Mayotte Hebdo n°964

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LE MOT DE LA RÉDACTION

TOUT VIENT À POINT À QUI SAIT ATTENDRE ? Il y en aura eu des doutes, des hésitations, des actes manqués, des déceptions. Attendu une première fois à Mayotte en novembre 2020, le ministre des Outre-mer n'a depuis cessé de reporter sa visite sur l'île. Et c'est finalement aux côtés de Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, qu'il a débarqué le week-end passé. De quoi faire un point d'étape sur la fameuse loi Mayotte, mais aussi rencontrer pour la première fois les acteurs de terrain. La visite aura été dense, les annonces plus nombreuses qu'à l'accoutumée. Plus de moyens, plus de flics, plus de LIC. De quoi séduire une belle frange de la population mahoraise, particulièrement préoccupée par ces questions. Le tout à huit mois de l'élection présidentielle. Car à l'heure où le président de la République pose fièrement près des portraits des YouTubers français les plus influents du moment, il devient légitime, si ce n'est urgent, de s'interroger sur les véritables raisons de ce déplacement . Bonne lecture à toutes et à tous.

TOUTE L’ACTUALITÉ DE MAYOTTE AU QUOTIDIEN

Lu par près de 20.000 personnes chaque semaine (enquête Ipsos juillet 2009), ce quotidien vous permet de suivre l’actualité mahoraise (politique, société, culture, sport, économie, etc.) et vous offre également un aperçu de l’actualité de l’Océan Indien et des Outremers.

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FI n°3839 Lundi 7 mars 2016 St Félicie

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FI n°3822 Jeudi 11 février 2016 Ste Héloïse

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RENSEIGNEMENTS Tél : 0639 67 04 07 | Mail : contact@mayotte-e-velos.yt

FI n°3818 Vendredi 5 février 2016 Ste Agathe

marine le Pen

environnement

Port de Longoni

ConSeil départeMental

Quel accueil se prépare pour la présiDente Du Fn ?

Le Lagon au patrimoine mondiaL de L'unesCo ?

la dsP sur la sEllEttE

pas de changement sUr l’octroi de mer

© Jonny CHADULI

Grève à Panima

TéléThon 2016

Des propositions mais toujours pas D'issue

DemanDez le programme

première parution : juillet 1999 - siret 02406197000018 - édition somapresse - n° Cppap : 0921 y 93207 - dir. publication : Laurent Canavate - red. chef : Gauthier dupraz - http://flash-infos.somapresse.com

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FI n°3997 mercredi 30 novembre 2016 St André

© CR: Gauthier Bouchet

Diffusé du lundi au vendredi, Flash Infos a été créé en 1999 et s’est depuis hissé au rang de 1er quotidien de l’île.

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Économie

SÉcuritÉ

Les appeLs à projets de L'europe

Couvre-feu pour Les mineurs

Première parution : juillet 1999 - Siret 02406197000018 - APE 5813Z - Édité par la Somapresse - Directeur de publication : Laurent Canavate - http://flash-infos.somapresse.com

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Musique

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Edmond BéBé nous a quitté

ViolEncE En cascadE

Première parution : juillet 1999 - Siret 02406197000018 - APE 5813Z - Édité par la Somapresse - Directeur de publication : Laurent Canavate - http://flash-infos.somapresse.com

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MCG VS SMart

ViCe-reCtorat

UltimatUm oU véritable main tendUe ?

l’institUtion répond aUx critiqUes

Première parution : juillet 1999 - Siret 02406197000018 - APE 5813Z - Édité par la Somapresse - Directeur de publication : Laurent Canavate - http://flash-infos.somapresse.com

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TCHAKS L'ACTION

Kawéni inaugure son poste avancé de la police municipale Poumon économique de l'île, Kawéni reste le théâtre d'incivilités en tout genre. Avec l'ouverture d'un nouveau poste avancé de la police municipale ce jeudi 3 septembre, les élus de Mamoudzou souhaitent renforcer leurs effectifs sur ce secteur mais aussi s'attaquer aux chiens errants et aux ruminants par le biais de deux conventions. Une autre ouverture du même genre devrait suivre dans les anciens locaux de la Croix-Rouge, à Passamaïnty. L’occasion, pour la municipalité, de réaffirmer sa priorité, à savoir rendre la ville chef-lieu “plus sûre et apaisée” et offrir “un meilleur cadre de vie” à la population, selon les mots de Saïd Malidi, l’adjoint chargé de la sécurité urbaine et de la prévention. Pour cela, la Ville s’engage également à doubler ses effectifs d’ici cinq ans.

LA PHRASE

20 millions

“Il y a eu clairement des pressions des magistrats, des greffiers, des enquêteurs”

C’est le montant du prêt accordé par l’Etat à Air Austral au titre du programme de fonds de développement économique et social. Une aide qui s’ajoute aux 30 millions d’euros annoncés en avril dernier par le ministre de l’Economie et aux 120 autres millions d’euros déjà débloqués l’année dernière. Durement touchée par la crise sanitaire, la compagnie aérienne réunionnaise a subi une perte de 55% de son chiffre d’affaires depuis le début de la pandémie. Alors qu’elle semblait avoir retrouvé un équilibre financier, sa trésorerie devrait dégringoler à 41 millions d’euros de déficit en février prochain, estime la Région. "L'Etat français soutiendra Air Austral (...) qui est vitale pour l'île de La Réunion et qui représente plusieurs centaines d'emplois”, avait ainsi rappelé Bruno Le Maire en début d'année.

Il aura fallu dix ans d’enquêtes pour voir (peut-être ?) le bout de l’affaire Roukia. Ce dossier, qui porte le nom d’une jeune femme morte par overdose après avoir sniffé de l’héroïne avait entaché le jeune groupement d’intervention régional (GIR), une unité composée de policiers et gendarmes chargée de lutter contre l’immigration clandestine et les trafics de stupéfiants et implantée sur le territoire en 2008. À l’époque, la question de l’origine de la drogue responsable du décès de Roukia Soundi, soupçonnée d’avoir transité par les mains d’agents du GIR, donne un retentissement tout particulier à l’affaire, jusqu’à éclabousser le patron même de l’institution, jugé mercredi dernier. Sans trop de surprise, le tribunal prononcera finalement la relaxe pour les deux gendarmes. Les autres prévenus écoperont de peines allant de trois mois de prison avec sursis à 18 mois de prison ferme pour le chef de la filière.

LE CHIFFRE

IL FAIT L’ACTU Le sénateur honoraire Marcel Henry nous a quitté

Il s’en est allé à l’âge de 95 ans. Marcel Henry, sénateur honoraire et fervent défenseur de la départementalisation aux côtés de feu Younoussa Bamana, s’est éteint lundi 30 août, en pleine visite ministérielle, laissant derrière lui une île fière et reconnaissante. Depuis, les hommages se succèdent jusqu’au plus haut rang, Emmanuel Macron ayant lui-même salué la vie et l'œuvre de l’homme qui cofondé le Mouvement Populaire Mahorais et créé la SMART : “Figure de la vie politique, l’engagement de Marcel Henry doit nous guider pour poursuivre le développement de Mayotte et renforcer encore la départementalisation”, a ainsi déclaré le Président de la République. Le jour de l’annonce du décès de celui que l’on surnommait “Papa Marcel”, le gouvernement a proposé, par voie de communiqué, que l’aéroport international de DzaoudziPamandzi soit renommé aéroport Marcel Henry. Un dernier hommage lui a été rendu mercredi à l’église Saint-Michel de Dzaoudzi, où nombreuses étaient les personnalités à être venues lui dire au revoir, une dernière fois.

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LU DANS LA PRESSE

Chaque semaine, découvrez le regard porté sur l’actualité locale à travers la presse nationale ou régionale

«LA DÉPARTEMENTALISATION DE MAYOTTE POURRAIT EN FAIRE LA LAMPEDUSA DE L'OCÉAN INDIEN» Le 2 septembre, par Maxime de Blasi (diplômé de l’Ena et ancien professeur de génie électrique) pour Le Figaro F I G A R OVOX / T R I B U N E Bien que la départementalisation de Mayotte en 2011 lui ait permis de se développer, elle est également à l'origine d'un afflux de migrants provoquant des tensions communautaires sur l'île, analyse le hautfonctionnaire Maxime de Blasi. En 2011, Mayotte est devenue le 101e département français. Cette évolution institutionnelle était une vieille attente de la population mahoraise et de ses élites politiques, symbolisant l’ancrage définitif à la République et l’égalité de droits avec la Métropole. Que signifie concrètement la «départementalisation» ? En vertu de l’article 73 de la Constitution elle confère aux Mahorais exactement les mêmes droits qu’en Métropole, sauf exception prévue par la loi : SMIC, RSA, temps de travail, prestations sociales et familiales. Une trajectoire de convergence avec les niveaux de métropole a été instituée. Alors qu’en France le PIB annuel par habitant est de 43.000 dollars il est à Mayotte de seulement 12.000 dollars mais cet écart se réduit rapidement avec la départementalisation et le relèvement progressif du salaire minimum et des prestations sociales (croissance locale de +5 % par an). De plus, sur le plan économique l’État finance actuellement un plan d’investissement de 2 milliards. Mais cette volonté de stabilisation de Mayotte s’est traduite dans les faits par une déstabilisation majeure provoquée par l’arrivée massive et régulière de migrants sur l’île. Ils représentent aujourd’hui la moitié de la population originelle, proche des 300.000 habitants, contre seulement 187.000 avant la départementalisation en 2007. Car si la symbolique de l’élévation au rang de département est forte, elle a totalement fait l’impasse sur la situation géographique de l’île, située à l’entrée du canal du Mozambique, entre l’Afrique et Madagascar. Anjouan, la plus proche des trois îles des Comores, est située à seulement 60 kilomètres avec le 170ème PIB par habitant au monde, 10 fois inférieur à celui de Mayotte (1445 dollars/an/habitant). Pire, deux autres pays parmi les plus pauvres du monde entourent l’île, avec des revenus moyens inférieurs à 5 euros par jour : Madagascar est à 150 km (206ème PIB par habitant au monde : 450 dollars/an/habitant) et le Mozambique à 300 km (208ème PIB par habitant au monde : 379 dollars/an/habitant). Des niveaux de revenus 30 fois plus faibles qu’à Mayotte et 100 fois plus faibles qu’en métropole. À titre de comparaison, l’île italienne de Lampedusa où près d’un million de migrants ont débarqué en 20 ans est située à 120 km des côtes tunisiennes et à 300 km de celles libyennes, et l’écart de niveau de vie entre l’Italie (35.000 dollars) et la Tunisie (3500) est «seulement» de 1 pour 10 ! Dès lors, un flux continu de migrants effectue la traversée sur des kwassas-kwassas, ces petits bateaux en bois motorisés, parmi lesquels des femmes enceintes dans le but d’accoucher à la maternité de Mamoudzou pour bénéficier du droit du sol et obtenir la nationalité française. Cette maternité enregistre le plus de

naissances en France avec 10.000 naissances annuelles dont on estime que la moitié est issue des migrants. Ce sont elles qui sont ciblées par le projet du ministre Darmanin de n’accorder la nationalité française qu’aux enfants nés dont un parent réside à Mayotte depuis un an au moins, contre trois mois actuellement. La population de l’île est aujourd’hui constituée de 50 % de migrants (à 95 % des Comoriens), arrivés en l’espace d’une quinzaine d’années. Imaginez le choc que provoquerait en métropole l’arrivée en si peu de temps de l’équivalent d’une moitié de la population, soit 30 millions de «débarqués» qu’il faudrait loger, nourrir, employer ! Nécessairement les capacités de logement, de scolarisation et d’intégration sont saturées et de nombreux migrants errent. À l’origine reconnue comme une société pacifique, matriarcale, ouverte, la vie à Mayotte voit désormais les habitants de l’île se barricader derrière des murs et des fenêtres grillagées. Bidonvilles, dégradations de l’environnement, déscolarisation se sont multipliés. Le taux de victimes de vols avec violences est trois fois supérieur à la métropole. Certaines zones ne sont plus fréquentées de nuit. Un nombre croissant de Mahorais de souche placent la source de tous leurs maux dans les «Comoriens» et regrettent le «temps d’avant». Les reconduites à la frontière atteignent des sommets, avec 27.000 personnes expulsées vers Anjouan en 2019. À elles seules elles représentent plus de la moitié des reconduites à la frontière nationales, ce qui a permis d’ailleurs au passage aux gouvernements successifs de se targuer d’un «bon chiffre» d’expulsions nationales. Fondamentalement les Mahorais sont placés face à un dilemme : ce que la départementalisation leur fait gagner en stabilisation et en ancrage, ils le perdent avec l’appel d’air massif qu’elle déclenche. On peut donc questionner la pertinence de ce processus qui vise l’égalité de droits parfaite avec la métropole, mais qui crée un morceau de France plein et entier dans une sous-région, le Canal du Mozambique, parmi les plus pauvres de la planète, ce qui n’est évidemment pas tenable à court, moyen et a fortiori long terme. Pourquoi n’avoir pas conservé le statut de collectivité d’outre-mer (COM), régie par l’article 74 de la Constitution, qui autorise un développement et une législation autonomes par rapport à la métropole, à l’image de la Polynésie, de Wallis et Futuna, de Saint-Barthélemy, de Saint-Martin ou de Saint-Pierre et Miquelon ? Après tout, il est possible de revenir en arrière sur la départementalisation, comme cela a été le cas pour l’île de Saint-Pierre et Miquelon, autrefois TOM, puis département d’outre-mer, et enfin collectivité d’outre-mer depuis 2003. Et ce statut de COM n’empêche aucunement le développement économique et social comme le montre la liste des COM, mais ce développement tient davantage compte des spécificités et des ressources locales. La population mahoraise pourrait être consultée par référendum et faire son choix en connaissance de cause.

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LITTÉRATURE

LISEZ MAYOTTE Ambass Ridjali, "Sur les chemins de l'école", éd. Komedi, 2013

SUR LE CHEMIN DE L’ÉCOLE, ENTRE CROYANCE ET LAÏCITÉ AGRÉGÉ DE LETTRES MODERNES ET DOCTEUR EN LITTÉRATURES FRANCOPHONES, CHRISTOPHE COSKER EST L’AUTEUR DE NOMBREUX OUVRAGES DE RÉFÉRENCE SUR LA LITTÉRATURE DE L’ÎLE AUX PARFUMS, NOTAMMENT UNE PETITE HISTOIRE DES LETTRES FRANCOPHONES À MAYOTTE (2015) DONT IL REPREND, APPROFONDIT ET ACTUALISE, DANS CETTE CHRONIQUE LITTÉRAIRE, LA MATIÈRE.

L’école laïque est un thème littéraire qui hante les écrivains de Mayotte. Elle est encore au cœur du roman pour la jeunesse d’Ambass Ridjali intitulé Sur le chemin de l’école (2013). Ce chemin de l’école se trouve dans le sud de Grande-Terre, autour du village de Mboinatsa dont le nom renvoie à une histoire tragique, celle d’un baobab tombé sur des enfants. Cette nouvelle enfance mahoraise nous plonge dans une Mayotte en voie de développement où la route goudronnée n’a pas encore remplacé les pistes et les routes des plages, au bord de la mer. Mais dans ce texte, une scène retient principalement notre attention et nous aimerions la transmettre au lecteur comme une hypotypose - cette description si vivante que celui qui la lit croit vivre réellement ce qui se passe dans le texte. Nous sommes donc à l’école, non pas dans la salle de classe, mais dans la cour de recréation. C’est le moment pour les enfants de s’amuser et de

se détendre entre deux apprentissages : “ Ousséni était le mouton. Penché en avant, le dos bien arrondi, la tête inclinée vers le bas pour ne pas gêner ceux qui voulaient sauter, il s’appuyait en même temps sur ses genoux afin de pouvoir amortir le poids de ses camarades. Assani était le premier à sauter. Il prit son élan derrière Ousséni, se lança et hop, il posa ses deux mains sur le dos de son ami et le franchit de l’autre côté [sic]. ” (p. 59) Deux enfants, Ousséni et Assani, jouent donc à saute-moutons avec plaisir et ce plaisir est encore accru par la présence d’un public enthousiaste : “ Hewee, avaient crié les autres qui s’étaient tous alignés derrière le mouton ”. Mais se joint au groupe un enfant qui sort du lot. Et c’est alors la catastrophe : “ Six personnes avaient sauté lorsqu’un grand qui devait avoir quinze ans et qui était en CM1, vint se joindre au groupe. On le regardait avec étonnement, la peur dans les yeux. On le laissa passer. Ousséni ne l’avait pas remarqué. Le grand ne prit pas beaucoup d’élan, il marchait calmement jusque derrière le mouton, posa ses

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lourdes mains sur le dos pour pouvoir sauter, mais celui-ci s’écroula et se trouva à terre. ” (p. 60) Cet enfant qui sort du lot est décrit de la façon suivante : “ un grand qui devait avoir quinze ans et qui était en CM1 ”. Indépendamment des qualités nécessaires en calcul, il est rare d’avoir cet âge à l’école primaire alors qu’il est davantage requis au lycée. Par conséquent, les petits sont effrayés par le “ grand ” qui s’impose dans leur jeu et blesse un de leurs camarades. Mais il nous semble que le but de la scène n’est pas d’opposer deux générations d’enfants, sinon de dénoncer, derrière ce tableau cruel, deux problèmes au moins. Le premier problème est celui de la scolarisation parcimonieuse des enfants à Mayotte, du moins avant qu’elle ne revête un caractère obligatoire : “ Paraît-il que c’est son père qui, après avoir consulté un mwalimu, apprit que son enfant ne lui serait d’aucune utilité en allant à l’école française ; ainsi il décidait de ne plus l’envoyer dans cette école de kafiri. Ce fut après de longues années d’intervention des membres de sa famille que le père décida, à contre-cœur, d’envoyer son fils à l’école française. ” (p. 60) Les deux mots en italiques, qui émaillent la citation qui précède, sont la clef du problème. C’est un conflit entre univers de croyance qui empêche l’enfant d’être scolarisé. Première raison : le père est allé voir un “ sorcier ”, mwalimu

en langue vernaculaire, pour se renseigner sur le destin de son fils. Ce dernier l’a dissuadé de le scolariser à la française. Deuxième raison : l’école laïque est perçue comme une école qui s’oppose à l’école coranique. Loin de faire des bons musulmans comme cette dernière, sa neutralité est soupçonnée et elle apparaît comme une fabrique d’infidèles, kafir en langue vernaculaire. Le deuxième problème est celui de la scolarisation par niveau et non en fonction de la classe d’âge, ce qui cause les problèmes précédents et qui a aujourd’hui tendance à être remplacé par un autre système parfois appelé “ gestion de flux ” : “ En fait, celui-ci était venu se joindre au groupe parmi lequel se trouvaient des élèves de sa classe et c’était en toute logique qu’il avait pensé prendre part au jeu. Mshindra n’a pas eu la chance d’être scolarisé en même temps que ses camarades de même âge qui sont maintenant au collège. ” (p. 60) Mshindra veut logiquement jouer avec ses camarades de classe dans la cour. Mais ils ne sont pas de taille. On notera en passant que, dans l’esprit du narrateur, quinze ans n’est pas l’âge du lycée, mais encore celui du collège.

Christophe Cosker

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DOSSIER

ENFIN ! VISITE MINISTÉRIELLE

Un an. Il aura fallu attendre presque un an pour que Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, se rende enfin à Mayotte. D’abord programmé en novembre 2020, son déplacement a été reporté à de nombreuses reprises pour différents problèmes d’agenda ou d’autres difficultés liées à la crise sanitaire. Comme annoncé plus tôt, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, était lui aussi du voyage, sans le Garde des Sceaux, comme il l’avait parfois été suggéré. Quatre jours de visites, de rencontres, d’entretiens, ponctués d’annonces en tout genre. Sécurité, immigration, égalité sociale, formation… Nombreux ont été les sujets pour lesquels des avancées ont été promises par les ministres. Retour, dans ce dossier, sur ce déplacement républicain et sur la façon dont les acteurs locaux l’ont perçu et vécu. 8•

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DOSSIER

Propos recueillis par R.G

ENTRETIEN

LOI MAYOTTE, SÉCURITÉ, CRISE SANITAIRE : S. LECORNU ET G. DARMANIN, PRÊTS À MUSCLER LEUR JEU POUR LEUR VENUE

LES MINISTRES DE L’OUTRE-MER ET DE L’INTÉRIEUR, SÉBASTIEN LECORNU ET GÉRALD DARMANIN, ONT ACCORDÉ À MAYOTTE HEBDO UN ENTRETIEN QUELQUES HEURES AVANT DE FOULER LE SOL DU 101ÈME DÉPARTEMENT POUR UNE VISITE DE QUATRE JOURS. LOI MAYOTTE, INSÉCURITÉ, CRISE SANITAIRE… LES DEUX MEMBRES DU GOUVERNEMENT ETAIENT ATTENDUS DE PIED FERME POUR RÉPONDRE À CES ENJEUX PRIMORDIAUX. EN EXCLUSIVITÉ, ILS RÉPONDENT AUX CRITIQUES D’UNE PARTIE DE LA POPULATION ET POSENT LES JALONS DE LEUR VISION STRATÉGIQUE POUR LE TERRITOIRE. 10•

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Mayotte Hebdo : Après plusieurs annonces suivies de reports, vous posez enfin les pieds à Mayotte. Votre venue était très attendue quelques mois plus tôt, après la série de trois meurtres en Petite-Terre puis l’assassinat de deux lycéens en moins d’une semaine. Comment expliquer aux Mahorais cette visite tardive au regard des événements ? Sébastien Lecornu : J’ai exprimé dès le début de mon arrivée au ministère ma volonté de venir à Mayotte. Je connais déjà, par ailleurs, bien le territoire pour m’y être déjà rendu. Hélas, la crise sanitaire en a malheureusement décidé autrement. Pour autant, cela ne nous a pas empêché d’agir. Faire une visite sans annonce concrète est une chose, mais venir – certes plus tard – avec des dossiers qui vont concrètement

avancer, c’est beaucoup mieux ! C’est tout le sens de ce que j’ai impulsé avec ce futur projet de loi programme pour Mayotte, notamment pour les dix ans de la départementalisation. Gérald Darmanin : Mayotte est pourtant bien présente dans mon quotidien de ministre de l’Intérieur depuis mon arrivée. Je m’étais engagé voilà plusieurs mois à venir à Mayotte pendant plusieurs jours, mais tout comme le ministre des Outre-mer, la situation sanitaire nous a poussé à reporter cette visite. Dans l’attente, différents acteurs de l’archipel ont été reçus par mon cabinet lors de leur passage à Paris, et il ne se passe pas une semaine sans que le préfet, mais également les directeurs généraux de la police nationale, de la gendarmerie nationale et des étrangers en France,

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DOSSIER

ne me fassent un point complet sur la situation mahoraise et les dossiers qui nous occupent. Ces directeurs m’accompagnent d’ailleurs dans cette visite, afin de travailler efficacement, au contact des forces et des agents sur le terrain, pour faire avancer ces dossiers. Je connais les défis particuliers de Mayotte et j’ai veillé personnellement à ce que des moyens exceptionnels soient mobilisés lors des épisodes dramatiques que vous mentionnez. De la même manière, nous avons veillé, avec le ministre des Outre-mer, à renforcer encore pour cette année 2021 les effectifs de la police et de la gendarmerie, notamment s’agissant des brigades nautiques de la gendarmerie et de la police, dont les effectifs ont doublé depuis 2017. Je suis donc heureux aujourd’hui de pouvoir être à Mayotte pour approfondir, auprès de nos effectifs et des élus, les travaux engagés : c’est bien ici que les bonnes décisions doivent se prendre pour répondre aux défis qui se posent en matière de sécurité.

M.H. : Sur un autre registre, Mayotte, territoire particulièrement attaché à la République française, fêtait en mars dernier les dix ans de la départementalisation. Pourquoi ne pas avoir fait le déplacement cette fois-là alors que vous aviez une annonce forte à faire, celle qui vous amène finalement aujourd’hui : la loi Mayotte ? S.L. : Tout simplement parce que nous ne pouvions pas encore nous faire vacciner ! Mayotte sortait à peine de la crise sanitaire qui avait touché le territoire et nous ne voulions prendre aucun risque : nous avions mis en place des mesures d’isolement à l’aller et au retour pour protéger les Mahoraises et Mahorais d’une éventuelle autre vague. Il vaut mieux un échange à distance, suivi d’effets concrets, qu’une visite ministérielle sans lendemain ! Hélas, nous en avons connu dans le passé… Le succès des consultations citoyennes qui ont suivi cette annonce témoigne que la méthode était la bonne. Le fond, plutôt que la forme…

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M.H. : Justement, où en est la préparation du texte sachant que la synthèse de la consultation a été envoyée en juillet et qu’il est question d’avancer vite sur ce projet de loi ? S.L. : Mon objectif est clair : présenter en Conseil des ministres le projet de loi avant la fin du mois de janvier prochain. J’ai été transparent dès le début, nous ne pourrons hélas pas entamer la discussion parlementaire sous cette mandature. Mais au moins, notre ambition pour Mayotte sera définie et tout sera prêt pour le début du prochain quinquennat. Après plusieurs mois de travail – dont une réunion des ministres autour du premier ministre hier même (mercredi) – j’arrive avec des avancées concrètes. Autour des cinq thématiques que j’avais définies pour structurer ce projet (aller vers plus d’égalité en matière de droits sociaux, le renforcement de l’État régalien afin de faire face aux enjeux sécuritaires, migratoires et de sécurité civile, l’accélération du développement de Mayotte, le renforcement du conseil départemental, la jeunesse et l’insertion ) – je vais commencer à donner des orientations précises de ce que nous, avec le président de la République, le premier ministre et l’ensemble du gouvernement, voulons faire pour le territoire. Ce projet de loi et les échanges entre ministres ont aussi permis d’identifier des mesures que nous pouvons prendre sans passer par la loi. Ce déplacement servira à les annoncer et les expliquer. À ce titre, la présence du ministre de l’Intérieur à mes côtés est importante, car le projet de loi doit aussi s’articuler avec des annonces structurantes d’un point de vue régalien. G.D. : Le ministère de l’Intérieur prendra toute sa part dans ce projet de loi déterminant pour les Mahoraises et les Mahorais. Mon premier objectif est de poursuivre le renforcement de la lutte contre l’immigration clandestine. C’est également l’une des attentes prioritaires des habitants ici. Nous irons donc plus loin, au-delà de la mobilisation des moyens que le président de la République a engagé. Les règles d’acquisition de la nationalité par le droit du sol ont été durcies spécifiquement pour Mayotte en 2018, nous irons plus loin dans la loi à venir, par un nouveau durcissement des conditions. Il s’agira également de mieux réguler l’immigration familiale. M.H. : Vous vous doutez que les Mahorais sont sceptiques après les nombreux plans pour Mayotte rédigés depuis plusieurs décennies… En deux mots,

qu’est-ce que cette loi va changer dans le quotidien des habitants ? S.L. : Un projet de loi, ce n’est pas un simple plan ! De plus, c’est rare qu’un projet de loi soit consacré uniquement à un territoire, et c’est la première fois qu’un projet de loi est consacré à Mayotte ! Il y a certes eu des plans précédemment, avec des résultats concrets, mais un projet de loi ce n’est pas pareil. Cela mobilise l’ensemble du gouvernement, le Parlement, et cela nous permet d’inscrire de manière structurante des avancées concrètes de premier ordre : ce ne sont pas des mesurettes conjoncturelles. Cette fois, on change la loi pour prendre en compte, dans la République, les enjeux spécifiques de Mayotte, et de par là-même améliorer et parachever une départementalisation réussie. Je pense notamment au droit de la nationalité pour lutter contre l’immigration clandestine ou à l’adaptation des normes de construction pour développer plus rapidement les infrastructures et le logement sur le territoire, tout en respectant le patrimoine naturel exceptionnel de l’archipel. Prendre en compte ses particularités, mais offrir la même promesse républicaine partout en France, y compris sur le territoire mahorais. La convergence vers l’égalité des droits constitue l’un des sujets importants sur lequel nous avons d’ores et déjà pris des décisions très importantes dans le cadre de la mandature actuelle. Si je veux que les Mahoraises et Mahorais ne retiennent qu’une seule chose de ce projet de loi, c’est que cette fois, nous voulons aller vite pour développer le territoire. Je sais qu’ils en ont marre d’attendre, et il y a urgence ! Les attentes sont aussi très fortes concernant l’immigration clandestine. M.H. : Le gouvernement d’Emmanuel Macron n’a eu de cesse de communiquer sur le renforcement des moyens de la LIC (opération Shikandra, destruction des bidonvilles avec la loi Elan…). Si les chiffres semblent probants sur le papier, la population dénonce toujours sur le terrain les arrivées massives de kwassa kwassa, et a le sentiment très ancré qu’elles pourraient toutes être empêchées grâce aux technologies modernes… Que répondez-vous face à ces critiques ? G.D. : Les chiffres sont pourtant très parlants, l’opération Shikandra a permis d’obtenir de vrais succès : en 2019, dernière année de référence, nous avons atteint un niveau record d’éloignement avec 27.400 éloignements. Depuis le 1er janvier, 14 700 éloignements ont été conduits, et ceci malgré les très nombreuses contraintes sanitaires. Depuis le début de l’année 2021, 75% des kwassa kwassa

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détectés ont été interceptés ou ont fait demitour : comparé à 2019, ce sont plus de 1 300 étrangers en situation irrégulière qui n’ont pas réussi à atteindre Mayotte. Les opérations de destruction des bidonvilles se poursuivent, elles sont concrètes et visibles pour les habitants. Nous allons poursuivre et accentuer notre mobilisation, par le recours à la surveillance aérienne, qui reprendra dans les jours à venir et, je suis en mesure de vous l’annoncer, sera totalement pérennisée en 2022. De nouveaux intercepteurs plus performants sont en construction et seront livrés début 2022. Le dispositif est donc en constant renforcement et amélioration. Les Mahorais ne doivent pas avoir de doute, sur ce sujet, notre détermination est totale. M.H. : Plus précisément au sujet de l’insécurité, le gouvernement met en avant la hausse constante des effectifs (gendarmerie et police). Pourtant, les chiffres de la délinquance explosent. Face à un sentiment d’abandon, on constate de plus en plus d’appels à se faire justice soimême. Comment comptez-vous regagner la confiance des Mahorais ? G.D. : Dès son élection, le président de la République a décidé d’augmenter de 10 000 le nombre de policiers et gendarmes en France. Grâce aux parlementaires de la majorité qui ont voté cet effort important, et je salue ici la députée Ali Ramlati ainsi que nos deux sénateurs Thani Mohamed Soilihi et Abdallah Hassani, les effectifs de police et de gendarmerie ont augmenté de 45% depuis 2017, cela représente 381 policiers et gendarmes nets de plus en quatre ans, aucun autre territoire n’a bénéficié d’un tel renforcement des effectifs. Cet effort est justifié par la pression migratoire, mais également par la violence que subissent ici nos concitoyens. En début d’année, et en lien étroit avec le ministre des Outre-mer, j’ai décidé l’envoi très rapide de renforts pour faire face à cette violence : deux pelotons de gendarmes mobiles et une dizaine d’enquêteurs de gendarmerie, soit 42 gendarmes projetés rapidement. Notre objectif était bien de sécuriser le territoire, de mettre fin aux violences, mais également

d’interpeller plus rapidement les auteurs pour les mettre à la disposition de la justice. C’est ce qui a été fait car douze individus ont été interpellés puis placés sous écrous dans le cadre de trois homicides, faisant suite à des affrontements entre bandes. Seul ce travail de présence sur le terrain et d’enquête permettra d’obtenir des résultats durables. La lutte contre cette délinquance de plus en plus violente constitue l’un des objectifs que je fixe au préfet de Mayotte et aux forces de police et de gendarmerie, je leur rappellerai au cours de mon déplacement. Mais pour aller plus loin, nous aurons besoin du soutien des élus pour développer encore la médiation sociale, la vidéoprotection, les polices municipales : c’est parce que nous aurons une réponse globale et cohérente que nous ferons reculer cette violence et ces phénomènes de bande. L’État sera à leurs côtés pour progresser sur ces sujets. M.H. : À l’inverse des autres DOM, Mayotte n’est pas encore touchée par la “quatrième” vague. Quelles décisions fortes comptez-vous prendre pour que l’île aux parfums ne revive pas un pic épidémique comme en début d’année civile ? S.L. : Je ne cesserai de le redire : la seule solution pour se protéger du virus et de ses variants, c’est la vaccination ! Si nous voulons éviter à Mayotte ce que nous vivons dans les Antilles et en Polynésie – et j’aurais l’occasion de le dire sur place – il faut se faire vacciner. Les doses sont présentes en nombre sur le territoire, Mayotte, comme tous les Outre-mer, ont été les premiers territoires dotés de la République ; nous avons très tôt élargi la cible vaccinale pour tenir compte des spécificités de la pyramide des âges de Mayotte ; les centres de vaccinations sont présents en nombre et je tiens à saluer le dévouement des élus et des volontaires. Il faut maintenant poursuivre l’effort et que chacun aille se faire vacciner, ou puisse convaincre son entourage si c’est déjà fait pour lui. Je peux comprendre qu’il faille faire de la pédagogie autour de ce vaccin, nous continuerons à le faire, mais nous sommes dans une course contre la montre face à cette épidémie. n

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PENDANT CE TEMPS-LÀ, L’ÉQUIPE DU PETIT DOM LES ATTEND DE PIED FERME C’est devenu une tradition. Depuis 2015, toute visite ministérielle s’accompagne d’un bizutage respectueux, mais incisif du collectif du Petit Dom. La venue de Sébastien Lecornu et de Gérald Darmanin ne dérogent pas à cette règle, malgré leurs annulations à répétition “qui ont bien failli nous lasser ”. Voici le message retranscrit en intégralité : On n’y croyait plus ! Je viens – Je viens plus ! Je viens-je viens plus ! Bon c’est vrai aussi que y’a des sujets bien plus essentiels que les 375 km² de terres tropicales plantées au beau milieu des îles de la Lune… Mais alors du coup… On ne sait plus trop…

Visite de courtoisie ? Loi programme ? Vigilance sanitaire ? Misère humaine ? Rattrapage social ? Détresse sécuritaire ? Grands projets ? Allez hop ! Vous avez 4 jours pour régler tout ça !!! Bah oui, mais à force de reculer… Faut sauter plus haut, et plus loin ! En attendant, notre Petit Dom, il est bien énervé ! Ça fait si longtemps qu’il dénonce et que rien (ou pas grand-chose) ne change… Les gosses viennent toujours à l’école pour avoir le goûter, au collège pour avoir la collation, et au lycée pour… se sentir en sécurité ! – Les promeneurs se comparent les cicatrices et les porte monnaies vidés, – les automobilistes font toujours le bonheur des carrossiers, – les travailleurs ne décollent plus le pied gauche de l’embrayage, – les scootéristes se foutent du masque mais louent le casque, (et les coudières, et les genouillères, et les armures…), – les restaurateurs usent leurs casseroles au rythme de nos QR codes, – les chefs d’entreprises pansent leurs salariés éborgnés (et leur compte d’exploitation 2020), – les villageois, passé le soir, tremblent toujours sous leurs draps, – les fonctionnaires sont toujours ravis de faire leur rentrée au commissariat, – les touristes sont toujours surpris qu’on les salue à coup de Chombo, – les assoiffés subissent toujours les affres d’incompétents escrocs libres comme l’air (bah voui… C’est comme ça !). Qu’est-ce qu’on oublie encore… ? … Ah si… Ce qui change assurément, c’est que grâce au Pass sanitaire, maintenant, on se sent en “ sécurité ” !!! C’était vraiment prioritaire à Mayotte. Merci. Nous vous souhaitons quand même une belle visite de notre île aux parpaings… N’en veuillez pas à notre Petit Dom de la ponctuer de quelques petites insolences ! L’équipe du Collectif Ton Petit Dom

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DOSSIER

C.D

REPORTAGE

IMMIGRATION, SÉCURITÉ, INSERTION

LES MINISTRES ONT ATTERRI SAMEDI MATIN À DZAOUDZI, POUR UN VOYAGE DE QUATRE JOURS SUR L’ÎLE AUX PARFUMS. DES LE WEEK-END, LE TON ÉTAIT DONNÉ EN MATIÈRE D’INSÉCURITÉ ET D’IMMIGRATION CLANDESTINE. PLUSIEURS ENVELOPPES DOIVENT ÊTRE DÉBLOQUÉES PAR L’ÉTAT AVANT MÊME LA LOI MAYOTTE.

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Enfin ! Il aura fallu trois meurtres en Petite-Terre, un nouveau confinement, deux lycéens tués et un nouvel anniversaire de la départementalisation pour voir à nouveau un ministre fouler le sol de Mayotte. Les ministres des Outre-mer et de l’Intérieur, Sébastien Lecornu et Gérald Darmanin, ont atterri ce samedi sur l’île au lagon avec un programme chargé pour ces quelques jours. Au menu : gerbe de fleurs, immigration clandestine, sécurité et insertion. Si les colliers de fleurs ont manqué à leur arrivée, une poignée d’élus était bien présente, en rang d'oignons sur le tarmac pour leur réserver un accueil républicain, avant la cérémonie du Monument aux morts en présence de la Légion étrangère, place de France à Dzaoudzi. Des moments solennels… mais qui étaient aussi l’occasion pour certains de rappeler d’ores et déjà les attentes fortes du territoire, notamment en matière de délinquance. “Nos attentes, ce sont les attentes des Mahorais, surtout la question

de l’insécurité et de l’immigration, mais aussi au niveau des collectivités un accompagnement plus accentué, et pour le conseil départemental nous les attendons sur la compétence régionale”, a réagi le président du Département Ben Issa Ousséni.

PLUS D’EFFECTIFS ET UN EFFORT “À PROLONGER” Sur les deux premières au moins, l’élu aura obtenu quelques annonces concrètes dès ce samedi. Après des visites à la nouvelle caserne de gendarmerie d’Hajangoua, à la police municipale de Dembéni et au commissariat de police de Mamoudzou, le ministre de l’Intérieur a annoncé un renfort de 40 policiers et gendarmes pour cette année. “Depuis l’élection du président de la République, il y a eu une augmentation continue des effectifs ici, de plus de 400 policiers et gendarmes. Aucun autre territoire de la République en proportion de sa population n’a reçu cet effort consenti par

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le gouvernement”, a rappelé Gérald Darmanin. “Cet effort est à prolonger”, a poursuivi le premier flic de France, avant d’évoquer la thématique de l’immigration clandestine. Parmi les promesses fortes de cette première journée, on retiendra donc également la livraison de deux intercepteurs, un pour la police et un pour la gendarmerie. Le locataire de la place Beauvau a aussi confirmé la pérennisation de la surveillance aérienne entre Mayotte et Anjouan, financée par son ministère à hauteur de quatre millions d’euros pour l’année prochaine. Un dispositif mis en place depuis le 23 janvier 2021 par l’ancien préfet Jean-François Colombet, à l’origine à titre “exceptionnel et temporaire”, pour faire face aux arrivées de kwassas-kwassas en pleine vague épidémique aux Comores. Enfin, Gérald Darmanin a promis une enveloppe d’un million d’euros pour financer la vidéoprotection pour les collectivités locales, une compétence qui revient normalement aux communes. “La mairie de Mamoudzou va mettre en place 122 caméras supplémentaires, en plus des 60 existantes, qui seront ainsi subventionnées par l’État”, a félicité le ministre de l'Intérieur, après un entretien avec le maire de Mamoudzou Ambdilwahedou Soumaïla dimanche. À l’issue de cette rencontre, l'ancien maire de Tourcoing a aussi évoqué sa volonté de mettre en place un système d’information unique pour l’état civil à Mayotte, afin de lutter contre la fraude, une proposition qui devrait être intégrée au projet de loi Mayotte attendu en conseil des ministres pour janvier 2022.

10 MILLIONS D’EUROS POUR LA JEUNESSE DÈS CET AUTOMNE Voilà pour l’aspect répressif. Mais face à des fauteurs de trouble qui ont parfois “14, 13 voire même 8 ans”, les deux ministres se sont aussi engagés à mettre les moyens sur l’aval et la prévention. “Sans attendre la loi Mayotte, dans le projet de loi de finances que le gouvernement va présenter cet automne au Parlement, pratiquement 10 millions d’euros seront débloqués pour la jeunesse”, a garanti Sébastien Lecornu. En visite au régiment du service militaire adapté (RSMA) à Combani dimanche, le locataire de la

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rue Oudinot a confirmé sa volonté de créer une nouvelle compagnie pour former 120 jeunes supplémentaires. Par ailleurs, le ministère des Outre-mer souhaite aussi expérimenter au régiment un bâtiment mère-enfant muni d’une garderie, pour permettre aux mères célibataires d’accéder elles aussi à cette offre de formation de la seconde chance, une première pour le SMA.

LES ENTREPRISES ONT BON DOS Interrogé sur les débouchés de ces formations, alors que le département connaît toujours un fort taux de chômage, Sébastien Lecornu souhaite que les entreprises “jouent aussi

le jeu”. “Il faut lutter contre le travail illégal, dans le bâtiment notamment, les entreprises ont bénéficié des aides du plan de relance qui leur permet d’avoir un carnet de commandes rempli”, a-t-il cité en guise de démonstration. Reste à faire passer la pilule aux patrons, eux aussi éprouvés par la crise, la vie chère et la délinquance, alors qu’à plus moyen terme, le projet de loi Mayotte, censé notamment répondre aux attentes de la population en matière de convergence sociale, risque bien de faire peser une charge supplémentaire sur leur dos... Les deux VIP du week-end devaient justement rencontrer ces “forces vives” lors d’un déjeuner dimanche. Peut-être pour tenter (un peu) d’arrondir les angles... Dur, dur d’être un ministre ! n

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S.P

REPORTAGE

LOI MAYOTTE ET ASSISES DE LA SÉCURITÉ : DE MAMOUDZOU AUX BUREAUX DE L’ÉLYSÉE AU DEUXIÈME JOUR DE LEUR DÉPLACEMENT À MAYOTTE, GÉRALD DARMANIN ET SÉBASTIEN LECORNU, RESPECTIVEMENT MINISTRES DE L’INTÉRIEUR ET DES OUTRE-MER, ONT DONNÉ RENDEZ-VOUS AU MAIRE DE MAMOUDZOU, CHEF-LIEU DE L’ÎLE, AFIN DE RECEVOIR LE PLAN D’ACTION PARTENARIAL QUI FAIT SUITE AUX ASSISES DE LA SÉCURITÉ ET DE LA CITOYENNETÉ. L’OCCASION, AUSSI, D’ABORDER LES AVANCÉES DU PROJET DE LOI MAYOTTE, ET LA REPRISE DE L’ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE ET SOCIALE APRÈS UN AN ET DEMI DE CRISE SANITAIRE.

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“Une démarche à 360 degrés.” C’est ce que défendait dimanche, au lendemain de leur arrivée sur le territoire, les ministres des Outre-mer et de l’Intérieur, à l’issue de leur première rencontre avec Ambdilwahedou Soumaïla, le maire de Mamoudzou. Car au-delà d’être le chef-lieu de l’île et la première ville en termes de population, la commune était instigatrice, en novembre dernier, des premières Assises de la sécurité et de la citoyenneté de Mayotte. Une consultation citoyenne afin de faire émerger un maximum de propositions censées “redonner à notre île sa tranquilité”, selon le premier magistrat de Mamoudzou. Et, après plusieurs mois de travail, l’heure était venue, ce dimanche 29 août, de remettre le plan d’action partenarial aux deux représentants du gouvernement.

Le document tant attendu dresse une série d’engagements “ réciproques à la fois de l’État et de la ville, en matière de prévention”, défend Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer. À titre d’exemple, y figure le développement du système de vidéosurveillance à travers le déploiement prochain de 122 caméras supplémentaires, subventionnées par l’État, alors que la ville en compte aujourd’hui une soixantaine. “ Nous combattons cette spirale de la délinquance également par des effectifs de police supplémentaires”, complète à son tour Gérald Darmanin, premier flic de France. “Je vais aussi étudier l’extension du commissariat de Mamoudzou, pour pouvoir loger ces nouveaux effectifs.”

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De plus, alors qu’il sont actuellement 36 policiers municipaux en poste dans le cheflieu, le maire espère dépasser la barre des 40 d’ici la fin d’année, et projette même “70 postes d’ici la fin de la mandature”, afin de s’aligner progressivement sur la moyenne nationale. En attendant, un poste avancé de la police municipale a déjà été inauguré le 2 septembre à Kawéni afin d’améliorer “la proximité et la visibilité ”. Une installation du même genre est également prévue à Passamaïnty. “Avec le maire, nous avons mis en place un système d’informations qui nous permet d’échanger régulièrement autour de ces objectifs et d’adapter notre action face à la délinquance et la violence”, poursuit Sébastien Lecornu. “C’est sur ces bases là que nous allons pouvoir continuer à travailler sur le diagnostic remis par la ville dans le cadre de ces Assises

LES PREMIÈRES ANNONCES DANS LE CADRE DE LA LOI MAYOTTE Il est l’un des autres enjeux clés de cette visite ministérielle. Alors que le ministère avait annoncé qu’un projet de loi spécifique à Mayotte serait déposé “avant la fin du quinquennat”, l’échéancier semblait avoir pris du retard depuis la réception des propositions formulées par la population au gouvernement. Finalement, les premiers axes prioritaires ont été dévoilés sous le toit de l’Hôtel de ville. Premier d’entre eux, “ la question du logement, qui n’est pas déconnectée de la question sécuritaire”, introduit encore Sébastien Lecornu. “Nous devons poursuivre les opérations de destruction de bangas, entamées ces dernier mois. S’il y a de l’habitat indigne,

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c’est qu’il y a des marchands de sommeil. Pour la première fois, nous allons avoir un programme de constructions que nous détaillerons dans les prochains jours et qui permettra de construire un parc de logement social à Mayotte”, et ce afin de faire “concurrence à l’habitat insalubre”. Une politique qui va de pair avec un autre problème bien connu à Mayotte : le manque de terrains disponibles. “C’est pourquoi il nous faut avancer sur un tribunal foncier”, qui devrait être inclus au projet de loi Mayotte, à l’instar du renforcement des moyens de la commission d’urgence foncière. “Nous souhaitons aussi que les cadis jouent un rôle de médiateurs très opérationnels à ce sujet”, envisage le ministre des Outre-mer. Pour développer l’ensemble de ces stratégies, des fonds supplémentaires pourront être mobilisés, notamment à travers l’augmentation de la dotation globale de fonctionnement pour l’ensemble des collectivités ultramarines : “Sur la seule commune

de Mamoudzou, c’est plus de 40% d’augmentation de la DGF depuis 2017, en volume globale sur l’ensemble des communes de Mayotte, cela représente plusieurs millions d’euros supplémentaires.” Enfin, dans le cadre de la lutte contre l’immigration, l’une des priorités du projet de loi Mayotte, “il y a un enjeu majeur sur l’état civil et la falsification des documents, comme les reconnaissances de paternité”, estiment les ministres. D’où l’idée de la création d’un “système d’informations unique à Mayotte, qui n’a jamais été fait ailleurs”, qui permettra d’unifier l’ensemble des services d’état civil du département pour détecter plus facilement la fraude lorsqu’une même demande sera déposée dans plusieurs communes en même temps. “ Tout cela est aujourd'hui compliqué à faire, nous le faisons à posteriori dans le cadre de l’enquête judiciaire, désormais nous proposons de le faire en amont pour agir plus rapidement”, complète Gérald Darmanin. n

UN RENDEZ-VOUS AVEC LES ACTEURS ÉCONOMIQUES ET SOCIAUX Après le rendez-vous en mairie, direction, pour les deux ministres, le trottoir d’en face. C’est au restaurant Le Moana que Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu devaient rencontrer les acteurs du monde économique et social, afin de leur expliquer “ce que l’État déploie en la matière”. Ce temps de parole à huis clos a été aussi et surtout l’occasion d’aborder la crise sanitaire, qui a frappé de plein fouet ces deux champs de la vie publique. Il n’y aura pas de reprise économique durable et possible sans protection de la population”, martèle le ministre des Outre-mer, en référence au faible taux de vaccination dans les territoires ultramarins : “La reprise de l’épidémie est possible à Mayotte, il faut le dire et c’est ce à quoi je suis confronté aux Antilles et en Polynésie française. Le retour à la vie normale est quand même la plus belle des reprises économique et sociale.” Mais d’autres sujets sont inscrits au menu, comme “les grands investissements de l’État en matière d’infrastructures” : piste longue, port de Longoni, travaux publics et BTP en tête, afin de “faire émerger des filières et commencer à parler de tourisme”. Car en gagnant en attractivité, Mayotte deviendrait une candidate de choix pour l’organisation des Jeux des Îles de l’océan Indien, en 2027. Sa candidature d’ailleurs “pleinement soutenue par le gouvernement et le président de la République”. Un cheval de bataille qui séduit également Ambdilwahedou Soumaïla : “L’excellence sportive et éducative est un enjeu important sur un territoire à la population aussi jeune que Mayotte. Il faut donner de l’ambition et de l’espoir à nos jeunes !”, via le développement du numérique à l’école et le renforcement de l’apprentissage des langues étrangères, “pour leur donner l’opportunité de s’exporter au-delà même de nos frontières”.

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C.D & R.G

FLORILÈGE

MARSEILLAISE, TOURISME PALESTINIEN ET CAMÉLÉON… TOUT AU LONG DU WEEK-END, LA RÉDACTION DE MAYOTTE HEBDO A PISTÉ TANT BIEN QUE MAL LES MINISTRES DES OUTRE-MER ET DE L'INTÉRIEUR, SÉBASTIEN LECORNU ET GÉRALD DARMANIN, LORS D’UNE VISITE TRÈS PROTOCOLAIRE… QUI A TOUTEFOIS OFFERT SON LOT D’ANECDOTES SALVATRICES. Plus d'un an qu'aucun ministre n'avait posé les pieds dans le 101ème département. La dernière visite d'envergure remontait en effet à mai 2020, époque à laquelle Annick Girardin avait débarqué à la surprise générale pour surtout atténuer les tensions et les crispations entre l'agence régionale de santé et la préfecture. Depuis, pas grand chose à se mettre sous la dent, à l'exception d'Adrien Taquet, secrétaire d'État en charge de l'enfance et des familles, en octobre dernier... Avec la venue du duo Sébastien Lecornu et Gérald Darmanin, l'heure des retrouvailles protocolaires a de nouveau sonné. Avec son lot d'anecdotes croustillantes.

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LA MARSEILLAISE EN SHIMAORÉ : “PEACE OF CAKE” En amont de la visite de l'hôtel de police municipale de Tsararano, Sébastien Lecornu et Gérald Darmanin ont pu savourer une Marseillaise du genre plutôt pittoresque. Face à eux, 30 enfants âgés de 6 à 12 ans entonnent l'hymne national en shimaoré, sous les ordres de l'animateur communal, Oussene Attoumani. Une deuxième prestation publique après celle réalisée lors des festivités du 14 juillet. “ Quand ils ont su qu'ils chantaient devant les ministres, ils étaient tout excités ! ” Même pas le trac ! Selon ce chef d’orchestre, c'était “peace of cake”.

“EST-CE QUE NOUS AVONS LES MÊMES DOLÉANCES ?” Le maire de Dembéni, Saïdi Moudjibou, n'hésite jamais à sortir le bleu de chauffe lorsqu'il s'agit de défendre les intérêts de sa commune. Pour preuve, il a remis en mains propres une enveloppe nominative, contenant un certain nombre de revendications, aux membres du gouvernement. “Est-ce que nous avons les mêmes doléances ?”, s'amuse le ministre des Outre-mer. Après y avoir jeté un regard furtif, les deux hommes politiques rangent délicatement le précieux sésame à l'intérieur de leur veston respectif.

PIANO PIANO SUR LE CHAMPIGNON Y a pas à dire, la délégation parisienne s'est déplacée en masse. Avec pas moins de 11 véhicules mobilisés, le dispositif pouvait difficilement passer inaperçu lors du trajet entre Tsararano et Mamoudzou samedi en fin d'après-midi pour rejoindre le commissariat de la ville chef-lieu. Pour ne pas faire perdre une minute au cortège, chaque intersection est bloquée par les forces de l'ordre. Et gare aux deux roues qui tentent un dépassement ! Car oui, en queue de peloton, le service de sécurité fait signe aux motards de rester bien au chaud derrière la voiture balai. Un ordre relayé à plusieurs reprises – avec plus ou moins de succès – par un scootériste qui prend un malin plaisir à imiter les faits et gestes du chauffeur cagoulé devant lui.

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“IL AVAIT ENVIE DE VISITER L'ÎLE ?” En avril dernier, un Palestinien s'était introduit dans la cour du commissariat de Mamoudzou, muni d'un pic à brochette, avant d'être maîtrisé par plusieurs agents en service. Deux d'entre eux ont été mis à l'honneur lors du déplacement du ministre de l'Intérieur. Un épisode qui a donné lieu à une discussion loufoque entre Gérald Darmanin et Laurent Simonin, le directeur territorial de la police nationale : “Comment il est arrivé ici ?” ; “Par la porte là !” ; “Non, sur le territoire ?” ; “Par avion, il avait un visa ! ” ; "Ahhh, il avait envie de visiter l'île ?”

“M je v oi aus si form ais er M vous le d ons épu ieur té "

AH, LA GRANDE FAMILLE RÉPUBLICAINE ! Attention, moment de complicité à droite ! Après la diffusion d’un spot sur la formation dispensée au RSMA, Sébastien Lecornu et Mansour Kamardine s'échangent des petits mots doux. “Moi aussi je vais vous former Monsieur le député. Vous former à être dans la majorité, pour réformer ! Je prendrai Monsieur le Maire aussi [Mohamed Bacar, maire de Tsingoni et président Les Républicains à Mayotte].” S’il y avait encore des doutes sur la stratégie à mettre “ en marche ” d’ici à 2022...

“ C'EST LA RÉPUTATION QUE J'AI ” Alors que Sébastien Lecornu et Gérald Darmanin s'apprêtent à aller ripailler gentiment avec les grands patrons, une fan passe par là. A Tourcoing ou ailleurs, cette réserviste a déjà rencontré le ministre de l'Intérieur. “S'il-vous-plaît, ce serait possible de prendre une photo avec vous ?”, demandet-elle, sans un regard pour Lecornu, qui aimerait bien parler vaccins. “Merci, c'est super sympa. ” Darmanin sourit. “C'est la réputation que j'ai.”

QUAND LA POLICE CACHE LA POUSSIÈRE SOUS LE TAPIS Difficile d'accès, une casse des Hauts-Vallons abrite depuis une dizaine de jours une quinzaine de véhicules “hors d'usage” de la police nationale. “Les Dusters, ils roulent”, assure le gérant, pas spécialement ravi de nous voir fouiner de bon matin. “Je vais me faire tirer les oreilles si je cause.” Le problème : peu de monde semble au courant de ce grand ménage de printemps. Selon nos informations, le déménagement viserait en réalité à laisser la place à la brigade canine. Pourtant, on nous glisse aussi dans l'oreille que l'intégralité du parc automobile retournera bientôt à l'envoyeur. Qui croire ? Hasard du calendrier ou pas, reste qu'une photo officielle du premier flic de France devant une carlingue cabosssée, ça fait un peu tâche.

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“CONTINUEZ À FAIRE SEMBLANT DE RECRUTER QUELQU’UN QUI EST DÉJÀ ENGAGÉ” C’est pas tous les matins qu’on reçoit du beau monde, alors au RSMA, les militaires ont bien veillé à mettre les petits plats dans les grands. Façon jeu de piste dans l’enceinte du régiment, Sébastien Lecornu a été invité à suivre les étapes de la formation, du jour J du recrutement, au D-Day de l’embauche. Et, sûrement triés sur le volet, les volontaires disciplinés ont vraiment joué le jeu pour les beaux yeux de leur ministre. “Ce sont vraiment des personnes qui souhaitent s’engager ?”, s'enquiert-il auprès du lieutenant-colonel devant le faux stand de recrutement. Rires gênés. “Ah bon… bah continuez à faire semblant de recruter quelqu’un qui est déjà engagé alors !” À quand la formation théâtre ?

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“IL CROIT QU’ON NE LE VOIT PAS. C’EST RATÉ…” Pause cuteness en plein RSMA. Le cortège pile. Là, juste là, un petit caméléon tout vert fluo traverse péniblement le trottoir devant les souliers cirés du ministre. “Oh c’est quoi ça ?” Les flashs crépitent et la pauvre bête tente tant bien que mal d’échapper à cette célébrité soudaine. “Il croit qu’on ne le voit pas, c’est raté”, glisse un Sébastien Lecornu conquis. Quand on vous disait qu’ils savaient y faire, ces militaires !

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DOSSIER

C.D

REPORTAGE

L’IMMIGRATION ET L’HABITAT ILLÉGAL DANS LE VISEUR

LUNDI, POUR UNE TROISIÈME JOURNÉE DE VISITE (ET DERNIÈRE DANS LE CAS DU MINISTRE DE L’INTÉRIEUR), LES DEUX MEMBRES DU GOUVERNEMENT ONT ANNONCÉ DE NOUVELLES MESURES POUR LUTTER CONTRE L’IMMIGRATION ET LA PROLIFÉRATION DES BIDONVILLES. DES PROMESSES DONT CERTAINES RESTENT CONDITIONNÉES À LA VALIDATION DU PROJET DE LOI MAYOTTE. Kahani, 15h30. Sous les chapiteaux bleu-blancrouge et le vacarme des percussions crachées par les baffles, les élus et autres figurants attendent. Longtemps. Tout à coup, les regards éteints s’illuminent en se tournant vers les hauteurs, pourtant assombries par des nuages denses. La délégation apparaît, enfin ! Souliers noirs et baskets blanches recouverts d’une épaisse couche de terre orange, voilà le digne souvenir d’une vraie virée dans les bangas. Quelques minutes plus tard, silence pour écouter le ministre. “Ce qui compte aujourd’hui, c’est de se projeter en 2031, quand on fêtera les 20 ans de la départementalisation. Et en 2031, pour ces vingt ans, ce qu’on ne voudra plus voir, c’est ce qu’on a vu, là, derrière cette colline ! C’est ce qui doit tous nous réunir !”, s’exclame Sébastien Lecornu avec emphase, aussitôt suivi par les applaudissements conquis de la foule. Pour cette troisième journée de visite, le ministre des Outre-mer (seul) était en effet venu s'imprégner d’une autre réalité critique du territoire : la prolifération des bidonvilles. Et le choix du lieu ne tient pas au hasard. C’est là, à une centaine de mètres de la caserne de pompiers de Kahani, que le préfet de Mayotte finalisait en novembre 2020 la première

opération de destruction effectuée dans le cadre de la loi Elan. En tout, une centaine de cases ont été démolies sur ce terrain du conseil départemental, qui doit accueillir le nouveau hub pour les transports scolaires. Un an plus tard, la collectivité a ainsi profité de la venue du ministre pour inaugurer ces belles voies de bus fraîchement goudronnées.

1.000 CASES DÉTRUITES EN 2020 L’occasion pour les services concernés de vanter les mérites de cette loi, qui “permet au préfet d’ordonner la démolition des cases sans ordonnance du juge, à condition d’une enquête sociale, sanitaire et en garantissant le droit à des propositions d’hébergement temporaire à chaque habitant”, rappelle Jérôme Millet, le secrétaire général de la préfecture. “Cette politique n’a pas d’équivalent sur le territoire national, et nous avons ainsi pu détruire 1.000 cases en 2020, contre 50 en 2019.” Pour poursuivre sur cette lancée, le locataire de la rue Oudinot a profité de son passage au pupitre pour annoncer de nouvelles mesures, dans le cadre de la loi Mayotte qu’il doit présenter en conseil des ministres en

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janvier. Ainsi ce nouveau texte prévoit-il de permettre la démolition immédiate de toute construction illégale de moins de 96h, allongeant par là le délai de flagrance, qui ne laisse jusqu’à présent que 48h au maire pour agir. “Les lignes budgétaires pour ces destructions vont continuer à être abondées par mon ministère”, notamment dans la prochaine loi de finances pour 2022, promet Sébastien Lecornu. Par ailleurs, pour construire plus de logements neufs, la loi Mayotte entend aussi créer un tribunal foncier, renforcer les pouvoirs de la CUF (commission d’urgence foncière) et créer un établissement public du Grand Mayotte pour mettre à disposition de tous des moyens et un savoir-faire dans les infrastructures. Autre nouveauté et pas des moindres : “nos discussions avec Action Logement avancent et nous serons à même d’avoir un deuxième bailleur sur le département”, promet le ministre.

“CHANGEMENT PROFOND ET RÉVOLUTIONNAIRE” DU DROIT DU SOL Un peu plus tôt dans l’après-midi, et accompagné cette fois du ministre de l’Intérieur, l’ancien maire de Vernon avait

réitéré sa promesse d’aller plus loin et plus vite, également en matière d’immigration clandestine. Après leur virée à bord d’un intercepteur entre Mayotte et Anjouan, les deux membres du gouvernement ont ainsi souligné une fois de plus la pérennisation de la surveillance aérienne et la livraison prochaine de deux intercepteurs. L’aménagement de postes avancés au nord, pour permettre aux équipes de la police aux frontières et de la gendarmerie d’intervenir plus rapidement sur l’eau, a aussi été remis sur la table. Plus important encore, deux propositions dans le projet de loi Mayotte viendront muscler un peu plus la réponse à l’immigration clandestine : les patrouilleurs pourront se rendre dans les zones contigües pour stopper les kwassas plus en amont ; et le droit du sol sera davantage limité, en conditionnant l’acquisition de la nationalité pour un enfant né sur le territoire à la présence régulière et ininterrompue pendant un an, contre trois mois actuellement, de l’un au moins de ses parents. “C’est un changement profond et révolutionnaire pour les Mahorais qui va permettre de lutter contre l’attractivité de Mayotte”, vante Gérald Darmanin. Des fois que les images de bidonvilles continuent à en faire rêver certains... n

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DOSSIER

C.D

REPORTAGE

SECOND HÔPITAL À MAYOTTE : “DANS LES SEMAINES PROCHAINES, UN CHOIX DE TERRAIN DEVRA ÊTRE FAIT”, ASSURE LECORNU POUR SON QUATRIÈME ET DERNIER JOUR DE VISITE, LE MINISTRE DES OUTRE-MER A INAUGURÉ LE SITE MARTIAL HENRY EN PETITE-TERRE, DOTÉ D’UNE CINQUANTAINE DE LITS POUR LES SOINS DE SUITE ET DE RÉADAPTATION. L’OCCASION DE RAPPELER LA NÉCESSITÉ DE CONSTRUIRE UN DEUXIÈME CENTRE HOSPITALIER À MAYOTTE, QUI N’EST D’AILLEURS PAS À L’ABRI D’UNE NOUVELLE VAGUE DE COVID. Tandis qu’un malade clopine le pied dans le plâtre, à quelques mètres, la foule en émulation n’a d’yeux que pour le ministre, qui vient tout juste d’arriver sur le nouveau site Martial Henry. “Attends, je remets mon rouge à lèvres !”, babille une soignante avec une collègue, en soulevant son masque. Le discret logo “CHM” brodé sur leurs salouvas d’un blanc impeccable donne une indication sur le contexte de ce rassemblement, qui mêle dans le désorde élus, directeurs et professionnels de santé. “Ah, il n’y a pas que

des élus, il y a quand même aussi des gens qui travaillent à l’hôpital !”, s’exclame Sébastien Lecornu après une enième poignée de mains. “Si je peux me permettre Monsieur le ministre, c’est la maman de toutes les sage-femmes, à Mayotte… C’est la maman de 5.000 enfants par an, quelque part”, introduit Dominique Voynet, la directrice de l’ARS. Comme un clin d’œil aux capacités hospitalières limitées du 101ème département, face à sa démographie galopante…

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Justement, la venue du ministre des Outre-mer ce mardi est l’occasion d’inaugurer (enfin) le nouveau site du centre hospitalier de Mayotte en Petite-Terre, dédié aux soins de suite et de réadaptation. Ouvert en catastrophe pendant la vague du début d’année, liée au variant sud-africain, le centre a depuis peaufiné ses dernières finitions, pour une ouverture officielle depuis le 1er juillet 2021. Il remplace ainsi le site de Dzaoudzi et le dispensaire de Labattoir et propose une nouvelle offre de soins SSR de 50 lits, pour limiter le recours aux structures de La Réunion. Et depuis ce mardi, le bâtiment a donc sa plaque inaugurale, dévoilée devant les caméras et le ministre.

LE SECOND HÔPITAL SUR LES RAILS ? Au suivant ! Car dans le contexte de crise du Covid-19, les capacités hospitalières, et notamment les 16 lits que compte le service de réanimation du CHM de Mamoudzou restent encore largement insuffisantes pour un territoire aussi densément peuplé que Mayotte. “Il faut prévoir dès maintenant le second hôpital”, souligne celui qui a donné son nom au site, le Dr Martial Henry. Un sujet que le locataire de la rue Oudinot n’a d’ailleurs pas ignoré, à l’occasion de cette inauguration. “Ce second hôpital, c’est toujours la priorité du gouvernement. Les sommes sont inscrites dans les lois de finances. Et dans les prochains jours ou les prochaines semaines, un choix de terrain devra être fait sur la base de critères objectifs, notamment la prévention des risques naturels en cas de crise climatique”, promet Sébastien Lecornu. L’on s’étonnera peut-être, en passant, que ce fameux climat, “combat du siècle”, ait été le grand absent

de cette visite de quatre jours, comme d’ailleurs des cinq volets de la loi Mayotte. Dommage pour une île en proie à la crise de l’eau et, bientôt, aux conséquences du réchauffement planétaire…

PAS À L’ABRI D’UN NOUVEAU CONFINEMENT C’est que le gouvernement a bien d’autres “inquiétudes”. “Avec 20% de personnes qui présentent un schéma vaccinal complet, on est loin d’une protection forte. Si un nouveau variant devait pénétrer l’archipel, on ne serait pas à l’abri d’une nouvelle épidémie grave, et peut-être de confinements. (…) Je repars, à court terme, avec une inquiétude réelle”, explique ainsi le ministre lors de son second déplacement du jour, pour visiter un centre de vaccination au lycée de Petite-Terre. L’occasion pour lui de marteler le message gouvernemental, sans pour autant annoncer de mesures nouvelles. À peu près au même moment, le conseil scientifique appelait d’ailleurs à anticiper la vague du variant Delta en Guyane, à La Réunion et à Mayotte. Malgré un taux d’incidence encore très faible (25/100.000 habitants) sur l’île aux parfums, celui-ci connaît une “croissance constante depuis quelques semaines” avec un taux de dépistage faible. L’arrivée du variant Delta « pourrait aggraver rapidement la situation, sachant que les capacités hospitalières y sont limitées », met en garde le conseil qui préconise de prendre précocement des mesures de freinage à titre transitoire, compte tenu du niveau bas de vaccination. n

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DOSSIER

S.P

DÉCRYPTAGE

SÉCURITÉ ET IMMIGRATION : APRÈS LA VISITE DES MINISTRES, UN BILAN EN DENTS DE SCIE POUR LES ACTEURS LOCAUX APRÈS UNE MYRIADE D’ANNONCES FORMULÉES PAR LES MINISTRES DE L’INTÉRIEUR ET DES OUTRE-MER LORS DE LEUR DÉPLACEMENT À MAYOTTE, L’HEURE EST VENUE DE FAIRE LE POINT AVEC LES ACTEURS LOCAUX. SI CERTAINS APPLAUDISSENT DES DEUX MAINS LES AVANCÉES PROMISES, D’AUTRES CRAIGNENT UN EXERCICE DE « POLITIQUE POLITICIENNE ». Avant même de poser le pied à Mayotte, Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu l’avaient promis : la sécurité et la lutte contre l’immigration clandestine seront les enjeux les plus importants de leur déplacement vers le 101ème département. Renfort d’effectifs, de moyens, de matériel, le ministre de l’Intérieur n’a en effet pas lésiné sur les annonces, qui, aux yeux du député Mansour Kamardine « vont dans le bon sens ». Un constat que tous ne partagent pas. S’agissant du recrutement de 40 policiers et gendarmes supplémentaires annoncés

d’ici la fin de l’année, Aldric Jamey, délégué départemental du syndicat Alternative Police, reste sceptique : « Est-ce que ça va être des adjoint de sécurité ou, comme d’habitude, simplement des effectifs qui vont remplacer ceux qui partent ? Dans tous les cas, on restera en sous-effectif... » Autre annonce phare : la livraison de deux intercepteurs supplémentaires, un pour la police, le second pour la gendarmerie, afin de renforcer la lutte contre l’immigration clandestine en mer. « C’est une bonne nouvelle, tout comme la volonté de renforcer la surveillance aérienne. Actuellement, pour un kwassa intercepté,

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il y en a cinq autres qui réussissent à passer », estime le syndicaliste. « Mais on ne pourra pas endiguer le flux migratoire tant que la politique restera la même : on nous demande du chiffres [concernant les arrestations et les reconduites, ndlr], sans s’inquiéter des capacités du centre de rétention administrative ou des conditions des collègues qui travaillent là-bas à flux tendu pendant 12 heures non-stop. C’est surtout au CRA que nous avons besoin de renfort ».

« LA POLITIQUE DU CHIFFRE PRIME SUR LA LUTTE CONTRE LA DÉLINQUANCE » « La solution n’est pas d’expulser à tour de bras. En 2019, malgré le nombre énorme d’expulsions, la délinquance a explosé », rappelle encore Aldric Jamey, qui cite pour preuve la hausse de 60% des faits délictueux sur la seule fin de l’année. « La culture du chiffre prime sur la lutte contre la délinquance : aujourd’hui, quand on est policier à Mayotte, il vaut mieux interpeller 200 étrangers en situation irrégulière plutôt que mettre en prison trois auteurs de violences ou de vol. » Si, à l’instar de la préfecture et des autres autorités locales, le policier considère que l’immigration nourrit la délinquance, les reconduites ne sont, selon lui, pas la meilleure façon de les combattre : « On devrait éviter que les familles soient expulsées en laissant des mineurs isolés sur le territoire, former davantage les agents sur la question des violences urbaines et peut-être créer dans les services psychiatrique. » Un dernier point récurrent, puisqu’avec une capacité d’une dizaine de lits au sein du service psychiatrique du CHM, nombre de patients atteints de maladies mentales ou autres troubles quittent prématurément les services hospitaliers sans prise en charge adaptée. Les plus dangereux d’entre eux sont donc libres de passer à l’acte ou de récidiver rapidement. Aldric Jamey envisage aussi une augmentation conséquente du nombre de places en prison, doublé d’un durcissement de la réponse judiciaire. En ce sens, Gérald Darmanin a annoncé la création prochaine du premier centre éducatif fermé de Mayotte. Une structure adressée aux mineurs dont le placement peut être ordonné par la justice, afin de leur éviter de passer par la prison, tout en étant strictement encadrés, comme demandé depuis plusieurs années par le sénateur Thani, afin de faire face à la délinquance juvénile, phénomène particulièrement marqué sur le territoire, alors que le quartier des mineurs du centre de rétention de Majicavo ne compte qu’une quarantaine de places.

LES CAMÉRAS DANS LE VISEUR Mais, pour mieux agir sur le terrain avant que ne soit ordonnée toute détention, Alternative Police demande

depuis 2019 la multiplication d’opérations impliquant à la fois gendarmerie, police nationale et municipale « pour répondre plus durement et rapidement aux attaques dans les quartiers ». Contre ces dernières, Gérald Darmanin, reçu dimanche dernier en mairie de Mamoudzou, a dévoilé qu’une enveloppe d’un million d’euros serait allouée chaque année au déploiement massif de la vidéosurveillance partout à travers l’île et, en premier lieu, à Mamoudzou, où seront installées 122 caméras en sus de la soixantaine déjà en fonctionnement. Si, statistiquement, la délinquance est moins forte dans les espaces publics dotés de système de vidéoprotection, l’idée ne fait pas, dans les faits, que des heureux. L’année dernière, la ville de Koungou déployait son premier arsenal de caméras. « Une bonne chose », selon lionel Brun, responsable de la police municipale de la ville. « Cela nous permet d’avoir des images et donc d’identifier plus facilement les mis en cause. » Mais, le cas échéant, « Il nous arrive de retrouver les bandits à l’extérieur après l’instruction d’un dossier... » D’autant plus qu’un autre problème demeure récurrent avant même l’étape de l’identification : « On voit bien que les caméras n’arrêtent pas la violence, puisqu’elles sont cassées sans cesse. » n

UN NOUVEAU DURCISSEMENT DU DROIT DU SOL Les annonces en matière de lutte contre l’immigration clandestine ne se sont pas arrêtées au renforcement de la surveillance et mer et dans les airs. Mais pour compléter ces dispositifs, le ministre de l’Intérieur a formulé un souhait inédit : alors qu’actuellement, au moins l’un des parents de tout enfant né à Mayotte doit avoir séjourné au mois trois mois avant la naissance sur le territoire pour que le nouveau-né bénéficie de la nationalité française, ce délai sera étendu à un an. A condition toutefois que le conseil constitutionnel approuve la mesure, jugée « intéressante » par le député Mansour Kamardine, qui espère toutefois des efforts supplémentaires : « Nous pourrions aller encore plus loin, en faisant en sorte que les demandes de regroupement familial, d’asile ou de permis de séjour soient directement formulées depuis le pays d’origine ou de transit, via les ambassades », alors qu’aujourd’hui, elles doivent légalement être déposées depuis le pays d’accueil. Si le parlementaire salue les décisions prises pour renforcer la surveillance, il suggère aussi le déploiement de drones et l’installation d’un poste avancé de la police aux frontières « au port ou à M’tsamboro » pour être « en contact direct » des flux en mer. A ce sujet, Gérald Darmanin a expliqué étudier la proposition de créer une base avancée sur l’îlot M’tsamboro, déjà demandée quelques années plus tôt par le capitaine de police Chamassi.

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DOSSIER

DÉCRYPTAGE

LES AUTRES MESURES, POINT PAR POINT

PAR-DELÀ LES QUESTIONS LIÉES À LA SÉCURITÉ ET À L’IMMIGRATION, LES MINISTRES ÉTAIENT ATTENDUS DE PIED FERME POUR DÉVELOPPER D’AUTRES THÉMATIQUES À PORTÉE SOCIALE ET ÉCONOMIQUE NOTAMMENT. PETITE SÉANCE DE RATTRAPAGE.

ACCÉLÉRER L’ÉGALITÉ SOCIALE Elle est l'un des quatre piliers de la loi Mayotte, moteur de ce déplacement ministériel : la convergence sociale. Sous le quinquennat précédent, François Hollande avait promis, dans le cadre de la loi sur l’égalité réelle outre-mer, que le rattrapage des droits

sociaux serait achevé à Mayotte d’ici 2036. “Ca sera avant”, a promis Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, au micro de Mayotte La 1ère, en restant toutefois vigilant : car qui dit prestations sociales supplémentaires dit aussi cotisations supplémentaires “pour les employeurs mais aussi pour les salariés !”.

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Alors, “une conférence sociale paritaire” sera organisée “sans tarder” afin de faciliter le dialogue entre les différents acteurs et s’assurer que chacun, à son échelle, est apte à faire face à ces nouvelles cotisations. “Dès qu'on est prêt, on le basculera dans la loi de finances ou la loi de finances pour la Sécurité sociale, pour pouvoir avancer”, développe Sébastien Lecornu : “Au moment où l'on gère encore la crise Covid, où vous avez un économie qui tente de se réamorcer, on va dire qu'on va prendre l'argent des patrons et des salariés, pour créer des droits dans 30 ou 40 ans ? Non. La réponse globale, c'est la progressivité.” Finalement, seules les retraites seront encadrées par voie d’ordonnance afin que le texte soit présenté le plus rapidement possible au Parlement, d’ici début 2022 au plus tard. Alors que la Sécurité sociale définit le montant maximal de la pension de base, celui de Mayotte est presque moitié moins important que celui de métropole. Une décision saluée par le député Mansour Kamardine, qui espère bien ne pas en rester là. “Il faudra sans doute aller plus loin encore…”, glissait-il en mairie de Mamoudzou, pendant que le premier magistrat du cheflieu s’entretenait à huis clos avec Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu. Salim Nahouda, secrétaire général de la CGT, est lui, beaucoup plus méfiant et accuse “un discours de politique politicienne à la veille de l’élection présidentielle”...

DÉVELOPPER LA FORMATION ET L’INSERTION Plusieurs fois lors de leurs déplacements, les deux ministres ont cité en exemple le cas du RSMA, le régiment du service militaire adapté, à Combani. Chaque année, près de 600 jeunes de 18 à 25 ans et éloignés de l’emploi y sont accueillis et formés dans un large éventail de domaines professionnels : électricité, plomberie, menuiserie, peinture, restauration, aide à la personne, etc. Une formule assurément gagnante, puisque 82% des jeunes recrues de la structure en ressortent avec l’opportunité d’approfondir ces enseignements, ou de se jeter dans le grand bain de la vie active. Parmi eux, Houmadi Habib, 23 ans. Depuis l’obtention de son bac, le jeune homme ne parvenait pas à trouver un emploi en tant que conducteur de travaux, faute de pouvoir accéder à la formation nécessaire. Mais, en janvier 2020, las de “rester sans rien faire à la maison”, il intègre le RSMA. "Ça m'a sauvé”, reconnaît-il. “Aucun jeune qui pourrait en avoir besoin ne doit hésiter à faire appel à eux !” Il faut dire que depuis, après plusieurs mois d’intérim, Houmadi Habib s’est vu proposer un contrat à durée indéterminée. Un rêve qu’il ne se serait pas permis il y a à peine plus d’un an.

Cette réussite, le ministère des Outre-mer souhaite la pérenniser, mais surtout, l’étendre. Ainsi, une enveloppe de sept millions d’euros sera prochainement débloquée pour l’extension du site. Il s’agit, dans un premier temps, de pouvoir accueillir une centaine de jeunes supplémentaires, pour viser les 1 000 places d’ici 2025. Et l’idée va plus loin, puisqu’elle prévoit, à terme, de pouvoir accueillir des mères célibataires dans une aile dédiée, qui comprendra une garderie pour les enfants de zéro à trois ans et des logements adaptés. “Cela s'adresse aux jeunes mères de 18 à 25 ans qui souhaitent effectuer une formation au RSMA, sans autres conditions”, précise le capitaine Vincent, officier supérieur adjoint du régiment. “Mais en effet, nous allons avoir besoin de faire des travaux conséquents !”

RÉGLER L’ÉTERNELLE QUESTION FONCIÈRE Or, pour construire et aménager, encore faut-il régler le problème du foncier. En ce sens, Sébastien Lecornu entend créer un tribunal foncier, tout en accroissant les moyens de la commission d’urgence foncière et en créant un “établissement public du grand Mayotte”. De quoi permettre de mener de grands travaux de constructions scolaires, à hauteur de 50 millions d’euros. Quelques mois plus tôt, alors que la campagne pour le siège de la présidence du Conseil départemental battait son plein, Mansour Kamardine a fait du foncier l’une des mesures phares de son programme. Et pour lui, la multiplication des structures n’est pas nécessairement le bon axe : “Nous avons déjà un établissement public du foncier et de l’aménagement, l’EPFAM”, rappelle-t-il d’emblée. “ Cet établissement doit revenir sous la responsabilités des élus !”, à l’instar de ce qui est déjà effectif dans les autres départements d’outre-mer, où ils président eux-même cette structure. “Nous avions déjà le syndicat mixte d’investissement pour l’aménagement de Mayotte (le Smiam) qui a été dissous à la demande express du gouvernement !”, ne décolère pas le parlementaire. “Les opérations de dissolution ne sont toujours pas achevées, alors je considère qu’on peut très bien demander aux élus de revoter pour le remettre en place et faire en sorte qu’on ait un outil porteur de projets de construction scolaire. La solution n’est pas de créer une autre structure pour faciliter les constructions des écoles. Il faudra avoir quelques explications supplémentaires, mais si le souhait est de créer quelque chose pour déposséder les élus de leurs responsabilités, je ne serais jamais convaincu. On ne peut pas militer en faveur de la décentralisation et de l’autre recentraliser les choses de manière indirectes....” n

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DOSSIER

Propos recueillis par R.G

ENTRETIEN

AVEC LES ANNONCES, ROUKIA LAHADJI VEUT CROIRE À UN GRAND RASSEMBLEMENT À MAYOTTE. DURANT QUATRE JOURS, MAYOTTE A ÉTÉ ATTENTIVE À TOUTES LES PRISES DE PAROLE DES MINISTRES DE L'INTÉRIEUR ET DES OUTRE-MER, GÉRALD DARMANIN ET SÉBASTIEN LECORNU. LA SECTION LOCALE DE LA RÉPUBLIQUE EN MARCHE, PAR LA VOIX DE ROKIA LAHADJI, SALUE LES INITIATIVES PRÉSENTÉES PAR LES DEUX MEMBRES DU GOUVERNEMENT ET ESPÈRE QUE LES ENGAGEMENTS PRIS ONT CONVAINCU LES MAHORAIS.

Mayotte Hebdo : Dans le projet de loi de finances présenté cet automne au Parlement, 10 millions d'euros seront débloqués en faveur de la jeunesse. Le nerf de la guerre dans le 101ème département tant plusieurs milliers de jeunes se trouvent toujours en déshérence et sont susceptibles de sombrer dans la délinquance...

Roukia Lahadji : Vous savez, les associations mahoraises portent déjà de multiples projets et accumulent bon nombre de missions, à travers les maisons d'enfants à caractère social et les lieux de vie et d'accueil. Sans oublier les actions d'encadrement en termes de loisirs. Il fallait les renforcer financièrement : c'est désormais chose faite ! Plusieurs milliers de jeunes en déshérence sont encore déscolarisés... Il faut trouver des solutions pour les réorienter vers le chemin de l'école ou les centres de formation. Cette enveloppe arrive donc à point nommé afin de continuer à accompagner les structures et les acteurs de terrain qui luttent contre ce fléau, dans le but de diminuer les actes de violence. M.H. : Comme l'a dit Sébastien Lecornu, il s'agit de mettre les moyens sur l'aval et la

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prévention. Pour autant, le gouvernement n'abandonne pas sa politique de lutte contre l'habitat illégal. Au contraire, le ministre des Outre-mer a annoncé, lors de son déplacement à Kahani ce lundi, son désir d'éradiquer tous les bidonvilles du territoire à l'horizon 2031. Est-ce selon vous une promesse tenable ? R. L. : Le chantier contre l'habitat illégal est en cours depuis maintenant plus d'un an. Des actions concrètes de décasement ont été initiées par l'ancien préfet, JeanFrançois Colombet, avec pas moins de 1.000 cases détruites en 2020. Très bien, mais en parallèle, il faut aussi construire du logement social. Or, pour cela, il faut trouver du foncier disponible et alléger les procédures réglementaires ! Nous relèverons ce défi, si et seulement si, nous arrivons tous, l'État, les collectivités et les propriétaires fonciers, à nous concerter et à nous mettre d'accord. M.H. : De nouveaux moyens ont aussi été promis pour renforcer les effectifs de gendarmerie et de police, pour pérenniser la surveillance aérienne et pour soutenir l'installation de la vidéoprotection. Des mesures « louables » et « offensives » qui ne datent pourtant pas d'aujourd'hui et qui tardent encore à faire leur preuve... R. L. : Une chose est sûre : il faut renforcer la répression ! Sans cela, ce serait le chaos à Mayotte. Effectivement, des fonds supplémentaires doivent arriver en termes de surveillance aérienne, maritime et terrestre, avec le développement de la vidéoprotection. Mais attention, il faut les compléter en lien avec le volet social. L'un ne va pas sans l'autre. Des moyens pour appréhender les jeunes, c'est bien, des moyens pour les encadrer, c'est mieux. M.H. : Dans ce cadre-là, il semble que la construction d'un centre éducatif fermé soit en bonne voie. Comment accueillez-vous cette nouvelle ? R. L. : Les Mahorais, le sénateur Thani en tête, militent pour la construction d'un centre éducatif fermé depuis des années. Nous nous réjouissons que cet écho soit enfin entendu ! C'est un dispositif qui vient enrichir l'arsenal existant qui doit être rénové pour tenir compte de notre réalité actuelle. Il n'y a pas une solution miracle pour éradiquer durablement ce fléau, toutefois cet établissement fait partie des outils nécessaires à mettre en place. M.H. : Aussi bien dans la loi Mayotte que durant cette visite, le thème de l'environnement a été largement oublié. En tant que fondatrice de l'association environnementale Nayma, n'éprouvez-vous pas une certaine amertume à cet égard ?

R. L. : Déçue ? Non... Pas vraiment... Bien d'autres combats devaient être traités en priorité. Évidemment aujourd'hui, l'environnement est celui qu'il nous reste à mener de front. Le lagon de Mayotte est de plus en plus malade ! Si nous le laissons dépérir, nous nous tirerons une balle de pied, au risque de mettre à mal tout un pan de l'économie de l'île. Entretenir les rivières et les mangroves, enlever les déchets en amont et en aval, assurer l'entretien sont autant de réponses à apporter. Et à ce sujet, nous n'avons pas attendu la visite ministérielle pour sensibiliser le préfet et les différents ministères. Comme pour le centre éducatif fermé, nous espérons être entendus favorablement. M.H. : Beaucoup d'habitants ont le sentiment que cette venue s'apparente à un énième coup de communication en perspective des élections présidentielles de 2022... Que répondez-vous à ce sentiment ? R. L. : Le ministre des Outre-mer a mis du temps à se déplacer, mais il est venu ! Il a sillonné le territoire et a rencontré les différents acteurs privés, publics et associatifs. C'est avant tout une reconnaissance. Bien sûr, quoique le gouvernement fasse, il y aura toujours des éternels insatisfaits. Ce ne sera jamais suffisant à leurs yeux... Ici, nous voudrions avoir tout en même temps : le beurre, l'argent du beurre et la crémière. Rome ne s'est pas faite en un jour, non ?! Mayotte se développe très rapidement, en bien et en mal. Nous devons prendre l'exemple et emmagasiner l'expérience des autres territoire, que ce soit d'un point de vue identitaire, environnemental ou structurel. Et nous allons réussir ce challenge si, encore une fois, nous nous concertons et tirons dans le même sens. M.H. : Justement, plusieurs photos sur les réseaux sociaux ont montré une communion entre des élus de différents bords politiques. Comme si les divergences affichées lors des dernières scrutins n'étaient plus qu'un mauvais souvenir... R. L. : Cette séquence avec tous les élus était d'ordre privé. Vous savez quand des ministres se rendent sur un territoire, ils affichent aussi leur costume de militant pour partager des idées et des actions communes. Chez Sébastien Lecornu, j'ai beaucoup apprécié sa volonté de nous rassembler le plus largement possible. Et je dirais que la voix de la raison l'a emporté puisque de nombreux Macron compatibles ont répondu présent à cette invitation. La République en Marche est un parti ouvert. La preuve, nous nous y retrouvons avec le ministre des Outre-mer, qui est un ancien Républicain alors que je suis une ancienne Socialiste. n

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DU 2 AU 12 SEPTEMBRE 2021


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MAGAZINE D’INFORMATION NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros 7, rue Salamani Cavani M’tsapéré BP 60 - 97600 Mamoudzou Tél. : 0269 61 20 04 contact@mayottehebdo.com Directeur de la publication Laurent Canavate canavate.laurent@mayottehebdo.com Directeur de la rédaction Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 38 soldat@mayottehebdo.com Rédactrice en chef Solène Peillard

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Couverture :

Visite ministérielle, enfin !

Journalistes Romain Guille Raïnat Aliloiffa Constance Daire Direction artistique Franco di Sangro Graphistes/Maquettistes Olivier Baron, Franco di Sangro Commerciaux Cédric Denaud, Murielle Turlan Thomas Lévy Comptabilité Catherine Chiggiato compta@mayottehebdo.com Secretariat Annabelle Mohamadi Première parution Vendredi 31 mars 2000 ISSN : 1288 - 1716 RCS : n° 9757/2000 N° de Siret : 024 061 970 000 18 N°CPPAP : 0121 I 92960 Site internet www.mayottehebdo.com

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