir également plus tôt que prévu. J’ai donc pris mes fonctions au 1er septembre pour accélérer la création de l’agence de plein exercice. Il faut ajouter à cela un second chantier : la création d’une ARS, si elle passe par la loi, son fonctionnement est quant à lui régi par le code de la santé publique. Il se trouve qu’il y avait des centaines d’articles qui impactent notre agence. Parfois il s’agit de choses toutes simples, comme remplacer une dénomination pour faire la distinction entre les deux agences. Parfois, c’est plus compliqué, comme sur la composition du conseil d’administration des agences. Dans toutes les agences métropolitaines, quatre maires siègent dans le respect de la parité. Ici, on peut donc légitimement se demander si on arrivera à atteindre le quorum, puisque quatre maires sur 17, cela représente beaucoup… Surtout lorsqu’il n’y a que deux femmes à ces responsabilités. On a donc dû retoiletter des centaines d’articles du code de la santé publique pour l’adapter à la situation mahoraise. C’est un travail très ingrat, qui se fait en visio-conférence avec l’administration centrale mais qui est indispensable. Il y avait aussi des tonnes de sujets, comme la e-santé, sur lesquels il fallait nommer des responsables. Et vu la taille de notre équipe, nous nous retrouvons avec des personnes responsables de trois ou quatre sujets alors même que nous avons un contrat pluriannuel d’objectifs dont l’évaluation influe sur nos financements. Ces agents doivent donc rendre des comptes sur plusieurs domaines alors qu’auparavant tout ceci se faisait à La Réunion. Cela demande donc beaucoup d’investissement et de formation de la part de chacun. Rien que faire la paye est un sujet compliqué. Nous avons eu donc beaucoup d’efforts à faire avec les agents avec un engagement fort de chacun. Il s’agit donc d’un chantier très lourd, et prouver que cela va marcher reste un défi pour nous.
MH : Comment faites-vous pour que ce chantier administratif ne prenne pas le pas sur les actions concrètes que l’ARS doit mettre en œuvre ? Par exemple sur la gestion de l’épidémie de dengue. DV : C’est ma préoccupation permanente. Quand j’ai accepté ce poste, j’ai rencontré la ministre de la Santé. J’avais un certain nombre de messages à lui faire passer. Des conditions, même, pour accepter ce poste. Je lui ai donc expliqué que je ne viendrais à Mayotte que si j’avais le sentiment de pouvoir faire bouger les lignes. Elle m’a rétorqué que si sa volonté était de placer une bureaucrate, ce n’est pas vers moi que le choix aurait été fait. Dans ce cadre, mon unique feuille de route est d'améliorer la santé des gens et le système de soins. Vous comprendrez donc que je suis parfois préoccupée de voir la place qu’occupe le volet administratif. Mais il faut aussi assumer qu’il s’agit d’une phase de transition nécessaire parce que c’est à travers elle que l’on met les bons mécanismes de fonctionnement en place. Au vu des défis, on ne peut pas se contenter d’un système et d’une organisation bricolée. C’est aussi, d’un autre côté, ce qui permet de gagner la confiance de ceux qui restaient réservés quant à la création de l’ARS. On leur prouve que c’est jouable. Concernant la dengue, c’est une situation compliquée, mais ce n’est pas la seule. Tous les jours il y a des situations très particulières à gérer et pas seulement sur des maladies infectieuses. Je pense par exemple à la lèpre, à la typhoïde, à la tuberculose, aux diphtéries, aux hépatites, etc. Nous sommes dans une zone tropicale pauvre qui est favorable à ce genre de maladies qui ont un impact d’autant plus fort que les conditions de vie des habitants sont dégradées. C’est notre ordinaire. Mais en même temps que nous constituions l’ARS, nous avons négocié la rallonge budgétaire qui permettait de clore l’exercice 2019 du centre hospitalier, nous avons commencé l’élaboration du plan régional santéenvironnement, nous avons géré Belna – et nous nous sommes d’ailleurs aperçus à cette occasion que l’ARS ne disposait pas des plans réglementaires à cet effet, raison pour laquelle nous avons embauché une personne pour les construire. Des crises, il y en a tout le temps, je ne nous sens pas spécialement submergés, mais à chaque épisode je me suis rendu compte que l’ARS n’était pas prête. Quelque part, cela m’a aussi permis de faire un diagnostic plus rapide de l’ensemble des situations. MH : Quelles sont vos priorités à la tête de l’ARS ? DV : La première des priorités est pour moi la prévention, c’est-à-dire l’éducation sanitaire. Nous avons ici une population très jeune, qui devrait être en pleine forme et qui ne l’est pas. Nous avons des personnes qui sont
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"JE SUIS FATIGUÉE D’ENTENDRE À LONGUEUR DE TEMPS DIRE DU MAL SUR L’HÔPITAL DE MAYOTTE. NON IL N’EST PAS SOUS-ÉQUIPÉ"
dans la force de l’âge, aux alentours de 40 ans et qui présentent déjà des pathologies lourdes que l’on ne retrouve en métropole qu’à partir de 60 ans. Cela est dû aux médiocres conditions de vie, comme un accès difficile à l’eau potable, qui provoquent diverses maladies, mais je pense aussi aux affections de longue durée qui minent l’espérance de vie et la qualité de vie des habitants. Nous avons ici de l’hypertension, du diabète, des AVC, des insuffisances rénales chroniques et tout cela beaucoup plus tôt et beaucoup plus gravement qu’ailleurs. Ce n’est pas normal. Cela concerne les modes de vie au sens large et premièrement l’alimentation. Faire un voulé avec des légumes, des fruits frais, du poulet et des œufs serait par exemple préférable aux mabawas… C’est un défi de changer cela car il n’y a rien de plus intime que l’alimentation, mais on a une sorte de cocktail qui est ici très inquiétant entre la dénutrition d’une partie de la population et la sur ou mauvaise alimentation d’une autre partie de la population. On a d’ailleurs parfois chez une même personne du surpoids et de la dénutrition. Car on mange beaucoup de choses qui sont très pauvres en vitamines ou en sels minéraux, par exemple. La prévention est donc fondamentale. On en a aussi de grands besoins en matière de santé sexuelle et reproductive. La parentalité choisie, l’espacement des naissances n’est pas quelque chose qui choque la population mahoraise. Je pense par exemple à la campagne "1, 2, 3 bass", qui avait fait ses preuves alors que l’on retrouve aujourd’hui des taux de natalité de 4,8
enfants par femme. Certains disent que ce n’est pas le cas chez les Mahorais, mais c’est pourtant la réalité et il faut faire attention à cela. Si l’on veut que les enfants soient bien éduqués et que les femmes soient en bonne santé, il faut espacer les grossesses. Nous avons aussi un problème d’addiction très important. On parle souvent de la chimique, mais ce n’est pas le seul sujet. Celui de l’alcool est très prégnant aussi et fait face à différents tabous qui empêchent de le traiter correctement. Parmi les priorités, il peut aussi y avoir des choses toutes simples. Par exemple, s’il y a un aussi fort taux d’échec scolaire à Mayotte, c’est aussi parce que l’on ne fait pas de dépistage de la vue. Il y a à peine un tiers des enfants qui ont besoin de lunettes qui en ont et c’est un vrai problème. Deuxième grand axe : les soins. Il faut adapter le système de santé à l’évolution démographique. Toutes les données de l’Insee montrent qu’en 2050 il y aura entre 450 000 et 500 000 personnes. Donc l’annonce du président en faveur d’un deuxième site pour l’hôpital de Mayotte s’inscrit dans ce contexte, avec la volonté également de réduire la vulnérabilité du territoire face aux risques naturels. Ce deuxième hôpital est nécessaire, mais nous amène aussi à revoir tout le réseau périphérique des dispensaires et des centres de santé et à mettre le paquet pour le renforcement et l’implantation de la médecine libérale. Cela pose la question cruciale de l’attractivité du territoire à laquelle nous répondons par de nombreux appuis pour la constitution de maisons de santé pluridisciplinaire, des communautés territoriales de professionnels de santé, etc. J’en profite pour dire que je suis fatiguée d’entendre à longueur de temps dire du mal sur l’hôpital de Mayotte. Non il n’est pas sous-équipé et oui, à certains égards il est saturé, mais ce sont des choses sur lesquelles nous pouvons travailler. Ce qui nous amène au troisième axe majeur : préparer l’hôpital, notamment aux catastrophes. Il s’agit de le préparer à un afflux massif de victimes. Imaginons un autobus qui se renverse et fait 30 blessés d’un coup. Il faut que l’hôpital s’adapte. Mais pour cela il lui faut un plan de prise en charge de nombreuses victimes. Même chose pour les cyclones, les séismes, etc.
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MH : Lors de votre prise de fonction en septembre 2019, vous évoquiez l’intérêt d’une ARS de plein exercice pour dialoguer directement avec Paris et faire remonter les besoins du territoire. Avez-vous déjà eu l’occasion de plaider dans ce cadre ? DV : Cela a prouvé que ça marchait avec la décision de bâtir un second hôpital. Je crois que nous avons aussi été entendus sur les budgets dont nous avions besoin pour édifier l’ARS, puisque nous avons eu un triplement de nos crédits d’intervention. J’ai aussi très récemment reçu une bonne nouvelle de la part du directeur de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam) qui m’a confirmé que Mayotte allait enfin avoir accès au FNPEIS, qui est un fonds permettant à la caisse de financer des opérations de prévention sur le terrain. C’est quelque chose qui existait partout sauf à Mayotte et qui est pourtant fondamental, par exemple pour les dépistages de différents cancers. MH : Pas d’abandon des autorités centrales donc ? DV : Non, mais en même temps je rencontre tous les jours des problèmes nouveaux que je fais remonter à mes autorités de tutelle. Par exemple, je viens de découvrir que nous n’avions pas de centre de rattachement pour les personnes atteintes de maladies mentales dangereuses. J’ai donc demandé que l’on nous en désigne un. Petit à petit donc, nous rattrapons le retard. Le chantier est colossal mais nous allons y arriver. Je voudrais que dans deux ans, quand je partirai, on ait une nouvelle génération de cadres mahorais en responsabilité, des procédures qui fonctionnent, des partenariats avec les hôpitaux et les ARS de métropole, la confiance de nos tutelles et un deuxième hôpital. Si je suis ici, ce n’est pas pour la gloire, ce n’est pas un gros poste, mais je sens que je peux être utile et tant que cela sera le cas, je ne serai jamais fatiguée. Lever la charrette ne me fait pas peur. Et si l’on me reproche de ne pas faire ma vie à Mayotte, je rappelle que la mobilité est la règle chez les fonctionnaires. On ne reproche pas à un cadre breton d’aller à Bordeaux. MH : Lever la charrette ne vous fait pas peur… Quitte à froisser des égos ? Tous ces changements n’ont-ils pas été trop brutaux et à même de provoquer des frustrations ? C’est en tout cas ce que semble attester certaines rumeurs circulant notamment sur les réseaux sociaux et remettant en cause la nouvelle organisation… DV : Puisque ces choses circulent, il faut y répondre. À titre personnel, j’ai été profondément blessée par ce qui circule sur Facebook. C’est insultant à l’égard de toute
ma vie militante et professionnelle antérieure. Ce n’est pas moi. J’ai été maire de Montreuil, qui est une ville extrêmement métissée et j’avais coutume de dire que si l’on ne veut pas travailler avec des personnes d’autres cultures ou religions, on ne vient pas à Montreuil. J’ai donc été profondément choquée par ces jugements. Mais surtout, c’est quelque chose qui piétine tout ce que je dis aux agents depuis mon arrivée. Je constate ici que la cohabitation, le travail en commun entre les Mahorais et les métropolitains n’est pas aussi simple et fluide qu’on pourrait l’espérer. J’explique ceci par le fait qu’il y a un certain nombre de responsabilités que nous ne pouvons pas encore confier à des Mahorais. Premièrement parce qu’il n’y a souvent pas de candidats sur les postes en question. Les syndicats m’ont par exemple demandé que l’on recrute un responsable de la communication qui parle les langues locales, sauf que nous n’avons pas eu de candidatures avec ce profil et que la seule potentiellement intéressée a préféré aller au Conseil départemental qui ouvrait un poste au même moment. Je recrute des postes de médecin et je constate qu’il n’y a aucun médecin mahorais qui s’est porté candidat. Nous allons donc accueillir deux médecins qui ont des profils très intéressants, complémentaires, mais qui ne sont pas mahorais. Par ailleurs, nous n’avons pas non plus de cadres mahorais puisque durant des années et des années, aucun effort d’identification des talents n’a été fait par l’ARS océan Indien et aucun accompagnement des jeunes pousses prometteuses n’a été fait dans la perspective d’un accès à des responsabilités. C’est quelque chose que je mets justement en œuvre. Je suis allée service par service repérer les talents qui, avec le bon accompagnement, pourront prétendre à prendre des responsabilités. À courte échéance, un an ou dixhuit mois, plusieurs services pourront être confiés à des Mahorais à l’occasion de départs en retraite de plusieurs chefs de service. J’ai donc proposé à chacun un bilan de compétences et les formations complémentaires pour accéder à ces responsabilités. Mais qu’est ce qui a mis le feu aux poudres dans cette affaire ? C’est le sort de Salim Mouhoutar. Il s’agit d’une personne respectée et appréciée ici, pas seulement en raison de son rôle dans la communauté, mais aussi parce qu’il s’est battu pour l’ARS. Lorsque je lui ai demandé comment il voyait son avenir à l’agence, il m’a expliqué préférer se préparer à prendre sa retraite. Je lui ai donc proposé un poste de conseiller spécial, moins exposé qu’un poste de directeur général adjoint. Et cela a été totalement incompris par certaines personnes alors qu’à l’origine, il s’agissait de répondre à sa demande. J’ai donc fait une assemblée générale avec tout le personnel pour leur expliquer cela car je n’accepterai pas que des rumeurs colportées aux oreilles de quelqu’un qui ne connaît pas l’ARS viennent entacher ce que nous construisons tous ensemble ici.
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LITTÉRATURE
Christophe Cosker, "L’Invention de Mayotte", Pamandzi éd. La Route des Indes, 2019.
LISEZ MAYOTTE Chaque semaine, Christophe Cosker, auteur de L'invention de Mayotte, vous propose la quintessence de chacune des trente-six inventions de Mayotte relevées dans l’ouvrage éponyme. On trouvera ici un nouvel exemple d’écrit lié à une exposition. Mais il ne s’agit plus d’une Exposition universelle, mais seulement internationale et le livre n’est plus un catalogue mais un guide pratique pour le visiteur. Cette exposition, c’est celle qui inaugure le XXe siècle, en 1900. Et Mayotte y est présente. Le style du texte est celui d’une description didactique afin que le visiteur s’y retrouve. En effet, dans la salle mahoraise, on remarque d’abord des produits issus de l’artisanat traditionnel, puis les denrées exotiques. On pourra s’interroger sur l’ordre bienveillant des éléments. Du particulier au général, on découvre ensuite une iconographie maritime et coloniale dont les formes sont les suivantes : carte, tableaux, vues et types. Le pays est représenté avec ses habitants. Après ces abstractions, place est faite à l’art, grâce à un diorama – mode de l’époque qui consiste à reconstituer une scène en volume pour placer un élément dans son milieu naturel – réalisé par le peintre de la Marine et des colonies Marsac. L’auteur de la notice loue son talent, de même qu’il remercie ensuite deux commissaires de l’exposition, terminant son texte par l’évocation des matières précieuses que sont notamment, de façon chryséléphantine, l’or et l’ivoire.
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Christophe Cosker
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PARIS EXPOSITION 1900 : GUIDE PRATIQUE DU VISITEUR DE PARIS ET DE L’EXPOSITION MAYOTTE. Cette exposition comprend une petite Salle d’Exposition où sont placés dans des vitrines et sur des étagères les principaux produits de fabrication indigène de l’archipel des Comores : nattes coloriées, fine vannerie, tables et tabourets en bois sculpté, poterie artistique, cordages en fibres de coco, bijoux indigènes et armes de luxe. Là aussi se trouvent les produits agricoles de l’archipel, le rhum, la vanille, la canne à sucre, le riz indigène, les bananes, le cacao, les ignames, le café, le tabac, le poivre, le girofle, etc., etc. Une carte des Comores, de cinq mètres sur deux, occupe le fond de la salle ; une quantité de petits tableaux représentent des vues du pays et des types indigènes. Un diorama situé à gauche de la Salle d’Exposition, et représentant une usine sucrière en plein travail : au premier plan, l’usine avec ses appareils, ses ouvriers, etc., etc. Au second plan, comme toile de fond, une montagne rocheuse, la mer, les villages indigènes et d’immenses champs de canne à sucre que fauchent des équipes d’ouvriers. Monsieur de Marsac, peintre de la Marine et des Colonies, a été chargé de l’exécution de ce diorama. Il s’en est acquitté avec un sens artistique très délicat. Les commissaires de l’exposition de la Côte des Somalis, Messieurs Boucard et Vigneras, se sont attachés à faire figurer les produits ou objets d’importation et d’exportation qui transitent par Djibouti, et qui sont, notamment pour l’Abyssinie, l’or, l’encens, les peaux, l’ivoire et le café ; pour l’Europe, les armes, les cotonnades, les toiles, les perles et les objets de la quincaillerie. Exposition internationale, Paris exposition 1900 : guide pratique du visiteur de Paris et de l’exposition, Paris, Hachette, 1900, p. 334.
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OFFRES D'EMPLOI OFFRES DE FORMATIONS FICHES MÉTIERS TÉMOIGNAGES CONSEILS
LE CAHIER EMPLOI & FORMATION
LE MÉTIER DE LA SEMAINE
ASSISTANT MARKETING
L'ASSISTANT MARKETING DÉFINIT ET MET EN OEUVRE LA STRATÉGIE MARKETING (TARIFS, PROMOTION, COMMUNICATION, GAMMES DE PRODUITS, SUPPORTS TECHNIQUES, ETC.) POUR L'ENSEMBLE DES PRODUITS DE L'ENTREPRISE. IL PEUT DIRIGER UN SERVICE OU COORDONNER L'ACTIVITÉ D'UNE ÉQUIPE. ENVIRONNEMENT DE TRAVAIL
- Agence de promotion et de marketing direct - Entreprise industrielle - Entreprise publique/établissement public - Organisation humanitaire - Organisme d'études et de sondage - Société de conseil - Société de services
COMPÉTENCES
- Concevoir la stratégie marketing de l'entreprise - Réaliser un plan marketing - Optimiser le ciblage d'une campagne de marketing - Mettre en oeuvre une campagne promotionnelle - Concevoir la campagne promotionnelle d'un produit - Concevoir des supports de promotion des produits - Réaliser le bilan des actions marketing - Proposer des axes d'évolution - Élaborer un budget - Suivre un budget - Assister les collaborateurs au niveau commercial et technique - Réaliser la gestion des ressources humaines - Animer une réunion.
ACCÈS AU MÉTIER
Cet emploi/métier est accessible à partir d'un Master (M1, Master professionnel, diplôme d'école de commerce, etc.) dans un secteur technique ou commercial, complété par une expérience professionnelle en tant que chef de produit ou chef de groupe. La pratique d'une langue étrangère, en particulier l'anglais, est exigée.
MAGAZINE D’INFORMATION NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros 7, rue Salamani Cavani M’tsapéré BP 60 - 97600 Mamoudzou Tél. : 0269 61 20 04 contact@mayottehebdo.com Directeur de la publication Laurent Canavate canavate.laurent@mayottehebdo.com Directeur de la rédaction Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 38 soldat@mayottehebdo.com Rédacteur en chef Geoffroy Vauthier
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Couverture :
Consommation, différence de pouvoir d'achat entre les DOM/TOM
Journalistes Romain Guille Solène Peillard Grégoire Mérot Raïnat Aliloiffa Direction artistique Franco di Sangro Graphistes/Maquettistes Olivier Baron, Franco di Sangro Commerciaux Cédric Denaud, Murielle Turlan Thomas Lévy Comptabilité Catherine Chiggiato compta@mayottehebdo.com Secretariat Annabelle Mohamadi Première parution Vendredi 31 mars 2000 ISSN : 1288 - 1716 RCS : n° 9757/2000 N° de Siret : 024 061 970 000 18 N°CPPAP : 0121 I 92960 Site internet www.mayottehebdo.com
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Mayotte en parachute