Mayotte Hebdo n°929

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TOUTE L’ACTUALITÉ DE MAYOTTE AU QUOTIDIEN

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FI n°3839 Lundi 7 mars 2016 St Félicie

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BP 263 - ZI Kawéni - 97600 Mamoudzou - email : hd.mayotte@wanadoo.fr

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FI n°3822 Jeudi 11 février 2016 Ste Héloïse

à partir de

9€

RENSEIGNEMENTS Tél : 0639 67 04 07 | Mail : contact@mayotte-e-velos.yt

FI n°3818 Vendredi 5 février 2016 Ste Agathe

marine le Pen

environnement

Port de Longoni

ConSeil départeMental

Quel accueil se prépare pour la présiDente Du Fn ?

Le Lagon au patrimoine mondiaL de L'unesCo ?

la dsP sur la sEllEttE

pas de changement sUr l’octroi de mer

Lu par près de 20.000 personnes chaque semaine (enquête Ipsos juillet 2009), ce quotidien vous permet de suivre l’actualité mahoraise (politique, société, culture, sport, économie, etc.) et vous offre également un aperçu de l’actualité de l’Océan Indien et des Outremers.

© Jonny CHADULI

Grève à Panima

TéléThon 2016

Des propositions mais toujours pas D'issue

DemanDez le programme

première parution : juillet 1999 - siret 02406197000018 - édition somapresse - n° Cppap : 0921 y 93207 - dir. publication : Laurent Canavate - red. chef : Gauthier dupraz - http://flash-infos.somapresse.com

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Économie

SÉcuritÉ

Les appeLs à projets de L'europe

Couvre-feu pour Les mineurs

Première parution : juillet 1999 - Siret 02406197000018 - APE 5813Z - Édité par la Somapresse - Directeur de publication : Laurent Canavate - http://flash-infos.somapresse.com

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FI n°3997 mercredi 30 novembre 2016 St André

© CR: Gauthier Bouchet

Diffusé du lundi au vendredi, Flash Infos a été créé en 1999 et s’est depuis hissé au rang de 1er quotidien de l’île.

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Musique

Faits divers

Edmond BéBé nous a quitté

ViolEncE En cascadE

Première parution : juillet 1999 - Siret 02406197000018 - APE 5813Z - Édité par la Somapresse - Directeur de publication : Laurent Canavate - http://flash-infos.somapresse.com

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MCG VS SMart

ViCe-reCtorat

UltimatUm oU véritable main tendUe ?

l’institUtion répond aUx critiqUes

Première parution : juillet 1999 - Siret 02406197000018 - APE 5813Z - Édité par la Somapresse - Directeur de publication : Laurent Canavate - http://flash-infos.somapresse.com

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LE MOT DE LA RÉDACTION

MAYOTTE, CANARD BOITEUX OU DINDON DE LA FARCE ? "Hors Mayotte". Dans les statistiques nationales, le 101ème département est presque systématiquement occulté. Il faut reconnaître qu'avec un taux de chômage, de pauvreté et d'insalubrité record, l'île a de quoi ternir l'image française. Dans l'éducation, la santé, l'urbanisme, le coût de la vie, l'insécurité, les outre-mer apparaissent toujours comme les derniers de cordée, tant leur situation ne ressemble à aucun département hexagonal. Alors, comparons ce qui est comparable. De tous les DOM, Mayotte est-elle vraiment la plus mauvaise élève ? Par-delà le lagon, qu'en est-il de l'insalubrité, de la violence, de la réussite éducative ? Là où souvent, les différences avec la métropole sont pointées du doigt, penchons-nous sur celles qui nous séparent de nos voisins ultramarins, de La Réunion, première de la classe, jusqu'en Guyane, souvent désignée, elle aussi, comme le cancre, le vilain petit canard. Alors que le conseil représentatif des Français d'outre-mer accuse une volonté de l'État d'invisibiliser ces territoires, l'heure ne serait-elle pas venue de dresser un état des lieux "hors métropole" ? Solène Peillard

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FLASHBACK

Retour sur les sujets de Une des Flashs Infos de la semaine

VENDREDI 18 SEPTEMBRE

GRÈVE GÉNÉRALE L’APPEL SONNE DANS LE VIDE

Alors même que le mouvement national organisé ce jeudi 17 septembre formait l’occasion de porter des revendications spécifiques et justifiées quant au droit du travail à Mayotte, la mobilisation s’est limitée à une grosse centaine de personnes dans les rues de Mamoudzou. “ Disons tous non à ce système discriminatoire en nous mobilisant massivement pour des manifestations et grève générale interprofessionnelle ”, haranguait pourtant le communiqué de l’intersyndicale.

LUNDI 21 SEPTEMBRE

COLLECTIVITÉS LE SMEAM PREND L’EAU

Opération transparence pour la nouvelle équipe à la tête du syndicat mixte d’eau et d’assainissement de Mayotte. Si l’état catastrophique de ses comptes n’était un secret pour personne, le syndicat a tout de même convié la presse, vendredi dernier, pour jouer carte sur table… Et tirer à boulets rouges sur l’ancienne équipe. “ “nous avons hérité d’une situation que l’on connaissait plus ou moins, mais on s’est vite rendu compte de l’ampleur des problèmes au sein du syndicat. La situation est si critique, qu’il se pourrait que nous ne puissions pas payer les salaires des agents le mois prochain…”, a ainsi soufflé Fahardine Ahamada, le nouveau président d’un Smeam qui fait naufrage en même temps que l’eau manque chaque jour plus.

Pour tous vos communiqués et informations

Une seule adresse : rédaction@mayottehebdo.com

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FLASHBACK

MARDI 22 SEPTEMBRE

PROTOCOLE SANITAIRE LES PROFS PRENNENT LE MASQUE

Alors que l’épidémie semble repartir au niveau national, le ministère de l’Éducation a publié un nouveau protocole allégé pour les écoles primaires et élémentaires. Des mesures que les antennes syndicales locales jugent trop peu strictes, alors que les protocoles initiaux peinent déjà à être respectés pour assurer la santé de tous. Si le rectorat se veut rassurant, s’appuyant notamment sur le peu de cas avérés, et vante un protocole plus lisible, “ Les collègues sont inquiets, nous avons des classes surchargées… On joue avec la santé des gens. Soit on dit que c’est un virus dangereux et on prend des mesures strictes, soit ce n’est qu’une simple grippette, mais je crois qu’il s’agit de plus que cela”, fait valoir Laurent Draghi, secrétaire académique à Sud Éducation Mayotte.

MERCREDI 23 SEPTEMBRE

ASSISES DE LA SÉCURITÉ DU NEUF AVEC DU VIEUX ?

Les premières assises de la sécurité de Mayotte se tiendront le mois prochain à Mamoudzou. Mardi, l'équipe municipale conviait un parterre d'élus et de représentants d’institutions, notamment judiciaires, à une réunion préparatoire, censée amorcer les premières pistes de réflexion. Mais les propositions rappellent étrangement ce qui avait déjà était fait dans le cadre des assises des Outremer quelques années plus tôt et dont les résultats en termes de sécurité se font toujours attendre du côté de la population. Au programme, consultation en ligne, tables rondes, entretiens, tournées des écoles ou ateliers… “ Du déjà vu ”, rapporte Flash Infos mais de quoi développer des solutions immédiates comme à moyen et long terme assure le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla.

JEUDI 24 SEPTEMBRE

ENTRETIEN LE GRAND DÉFI DE LA SÉCURITÉ

À l’occasion de sa prise de commandement ce mercredi, le nouveau chef de la gendarmerie sur le territoire, le colonel Olivier Capelle est revenu pour Flash Infos sur ses premières impressions et sa vision de la sécurité à Mayotte. Premier objectif : regagner la confiance des citoyens. “ Nous pratiquons une politique de petits pas, c’est-à-dire d’avancées concrètes au quotidien, qui doivent être visibles par la population. Cela [le sujet de la sécurité] ne peut pas uniquement se régler dans des hémicycles où le débat est à portée très générale ”, indique ainsi le militaire qui vante toutefois le dialogue avec tous les représentants du territoire, au premier rang desquels les maires. Car, comme le rappelait son prédécesseur, la seule réponse sécuritaire ne suffira pas à endiguer la délinquance.

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TCHAKS

LA PHRASE

L'ACTION World clean up day réussi à Mayotte

LE CHIFFRE 893 C'est le nombre de visiteurs comptabilisés sur seulement un tiers des sites ouverts le week-end dernier, lors de la 37ème édition des journées européennes du patrimoine. Au total, 17 événements et visites ont été organisés à travers l'île : découverte du lycée de Coconi ou de l'îlot M'bouzi, escape game au Musée de Mayotte, fabrication du sel à Bandrélé… Malgré la crise sanitaire et les limitations du nombre de personnes accueillies, chaque rendez-vous semble avoir réussi à capter son public.

L’opération internationale de ramassage des déchets a plus que jamais mobilisé sur l’île aux parfums. Pour la seule Petite-Yerre, une centaine de participants a permis de collecter quelques 15.5 tonnes d’ordures ! Au sud de Grande-Terre, Les participants au bivouac tortues des Naturalistes, aidés par des bénévoles de l’association de sécurité villageoise de Mtsamoudou, ont participé au World Clean Up Day pour la 2ème année consécutive. Sur les 900m de la grande plage de Saziley, ils ont récolté plus d’une trentaine de sacs de déchets et divers encombrants. Sur cette plage éloignée de tout village et sans habitat permanent, les déchets sont apportés en quasi-totalité par la mer, ce qui en dit long sur le volume de déchets en suspension dans le lagon.

" Nous ne pouvons pas prévoir une disposition pénale pour un seul territoire " Intervenant dans le cadre de la réunion préparatoire aux assises de la sécurité qui se dérouleront les 9 et 10 novembre à Mamoudzou, le sénateur LREM Thani Mohamed Soilihi a rappelé que la matière pénale ne tolérait aucune exception et ne peut être légalement modifiée pour une partie du territoire nationale. Une déclaration qui fait écho à celle du préfet, quelques semaines plus tôt. Suite aux événements violents de Combani, Jean-François Colombet annonçait envisager de déchoir de leurs titres de séjour les parents de jeunes délinquants. "Je ne pense pas que nous pourrons changer la loi uniquement pour Mayotte à ce niveau-là, si tant est que ce dispositif soit jugé constitutionnel", a ainsi fraîchement commenté le parlementaire. Pour lui, le territoire et ses élus devraient davantage s'appuyer sur les dispositifs déjà existants dans le cadre de la loi, notamment en créant un centre d'éducation fermé, ou un quartier pour mineurs au sein du centre de détention de Majicavo. Des pistes qui pourraient être développées lors du rendez-vous inédit du mois prochain.

LA PHOTO DE LA SEMAINE Taxis : le masque ou la prune Après un mois de sensibilisation auprès des usagers et des chauffeurs de taxis, les services de la Deal et de la police municipale ont décidé de sévir pour faire respecter l’obligation de port du masque dans les “ transports collectifs ”. La distribution d’amendes à hauteur de 135 euros initiée ce jeudi à travers une opération pointe Mahabou aura aussi fourni quelques surprises aux policiers municipaux, peu habitués à l’opération, quant aux papiers des véhicules inspectés ou au surnombre à bord. Des infractions à la pelle jusqu’alors bien masquées !

BRÈVES La délégation aux outre-mer du Sénat tance Soibahadine

C’est peu dire que le président du Département, Soibahadine Ibrahim Ramadani en a pris pour son grade. Régulièrement critiqué sur le territoire pour son absence chronique, c’est au tour de Michel Magras, président de la délégation sénatoriale aux outre-mer de hausser le ton. Alors que ses collègues planchaient sur une meilleure organisation institutionnelle dans les DOM impliquant une révision constitutionnelle – rien que ça – le président du conseil départemental de Mayotte n’a pas donné suite à leurs sollicitations. “ Alors qu’il s’agit de la collectivité la plus concernée par ce sujet […] je déplore cet état de fait et j’espère que le conseil départemental de Mayotte va se rattraper ”, a lâché le président de la délégation. Les mahorais seront peutêtre rassurés de voir qu’ils ne sont pas les seuls à être boudés.

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LE TOP Le bio prêt à s’enraciner Quatorze agriculteurs et quatre partenaires s’étaient donné rendez-vous ce mardi à la SCEA Vahibio, pour signer un passeport bio. Un premier pas qui les engage dans une démarche de conversion, avant la certification et la structuration de la filière sur l’île aux parfums. À l’origine de l’événement, une initiative lancée par les membres du projet partenarial pour la structuration de la filière Fruits et Légumes de Mayotte, que sont la Coopac (coopérative des agriculteurs du centre), l’Ucoopam (union des coopératives de Mayotte), l’EPFA M (établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte), et le lycée agricole de Coconi. Si pour beaucoup, la tradition maraichère mahoraise est par essence naturelle, ces dernières années ont vu proliférer l’utilisation massive de produits sanitaires et les monocultures. Aux pionniers du bio, désormais de montrer l’exemple avec un objectif à long terme : la certification officielle.

LE FLOP La nouvelle équipe du Smeam découvre la gestion "calamiteuse" de l'ancienne présidence Le Smeam prend l’eau, et si ce n’set pas une franche découverte, le voilà prêt à sombrer. C’est en somme ce qu’il fallait retenir de l’opération transparence opérée par la nouvelle équipe à la tête du syndicat mixte d’eau et d’assainissement de Mayotte, vendredi dernier. Les élus ont même prévenu qu’il ne serait peut-être pas possible de payer les salaires des agents le mois prochain. Parmi les joyeuses découvertes faites lors de son installation au Smeam, la nouvelle équipe a particulièrement gouté un chèque de près de 2 millions d’euros à Vinci. “ On ne comprend pas pourquoi ”, a commenté Amina Hariti, membre du bureau. Lequel a bien été obligé de concéder que les coupures d’eau sont régulièrement le fait des problèmes techniques d’un réseau vétuste plutôt que d’un souci d’économies comme annoncé jusqu’alors. But de l’opération “ cartes sur table ”, regagner la confiance des partenaires, au premier rang desquels l’État, seuls à même d’effacer son ardoise.

IL FAIT L'ACTU Olivier Capelle a pris son commandement à la tête de la gendarmerie

Arrivé depuis août dans le 101ème département, le colonel Olivier Capelle a officiellement pris le commandement de la gendarmerie de l'île ce mercredi et ce pour les trois prochaines années. Avant sa prise de fonction mahoraise, le successeur du général Philippe Leclercq est passé par le commandement d'un escadron de gendarmerie mobile en région parisienne, puis par le commandement de compagnie de gendarmerie départementale dans le Lotet-Garonne. Olivier Capelle a également servi dans l'administration centrale, notamment sur la rédaction des textes règlementaires du maintien de l'ordre. Il a également été chef des opérations dans la région Alsace, en charge de la lutte contre le radicalisme religieux et des problématiques du terrorisme, avant d'intégrer l'école de guerre à l'école militaire de Paris. Commandant d'un groupement de gendarmerie mobile à Dijon et a participé à ce titre à toutes les opérations des Gilets jaunes, de Notre-Dame-des-Landes, à plusieurs voyages officiels du président de la République et aux G7 des ministres de l'Environnement et de l'Intérieur.

PROVERBE “ Dalili ya vua maingu.” Il n'y a pas de fumée sans feu.

BRÈVES Corsair se pose à nouveau sur le sol mahorais…

Et joue aux pirates sur les prix des billets ! Ainsi, comme le rapporte Le journal de Mayotte, la compagnie qui rétablit sa ligne vers Paris à partir de décembre risque de donner des sueurs froides à Air Austral. “ Le prix peut vite s’envoler, mais reste très compétitif, voire agressif sur le plan commercial. Un voyageur peu regardant sur les options payantes peut réellement s’en sortir avec un billet aller-retour à 500€ pour la métropole. A une condition toutefois. Les vols passant par la Réunion, il faut aussi accepter de consacrer entre 15 et 17h à son voyage, contre 10 à 11h en vol direct ”, écrit ainsi le média en ligne.

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DOSSIER

OUTRE-MER

TERRA INCOGNITA

“ Cette loi trace un chemin pour l’avenir et traduit un véritable changement de vision des outre-mer ”, vantait Ericka Bareigts, alors secrétaire d’État à l’égalité réelle, lors de l’adoption de la loi sur l’égalité réelle outre-mer en 2017. Trois ans après, que reste-il de cette ambition ? Pour Daniel Dalin et le conseil représentatif des Français d’outre-mer, la réponse est claire : rien. On pourra lui rétorquer que ces choses là prennent du temps mais rien n’y fait. Selon lui, tout empire et la suppression de France O serait la goutte d’eau, celle qui fait déborder le vase de la colère. Les DOM ne jouerait donc l’égalité que dans la solitude et le mépris. Raison pour laquelle leurs représentants en hexagone sont appelés à manifester ce samedi. Nous avons tenté, dans ce numéro, de comprendre ce qui lie les outre-mer et quelle place occupe Mayotte dans ces territoires décidément moins en forme que l’hexagone.

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DOSSIER

Propos recueillis par Grégoire Mérot

ENTRETIEN DANIEL DALIN

“ ON NOUS REND INVISIBLES ”

LA COUPE EST PLEINE POUR LE PRÉSIDENT DU CREFOM QUI DÉNONCE LE PEU DE CONSIDÉRATION DONT FERAIT PREUVE L’ÉTAT À L’ENDROIT DES TERRITOIRES D’OUTREMER. À TEL POINT QUE DANIEL DALIN ET SON CONSEIL REPRÉSENTATIF DES FRANÇAIS D’OUTRE-MER ORGANISENT CE SAMEDI À PARIS UNE MANIFESTATION DANS L’ESPOIR DE VOIR LE REGARD DU GOUVERNEMENT CHANGER. CE QUI, À L’ENTENDRE, NE SERA PAS UNE MINCE AFFAIRE TANT LE “ MÉPRIS ” SERAIT PROFONDÉMENT ANCRÉ.

Mayotte Hebdo : Pourquoi avoir décidé d’organiser cette manifestation ? Quel en est l’objet ? Daniel Dalin : Ce n’est pas dans

la nature du Crefom de mettre les gens dans la rue. Pourtant, année après année, événement après évènement, mépris après mépris, il n’y avait plus d’autres choix. Il y a cependant bien eu un élément déclencheur avec la fermeture de France Ô qui a nous a poussé à organiser cette mobilisation du 28 septembre pour exprimer notre colère face au manque de considération que l’on oppose aux outre-mer. De manière générale, on observe que la France est en train de finasser sur les principes républicains qui devraient être le socle des territoires d’outre-mer comme d’ailleurs.

Mayotte Hebdo : Quels retours avez-vous de Mayotte qui permettent de l’ancrer dans votre plaidoyer ? Daniel Dalin :

À Mayotte, et ce n’est pas moi qui parle, on dénonce toute une série de dysfonctionnements. À commencer par l’immense problématique de violence qui fait rage. Et bien entendu celle de l’immigration. On a l’impression que l’État français a laissé Mayotte dans un espèce de flou par rapport aux Comores.

Résultat, c’est à Mayotte que l’on trouve la plus grande maternité de France, majoritairement fréquentée par des mères étrangères, ce qui a pour conséquence de saturer un système de soin déjà trop faible. Il y a aussi la problématique de manque d’eau qui fait vivre toute une population dans une situation sanitaire très précaire. Par ailleurs, dans l’administration, on assiste à un phénomène colonialiste clairement discriminatoire puisqu’au lieu de puiser dans les forces du territoire, on fait systématiquement venir des cadres métropolitains pour occuper les postes à responsabilité. Il y a de manière générale un manque de projection de ce jeune département dans le développement qu’est censé assurer la France à travers ses différents programmes nationaux. Le taux de chômage y est également incroyablement élevé et en commun avec les autres DOM, on observe un phénomène de départs massifs des jeunes partant faire leurs études et ne revenant pas car ils ne trouvent pas d’emploi à hauteur de leur diplôme sur le territoire.

Mayotte Hebdo : Sur ce dernier point justement, dans quelle mesure peut-on faire des parallèles entre les situations dénoncées dans les différents départements d’outre-mer ?

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DOSSIER

Daniel Dalin :

Il y a nécessairement un parallèle à faire avec la Guyane qui est confrontée à un phénomène migratoire d’ampleur sous le regard presque passif des autorités. Très peu ou trop peu est fait pour endiguer le phénomène. Globalement, on retrouve, exception faite des pénuries d’eau, les mêmes problématiques à Mayotte et en Guyane. En Martinique et en Guadeloupe, s’il y a également des similitudes, on fait surtout face à des problématiques sanitaires majeures avec l’arrivée des sargasses sur lesquelles il n’y a aucune politique de santé digne de ce nom. S’ajoute à cela la problématique du chlordécone. Tout le monde sait que la Martinique et la Guadeloupe sont les champions du monde du cancer à cause de cela. Nous au Crefom ne sommes pas dans une problématique de réparation, c’est le rôle d’autres associations. Mais nous sommes là pour questionner. Quelles politiques de dépollution ont été mises en place par l’État ? Niet. Quelle politique de dépistage ? Niet. Quelles réparations pour les cultivateurs atteints de chlordécone ? Rien. Si les problèmes ne sont pas les mêmes, on voit bien que dans tous les cas, l’État ne prend pas ses responsabilités comme il le ferait pour des territoires métropolitains. On assiste à une volonté de nous rendre invisibles. Voilà ce qui nous exaspère et qui nous a poussé à organiser cette première manifestation. Je le dis d’ailleurs d’emblée : ce ne sera pas la dernière. Nous réitérerons l’opération jusqu’à ce que le gouvernement nous entende et nous propose quelque chose de sérieux.

Mayotte Hebdo : Quelle est selon-vous, la cause du sousinvestissement chronique dans les DOM ? Est-on face à des relents de l’histoire qui a lié ces territoires et la métropole ? Daniel Dalin : Ce sous-investissement

chronique, effectivement, atteste d’une posture. Postcoloniale ou néocoloniale, comme vous voulez. Car finalement, outre ce que l’histoire a écrit, qu’est-ce

qu’une colonie ? C’est un territoire qui à moindre frais apporte les richesses à la métropole. C’est aujourd’hui le cas en matière de biodiversité et en espaces maritimes. Toute la richesse de la biodiversité française est dans les DOM, toute sa puissance maritime est portée par les outre-mer. Pourtant, on ne fait rien, on refuse de mettre en place des politiques valables pour tirer vers le haut ces territoires. Nous sommes donc là, aujourd’hui, pour dire qu’il va falloir désormais compter sur nous. Ça ne peut plus durer. Nous ne resterons pas invisibles plus longtemps. Quand on nous dit que nos ancêtres étaient les Gaulois, qu’est-ce que cela veut dire pour la jeunesse des DOM, connectée au monde entier ? Le résultat est que ces jeunes vont déboulonner des statues. Car toute l’histoire nationale officielle ne correspond pas à la réalité des outre-mer et de leur histoire, de leur vécu. Rien n’est fait pour que cette jeunesse, et à plus forte échelle ces populations, se sentent partie intégrante de la nation et de son histoire. Cette intégration, la France ne l’organise pas et cela peut conduire les peuples à se détacher, s’organiser, et potentiellement conduire à l’explosion. Oui, ça risque d’exploser. Mais pour l’éviter, nous sommes là, républicains, là pour travailler avec l’État. Encore faut-il que l’État nous entende.

Mayotte Hebdo : Comment expliquer que les outre-mer soient si mal entendus ? Daniel Dalin : Le président, dès son

arrivée au pouvoir, a oublié les choses qu’il nous avait promises. Là ou ça ne va pas, c’est qu’aucun de ses conseillers en charge des outre-mer n’est spécialiste de ces territoires. Ils ne les connaissent pas, ils y sont peut-être allés dans des conditions très favorables comme en préfecture, mais ils ne connaissent pas le vécu des populations de Mayotte, de Guyane ou de Martinique. En plus de cela, la cooptation est la règle dans leur milieu. Quand ils partent, au lieu de mettre un Ultramarin qui pourrait attirer l’attention du gouvernement sur des sujets concrets, on remet quelqu’un hors-sol. Il y a bien eu Marc Vizy, sous François Hollande, qui connaissait les outre-mer par cœur pour

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y avoir vraiment vécu. Pour le coup, il tenait le “ cap outre-mer ”. Et pourtant, malgré sa présence, on a pu assister à un détricotage complet de la loi Égalité réelle en outre-mer que le Crefom avait initiée. Elle a été tout simplement vidée de son contenu par l’État avec la complicité de quelques élus de la représentation nationale pourtant issus des DOM.

Mayotte Hebdo : Les élus locaux n’ontils pas leur part de responsabilité ? Daniel Dalin :

Globalement, les élus locaux comme ceux de la représentation nationale, à quelques exceptions bien utiles près, ne sont pas pris en considération. On ne peut pas taper tout le temps sur les élus, il y a tout simplement un manque de considération en face. Mais cela est aussi vrai dans les médias, on ne parle pas de nous. On nous rend invisibles.

Mayotte Hebdo : Quel est le rôle du Crefom et comment parvient-il ou non à alerter ? Daniel Dalin : Le Crefom a été créé par Victorin

Lurel et Patrick Karam, alors délégué interministériel en charge de l’égalité des chances des Français d’outre-mer. Et nous avons mis près de trois ans depuis son acte de naissance à accoucher du Crefom tellement c’était compliqué au vu de notre souci de respecter les susceptibilités et identités de chacun. Mais nous avons réussi. Et nous voilà donc, lobby pour les outre-mer. Nous participions avec l’ancien gouvernement à nombre de travaux et l’on se rend malheureusement compte que l’on fait aujourd’hui sans nous. On a beau les alerter, rien ne se passe. Un exemple tout récent : l’État a décidé d’octroyer sept milliards d’euros aux compagnies aériennes dont Air France suite à la crise sanitaire. Tout le monde sait qu’Air France est la compagnie historique des outre-mer et que c’est l’une des compagnies qui propose les billets les plus chers. Nous avons donc alerté le ministre des Finances en lui suggérant qu’il était sans doute bon d’aider cette compagnie mais que cela pourrait être assujetti à une tarification sociale pour les outre-mer. Pas de réponse. Jamais. Combien de fois nous promet-on des choses main sur le cœur sans que rien ne suive ? J’ai été reçu par Annick Girardin. J’en suis ressorti charmé, je dois l’admettre. Rien n’a été suivi d’effet. Pourtant, je lui demandais notamment que le soldat guadeloupéen Loic Liber, la première victime de Mohamed Merah qui est aujourd’hui tétraplégique, obtienne la légion d’honneur… On donne la médaille à pléthore de personnes, ce que je ne remets pas en cause, mais il y a des symboles, des gestes que l’on doit respecter. De tout cela ressort un immense sentiment de mépris.

Mayotte Hebdo : N’y-a-t-il donc pas d’évolution positive dans certains domaines ? Daniel Dalin :

Absolument pas. Non, désolé. On est même en train de réduire le nombre de représentants des outre-mer au Conseil économique, social et environnemental (Cese) [La réforme en cours du Cese prévoit en effet une baisse des effectifs globaux de 233 à 175 membres, et les outre-mer qui bénéficiaient d’un représentant par territoire n’ont pas été épargnés. Si l’on ne connait pas encore leur future représentation, ils ont d’abord été complètement oubliés au point que le rapporteur du projet de loi, le député Modem Erwan Balanant s’en est excusé, ndlr]. Là encore, on nous invisibilise. On nous supprime les congés bonifiés, on nous supprime France Ô… Franchement, où est ce que l’on pourrait voir du progrès ?

Mayotte Hebdo : Qu’attendez-vous de la mobilisation de ce samedi ? Daniel Dalin :

Mon rôle n’est pas tellement d’avoir des attentes mais de mobiliser et continuer à organiser ces rendez-vous tant que cela restera nécessaire pour que l’État suive avec des gestes concrets. N’oublions pas que les élections présidentielles arrivent et que de plus en plus de nos compatriotes vont vers les extrêmes ou sont tentés de le faire. Comment ne pas le comprendre à force de tant de déceptions ? Cependant il faut absolument éviter cela dans et pour les outre-mer.

Mayotte Hebdo : Quels pourraient être les gestes concrets que vous évoquez ? Daniel Dalin :

Déjà de nous recevoir. D’arrêter de matraquer notre jeunesse qui s’oppose à la glorification coloniale. Il y a toute une série de petits gestes, de petites mesures symboliques qui montreraient de la part de l’État que l’on entre dans une phase de dialogue, que l’on commence à réparer tout ce que j’ai évoqué précédemment. On ne demande pas un énième grenelle ou des états généraux. On connait tout cela, c’est bon. Qu’ils mettent déjà en place les mesures décidées lors de ces précédents rendez-vous, ce serait le minimum. n

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DOSSIER

Solène Peillard

ÉDUCATION

LE BONNET D'ÂNE POUR MAYOTTE Elle est la mauvaise élève. Alors que la scolarisation est obligatoire en France dès trois ans, seuls 40% des petits mahorais de cet âge étaient inscrit à l'école à la rentrée 2018-2019. Trois ans plus tôt, l'association le Village d'Eva estimait qu'ils étaient aux moins 5 000 enfants déscolarisés à travers toute l'île, représentant alors un taux de déscolarisation de 5,5%. Loin derrière la moyenne nationale quasi-parfaite, mais mieux qu'en Guyane où, la même année, ce chiffre frôlait les 14%. Toutefois, le 101ème département bat d'autres records : en 2019, l'île affichait l'un des taux d'obtention du bac les plus faibles de son Histoire, et le plus bas des outremer : seuls 42,2% des candidats réussissaient l'examen. Moins d'un élève sur deux. Deux fois plus faible que la moyenne dans les autres DOM. Il faut dire qu'à Mayotte, l'Etat investit en moyenne 4,1 euros par élèves, contre 7,8 euros dans le reste du pays. Côté études supérieures, le bilan n'est pas plus heureux : plus de quatre étudiants mahorais sur cinq échouent dès la première année, contre plus d'un sur trois en Guadeloupe.

TAUX DE RÉUSSITE AU BAC EN 2019 (ENSEMBLE DES FILIÈRES)

LA RÉUNION

88.1

%

14•

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MARTINIQUE

GUYANE

86.8 78.8

%

%

GUADELOUPE

MAYOTTE

71.9 42.2 %

%

TAUX D’ILLETTRISME DE LA POPULATION ÂGÉES DE 16 À 64 ANS ET SCOLARISÉE EN FRANCE, DOM COMPRIS (SELON L'INSEE)

MAYOTTE

LA RÉUNION

%

%

GUYANE

42 23 20

%

des habitants âgés de 16 à 64 ans

15

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DOSSIER

HABITAT

MAYOTTE, DÉPARTEMENT D'OUTRE-MER LE PLUS MAL LOTI Encore un triste record pour Mayotte. Selon le dernier recensement, en 2017, quatre logements sur dix sont des cases en tôle à travers tout le territoire, et jusqu'à 50% à Mamoudzou. Alors que l'insalubrité recule dans tous les autres départements ultramarins, elle est, localement, repartie à la hausse depuis 2012, et concerne aujourd'hui plus d'un logement en dur sur dix. À titre d'exemple, 10% des logements sont dépourvus d'électricité à Mayotte, contre 1,5% en Guadeloupe. Pis, 28% des logements de l'île, soit trois ménages sur dix, n'ont toujours pas accès à l'eau courante, contre moitié moins en Guyane, deuxième DOM le plus touché par cette problématique. Dans le même temps, à La Réunion, en Martinique, en Guyane et en Guadeloupe, les logements sociaux se sont multipliés, à tel point que dès 2013, ils y étaient en proportion plus nombreux qu'en métropole. Un développement que n'a pas suivi Mayotte où, pendant 30 ans, la "case Sim" constituait le seul habitat de ce type. Bien insuffisant pour éponger l'essor démographique de l'île, là encore, le plus fort parmi les DOM.

NIVEAU DE VIE

LES INÉGALITÉS SE CREUSENT DAVANTAGE À MAYOTTE Le chiffre est éloquent. Et fait du territoire un cas aussi unique que préoccupant. À Mayotte, 77% de la population vit sous le seuil de pauvreté, contre une moyenne de 38% pour l'ensemble des autres DOM. Alors qu'à La Réunion, les inégalités de revenus baissent depuis 2007, celles-ci ne font que se creuser à Mayotte, où 10% des plus riches ont des revenus 14 fois supérieurs aux 10% les plus modestes, contre un rapport de 5 sur l'île Bourbon et 4,2 en Martinique. Des écarts majoritairement nourris par le chômage qui frappe les DOM, exception faite de Mayotte où l'immigration en constitue la principale cause. Pourtant, le 101ème département demeure, dans toute la France, le plus touché par l'inemploi avec un taux de chômage gravitant autour des 30% depuis 2016. Autre fait remarquable, Mayotte et la Guyane figurent parmi les rares départements français où le nombre de personnes comprises dans le halo de chômage excède celui des chômeurs à proprement parler. Aux 22 500 demandeurs d'emplois que comptaient Mayotte l'année dernière, s'ajoutent encore 30 800 personnes inactives qui souhaitent travailler mais ne sont pas considérées comme chômeuses, puisqu'elles n'entreprennent “ aucune démarche de recherche d'emplois ou ne sont pas disponibles pour en occuper un ”, selon les critères de l’Insee. Là encore, depuis 2016, environ 20% des personnes en âge d'occuper un emploi se situent dans ce halo, soit quatre points de plus qu'en Guyane.

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TAUX DE CHÔMAGE DES 15 ANS OU PLUS EN 2019 (SELON L'INSEE)

MARTINIQUE

18

%

LA RÉUNION

24

%

GUYANE

GUADELOUPE

19

23

%

%

MAYOTTE

35

(au deuxième semestre uniquement)

%

PART DE LA POPULATION VIVANT SOUS LE SEUIL NATIONAL DE PAUVRETÉ EN 2017 (SELON L'INSEE)

MARTINIQUE

29

%

GUYANE

53

%

GUADELOUPE

LA RÉUNION

34

38

%

%

MAYOTTE

77

(au deuxième semestre uniquement)

% 17

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DOSSIER

COÛT DE LA VIE

MAYOTTE LA PLUS PAUVRE, PAYE PLUS CHER QUE LES AUTRES Elle est le territoire ultramarin au produit intérieur brut le plus faible. Pourtant, Mayotte est aussi l'un des départements d'outre-mer où les prix à la consommation sont le plus élevés. À La Réunion ou en Martinique, le panier moyen de courses premier prix ne dépasse pas les 173 euros pour quelques bouteilles d'eaux, des biscuits et confiseries, des boissons diverses, des produits laitiers et des œufs, des produits d'entretien et d'hygiène corporel. Ici, il faudra débourser 215 euros pour des courses identiques, alors que le niveau de vie médian s'élève à 384 euros. Outil de modération des prix en outre-mer, le "bouclier qualité-prix" connaît par ailleurs sa valeur la plus faible à Mayotte, où il couvre 193 euros de produits divers de consommation courante, contre 286 euros en moyenne dans les autre DOM. Si en Guyane, en Martinique, en Guadeloupe et à La Réunion, les transports, le logement, l’alimentation et les biens et services divers représentent les principaux postes de dépenses, les ménages mahorais doivent avant tout se nourrir. L’alimentation représente ainsi près d'un quart du budget de consommation, et est également le domaine où les écarts de prix sont localement les plus marqués. Pour noircir un peu plus le tableau, Mayotte, juste devant la Guyane et la Guadeloupe, est également le territoire d'outre-mer à connaitre la plus forte inflation : sur l'année écoulé, les prix ont grimpé localement de 1,4%, contre 0,8% en Martinique ou à La Réunion, et 0,2% dans à l’échelle du pays. La vie dans les outre-mer affiche un coût global 66% plus élevé qu'en métropole, selon Familles Rurales, association de défense des consommateurs. Mais dans le 101ème département, cette différence culminait, en 2018, à 73%. Première cause pointée du doigt : l'octroi de mer. Si cette taxe s'applique dans tous les DOM, elle est à Mayotte bien plus forte qu'ailleurs, en raison de la dépendance de l'île aux produits importés. En mai dernier, un rapport commandé par Bercy et rédigé par deux experts du Fonds monétaire international (FMI) préconisait la suppression pure et dure de l'octroi de mer – "plus mauvais que tous les systèmes douaniers que l'on peut voir dans les pays en voie de développement" –, qui devrait être révisé au 31 décembre prochain. Selon les auteurs de l'épais document publié par la Fondation pour les études et recherches sur le développement international (Ferdi), cette taxe ultramarine empêcherait d'une part les départements ultramarins de faire face à la concurrence européenne et internationale en engendrant un certain nombre de surcoûts pour les producteurs et les consommateurs, et de l'autre, découragerait de potentiels investisseurs extérieurs, le calcul de l'octroi de mer étant "peu transparent", "instable" et "imprévisible". Preuve en est : il a été révisé trois fois à Mayotte sur la seule année 2017. De quoi nourrir davantage les situations de monopole et de fait, les écarts de prix entre l'île et le reste du territoire national. Alors, les rédacteurs du rapport Ferdi estiment que la mise en place progressive de la TVA – à ce jour inexistante sur le territoire – permettrait à la fois d'éponger les pertes de revenu des collectivité liées à la suppression de l'octroi de mer, dont les recettes leur sont reversées, tout en impliquant une baisse des prix à la consommation estimée entre 4,6 et 9%. Dans cette hypothèse, la hausse de l'activité induite réduirait de 1,5 à 4% l'écart des PIB ultramarins avec celui de la métropole. Une aubaine pour Mayotte, où le produit intérieur brut est quatre fois plus faible que dans l'Hexagone, et deux fois plus faible que dans les autre DOM.

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DÉPENSE MOYENNE ANNUELLE PAR MÉNAGE EN 2017 (SELON L'INSEE)

GUYANE

LA RÉUNION

MARTINIQUE

23 750 23 170 23 090 €

GUADELOUPE

22 770

MAYOTTE

14 310

TAUX MAXIMUM DE L'OCTROI DE MER AU 31 DÉCEMBRE 2018 (SELON UN RAPPORT FERDI COMMANDÉ PAR BERCY)

GUADELOUPE

50

%

LA RÉUNION

61,5

%

MARTINIQUE

50

%

GUYANE

57,5

%

MAYOTTE

97.5

%

19

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DOSSIER

ACCÈS AUX DROITS ET À LA SANTÉ

UN CHEMIN CHAOTIQUE "À Mayotte plus qu'ailleurs, il existe un écart immense entre les droits consacrés et ceux effectivement exercés", attestait en début d'année Jacques Toubon, alors Défenseur des droits, dans un rapport dédié à la situation de l'île. Dans la santé, l'éducation, la justice, la sûreté et les conditions de vie, "la légitimation de dénis de droits pourtant flagrants" est ainsi ouvertement pointée du doigt. Premiers publics concernés : les étrangers et les enfants. Alors que l'État a fait de la lutte contre l'immigration clandestine son fer de lance à Mayotte, l'accès aux droits et aux services publics – jugés sous-dimensionnés – a été relégué au second plan. En résulte des carences inédites, à l'échelle nationale comme ultramarine : expulsions de personnes en situation régulière – et parfois même mineures –, retards dans les délivrances de titre de séjour et dans le traitement des dossiers des personnes en situation de handicap, difficultés d'accès à l'assurance maladie, absence de dispositif d'aide médicale d'État, discriminations lors d'inscriptions à l'école, les carences et violations de droits fondamentaux sont telles qu'elles ne sauraient trouver de comparaison à la hauteur dans tout le territoire national. Et pour ne rien arranger, l'île est le territoire d'outre-mer le plus mal doté au regard du nombre d'avocats, et est, au regard des chiffres, le troisième département français au taux le plus bas, en sus d'être le plus grand désert médical du pays. Sur ce dernier point, alors que les Antilles et La Réunion tendent progressivement à s'aligner sur le niveau du système de santé métropolitain, Mayotte et la Guyane "cumulent encore de graves retards", selon la Commission nationale consultative des droits de l’Homme, qui y déplore, entre autres, un taux de mortalité infantile et maternelle très élevé et une espérance de vie réduite par rapport à la métropole, de deux ans pour les hommes et cinq pour les femmes. En termes d'infectiologie, le constat est tout aussi alarmant : Mayotte et la Guyane sont l'un des rares endroits où le paludisme est endémique, pendant que sévissent de façon récurrente des épidémies comme la dengue. Aussi, contre 7,1 cas de tuberculose pour 100 000 habitants dans l'Hexagone, Mayotte en compte 25,9, et la Guyane, elle, 18,3. Alors que dans le 101ème département, la machine hospitalière étouffe, saturée, l'institution française de protection et de promotions des droits de l'Homme estime que "tant que la précarité des moyens éducatifs et l’insécurité dissuaderont les jeunes médecins de s’installer à Mayotte, on ne voit pas qui pourrait prendre le relais du système actuel."

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NOMBRE DE MÉDECINS (GÉNÉRALISTES ET SPÉCIALISTES) POUR 100 000 HABITANTS EN 2018 (SELON L'ORDRE NATIONAL DES MÉDECINS)

LA RÉUNION

MARTINIQUE

GUADELOUPE

368 324 304 256 94 GUYANE

MAYOTTE

ESPÉRANCE DE VIE EN 2017 (SELON L'INSTITUTION FRANÇAISE DE PROTECTION ET DE PROMOTION DES DROITS DE L'HOMME)

FRANCE MÉTROPOLITAINE

LA RÉUNION

GUYANE

MAYOTTE

HOMMES : 76,7 ANS FEMMES : 82,9 ANS

HOMME : 74,7 ANS FEMME : 80,9 ANS

HOMMES : 77 ANS / FEMMES : 84 ANS

HOMMES : 74,7 ANS FEMMES : 77,9 ANS 21

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DOSSIER

Raïnat Aliloiffa

DÉLINQUANCE

DES DONNÉES EN DEÇÀ DE LA RÉALITÉ, MAIS AU-DELÀ DES MOYENNES NATIONALES

Ils sont à prendre avec des pincettes. En 2019, les chiffres de la délinquance à Mayotte affichaient une baisse générale de 1,9% par rapport à 2017 – 2018 n'ayant pas été pris en compte, du fait du mouvement de grève générale cette année-là. Mais avant de s'en féliciter, rappelons toutefois que les données communiquées par la préfecture ne tiennent compte que des plaintes déposées. Et à Mayotte, où une large partie de la population craint de pousser la porte d'un commissariat, le nombre d'infractions, délits ou crimes non déclarés peut être particulièrement lourd. Autrement dit, ces données sont largement sous-représentatives de la réalité, comme en atteste le nombre de violences sexuelles enregistrées et qui ferait de l'île l'un des DOM les moins touchés… Seule certitude : les outre-mer sont plus exposés à la délinquance violente que la métropole, selon un rapport du ministère de l'Intérieur pour l'année 2017. Les infractions violentes, plus particulièrement, y seraient plus nombreuses qu'en Hexagone.Toutefois, le document atteste que la typologie de la délinquance varie en fonction du DOM-TOM où elle prend place. À Mayotte, tout comme dans les Antilles et en Guyane, le nombre de vols violents par habitant serait ainsi particulièrement élevé. Alors que les chiffres concernant les violences volontaires en dehors de la sphère familiale évoluent peu en outre-mer entre 2015 et 2017, Mayotte est le seul territoire à afficher une nette hausse (+27% de victimes déclarées). L'île est aussi le territoire ultramarin à avoir connu la plus grosse augmentation des effectifs globaux de force de l'ordre au cours des dernières années. Fait étonnant : en 2017, les cambriolages auraient diminué de plus d'un tier à Mayotte, pendant qu'ils connaissaient une augmentation de l'ordre de 8% en Guyane. Si le nombre d'homicides est bien supérieur à la moyenne nationale, sur laquelle s'aligne La Réunion par exemple, le 101ème département apparaît comme moins meurtrier que la Martinique, la Guadeloupe ou la Guyane.

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NOMBRE DE VOLS VIOLENTS POUR 1 000 HABITANTS EN 2017 (SELON LE MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR)

LA RÉUNION

MARTINIQUE

GUADELOUPE

1.4 2.1 3.3 3.3 7.4 GUYANE

MAYOTTE

NOMBRE D'HOMICIDES COMMIS ENTRE 2015 ET 2017 POUR 1 000 HABITANTS (SELON LE MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR)

MAYOTTE

0.2

GUADELOUPE

1

MARTINIQUE

0.5

GUYANE

1.5 23

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DOSSIER

NOMBRE DE CAMBRIOLAGES POUR 1 000 LOGEMENTS EN 2017 (SELON LE MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR)

LA RÉUNION

MARTINIQUE GUADELOUPE

5.5 6.2 11 15.8 17.7 GUYANE

MAYOTTE

24•

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BILAN DE LA DÉLINQUANCE À MAYOTTE EN 2019, PAR RAPPORT À L'ANNÉE 2017 (SELON LA PRÉFECTURE) DÉLINQUANCE GÉNÉRALE

ATTEINTES VOLONTAIRES À L'INTÉGRITÉ PHYSIQUE

ATTEINTES AUX BIENS

-1,9% +8.7% -11.4% % % -13.8 +12.3 VIOLENCES PHYSIQUES "GRATUITES"

VIOLENCES INTRAFAMILIALES

+47.6% -30.8% -13.9% CAMBRIOLAGES

VOLS AVEC VIOLENCES

VIOLENCES PHYSIQUES AVEC VOL

VIOLENCES SEXUELLES

+48.4

%

VOLS SANS VIOLENCES

-13.8

%

25

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DOSSIER

Raïnat Aliloiffa

ANALYSE

MAYOTTE, GUYANE, MÊME COMBAT ?

LA GUYANE EST TRÈS SOUVENT COMPARÉE À MAYOTTE. À TORT OU À RAISON ? LES DEUX DÉPARTEMENTS SE RESSEMBLENT EN EFFET SUR PLUSIEURS POINTS. IMMIGRATION, INSÉCURITÉ, OU ENCORE ÉDUCATION, POUR NE CITER QU’EUX. CES DEUX DOM TRAVERSENT LES MÊMES MAUX, SOUS UN REGARD PERÇU COMME INDIFFÉRENT DE PARIS. UNE INDIFFÉRENCE QUI COMMENCE À PESER. LES MANIFESTATIONS S’ENCHAINENT ET SE RESSEMBLENT, EN ESPÉRANT UN JOUR AVOIR UN RÉEL IMPACT SUR LE FOND DES PROBLÈMES.

La Guyane et Mayotte seraient-elles abandonnées par la France ? C’est le sentiment qui domine dans ces deux territoires en proie à de nombreux problèmes qui ne semblent pas se résoudre au fil des années. De ce fait, ces départements d’outre-mer sont souvent comparés et les militants guyanais mettent en garde les Mahorais. “ Nous partageons notre expérience pour que Mayotte ne perde pas 50 ans si ce n’est 70 ans comme nous pour obtenir ce qu’elle

veut ”, indique Yvane Goua, porte-parole de l’association Tróp Violans, qui lutte pour les revendications guyanaises telles que le droit à l’éducation, la santé ou encore la baisse des violences. Pour autant, la comparaison entre ces deux territoires n’aurait selon elle pas lieu d’être. “ On a souvent l’impression que Mayotte réclame plus de France. Ce n’est pas notre cas. On veut juste que la France fasse son travail sur notre territoire et si elle n’arrive pas à gérer alors qu’elle nous laisse faire. Parce que pour la France nos problèmes sont des petits problèmes. ” De leur côté, les acteurs sociaux mahorais dénoncent souvent dans leurs discours “ l’abandon et le mépris de la France envers Mayotte ”. À l’autre bout du monde, chez les Tróp Violans la lecture est différente. “ Pour nous ce n’est pas un abandon de la France mais une volonté politique. C’est pour cela que dans les accords de Guyane de 2017 on a demandé l’autonomie du territoire. On ne veut pas que Paris nous impose des choses à 8000km alors qu’elles ne correspondent pas à notre quotidien. ” Les Mahorais finiront-ils également par demander plus d’autonomie ? Rien n’est sûr. Pour l’heure, Mayotte et la Guyane ne font que partager les mêmes types de problèmes, à différentes échelles.

IMMIGRATION La lutte contre l’immigration, les Mahorais en ont fait un combat personnel. Chaque jour des Kwassa en provenance des Comores accostent ou périssent au large de Mayotte. Et même si 27 500 personnes ont été reconduites

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à la frontière en 2019, le problème est loin d’être réglé. La Guyane n’est pas épargnée par les flux migratoires illégaux. Elle est le seul territoire de France à partager ses frontières avec deux pays (le Brésil et le Suriname), et est donc doublement impactée. “ On est vu comme la France et non comme la Guyane. Et comme le PIB est plus élevé en France alors les immigrés viennent en masse et l’État dit qu’il n’a pas les moyens de surveiller nos frontières ”, explique Yvane Goua. Ces personnes passent par le Brésil ou le Suriname mais une grande partie est d’origine haïtienne. Tout comme à Mayotte, ces étrangers vivent dans des situations précaires, très souvent dans des cases en tôles sans eau potable ni électricité, construites sur des terrains qui ne leur appartiennent pas. Les bidonvilles explosent en Guyane et notamment à Cayenne, le chef-lieu. “ Nous avons demandé en 2017 l’éradication de ce que nous appelons les squats. Une campagne a commencé en 2019, mais ça crée un déplacement de population. On ne réglera pas le problème tant qu’on n’aura pas crée des logements ”, complète Yvane Goua. Arrivées illégalement sur le territoire, ces personnes demandent l’asile même si la grande majorité d’entre eux ne répond pas aux critères exigés. Ceux qui se voient refuser la demande d’asile sont donc livrés à eux-mêmes et doivent se débrouiller pour survivre illégalement en travaillant clandestinement.

ÉDUCATION Scolariser un enfant à Mayotte et en Guyane relève du parcours du combattant. Il faut s’armer de patience et se préparer à l’idée que son enfant n’ira peut-être pas à l’école. C’est une réalité pour une partie d’entre eux, tant les écoles sont surchargées dans les deux territoires. Depuis la rentrée 2019, scolariser son enfant de 3 ans n’est plus optionnel mais obligatoire. Immédiatement, la communauté éducative a pointé du doigt la difficulté d’appliquer cette loi en Guyane et à Mayotte. Jean-Michel Blanquer, ministre de l’éducation nationale a reconnu que “ pour arriver à ce que tous les enfants de Mayotte et Guyane aillent à la maternelle dès trois ans, c'est un peu sur deux ou trois rentrées qu'on va y arriver pleinement. ” Les associations de parents d’élèves et les syndicats des enseignants le trouvent bien optimiste puisque la situation des deux territoires est assez critique. En 2018, en Guyane le taux de non-scolarisation s’élevait à 13,7% selon le rectorat du territoire. À Mayotte, difficile de trouver un chiffre précis, mais selon le rectorat de l’île, à peine 50% des enfants nés en 2016 allaient à l’école en 2019. En 2017, l’État avait annoncé 350 à 400 millions d'euros d’ici 2027 pour les constructions scolaires. 20 millions ont été attribués à Mayotte pour les établissements du premier degré. Le président de la République avait également annoncé la création de 800 clases sur l’île mais cela reste encore en deçà des besoins du territoire selon les syndicats et associations. Les enfants issus de l’immigration clandestine sont les plus touchés par la déscolarisation sur les deux territoires. Pour pallier au manque de classe, à Mayotte le système de rotation est de rigueur. En Guyane ce n’est pas le cas. Certaines mairies ont opté pour des salles de cours dans des mobile-homes.

PAUVRETÉ L’ensemble des territoires des Outre-mer français sont plus pauvres que l’hexagone. Les départements de la Guyane et de Mayotte sont particulièrement impactés. En Guyane une personne sur deux vit sous le seuil de pauvreté. À Mayotte le taux s’élève à 77% de la population. Selon les derniers chiffres de l’Insee les richesses sont plus inégalement réparties. Les prestations sociales amortissent les inégalités en Guyane. Elles représentent plus de la moitié du revenu des 70% des ménages les plus modestes. Ceux de Mayotte en revanche n’ont pas cette chance puisque les prestations sociales sont dérisoires. Et les personnes qui en ont le plus besoin ne peuvent en bénéficier car dans la grande majorité des cas, elles sont en situation irrégulière sur le territoire. Ainsi, seules 16 000 personnes bénéficient du RSA à Mayotte en décembre 2018, soit 6 % de la population, contre 24 % dans l’ensemble des autres DOM.

INSÉCURITÉ Il ne se passe pas un seul jour sans que l’on n’entende pas parler d’une agression sur l’île, ou de jeunes qui ont vandalisé un bien. Les marches contre la violence sont devenues une habitude à Mayotte, mais elles ne semblent pas arrêter ou même ralentir la montée de la violence. Et même si des vies ont été perdues ces dernières années à Mayotte, la situation de la Guyane est plus préoccupante. Ce département de 260 000 habitants enregistre un taux d’homicide de 17,2 pour 100 000 habitants. “ L’année 2016 a enregistré 46 homicides ”, rappelle la porte-parole de Tróp Violans. C’est ce qui a provoqué la forte mobilisation de mars 2017. Depuis, les chiffres ont diminué selon l’association mais la Guyane fait face à un autre type de violence. “ Chez nous, avant même de parler de braquage, de vol à mains armées, et d’homicides, il faut parler de la violence institutionnelle parce que c’est ce que nous subissons. Notre prison est la plus insalubre de France, et on est dans un territoire militarisé. Nous avons plus de militaires que de policiers ”, déclare Yvane Goua.

SANTÉ Le système de santé mahorais est mis à l’épreuve chaque jour. Manque de moyens, manque de personnel, hôpital trop petit… La liste est longue. Et la crise sanitaire n’a fait que mettre en évidence les problèmes ancrés depuis plusieurs années. En Guyane, les professionnels de santé et la population ont le même sentiment de négligence du système de santé par l’État. Les acteurs locaux pointent du doigt l’inaction ou les actions trop longues du gouvernement. “ Les institutions ont cette capacité à se voiler la face. Elles pensent qu’elles peuvent tout gérer alors qu’elles ne gèrent rien ”, martèle Yvane Goua. La Guyane est tout de même en avance puisqu’elle comptabilise trois hôpitaux contre un à Mayotte – une extension est toutefois prévue. L’hôpital de Cayenne sera également entièrement réhabilité entre 2022 et 2025 pour un budget total de 32 millions d’euros.

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MAGAZINE D’INFORMATION NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros 7, rue Salamani Cavani M’tsapéré BP 60 - 97600 Mamoudzou Tél. : 0269 61 20 04 contact@mayottehebdo.com Directeur de la publication Laurent Canavate canavate.laurent@mayottehebdo.com Directeur de la rédaction Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 38 soldat@mayottehebdo.com Rédacteur en chef Grégoire Mérot

# 929

Couverture :

Outre-mer : Terra incognita

Journalistes Romain Guille Solène Peillard Raïnat Aliloiffa Constance Daire Direction artistique Franco di Sangro Graphistes/Maquettistes Olivier Baron, Franco di Sangro Commerciaux Cédric Denaud, Murielle Turlan Thomas Lévy Comptabilité Catherine Chiggiato compta@mayottehebdo.com Secretariat Annabelle Mohamadi Première parution Vendredi 31 mars 2000 ISSN : 1288 - 1716 RCS : n° 9757/2000 N° de Siret : 024 061 970 000 18 N°CPPAP : 0121 I 92960 Site internet www.mayottehebdo.com


NOUS COMPTONS SUR VOTRE VOISINE,

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votre meilleur ami, un collègue de bureau, votre tante, votre oncle, vos parents, votre plombier, votre boulanger, votre boucher, votre cousin germain, votre cousine par alliance, vos followers * et tous ceux qui ont liké ** votre dernière photo, votre première maîtresse d’école, la personne qui a écrit ces mots, celle qui les a mis en page, celui ou celle qui vous a vendu votre voiture, et la personne qui la répare, la personne qui est assise à côté de vous, votre mari, votre épouse, votre conjoint ou conjointe, vos copains et copines de lycée avec qui vous êtes resté en contact, et ceux que vous avez perdus de vue, la dernière personne que vous avez rencontrée dans la rue, et la prochaine, et puis toutes celles que ces personnes-là ont croisées ou croiseront, des gens que vous ne connaissez pas et que vous ne connaîtrez jamais, et tous ceux qu’ils connaissent, ou ne connaissent pas, et sur vous aussi. Si vous donnez votre avis et enrichissez les 220 propositions que l’Institut national du cancer a déjà élaborées, nous pourrons mettre fin aux cancers.

Avec la consultation citoyenne, c’est maintenant que se décide la stratégie de lutte contre les cancers des 10 prochaines années. Dès aujourd’hui, tout le monde est invité à y participer sur consultation-cancer.fr


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