TOUTE L’ACTUALITÉ DE MAYOTTE AU QUOTIDIEN
Lu par près de 20.000 personnes chaque semaine (enquête Ipsos juillet 2009), ce quotidien vous permet de suivre l’actualité mahoraise (politique, société, culture, sport, économie, etc.) et vous offre également un aperçu de l’actualité de l’Océan Indien et des Outremers.
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FI n°3839 Lundi 7 mars 2016 St Félicie
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BP 263 - ZI Kawéni - 97600 Mamoudzou - email : hd.mayotte@wanadoo.fr
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FI n°3822 Jeudi 11 février 2016 Ste Héloïse
à partir de
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RENSEIGNEMENTS Tél : 0639 67 04 07 | Mail : contact@mayotte-e-velos.yt
FI n°3818 Vendredi 5 février 2016 Ste Agathe
marine le Pen
environnement
Port de Longoni
ConSeil départeMental
Quel accueil se prépare pour la présiDente Du Fn ?
Le Lagon au patrimoine mondiaL de L'unesCo ?
la dsP sur la sEllEttE
pas de changement sUr l’octroi de mer
© Jonny CHADULI
Grève à Panima
TéléThon 2016
Des propositions mais toujours pas D'issue
DemanDez le programme
première parution : juillet 1999 - siret 02406197000018 - édition somapresse - n° Cppap : 0921 y 93207 - dir. publication : Laurent Canavate - red. chef : Gauthier dupraz - http://flash-infos.somapresse.com
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FI n°3997 mercredi 30 novembre 2016 St André
© CR: Gauthier Bouchet
Diffusé du lundi au vendredi, Flash Infos a été créé en 1999 et s’est depuis hissé au rang de 1er quotidien de l’île.
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Économie
SÉcuritÉ
Les appeLs à projets de L'europe
Couvre-feu pour Les mineurs
Première parution : juillet 1999 - Siret 02406197000018 - APE 5813Z - Édité par la Somapresse - Directeur de publication : Laurent Canavate - http://flash-infos.somapresse.com
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Musique
Faits divers
Edmond BéBé nous a quitté
ViolEncE En cascadE
Première parution : juillet 1999 - Siret 02406197000018 - APE 5813Z - Édité par la Somapresse - Directeur de publication : Laurent Canavate - http://flash-infos.somapresse.com
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MCG VS SMart
ViCe-reCtorat
UltimatUm oU véritable main tendUe ?
l’institUtion répond aUx critiqUes
Première parution : juillet 1999 - Siret 02406197000018 - APE 5813Z - Édité par la Somapresse - Directeur de publication : Laurent Canavate - http://flash-infos.somapresse.com
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LE MOT DE LA RÉDACTION
CACHEZ CETTE JEUNESSE QUE JE NE SAURAIS VOIR « Une mauvaise image de Mayotte », voilà ce que le Département a craint. Ce qui l’a motivé à refuser de soutenir le premier film de cinéma tourné sur l’île. À travers l’adaptation du roman de Nathacha Appanah, Tropique de la violence, il a craint que l’on retrouve à l’écran une jeunesse qui, parfois – la faute à qui ? - sombre dans la délinquance. Mais par cette décision, il n’a pas voulu non plus soutenir les images d’une jeunesse débordante d’énergie, de paysages sans pareil. Il n’a pas voulu montrer Mayotte dans sa complexité. Il n’a pas voulu soutenir l’art, celui qui fait réfléchir autrement. Et a préféré laisser la place aux clichés véhiculés par les médias. Car aujourd’hui, ce n’est qu’à travers eux que Mayotte existe en métropole. Et c’est peu dire que l’image n’est pas belle. Que l’effort de compréhension soit rarement fait. Que seule une poignée de touristes viendrait à s’y risquer. L’occasion était pourtant belle de montrer que les difficultés sont réelles, mais que l’île mérite que l’on s’attelle à les régler. Finalement, la mauvaise image de Mayotte ne serait-elle pas celle-là même que certains élus refusent de voir pour mieux fuir leurs responsabilités ? Dans un tableau complexe mais profond, ils ont préféré la ligne de fuite. Cette-fois, à l’inverse du projet cinématographique, ce n’est pas une première. Heureusement, les équipes du Destin de Mo auront su trouver sur leur route une population bienveillante, compréhensive, heureuse que l’on parle d’elle autrement. Une jeunesse motivée, sensible et profonde. Loin de la mauvaise image véhiculée par certains élus. Solène Peillard
PROPOSENT UNE FORMATION DE TECHNICIEN D’INTEGRATION ET DE DEVELOPPEMENT WEB A DIEPPE en MÉTROPOLE Les techniques d’intégration et de développement web sont essentielles pour la communication d’une entreprise sur le web. La personne qui maitrise ces compétences peut concevoir l’architecture d’un site et l’adapter aux différents supports (ordinateur, tablette…). La formation dure 5 mois. Aucune condition de titre ou de diplôme n’est requise pour s’inscrire. Il faut néanmoins réussir le test de positionnement (2 questionnaires et un entretien). La formation demande un fort investissement, il faut donc avoir une bonne motivation et une grande capacité de travail. Début de la formation : 9 février 2021
Renseignement : Auprès de l’IFCASS au 02.35.82.67.18 et sur son site Internet www.ifcass.fr Auprès de LADOM au 02.69.61.51.28 et sur son site Internet www.ladom.fr
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Conditions d’entrée : Être inscrit au Pôle Emploi / Etre âgé au minimum de 18 ans / Avoir un foyer fiscal à Mayotte dont le quotient familial est inférieur à un montant qui vous sera communiqué par LADOM / Ne pas avoir bénéficié d’une autre aide à la mobilité dans l’année / Réussir le test de positionnement.
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VENDREDI 16 OCTOBRE
FLASHBACK
Retour sur les sujets de Une des Flashs Infos de la semaine
REPRISE DU FOOTBALL ENTRE EXCITATION ET INDIGNATION
Pour tous vos communiqués et informations
Une seule adresse : rédaction@mayottehebdo.com
Plus de sept mois après l’interruption de la saison 2020 liée à la crise sanitaire de la Covid- 19, les footballeurs mahorais retrouvent le chemin des terrains en compétitions officielles le week-end du 17 octobre. Leurs dirigeants sont partagés entre enthousiasme et inquiétude. Décision a en effet été prise de ne faire se dérouler que les matchs de coupe de Mayotte et de coupe de France. Dans le même temps, un dirigeant déplore qu’ « aucun club à Mayotte ne serait en mesure de faire respecter les conditions [sanitaires] de reprise ».
LUNDI 19 OCTOBRE
MADAGASCAR MOBILISATION ET SOUTIEN FINANCIER
Une journée de collecte pour les régions du sud de Madagascar en proie à une grave crise humanitaire était organisée ce samedi par la Fédération des associations malgaches de Mayotte. Une action de plus dans la solidarité régionale qui se met en branle, de La Réunion à Mayotte. 8000 euros ont ainsi pu être récoltés durant cette journée en plus des nombreux dons en nature, qu’il s’agisse de denrées ou de vêtements. À terme, l’organisation entend bien participer aux travaux de forages ou de puits, pour apporter des solutions de long terme à la Grande Île, régulièrement victime de ces épisodes de sécheresse. Et le conseil départemental lui a accordé une subvention exceptionnelle de 15.000 euros, qui s’ajoute à une autre aide de 30.000 euros pour l’ONG Défi et de 55.000 euros pour Boniva. Une façon de “participer à l'aide alimentaire à destination des régions les plus touchées par la famine (Anosy et Atsimo-Atsinanana)”, a écrit la collectivité sur son compte Facebook.
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FLASHBACK
MARDI 20 OCTOBRE
AÉRIEN REPRISE EN DENTS DE SCIE POUR EWA
Entre les tests négatifs demandés aux passagers par certains pays de destination, et le revirement de Madagascar sur la reprise des vols régionaux le 29 octobre prochain, la compagnie mahoraise peine à reprendre ses activités. Samedi, Ewa a pu faire décoller l’un de ses avions pour la première fois depuis le mois de mars. Et cette semaine, deux vols vers l’île malgache de Nosy Bé sont prévus, un jeudi et un vendredi, en plus du vol de samedi vers Dar Es Salam. Un bien maigre réconfort face à la décision de Madagascar de ne pas rouvrir son espace aérien aux vols régionaux. Une liaison qui constitue en temps normal la principale activité d’Ewa. “D’ici la fin de l’année, on mise sur un maximum de 10% de notre activité normale”, explique ainsi son directeur.
MERCREDI 21 OCTOBRE
PÉNURIE D’EAU DURCISSEMENT DES RESTRICTIONS
Depuis le 7 septembre, Mayotte subit des coupures nocturnes pour économiser ses ressources et éviter une pénurie d'eau qui semble aujourd'hui inévitable. et pour cause, le préfet de Mayotte et le président du syn- dicat mixte d'eau et d'assainissement ont an- noncé un durcissement des restrictions avec la mise en place de tours d'eau d'une durée de 24h pour les 15 prochains jours. et si la tendance se dégrade, les mesures pourraient même être encore plus contraignantes d'ici la fin de l'année…
JEUDI 22 OCTOBRE
HÔTEL DE L’AÉROPORT LA PREMIÈRE PIERRE DE L’ESPOIR
La société Eden island a posé ce mercredi la première pierre de l’hôtel de l’aéroport qui vient gonfler de 80 chambres les capacités d’hébergement de touristes sur le territoire. Une étape symbolique, après un parcours semé d’embûches et long de six ans pour les porteurs du projet. Il faudra maintenant attendre 14 mois pour le voir s’élancer de la terre aux carlingues des avions, “16 mois maximum”, promet la société. soit une livraison pour fin 2021, début 2022. à terme, l’établissement proposera alors 80 chambres, trois suites, un atrium de 600m2, une salle de restauration ouverte au public, une salle de fitness et bien sûr une piscine. Avec 35 emplois à la clef. Coût de l’opération : 12 millions d’euros largement subventionnés.
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TCHAKS LA PHRASE - “Si je peux y aller le 10 novembre, j’irais bien volontiers” Une visite de Gérald Darmanin pour les assises de la sécurité ? C’est en tout cas la possibilité qu’a évoqué le ministre de l’Intérieur lors d’une réunion de la commission des lois relative au budget 2021 sur les plans de la sécurité et de l’immigration du lundi 19 octobre. Gérald Darmanin répondait ainsi à l’invitation faite par le député Mansour Kamardine, selon qui cela constituerait un signal fort “pour que l’on voit bien que l’État s’intéresse à la question de la sécurité des populations à Mayotte”. “Nous voudrions que ces assises soient pilotées par le gouvernement”, a par ailleurs réclamé le député mahorais, rappelant que “le gouvernement n’a jusqu’à présent pas répondu à cette invitation”.
LE CHIFFRE
L'ACTION
32%
L’état d’urgence sanitaire fait son retour
C’est le taux actuel de remplissage des retenues collinaires. Si le chiffre n’est à l'évidence pas bon puisque l’année dernière à la même période, celui-ci s’élevait à 50%, il reste toutefois stable par rapport à semaine précédente. La raison ? “Les pluies de la semaine dernière ont été bénéfiques et ont permis de stabiliser le niveau des retenues”, indique la préfecture. Une “bonne” nouvelle à prendre avec des pincettes car rien n’indique que les pluies s’installent de manière pérenne et suffisamment importantes pour espérer rattraper le retard. Surtout, la consommation actuelle n’est toujours pas au niveau nécessaire à un éloignement du spectre de la pénurie : il est encore de 33 365m3 par jour quand il devrait être de 28 500m3/j. En conséquence de quoi les autorités ont décidé en début de semaine d’allonger à 24h les coupures d’eau hebdomadaires et n’excluent pas de se diriger vers des mesures encore plus restrictives.
Suite à l’annonce du rétablissement de l’état d'urgence sanitaire sur tout le territoire national -DOM compris- faite par le président de la République mercredi dernier, la préfecture a communiqué ce samedi sur les nouvelles règles en vigueur dans le département. Au menu, des obligations, telles que celle de porter le masque dans tous les lieux clos recevant du public mais aussi dans et aux abords des transports publics ainsi que près des établissements ayant traits à la santé ou encore des écoles. Et surtout, des restrictions : interdiction des rassemblements de plus de six personnes sur la voie publique, protocole sanitaire strict dans les bars et restaurants ou encore interdiction de diffusion de musique amplifiée dans ces derniers comme sur l’espace public.
LA PHOTO DE LA SEMAINE Hommage à Samuel Paty Les différentes institutions, au premier rang desquelles le rectorat et les représentants du corps enseignant ont rendu hommage, ce mercredi, à Samuel Paty, le professeur d’Histoire assassiné à ConflansSainte-Honorine vendredi dernier. “Compassion et vigilance sont les maîtres mots, de la métropole à Mayotte”, a indiqué le conseil départemental.
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LE TOP
LE FLOP
Réunis par la danse
Bilan de la départementalisation, un diagnostic laissé lettre morte
L’ancien tribunal de Mamoudzou peine encore à se transformer en un tiers-lieu à l’architecture innovante tel que programmé, faute de libération du foncier. Mais qu’à cela ne tienne, l’association Hip-hop Évolution, à travers son programme d’accueil collectifs des mineurs a investi ce lieu inscrit à l’inventaire des bâtiments historiques de la ville et situé rue Mahabou. Résultat, des jeunes issus de tout le territoire oublient les querelles de village à travers la danse et offrent des chorégraphies aux passants, rapporte le Journal de Mayotte. « Au total, nous avons réuni 73 jeunes sur l’ensemble du territoire, accompagnés par les communes participantes et la Direction de la jeunesse et des sports, il s’agit de la 2ème résidence d’artistes sur un spectacle qui n’est pas encore abouti. Il devrait l’être en mars”, détaille leur encadrant à nos confrères. Un spectacle qui doit faire la place belle au thème du mariage, alliant les traditions locales aux questions de notre temps.
ILS FONT L’ACTU
Comment le comprendre ? Alors que par deux courriers successifs, le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, a demandé aux élus mahorais de lui faire remonter leur diagnostic et propositions dans le cadre d’un bilan de la départementalisation pavant la voie à une “différenciation” du territoire, ces derniers n’ont pas répondu au courrier. Déjà repoussée, la date limite de réponse était fixé au 15 octobre. Et face à cette politique de l’autruche, c’est le Collectif des citoyens de Mayotte qui a décidé de s’exprimer sur le sujet. Dans une lettre ouverte au ministre, le collectif rejette en bloc l’idée d’une différenciation et rappelle différentes carences pointées par la Cour des comptes dans un bilan de la départementalisation de 2016. “La Cour des Comptes a rendu en 2016 un rapport cinglant sur le sujet et les manquements de l’Etat envers notre territoire : nous vous en recommandons la lecture. Il nous paraît en effet inutile de perdre du temps et de l’argent public à relancer un nouveau bilan tant celui des Sages est toujours pertinent”, considère ainsi le collectif entre deux charges à l’encontre de la “mauvaise volonté” du gouvernement. Mardi, les parlementaires de Mayotte et le président de l’association des maires du département ont toutefois annoncé avoir convenu “du principe d’une contribution commune unique à transmettre prochainement au ministre”...
Services civiques et cadets citoyens pour apaiser nos rues
120 services civiques auront été recruté par le bureau partenariat et prévention de la Police nationale sur le territoire depuis le premier septembre. Une belle victoire pour ce dispositif qui a eu du mal à retrouver un second souffle depuis le début de l’année. Du côté de la gendarmerie, une troisième promotion - dont le nom vient rendre hommage à Khams - de cadets citoyens comptant 36 jeunes en situation de décrochage scolaire vient d’entamer sa formation. Objectif : les faire entrer au RSMA et à l’armée au travers d’un parcours axé sur le civisme et la découverte de métiers leur permettant de sortir de la spirale de l’errance.
BRÈVES
PROVERBE “Mutru aiona inyunyi kaono bwe” Celui qui a vu l’oiseau n’a pas vu la pierre
R.A.S à l’ARS, vraiment ? Alors que la semaine dernière a été ponctuée d'échanges entre les deux parties prenantes au conflit social en cours à l’ARS, la directrice de l’Agence, Dominique Voynet a voulu relativiser l'importance de ce dernier. Expliquant ainsi qu’un seul syndicat menait la fronde, et pour des raisons aussi obscures que personnelles. De quoi remonter la CFDT, en tête de proue dans ce mouvement qui a rappelé que la CGT Ma, FO Mayotte et la CFE CGC étaient bien présentes à ses côtés. “Face à votre silence et votre mépris du dialogue social, nous vous annonçons un durcissement du mouvement à compter du lundi 26 octobre 2020”, indique ainsi la CFDT à l’attention de la direction. Pour rappel, les syndicats critiquent en premier lieu la politique de ressources humaines en vigueur depuis la création de l’ARS de plein exercice au 1er janvier 2020.
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Photos Aliloiffa de tournage, Marion Joly/Windy Production Raïnat - Nasrine Haza - Solène Peillard
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TOURNAGE
LE DESTIN DE MO, UNE HISTOIRE MAHORAISE C’est une première. Mayotte va faire son entrée dans l’histoire du cinéma avec Le destin de Mo, actuellement en tournage sur l’île aux parfums. Pourtant, l’adaptation du roman Tropique de la violence de Nathacha Appanah n’a pas suscité l’engouement escompté que porte ce projet historique. De peur d’une « mauvaise image de Mayotte », les élus du conseil départemental ont refusé de le soutenir. C’est donc dans l’incompréhension et dans un budget serré que productrice et réalisateur et leur équipe poursuivent coûte que coûte une folle aventure. Car eux, sont convaincus qu’il est nécessaire d’ancrer Mayotte au cinéma, que la fiction pourrait au contraire déjouer les clichés véhiculés au niveau national. Heureusement, ils auront pu s’appuyer sur une jeunesse « d’une énergie incroyable », et la générosité de nombreux habitants qui ont compris la démarche. Peut-être aussi, que cette première au cinéma permettra de développer un secteur audiovisuel encore à ses balbutiements. Pour peu que l’on accepte de parler de Mayotte, d’exister aux yeux de tous.
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DOSSIER
Raïnat Aliloiffa
LE DESTIN DE MO
UN PROJET QUI NE FAIT PAS L’UNANIMITÉ LE LIVRE TROPIQUE DE LA VIOLENCE AVAIT CRÉÉ LA POLÉMIQUE IL Y A 4 ANS LORS DE SA SORTIE. LES MAHORAIS N’AVAIENT PAS APPRÉCIÉ LE POINT DE VUE DE L’AUTEURE NATACHA APPANAH QUI DÉCRIVAIT UNE ÎLE OÙ LA DÉLINQUANCE EST LE MAÎTRE MOT. L’ADAPTATION DU LIVRE EN LONG MÉTRAGE RISQUE DE SUSCITER LA MÊME RÉACTION. CERTAINES VOIX S’ÉLÈVENT DÉJÀ CONTRE LE PROJET QUI N’A PAS LE SOUTIEN TANT ESPÉRÉ.
C’est un projet qui fera couler beaucoup d’encre, ou fera beaucoup parler comme on sait si bien le faire à Mayotte. Le tournage du long métrage Le destin de Mo a débuté
le 12 octobre, non sans quelques difficultés. Si le budget de 2,2 millions d’euros peut paraître impressionnant sur une île qui n’a jamais accueilli ce genre de projet, un coup de pouce financier de la part du conseil départemental aurait été plus qu’apprécié pour ceux qui le portent. Au grand dam de la productrice et du réalisateur, le Département n’a pas souhaité s’engager dans un projet qui suscite dès son commencement des critiques négatives. Pourtant il n’était pas fermé à l’idée de financer le film, ses agents avaient même rencontré l’équipe de tournage. Avant le confinement, la délégation départementale de Mayotte à Paris avait présenté une délibération pour proposer de soutenir le film à hauteur de 500 000€. Elle était passée en commission permanente mais pas actée. “À cette époque le débat était houleux et très clivé. Les élus s’étaient déchirés parce qu’ils avaient tous percuté sur le fait qu’il s’agissait d’une adaptation libre de l’ouvrage Tropique de la violence. Ils ont finalement ont décidé de ne pas adopter cette délibération en l’état et avaient demandé des garanties sur le produit”, raconte Bruno Cohen-Bacrie, directeur
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de la communication du conseil départemental. La somme demandée n’a pas arrangé la situation puisqu’elle a été jugée trop élevée par les élus. Malgré cela, un article a été publié dans la presse affirmant que le département allait subventionner un film qui dégrade l’image de Mayotte. Cet épisode a contribué à alimenter la polémique et pour y couper court, le conseil départemental a publié un communiqué de presse affirmant son refus de soutenir le projet. C’était sans compter sur la détermination de l’équipe du film qui est revenue à la charge. “Ils nous ont expliqué que c’est un projet soutenu par le ministre des Outre-mer, que le film pourrait arriver au festival de Cannes, et que c’est une adaptation valorisante du livre”, continue Bruno Cohen-Bacrie. L’équipe a également revu sa demande de subvention à la baisse et a demandé une somme estimée à 130 000 €. Les agents départementaux ont à nouveau pris le temps de réfléchir mais la sentence était tombée avant qu’il y ait une quelconque délibération “Nous avons estimé que ça n’était pas mûre politiquement de coller l’image du conseil départemental à un produit qui ne valorise pas Mayotte. On aurait pu nous le reprocher plus tard et la période des élections approchant, on s’est dit que ce n’est pas une bonne idée”, explique le directeur de la communication du conseil départemental. En réalité, le mauvais débat créé autour du projet avait déjà décidé du sort du film. Ceci étant dit, il pourrait rester une lueur d’espoir à l’équipe de tournage puisque le Départemental ne ferme pas complètement sa porte. “Le film va passer par plusieurs étapes et il aura toujours besoin d’aide. Alors on ne s’interdit pas de les soutenir sous une autre forme en début de mandature l’année prochaine. On pourrait peut-être coller notre logo en échange d’une certaine somme… On verra”, conclut Bruno Cohen-Bacrie. On pourrait croire que ce qui pose problème au conseil départemental de Mayotte n’est pas tant le film en lui-même, mais plutôt la période électorale. Quoi qu’il en soit, ces refus répétitifs ont mené l’équipe du film à demander des subventions à La Réunion en échange
de deux semaines de tournage sur l’île Bourbon avec des Réunionnais.
“ LES MAHORAIS SE SONT SENTIS STIGMATISÉS ” Le livre Tropique de la violence avait déchaîné les passions lors de sa sortie. La société mahoraise s’est sentie pointée du doigt et la réaction du public était de ce fait normale à en croire le sociologue Combo Abdallah Combo. “ Les mahorais se sont sentis stigmatisés car ils ne se sentent pas en sécurité sur leur territoire et pourtant ils ont eu l’impression qu’on les accusait d’être violents envers les personnes qui viennent de l’extérieur. ” Le fait qu’une “ étrangère ” mette en évidence cet aspect de la société mahoraise a nourri ce sentiment de stigmatisation. Même si le réalisateur et la productrice du film affirment que le Destin de Mo ne parlera pas uniquement de violence, ils ne font pas l’unanimité. Une chose est sûre, le film fera parler de lui au même titre que l’ouvrage. “ À Mayotte on est dans l’immédiateté, on réagit par rapport à l’actualité. Les gens vont en parler parce qu’il y a polémique sur le film, mais demain on passera à autre chose. Pour moi ce film est un non événement ”, estime Combo Abdallah Combo. La polémique est donc inévitable, mais il ne faut cependant pas perdre de vue la notion de liberté d’expression qui est chère à la République française. “ On ne peut pas condamner quelqu’un parce qu’il a écrit sa vision des choses. Si on n’est pas d’accord, il faut que l’on prenne notre plume pour rétablir notre vérité ”, rappelle le sociologue. Plus facile à dire qu’à faire à Mayotte. Les Mahorais vivent dans une société où l’on raconte beaucoup d’histoires, où l’on fait beaucoup de constat, mais peu de choses sont mises à l’écrit. De ce fait, le livre de Natacha Appanah devient l’une des rares références littéraires de Mayotte, et le film sera la seule référence cinématographique. Au risque que ceux qui ne connaissent pas le territoire soient convaincus que le quartier de Gaza représente la belle île aux parfums. n
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DOSSIER
Propos recueillis par Grégoire Mérot
ENTRETIEN CAROLE LAMBERT
“EXISTER C’EST SE MONTRER, ACCEPTER QU’IL Y AIT DES FILMS, DES LIVRES QUI PARLENT DE MAYOTTE” CAROLE LAMBERT - DONT LE DERNIER LONG MÉTRAGE EST GUEULE D’ANGE, AVEC MARION COTILLARD - EST LA PRODUCTRICE DU FILM LE DESTIN DE MO, ACTUELLEMENT EN TOURNAGE SUR L’ÎLE. ELLE REVIENT ICI SUR LES COULISSES D’UNE AVENTURE PAS COMME LES AUTRES, QUI DOIT JONGLER AVEC LES DIFFICULTÉS DU TERRITOIRE ET SURTOUT, AVEC LES SUSCEPTIBILITÉS DE CHACUN. À L’INSTAR DE CELLE DU CONSEIL DÉPARTEMENTAL QUI A REFUSÉ DE SUBVENTIONNER LE FILM. ELLE RAPPELLE, POURTANT, QU’IL S’AGIT BIEN LÀ DE LA PREMIÈRE RÉALISATION CINÉMATOGRAPHIQUE SUR L’ÎLE. Mayotte Hebdo : Quelle a été la genèse de ce projet ? Carole Lambert : Je connaissais bien le travail de Manuel Schapira et nous avions depuis longtemps envie de travailler ensemble. Mais cette envie ne suffit pas, il faut pouvoir se retrouver sur des projets communs, des histoires. Réaliser un film, c’est un travail qui s’étale sur deux ou trois ans alors il faut une vision
et une motivation commune bien solide. Et c’est ce qui a fini par arriver en 2017 : Manuel m’appelle un jour en m’expliquant avoir lu Tropique de la violence et l’avoir refermé bouleversé. Il m’a dit “lis-le et si ça te plaît on fait ce film ensemble”. C’est donc ce qu’il s’est passé puisque j’ai adoré ce bouquin. Suite à cela Delphine de Vigan a accompagné Manuel pour adapter le roman au cinéma.
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M. H : Et depuis, que s’est-il passé pour enfin, aujourd'hui, en être au tournage ? C. L : D’abord, Nathacha Appanah nous a fait confiance en nous cédant les droits de son livre, c’était une belle victoire ! S’en est suivi un processus plutôt classique d’écriture du film comme on souhaitait le faire. Mais ce qu’on imagine dans ce processus doit être confronté à la réalité et en l'occurrence, à Mayotte. C’est un territoire que l’on ne connaissait pas du tout et il nous fallait faire ce travail car son importance est immense dans le livre, au-delà du cadre, c’est presque un personnage à part entière. Nous sommes donc venus assez tôt sentir, voir, ressentir cette île. M. H : Qu’en est-il ressorti ? C. L : Je crois que nous sommes tombés amoureux de l’endroit, dans toute sa complexité. Il en est ressorti une sorte d’évidence. Nous nous sommes dit que ça allait être très difficile, très compliqué mais qu’il fallait absolument faire ce film ici. Une fois qu’on
est porté par cette évidence, malgré les difficultés, on peut mettre tout en œuvre pour parvenir à ce que nous voulions et c’est ce que nous avons fait. Ça a marché ! On est hyper heureux… Même si on n’est pas vraiment au bout de nos galères ! M. H : Parce que le tournage est compliqué ? C. L : Forcément ! Chaque jour est une nouvelle aventure, une véritable bataille… Je pense qu’à la fin du tournage à Mayotte on pourra se dire “on l’a fait !”, et ce sera vraiment une belle victoire. Le fait qu’il y ait zéro infrastructure nous pénalise fortement. On déplace beaucoup de monde, de matériel, il y a une ingénierie très lourde dans ce tournage. Ajoutons à cela des lieux éloignés les uns des autres, avec la problématique que l’on connaît ici par rapport aux routes. De manière générale il y a un imprévu journalier bien plus prégnant que pour d’autres tournages. C’est aussi éprouvant physiquement puisqu’il fait très chaud, les équipes sont fatiguées. Alors qu’elles sont déjà en effectifs
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réduits : normalement, avec un projet de cette envergure nous devrions avoir au moins deux personnes dans chaque département alors que nous ne sommes qu’une quarantaine. Mais je n’avais pas les moyens, faute d’aides, de faire venir plus de techniciens. Donc forcément on le paye et c’est dur pour les équipes qui ont énormément de travail. On pourrait croire que cela peut ajouter en excitation, mais en réalité ce n’est que du stress, de la tension, de la fatigue en plus… Et encore une fois si j’avais plus de moyens on pourrait tourner plus longtemps et
l’on serait moins dans le speed, l’urgence. Chaque minute qui passe coûte cher alors si elle est perdue… Le manque de moyens ce n’est pas qu’une déception morale, c’est un véritable handicap au jour le jour qui pèse très lourd. Tous les jours, le projet est en danger à cause de ça. Ce qu’ils n’ont pas voulu nous donner, c’est ce qu’il nous manque chaque jour. J’en profite pour rappeler qu’il n’est pas trop tard... M. H : Comprenez-vous malgré tout la décision du conseil départemental de ne pas vous subventionner ?
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C. L : Non. Il y a quand même des financements européens très conséquents sur cette île, de l’argent censé être dédié à la culture et qui n’est pas utilisé… C’est très dommage de manière générale, et de notre côté je le déplore encore plus car justement, nous faisons l’effort d’être le plus possible dans la véracité, ne pas être dans la caricature. Si nous l’avions fait ailleurs en trichant, j’aurais compris qu’on nous mette des bâtons dans les roues, mais malgré toutes les difficultés, nous avons décidé d’enraciner coute que coute ce projet dans le territoire. On ne triche pas, on vient pour de vrai. On a fait trois mois de casting sur place pour trouver des enfants de l’île, il y a une quinzaine de Mahorais dans notre équipe technique que l’on forme aux différents métiers… Le but c’est de partager le plus possible avec les Mahorais l’histoire du premier film de cinéma à Mayotte, on ne fait pas un film de blancs dans notre coin. Donc non, je ne comprends pas cette absence de soutien. Ils ont eu peur que l’on donne une mauvaise image mais en réalité c’est nous qui avons été jugés sans que d’efforts soient faits pour comprendre le projet. Je pense qu’il faut accueillir les gens qui veulent parler de cette île, c’est nécessaire à son développement. M.H : À l’approche des élections, on a compris que ce refus de financement relevait avant tout d’une démarche politicienne. Comment le vivez-vous ? Avez-vous déjà vu cela ailleurs ? Peut-on parler de censure ? C. L : Premièrement, le film va sortir quoi qu’il arrive donc autant en être partenaire… Au moins ça dirait quelque chose de fort de dire que l’on est ensemble derrière ce projet inédit plutôt que d’être dans la division. Dans tous les autres territoires de France, il y a des aides à la création, à l’audiovisuel et au cinéma. Ici il n’y en a pas mais il y a tout de même les budgets théoriques au cas où un projet viendrait à se monter. Et oui, je me sens censurée. Je pense que si on avait proposé une comédie romantique, les financements auraient suivi. Or ce n’est pas le rôle de la collectivité de s’immiscer dans la démarche artistique et le point de vue de l’auteur. Elle doit être là dans le soutien économique, ne serait-ce que parce que l’on fait tourner l’activité, que l’on consomme, que l’on embauche, que l’on forme sur place… C’est ce qui fait partout ailleurs, à chaque fois qu’un film s’enracine dans un territoire, celui-ci l’aide et c’est le minimum. Par exemple la région de La Réunion nous aide, il va donc falloir que l’on tourne là-bas… On y fera ce que l’on peut car les lieux n’ont rien à voir mais nous n’avons pas le choix, nous avons besoin de cet
argent. C’est très compliqué, cela nous fait encore tout déménager, rajoute du stress... M. H : Certains partenaires locaux vous ont-ils tout de même soutenus ? C. L : Les meilleurs partenaires locaux sur ce film ce sont les mahorais qui au quotidien nous aident, nous dépannent, nous ouvrent leurs maisons… Et quelque part, c’est notre plus grande victoire, le fait que les Mahorais ait compris mieux que leurs élus que le film n’était pas contre eux, qu’on le faisait avec eux. Cela montre bien qu’on aurait pu faire unité autour du film dans l’envie d’exister aux yeux du reste du monde. Le fait d’avoir refusé dit beaucoup de choses à mon sens. J’ajoute que plusieurs mairies ont été d’une grande aide dans cette aventure et je les en remercie fortement. M. H : Les services de l’État ? C. L : Oui, bien-sûr, nous sommes en lien étroit avec les forces de l’ordre qui ont même accepté de faire de la figuration. Ils ont été super, très rassurants et bienveillants au quotidien. C’était important au vu de la situation sécuritaire qui règne sur l’île. M. H : Qu’est-ce qui, dès les repérages, vous a fait comprendre que ça allait être compliqué mais qu’il fallait coûte que coûte le réaliser à Mayotte ? C. L : Le fait que Mayotte soit la France sans l’être vraiment nous interpelle, nous intéresse, il nous fallait comprendre cela, ce que ça voulait dire. C’est quelque chose qui ressort dans le livre mais aussi dans les discours des gens sur place. Nous sommes aussi sur un territoire incroyablement beau et qui n’a jamais été montré au cinéma… C’est forcément un défi très excitant ! Dans le même temps, beaucoup de personnes ne voulaient pas vraiment de nous ici, ou plutôt du film. On nous reprochait très souvent d’avoir un projet qui allait donner une mauvaise image de Mayotte. Et ce n’est pas du tout l’idée. Pour nous, mauvaise ou pas, il fallait de toute façon donner une image. Parce que dans l’inconscient de la majorité des métropolitains Mayotte n’existe quasiment pas, ils ne connaissent pas son histoire, c’est une réalité. Être dans le déni de cela ici contribue selon moi à ce que Mayotte continue à ne pas exister en métropole. À un moment donné, exister c’est se montrer, accepter qu’il y ait des films, des livres qui en parlent. Il n’y a pas de fiction ici et je suis convaincu que la fiction peut combattre beaucoup de choses, en véhiculer énormément. C’est
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cela notre travail, essayer à travers l’art de parler de sujets réels de la société, qui permettent de les faire rentrer dans le débat public, de les aborder de manière moins frontale, moins politique. Nous ne faisons pas de politique, nous avons juste envie de parler de Mayotte, de ce que vivent les Mahorais et oui, forcément, tout n’est pas rose mais il faut le montrer. Réussir à en parler c’est déjà trouver des bouts de solution. M. H : Comment avez-vous réussi à embarquer des jeunes dans cette aventure ?
C. L : Nous avons fait beaucoup de casting sauvage et travaillons avec des jeunes de Vahibé, Cavani, Kawéni, Koungou. Nous avons organisé des ateliers pour bien expliquer que ce n’était pas que de l’amusement mais un véritable travail sur lequel beaucoup d’attentes reposent et qu’il fallait donc un certain engagement et du sérieux. S’engager sur un film c’est être là tous les jours, à l’heure etc… Notre directrice de casting est également leur coach et les encadre parfaitement. Et il en ressort une envie, une formidable énergie, très émouvante et que j’ai rarement ressentie sur un plateau. C’est incroyable, ils sont d’une grande bienveillance, très
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UN CASTING D’UNE GRANDE DIVERSITÉ Si le casting du Destin de Mo fait la part belle aux acteurs amateurs locaux, le scénario a aussi convaincu des acteurs de renom. Au premier rang desquels Céline Sallette (Vernon Subutex) ou Dali Benssalah qui a tourné dans le prochain James Bond. “Il a eu un coup de coeur sur le scénario, a dit oui tout de suite et ça se passe super bien avec lui. Céline Sallette est aussi venue mais tournera plus à La Réunion.”
UN BOND EN AVANT POUR L’AUDIOVISUEL À MAYOTTE ? “Je pense qu’on a à peu près rencontré tous ceux qui font de l’audiovisuel ici”, s’amuse Carole Lambert. “Il y a des choses, mais il faut se dire que c’est le début, qu’il faut persévérer. Dans le cadre du tournage, nous organisons une masterclass avec Dali Benssalah pour les options audiovisuel et théâtre au lycée Mamoudzou Nord. Car on est aussi là pour pour transmettre, partager”, poursuit la productrice. Alors, au-delà de susciter des vocations, le tournage de ce film pourrait-il être un déclic pour le secteur audiovisuel mahorais ? “Je n’aurais pas la prétention de dire que l’on va changer les choses mais il faut de toute façon essayer. Soutenons-nous les uns les autres et montrons que c’est possible”, répond Carole Lambert, qui voudrait convaincre ses confrères. “Je verrai comment ça se sera passé à la fin mais j’aimerais aussi inciter à venir ici. Montrer que oui, c’est peut-être un peu fou mais que ça en vaut la peine au vu de la beauté du territoire et de ses énergies”.
respectueux, très poli… Pas du tout l’image de la jeunesse mahoraise que l’on peut s’imaginer de loin.
PRODUCTRICE, RÉALISATEUR : UNE CHARPENTE QUI SE DEVAIT SOLIDE
M. H : La belle surprise du tournage ?
Il en fallait de l’expérience - et un brin de folie - pour se décider à tourner le premier film de l’histoire du cinéma à Mayotte. Et c’est forte de dix années dans le domaine de la production, à l’origine de plusieurs long métrages (dont le dernier en date, Gueule d’ange) et documentaires (Free Angela) que Carole Lambert a décidé de prendre les airs avec sa boîte, Windy Production. De son côté, Manuel Schapira a précédemment reçu l’Ours d’argent à Berlin pour “Décroche” ou encore le césar du meilleur court métrage. Il a également tourné Damoclès, avec Manu Payet, pour Arte. De belles références, donc, qui devraient nous rassurer quant à la mise en scène de Mayotte au cinéma
C. L : Les enfants, sans aucun doute. Leur énergie, leur intensité, leur détermination… Et puis le soutien des gens qui travaillent avec nous, principalement chez les Mahorais. Cela nous montre que l’on est dans le vrai et que l’on touche du doigt notre intention qui est de montrer Mayotte dans sa beauté, ses problèmes, sa complexité et ses paradoxes. C’est un tournage vraiment compliqué et c’est tout ça, ce rapport humain qui nous porte. Ça en devient aussi un enjeu cinématographique : il nous faut porter à l’écran cette énergie. n
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REPORTAGE
L’AUDIOVISUEL SAUCE MAHORAISE EXISTE AUSSI NAFTAL-DYLAN SOIBRI, UN JEUNE MAHORAIS VIENT DE SIGNER LE DEUXIÈME ÉPISODE DE SA SÉRIE TOTALEMENT AUTO-PRODUITE, FBI MAYOTTE, QUI RENCONTRE DÉJÀ UN GRAND SUCCÈS SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX. UN PROJET PORTÉ PAR UNE BANDE DE COPAINS, SOUCIEUX DE PROUVER À TOUTE L’ÎLE QUE MAYOTTE NE MANQUE NI DE TALENT NI DE CRÉATIVITÉ.
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Plus de 22.500 vues en seulement trois jours. Il faut dire que la dernière production de Naftal-Dylan Soibri, sortie fin septembre, n’a rien a envier à celles d’une grande chaîne de télévision. Pourtant, le jeune Mahorais a totalement auto-produit sa mini-série, FBI Mayotte. Les acteurs ? Ses copains d’enfance. Les lieux de tournage ? Les rues de Petite-Terre. L’intrigue ? Une sombre histoire d’intoxication au poutou de Mama Brochetti pour éponger les dettes d’un manzaraka… Une réalisation 100% made in Mayotte, pour montrer que l’île regorge de talents et dédier à ses habitants un contenu à leur image. « Avec l’équipe, on s’est dit qu’il n’y avait pas vraiment de série à Mayotte. On avait fait Wassi l’année dernière, qui avait été diffusée sur Mayotte la 1ère, puis on s’est rendu compte que les Mahorais préféraient l’humour », commente Naftal-Dylan Soibri, qui a tenu, dans l’épisode deux de FBI Mayotte, à faire un clin d’œil au comédien Khams, figure de l’humour mahorais, décédé en juin dans un accident de jetski.
TOURNAGE EN UN WEEK-END « Le premier épisode ? C’était un peu pour amuser la galerie », sourit le patron de la société ND Production. « Et finalement, ça a beaucoup mieux marché que ce qu’on espérait, y compris en dehors de Mayotte, et on nous a demandé une suite. » Amuser la galerie, oui, mais pas question de tomber dans l’amateurisme. «
On a investi avec nos propres moyens, soit 4.000 euros pour l’épisode 2 de FBI Mayotte, et tout a été tourné en un week-end », commente encore le réalisateur. « Sur place, on a les compétences, les moyens techniques, les techniciens et beaucoup de talent. C’est aussi une façon de redorer l’image de Mayotte au-delà de la délinquance et de la violence. J’espère que tout cela va permettre de créer des vocations ! » Une vocation pour laquelle Naftal-Dylan Soibri s’était engagé, quelques années plus tôt, dans un BTS audiovisuel à Paris, complété par une formation dédiée au cinéma. Diplôme en poche, il décide de rentrer à Mayotte pour s’y lancer en tant que producteur. « J’ai pensé que mon pays en avait besoin et je voulais développer le secteur à l’échelle de l’île. Au début, c’était compliqué, mais petit à petit, les projets commencent à voir le jour. » Preuve en est, il est devenu le producteur de l’émission culinaire Zana Za Maoré, diffusée sur Mayotte la 1ère et a, en sus de nombreux spots publicitaires, réalisé l’un des clips du chanteur Goulam. La qualité de son travail lui a même valu d’être repéré par Youssoufa Mass, qui a lui-même réalisé la série Force & Honneur pour Canal+, ainsi que les clips de Djadju, Soprano et La Fouine. Une belle reconnaissance pour l’enfant de l’île, qui regorge encore de projets, parmi lesquelles une émission intervillages, tournée à Mayotte, évidemment. Gardez l’œil ouvert… n
Captures écran - FBI Mayotte - ND Production
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MAGAZINE D’INFORMATION NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros 7, rue Salamani Cavani M’tsapéré BP 60 - 97600 Mamoudzou Tél. : 0269 61 20 04 contact@mayottehebdo.com Directeur de la publication Laurent Canavate canavate.laurent@mayottehebdo.com Directeur de la rédaction Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 38 soldat@mayottehebdo.com Rédacteur en chef Grégoire Mérot
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Tournage : Le destin de Mo
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