Mayotte Hebdo n°919

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LE MOT DE LA RÉDACTION

1,2,3, BOULOT ! "Lisez ce numéro gratuitement et trouvez du travail (ou créez votre entreprise)" : le titre de cette édition de votre Mayotte Hebdo est explicite. L'idée ? Mettre en exergue quelques-uns des nombreux métiers peu ou pas exercés sur notre département. Des métiers qui, pourtant, sont particulièrement porteurs ou le seront dans les très proches années. Le temps, dirons-nous, de laisser le temps à nos jeunes de se former. L'idée de ce constat né du double constat que chacun peut faire tous les jours : d'un côté le triste record de notre taux de chômage accompagné – qui plus est – d'une jeunesse débarquant peu à peu sur le marché de l'emploi ; et de l'autre les besoins nombreux – mais qui ne trouvent pas toujours de réponse – d'un territoire en plein développement. N'ya-t-il pas là une source d'espoir ? Bien sûr que si, et pour tout dire, nos intervenants n'ont pas eu à beaucoup se creuser la tête pour nous trouver des métiers plus que porteurs. Ils sont à retrouver cette semaine dans la première partie de ce dossier, accompagnés de quelques idées d'entreprises, pour les plus entrepreneurs, qui cartonneraient à coup sûr. Puisque l'on parle de réussite, nous disposons, comme vous l'avez remarqué, d'une rubrique bimensuelle À la rencontre de, qui met en avant ces Mahorais et Mahoraise qui accomplisse de grandes carrières. Cela tombe bien, elle est au programme cette semaine avec Zoulaya Bounou, conseillère internationale de la Team France Export, à l'Adim. Enfin, puisqu'il faut malgré tout tenir compte des réalités d'aujourd'hui, nous revenons et vous présentons tous les chiffres de la délinquance sur l'année 2019. Des chiffres en baisse globale, mais néanmoins toujours trop élevé. Bonne lecture à tous.

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COUP D’ŒIL DANS CE QUE J'EN PENSE

Laurent Canavate

Mayotte Hebdo n°677, vendredi 24 octobre 2014

DE L'IMPORTANCE DES PARTIS POLITIQUES EN DÉMOCRATIE

À discuter avec des candidats potentiels aux prochaines élections cantonales-départementales, un doute m'assaille, une inquiétude sourde. L'objectif me semblerait, pour les candidats, d'être élu, afin de faire partie de la future majorité. Ils pourraient alors ainsi mettre en oeuvre leurs ambitions, leurs espoirs, leurs orientations qu'ils auraient présenté durant la campagne. C'est pour cela que les partis politiques ont été créés. Se rassembler pour être plus forts et être capables de constituer une majorité. Les partis, avec leurs différences, leurs sensibilités, permettent aux candidats de se reconnaître dans les uns ou les autres et de s'y retrouver. Ils y apportent aussi leurs idées, débattent, puis se mettent d'accord sur les grandes lignes, les grands principes, qu'ils adoptent pour eux. Ils vont ensuite diffuser la bonne parole dans leurs quartiers et villages et essayer de faire rêver leurs électeurs potentiels. C'est ce rêve commun, partagé par certains, qui peut rassembler suffisamment de suffrages et être porté au pouvoir pour se mettre en application. Les partis assurent là un socle de valeurs partagées par leurs militants, et garantissent une inscription dans la durée, à travers différentes élections. Les citoyens faisant aussi leurs "armes" progressivement, se frottant aux responsabilités politiques, à la gestion de la chose publique, grimpant éventuellement, pour les plus ambitieux, jusqu'aux plus hautes responsabilités. Les rêves, les ambitions, les orientations portés par les partis évolueraient certes avec le temps, mais constitueraient des repères et des socles de valeurs. Aux citoyens d'adhérer, ou non. Les candidats solliciteraient alors le parti le plus proche de leurs valeurs et défendraient ensuite ses idées. Les candidats auraient tout intérêt à se rapprocher du parti dont ils se sentent le plus proche, pour espérer faire partie d'une majorité. Ils apporteraient leur force, leur motivation à ce parti pour diffuser ses idées et mobiliser des troupes, d'autant qu'eux seraient convaincus par ces valeurs… et respecteraient les consignes données. Mais des discussions de ces derniers jours, j'ai le vague sentiment que les partis sont bien négligés. Si l'investiture est obtenue tant mieux, sinon ce sera une candidature dissidente… Les candidats veulent se servir d'un parti, et pas le contraire. Et surtout, beaucoup pensent à leur élection, personnelle, mais pas aux projets à mettre en oeuvre, avec quelle majorité. Ils verront après, négocieront des postes, des billets d'avion, des soutiens de circonstances. Faute d'élections à la proportionnelle, il risque encore d'y avoir des majorités instables, à la merci du chantage de l'un, des ennuis judiciaires d'un autre, des envies de voyages d'un dernier. Voilà ce que je retiens de quelques discussions.

TOLERIE - PREPAR ATION - PEINTURE

J'espère me tromper, mais j'ai l'impression que les partis sont bien mal en point. Les grands hommes ne tiennent plus les baraques et des rapaces se servent sur la bête. De jeunes loups ont voulu prendre le pouvoir, pour "manger" à leur tour, mais sans légitimité suffisante, sans imposer de discipline ou la respecter, sans parler de projets, d'ambitions pour le territoire, sans rassurer sur leur engagement pour la défense de l'intérêt général. Sans faire rêver la population à l'après-départementalisation. Les partis, pour être forts, nécessitent du temps, de l'énergie. Ils doivent assurer des formations, avant et après les élections, dans plein de domaines, apporter de la matière aux candidats pour orienter leurs discours, leurs futures actions. Ils doivent disposer de relais localement et au plan national, pour avoir plus de forces et permettre d'avancer concrètement. Mais les grands projets ne sont même plus évoqués, même plus défendus, les grands combats mobilisateurs sont oubliés. Les mamans ne sont plus que rarement rassemblées pour un mbiwi géant ou un maoulida shengué. Le MPM a sombré le jour où Younoussa Bamana a perdu les sénatoriales. Le MDM n'a plus de capitaine à bord et les caciques sont très fatigués ou morts. Le Parti socialiste a été trusté par une ou deux personnes qui essayent d'exclure tous les autres. L'UMP, le plus organisé, compte des dissidents à tous les étages. Le Modem ou l'UDI ont surtout été activés par des candidats qui n'avaient pas trouvé de sièges d'élus disponibles par le biais d'autres partis et voulaient être "présidents" de "leur" formation. Il reste alors des unions sans lendemain, des rassemblements qui ne dépassent pas les limites du village, de la tambouille électorale sans grandeur, pas à la hauteur des enjeux. Les partis, qui devraient être les socles, les lieux de réflexion, de préparation de l'avenir, ne sont plus que des caisses enregistreuses pour les candidats, à l'approche des élections. Et la formation sur les fonds européens, comme le projet de réflexion Mayotte 2025 ne rassemblent que très peu de monde. Ni les partis, ni les futurs candidats ne semblent penser ou préparer demain… C'est inquiétant à l'approche de nouvelles élections. Peut-être leurs programmes sont-ils déjà prêts. Peut-être les découvrirons-nous bientôt, lorsque la frénésie électorale aura gagné tout ce monde. Peut-être une fois élus, certains percevront l'ampleur de la tâche, le poids des responsabilités et les assumeront parfaitement, courageusement, travaillant en étroite osmose avec le pouvoir économique, avec l'Etat, l'Europe, au profit de Mayotte… Peut-être…

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S LE RÉTRO

Pour tous vos communiqués et informations

Une seule adresse : rédaction@mayottehebdo.com

Immigration clandestine : l'ambiguïté mahoraise Zoom sur une contradiction locale : alors que l'immigration clandestine est largement dénoncée, une partie de la population mahoraise emploie elle-même les étrangers dont elle regrette la présence sur le territoire. "Que pensez-vous des sans papiers et de leur situation ? Visiblement, la question dérange à Mayotte. Dans les rues de Mayotte un passant sur deux est susceptible d’être Comorien, voire sans papiers. Tandis que certains se détournent, d’autres amorcent un sourire gêné, des réactions qui traduisent le malaise vis-à-vis des sans papier", écrivions-nous. Parmi les témoignages, celui d'un Mahorais : "Nous, les Mahorais, ne savons pas ce que nous voulons. On dit "dehors le clandestin", mais on le veut dans nos maisons. Quand j'écoute certaines histoires, il y a des gens vraiment malhonnêtes sur cette île. Ils exploitent les clandestins dans tous les domaines, au maximum, jusqu'à les user, puis les dénoncent pour qu'ils se fassent expulser. Mais ces gens-là se laisseront avoir encore et encore, car ils n'ont pas d'autres choix." Mayotte Hebdo n°462, vendredi 12 février 2010.

Agriculture mahoraise : la galère Dossier sur les difficultés d'un secteur pourtant indispensable à Mayotte – l'agriculture –, mais aussi sur les pistes développement possibles, notamment les fonds européens et la Coopac, une coopérative permettant aux agriculteurs de commercialiser leurs produits. "Dans le cadre des fonds européens, la Coopac entend porter plusieurs projets, dont celui de la transformation. Une petite unité existe déjà à Kawéni depuis un an, mais la coopérative souhaite développer les produits "troisième gamme", c’est-à-dire les fruits et légumes surgelés ; et la "quatrième gamme", soit le prêt-à-consommer comme les barquettes de papaye verte râpée ou la noix de coco râpée. "L’objectif est de faire des légumes prédécoupés, prêts à cuire", précise la structure. La coopérative entend également accompagner les agriculteurs pour développer leur exploitation. "Nous devons augmenter nos capacités de vente et présenter de meilleures offres." À ce titre, les fonds européens pourraient leur permettre d’engager un ingénieur agronome", détaillions-nous alors. Mayotte Hebdo n°691, vendredi 13 février 2015.

LA PHOTO D'ARCHIVE La carte vitale débarque enfin à Mayotte Décembre 2013 : grande première pour le 101ème département, avec l'arrivée, enfin, de la carte vitale sur le territoire, 15 ans après sa mise en place en France. Nous l'espérions : "L’ère des feuilles de soins est révolue, les longues files d’attente à la caisse de sécurité sociale disparaîtront (peut-être) peu à peu, plus d’attestations à renouveler tous les six mois… cette révolution médicale soulagera les usagers et simplifiera les relations entre la caisse de sécurité sociale et les professionnels de santé."

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IL Y A 5 ANS

IL Y A 10 ANS

C'ÉTAIT DANS MH


TCHAKS L'ACTION Jacaranda ouvert les jours fériés

Pour répondre aux besoins de la population, le centre de consultations de Jacaranda sera ouvert les jours fériés tombant en semaine, de 7h à 17h (lundi 13 avril, lundi 27 avril, vendredi 1er mai, vendredi 8 mai, jeudi 21 mai, lundi 1er juin, mardi 14 juillet, lundi 20 juillet, mercredi 21 octobre, mercredi 11 novembre, vendredi 25 décembre). Pour le samedi 15 août, la structure sera accessible de 7h à 14h. "Cette organisation vise à renforcer l’accessibilité aux soins des usagers", précise le centre hospitalier de Mayotte.

LE CHIFFRE 27 421

LA PHRASE "Il faut nous préparer" Le préfet Jean-François Colombet annonce qu'une série de mesures destinées à préparer la population au risque sismo-volcanique. Parmi elles : la pérennisation du Revosima, des "exercices massifs d'évacuation" d'ici le mois de juillet, de déploiement d'un réseau stabilisé de sismomètres et de capteurs en mer comme à terre, avec une diffusion des données en temps réel, une nouvelle expédition du navire Marion Dufresne fin avril, ou encore la provocation de séismes artificiels pour mesurer la propagation des ondes.

C'est le nombre de personnes reconduites à la frontière en 2019. Le chiffre annoncé lors de la présentation des chiffres de la délinquance, lundi 10, est en hausse, et essentiellement réalisé à terre – ce type d'opérations ayant conduit à 25 283 reconduites –, bien que "Nous [ayons] quand même doublé les interceptions de kwassas alors que le mode opératoire des passeurs se diversifie, se durcit, et que les bateaux sont plus rapides", a souligné le préfet Jean-François Colombet. Les amendes administratives infligées pour l'emploi d'étrangers sans titre de séjour s'élèvent quant à elles à 1,6 millions d'euros. Autre chiffre présenté, celui des faits de délinquance : 8 818 actes, contre 8 989 en 2017 (lire également notre article plus détaillé en pages 24 à 27).

LA PHOTO DE LA SEMAINE Opération île morte Mardi 11, l’opération "île morte dans l’Éducation nationale", mobilise une grande partie des établissements de l’île. En ligne de mire : la réforme des retraites, mais aussi les conditions d'enseignements, jugées de pire en pire. Si quelques blocages sont à déplorer du côté du rectorat, Gilles Halbout se dit cependant compréhensif quant à l’inquiétude des enseignants. Inquiétude qui doit justement pousser à travailler de concert pour parler d’une seule voix à Paris où le recteur s'est rendu dès le lendemain.

COUPURES D'ÉLECTRICITÉ

FESTIVAL DE L'IMAGE SOUS-MARINE

La nouvelle interruption de l’alimentation survenue jeudi 6 février a impacté près de 20 000 clients dans diverses communes de l’île. Les investigations ont de nouveau confirmé des manœuvres non autorisées sur le réseau électrique comme étant à l’origine de l’évènement. "Malgré ces actes malveillants, l’ensemble des clients est alimenté depuis 14h30", soulignait EDM dans un communiqué. La plainte pénale déposée contre X à la suite des évènements similaires du 28 janvier et du 3 février, aux motifs de manipulation d’ouvrages publics sans autorisation et mise en danger de la vie d’autrui sera donc étendue aux actes commis la semaine dernière.

Pour sa 26ème édition, le festival de l’image sous-marine de Mayotte se déroulera à Mamoudzou du 27 au 31 mai. Son objectif principal est "la sensibilisation du public le plus large possible à la beauté et la richesse de l’environnement marin, ainsi qu’à la nécessité de sa préservation". Cette année, quatre concours sont proposés : un de dessin réservé aux jeunes (2 catégories : moins de 12 ans et de 12 à 19 ans), un de photos au sein de 2 catégories "amateur et expert", un de film (grand format 52’, petit format 26’, clip ou GoPro moins de 3’, scolaire), un de musique sur le thème de la mer. La date limite pour les inscriptions est le 11 avril à 18h pour les concours photos et films et le 9 mai à 18h pour les ceux de dessin et de musique.

Extension de la plainte contre X

Ouverture des inscriptions

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LE FLOP LE TOP Premier contrat de transition écologique pour une interco

La communauté de communes du Sud a signé, vendredi 7, le premier contrat de transition écologique du département avec l’État lors d'une cérémonie en présence du président de l’intercommunalité, Ismaïla Mderemane Saheva et de la secrétaire d’État, Emmanuelle Wargon. Cette dernière a souligné "l’ambition très grande de la communauté de communes du Sud, à la fois sur les déchets, sur la police de l’environnement et la préservation de la nature. C’est un territoire qui fait face à de nombreuses difficultés, mais qui a décidé de les prendre comme des opportunités. C’est le début d’une histoire très forte de développement écologique et économique à Mayotte." Le document signé définit plusieurs axes comme les énergies renouvelables avec, par exemple, la création d’un méthaniseur qui permet de produire de l’énergie tout en valorisant les déchets, notamment ceux issus de la future cuisine centrale. Protection de la biodiversité aussi, avec la récente création d’une police de l’environnement ou encore le développement des déplacements écologiques et en commun comme la mise en place de pistes cyclables, de mobilité électrique et de déplacements par voie maritime.

Le Défenseur des droits épingle (encore) Mayotte

Scolarisation, accès à la santé, défense des droits des personnes étrangères, rétention des enfants, etc. : la liste des entraves soulignée par un rapport de 58 pages publié mardi 11 - intitulé "Établir Mayotte dans ses droits" et consécutif à la visite du Défenseur des droits sur le territoire les 2 et 3 octobre derniers - est longue. Parmi les points majeurs soulevés : la santé. Si un projet de construction d’un deuxième hôpital en Grande-Terre doit voir le jour dans les prochaines années, le Défenseur des droits pointe du doigt le sous-dimensionnement de l’offre de soins effective au regard des besoins. Avec seulement 1,6 lit pour 1 000 habitants, Mayotte est à des années-lumière de la moyenne nationale de 6 lit/1 000 habitants : "Compte tenu de l’ampleur des carences dont souffre ce dispositif, ces moyens [fournis par l’État] devraient encore être renforcés", est-il noté. Également, le Défenseur des droits préconise la mise en place de l’aide médicale de l’État (AME) sur le sol mahorais.

IL FAIT L'ACTU Mansour Kamardine Le député de Mayotte, rapporteur comme deux de ses collègues députés, de la mission flash demandée par le gouvernement à l’Assemblée nationale sur les retraites dans les territoires ultramarins, a profité de la fenêtre de tir pour réclamer une accélération de la convergence des droits sociaux. Une demande accueillie favorablement par les co-rapporteurs. Le rapport de ladîte mission mentionne ainsi : "Compte tenu de la longueur jugée excessive de la durée de convergence des diverses cotisations et allocations, deux des rapporteurs (…) formulent les préconisations suivantes : la durée de la période de convergence entre Mayotte et le reste des départements français pour ce qui concerne l’alignement des cotisations, des retraites, des différentes allocations, du Smic, etc. doit être sensiblement réduite sur la base d’un agenda public et resserré." En tout, 17 recommandations ont été formulées concernant Mayotte, et 7 lui sont spécifiques. Toutes feront l'objet d'amendements qui seront défendus lors de l'examen du projet de loi sur les retraites.

PROVERBE Hazi asubuhi L'avenir appartient à celui qui se lève tôt.

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À LA RENCONTRE DE...

Raïnat Aliloiffa

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ZOULAYA BOUNOU

CONSEILLÈRE INTERNATIONALE DE LA TEAM FRANCE EXPORT MAYOTTE ZOULAYA BOUNOU EST LA JEUNESSE DONT MAYOTTE EST FIÈRE. ELLE CONTRIBUE AU DÉVELOPPEMENT DE L’ÎLE AU NIVEAU NATIONAL ET INTERNATIONAL GRÂCE À SON MÉTIER. CETTE CONSEILLÈRE INTERNATIONALE DE LA TEAM FRANCE EXPORT MAYOTTE EST CONVAINCUE DU POTENTIEL DU TERRITOIRE, CE POURQUOI ELLE AIDE LES ENTREPRISES À SE DÉVELOPPER. Du haut de ses 27 ans, le parcours de Zoulaya Bounou suscite l’admiration. Elle est conseillère internationale de la Team France Export Mayotte à l’Agence de développement et d’innovation de Mayotte (Adim). Un partenaire du Conseil départemental qui contribue, comme son nom l’indique, au développement économique de l’île en accompagnant les entreprises et en créant des emplois. Zoulaya fait partie du pôle international et attractivité. "J’accompagne les entreprises mahoraises pour se développer à l’international. Je les coache, je les aide dans les démarches à suivre, et je fais aussi découvrir le marché international aux entreprises qui souhaitent s’exporter. La Team France Export existe dans chaque région de France avec un ou plusieurs conseillers. À Mayotte, je suis la conseillère qui pilote l’ensemble des dispositifs", explique Zoulaya. Pourtant, la jeune femme ne pensait pas en arriver là aujourd’hui. Après un bac économique et social en poche, la nouvelle bachelière n’a en effet pas d’idée précise de son avenir professionnel. "Je savais

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CE QU'ILS EN DISENT Damir Chanfi, collègue de Zoulaya (Responsable pole internationale et attractivité de l’Adim) "Zoulaya est une belle rencontre professionnelle. Elle est dynamique et elle nous le fait ressentir."

juste que j’aimais les langues alors je me suis orientée vers un BTS commerce international dans le seul objectif d’effectuer un stage à l’étranger." Durant sa première année, l’étudiante part effectivement au Canada durant trois mois, cela lui permet d’améliorer son niveau d’anglais. Par la suite, toujours passionnée par les langues étrangères, elle entame une carrière LEA (Langues étrangères appliquées) et se spécialise en commerce internationale. Son master lui permet de passer un semestre en Angleterre. Zoulaya avait donc bien misé puisque "les sociétés mahoraises s’intéressent à l’Asie, à l’Europe, à l’Afrique. La maîtrise de l’anglais est donc indispensable dans mon travail."

"LE TRAVAIL EST VENU À MOI ET JE L’AI SAISI" À la fin de ses études en 2017, Zoulaya n’a pas l’intention de rentrer à Mayotte. "J’ai voyagé, j’ai découvert l’Asie", sourit-elle. Tout en cherchant un poste en métropole pour acquérir de l’expérience. Mais le territoire ayant besoin de nouveaux talents, Zoulaya est rapidement approchée par l’Adim qui la veut dans son équipe. "L’agence venait d’être créée et ils avaient besoin de personnes compétentes. Le travail est en quelque sorte venu à moi et je l’ai saisi", se souvient-elle. Aujourd’hui, elle se félicite d’avoir fait ce choix. "Je sais que si j’étais restée en métropole je n’aurais pas eu cette opportunité. Nous ne sommes que deux dans le pôle international et attractivité, j’ai donc la chance de pouvoir intervenir sur plusieurs domaines. J’ai beaucoup de responsabilités mais c’est un challenge qui me plait." Elle est également consciente que son travail contribue au développement de Mayotte à tous les niveaux. "Lorsque je pars à l’extérieur pour des salons ou autres, notre île n’a pas une bonne image. Les gens pensent que nous avons peu d’entreprises alors que ce n’est pas le cas. Alors je leur explique qu’au contraire

nous avons beaucoup de potentiels et de talents. Et par la suite on voit les retombés positifs", raconte Zoulaya.

MISER SUR MAYOTTE La conseillère internationale de la Team France Export Mayotte à l’Adim connait toute l’ampleur des opportunités professionnelles qui existent à Mayotte. Elle incite donc les jeunes qui hésitent à rentrer au pays pour venir contribuer, eux aussi, au développement de l’île. "Il est primordial de s’intéresser au territoire et essayer de comprendre son développement. On ne peut pas rester dans l’ignorance. Il faut venir voir ce qu’il s’y passe." Quant aux lycéens qui préparent leur avenir : "il est important d’anticiper son parcours professionnel et de s’informer sur les débouchés et les besoins de Mayotte." Est-ce que cette méthode peut contribuer à faire baisser le chômage des jeunes ? Possible. Zoulaya de son côté est fière de participer au développement de son île et elle n’a pas l’intention de l’abandonner : "Pour l’instant je suis là, et je reste là", martèle-t-elle. n

CE QU'ILS EN DISENT Kayssani Boina, collègue de Zoulaya (instructeur à l’Adim) Zoulaya est épanouie dans son travail et elle est très professionnelle. Elle est un élément important pour le développement de Mayotte puisque le travail qu’elle fait à l’extérieur est très dur mais elle assure comme une grande chef.

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LE DOSSIER

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"Mayotte est pauvre", "Le chômage est énorme", "Le développement n'arrive pas", "Rien n'avance", etc. : les qualificatifs pour désigner la situation du 101ème département ne manquent pas ! Surtout lorsqu'il s'agit de le déprécier. Mais estce vraiment une solution ? Doit-on considérer que parce qu'une large partie de la population est en effet au chômage, le travail n'existe pas ? Ou qu'au contraire, c'est en se qualifiant dans tel ou tel secteur que le chômage baissera ? Doit-on regretter que le développement tant attendu ne soit pas instantané ? Ou plutôt qu'il traîne parce que le territoire manque encore de compétences pour l'accompagner ? Et si on positivait ? Mayotte est pleine de besoins, et ces derniers n'attendent que des savoir-faire pour que l'essor de l'île soit soutenu. Des opportunités, il y en a pour ceux qui ont la chance de pouvoir se former. Cette semaine et la semaine prochaine, Mayotte Hebdo a donc choisi de les mettre en avant dans un dossier dont voici la première partie. Que ce soit dans le tourisme, dans l'environnement, dans l'éducation, dans le BTP, dans le social, dans les technologies de l'information et de la communication, ou même dans la création d'entreprises : lisez ce dossier et

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LE DOSSIER

G.V

TOURISME

GUIDES, TRADUCTEURS, DIRIGEANTS : (BIENTÔT) BANCO ! LE TOURISME À MAYOTTE ? CERTES UN ESPOIR DE DÉVELOPPEMENT… MAIS DEPUIS LONGTEMPS ! POURTANT, DE SERPENT DE MER, LE DOSSIER SEMBLE DÉSORMAIS SE TRANSFORMER EN ACTES CONCRETS. UN DÉBUT CERTES, MAIS QUI A DE QUOI RENDRE CONFIANT. ET QUI DIT DÉVELOPPEMENT DU TOURISME DIT NOMBREUX POSTES À POURVOIR TRÈS BIENTÔT. Voilà longtemps que le tourisme fait partie des axes prioritaires à soutenir pour développer le territoire. "Il y a 10 ans, on le disait déjà aux lycéens pour les orienter", concède Ali Abdou, directeur du Groupement des entreprises mahoraises du secteur tourisme (Gemtour). Mais attention, dans les années à venir, les choses pourraient désormais réellement avancer. Et d'ailleurs, cela a déjà débuté. "Le transfert de la compétence des offices du tourisme aux intercommunalités, qui prendront leur réel envol cette année 2020, donne de bonnes raisons de croire en l'essor du tourisme", souligne Ali Abdou en rappelant que jusqu'ici, "on attendait que l'État ou le Conseil départemental, deux pouvoirs très centraux, s'en saisissent. Mais en faisant chacun dans son coin, cela ne pouvait pas fonctionner.

Désormais, ce sont vraiment les acteurs locaux, de terrain, qui montent les projets. Il y a un vrai maillage qui se met en place." Preuve en est parmi d'autres la mise en place de l'office du tourisme de la Communauté de communes du Centre-Ouest (3CO) et les ambitions qu'elle porte ; celui de Petite-Terre, en plein développement : ou encore les différents projets hôteliers qui germent peu à peu. Alors si, comme prévu, le secteur du tourisme doit prendre son essor, il représentera une véritable manne et un beau réservoir d'emplois. La raison est simple : "Toute infrastructure dédiée au tourisme demande de la main d'œuvre, et actuellement toute la filière tourisme est impactée par un manque de compétences." Autant dire que de belles opportunités s'annoncent, et voici les plus recherchées. n

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CHARGÉ DE MISSION TOURISME "Cela manque autant au niveau des intercommunalités qu'au niveau des mairies. Pour développer le tourisme, il faut forcément des chargés de mission, des personnes qui consacrent leur temps à développer des concepts pour leur territoire afin de développer le tourisme de leur zone, au niveau local. Un chef de projet ou un chargé de mission, c'est un développeur du tourisme."

GUIDE "Il y a là un besoin pressant, pour lequel une formation est d'ailleurs mise en place au niveau du territoire."

TRADUCTEUR "La question linguistique est très importante : quand un paquebot accoste, par exemple, on a beaucoup de mal à communiquer avec ces touristes. C'est vrai pour les guides, mais aussi plus généralement pour les agents d'accueil, dans les métiers de l'hôtellerie et de la restauration, etc. Il faut des professionnels du tourisme qui sachent parler allemand, swahili, ou encore arabe. Sans oublier le portugais puisque, nous dit-on, nous allons servir de base arrière au projet gazier du Mozambique."

LES MÉTIER DE DIRECTION

"Certes Mayotte a encore un fort déficit d'infrastructures de tourisme, mais quand elles seront là, il ne faut pas qu'on pâtisse d'un manque de dirigeants. Il faut éviter d'avoir à se demander "Et maintenant, comment on gère ces infrastructures ?" Être apte à diriger une équipe et un établissement, que ce soit dans l'hôtellerie, dans la gestion d'un parc de loisirs, etc., c'est vraiment un métier à part entière. Les postes de direction s'annoncent donc très porteurs. Il faut d'ailleurs préciser qu'il existe un fonds que l'on oublie souvent pour cela : le Fonds social européen (FSE) qui permet de former des compétences à chaque fois qu'il y a un projet territorial."

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LE DOSSIER

S.P

BTP

CONSTRUIRE L'EMPLOI AVEC LE BTP

À L'ÉCHELLE DU 101ÈME DÉPARTEMENT, IL EST LE DEUXIÈME SECTEUR QUI EMBAUCHE LE PLUS. POURTANT, LE BTP EST AUSSI LE DOMAINE LE PLUS EXPOSÉ AUX DIFFICULTÉS DE RECRUTEMENT POUR LES POSTES QUALIFIÉS. "Besoin en main-d'œuvre" dévoilait que six établissements locaux du BTP sur dix prévoyaient de recruter l'an passé, portant à 1 050 embauches le nombre de projets, soit 200 de plus qu'en 2018. De quoi représenter 20 % des besoins régionaux tous domaines confondus. Toutes les intentions d'emploi, sans exception, ont été émises par des entreprises privées, pour lesquelles le seul BTP constitue 33 % des projets totaux de recrutement. "Sept recrutements sur dix se concentrent dans la construction de bâtiments, dans les travaux d’installation électriques et dans les travaux de maçonnerie et de gros œuvre", détaille encore le rapport.

Elle façonne Mayotte. La construction représentait en 2019 le deuxième secteur d'activité aux plus gros besoins d'embauche à Mayotte après les services aux particuliers – administration publique et enseignement, santé et action sociale, hébergement et restauration, etc. – ,selon Pôle Emploi. Sa dernière étude annuelle

Dans le détail, sur les offres d'emplois du BTP affichées par Pôle Emploi, l'expérience requise se situe majoritairement entre 2 et 5 ans – exceptionnellement jusqu'à 10 –, pour un niveau d'études, dans la plupart des cas, équivalent à bac +2. Sur les 27 annonces disponibles actuellement, 20 sont des contrats à durée indéterminée, contre six CDD. Alors que localement, un emploi sur cinq est saisonnier, le BTP, en plus de recruter, semble pouvoir offrir une certaine pérennité. n

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OUVRIER NON QUALIFIÉ 160 projets d'embauche pour des emplois d'ouvriers non qualifiés en gros œuvre du bâtiment auraient été formulés en 2019, auxquels il faut ajouter 90 emplois en tant qu'ouvriers non qualifiés des travaux publics, du béton et de l'extraction. Une manne pour les demandeurs d'emploi sans formation ni compétences particulières, à l'heure où 65 % des 16-29 ans ont quitté le système scolaire sans aucun diplôme qualifiant, selon des chiffres de l'Insee.Seuls 29 % des plus de 15 ans non diplômés et non scolarisés parvenaient à se faire embaucher en 2017. Depuis, les postes recherchés sont plus nombreux (+ 20 % en deux ans).

OUVRIER QUALIFIÉ Maçons, plâtriers, carreleurs, électriciens du bâtiment, etc. Autant de spécialisation plus difficilement accessible qui faisaient l'objet de 150 projets de création de poste l'an passé à Mayotte selon Pôle Emploi.

TECHNICIEN ET INGÉNIEUR Technicien et agent de maîtrise de la maintenance et de l'environnement, ingénieur du BTP, chef de chantier et conducteur de travaux – qu'ils soient cadres ou non – représentent, à Mayotte, les emplois les plus compliqués à recruter dans le domaine de la construction, avec un taux de difficulté oscillant entre 87 et 100 %. En cause, le niveau de qualification exigé, plus élevé que les deux précédentes catégories. De quoi accompagner la croissance des entreprises du BTP, l'un des domaines, qui, localement, voit le plus d'entreprises spécialisées se créer chaque année, avec le commerce et l'industrie. Un développement qui devrait encore s'accentuer avec les fonds mis à disposition par le contrat de convergence. Entre la construction de nouveaux établissements scolaires, la mise à niveau des routes, des logements et la requalification urbaine, le domaine de la construction devrait bénéficier de quelque 723,5 millions d'euros au total.

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LE DOSSIER

S.P

INFORMATION ET COMMUNICATION

LES TIC ? ET TOC ! L'AVENIR EST DANS LE NUMÉRIQUE. PARMI LES POTENTIELS GAGNANTS DU DIGITAL, LES TECHNOLOGIES DE L'INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION, OU TIC POUR LES INTIMES. COUP DE CHANCE : ELLES OFFRENT UN LARGE ÉVENTAIL DE BESOINS, DONC DE RECRUTEMENTS. UNE AUBAINE D'AUTANT PLUS BELLE QUE MAYOTTE TENTE À PRÉSENT DE RATTRAPER SON RETARD TECHNOLOGIQUE.

Seuls les initiés connaissaient la signification de cet acronyme il y a encore une poignée d'années. Mais désormais, les TIC – pour technologies de l'information et de la communication – gagnent en visibilité. Encore mieux : elles recrutent de plus en plus. Selon une étude publiée il y a trois ans, les entreprises du numérique généraient à Mayotte un chiffre d'affaires de 200 millions d'euros, provenant en grande majorité des opérateurs mobiles et Internet. De quoi garantir quelque 1 500 emplois à travers une centaine d'entreprises. "Mais il y a beaucoup de start-up qui se créent ici dans le secteur du numérique au sens large", particulièrement par "des jeunes (Mahorais, ndlr) formés à l'extérieur et tentés de revenir s'installer à leur compte", analyse Feycoil Mouhoussoune, président du groupement des entreprises mahoraises des technologies de l'information et de la communication, le Gemtic. Selon Pôle Emploi, la communication et le multimédia constituaient, en 2018, le sixième secteur le plus demandeur de professionnels sur le territoire – contrats de moins d'un mois écartés –, après le commerce et devant la construction. Et pour cause : l'information, la communication et le digital offrent une multitude de niches pour lesquelles les compétences manquent encore parfois à Mayotte plus qu'en France hexagonale. n

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FORMATEUR,

ADMINISTRATEUR OU RESPONSABLE SYSTÈME De l'automatisation des tâches à l'accompagnement des utilisateurs, les systèmes d'informations sont une mine d'or et d'emploi et nécessitent des compétences variées? C'est d'autant plus vrai à Mayotte où le numérique et le digital se sont démocratisés bien plus tardivement que dans les autres départements français.

CHARGÉ(E) DE

WEB

COMMUNITY

DÉVELOPPEUR

COMMUNICATION,

MANAGER À l'heure du digital, rien de mieux que les outils numériques pour faire connaître un secteur, une activité, une société. Mais localement, les candidats aux profils adéquats ne se bousculent pas encore : le site de Pôle Emploi regorge d'offres de chargé de communication, tantôt pour de petites structures privées, tantôt pour des strucutres comme EDM ou l'Établissement public foncier et d'aménagement.

MASTER,

Ce n'est un secret pour personne : concernant le numérique, Mayotte est à la traîne. Ainsi les sociétés spécialisées, majoritairement celles du domaine public, recrutent régulièrement, notamment du fait de la dématérialisation des services et administrations d'État et de l'urgence "de rattraper les standards nationaux", juge encore le représentant du Gemtic. En clair : beaucoup de sites, d'applications et de logiciels sont encore à créer.

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LE DOSSIER

G.V

SOCIAL ET MÉDICO-SOCIAL

FAÎTES VOTRE CHOIX ! COMPTE TENU DES CONDITIONS SOCIALES DIFFICILES ENCORE TRÈS PRÉSENTES SUR L'ÎLE, MAIS AUSSI AU GRAND RATTRAPAGE QUI S'ORGANISE POUR Y REMÉDIER, LE SECTEUR DU SOCIAL ET DU MÉDICO-SOCIAL EST ÉVIDEMMENT UN DES PLUS PORTEURS POUR QUI VEUT Y ŒUVRER. LE POINT AVEC UN DES ACTEURS MAJEURS DU TERRITOIRE, L'ASSOCIATION MLEZI MAORE. Faut-il encore une fois rappeler les chiffres alarmants en matière de précarité sociale ? Ou bien ceux de la difficile prise en charge des personnes handicapées ? Ou peut-être celui des mineurs isolés présents sur le territoire ? Évidemment non, tant ceuxci sont connus au point d'être devenus des caractéristiques hors normes de ce 101ème département qui cumule les records en la matière. Une situation difficile qui, toutefois, bénéficie d'une volonté de rattrapage. Objectif : rejoindre les standards métropolitains, tout au moins en termes de capacité de prise en charge. L'association Mlezi Maore, acteur majeur du territoire dans le domaine grâce à ses différents pôles – jeunesse, solidarités et handicap – le confirme : "Les appels à projets sont de plus en plus nombreux sur le territoire de Mayotte afin de "rattraper le retard" et de tendre vers le modèle métropolitain. On constate donc dans le secteur social et médico-social, de plus en plus d'ouvertures de services." Des ouvertures de services qui, naturellement, nécessitent des compétences encore peu présentes à Mayotte. "Les besoins sont très importants notamment en termes de travailleurs sociaux, thérapeutes mais aussi de cadres pour œuvrer au développement de l'île. Ces métiers sont donc très recherchés actuellement et le seront toujours dans les années à venir", assure la structure. n

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LES TRAVAILLEURS SOCIAUX

Sous ce qualificatif général se cache un vaste panel de métier oeuvrant, comme le nom l'indique, dans le domaine de l'action sociale. Tous ont un point commun : ils sont en première ligne pour gérer et aider le public cible. Parmi les spécialités très recherchées : éducateurs spécialisés, assistants de service social, ou encore moniteur-éducateur.

LES THÉRAPEUTES Le nom parle de lui-même : les thérapeutes sont des soignants. Et là, on le sait, les besoins à Mayotte sont énormes. Pas seulement dans le secteur de la santé, mais aussi, comme ici, dans le médico-social. Les compétences urgentes ? Psychologues, psychomotriciens ou encore ergothérapeutes.

LES CADRES C'est une évidence : pour répondre aux attentes et aux défis du secteur, il faut gérer et organiser des actions. Les fonctions de cadre, en particulier chef de service et directeur, sont donc déterminantes et donc logiquement très recherchées.

SANS OUBLIER… Ce n'est là qu'un aperçu des compétences attendues et recherchées dans le secteur du social et du médico-social. De nombreuses autres fonctions sont elles aussi très porteuses : infirmiers et médecins pour ce qui est du personnel soignant, mais aussi tous les métiers qui touchent à la gestion financière, comme la comptabilité, et à l'administration d'une structure.

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LE DOSSIER

G.V, S.P et R.A

ENTREPRENARIAT

CRÉER SA BOITE ? LES IDÉES NE MANQUENT PAS ! TROUVER UN TRAVAIL, C'EST BIEN, MAIS POUR CELA IL FAUT AUSSI DES CHEFS D'ENTREPRISE CAR, SUR DU LONG TERME, LA FONCTION PUBLIQUE NE PEUT PAS ÊTRE LA RÉPONSE À TOUT. ET POUR CE QUI EST DES IDÉES ET DES POSSIBILITÉS, ELLES SONT CHEZ NOUS TRÈS NOMBREUSES. TOUR D'HORIZON DES ACTEURS OU OBSERVATEURS ÉCONOMIQUES, QUI NOUS LIVRENT LEURS BONNES IDÉES D'ENTREPRISES À CRÉER.

LES BONNES IDÉES DU GEMTOUR UNE ENTREPRISE DE TRANSPORT DE TOURISTES Le tourisme, futur secteur numéro un à Mayotte ? En tout cas, les possibilités sont énormes, à commencer par la nécessité de transporter les touristes en visite sur le territoire : "Pour prendre l'exemple des croisiéristes, quand un bateau arrive à Maurice, ses passagers sont transportés sur l'île grâce à des bus climatisés, équipés en conséquence, etc. Ici ce n'est pas le cas, on se débrouille avec les bus des uns et des autres. Il nous faut des professionnels, avec du transport dédié et adapté au tourisme", détaille-t-on ainsi au Groupement des entreprises mahoraises du secteur tourisme (Gemtour).

BUREAU DE CHANGE Une autre nécessité pour attirer les touristes et leur faciliter la vie : un bureau de change. Ce qu'explique le Gemtour : "Les banques ont arrêté de le faire. Or, pour accueillir des touristes hors zone euros, il faut qu'ils puissent changer les devises en arrivant. On peut imaginer qu'il soit logique d'ouvrir un bureau de change à la sortie de la barge, à Mamoudzou, par exemple, ou même directement à l'aéroport. Ça ne serait pas idiot."

LES BONNES IDÉES DE LA CCI UN PARC D'ATTRACTIONS Plus de la moitié de la population insulaire étant âgée de moins de 18 ans, "tout ce qui concerne la jeunesse représente une opportunité d'investissement intéressante", estime-t-on au sein de la chambre de commerce et d'industrie. D'autant plus que l'offre en matière d'activités et de divertissement demeure, localement, très pauvre, les infrastructures dédiées se résumant presque exclusivement au cinéma fraîchement ouvert à Chirongui. Ainsi, l'installation d'un parc d'attractions à Mayotte pourrait représenter une aubaine, tant en termes de loisirs que d'économie et d'embauches. Un carton plein.

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LES BONNES IDÉES DE LA CMA UNE BOUCHERIE Ce n'est assurément pas l'entreprise qui rendra le territoire plus attractif, pourtant, elle fait encore défaut dans le département. Pour Jean-Denis Larroze, secrétaire général de la chambre des métiers et de l'artisanat, "Une belle boucherie haut de gamme implantée aux Hauts Vallons, notamment, pourrait marcher". À condition que la structure soit assez rentable pour éponger des coûts d'installation particulièrement lourds, du fait d'équipements spécialisés, chambre froide en tête. Autre problème de coût : celui du prix d'achat de la viande, en sachant, à titre d'exemple, que le prix des huîtres est ici jusqu'à quatre fois plus élevé qu'en métropole.

UN ATELIER DE COUTURE INDUSTRIEL Si une poignée d'artisans locaux cousent dans des ateliers personnels, Mayotte manque d'une chaîne de production à plus grande échelle, alors que l'industrie est l'un des trois premiers secteurs de l'économie mahoraise. Une piste d'autant plus intéressante qu'en mars prochain, la première école régionale des métiers de la mode ouvrira ses portes sur l'île à une quinzaine d'élèves par promotion. "Si ici, la main d'œuvre est plus chère qu'à Madagascar, Mayotte offre quand même la sécurité d'un département français", souligne-t-on du côté de la chambre des métiers et de l'artisanat, sans citer la renommée du savoir-faire national en la matière. "Il y a plusieurs niches à saisir, et beaucoup d'artisans malgaches vendent déjà leurs créations à Mayotte", témoigne Jean-Denis Larroze, secrétaire général de la chambre.

LES BONNES IDÉES DE L'ADIM UN RESTAURANT DE CUISINE LOCALE L’art culinaire mahorais est riche en saveurs et en plats. Cependant, très peu de restaurants osent s’aventurer dans les saveurs locales. Et ceux qui le font proposent un nombre très restreint de plats. "Alors que les touristes veulent découvrir nos spécialités, ils ont toutes les difficultés du monde à trouver un restaurant qui les propose. On devrait leur faire goûter par exemple du kangué ou du kakamoukou et pas ce qu’ils mangent déjà chez eux. Je pense donc que des restaurants qui ne font que des plats locaux auraient du succès", selon, le président de l’Adim.

DANS LE SECTEUR DU BTP "Dans tous les métiers du BTP i il y a de l’avenir. Le problème c’est que les professionnels sont tous tournés vers les marchés des collectivités, et les particuliers ont du mal à trouver des personnes qualifiées pour leurs travaux. On a besoin de plombiers compétents, par exemple ou d’électriciens. C’est principalement dans ces domaines qu’il faudrait investir", conseille Ben Issa Ousseni.

LE SECTEUR DES SOINS DE LA FEMME Il s’agit ici d’esthétisme, de massage, de régimes, etc. En bref, du bien-être de la femme en général. "C’est un secteur très porteur. Les femmes ont de plus en plus de responsabilités et elles n’ont plus le temps de s’occuper d’elles comme elles le souhaiteraient. Je suis persuadé que ça marcherait", explique le président de l’Agence de développement et d''innovation de Mayotte (Adim), Ben Issa Ousseni. Cependant, ces sociétés ne devraient pas s’implanter dans le chef-lieu car "tout est concentré sur Mamoudzou. Les femmes n’ont pas forcément envie de faire de longs trajets pour prendre soin d’elles. Il faudrait qu’il y ait ces salons sur tout le territoire."

DANS LE SECTEUR DU TRAITEMENT ET DE LA VALORISATION DES DÉCHETS "Une entreprise pourrait récupérer tous les ordinateurs, les portables, et même l’électroménager, qui ne sont plus utilisés, les reconditionner et les vendre. Cela se fait beaucoup à Madagascar et aux Comores. La société pourrait même les vendre à l’étranger", développe l'Adim. Cette initiative jouerait un rôle dans le développement économique de l’île, mais elle contribuerait surtout à sa propreté. De quoi éviter probablement de trouver des déchets électroménagers aux bords des routes ou même dans la mer.

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MAGAZINE

G.V

DÉLINQUANCE

LES CHIFFRES 2019

ELLE FAIT PARTIE DES GRANDS RENDEZ-VOUS PRÉFECTORAUX DE L'ANNÉE : L'ANNONCE DES CHIFFRES DE LA DÉLINQUANCE EN 2019 S'EST FAITE LUNDI 10. CE QU'IL FAUT RETENIR ? UNE LÉGÈRE BAISSE DE LA DÉLINQUANCE GÉNÉRALE PAR RAPPORT À 2017. OUI, 2017, CAR L'ANNÉE 2018 A ÉTÉ MARQUÉE PAR UN VASTE CONFLIT SOCIAL, PARALYSANT L'ÎLE DURANT PLUSIEURS MOIS. "DANS CE CONTEXTE PARTICULIER DE CRISE, UNE PART SIGNIFICATIVE DE FAITS DÉLINQUANTS COMMIS N'A PU ÊTRE PORTÉE À LA CONNAISSANCE DES FORCES DE L'ORDRE, FAUTE DE DÉPÔTS DE PLAINTES", COMMENTE LA PRÉFECTURE. DIFFICILE, DONC, DE CONTEXTUALISER LES FAITS DE 2019 PAR RAPPORT À 2018. "AFIN D'OBTENIR UNE ANALYSE PLUS JUSTE, IL APPARAÎT PERTINENT DE COMPARER LA DÉLINQUANCE SUR LES TROIS DERNIÈRES ANNÉES", JUSTIFIE AINSI L'INSTITUTION. VOICI LES CHIFFRES EN QUESTION.

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8 818 LE NOMBRE DE FAITS DE DÉLINQUANCE GÉNÉRALE CONSTATÉS EN 2019. PAR RAPPORT À 2018 : EN HAUSSE DE 7,6% PAR RAPPORT À 2017 : EN BAISSE DE 1,9%

3 411 Le nombre d'atteintes volontaires à l'intégrité physique constatées en 2019. Un chiffre en hausse par rapport aux deux années précédentes. Augmentation qui, selon la préfecture, "doit être rattachée à l'augmentation des violences physiques non crapuleuses, et en particulier aux violences sexuelles dont la révélation est liée directement aux politiques publiques conduites par le Gouvernement."

PAR RAPPORT À 2018 : EN HAUSSE DE +16,3% PAR RAPPORT À 2017 : EN HAUSSE DE +8,7%

2 051

715

Le nombre d'actes de violences physiques non crapuleuses – c'est-à-dire les violences dîtes "gratuites" dont le vol ne constitue pas le motif comme les violences en milieu scolaire, les rixes entre bandes, les affaires de mœurs, etc. – en 2019. En large hausse par rapport à l'année précédente. "Une partie non négligeable de cette hausse est directement liée aux dépôts de plaintes effectués par les gendarmes à la suite des violences qu'ils ont subies", explique la préfecture rappelant que ces derniers "ont en effet payé un lourd tribut en 2019, avec 235 policiers et gendarmes ayant subi des violences dans l'exercice de leur fonction."

LE NOMBRE DE FAITS DE VIOLENCES PHYSIQUES CRAPULEUSES EN 2019. UN CHIFFRE RELATIVEMENT STABLE PAR RAPPORT À 2018, AVEC SEULEMENT TROIS FAITS DE PLUS, MAIS EN BAISSE PAR RAPPORT À 2018.

PAR RAPPORT À 2018 : +24,2% PAR RAPPORT À 2017 : +12,3%

PAR RAPPORT À 2018 : +0,4% PAR RAPPORT À 2017 : -13,8%. 25

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MAGAZINE

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Le nombre de violences intrafamiliales constatées en 2019, en hausse par rapport aux deux années précédentes, "principalement [suite] à l'explosion des déclarations des violences intrafamiliales et des violences sexuelles encouragées parla politique du gouvernement pour lutter contre ces fléaux et une meilleure prise en compte des victimes au sein du commissariat et des brigades de gendarmerie."

PAR RAPPORT À 2018 : +33,9% PAR RAPPORT À 2017 : +47,6%

270 896

Le nombre de faits de violences sexuelles en 2019. D'après la préfecture, la hausse des constatations de ces actes est à imputer aux mêmes raisons que celles des violences intrafamiliales.

PAR RAPPORT À 2018 : +23,3% PAR RAPPORT À 2017 : +48,4%

LE NOMBRE DE CAMBRIOLAGES EN 2019.

PAR RAPPORT À 2018 : +1,1% PAR RAPPORT À 2017 : -30,8%

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3 437

201 713

PAR RAPPORT À 2018 : +3,2% PAR RAPPORT À 2017 : -13,8%

Le nombre de vols avec violences. Un chiffre quasiment stable par rapport à 2018 (qui comptait toutefois quelques vols avec violence de moins : 706) et en baisse par rapport à 2017.

Les faits d'infractions économiques et financières recensés en 2019. Elles regroupent les faux en écriture, les falsifications et usages de chèques volés et de cartes de crédits, ou encore les abus de confiance.

PAR RAPPORT À 2018 : +1% PAR RAPPORT À 2017 : -13,9%

PAR RAPPORT À 2018 : +44,6% PAR RAPPORT À 2017 : +73,3%

ET LES RECONDUITES À LA FRONTIÈRE ? Annoncés à la même occasion, les chiffres de la lutte contre l'immigration clandestine en 2019 enregistrent, comme annoncé et consécutivement à la hausse des moyens consentie à la suite de la crise sociale de 2018, une forte hausse. Ainsi, en mer, ce sont 298 kwassas qui ont été interpellés (38% de plus par rapport à l'année précédente) ; et, à terre, 25 283 interpellations ont eu lieu – plus du double qu'en 2018 – et ont débouché sur 27 421 reconduites à la frontière, "à 99% en direction de l'Union des Comores", précise la préfecture. Autres chiffres : 9 filières impliquant 72 mis en cause ont également été démantelées, contre seulement 6 en 2018 ; 1,6 millions d'euros d'amendes administratives ont été prononcés par l'Office français de l'immigration et de l'intégration, soit 1 million de plus que l'année précédente ; et 64 hectares de cultures illégales ont été détruits.

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LITTÉRATURE

Christophe Cosker, "L’Invention de Mayotte", Pamandzi éd. La Route des Indes, 2019.

LISEZ MAYOTTE Chaque semaine, Christophe Cosker, auteur de L'invention de Mayotte, vous propose la quintessence de chacune des trente-six inventions de Mayotte relevées dans l’ouvrage éponyme. L’Empire colonial de la France, également paru en 1900, est écrit à quatre mains dont la rencontre peut surprendre. En effet, deux d’entre elles appartiennent au Révérend Père Piolet et les deux autres à Charles Noufflard. L’ouvrage est donc le résultat de la collaboration entre un homme de religion et un homme d’affaires que devrait séparer leur rapport à l’argent, mais que l’entreprise coloniale a réconciliés. La rhétorique du texte est complexe. Placé sous le signe de l’éloge – « ce fut sa superbe position maritime qui nous attira… » - le texte ne mentionne les difficultés que pour mieux les évacuer, sans doute en raison d’un fort enthousiasme colonial. Ainsi a-t-il fallu s’installer sur Petite Terre car la Grande Terre était insalubre, mais il est dommage d’avoir délaissé la Grande Terre. Alors que de nouveaux inconvénients se présentent, un regain d’énergie est rendu possible par une nouvelle bouffée d’enthousiasme colonial : « la beauté et la richesse des vallées… » Le texte se termine sur la description idyllique d’un domaine colonial dont le programme est le suivant : « Décrire une de ces plantations c’est les connaître toutes. ». En partant de la mer, on découvre d’abord des indigènes pauvres qui pêchent et seront bientôt employés dans la plantation de canne à sucre toute proche. On découvre ensuite l’habitation, davantage la machine industrielle que le lieu de résidence du colon. La visite semble d’autant plus agréable qu’elle se fait en chaise à porteurs !.

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Christophe Cosker

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L’EMPIRE COLONIAL DE LA FRANCE

Ce fut sa superbe position maritime qui nous attira à Mayotte. Entourée de récifs la Grande Terre forme avec les abris ménagés par des îles de D’Zaoudzi [Dzaoudzi] et Pamanzi [Pamandzi] une rade magnifique. Si on joint à ces considérations premières l’insalubrité de la Grande Terre on comprend que le siège du gouvernement ait été primitivement établi à D’Zaoudzi, ce rocher balayé par les vents, véritable sanatorium 1 malgré la chaleur qui y règne. Pourtant cet état de choses, qui entraîne forcément un certain abandon des intérêts de la Grande Terre, est regrettable – surtout aujourd’hui où il serait urgent de créer des voies de communications si l’on veut pousser la colonisation dans les régions intérieures de l’île. Actuellement les villages et les habitations rurales sont établis sur les terres d’alluvion, entraînées par les pluies et par les rivières de chacune des vallées, plus ou moins profondes, qui séparent les nombreux contreforts descendant de la chaîne principale de la Grande Terre. La beauté et la richesse des vallées faisant face à D’Zaoudzi avait attiré l’attention des colons peu d’années après notre établissement à Mayotte. Ce fut d’abord

1

une compagnie au capital de 1 400 000 francs, puis deux capitaines au long cours, qui demandèrent les premières concessions. – Des créoles de la Réunion et quelques Européens vinrent ensuite. Décrire une de ces plantations c’est les connaître toutes. Au bord de la mer, à l’entrée de la vallée, une bande de marais et de palétuviers. – À marée basse les indigènes y pêchent des tortues qui restent empêtrées dans la vase. Puis on suit, porté en filanzane , et en longeant le cours d’une rivière, une plaine d’alluvions, entourée de vallonnements et fermée par des pentes plus abruptes, couvertes de bois. C’est généralement au fond de la plaine, convertie en champs de canne d’une apparence et d’une vigueur superbe, que s’élèvent l’usine à sucre, les ateliers et hangars, la maison de maître, des maisonnettes pour les employés et – comme à la Réunion – à portée de la cloche, le camp des travailleurs. Ceux-ci proviennent de l’immigration, les indigènes étant peu nombreux et fort paresseux.

Révérend Père Piolet et Charles Noufflard, L’Empire colonial de la France, Paris, Firmin Didot, 1900, p. 199-200.

Établissement médical dont le but est de soigner la tuberculose.

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OFFRES D'EMPLOI OFFRES DE FORMATIONS FICHES MÉTIERS TÉMOIGNAGES CONSEILS


LE CAHIER EMPLOI & FORMATION

LE MÉTIER DE LA SEMAINE

CONDUCTEUR D'OPÉRATIONS BTP LE CONDUCTEUR D'OPÉRATIONS BTP ORGANISE ET SUIT LES DIFFÉRENTS MOYENS TECHNIQUES (MATÉRIELS, MATÉRIAUX, ETC.), HUMAINS (INTERNES ET EXTERNES DE L'ENTREPRISE) ET FINANCIERS (MODE CONSTRUCTIF, ETC.) NÉCESSAIRES À LA RÉALISATION D'UN CHANTIER DE CONSTRUCTION, DE LA PHASE PROJET JUSQU'À LA LIVRAISON SELON LES DÉLAIS ET LES RÈGLES DE SÉCURITÉ. NÉGOCIE ET CONTRACTUALISE DES PRESTATIONS AVEC LE MAÎTRE D'OUVRAGE ET/OU LE MAÎTRE D'OEUVRE. ENVIRONNEMENT DE TRAVAIL - Entreprise - Entreprise du paysage

COMPÉTENCES

- Définir les moyens humains, matériels et financiers d'un projet - Planifier les travaux - Sélectionner des fournisseurs, sous-traitants, prestataires - Présenter un dossier de chantier au chef de chantier et aux intervenants - Apporter un appui technique au chef de chantier - Organiser des réunions et des visites de chantier - Coordonner les prestataires, fournisseurs, intervenants - Organiser les emplacements d'engins - Suivre la gestion des zones de stockage - Contrôler la gestion des stocks - Planifier l'activité du personnel - Affecter le personnel sur des postes de travail - Détecter des besoins d'intervention supplémentaire avec le maître d'ouvrage - Contrôler la conformité de réalisation de fournisseurs, sous-traitants, prestataires - Rédiger des documents techniques - Réaliser la gestion administrative et financière d'un chantier

ACCÈS AU MÉTIER

Cet emploi/métier est accessible avec un diplôme de niveau Bac+2 (BTS, etc.) en gros oeuvre, second oeuvre, travaux publics et génie civil et aménagement paysager. Un diplôme d'ingénieur en construction peut être demandé.


La Somapresse présente

la 11ème édition

en direct

le samedi 22 février 2020 à partir de 20h sur

MJC DE TSINGONI SUR INVITATION Mayotte en parachute


MAGAZINE D’INFORMATION NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros 7, rue Salamani Cavani M’tsapéré BP 60 - 97600 Mamoudzou Tél. : 0269 61 20 04 contact@mayottehebdo.com Directeur de la publication Laurent Canavate canavate.laurent@mayottehebdo.com Directeur de la rédaction Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 38 soldat@mayottehebdo.com Rédacteur en chef Geoffroy Vauthier

# 919

Couverture :

Toutes les possibilitées d'emploi

Journalistes Romain Guille Solène Peillard Grégoire Mérot Raïnat Aliloiffa Direction artistique Franco di Sangro Graphistes/Maquettistes Olivier Baron, Franco di Sangro Commerciaux Cédric Denaud, Murielle Turlan Thomas Lévy Comptabilité Catherine Chiggiato compta@mayottehebdo.com Secretariat Annabelle Mohamadi Première parution Vendredi 31 mars 2000 ISSN : 1288 - 1716 RCS : n° 9757/2000 N° de Siret : 024 061 970 000 18 N°CPPAP : 0121 I 92960 Site internet www.mayottehebdo.com


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