Appel à projets pédagogiques Les P’tits Fundis du lagon Année scolaire 2021-2022 L’appel à projets est en ligne sur le site du Parc naturel marin de Mayotte : www.parc-marin-mayotte.fr Les enseignants sont invités à lire les modalités et à télécharger le formulaire de candidature. Les dossiers devront être retournés avant le 24 mai 2021.
Contact : 0639 20 93 08 / educ.pnm@ofb.gouv.fr PROPOSENT UNE FORMATION AU DIPLÔME D’ÉTAT D’ACCOMPAGNANT EDUCATIF ET SOCIAL A DIEPPE en MÉTROPOLE La formation d’une durée de 11 mois, alternant formation théorique et stage, permet de se présenter au diplôme d’État d’Assistant Educatif et Social (DEAES) et de travailler ensuite dans des structures médico-sociales auprès de personnes handicapées ou dépendantes de tous âges. Aucune condition de diplôme n’est requise pour s’inscrire. Il faut néanmoins réussir les épreuves de sélection : une épreuve écrite et une épreuve orale. Début de la formation : octobre 2021
Inscription sur le site Internet de l’IFCASS www.ifcass.fr jusqu’au 30 juillet 2021. Renseignement : Auprès de l’IFCASS au 02.35.82.67.18 et sur son site Internet www.ifcass.fr Auprès de LADOM au 02.69.61.51.28 et sur son site Internet www.ladom.fr www.facebook.fr/ifcass
Conditions d’entrée : Être inscrit au Pôle Emploi / avoir au moins 18 ans/ Avoir un foyer fiscal à Mayotte dont le quotient familial est inférieur à un montant qui vous sera communiqué par LADOM / Ne pas avoir bénéficié d’une autre aide à la mobilité dans l’année / Satisfaire aux épreuves de sélection.
LE MOT DE LA RÉDACTION
COMME SI DE RIEN N'ÉTAIT D'un côté les interdits, de l'autre, la tradition. Depuis plus d'une semaine, chaque soir, une fois le jeûne brisé, ils sont nombreux à se donner rendez-vous, dans toutes les communes de l'île, pour s'affronter en mrengués ou sur un terrain de foot, de basket. Si les premiers sont interdits même hors pandémie, les seconds, eux, ont été réautorisés sous conditions, presque in extremis, il y a une poignée de semaines. Alors, malgré les interdits, malgré les restrictions, malgré, parfois, la répression, les traditions perdurent. Et souvent, la crise sanitaire se fait oublier. Car en ce mois saint de privations, ces temps de retrouvailles et de liesse permettent aussi de faire redescendre la pression, ensemble. Des scènes qui rappellent la difficulté de faire respecter les gestes barrières sur l'île. Bonne lecture et heureux Ramadan à toutes et à tous. S.P
TOUTE L’ACTUALITÉ DE MAYOTTE AU QUOTIDIEN
Lu par près de 20.000 personnes chaque semaine (enquête Ipsos juillet 2009), ce quotidien vous permet de suivre l’actualité mahoraise (politique, société, culture, sport, économie, etc.) et vous offre également un aperçu de l’actualité de l’Océan Indien et des Outremers.
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FI n°3839 Lundi 7 mars 2016 St Félicie
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Fax : 0269 61 63 00
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VERRES À VIN, COCKTAIL, COUPE À GLACE...
BP 263 - ZI Kawéni - 97600 Mamoudzou - email : hd.mayotte@wanadoo.fr
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FI n°3822 Jeudi 11 février 2016 Ste Héloïse
à partir de
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RENSEIGNEMENTS Tél : 0639 67 04 07 | Mail : contact@mayotte-e-velos.yt
FI n°3818 Vendredi 5 février 2016 Ste Agathe
marine le Pen
environnement
Port de Longoni
ConSeil départeMental
Quel accueil se prépare pour la présiDente Du Fn ?
Le Lagon au patrimoine mondiaL de L'unesCo ?
la dsP sur la sEllEttE
pas de changement sUr l’octroi de mer
© Jonny CHADULI
Grève à Panima
TéléThon 2016
Des propositions mais toujours pas D'issue
DemanDez le programme
première parution : juillet 1999 - siret 02406197000018 - édition somapresse - n° Cppap : 0921 y 93207 - dir. publication : Laurent Canavate - red. chef : Gauthier dupraz - http://flash-infos.somapresse.com
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FI n°3997 mercredi 30 novembre 2016 St André
© CR: Gauthier Bouchet
Diffusé du lundi au vendredi, Flash Infos a été créé en 1999 et s’est depuis hissé au rang de 1er quotidien de l’île.
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Économie
SÉcuritÉ
Les appeLs à projets de L'europe
Couvre-feu pour Les mineurs
Première parution : juillet 1999 - Siret 02406197000018 - APE 5813Z - Édité par la Somapresse - Directeur de publication : Laurent Canavate - http://flash-infos.somapresse.com
OUI, je m’abonne
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Musique
Faits divers
Edmond BéBé nous a quitté
ViolEncE En cascadE
Première parution : juillet 1999 - Siret 02406197000018 - APE 5813Z - Édité par la Somapresse - Directeur de publication : Laurent Canavate - http://flash-infos.somapresse.com
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MCG VS SMart
ViCe-reCtorat
UltimatUm oU véritable main tendUe ?
l’institUtion répond aUx critiqUes
Première parution : juillet 1999 - Siret 02406197000018 - APE 5813Z - Édité par la Somapresse - Directeur de publication : Laurent Canavate - http://flash-infos.somapresse.com
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TCHAKS L'ACTION
Une mission créée pour étudier les liens entre immigration et sécurité à Mayotte Dans un courrier adressé au président du conseil départemental, le président du Sénat, Gérard Larcher, a annoncé la création d’une mission d’information à Mayotte, dont les travaux permettront d’examiner le lien entre la question migratoire et la sécurité des Mahorais. Une demande formulée au début de l’année par la collectivité, les parlementaires locaux et l’association des maires suite aux assassinats survenus en Petite-Terre à la fin janvier. « Je me félicite que nous ayons été entendus par le président du Sénat sur cette question majeure de la sécurité » a indiqué le président Ramadani, « soucieux des derniers évènements dramatiques ayant endeuillé le territoire et de la sécurité quotidienne des habitants ».
LA PHRASE
LE CHIFFRE 207
C’est le nombre d’élèves pour un seul contrat de vie scolaire au sein du collège de M’tsamboro, pourtant classé Rép+. Un triste constat, qui a motivé les parents d’élèves à manifester tout au long de la semaine aux abords de l’établissement afin de réclamer le recrutement de huit assistants d’éducation et se rapprocher ainsi de la moyenne nationale. En 2013, un ratio moyen de 112 élèves par assistant d’éducation était constaté dans les collèges, contre un assistant pour 89 élèves six ans plus tard. Des chiffres bien loin de la réalité locale où, plus que jamais, la situation sécuritaire des élèves est pointée du doigt. “En moyenne nous avons 6 bagarres par semaine dans la cour du collège”, ont ainsi affirmé les manifestants, rappelant que sur les 12 surveillants que compte l’établissement, seuls quatre sont à temps plein.
“Il n’y a rien de plus dur que de perdre un enfant” Une semaine après l’assassinant de Momix, 17 ans, à Cavani, sa famille a décidé de sortir du silence.”Il n’y a rien de plus dur que de perdre un enfant”, a ainsi confié sa mère adoptive. Pour autant, le calvaire n’est pas terminé. Aujourd’hui, la famille de l’adolescant vit dans la peur, les agresseurs présumés ayant promis de s’en prendre à son frère jumeau. Depuis une semaine, les manifestations de lycéens, professeurs et parents s'enchaînent à Mamoudzou. Ce samedi, près de 1 000 élèves et professeurs se sont rassemblés à Mamoudzou “pour ouvrir le chemin vers une paix durable à Mayotte”, où deux lycéens ont été abattus en moins d’une semaine. En réaction, le maire de Mamoudzou a pris un arrêté stipulant que les élèves de primaire et les collégiens du chef-lieu devaient impérativement être accompagnés par un parent ou un tuteur légal à son établissement scolaire ou son transport. Mais de son côté, le recteur a rappelé que l’entrée ne pouvait être refusée à un enfant qui se présente seul.
ILS FONT L’ACTU Quatre pères mahorais lancent une marque de couches lavables Dans un contexte où les mauvaises nouvelles et faits divers morbides se succèdent, celle-ci, enfin, prête à sourire et redonne même un peu d’espoir concernant le développement du territoire. Depuis le début de l’année 2021, la marque Dounaa propose des couches pour enfants conçues, développées et commercialisées à Mayotte. L’objectif de cette jeune entreprise : répondre aux problématiques environnementales dues à la démographie croissante de l’île, où naissent près de 10 000 bébés chaque année. “Cela représente près de 1 446 couches par enfant et par an. Rapporté au nombre de naissances, nous aurions potentiellement 1 446 000 couches déversées dans la nature chaque année. Nous en retrouvons malheureusement trop souvent sur les plages ou dans la mangrove. Notre souhait est de présenter aux parents qui adhèrent à notre projet une alternative budgétaire et environnementale aux couches jetables”, détaillent les créateurs de la marque. Bravo à eux !
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LU DANS LA PRESSE
Chaque semaine, découvrez le regard porté sur l’actualité locale à travers la presse nationale ou régionale
MAYOTTE : LA FRANCE EXPULSE UN LYCÉEN FRANÇAIS ET REFUSE DE LE FAIRE REVENIR Le 23 avril, par Yoram Melloul pour StreetPress Yasser est né et a grandit à Mayotte. Il est français. Pourtant la police l’a expulsé vers les Comores. Pourse justifier la préfecture assure que l’ado auraitmenti sur son âge, son lieu de naissance et se seraitvolontairement fait expulser. Yasser(1) paraît encore abasourdi par ce qui lui arrive. L’adolescent de 17 ans, scolarisé au lycée deDzoumogné à Mayotte, est français.Pourtant, le 26 mars dernier, il a été expulsé vers les Comores, par la police aux frontières (PAF).«En voyant le bateau [qui l’a transporté vers Anjouan], j’ai eu unchoc», raconte-t-il au téléphone depuis les Comores. «Je cherchais un stage à Mamoudzou, quand j’ai été arrêté pour un contrôle d’identité» explique l’élève en lycée professionnel. Je n’avais pas mes papiers, juste ma carte de bus et une lettre du lycée.J’ai dit aux policiers que j’étais français et mineur, ils ne m’ont pas cru.»Au centre de rétention administrative (CRA) de Mayotte, la police lui fait signer un papier, lui notifiant ses droits en rétention. Sur ce document que StreetPress a pu consulter, le lieu et l’année denaissance inscrits ne sont pas les bons. Le jeune est vieilli de deux ans et devient alors majeur. Il n’est plus né à Mamoudzou comme l’affirme son extrait de naissance mais à Dindri, une petite commune d’Anjouan.De son côté, la préfecture de Mayotte assure que tout est de la faute du jeune homme. Nathalie Gimonet, la sous-préfète qui coordonne la politique de lutte contre l’immigration clandestine, est formelle: « Cette personne n’a pas indiqué qu’elle était française, ni indiqué qu’elle était mineure. Il a déclaré une date de naissance qui a fait penser qu’il était majeur. Il a déclaré un lieu de naissance aux Comores sans indiquer qu’il était français.»Selon les éléments transmis à la sous-préfète par laPAF, il se serait même «présenté de lui-même auCRAdans le cadre d’un départ volontaire». À savoir, une personne qui se rend volontairement devant leCRA, généralement avec ses valises, pour se faire notifier une obligation de quitter le territoire et être embarquée dans un bateau vers les Comores.La préfecture refuse d’organiser son retourÀ la question de savoir si le cas de Yasser aurait pu échapper à la vigilance des associations présentes sur place, un juriste duCRArépond que «c’est assez courant que les associations n’aient pas le temps de voir tout le monde au centre de rétention. La situation de Yasser est révélatrice de la rapidité des procédures et du fait que les vérifications d’identité sont très mal faites.On se retrouve souvent auCRAavec des mineurs ou avec des Français.»La sous-préfète, se déclare «surprise» d’avoir été saisie tardivement du cas de Yasser. Une preuve de plus allant dans le sens d’un départ volontaire, selon elle. «Pourquoi la famille a mis autant de temps [11
jours] avant d’alerter sur la situation?»Seulement, elle se garde de préciser que l’adolescent n’est plus pris en charge par la famille, mais par l’Aide sociale à l’enfance (ASE).La préfecture refuse donc que l’État s’occupe du retour de Yasser. Dans un e-mail adressé aux associations, la sous-préfète explique:«Les services n’ont reçu aucune information relative à la minorité de l’intéressé ou à sa nationalité française. Dans ces conditions, le retour de M. Yasser H.* ne peut incomber à l’État.»C’est donc, dit-elle à StreetPress, à «l’entourage du mineur de prendre en charge son retour.» Une position qui scandalise Solène Dia, coordinatrice de La Cimade à Mayotte: «Non seulement il est français, mais la préfecture lui fait porter le chapeau.On est sur un jeune qui a fait toute sa vie à Mayotte, qui est de nationalité française et à qui on fait porter la responsabilité en disant qu’il s’est présenté auCRA. C’est le monde à l’envers!»Ce n’est pas la première fois qu’elle voit un Français se faire expulser. «Je me souviens du cas d’unjeune qui avait des difficultés à parler.Il a été expulsé et deux semaines après, il revenait en kwassa–ces petits bateaux de pêcheurs qui relient clandestinement Anjouan à Mayotte–pour récupérer son certificat de nationalité. »« J’ai déjà raté trois semaines d’école, je ne suis pas tranquille»De son côté, Yasser est inquiet pour ses études. Il se dit affolé et énervé par la situation. «Je ne connais pas les Comores, j’ai passé toute ma vie à Mayotte. Je veux partir. Je ne veux pas rester troplongtemps ici, moi j’en peux plus.Je veux retourner à Mayotte pour continuer mes études, j’ai déjà raté trois semaines d’école, je ne suis pas tranquille. Je veux juste sortir d’ici.» Il a même pensé à prendre un kwassa avant d’être dissuadé par une membre de La Cimade. Trop dangereux.Le Défenseur des droits a été saisi de la situation.«L’affaire est en cours d’instruction. On est en contact avec les services de la préfecture et le ministère des Affaires étrangères», affirme Didier Lefèvre, le chef de pôle régional du Défenseur des droits pour la Réunion et Mayotte. Il est plus habitué à être alerté pour «des questions de rattachement fictifs de mineurs à des adultes au moment d’une reconduite à la frontière.» Un Français éloigné, la situation est peu courante. Trois semaines après son expulsion, Yasser a eu un rendez-vous avec le consulat de France à Anjouan.Il espère que celui-ci va lui délivrer rapidement un laissez-passer et faciliter son retour à Mayotte.Abdou-Lihariti Antoissi, le directeur de l’Aide sociale à l’enfance à Mayotte, se veut rassurant. Il travaille en lien avec la diplomatie française et comorienne et l’assure, bientôt «le jeune devrait pouvoir prendre le chemin du retour à Mayotte.»Aucune date n’est encore arrêtée. (1) le prénom a été modifié
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UN RAMADAN (PAS) COMME LES AUTRES 6•
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Depuis un an, le monde vit au rythme des mesures sanitaires. Mais depuis toujours, Mayotte suit celui de ses traditions. Pendant le Ramadan, elles sont d'ailleurs nombreuses à ne pas être en adéquation avec les sacro-saints gestes barrières. Pourtant, à la nuit tombée, dans les stades, sur les placettes, dans l'intimité d'un coin isolé ou sur des terrains éclairés, ils sont nombreux à se retrouver, passée l'heure du foutari, pour s'adonner aux mrengués ou aux tournois de foot et de basket. Le temps de quelques heures, la distanciation sociale et même le couvre-feu quittent les esprits.
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DOSSIER
L.S
REPORTAGE
UN RAMADAN SOUS LE SIGNE DU COVID POUR LA DEUXIÈME ANNÉE CONSÉCUTIVE, LES MUSULMANS DE MAYOTTE ENTAMENT LE RAMADAN SOUS LE SIGNE DU COVID. CETTE ANNÉE PAS DE CONFINEMENT, MAIS UN COUVRE-FEU À 22H30 ET SURTOUT, UNE INTERDICTION DE SE RETROUVER À PLUS DE SIX DANS UN ENDROIT CLOS. DES INTERDICTIONS QUI SEMBLENT BIEN LOIN DE LA RÉALITÉ.
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18h10, le muezzin appelle à la prière. Les rues sont vides, chacun est prêt à briser le jeûne à la maison, avec une tasse de thé, quelques dattes, un verre d’eau ou même une cigarette. Chaque famille a ses habitudes. Chez Siti, on regarde ORTC, l'Office de radio et télévision des Comores, pendant le ftour, on rigole aux blagues, on essaie de répondre aux devinettes. Des amis viennent manger, l’ambiance est bonne. Le thermos de thé ne fait pas long feu. Chez Nawal, c’est très calme. Ce n’est qu’elle et sa tante, mangeant à 18h ce qu’elle a préparé l’après-midi, en rentrant de l’école. Vers 19h, les plus jeunes commencent à sortir. Ils sont en forme après avoir enfin mangé. Ils se retrouvent sur les terrains de basket, en bas des bâtiments, s’organisent pour le reste de la soirée. L’un d’eux a un ballon de foot, des petits groupes se forment. Puis petit à petit, les plus grands sortent aussi. Les mamans se retrouvent pour discuter, les footballeurs se dirigent vers le terrain du lycée, un groupe se forme pour trouver un coin calme, ils aimeraient pouvoir faire un mourengué, mais ils savent que si la police les trouve, elle les dispersera. “Pourtant, il n’y a plus de Covid à Mayotte ça y est, c’est fini” lance l’un des jeunes. Il est déjà 20h30.
Tout le monde est maintenant dehors. Certains font des marches digestives, pour éviter de prendre des kilos en ce mois de jeûne, d’autres s’assoient autour d’un ordinateur, pour suivre un match de foot. Les footballeurs, d'ailleurs, rentrent du terrain après le tournoi quotidien, racontent leurs exploits. “J’ai marqué aujourd’hui ! Non vraiment tu as raté ça”, lance Abdou à son frère, venu les rejoindre. Ils s’assoient en cercle, allument leurs cigarettes et débriefent sur le match. Leurs amis, qui sortent de la mosquée les saluent, s’arrêtent pour discuter ou vont d’abord se changer. Tout le monde fini par se retrouver autour de 22h. Parmi eux, certains n’ont pas fait le Ramadan. Mais tous sont au même rythme. Ils installent une table en plastique, sortent un paquet de cartes. Le Covid ? Il a vite été oublié. Pas de masques, pas de gel hydroalcoolique, il n’est même plus évoqué. Chez les petits comme chez les grands, on vit loin de la peur. On profite juste de ce mois sacré, de ces moments suspendus dans le temps, comme une parenthèse de calme au milieu de cette crise sanitaire. Comme des instants de paix volés au milieu de la violence qui règne sur l’île. n
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L.S
REPORTAGE
MRENGUÉ : SERRER LES POINGS, MALGRÉ LES INTERDITS A MAYOTTE, LA PÉRIODE DE RAMADAN S’ACCOMPAGNE DE TRADITIONS DIVERSES. PARMI ELLES, ON COMPTE LE MRENGUÉ. SPORT DE COMBAT À MAINS NUES, LE MRENGUÉ ÉTAIT À LA BASE PRATIQUÉ PAR LES ESCLAVES DANS LES PLANTATIONS. AUJOURD’HUI, IL EST TOUJOURS PRATIQUÉ DE MANIÈRE TRADITIONNELLE SUR L’ÎLE, LES SOIRS DU MOIS DE RAMADAN. “On va manger de la chair fraîche !”, s'égosillent les jeunes en courant sur le bord de la route, descendant vers la barge. Ils sont une vingtaine, entre 11 et 16 ans. Sourires aux lèvres, bâtons en mains, certains toujours dans leur kanzu, à peine sortis de la mosquée, d’autres torses nus, t-shirt à la main, ils courent, sautent et crient au rythme des bâtons qu’ils frappent sur le trottoir. L’excitation monte petit à petit dans le groupe. Derrière, une quinzaine d’autres jeunes les suivent, les yeux brillants. Tous se retrouvent au parc de Boboka, à Mamoudzou. Un cercle se forme petit à petit, quatre d’entre eux s’assoient et jouent des percussions, fabriquées avec des couvercles de poubelle et un panneau de travaux. On siffle, on chante, on danse, la bonne ambiance règne. Le cercle se distingue clairement maintenant, un premier garçon rentre, vêtu d’un short noir et d’une paire de tongs, fais quelques pas de danses et ressort. Un autre le suit en enlevant son t-shirt, cherchant un adversaire, mais
personne ne veut rentrer contre lui. Les deux arbitres essaient de motiver un autre jeune, pour enfin commencer les combats. L’un d’eux s’avance, veste ouverte sur son torse musclé, commence à danser, puis s’échappe en explosant de rire. Lui n’est là que pour l’ambiance, pour s’amuser. C’est parti, les deux combattants sont face à face. L’arbitre baisse son bras pour annoncer le début du combat. Ils se regardent, bougent au même rythme, l’un reculant quand l’autre s’avance. Puis le premier coup est porté, quatre ou cinq le suivent. Le public s’embrase et saute. Les arbitres les séparent. Celui qui a l’avantage fait monter l’excitation de la foule en faisant le tour. Les deux se remettent en position, l’arbitre baisse à nouveau son bras pour le deuxième round. Cette fois, les coups fusent, très rapidement. Ils sont séparés à nouveau, plus difficilement. L’arbitre garde l’un d’eux quelques secondes dans ses bras, pour qu’il ne reparte pas à la charge. “Calme
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toi” lui répète-t-il plusieurs fois, avant de le relâcher. C’est le dernier round. Poings en l’air, sautillant, les deux adversaires se regardent dans les yeux. Le plus petit esquive un coup, puis un autre avant de toucher son adversaire à la tête. Les cris s’intensifient chez les spectateurs. Il emmène son adversaire contre la foule via ses coups. L’arbitre annonce la fin du combat, le petit se retourne et offre sa meilleure prestation de danse. La victoire n’était pas courue d’avance et il a mérité son moment de gloire.
“IL Y A LES CONDÉS !” Le spectacle continue, d’autres combats ont lieu. La foule de spectateurs s’agrandit à vue d'œil. “Il y a les condés”, dit doucement un des petits, assis en hauteur
pour faire le guet. “Shhhhh, calmez-vous tous”, répond l’un des plus grands. “S’ils nous trouvent ici, ils peuvent nous dire de partir.” Ça ne manque pas. La voiture s’arrête, un des policiers descend. “Vous arrêtez ça tout de suite et vous rentrez chez vous”, commence-t-il avant d’enchaîner, “il y a assez de violences comme ça sur cette île pour que vous en rajoutiez”. Le calme se fait, mais personne ne bouge. “Qu’est-ce que je vous ai dit, circulez !”, continue l’agent de police. “Allez, tout le monde bouge !”, ordonne finalement l’un des plus grands. Mais pour les petits, c’est hors de question. Ils ne considèrent pas être en train de faire quelque chose de mal et comptent bien le faire comprendre. Mais un deuxième policier descend, et les menace avec du gaz. Les premiers commencent donc à prendre la
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route. Après quelques échanges tendus, tout le monde se dirige à nouveau vers la mairie de Mamoudzou. “Vous venez d’où tous ?” demande le policier. “De M’gombani” répondent en chœur les petits. Tout le monde remonte, en groupe, dans le calme. Des chuchotements se font sentir, “bon on va où maintenant ?”, parce que bien sûr, il n’est pas question d’arrêter, mais de trouver un endroit plus discret. Mais arrivé en bas de la rue du commerce, quelques esprits s’échauffent. Les policiers, qui ont suivi tout le petit groupe en voiture, descendent à nouveau. L’un d’eux court vers un petit portant un t-shirt bleu et une kofia, il n’en
faut pas plus, tous démarrent à nouveau. Vingt-cinq jeunes courent dans toutes les directions possibles. L’agent des forces de l’ordre s’arrête et s’adresse aux plus grands. “Si je le retrouve ce petit-là, je le frapperai devant sa mère.” Puis il se calme, et les petits font mine de se disperser. Ils finissent par tous se retrouver devant la MJC, ce qui n’a rien de discret. Ils s’arrêtent un instant devant le terrain, certains sont réquisitionnés pour jouer au foot. Puis les percussions reprennent timidement. Un nouveau cercle se forme et c’est reparti. Les mamans, assises sous le manguier,
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viennent surveiller le bon déroulé du mrengué. Les combats s’enchaînent, certains se défilent, d’autres ne veulent pas sortir. Deux adversaires semblent avoir des problèmes à régler. L’arbitre les sépare immédiatement. “Il n’y a pas de ça ici, c’est nos règles, ou c’est dehors, c’est compris ?” Le combat reprend, les rounds passent mais les séparations sont difficiles. Une fois l’affrontement terminé, tous les deux veulent sortir du cercle. “Ici, on se serre la main quand on a fini”, leur dit l’arbitre. Ce qu’ils font, pour ne pas sortir du cercle avec de la rancoeur, et encore plus envie de se battre. Un combat est en cours lorsque la police fait à nouveau son apparition. Les deux combattants et les arbitres ne les voient pas, absorbés par leur activité. C’est la même
patrouille que la première fois. L’un d’eux se pose juste à côté du combat, attendant qu’ils notifient sa présence. Puis tout s’arrête. Ils reconnaissent certains visages et montent rapidement en pression. “On n’a pas été assez clair ?”, demande le policier. Il répète à nouveau que c’est fini et que tout le monde doit rentrer. Difficile à entendre pour certains, qui n’ont pas encore pu rentrer dans le cercle. Mais tout le monde se disperse, la nuit est déjà bien noire et il y a école demain. Un nouvel endroit sera probablement choisi dès le jour suivant, dans un coin plus sombre du quartier de M’gombani. A l’abri des regards mais aussi moins éclairé, et peutêtre même plus dangereux. n
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S.P
REPORTAGE
LES TOURNOIS RAMADAN REPARTENT À FOND LES BALLONS L'ANNÉE DERNIÈRE, LE MOIS SAINT S'EST DÉROULÉ ALORS QUE LES MOSQUÉES ÉTAIENT FERMÉES ET QUE TOUTES LES RENCONTRES SPORTIVES ÉTAIENT SUSPENDUES. MAIS CETTE FOIS, LES TRADITIONNELS TOURNOIS RAMADAN ONT PU REPRENDRE. AU COMPLEXE SPORTIF DE CAVANI, PRESQUE CHAQUE SOIR, L'EFFERVESCENCE PREND PLACE APRÈS LE FOUTARI, SUR LE TERRAIN COMME DANS LES GRADINS. 21 heures. En ce nouveau soir de Ramadan, les rues de Cavani sont désertes. La rupture du jeûne a sonné il y a déjà plusieurs heures, et depuis le boulevard qui longe la bibliothèque, des rires, des chants et des odeurs de viande grillée s'échappent parfois des maisons aux fenêtres éclairées. Le foutari n'est encore pas fini, alors tout le quartier a pris des airs de couvre-feu prématuré. À l'exception du complexe sportif, autour duquel passants, vélos, scooters et voitures se pressent. Une petite fourmilière au milieu du silence. Le tournoi Ramadan va bientôt commencer. Dans l'obscurité de la nuit, les halogènes du stade de basket éclairent les graffitisbigarrés qui ornent les tribunes. Déjà, des petits groupes y sont assis, les yeux rivés sur la valse des
joueurs. Dans leurs dossards ou leur t-shirts blancs, des hommes, des femmes de tous les âges courent, sautillent, dunkent, ou font des pompes. "Je vais compter jusqu'à trois. Si personnes n'arrive, on arrête tout !", s'impatiente l'arbitre, sifflet en main et bras tendu vers le ciel, debout au centre du terrain. Les compétiteurs se figent, échangent quelques regards avant de le rejoindre. Le premier match va débuter d'une seconde à l'autre. Abdallah, 11 ans,ne rate pas une miette de la scène. "Moi, je suis là tous les soirs pendant le Ramadan." Il tourne la tête pour suivre, l'œil brillant, les premiers échanges. "On joue jusqu'à ce que les lumières s'éteignent. Mais de l'autre côté, ça se termine toujours plus tard !" À quelques dizaines de mètres de là, des cris de liesse s'élèvent. Juste derrière, sur le terrain de foot, le public est déjà électrique.
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DOSSIER
L.S.
Ils sont des dizaines, peut-être une centaine, à être assis sur les marches de béton, dans la fumée des cigaretteset et les rythmes tapants crachés par les enceintes que certains ont pris la peine de ramener. "Vas-y, fais-moi la passe !", s'impatience un enfant sur un coin de pelouse, pendant qu'en face de lui, son ami caracole en faisant la roue. Eux joueront samedi. Mais ce jeudi-soir, le tournoi se dispute entre adultes. Une trentaine d'hommes se rassemblement finalement au milieu du terrain. "Eux,c'est une équipe de Vétivers", pointe du doigt Saïd, coach et l'un des organisateurs du tournoi. "Cette année, on a eu les autorisations de la mairie et
du club pour pouvoir jouer ici le soir." Un ouf de soulagement, alors que l'année dernière, au cœur du confinement, toutes les rencontres sportives ont été annulées à travers l'île. Du moins officiellement. Dans les gradins, un jeune homme sort une THB de son sac à dos. "Tu sais, pendant le Ramadan, les tournois sont quelque chose de très important pour tout le monde". Il ouvre sa canette, la porte à ses lèvres puis poursuit, après avoir avalé quelques gorgées : "C'est une période de privation, où l'on doit faire très attention à tout ce que l'on fait. Alors se retrouver
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le soir, tous ensemble, ça permet de relâcher un peu la pression. Et puis avec tout ce que l'on mange pendant le foutari, c'est important de pouvoir se dépenser pour garder la forme !" Il s'interrompt, pendant que tout le public se lève en criant. Sur le terrain, l'un des joueurs vient de tomber contre le sol, le visage déformé par la douleur. L'arbitre donne un coup de sifflet pour marquer l'interruption du jeu. Contre le grillage qui longe le stade, les deux coachs lèvent les bras au ciel. Il faut appeler les pompiers, au plus vite. En quelques minutes, une ambulance se gare devant la grille du complexe. Deux hommes en sortent, civière à la main. L'homme, dont la jambe semble être cassée, est rapidement évacué. Sur l'herbe synthétique, l'un des joueurs observe la scène, assis dans une posture
de Bouddha. "il fait toujours ça", souligne un enfant en levant les yeux au ciel. "En plus, il sait même pas jouer !" Trois coups de sifflet retentissent. Le match peut enfin reprendre. À quelques pas de là, sur le terrain de basket, les lumières sont déjà éteintes. Seul un homme, dans un dossard vert fluo, drible autour du panier. Il est 22 heures 20. Bientôt sonnera l'heure de rentrer chez soi, pour se confiner le temps d'une nuit, jusqu'au lendemain matin. Pourtant, côté foot, ni les joueurs, ni leurs supporters, ne semblent vraiment s'en inquiéter. "Mais le couvre-feu, c'est terminé, non ?", interroge un jeune en tendant un paquet de cigarettes à son ami. "En tous cas moi, j'ai pas prévu de partir !". n
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MAGAZINE D’INFORMATION NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros 7, rue Salamani Cavani M’tsapéré BP 60 - 97600 Mamoudzou Tél. : 0269 61 20 04 contact@mayottehebdo.com Directeur de la publication Laurent Canavate canavate.laurent@mayottehebdo.com Directeur de la rédaction Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 38 soldat@mayottehebdo.com Rédactrice en chef Solène Peillard
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Couverture :
Après le foutari...
Journalistes Romain Guille Raïnat Aliloiffa Constance Daire Direction artistique Franco di Sangro Graphistes/Maquettistes Olivier Baron, Franco di Sangro Commerciaux Cédric Denaud, Murielle Turlan Thomas Lévy Comptabilité Catherine Chiggiato compta@mayottehebdo.com Secretariat Annabelle Mohamadi Première parution Vendredi 31 mars 2000 ISSN : 1288 - 1716 RCS : n° 9757/2000 N° de Siret : 024 061 970 000 18 N°CPPAP : 0121 I 92960 Site internet www.mayottehebdo.com
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