Mayotte Hebdo n°931

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TOUTE L’ACTUALITÉ DE MAYOTTE AU QUOTIDIEN

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Lu par près de 20.000 personnes chaque semaine (enquĂŞte Ipsos juillet 2009), ce quotidien vous permet de suivre l’actualitĂŠ mahoraise (politique, sociĂŠtĂŠ, culture, sport, ĂŠconomie, etc.) et vous offre ĂŠgalement un aperçu de l’actualitĂŠ de l’OcĂŠan Indien et des Outremers.

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FI n°3839 Lundi 7 mars 2016 St FÊlicie

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VERRES À VIN, COCKTAIL, COUPE À GLACE...

BP 263 - ZI KawĂŠni - 97600 Mamoudzou - email : hd.mayotte@wanadoo.fr

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FI n°3822 Jeudi 11 fÊvrier 2016 Ste HÊloïse

Ă partir de

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RENSEIGNEMENTS TĂŠl : 0639 67 04 07 | Mail : contact@mayotte-e-velos.yt

FI n°3818 Vendredi 5 fÊvrier 2016 Ste Agathe

marine le Pen

environnement

Port de Longoni

ConSeil dĂŠparteMental

Quel accueil se prĂŠpare pour la prĂŠsiDente Du Fn ?

Le Lagon au patrimoine mondiaL de L'unesCo ?

la dsP sur la sEllEttE

pas de changement sUr l’octroi de mer

Š Jonny CHADULI

Grève à Panima

TĂŠlĂŠThon 2016

Des propositions mais toujours pas D'issue

DemanDez le programme

première parution : juillet 1999 - siret 02406197000018 - Êdition somapresse - n° Cppap : 0921 y 93207 - dir. publication : Laurent Canavate - red. chef : Gauthier dupraz - http://flash-infos.somapresse.com

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Économie

SÉcuritÉ

Les appeLs Ă projets de L'europe

Couvre-feu pour Les mineurs

Première parution : juillet 1999 - Siret 02406197000018 - APE 5813Z - ÉditĂŠ par la Somapresse - Directeur de publication : Laurent Canavate - http://flash-infos.somapresse.com

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FI n°3997 mercredi 30 novembre 2016 St AndrÊ

Š CR: Gauthier Bouchet

DiffusÊ du lundi au vendredi, Flash Infos a ÊtÊ crÊÊ en 1999 et s’est depuis hissÊ au rang de 1er quotidien de l’Île.

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Musique

Faits divers

Edmond BĂŠBĂŠ nous a quittĂŠ

ViolEncE En cascadE

Première parution : juillet 1999 - Siret 02406197000018 - APE 5813Z - ÉditĂŠ par la Somapresse - Directeur de publication : Laurent Canavate - http://flash-infos.somapresse.com

MCG VS SMart

ViCe-reCtorat

UltimatUm oU vĂŠritable main tendUe ?

l’institUtion rÊpond aUx critiqUes

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Première parution : juillet 1999 - Siret 02406197000018 - APE 5813Z - ÉditĂŠ par la Somapresse - Directeur de publication : Laurent Canavate - http://flash-infos.somapresse.com

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DEVANT LE MIROIR

Les bras levĂŠs, recherchez une modification de la forme des seins, un renflement, une rĂŠtractation de la peau ou une altĂŠration du mamelon.

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OBSERVER LES MAMELONS

VĂŠrifiez si les mamelons ne prĂŠsentent pas de crevasses et pressez les lĂŠgèrement afin de vĂŠrifier qu’aucun liquide n’en sorte.

AUTOPALPATION DES DEUX SEINS

Les doigts Ă plat, palper le sein par de lĂŠgères pressions tout en effectuant de petits cercles Ă la recherche d’une boule dure ou d’un ĂŠpaississement suspect. Si vous n’êtes pas Ă l’aise, essayez la position allongĂŠe pour une meilleure rĂŠpartition du tissu mammaire ou sous la douche vos mains glisseront plus facilement grâce Ă l’eau savonneuse.

Bon a savoir

Dès 50 ans, en plus de l’autopalpation, faites une mammographie tous les 2 ans. Consultez votre mĂŠdecin si vous constatez : • une petite boule • une modification de la peau du sein • une forme inhabituelle du mamelon • un liquide Ă la pression du mamelon • une douleur Ă la palpation


LE MOT DE LA RÉDACTION

SE DÉGAGER DU POIDS DES MAUX Qu’il faut être bon danseur pour s’élever au dessus des obstacles entravant la route du hiphop à Mayotte ! À plus forte échelle, on pourrait dire cela de tous ceux qui voudraient développer leur fibre artistique. À la différence près que le hip-hop est par essence jeune, qu’il a la capacité plus que nul autre mouvement de fédérer, de libérer, de transformer la colère en passion. N’at-on pas besoin de cela alors que chaque jour, la déshérence de nombreux jeunes se transforme en fléau ? N’a-t-on pas besoin de montrer que les mots, les arts, sont les meilleures armes pour se dégager du poids des maux ? “Nous sommes prêts à aller faire de la musique avec des gars de Kawéni, mais il nous faut un lieu en dehors, un cadre pour nous épauler”, expliquent les jeunes rappeurs de Majikavo. La solution n’est-elle donc pas là ? Dans cette évidence qu’il faut en urgence des structures pour la culture, adaptées au territoire et à ceux qui veulent le faire vibrer sous leurs pas ou au micro ? Fini les batailles, vive les battles ! Grégoire Mérot

PROPOSENT UNE FORMATION AU TITRE D’ASSISTANT DE VIE AUX FAMILLES A DIEPPE en MÉTROPOLE La formation d’une durée de 6 mois permet d’obtenir le titre d’assistant de vie aux familles et, ensuite, de travailler au domicile notamment auprès des personnes âgées. Aucune condition de diplôme n’est requise pour s’inscrire. Il faut néanmoins réussir l’épreuve orale. Début de la formation : janvier 2021

Renseignement : Auprès de l’IFCASS au 02.35.82.67.18 et sur son site Internet www.ifcass.fr Auprès de LADOM au 02.69.61.51.28 et sur son site Internet www.ladom.fr

Inscription sur le site Internet de l’IFCASS www.ifcass.fr jusqu’au 6 novembre 2020

www.facebook.fr/ifcass

Conditions d’entrée : Être inscrit au Pôle Emploi / avoir au moins18 ans / Avoir un foyer fiscal à Mayotte dont le quotient familial est inférieur à un montant qui vous sera communiqué par LADOM / Ne pas avoir bénéficié d’une autre aide à la mobilité dans l’année / Satisfaire à l’épreuve orale.

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VENDREDI 2 OCTOBRE

FLASHBACK

Retour sur les sujets de Une des Flashs Infos de la semaine

MOUVEMENT SOCIAL GBH : ACTE 2 ?

Pour tous vos communiqués et informations

La paix sociale n’aura pas duré une semaine. Après 71 jours de grève, les salariés de Bourbon Distribution Mayotte, fraîchement racheté par le groupe GBH, signaient un accord de fin de conflit vendredi 25 septembre. Mais dès le jeudi suivant, la mobilisation reprenait de plus bel aux portes du Jumbo Score. En cause : les deux licenciements et plusieurs mises à pied prononcés à l’encontre de certains syndicalistes.qui, selon la direction, auraient commis de graves exactions - dégradations de matériel et insultes voire violences à l’égard de leurs collègues non grévistes. Accusé de ne pas respecter les engagements du protocole de sortie de crise, Marc Berlioz, patron de l’enseigne, a expliqué qu’il n’engagerait pas de nouvelles procédures judiciaires, mais que cela n’excluait pas les procédures disciplinaires. Cela annonce-t-il un nouveau mouvement de grève ?

LUNDI 5 OCTOBRE

FAITS DIVERS - LIGOTÉ PENDANT DES HEURES

Vendredi après-midi, le secrétaire général du lycée de Coconi a été retrouvé ligoté à un arbre. Pris en charge en fort état de déshydratation, l’homme délivre alors un récit glaçant aux forces de l’ordre : deux jours plus tôt, soit mercredi, plusieurs individus se présentent à sa porte sur les coups de 23h. Là, le logement SIM est cambriolé, avant que les assaillants embarque le fonctionnaire dans son propre véhicule avant de l’attacher à un arbre à Caroni, entre Chirongui et Bouéni. Selon un collègue de la victime, le secrétaire général du lycée de Coconi aurait été forcé, en chemin, à retirer de l’argent dans un gabier, aurait fait le plein avec sa carte bancaire, avant d’être abandonné. Ce n’est que le lendemain qu’un habitant l’apercevra. Légèrement marqué physiquement, la victime demeure en état de choc psychologique selon les soignants qui l’ont pris en charge.

Une seule adresse : rédaction@mayottehebdo.com

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FLASHBACK

MARDI 6 OCTOBRE

BRGM UNE CAMPAGNE SUR-MESURE

72 capteurs de vibrations à travers le sol viennent d’être installés par le Bureau de recherche géologique et minière (BRGM) de M’Tsamboro jusqu’à la plage de Moya. En réagissant à des charges explosives tirées à 25 mètres de fond, ces géophones permettront de réaliser un échantillonnage de l’espace souterrain, mais pas seulement puisque la ligne de 30 kilomètres sur laquelle ils ont été placées se prolonge sur 70 km de mer, où le Marion Dufresne a récemment déposé 10 OBS. L’ensemble de ce dispositif permettra de déterminer avec précision la vitesse sismique en profondeur, leur distribution dans l’espace et leur position. De quoi mieux comprendre le phénomène sismo-volcanique, et de fait, mieux le surveiller. Rendez-vous en 2021 pour la publication des résultats.

MERCREDI 7 OCTOBRE

ÉLECTION AU SMEAM DOUCHE FROIDE POUR BAVI ?

Deux mois après une élection contestée, la plainte de l’ancien président du Syndicat mixte d’eau et d’assainissement de Mayotte était jugée ce mardi au tribunal administratif. Et s’il faudra attendre encore deux semaines pour connaître le jugement de cette affaire, mise en délibéré, les conclusions du rapporteur public Simon Riou ne vont en tout cas pas dans le sens de Moussa Mouhamadi Bavi qui réclamait l’annulation de l’élection. Pour le rapporteur public, le scrutin ne serait pas entaché d’irrégularités et le départ théâtral du président d’alors - et candidat accompagné de ses 15 colistiers n’aurait pas empêché que le quorum soit complet.

JEUDI 8 OCTOBRE

COVID-19 - PRÉPARATION DE LA DEUXIÈME VAGUE

Alors que Mayotte peut, semble-t-il, enfin regarder la crise sanitaire dans le rétroviseur, le centre hospitalier se prépare en coulisse en cas de deuxième vague. D’autant plus que les vacances scolaires approchent à grands pas et que les va-et-vient avec la métropole vont se multiplier. Explications dans cette édition avec avec Christophe Caralp, chef de pôle URSEC (urgences, réanimation, Samu/Smur, Evasan, caisson hyperbare). “nous finalisons un plan dit "rebond" si la crise devait repartir sur le territoire. Nous nous organisons en tenant compte de la première vague dans le but d’éviter les écueils”, fait-il notamment valoir, assurant que le CHM serait prêt “en quelques jours” en cas de deuxième vague. Avec un nouvel enjeu toutefois : éviter le plan qui empêche nombre d’actes médicaux et le suivi de patients chronique pour se focaliser sur la gestion de crise.

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TCHAKS LE CHIFFRE 95%

C’est la part de l’électricité consommée à Mayotte provenant de centrales au gasoil. Autant dire que l’île aux parfums est bien loin des objectifs de 50% d’énergies renouvelables fixés par l’État pour les Outre-mer à l’horizon...2020 ! Mais pour EDM, qui présentait cette semaine en compagnie de l’Ademe la campagne Hodari, la priorité est d’abord aux économies d’énergie, la consommation d’électricité suivant une courbe de croissance constante à mettre en lien avec la démographie de l’île. L’objectif de la campagne est donc de sensibiliser les acteurs aux différentes aides qui leur sont proposées afin de maîtriser leurs consommation.Et ainsi favoriser l’accès à des produits éco-efficaces et matériaux non énergivores à travers des primes incitatives. Isolation du bâtiment, climatisation plus performante, ou encore chauffe-eau solaires, incitation à la brique en terre pour les entrepreneurs en bâtiment, ou encore au climatiseur A+++ pour les particuliers, pour lequel la prime peut aller jusqu’à 900 euros.

LA PHRASE

L'ACTION Avec Refmaore, le BRGM mène une campagne explosive

72 géophones en terre, 10 OBS en mer, il n’en fallait pas moins au BRGM pour mesurer, sur une ligne de 70 km, la vitesse de propagation des ondes. Lesquelles seront provoquées par “Nous allons faire ce que nous appelons de la sismique active par opposition à la sismique passive, qui se contente d’enregistrer les ondes générées naturellement, notamment par les séismes. Avec ce dispositif qui est bien calibré au niveau géométrique, nous allons pouvoir déterminer avec précision les vitesses sismiques en profondeur. La distribution de ces dernières, aussi bien en terre qu’en mer, va nous permettre à mieux connaître la structure de Mayotte et à mieux positionner, par la suite, les séismes qu’ils ne le sont aujourd’hui. La bonne localisation des séismes va aider à mieux comprendre les phénomènes auxquels le territoire est soumis mais également à mieux les surveiller.une série de tirs 10 explosifs à 25 mètres de profondeur, à partir de ce vendredi 9 octobre”, explique Jean-Michel Baltassat, ingénieur géophysicien au BRGM et responsable des opérations en terre pour cette campagne.

“Cette situation tendue, prise très au sérieux, n’a en aucun cas amené le Conseil départemental à donner un quelconque accord à un arrêt des transports scolaires, contrairement à ce qui a pu être évoqué sur certains médias ou sur les réseaux sociaux” “ Au contraire, poursuit l’autorité organisatrice des transports scolaires, fort des garanties reçues de la part de l’Etat quant à un renfort des effectifs policiers dès le 8 octobre, le Conseil départemental a expressément demandé à l’ensemble des transporteurs de continuer le service et ce jusqu’au dernier jour avant les vacances scolaires. Tout autre affirmation est sans fondement. ” À l’origine de cette mise au point, un faux grossier qui a circulé dans la nuit de mercredi à jeudi sur les réseaux sociaux, appelant - au nom de la collectivité - tous les chauffeurs de bus à suspendre leur service jusqu’à samedi. Or si la situation s’est en effet détériorée ces derniers jours avec des caillassages conséquents, aucune décision de ce genre n’a été prise comme l’explique le conseil départemental. Jeudi matin, difficile donc de distinguer qui des chauffeurs de bus ont cru en la fausse missive de ceux qui exercé leur droit de retrait. Toujours est-il que les autocars ont cruellement manqué sur les routes, ce qui a, comme à l’accoutumée, conduit à l’érection de barrages par des élèves en colère.

LA PHOTO DE LA SEMAINE Les outre-mer s’exposent au Jardin du Luxembourg

Un baobab mahorais a poussé sur les grilles du Jardin du Luxembourg à Paris. Jusqu’au 17 janvier, le site aux millions de visiteurs met en lumière les paysages ultramarins, à travers l’exposition “Outre-Mer grandeur nature”, une première depuis 20 ans. Au total, 30 photographes issus des 13 territoires ultramarins ont participé au projet, dont, Gaby Barathieu est le représentant mahorais. Sont aussi à découvrir, la forêt luxuriante de Guyane, les manchots des Terres australes et antarctiques, et autres mangroves, cétacés et oiseaux. De quoi sensibiliser le public sur la préservation de la biodiversité et l’intérêt des aires protégées.

BRÈVES Chez Jumbo, un dialogue social mortifère

Malgré un engagement de la direction à ne prendre que des sanctions “modérées” contre les grévistes de GBH (ex BDM), la reprise du travail la semaine dernière a rimé avec licenciements et “humiliations”, selon plusieurs salariés qui ont dénoncé des injonctions à effectuer des tâches dégradantes loin de leurs prérogatives. Surtout, des “pressions” lors d’entretiens informels avec la direction auraient eu lieu. Ce qui, selon les proches et ses camarades grévistes, auraient conduit un salarié à mettre fin à ses jours dimanche au matin. Si les circonstances du drame ne sont pas établies, reste que plusieurs témoignages affirment que la victime aurait été profondément affectée par les échanges qui ont eu cours lors de son rendez-vous avec la direction.

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LE TOP

LE FLOP

Plongée dans les beautés océanes avec le Festival de l’image sous-marine

La consommation en eau plus élevée depuis les coupures

Grand ou petit, connaisseur du lagons ou simple curieux, ce festival est fait pour tous. C’était en tout cas la volonté de son créateur, Jack Pass, décédé un mois plus tôt mais dont le souvenir heureux plane sur cette 26ème édition. Pendant quatre jours, du 7 au 10 octobre, des films et photographies sous-marins seront projetés dans cet esprit sur le parvis de la place de la République. En 1994, Jack Pass avait créé cet événement “ dans une volonté de sensibiliser le public le plus large possible à la beauté et la richesse de l’environnement marin et d’en promouvoir la protection et la préservation par le biais d’action dans les écoles de l’île, de projections et d’expositions sur le parvis du Comité du Tourisme de Mayotte ”, rappelle l’agence Angalia, à la manoeuvre cette année. Dans cette optique, plusieurs concours sont organisés, laissant la part belle aux novices et autres amateurs et la possibilité de briller grâce à leurs images du lagon. Au total, plus d’une vingtaine de films seront projetés le temps du festival et autant de séries photographiques.

C’est en tout cas ce que révèle le dernier bulletin Cons’eau, publié par la préfecture en date du 5 octobre. On y apprend ainsi que “la consommation journalière totale, 34.464 m3/j, est supérieure à la consommation constatée avant le début des coupures d’eau, 34.420 m3/j” et que sur la dernière semaine de relevée, cette dernière aurait même bondi de 310m3 supplémentaires par jour. Mais selon la Smae, gestionnaire des structures de distribution de l’eau, l’explication en serait toute simple, voire rassurante. “ La consommation d’eau du territoire est stable. Les volumes supplémentaires qui apparaissent dans le dernier Cons’eau proviennent de l’approvisionnement des réservoirs de tête qui étaient en réparation ”, assure ainsi Frédéric Guilhem, directeur de la société. Toujours est-il que les retenues collinaires, à l’origine de 70% l’eau consommée sur l’île se vident à vue d’oeil : leur remplissage n’est que de 38% contre 57% à la même période l’année dernière. Et force est de constater que, malgré l’explication de la Smae, les économies d’eau ne portent toujours pas leurs fruits, les chiffres de la consommation de ces dernières semaines restant bien plus proches du niveau normal que de celui à atteindre pour une bonne gestion des réserves.

ILS FONT L’ACTU

Des “gilets jaunes” informels rétablissent le calme à Majikavo-Koropa Ils n’auront cette-fois ci pas attendu les gendarmes. Mercredi en fin d’après-midi, alors que des échauffourées éclatent entre jeunes de Majikavo-Koropa et de Koungou, prenant par ailleurs des bus à partie, des parents se sont rapidement réunis en comité villageois. Et ont revetu leurs gilets jaunes pour aller calmer les esprits. Une initiative que salue Siaka, le porte-parole FO des chauffeurs de bus dans les colonnes du Journal de Mayotte. “Ils sont arrivés à régler le problème et à apaiser la situation, les jeunes sont partis. Nous allons rencontrer ces parents pour les accompagner matériellement, en les équipant, car ce sont des gens qui travaillent pour la plupart. Il faut donner de l’importance à la résolution des conflits par les parents et par les associations, et les coordonner. Si les forces de l’ordre interviennent en premier, ce sera des caillassages, alors que si les parents ont préparé le terrain, ce sera plus facile de maintenir la sécurité. En s’organisant comme ça, on va casser la logique des voyous ”, estime-t-il.

BRÈVES Covid-19 : un plan pour rebondir sur une possible seconde vague au CHM

PROVERBE “ Kula ndrege na mabawa zahe ” Chaque oiseau (vole) avec ses propres ailes.

Si pour l’heure, l’épidémie de Coronavirus à Mayotte ne connaît pas le même regain que la métropole, le temps n’est pas pour autant à la démobilisation au CHM qui prépare son “plan rebond” dans l’éventualité d’une seconde vague. Car les signaux, s’ils ne sont pas alarmants, montrent tout de même une certaine recrudescence. Et l’arrivée des vacances scolaires, synonyme d’échanges hors territoire, amène à redoubler de vigilance. Au centre hospitalier, on s’organise donc pour être en mesure de faire face en quelques jours à une arrivée massive de patients, sans toutefois déclencher le plan blanc qui implique l’arrêt de nombreux actes médicaux jugés moins urgents mais tout aussi problématiques quand trop retardés. “Nous nous organisons en tenant compte de la première vague dans le but d’éviter les écueils.[En cas de rebond] Nous augmenterions le taux de décrochés au Samu et nous réinstallerions la filière respiratoire à l’entrée. Si le nombre de cas explosait, nous délocaliserions les urgences pédiatriques à l’étage”, explique ainsi Ludovic Iché, chef de pôle URSEC du CHM à Flash Infos.

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DOSSIER

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CULTURE

HIP HOP

Boom bap ! Et bienvenue dans le hip-hop version Mayotte ! Car malgré le manque d’accompagnement dont souffrent ses acteurs, le mouvement est bel et bien présent sur le territoire ! Et les artistes, danseurs et rappeurs, qui le font vivre montrent à quel point il est à même de répondre aux soifs d’expression de notre jeunesse. Et capable, de montrer la bonne voie, de monter la bonne voix. Bonne lecture !

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DOSSIER

Grégoire Mérot

PORTRAITS CROISÉS

BATTLE DE GÉNÉRATIONS À L’IMAGE DE SON ÎLE, LE RAP MAHORAIS A SES PAPAS ET SES ENFANTS PERDUS. FRONTALEMENT OPPOSÉS LES UNS AUX AUTRES DANS LEUR DÉMARCHE, ILS ONT POURTANT LA MUSIQUE EN LIEN, “LA RAGE DE DIRE” EN COMMUN. MAYOTTE HEBDO EST ALLÉ À LA RENCONTRE DES AMBASSADEURS DE CES DEUX GÉNÉRATIONS, ZEDCEE POUR LES ANCIENS, GÉNÉRATION AYITI POUR LES BAMBINS, POUR RELAYER DEUX VISIONS D’UNE MÊME PASSION.

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DOSSIER

ZedCee est consterné. Atterré, dans son studio de Pamandzi. Devant lui défile le clip de Génération Ayiti, volume 7, le dernier né du collectif de Majikavo. “C’est les ravages de la télé”, souffle le poète mahorais tandis que les enceintes qui le cernent crachent le rap enragé de jeunes s’affichant en gangsters. Car lui, prône un rap engagé, à l’image de son “Constat d’un colonisé”. “Ce n’est pas ça le hip-hop… Faire du rap c’est accepter une certaine responsabilité, élever les consciences car c’est un mouvement par essence contestataire. Là, on ne voit qu’une bande de jeunes qui prônent la violence sans aucun message… À la place de lutter contre le système on lutte les uns contre les autres. C’est triste”, assène le gourou. Et quand on lui rétorque que la représentation du quartier, de la cité ou du département est depuis longtemps ancrée dans le rap, sa réponse fuse. “Bien sûr, mais avant cela se faisait de manière artistique, on s’affrontait à travers des battles de danse ou de rap et c’est là-dedans qu’on faisait la différence”.

UNE CULTURE DE L’ÉMANCIPATION La démarche des jeunes rappeurs mahorais est définitivement bien lointaine de l’esprit qui animait les rassemblements du quartier des Halles, à Paris. Et c’est là que ZedCee a fait ses armes. Avant de devenir le protégé

de Fabe, le héraut du rap conscient. Des années bénies dont se souvient avec émotion l’un des papas du rap à Mayotte. Car c’est avec cette culture de la contestation par les mots que ZedCee revient poser ses valises sur l’île dans les années 90. L’île aux parfums flaire alors bon “l’essence même du rap”. “On organisait des battles dans les MJC, on n’avait rien alors on rappait tous sur la même instru tour à tour, il fallait donc à tout prix se distinguer, que ce soit par le choix des mots ou la technique”, vante celui qui affrontait alors un MC qui deviendra président du conseil départemental... Ce qui pose question. Comment expliquer que rien n’aura été fait pour livrer cet héritage dans les politiques culturelles ? “Nous sommes les propres architectes de notre destruction, nous n’avons pas su transmettre”, confesse ZedCee qui n’hésite pas à se mettre dans la boucle malgré son dévouement quotidien auprès de jeunes qu’il accueille dans son studio. Car il le sait, à défaut de structures, c’est une goutte d’eau. “Résultat, on a toute une génération qui a pris de plein fouet l’influence de la télé et des réseaux sociaux, une génération Bob l’éponge qui a absorbé tous les clichés de ce qui est devenu une industrie sans réfléchir”, regrette le quarantenaire. “Que ce soit dans la création musicale ou l’écriture, le territoire

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est extrêmement en retard alors qu’il regorge de richesses. C’est navrant de voir qu’au delà du rap, tous les artistes qui veulent faire carrière sont obligés de quitter l’île”.

s’ils veulent pas que l’on dérape. Nous on ne demande que ça franchement ! Mais personne veut nous voir aller de l’avant”, lance l’aîné de la bande.

“ON A JUSTE VOULU COPIER”

“ON VOUDRAIT ÊTRE GUIDÉS MAIS ICI IL N’Y A RIEN”

À défaut de ces armes, les jeunes rappeurs du collectif Génération Ayiti prennent alors les leurs. Et, de leur propre aveu, se perdent en route. Ils s’appellent Citron, Kibama Djack, Kiss, Darmi ou encore Jeune Riche et sont à l’origine du dernier clip qui fait tant couler d’encre sur l’île. Sur le parking du Koropa, ils se désolent du procès qui leur est fait. “Pour nous, c’était juste un gros délire, on a vu que le dernier clip avait plutôt bien marché alors on a voulu frapper plus fort pour faire le buzz, c’est tout, on n’est pas des voyous”, bafouille Citron, l’aîné du groupe. “On a juste voulu copier ce qu’il se faisait ailleurs, faire parler de nous”, ajoute Kiss du haut de ses 19 ans. “Le but c’était pas du tout de menacer qui que ce soit, nous on est complètement en dehors des guerres de bande. D’ailleurs, le clip avait été tourné avant qu’il y ait les problèmes entre Kawéni et Majikavo, c’est pas du tout pour les provoquer… Après, c’est vrai que je comprends qu’on ait pas été assez clairs là dessus”, reprend Citron entre deux bouchées de sandwich pain/sardines. “On a juste copié”, le même refrain dans chacune des bouches de ces jeunes rappeurs, ponctué d’un “on n’a pas réalisé les conséquences”. Aujourd’hui, la déception est d’autant plus grande qu’à l’origine, le projet se voulait noble. “En fait, on tourne un clip tous les ans, l’idée c’est de rassembler tous les quartiers de Majikavo, d’oublier les bandes et s’amuser tous ensemble à travers le clip. Ça fait des journées où les grands comme les petits s’investissent, oublient leurs différences et ne sont pas à trainer. L’objectif c’est vraiment ça, de rassembler tout le monde”, expliquent-ils. “Tout ceux qui nous jugent ne voient pas ça, comme c’est important pour tout le monde ici, ils voient juste le clip où on a des armes, c’est dommage”, regrette Darmi, médiateur. Pour eux, la démarche musicale, le message est secondaire. “On regarde ce qui se fait et on fait pareil, pour faire le buzz. Pourquoi les rappeurs de métropole pourraient faire ça et pas nous ?” questionne l’un d’eux. Peut-être parce que les clips de métropole paraissent pour leur public de l’évidente fiction et qu’ici, les chombos et les machettes courent les rues. “Je n’avais pas vu ça comme ça… C’est vrai… Après on explique quand même aux petits que ce n’est qu’un clip, pas la réalité mais bon il y a aussi tous les autres… Bon mais voilà aussi, nous on essaye de faire notre truc pour kiffer et personne est là pour nous accompagner. On vient nous juger après alors que c’est avant qu’il faut venir nous donner des conseils

“On voudrait être guidés mais ici il n’y a rien, je comprends ceux qui disent que le message c’est important et tout mais c’est pas facile quand on est tout seul. Là on se cotise pour tout, c’est nous qui payons les sessions studio, le réalisateur du clip etc. On bosse tous à côté pour pouvoir faire ça alors c’est vrai qu’une fois qu’on est dedans, on pense juste à faire un truc délire”, poursuit son collègue. Manque d’accompagnement, de discernement, erreurs de parcours, les regrets sont légions dans le discours de ces jeunes rappeurs qui, déjà, pensent à se rattraper. “On en a discuté entre nous et avec quelques anciens et pour le prochain projet, on va essayer de rattraper ça, de montrer qui on est vraiment et d’expliquer que ce qui nous importe c’est avant tout l’unité, pas la provocation ou la violence”, assure Darmi. “Mais c’est difficile aussi de faire ça vu notre environnement… J’aimerais parler des vrais choses, expliquer nos problèmes mais c’est dur, l’inspiration a du mal à venir et la vie est déjà assez compliqué comme ça”, confie Citron. “Oui, forcément c’est compliqué pour eux, sans doutes plus que pour nous parce qu’à la place d’une culture émancipatrice, ils sont coincés entre la diffusion massive des images occidentales et leur quotidien violent. Ils veulent faire de la musique, certains ne sont pas mauvais, mais leur seul matériau c’est la violence, celle de l’image et celle de leurs vies”, analyse ZedCee. Alors, comment les faire sortir de l’ornière ? “Il va falloir une politique culturelle très solide pour rattraper ça. Mais c’est indispensable au vu de cette jeunesse qui est comme un volcan. Tout le monde n’est pas doué à l’école alors la musique et le sport, c’est la base pour faire un exutoire”. Si certaines associations ou quelques structures, comme celles qui envoient leur jeunes évoluer aux côtés du MC ont bien compris cet enjeu, le dynamisme reste bien faible à l’échelle du territoire. Un exemple ? “J’avais imaginé reprendre les anciens locaux de Mayotte la 1ère pour en faire le premier conservatoire de Mayotte, que les artistes aient leur maison, leur école… Il y a déjà les studios et tout, c’était un super projet…” Et puis ? “La mairie a préféré y installer son service technique”. On connaît la chanson. n

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Solène Peillard

RENCONTRE

"ON VOULAIT PROVOQUER, VOIR S'IL Y AVAIT UNE RÉACTION INSTITUTIONNELLE" IL PARLE D'UN TEMPS QUE LES MOINS DE 20 ANS NE PEUVENT PAS CONNAÎTRE. EN 1996, MONCEF MOUHOUDOIRE DÉBARQUE À MAYOTTE ET INTÈGRE LE CENTRE MAHORAIS D'ANIMATION CULTURELLE, L'ANCÊTRE DU SERVICE CULTUREL DU DÉPARTEMENT. AVEC SA BANDE DE COPAINS, IL MET EN PLACE LE PREMIER ÉVÈNEMENT DE L'ÎLE DÉDIÉ À LA CULTURE HIP-HOP… QUI S'ARRÊTERA DÈS LA DEUXIÈME ÉDITION. CELUI QUI EST DÉSORMAIS DIRECTEUR DE L'ASSOCIATION NARIKE M'SADA RACONTE.

Mayotte Hebdo : Lorsque que vous êtes arrivé, il y a plus de 20 ans, à quoi ressemblait la scène hip-hop mahoraise ? Moncef Mouhoudoire : Avant Hip-Hop Evolution, il n'y avait pas grand-chose de véritablement structuré, avec des objectifs clairement définis. Pourtant, il y avait déjà du hip-hop et une multitude de crew, de rappeurs, de danseurs, de graffeurs. Moi, quand j'ai débarqué de Paris, le milieu urbain que j'avais laissé là-bas me manquait un peu. Je voyais bien que des gens qui essayaient de faire des choses, mais chacun restait un peu dans son coin. Alors on a voulu essayer d'organiser un événement plus structuré, et c'est en ce sens-là qu'on a créé la Nuit du Rap en 1996, avec Xavier Dubecq et Christophe Pons. Et c'était vraiment la nuit, puisque ça se terminait vers six heures du matin !

On avait fait des concerts sur le parking de l'ancien cinéma de Mamoudzou. En fait, on réunissait tous les danseurs et les rappeurs en leur proposant de se produire dans des conditions professionnelles, ce qui était assez exceptionnel. Le tout sous forme de concours et on a eu des textes d'une richesse et d'une variété étonnante, loin des discours souvent violents du rap en métropole, puisque les problématiques ici n'étaient pas les mêmes. On faisait ça bénévolement, mais l'idée c'était de montrer qu'il y avait l'embryon de quelque chose qui était déjà là et qu'il fallait valoriser pour encourager une certaine dynamique. Ces talents-là devaient être visibles, on devait leur donner les moyens de s'exprimer et de progresser. Mayotte Hebdo : Pourquoi, alors, ne plus avoir réitéré la Nuit du Rap après sa seconde édition ?

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la population, personne ne s'y est jamais penché. Ce ne sont pas seulement des jeunes, ce sont surtout les plus nombreux d'entre nous sur toute l'île, mais personne ne se soucie de ce que la culture peut leur apporter. C'est pour ça qu'il faut saluer tout le travail d'Hip-Hop Evolution. Ils permettent de fédérer un bon nombre de gamins, et cette fois, ce n'est pas ponctuel. Ils ont une réelle politique, une réelle vision et c’est de ces réflexions dont manque la culture à Mayotte. J’espère que la jeunesse mahoraise s’emparera un jour de ces questions et provoquera une réelle discussion. Mais dans les années 90, on était dans un modèle sociétal bien plus traditionnel, chaque personne avait une place bien précise, bien définie, il ne fallait pas bouleverser l'ordre naturel des choses. Changer de modèle, ce n'est pas facile à faire, ni même à accepter. Mais j'ai bon espoir. n

Moncef Mouhoudoire : On a profité de l'occasion pour interpeller le service jeunesse et sport de l'époque en leur disant : "Regardez, il y a un véritable rap mahorais !". On a voulu sensibiliser les institutions compétentes pour qu’on puisse faire de tout ça quelque chose de positif, de structuré, de pérenne. Mais très clairement, le service jeunesse et sport de l’époque n’en a rien eu à faire. C’est la raison pour laquelle on n'a pas réitéré l’opération, on voulait provoquer, voir s’il y avait une réaction institutionnelle. On ne voyait pas l’utilité d’organiser chaque année un événement s’il n’y avait rien derrière. Pour nous, c'était un non-sens. Mayotte Hebdo : Une fois la Nuit du Rap abandonnée, comment a évolué l'offre culturelle en la matière ? Moncef Mouhoudoire : Les rappeurs ont continué dans l'ombre, de leurs côtés. Le centre mahorais d'animation culturel a essayé de relancer quelque chose de similaire, mais ça ne durait qu'une soirée, et un concert dans l'année, ça ne suffit pas. Déjà à l'époque, on voyait que la jeunesse occupait de la place dans les statistiques. On entrevoyait un fossé générationnel qui commençait à se dessiner et c’est là qu’il aurait fallu développer des projets culturels, pour rapprocher ces générations et en même temps proposer à cette jeunesse des choses qui lui permettent d’ouvrir une petite fenêtre sur le monde. Mais de manière générale, l'offre culturelle qu'on propose aux 60% de

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Solène Peillard

DANSE

DANSER AVEC RIEN MAIS POUR DIRE BEAUCOUP

QUELQUES DÉCENNIES PLUS TÔT, LES RARES BREAKDANCEURS DE L'ÎLE AVANÇAIENT DANS L'OMBRE, ISOLÉMENT, SANS SALLE, SANS ÉVÈNEMENT DÉDIÉ, SANS STRUCTURE. PUIS, HIP-HOP EVOLUTION S'EST ANCRÉ SUR LE TERRITOIRE. UNE RÉVOLUTION. DEPUIS, L'ASSOCIATION PERMET, À TRAVERS LA DANSE ET LES VALEURS QUI LA VERTÈBRENT, DE DONNER LA PAROLE À UNE JEUNESSE QUI MANQUE D'ESPACE POUR S'EXPRIMER. UN RETOUR AUX ORIGINES DE CE MOUVEMENT CONTESTATAIRE NÉ DANS LE BRONX.

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23 mai 2015. Tous les projecteurs sont braqués sur Mayotte. Comme tous les ans, une équipe de danseurs de hip-hop locale s’envole pour Montpellier, où se tient le Battle Of The Year, la plus grande compétition de France de la discipline. Mais cette année-là ne ressemblera à aucune autre. Dans les coulisses, le crew Lil Stylz s’apprête à monter sur la scène d’un zénith où il avait déjà concurrence à plusieurs reprises. Mais cette fois, avant d’enchaîner leurs pas frénétiques et leurs figures acrobatiques, inspirés des danses de l’île et d’Afrique, les Bboys de Mayotte lèvent, face à un public de 5 000 personnes, un poing en l’air. Puis, chacun retire ses baskets. Ils performeront pieds nus. Du jamais vu à l’échelle d’un concours national. Quelques minutes plus tard, le groupe remportera le prix du meilleur show. Une première pour un territoire ultramarin. Dans les gradins, la documentariste Nadja Harek, passionnée de hip-hop, est saisie par la scène et par la gestuelle unique du crew. “ Comment les danseurs d’un territoire oublié de la République sont-ils parvenus à se hisser jusqu’en demi-finale d’une compétition nationale ? ” se demande-t-elle. La réponse, elle ira la chercher sur place, à plus de 7 000 kilomètres de là. “ À travers leur performance, leurs mouvements, j’ai eu le sentiment qu’ils revendiquaient leur identité mahoraise. J’ai interprété ça comme un geste politique et engagé : danser pieds nus, c’est danser librement. Malgré les difficultés, malgré le manque de moyens, ils dansent, ils restent debout pour donner vie à leur passion. ” Ils ne ressemblent à aucun autre compétiteur et pourtant, ils viennent de prouver que Mayotte, aussi, pouvait briller par ses talents. Nadja Harek décide alors d’y dédier son prochain documentaire, Hip-Hop (R)évolution. “ Pour moi, ce que Lil Stylz venait de faire sur scène, c’était en effet une révolution, et c’était en fait toute l’incarnation de la résistance mahoraise que j’allais découvrir ensuite. ”

LES DANSEURS DE L’HUMILITÉ Derrière le geste fort du crew, la volonté de s'exprimer, de se voir, de se faire entendre, non pas seulement comme danseurs, mais aussi en tant que Mahorais. Quelques mois plus tôt, Lil Stylz répétait son show sur l'île, où le chorégraphe réunionnais Kenji avait fait le déplacement, spécialement pour travailler avec eux. En les voyant se produire, parfois dans la rue, il s’interroge : Pourquoi la bande, qui répète systématiquement pieds nus, devrait-elle se chausser lors des qualifications ? “ Il voyait bien qu’ils n’étaient pas à l’aise en baskets. Il leur a tout simplement dit

d’assumer qui ils étaient, d’où ils venaient. Alors le jour J, ils ont décidé de lever le poing pour se poser en conquérant, pour montrer qu’ils étaient forts, à leur façon et avec leurs moyens, aussi petits soient-ils. En même temps, c’est comme ça que le hip-hop est né dans le Bronx ”, sourit Sophie Huvet, présidente de Hip-Hop Évolution, l’association qui a permis le développement de la pratique sur le territoire et qui organise chaque année depuis 2011 les qualifications pour Montpellier. Depuis ce jour, les membres du crew sont surnommés “ les Bboys de l’humilité ”. “ Ce côté roots, c’est ce que nous sommes et il fallait le montrer ”, résume Assane Mohamed, leader des Lil Stylz, plus connu sous le surnom d’Assez, devenu formateur et chorégraphe au sein d’Hip-Hop Evolution. “ Pour moi, un spectacle doit être accessible au plus grand nombre et doit permettre à chacun de se remettre en question, de s’interroger sur la place qu’il occupe. Ici à Mayotte, il y a tellement de problèmes socio-économiques. Beaucoup des jeunes qu’on encadre avec l’association ne mangent pas à leur faim tous les jours, ils ne pensent qu’à ça. Alors

"L'IDÉE, C'EST DE DÉVELOPPER DES RELATIONS À L'INTERNATIONAL" Depuis quatre ans, Hip-Hop Evolution est invité à proposer chaque année une de ses créations lors du Battle Of The Year international. De quoi tisser des relations avec les crew du monde entier, et les inviter à venir découvrir la pratique mahoraise. En 2018, des breakdanceurs thaïlandais, parmi les meilleurs au monde, avait ainsi participé au Hip-Hop Evolution Festival. Avant eux, des Colombiens et des Chiliens avaient également fait le déplacement jusqu'au 101ème département. Ces derniers avaient d'ailleurs invité des danseurs de l'association à domicile cette année, jusqu'à ce que la crise sanitaire n'en décide autrement. "Quoi qu'il en soit, ça donne une visibilité énorme à Mayotte", sourit Sophie Huvet, directrice de l'association. "Dans le hip-hop, les battles ne sont pas la seule finalité. Mais sans eux, il n'y a pas les rencontres, pas les défis qui permettent de fournir aux artistes l'énergie suffisante pour qu'ils sortent de leur isolement."

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dents, on se relève. ”. Et ça, Assez l’a déjà prouvé.

“ÇA A FAIT DE NOUS DES GUERRIERS”

en 2015, je voulais qu’on les fasse rêver à travers notre performance, qu’on les encourage à se tirer vers le haut et qu’ils comprennent qu’eux aussi, grâce à leurs efforts, pouvaient permettre de véhiculer une meilleure image de Mayotte. On voulait leur montrer que malgré les problèmes, on ne baisse pas les bras, et quand on tombe et qu’on se casse les

PLACE AUX FEMMES Si les hommes sont les plus représentés dans le break, les femmes sont pourtant elles aussi bien présentes. Depuis deux ans, Hip-Hop Evolution met l'accent sur leur pratique à l'occasion du festival que la structure organise chaque année. En parallèle, chaque mois, un week-end de rassemblement exclusivement féminin est organisé entre des danseuses déjà engagée dans un groupe afin qu'elles confrontent leur niveau, mais surtout qu'elles échangent sur leur place dans le hip-hop, et plus largement dans la société. "Ça leur offre un espace qu'elles n'ont pas toujours pour se questionner, trouver des réponses, échanger sur les difficultés qu'elles peuvent avoir à s'imposer comme danseuses féminines dans des groupes de garçons", explique Sophie Huvet.

Alors qu’il est en cinquième, le jeune Sadois ne jure que par les études. “ Dans le village, pour être reconnu et estimé, il faut avoir de bons diplômes et le poste qui va avec alors moi, je passais mon temps dans les livres ! ” Lorsqu’il déménage à Kahani, en 2001, il remarque des danseurs qui s’entraînent dans son quartier. Une révélation. “ J’ai vu à quel point un simple mouvement pouvait faire réagir tous ceux qui le regardaient ! ” Alors, lui et ses potes apprennent le breakdance, un peu à tâtons. “ J’ai commencé par nécessité de me faire voir, de pouvoir être reconnu autrement. Et puis on voulait véhiculer une bonne image du village, qui avait la réputation d’être celui des étrangers. On s’est construit tout seul en regardant des DVD. Les échauffements ? On ne connaissait même pas... ” Faute de salles de danse ou d’espaces plus adaptés, son petit crew se produit dans les écoles, lors des spectacles de fin d’année. La passion grandit à tel point qu’ils finissent par organiser l'un des premiers battles de l’île, sur le plateau de M’Gombani, avec “ les petits sous du fond de [leurs] poches ”. Lorsqu’un peu plus tard, le crew est sélectionné pour une tournée en métropole, il est contraint de rester à Mayotte, la situation administrative de ses membres ne leur permettant aucun voyage. “ Mais on n'a jamais eu peur, et ça a fait de nous de guerriers ! ”, lâche Assez en jettent un œil sur à la demi-douzaine de danseurs qu’il forme sous le toit du “ laboratoire ” de Hip-Hop Evolution, où se succèdent enfants et jeunes adultes en voie de professionnalisation, âgés de 4 à 26 ans. Ils sont au total 1 200 dans l'année à être accompagné par la structure. “ Pour les plus grands, l’idée c’est de leur donner rapidement les bases du spectacle pour qu’ils puissent composer euxmêmes leurs propres créations et se faire rémunérer à ce titre. Mais pour y arriver, il faut beaucoup d'efforts, de sacrifices, il faut parfois se blesser ”, poursuit Assez,

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pendant que ses danseurs, parmi les plus âgés de ceux accompagnés par l’association, enchaînent les sauts périlleux. “ Pour les petits, on cible les collégiens et les primaires pour essayer de leur transmettre l’envie de se dépasser, de se battre, les pousser dans leurs retranchements pour qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes, ça fait aussi partie des valeurs du hiphop. ” Et pour lier un peu plus danse et pédagogie, pour donner davantage d’outils et de confiance aux nouvelles générations, Hip-Hop Evolution a déployé l’académie du hip-hop, à travers laquelle les plus petits revoient également les savoirs de base, en lecture et en calcul notamment. “ Le hip-hop n’est pas qu’une danse, c’est un mouvement à part entière ”, insiste Sophie Huvet. “ Mais Mayotte est une île de la danse, alors le hip-hop peut être une bonne porte d’entrée pour véhiculer certains messages. Ici, la pratique du hip-hop est originelle : elle se pratique dans la rue plus que dans les salles de danse, puisqu'on n'en a pas, elle vient des gens qui ont des choses à dire et qui n'arrivent pas à se faire voir, à se faire entendre. ” En l'occurrence, une jeunesse souvent oubliée des politiques publiques, qui manque de place dans les écoles, et pour qui les MJC sont généralement closes. Et c'est d'ailleurs l'impact social et éducatif de la danse qui a motivé la création d'Hip-Hop Evolution, quinze ans plus tôt… en Bretagne.

"ON EST CAPABLES DE FAIRE MIEUX QUE CE QU'ON VOIT À L'EXTÉRIEUR" En 1997, Abdallah Haribou, dit Basso, 17 ans, quitte Sada pour la ville de Rennes. À l’époque, du fait de l’arrivée tardive de la télévision et d’Internet sur l’île, il ne connaît rien du hip-hop. Il s’installe en métropole avec un autre jeune de Kahani, et ne tarde pas à découvrir que les Mahorais n’ont alors pas bonne réputation. Lorsqu’ils visionnent leurs premières cassettes de breakdance, qu’ils essaient difficilement d’imiter les mouvements qui s’affichent devant eux, ils comprennent que le hip-hop, dans sa dimension sportive et pédagogique, pourrait leur permettre de donner de leur île une bien meilleure image. “ On a appris sans personne, puis on est allé à la rencontre de danseurs reconnus, on a essayé de voir avec les autres jeunes qui pratiquaient cette activité. ” L’énergie est si vive, qu’en 2005, les deux Bboys créent Hip-Hop Evolution afin de promouvoir le mouvement culturel qui les anime, et les valeurs d’effort, d’expression et de cohésion qu’il véhicule. Lorsqu’il retourne s’installer à Mayotte quatre ans plus tard, Basso sillonne l'île à la recherche d'autres Bboys et Bgirls. Les rencontres s'organisent petit à petit, jusqu'à ce qu'en 2011, l'association organise

les premières sélections pour le Battle Of The Year à Montpellier, qui permet aux vainqueurs d'accéder à une compétition internationale. Si Mayotte n'a encore jamais eu cette chance, Bisso, lui, estime qu'"on est capable de faire mieux que ce qu'on voit à l'extérieur, à La Réunion, en Afrique du Sud, en métropole" : "Lors de nos premiers Battle Of The Year, on essayait de danser comme les gars de Paris, de Lyon, de Bordeaux, et ça ne marchait pas. On a notre propre culture et c'est ce petit truc qui peut faire que notre mouvement sera différent du danseur qu'on a en face." Une singularité mahoraise souvent teintée de résilience. En 2016, les qualifications pour le Battle Of The Year sont organisées place de la République à Mamoudzou. Mais lors du concert qui se tient juste avant, des émeutes éclatent dans le public. Les forces de l'ordre interviennent, l'événement est interrompu. "Ça s'est arrêté juste avant la finale. Mais sans elle, on n'aurait pas pu envoyer d'équipe concourir en métropole", se souvient Sophie Huvet. Ni une, ni deux, Basso bataille et finit par avoir accès à la MJC de Sada le lendemain. Les bboys s'y affronteront sans public, et répéteront la nuit précédente à la lueur des phares d'un scooter garés sous le préau d'une école primaire. Sans salles, sans chaussures. "Ils ne créent avec rien", résume Nadja Harek. Aux origines mêmes du hip-hop. n

LE HIP-HOP, AU-DELÀ DE LA DANSE Le mouvement hip-hop s'articule autour de cinq disciplines : le rap, le breakdance, le beatboxing, mais aussi le DJing et le graffiti. S'agissant des deux dernières, "il faut acheter du matériel qui coûte très cher, avoir des autorisations pour taguer", commente Sophie Huvet. D'où leur faible développement à Mayotte. L'île compte toutefois quelques aficionados. Dans le graf, Papajan et ses petits makis, qu'ils utilisent pour véhiculer des messages de paix ou remettre en question notre société sont devenus incontournables. "Pour les matières premières, c'est vraiment le parcours du combattant. Le prix passe du simple au double lorsqu'il faut tout envoyer à Mayotte", concède l'artiste. "Mais je crois que pour s'exprimer, peindre peut être plus efficace que barrer la route."

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MAGAZINE D’INFORMATION NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros 7, rue Salamani Cavani M’tsapéré BP 60 - 97600 Mamoudzou Tél. : 0269 61 20 04 contact@mayottehebdo.com Directeur de la publication Laurent Canavate canavate.laurent@mayottehebdo.com Directeur de la rédaction Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 38 soldat@mayottehebdo.com Rédacteur en chef Grégoire Mérot

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Couverture :

Culture Hip-hop

Journalistes Romain Guille Solène Peillard Raïnat Aliloiffa Constance Daire Direction artistique Franco di Sangro Graphistes/Maquettistes Olivier Baron, Franco di Sangro Commerciaux Cédric Denaud, Murielle Turlan Thomas Lévy Comptabilité Catherine Chiggiato compta@mayottehebdo.com Secretariat Annabelle Mohamadi Première parution Vendredi 31 mars 2000 ISSN : 1288 - 1716 RCS : n° 9757/2000 N° de Siret : 024 061 970 000 18 N°CPPAP : 0121 I 92960 Site internet www.mayottehebdo.com


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