Mayotte Hebdo n°976

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TOUTE L’ACTUALITÉ DE MAYOTTE AU QUOTIDIEN

Lu par près de 20.000 personnes chaque semaine (enquête Ipsos juillet 2009), ce quotidien vous permet de suivre l’actualité mahoraise (politique, société, culture, sport, économie, etc.) et vous offre également un aperçu de l’actualité de l’Océan Indien et des Outremers.

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FI n°3839 Lundi 7 mars 2016 St Félicie

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FI n°3822 Jeudi 11 février 2016 Ste Héloïse

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RENSEIGNEMENTS Tél : 0639 67 04 07 | Mail : contact@mayotte-e-velos.yt

FI n°3818 Vendredi 5 février 2016 Ste Agathe

marine le Pen

environnement

Port de Longoni

ConSeil départeMental

Quel accueil se prépare pour la présiDente Du Fn ?

Le Lagon au patrimoine mondiaL de L'unesCo ?

la dsP sur la sEllEttE

pas de changement sUr l’octroi de mer

© Jonny CHADULI

Grève à Panima

TéléThon 2016

Des propositions mais toujours pas D'issue

DemanDez le programme

première parution : juillet 1999 - siret 02406197000018 - édition somapresse - n° Cppap : 0921 y 93207 - dir. publication : Laurent Canavate - red. chef : Gauthier dupraz - http://flash-infos.somapresse.com

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FI n°3997 mercredi 30 novembre 2016 St André

© CR: Gauthier Bouchet

Diffusé du lundi au vendredi, Flash Infos a été créé en 1999 et s’est depuis hissé au rang de 1er quotidien de l’île.

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Économie

SÉcuritÉ

Les appeLs à projets de L'europe

Couvre-feu pour Les mineurs

Première parution : juillet 1999 - Siret 02406197000018 - APE 5813Z - Édité par la Somapresse - Directeur de publication : Laurent Canavate - http://flash-infos.somapresse.com

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Musique

Faits divers

Edmond BéBé nous a quitté

ViolEncE En cascadE

Première parution : juillet 1999 - Siret 02406197000018 - APE 5813Z - Édité par la Somapresse - Directeur de publication : Laurent Canavate - http://flash-infos.somapresse.com

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MCG VS SMart

ViCe-reCtorat

UltimatUm oU véritable main tendUe ?

l’institUtion répond aUx critiqUes

Première parution : juillet 1999 - Siret 02406197000018 - APE 5813Z - Édité par la Somapresse - Directeur de publication : Laurent Canavate - http://flash-infos.somapresse.com

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LE MOT DE LA RÉDACTION

MAYOTTE BOUT Sébastien Lecornu ne viendra finalement pas à Mayotte. Ni en Guadeloupe, où la situation mériterait pourtant la visite du ministre des Outre-mer. Chez nos compatriotes de l'Atlantique, le renforcement des mesures sanitaires a été la goutte de trop, dans une société gangrenée par la détresse sociale et par un sentiment d'abandon de l'Etat, notamment sur les questions du chlordécone, des sargasses et de l'accès à l'eau. C'est à propos de ce dernier problème que la grogne monte chez les Mahorais. Coincés entre des coupures désormais bihebdomadaires et une qualité de l'eau déplorable, ils sont forcés d'acheter des bouteilles hors de prix en supermarché tout en continuant d'éponger les factures de la SMAE, alors même que le SMEAM a été perquisitionné pour des soupçons de détournements de fonds publics. Et il en est bien d'autres qui grognent, sur l'île au lagon. Certains d'entre eux, coincés dans leur habitacle, regrettent le manque de considération du Département ou la concurrence déloyale. Ce sont les taximen, acteurs d'une institution quasiment traditionnelle à Mayotte. Les chauffeurs ont la parole cette semaine, entre deux allersretours à Mamoudzou, d'où ils ont d'ailleurs pu assister à la liesse populaire accueillant les Jumeaux de Mzouazia, de retour sur l'île. Si cette joie mahoraise acidule une réalité pour le moins amère, le violet des maillots et banderoles baignant les footballeurs, hasard du calendrier, rappelle celui des marches contre les violences faites aux femmes menées en métropole. L'occasion, comme en témoigne l'excellente Rozette Yssouf, de rappeler une nouvelle fois que les femmes de l'île méritent mieux. Tout comme Mayotte la magnifique, la patiente, la bouillante. Bonne lecture à toutes et à tous.

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Axel Nodinot

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TCHAKS L'ACTION

L'îlot de Mtsamboro se refait une beauté Lieu privilégié des sorties pêcheur et autres bivouacs, l'îlot Mtsamboro, au nord-ouest de l'île, est devenu peu à peu un dépotoir où s'accumulent les déchets des visiteurs peu soucieux de la nature. Dimanche dernier, des centaines de personnes ont donc participé à une opération de nettoyage organisée par ADINM (Agir pour le développement intégré du nord de Mayotte) à l'occasion de la semaine européenne de la réduction des déchets. Comme pour les fameuses opérations Rando Clean, la population s'est montrée concernée par les enjeux environnementaux, puisque ce sont environ 200 personnes, selon l'organisation, qui sont partis de la place de la mairie de Mtsamboro vers l'îlot. Ce dernier, souillé par de trop nombreux déchets, peut donc compter sur l'engagement écologique des habitants du Nord.

LE CHIFFRE 0,2%

C'est le pourcentage d’affaires de violences sexuelles judiciarisées à Mayotte, selon le bilan de la campagne #WamiToo, clôturée le week-end dernier à Dembéni. Toujours selon ce bilan, seules 0,06% de ces affaires sont poursuivies. Durant ces deux mois de campagne, les acteurs associatifs, civils et institutionnels locaux ont réussi à mettre en lumière les violences sexuelles, et à lever le tabou les entourant. Le mot d'ordre, simple, est celui de parler, pour faire changer la honte de camp et empêcher que ces actes ne se reproduisent et restent impunis. Avec 92 acteurs engagés et 40 référents, #WamiToo a été un véritable succès ayant permis de mettre en place une centaine d'actions sur le sol du 101ème département français. Plus de 500 contributions en ligne ont en outre été déposées par des femmes et hommes de Mayotte sur le site. Il s'agit désormais de continuer le combat pour changer les mentalités, et éviter ces agressions sexuelles, qui sont pour 82% d'entre elles l'oeuvre d'un proche de la victime.

LA PHRASE

"Tout Mayotte vous demande d'aller plus loin" Ben Issa Ousseni, président du Conseil départemental de Mayotte, a chaleureusement félicité les Jumeaux de Mzouazia lors de leur retour triomphal sur l'île, mercredi. Au milieu des chants et des banderoles violettes, le président du CD a aussi remis à l'équipe un chèque de 16 000 euros en guise de récompense. Il faut dire que les vainqueurs de Plancoët-Arguenon au 8ème tour de la Coupe de France le méritent. L'équipe mahoraise s'est en effet qualifiée pour les 32èmes de finale de la compétition. Ce n'est que la deuxième fois qu'un club de l'île atteint ce stade, après le magnifique parcours du FC Mtsapéré la saison dernière. Mzouazia devient en outre la première et unique équipe à vaincre coup sur coup deux clubs métropolitains. Si les héros sont déjà revenus sur leurs terres pour rattraper les matchs de championnat, tous les regards sont désormais rivés sur les 18 et 19 décembre, date à laquelle les Jumeaux joueront leur 32ème de finale. A ce stade de la compétition, ils pourront rencontrer des clubs de Ligue 1, tels que le Paris SG ou l'Olympique de Marseille, qui entreront en lice.

ILS FONT L'ACTU Le basket mahorais tient ses championnes et champions Ce samedi 21 novembre, le gymnase de Pamandzi accueillait les finales de la Coupe de France régionale de basket. Au terme d'une journée rondement menée par la Ligue régionale de basket-ball mahoraise et l'Amicale des arbitres de basket de Mayotte, le public a pu assister à deux matchs de grande qualité, qui ont désigné les représentants mahorais de la balle orange en Coupe de France. Chez les filles, ce sera donc l'équipe du Fuz'Ellips de Cavani, qui est venu à bout du Magic de Passamainty. Les garçons, quant à eux, ont vu triompher le Basket Club de Mtsapéré sur les Rapides éclairs de Pamandzi, qui jouaient pourtant à domicile. Après cette belle fête du basket mahorais, les vainqueurs et finalistes ont été félicités par Ben Issa Ousseni, président du Conseil départemental. Ce dernier comptait d'ailleurs de nombreux élus présents dans les tribunes, à l'image d'Ali Omar, Elyassir Manroufou, Daniel Zaidani ou encore Soihirat El Hadad.

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LU DANS LA PRESSE

Chaque semaine, découvrez le regard porté sur l’actualité locale à travers la presse nationale ou régionale

"LE RUGBY N’EST QU’UN PRÉTEXTE" : "BAKY ÉCRIT" NOUS EMMÈNE À MAYOTTE ET MADAGASCAR Le 24 novembre 2021, par Bakary Meité pour Rugbyrama. Tout jeune retraité, Bakary Meité profite de sa liberté retrouvée pour intégrer l’équipe des chroniqueurs Midi Olympique. L’ancien troisième ligne a tout connu du rugby, d’abord amateur et finalement professionnel. Pour Rugbyrama, l’ancien international ivoirien va désormais s’attacher à poser un regard libre, décalé et forcément engagé sur l’actualité du rugby. Welcome "Baky"

Beaucoup sont pieds nus ou se déchaussent. Comme si les chaussures étaient une entrave à leur liberté de mouvement. Et si un grand nombre d’entre eux n’avait jamais vu de ballon de rugby, tous se sont amusés comme des fous. Grâce, notamment, à Fréderic Jammes et aux éducateurs du RCPT (Rugby Club de Petite Terre). Il espère que certains gamins seront piqués au virus et reviendront garnir les rangs de l’école de rugby, le samedi matin.

Elle a de grandes billes noires à la place des pupilles que ses paupières, tirées en amandes, n’arrivent pas à recouvrir. Son nez est légèrement retroussé. Elle sourit. Ses cheveux, hirsutes malgré un élastique de fortune, sont d’un brun chaleureux et frisés. Elle sourit. Sa peau, aux reflets caramel, vous donne la sensation d’avoir un bonbon géant en face de vous. Elle sourit. Elle est pourtant mal fagotée. Avec ses habits trop grands, ses pieds nus noircis par la crasse et le goudron. Le contraste avec la blancheur de ses dents est saisissant. Sans doute pour ça qu’elle ne se départit pas de ce sourire qu’elle adresse à Claude.

A Madagascar, c’est le RCTS, Rugby Club Tanora Soavimasoandro qui bénéficie d’un partenariat solide avec RFF. Le manager général Daniel Bessaguet et son équipe abattent un travail colossal dans ce quartier nord de Tananarive, pour venir en aide aux enfants des environs. En plus de la collecte, ce club n’hésite pas à partager les dons qu’ils emboursent. C’est ce qu’ils ont fait en allouant une partie des donations reçues de la part RFF à Akany Avoko Ambohidratrimo, un centre d’accueil pour enfants maltraités ou abusés sexuellement.

Il faut dire que Claude le lui rend bien. Il sourit à son tour. D’un sourire franc et sincère. Bien que ne connaissant pas Claude depuis très longtemps, je peux l’affirmer : il est heureux d’être là. Comme nous tous d’ailleurs. Les 24 acolytes de l’association Rugby French Flair, en mission à Mayotte et Madagascar pour cette cuvée 2021. Une histoire née d’un voyage entre copains qui avaient tous en commun une chose : le rugby.

Le rugby est le sport roi à Madagascar, mais au-delà des performances des Makis au niveau continental, c’est surtout le rôle sociétal que joue ce sport dans la vie d’enfants dont le destin est sommé d’emprunter l’autoroute de la misère. RFF vient en aide à ceux qui proposent une alternative à ces jeunes. Je n’oublierai sans doute jamais le sourire de cette petite fille qui ne m’était pourtant pas adressé. Alors imaginez Claude, le destinataire de cette risette.

Par le biais de cette association, donc, j’ai pu concrétiser, au sens premier du terme, un engagement humanitaire qui sommeillait en moi et qui ne demandait qu’à s’exprimer. Voilà chose faite. Bien que RFF existe depuis plus d’une décennie, c’était une première pour moi. RFF utilise le rugby comme prétexte pour venir en aide à des populations désœuvrées à travers le monde. Après avoir posé leurs bardas en Colombie, au Sénégal, au Brésil, à Cuba, au Mexique… les voilà de retour à Madagascar, avec une escale assez longue via Mayotte. Pour le territoire ultramarin, un peu de rugby scolaire, mais surtout, une visite dans le quartier pentu de La vigie, bardé de médiateurs sociaux. Une montée plutôt dure pour les cuisses (même celles d’anciens rugbymen). Mais une descente qui se fera dans l’allégresse avec une centaine de gamins appâtés par l’idée de jouer au rugby, un peu et par le voulé (barbecue local) beaucoup. Les petites filles arrivent, timides, avec leurs foulards. Les garçons, plein de confiance, avec des maillots de foot.

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ROZETTE YSSOUF LE POIDS DES MÈRES AU BOUT DE LA PLUME

L'écrivaine et psychologue mahoraise vient de sortir Angie, Le combat d'une mère, aux éditions Coelacanthe. Ce roman aborde l'histoire que nombre de femmes de l'île au lagon connaissent, celle d'une mère célibataire, victime de ses souffrances, d'un père démissionnaire et d'une société passéiste. Ces maux, Rozette Yssouf en a elle aussi souffert, et s'est armée de son expérience professionnelle pour les combattre et les dépasser.

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PORTRAIT

“ ON PEUT ÊTRE AMBITIEUSE EN ÉTANT MÈRE CÉLIBATAIRE ”

“ Ah non, ici c'est une bonne soirée qu'il faut me souhaiter ! ”, s'amuse Rozette Yssouf depuis Wallis-et-Futuna, qui avance de neuf heures sur Mayotte. Elle est devenue la première psychologue clinicienne de cet archipel du Pacifique, une aubaine pour celle qui se considère comme une “ citoyenne du monde ”. Après avoir vécu sur l'île au lagon durant les six premières années de sa vie, la jeune fille grandit d'ailleurs deux ans aux côtés d'une tante en métropole, avant de rejoindre sa mère sur l'île de La Réunion, jusqu'à ses 19 ans. “ Petite, j'étais une petite princesse, se souvientelle. Ma mère m'appelait même la mzunguette tellement j'étais sensible, je n'arrêtais pas de pleurer ! ” Peut-être est-ce cette sensibilité qui développe chez Rozette une empathie la poussant à écouter les autres, presque machinalement.

“ Démerde-toi avec ton enfant ” “ J'aimais écouter mes camarades de classe, je me prenais pour leur psy, avoue l'écrivaine. J'avais un classeur dans lequel je mettais des fiches sur ma mère, mes voisins, en listant leurs problèmes et les solutions adaptées. Au final, je leur donnais un poème. ” Ces poèmes thérapeutiques, Rozette Yssouf les utilise

toujours, pour les autres mais aussi pour elle. Notamment lors de ses premières années d'études, à Montpellier : “ J'étais perdue. J'ai eu un questionnement existentiel car, quand j'étais avec des Mahorais de métropole, nous parlions de Mayotte comme d'une île extraterrestre. Je suis tombée en dépression, ma tante a vu que je maigrissais et a prévenu ma mère, qui m'a sommée de rentrer. ” En 2004, c'est le retour aux sources pour la jeune femme, qui est alors “ réanimée psychiquement ”. Elle va de l'avant et poursuit ses études avec un master, lors duquel elle revient sur l'île pour un stage, en 2006. Son sujet de mémoire, la résilience des femmes victimes de violences, répond aussi à une situation sociétale que la psychologue ne connaît que trop bien. “ J'ai été élevée seule par une mère célibataire qui a beaucoup souffert de mon père biologique, raison pour laquelle elle a quitté Mayotte pour La Réunion, affirme-t-elle. Et j'ai reprouit la même chose que ma mère, j'ai eu un enfant avec un homme qui ne voulait pas de responsabilités. C'était violent d'entendre le père de mon aîné dire “ Démerde-toi avec ton enfant ”... ” Ce combat, personnel, trouve aussi sa source dans la société mahoraise, qui “ banalise les femmes victimes de violences physiques, psychologiques et sexuelles ”. C'est cette société qui empêche l'auteure de revenir sur l'île aux parfums.

Pères démissionnaires... “ Mayotte, j'ai du mal, avoue-t-elle. J'y ai passé cinq ans et je ne me sentais pas chez moi, je n'aime pas le fait de voir qu'une société a du mal à changer, à bouger les lignes. ” Un enlisement que Rozette Yssouf a également constaté dans son secteur. “ Les psychologues cliniciens ne sont pas valorisés ”, déclare celle qui a participé à envoyer un courrier collectif de la profession au Département. “ Les compétences sont là, pour aider les jeunes, continue-t-elle. Mais on nous a répondu qu'il n'y avait pas assez de fonds, que d'autres priorités existaient. ” Les jeunes, et leur capacité à se sublimer après des épreuves traumatisantes, voilà justement le sujet de la thèse de la docteure en psychologie, qui s'est d'ailleurs appuyé sur des témoignages

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de Mahorais. Ces derniers ont marqué la chercheuse.

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“ Les résultats m'ont déprimé, témoigne Rozette Yssouf. Le point commun de tous ces jeunes ayant réussi, auxquels je m'identifiais, était le manque paternel ! ” Chez ses sujets, la chercheuse observe le même besoin de compenser l'absence d'un père par la volonté absolue de faire quelque chose de sa vie, afin de “ ne pas s'effondrer ”. “ Même quand le père est présent, il ne remplit pas ses devoirs envers son enfant, regrette-t-elle. Les mères sont celles qui poussent leurs enfants à aller de l'avant, à se sublimer. ” Une démission du père qui empêche un développement correct de l'enfant, à moins d'y trouver un substitut salvateur. L'écrivaine évoque l'exemple d'un Mahorais, élevé par sa mère jusqu'à ses sept ans, âge auquel son père le prend de force en métropole.

… Mères célibataires “ Il était aux côtés d'un père négligent, d'une belle-mère qui ne l'a jamais aimé, témoigne Rozette Yssouf. Le manque de contact maternel lui a même fait oublier le shimaoré. C'était aussi compliqué à l'école, il a donc dû s'autoéduquer, en quelque sorte, et c'est le karaté qui l'a fait tenir, et réussir. Aujourd'hui, il a créé une entreprise, s'est marié à une Bretonne, tout va bien pour lui. ” Les pères démissionnaires, la poétesse les enjoue à “ être plus forts que la peur ”, à “ être la meilleure version d'eux-mêmes ”. “ À ceux qui ont eu un moment d'irresponsabilité, revenez vers votre enfant et demandez leur pardon, enjoue-t-elle. Prendre soin des enfants à deux est important pour leur équilibre psychologique et fait d'eux de grandes femmes et de grands hommes. ”

partie basés sur son expérience personnelle, leurs destins ne sont pas communs au sien, et à celui qu'elle souhaite pour toutes les mères célibataires. “ Ça ne veut pas dire que la vie est terminée, affirme-t-elle. Il est possible de concilier une vie de mère et une carrière, de hautes responsabilités. ” La psychologue remercie même ses enfants, ses “ impulseurs ”. “ C'est grâce à mon fils que j'ai voulu aller de l'avant et reprendre les études, déclare-t-elle. Et c'est grâce à ma fille que j'ai soutenu ma thèse. ” Les enfants seraient donc énergivores, mais aussi vecteurs d'une formidable énergie. “ Il faut aller de l'avant rien que pour leur montrer que l'on ne s'effondre pas à la moindre difficulté, poursuit Rozette Yssouf. Il faut se relever, leur montrer qu'on peut être ambitieuse en étant mère célibataire. ” Et ses ambitions, l'écrivaine les nourrit : “ La thèse n'est que le début. Je veux continuer d'écrire, des articles scientifiques, des livres, des romans... ” Et des poèmes, dont les vers, d'où qu'ils soient écrits, aideront celles et ceux qui souffrent intimement. n

Mais, si les pères manquent parfois à Mayotte, la majorité des mères sont là, et c'est à elles que Rozette Yssouf a destiné Angie, Le combat d'une mère. Ce roman, l'ouvrage qui lui “ tient le plus à coeur ”, a pour objectif de montrer que les mères mahoraises souffrent. “ Quand j'ai écrit ce livre, j'étais en plein combat juridique avec le père de mon enfant, qui réclamait des droits sur lui huit ans plus tard, alors qu'il ne m'avait jamais versé de pension ”, raconte l'auteure. Si elle avoue que ses personnages sont en

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Un père

Être père, c’est plus qu’un devoir. C’est une priorité absolue. C’est être prêt à tout pour le bien-être de ses enfants. Être père ne s’improvise pas. Ce n’est pas un rôle à minimiser. C’est le plus beau et le plus dur métier au monde à la fois. C’est une formation tout au long de la vie Car chaque enfant est unique. C’est un métier qui ne connaît ni repos, ni arrêt maladie, ni congés. Il faut être disponible vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Et dès les premiers instants de la conception de notre futur bébé.

Être père, c’est une énergie permanente, un amour inconditionnel. Qui passe avant toute autre obligation, Même avant sa propre vie. Cela réclame protection et amour infini.

Il n’y a pas de père parfait. Mais des pères responsables Qui ne sont ni abandonniques Ni démissionnaires.

Être père, c’est tout un art. Qu’il est indispensable de pratiquer chaque jour pour s’améliorer. On ne naît pas père, On le devient.

Être père, c’est prendre conscience De nos lourdes responsabilités Aimer et accompagner nos enfants. À devenir les adultes sains et heureux de demain.

Notre mission première, C’est prendre soin de nos précieux enfants La prunelle de nos yeux… Pour toujours. Rozette Yssouf

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TRANSPORTS

LA TAXI-FROUSSE Jaunes à New York, noirs à Londres, verts à Mexico ou encore bleus à Jakarta… À Mayotte, les taxis semblent s'habiller de rouge, celui de la colère de leurs conducteurs, qui doivent faire face à de multiples problématiques. À la crainte d'être laissés sur le (bas-) côté par les différents projets de lignes de bus, s'ajoutent en effet la difficile obtention de la licence, ainsi que la concurrence déloyale des taxis mabawa. Ces derniers, cependant, offrent une alternative à une profession qui a encore du mal à évoluer.

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DOSSIER

Nora Godeau

TRANSPORT

L’INTERSYNDICALE, UNE COURAGEUSE TENTATIVE D’UNIFICATION

SI LES TAXIS DE L’ÎLE AUX PARFUMS SONT QUASIMENT UNE INSTITUTION ÉTANT DONNÉ QU’ILS PALLIENT L’ABSENCE DE TRANSPORTS EN COMMUN, LEUR ORGANISATION DEMEURE POUR LE MOINS CHAOTIQUE. LA CHAMBRE DES MÉTIERS ET DE L’ARTISANAT TENTE D'Y METTRE UN SEMBLANT D’ORDRE EN ASSURANT LA FORMATION DES « ARTISANS TAXIS » ET EN TENTANT DE STRUCTURER LA FILIÈRE. MAIS IL EXISTE ÉGALEMENT QUATRE SYNDICATS DE TAXIS, SOUVENT EN DÉSACCORD LES UNS AVEC LES AUTRES. DEPUIS NOVEMBRE 2020, ILS SE SONT UNIS SOUS LA BANNIÈRE D’UNE INTERSYNDICALE DIRIGÉE PAR UN CERTAIN ABALKINI CHANFI. SON BUT : DÉFENDRE LES DROITS DES TAXIMEN MAHORAIS ET FAIRE AVANCER LA PROFESSION. « Quand les bus seront mis en place sur le territoire mahorais, ils vont frapper fort et faire beaucoup de mal à la profession », affirme Abalkini Chanfi, le « correspondant » de l’intersyndicale des taxis de Mayotte. Ce jeune homme, fraîchement revenu sur son île natale après quatre ans passés en métropole, est un ancien étudiant en marketing. À peine arrivé, il a été propulsé correspondant de l’intersyndicale, bien que n’ayant jamais été lui-même artisan taxi. Etonnés de ce fait et après moultes questions aux réponses plutôt vagues, nous comprenons que le jeune homme est en réalité chargé de faire remonter les revendications des taximen syndiqués. Une sorte de « porte-parole » en quelque sorte,

recruté d’une manière assez obscure, principalement pour ses compétences en langue française et en marketing/vente. Une formation pour le moins surprenante lorsqu’on prétend vouloir structurer la filière taxis et défendre les droits des artisans. Après avoir un petit peu creusé, nous comprenons qu’Abalkini Chanfi a en réalité été placé à la tête de l’intersyndicale grâce à ses « relations ». Amicales ? Familiales ? Nous n’en saurons pas davantage car le jeune homme demeure très discret sur la question. Il se défend d’ailleurs bec et ongle de jouer un quelconque rôle « de pouvoir » au sein de la structure qui doit selon lui être valorisée par les présidents des quatre syndicats.

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DOSSIER

Malgré les origines plutôt floues de sa prise de fonction, qui elle-même demeure vague (aucun pouvoir au sein de la structure, mais en porte les revendications…), il n’en reste pas moins qu’il a le mérite de « connaître son affaire ». Il a réussi à déblayer un tantinet le joyeux chaos des syndicats de taxis mahorais pour ne les réduire qu’à quatre, réunis en une intersyndicale. Il y en avait en effet encore davantage, mais ces métastases se sont elles-mêmes auto-détruites devant la nécessité de se présenter devant l’intersyndicale en tant qu’entité clairement définie et structurée. Seuls quatre syndicats donc ont réussi cette « épreuve du feu » : la fédération des professionnels des taxis de Mayotte dont le président est Younoussa Hamada, l’union des taxis de Mayotte dirigée par Ahamadi Saïd, le groupement des taxis de Petite-Terre présidée par Mohamed Abdoul-Haffour et la fédération syndicale des artisans taximen de Mayotte dont le président se nomme Madi Baco.

UNE ÉVOLUTION INDISPENSABLE DU MÉTIER, MAIS BEAUCOUP DE FREINS La grande motivation des syndicats de taxis et leur évolution en une intersyndicale en novembre 2020 n’ont été motivés que par une seule chose : l’angoisse devant l’arrivée des bus à Mayotte. « Quand les bus arriveront, les gens les préfèreront aux taxis, c’est une certitude », affirme Abalkini Chanfi. Et pour cause : les bus seront normalement plus fiables dans la mesure où ils auront un circuit fixe, non inféodé au bon vouloir des chauffeurs. Car, sur l’île au lagon, il est en effet d’usage de demander si le taximan « accepte » d’aller à tel ou tel endroit (essentiellement pour les taxisville, les taxis-brousse quant à eux ne se déplacent que de villages à villages). S’il peut être compréhensible qu’un chauffeur n’accepte un trajet qu’en fonction de ceux des clients qu’il a déjà, il est en revanche particulièrement agaçant pour un client de s’entendre refuser une course banale lorsqu’il s’approche d’un taxi vide. Routes défoncées ou quartier trop peu fréquenté,

les excuses de refuser des clients sont légion. Résultat des courses : beaucoup de piétons sont exaspérés par le comportement des taximen qui font « la loi » sur leur trajet dans un intérêt purement personnel. Sans compter que depuis quelques années, on trouve peu de taxis 5 places, mais de plus en plus de minibus 9 places qui obligent les clients à faire tout le tour de Mamoudzou avant d’arriver enfin à leur destination. Le tout, pour le même prix. De quoi provoquer l’ire des piétons qui attendent donc l’arrivée des bus avec une impatience croissante. De tout cela, Chanfi est conscient, et il tente d'ailleurs d’inciter les taximen à changer de formule. Un arrêté de la préfecture datant de 2019 oblige ainsi les détenteurs de licence de taxis à se moderniser. Ils sont en effet censés acheter de nouveaux véhicules blancs qu’ils doivent habiller de jaune et doter le tout d’un taximètre. « Ce n’est pas un compteur comme en métropole, car le prix de la course reste le même », explique Chanfi. « C’est juste une manière pour la préfecture de suivre les rentrées d’argent », précise-t-il. Toujours est-il que cette nouvelle règlementation engendre de gros frais pour les taximen et tous ne peuvent pas suivre. « La préfecture n’octroie de subvention pour l’achat de nouveaux véhicules que si ces derniers sont âgés de moins d’un an », explique le porte-parole, indigné. « La préfecture a sorti cet arrêté sans mettre de moyens à la disposition des taximen pour pouvoir le suivre », s’agace-t-il. « Heureusement que le Conseil départemental a suivi en octroyant six millions d’euros à la filière pour respecter cet arrêté », poursuit-il en indiquant que « Cette subvention se répartit à hauteur de 10 000 euros par artisans ». Des négociations sont également en cours avec la Cadema pour faire des lignes de minibus-taxis aux trajets bien définis. « Mais pour l’instant, ce dernier point n’en est encore qu’au stade de la parole », soupire Chanfi. Pragmatique, le jeune homme ne constate que les faits : sur les six millions d’euros promis par le CD et dont la distribution a commencé en 2019, seuls 500 000 euros ont concrètement été octroyés. Cela correspond à la modernisation d’une trentaine de taxis

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seulement sur les 660 officiellement en circulation. Tout a ensuite été bloqué par la crise sanitaire, le changement d’équipe généré par les élections et des dossiers qui ne seraient « plus aux normes ». Bref, l’argent a dû mal à sortir des poches du département malgré les promesses… Quant à la Cadema, Chanfi affirme que « l’intersyndicale n’a plus aucune nouvelle ».

QUELLES REVENDICATIONS POUR LA JEUNE INTERSYNDICALE ? Entre les promesses non tenues (pour le moment) du département et la préfecture dont le service d’octroi des licences est fort peu communiquant (voire « hautain » selon Chanfi) avec les taximen, les choses ont du mal à avancer. Faut-il voir dans l’attitude de la préfecture une véritable volonté politique de faire le ménage au sein de la filière de manière à se débarrasser des anciens chauffeurs recrutés à l’ancienne (c’est-à-dire sans aucune autre formation que le permis B) pour ne recruter que des taximen dûment formés ? Ce n’est là qu’une hypothèse de notre part. Toutefois, au vu des difficultés de communication entre l’intersyndicale et le service de la préfecture en charge de l’octroi des licences, elle semble plausible. D’ailleurs, si le chiffre des taximen officiels (c’est-à-dire des détenteurs de licences) est actuellement de 660, Chanfi nous révèle que « ce chiffre est le même depuis 15 ans ». Stupeur dans les rangs ! Officiellement en effet, ce chiffre ne date que de 2019… Quoiqu’il en soit, quelques revendications claires émanent actuellement de l’intersyndicale et sont

portées par le jeune Abalkini Chanfi. Les taximen souhaitent en premier lieu savoir exactement où en sont les divers projets de bus (le fameux Caribus de la Cadema, mais aussi les bus du département dont on parle moins mais qui sont également en projet). « Qu’a prévu exactement le département et quelle sera la place des taximen dans ce projet ? », s’interroge le porte-parole. En effet, selon lui, « si les bus apparaissent maintenant, la filière des taxis meurt ». Par ailleurs, l’intersyndicale souhaite que le département accélère le traitement des dossiers de subvention afin que tous les taximen obtiennent leurs 10 000 euros. De surcroît, les quatre syndicats aimeraient que les relations avec la préfecture s’améliorent et que cette dernière suive davantage les artisans de manière à les accompagner vers leur nécessaire évolution au lieu de les freiner. « Pourquoi le chiffre n’est-il pas actualisé tous les ans ? Est-il normal que la liste d’attente pour obtenir une licence soit si longue ? », s’interroge le jeune homme. « Le délai d’attente pour l’octroi d’une licence de taxi est de plusieurs années », peut-on d’ailleurs lire sur le site de la préfecture. Une mention qui vient corroborer les dires de Chanfi sans en expliquer pour autant la raison… Ces nobles revendications se heurtent malheureusement à l’inertie des politiques locales, mais également à celle de la population qui, habituée à un fonctionnement collectif et peu cher des taxis, voit d’un très mauvaise œil leur modernisation. Car qui dit modernisation, dit forcément hausse des prix. La population mahoraise est-elle prête à opérer cette mutation ? Encore faudraitil que les bus tant attendus fassent enfin leur apparition ! Et pour le moment, à l’instar de l’Arlésienne, tout le monde en parle, mais personne ne les a encore vus… n

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DOSSIER

Nora Godeau

TRANSPORT

LE CONSEIL DÉPARTEMENTAL ET LA MAIRIE DE MAMOUDZOU : DES APPUIS POUR LES TAXIS DE MAYOTTE SI LE NERF DE LA GUERRE DE L’ORGANISATION DES TAXIS DE MAYOTTE RESTE LA PRÉFECTURE, PUISQUE C’EST ELLE SEULE QUI A LE POUVOIR DE DÉLIVRER OU PAS LE PRÉCIEUX SÉSAME QU’EST LA LICENCE, D’AUTRES STRUCTURES VIENNENT EN APPUI POUR ORGANISER LA FILIÈRE. LA CHAMBRE DES MÉTIERS ET DE L’ARTISANAT FORME LES ARTISANS-TAXIS, LE CONSEIL DÉPARTEMENTAL SOUTIENT FINANCIÈREMENT LEUR ÉVOLUTION VERS LE DROIT COMMUN ET LA MAIRIE DE MAMOUDZOU LES INCITE À AMÉLIORER LEUR ORGANISATION. Un arrêté préfectoral concernant les taxis de Mayotte est sorti en 2019. Il a pour but de régulariser la profession et mettre tous les artisans-taxis aux normes. Pour cela, il oblige notamment les taximen à se doter d’un nouveau véhicule blanc habillé de jaune et muni d’un taximètre permettant à la préfecture de suivre les rentrées d’argent et de vérifier que toutes les recettes sont bel

et bien déclarées. Concrètement toutefois, fort peu de taximen ont appliqué ces règles. Le manque d’argent est la première raison évoquée par l’intersyndicale pour expliquer ce manquement. Un délai a donc été accordé par la préfecture pour laisser le temps aux artisans de se mettre aux normes. L’argent n’est toutefois pas la seule explication à ce laisser-aller. En réalité, la

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DOSSIER

grande majorité des artisans-taxis peinent à évoluer dans leur profession et à se diriger vers le droit commun. Probablement par habitude d’un certain fonctionnement plus libre, et surtout par peur de ne plus s’y retrouver financièrement une fois toutes ces règles appliquées (déclaration des recettes notamment car beaucoup de taxis de Mayotte avaient l’habitude de faire du « black »). Si la préfecture de Mayotte n’a octroyé aucune subvention pour aider les taxis à se mettre aux normes et à évoluer vers le droit commun, d’autres structures les suivent. La Chambre des Métiers et de l’Artisanat leur a notamment proposé de s’organiser en coopérative. C’est ainsi qu’est née la coopérative des Taxis Vanille, dirigée par ce même Abalkini Chanfi qui porte la parole de l’intersyndicale. Si le système de coopérative est avantageux financièrement puisqu’il implique une forme de solidarité entre les artisans qui s’en sortent et les autres (les recettes sont mises en commun et redistribuées chaque mois à part égales sous forme d’un salaire), tous les taxis de Mayotte ne souhaitent pas en faire partie. « Tous les taximen ne s’entendent pas entre eux pour fonctionner ainsi, explique Abalkini Chanfi. En outre, il y a un gros problème de manque de confiance depuis l’échec de la première coopérative de taxis en 2008. Des malversations avaient été découvertes et cela a engendré une forte méfiance envers ce système », explique le directeur de la coopérative des Taxis Vanille, dont le siège se situe à Combani.

LE CD NE VOUDRAIT ACCORDER QU'UN TIERS DE LA SUBVENTION INITIALE Au sujet de la subvention de 6 millions d'euros, Omar Ali, le 3ème vice-président du conseil départemental chargé de l’administration générale, des transports et de la transition écologique, nous a donné le fin mot de l’histoire. En réalité, si cette subvention n’a pas été distribuée dans

son intégralité, ce n’est pas par manque de volonté du CD, mais bien parce que les exigences demandées pour la recevoir ne sont pas remplies par la majorité des taximen. « La condition pour obtenir ces 10 000 euros est de faire un prêt à la banque pour financer l’achat d’un nouveau véhicule, ou alors d’avoir des fonds personnels réservés à cet usage. Les artisans-taxis doivent alors déposer un dossier auprès de la direction du développement économique, située dans nos locaux de Kaweni. Ce n’est seulement qu’une fois que M. Anfan, le DGA de ce service, s’est assuré que les taximen ont des fonds pour acheter un nouveau véhicule qu’il leur octroie cette aide de 10 000 euros », explique le 3ème vice-président du CD. Selon l'élu de Dzaoudzi-Labattoir, un nombre conséquent d’artisans-taxis souhaiterait donc obtenir ces 10 000 euros sans avoir l’intention de financer l’achat d’un nouveau véhicule pour satisfaire aux exigences de l’arrêté préfectoral. Si la préfecture n’a pas vraiment eu d’autre choix que d’accorder un délai aux taximen, ce dernier incite paradoxalement un grand nombre d’entre eux à se reposer sur leurs lauriers et à empocher les 10 000 euros à des fins personnelles, bien éloignées de l’entrée progressive dans le droit commun. La subvention de 6 millions d’euros n’a donc pas été consommée dans son intégralité et, n’étant pas reconductible d’année en année, elle est pour le moment caduque. À cela vient s’ajouter le changement de gouvernance du CD lors des dernières élections. Tout est donc à réorganiser. « La plupart des taximen n’ont pas de compte bancaire, c’est pourquoi ils n’arrivent pas à faire de prêt et à obtenir cette subvention », nous explique Omar Ali, assurant que le CD réfléchit à une autre solution pour aider les artisanstaxis. « Nous ne disons pas que nous n’allons plus les aider, mais nous allons sans doute fortement réduire la subvention promise en 2019. Nous envisageons de la baisser à 2 millions d’euros, mais cette décision n’est pas encore officielle », conclut-il. Une

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information qui risque fortement de provoquer la colère des syndicats de taxis…

LA MAIRIE DE MAMOUDZOU OFFRE UNE AIDE ORGANISATIONNELLE Si la mairie de Mamoudzou n’a pas pour vocation à l’origine de structurer la filière des taxis, le maire Ambdilwahedou Soumaïla a souhaité néanmoins collaborer avec les taximen pour améliorer le service aux habitants. « Nous avons pu constater notamment que les piétons sortant du CHM le soir avaient beaucoup de difficulté à trouver un taxi pour rentrer chez eux », affirmet-il. Et ce n’est là que l’un des nombreux exemples des manquement des taximen en tant que palliatif à l’absence de transport en commun sur l’île. En outre, le manque d’emplacements d’arrêt incite les taxis à s’arrêter n’importe où, mais également les usagers à les héler n’importe où. « C’est dangereux car cela peut créer des accidents graves », explique le maire. Il a donc demandé à ses services de se réunir avec les taximen pour trouver des solutions à ces problématiques. Fardi Hanissi, le directeur de la voierie au sein de la mairie de Mamoudzou, a commencé à travailler avec ses agents sur la création d’emplacements dédiés à l’arrêt des taxis. Un plan de marquage au sol (quand l’endroit le permet) ainsi que de panonceaux (lorsque le marquage au sol est impossible) a été d’ores et déjà établi et attend d’être validé par les taximen de Mamoudzou. Une fois ce plan validé, les travaux pourront débuter et seront effectués en interne par les services de la voierie de la mairie. « La réunion avec les taximen est prévue pour la semaine prochaine. Les travaux débuteront tout de suite après dans la mesure des possibilités », affirme Fardi Hanissi.

Quant à augmenter le nombre de taxis disponibles dans certaines zones importantes, comme la sortie du CHM, par exemple, c’est une autre affaire. Le directeur de la voierie nous confie même que beaucoup d’artisanstaxis possèdent des licences, mais n’exercent plus, expliquant ainsi la difficulté des usagers à trouver un taxi lorsqu’ils en ont besoin. L’origine de cette absurdité de fonctionnement résiderait dans les embouteillages monstrueux qui gangrènent l’île depuis des années, empêchant ainsi les taxis de fonctionner correctement et donc de gagner suffisamment d’argent pour vivre. « La plupart des taximen ont un autre travail à côté », nous révèle même Omar Ali. « L’arrêté du maire concernant la circulation alternée aurait pu contribuer à résoudre cette problématique des embouteillages, malheureusement il a été mal compris par les habitants et deux d’entre eux ont réussi à le faire annuler par le tribunal administratif », déplore Fardi Hanissi. « Pourtant, parallèlement à cet arrêté, le maire avait commencé à discuter avec les taxis de Mamoudzou pour améliorer leur offre, afin que les usagers puissent prendre les taxis en lieu et place de leur voiture », poursuit le directeur de la voierie. Ce dernier est formel : le manque de taxis et leur refus de se rendre dans certaines zones de la ville sont uniquement dus à la problématique des bouchons qui bloquent la circulation dans Mamoudzou. Pour lui, si l’arrêté avait été appliqué, les taximen auraient accepté de s’organiser pour prendre en charge les personnes non véhiculées. Les détenteurs d’une licence non utilisée auraient même repris le volant, augmentant ainsi les effectifs. A-t-il raison ou n’estce là qu’une vision idéalisée de la manière dont se seraient passées les choses si l’arrêté avait bel et bien été appliqué ? L’avenir nous le dira peut-être… Mais sans doute pas avant plusieurs années. n

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DOSSIER

Axel Nodinot

Devant la barge, à la sortie du village ou à l'atterrissage à l'aéroport, ils sont là. Bienvenue à Mayotte, où les chauffeurs de taxi ne représentent pas qu’un simple service impersonnel, mais bien une institution quasiment traditionnelle. Taxis-brousse ou taxis-ville, il peut cependant arriver que ces artisans du volant ne soient pas licenciés. Il s'agit des taxis mabawa, surnommés ainsi en référence aux ailes de poulet vendues pour quelques euros dans les brochettis. Qu'ils soient Mahorais, Comoriens, Malgaches ou Africains, tous sont informels, et une partie d'entre eux aimerait obtenir la

licence – et parfois même des papiers – pour continuer d'exercer leur profession. Malgré ces bonnes intentions, les chauffeurs en règle ne peuvent que déplorer cette concurrence illégale. Car, quand le chat n’est pas là, les souris dansent. Pour les lignes de taxi-brousse desservant le sud ou le centre de l’île, ce sont les chauffeurs non-licenciés qui prennent le relai à partir d’une certaine heure. “ Après 19 heures, il est rare que des taxis pour Tsingoni ou Combani passent, déclare une habituée, patientant à l’arrêt des taxis centre de Mamoudzou. Donc on n’a plus

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TRAVAIL INFORMEL

LES TAXIS MABAWA VEULENT PLUS QUE LES MIETTES ALORS QUE LES TAXIMEN MAHORAIS ONT DÉJÀ FORT À FAIRE AVEC LES PROJETS DE TRANSPORTS INTERURBAINS QUE DÉVELOPPE LE DÉPARTEMENT, ILS DOIVENT AUSSI FAIRE FACE À L’ESSOR DE LA CONCURRENCE ILLÉGALE. LES CHAUFFEURS CLANDESTINS, COMMUNÉMENT NOMMÉS “ TAXIS MABAWA ”, NE CHERCHENT POURTANT QU’À VIVRE LÉGALEMENT DE LEUR ACTIVITÉ.

le choix, il faut bien rentrer chez nous. ” Le dimanche après-midi, lorsque les voitures des particuliers emplissent le parking réservé aux professionnels en semaine, de nombreux taxis mabawa se pressent également pour transporter les clients.

DES CONTRÔLES TROP RARES Karim*, lui, attend la nuit tombée pour sillonner les routes de la commune de Mamoudzou. Chaque nuit, il transporte des dizaines de passagers, de Kawéni à Tsoundzou. Et, à cinq euros le trajet par tête, le chauffeur peut se permettre de prendre des risques. “ Moi je dois dire non à des clients, s'étonne-t-il. Il y a beaucoup de gens qui m'appellent, que ce soit des Mahorais

ou des mzungus. ” Le chauffeur a même abandonné l'idée d'obtenir une licence, qui lui permettrait pourtant de passer outre les contrôles de police. Ces derniers, s'il ne parviennent pas à endiguer le flux de taxis illégaux, sont pourtant déployés sur le territoire. “ En 2021, nous avons effectué deux contrôles conjoints police - préfecture sur les points de contrôle d'entrée de la ville, déclare Séverine Lucienne-Bonnotte, cheffe d'étatmajor à la Direction Territoriale de la Police Nationale (DTPN). C'était une opération spécifique aux taxis. ” Le commandant Lucienne-Bonnotte reconnaît néanmoins que les effectifs de police contrôlent majoritairement les taxis dans le cadre de la lutte contre l'immigration clandestine. Environ dix

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chauffeurs illégaux sont ainsi interpellés tous les mois. “ Quand le chauffeur n'a pas ses papiers, il fait l'objet d'une procédure de reconduite à la frontière, explique la cheffe d'état-major à la DTPN. Quand il est titré, puisque c'est souvent le cas, il fait l'objet d'une ordonnance pénale avec une réquisition de 400 euros du parquet. Les voitures sont également saisies et placées sous gardiennage dans les garages. La problématique majeure à laquelle nous devons faire face est que nous n'avons pas de fourrière. ” Pour les taxis-motos, la situation est encore plus compliquée. “ Ce que l'on sait, c'est que la majorité d'entre eux sont des demandeurs d'asile, continue-t-elle.

Les motos sont mises de côté, puisqu'elles n'appartiennent que très rarement aux chauffeurs. Mais il est très compliqué de prouver la complicité du propriétaire, puisqu'il n'existe aucun acte de cession et que les paiements se font en liquide. ”

TAXIS-MOTOS : “ ON DONNE 20 EUROS PAR JOUR AU PROPRIÉTAIRE DU SCOOTER ” Que ce soit sous les bosquets du centre de l'île ou dans la moiteur poussiéreuse de Kawéni, ils pullulent. Il s'agit des taxi-

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motos, ou taxi-scoots. Maurice*, un Burundais d'une trentaine d'années, est l'un d'eux. Casque accroché entre ses jambes, il balaie les trottoirs du regard, à la recherche de clients. “ Mamoudzou, Chirongui, Sada... Je vais partout, s'enjoue le chauffeur. Il n'y a pas beaucoup de routes et donc beaucoup d'embouteillages. Quelqu'un qui sort de la barge et qui doit aller à un rendez-vous est obligé de prendre une moto. ” Si Maurice parvient à gagner 50 euros dans un bon jour, il déplore le sort de ses pairs sans autorisation de travail.

les gens, non ? ” Dans l'idéal, Maurice aimerait avoir une autorisation de travail, pour “ trouver un boulot et me payer la formation de taxi, être comme les autres ”. En attendant, il continue ses courses, pris en tenaille par les gardiens de la paix et les propriétaires véreux. “ Tous les taxis-motos ne sont pas à nous, des gens achètent des motos et on leur donne 20 euros par jour, selon ce qu'on gagne, déclare-t-il. Et si la police t'attrape, c'est une amende direct, 135 euros mais de ta poche, tu donnes toujours les 20 euros au propriétaire. C'est difficile. ” n

“ On n'a pas le droit de travailler, alors qu'on paie le loyer, la nourriture, les charges, témoigne-t-il. Beaucoup d'Africains sont obligés de faire taxi-moto, on n'a pas le choix, on doit vivre aussi, nourrir la famille. C'est mieux que d'aller voler

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DOSSIER

Axel Nodinot

TRANSPORT

PROFESSION : TAXIWOMAN

LOIN DE POUVOIR RIVALISER AVEC LES MASSES DE TAXIS – QU'ILS SOIENT LÉGAUX OU NON – CONDUITS PAR DES HOMMES, UNE CINQUANTAINE DE CONDUCTRICES MAHORAISES CONTINUE DE ROULER SUR LES ROUTES DE L'ÎLE. COMBINANT LEURS RÔLES DE MÈRE ET CELUI, PLUS ÉMANCIPATEUR, DE CHAUFFEUR, CES FEMMES FORTES VONT DE L'AVANT MALGRÉ L'OBSTACLE DU SEXISME, À L'IMAGE DE KAMARIA SAÏD, LA PREMIÈRE D'ENTRE ELLES. "Ah, les femmes au volant…" Nul n'est étranger à cette expression, ou à d'autres adages sexistes du genre, déblatérés à la va-vite sur un rond-point, dans les embouteillages ou lors d'un créneau. Les taximen eux-mêmes se prennent à prononcer ces mots, semblant oublier que certaines de leurs collègues sont des femmes. Rares dans le paysage du transport mahorais, elles sont pourtant une cinquantaine environ à sillonner les routes plus ou moins étroites de l'île au lagon. Jeannette, taxiwoman depuis plusieurs années, est l'une d'entre elles. Celle qui est mère de trois enfants connaît comme sa poche les voies tortueuses de Petite Terre, son entreprise vieille de bientôt 20 ans étant basée à Pamandzi. "Au début, les gens me regardaient bizarrement, s'amuse-t-elle. Certains hommes hésitaient même à monter dans mon taxi !" Preuve de l'illogisme du sexisme, les passagers se sont petit à petit accoutumés du fait, et plus aucune remarque désobligeante ne siffle aux oreilles de Jeannette lorsqu'elle les transporte de la barge à l'aéroport ou vers Labattoir. La détermination serait donc le mot-clé de ces femmes au volant des taxis, qui réussissent à durer dans la

profession. Moeva, quant à elle, s'est lancée dans l'aventure il y a quelques mois, sans pour autant penser son métier comme une opportunité de rétablir une équité des genres. La jeune femme relie tous les jours, ou presque, Koungou à Mamoudzou, déclarant que ses clients "se sont habitués" à la voir au volant sur le parking des taxisnord, à côté du marché couvert qui porte lui aussi le nom d'une femme, et de la célèbre Zakia Madi en l'occurrence.

KAMARIA SAÏD, LA PIONNIÈRE S'il faut se réjouir que des mains féminines tiennent les volants des taxis mahorais, il est également de bon ton de rendre hommage à la mère de ces taxiwomen. Décédée en février 2021, Kamaria Saïd a été la première à transporter des passagers sur les routes de l'île aux parfums. Née à Labattoir et ayant grandi à Ouangani, dans le Centre, la multiple grand-mère ne se bornait pas à ses bêtes et son champ d'Ongojou. Ambitieuse, celle que d'aucuns surnommaient "Ma Coco" a pris le volant à la fin des années 1970 et a roulé durant de nombreuses années, devenant la première femme taxi de Mayotte. Mue par de fermes

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convictions en faveur de l'égalité hommes-femmes, elle a essuyé les remarques sexistes à ses débuts pour gagner progressivement le respect de ses pairs, tous masculins. Kamaria Saïd, sans aucun doute, a ainsi ouvert la voie à d'autres taxiwomen. Si la profession demeure encore

largement dominée par des hommes, il est certain que l'asphalte de Mayotte verra de nombreuses autres jeunes femmes conduire des taxis ou des bus dans les prochaines années. n

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L.G

L’ANCIENNE COOPÉRATIVE DES PRODUCTEURS DE VANILLE DE CHICONI S’OFFRE UNE NOUVELLE VIE Dans le cadre du plan de relance, et plus particulièrement du fonds de relance “friches”, la commune de Chiconi a obtenu une subvention à hauteur de 390.041 euros pour la rénovation de l’ancienne coopérative des producteurs de vanille. Dès 2022, le bâtiment accueillera un marché couvert, mais aussi des espaces de réunions et des bureaux destinés à dynamiser la vie associative de la municipalité.

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La baie de Chiconi, son front de mer, ses pêcheurs et bientôt son nouvel espace de vente et de vie communale. Située non loin du lagon, l’ancienne coopérative des producteurs de vanille est un hangar en structure métallique des années 1950. À en croire les habitants de la commune, autrefois l’entrepôt servait de lieu de stockage et de séchage de gousses de vanille. “Le magazza vanille, comme on l'appelle, a accueilli différentes activités”, explique en bon professeur le DGS de la commune, Madi-Boinamani Madi Mari, qui joue les guides pour une matinée. Tantôt hôpital, puis école mais aussi évidemment lieu de vente et d’exposition de vanille, l'édifice a été laissé à l’abandon. “Pour nous, il est important de sauvegarder l’histoire architecturale des lieux, mais aussi l’histoire économique de la ville”, détaille-t-il. L’objectif ? Transformer cette friche en quelque chose d’utile afin de sauvegarder le patrimoine existant.

Un projet bien ficelé Ce projet de réhabilitation s’inscrit dans une politique d’aménagement globale qui vise à équilibrer le territoire de la commune entre l’ancien village en front de mer et les nouveaux quartiers situés sur les hauteurs. À terme, la mairie souhaite redynamiser le centre historique en y implantant une zone d’activités économiques et touristiques, mais aussi en amenant une diversité d’acteurs. “Nous souhaitons mettre à disposition des porteurs de projets un lieu adapté pour développer l’économie locale et maintenir l’âme du site. L’artisanat faisant partie des atouts majeurs de la commune, ce lieu pourrait avoir un espace dédié spécifiquement à la filière artisanale”, argumente Youssfou Madjinda, le chef de projets aménagement et urbanisme à la commune de Chiconi. Avec la création d’un marché couvert, la ville de Chiconi affiche par ailleurs sa volonté d’offrir à la fois aux agriculteurs et aux consommateurs un lieu de vente répondant aux normes sanitaires et garantissant la traçabilité des produits. Par ailleurs, avec le plan de relance “friches” le ministère de la Transition écologique a retenu 16 projets sur les territoires ultramarins. L’institution étatique affirme sa volonté de réhabiliter les friches qui constituent un “enjeu majeur d’aménagement durable des territoires pour répondre aux objectifs croisés de maîtrise de l’étalement urbain, de revitalisation urbaine, de

limitation de la consommation des espaces naturels, agricoles et forestiers, mais aussi de protection des sols contre leur artificialisation”.

Le magazza vanille en quelques chiffres Avec ses 440 mètres carrés au sol, le hangar proposera au rez-de-chaussée un large espace de vente. Douze boxs réservés aux fruits et légumes, autant destinés aux épices, aux produits transformés et à l'artisanat et enfin un box destiné aux produits frais. À l’étage, huit bureaux et deux salles de réunion centraliseront les activités associatives de la commune qui veut en faire un lieu “ouvert à tous”. D’ici là, la mairie espère un début des travaux au mois de février 2022 et attend avec impatience la dernière commission liée à la commercialisation qui aura lieu au secrétariat général des affaires régionales en fin de semaine prochaine. n

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LITTÉRATURE

LISEZ MAYOTTE

LA BANGA, OÙ NAÎT LA SENSUALITÉ

Dans un cri silencieux Abdou Salam Baco Editions L'Harmattan, 1993

A travers le regard du jeune héros, Bana, et par la voix du sage Fani, l'auteur nous fait visiter son île, Maori, sous le soleil rouge des Tropiques et au rythme des va-et-vient des "taxis-brousse".

AGRÉGÉ DE LETTRES MODERNES ET DOCTEUR EN LITTÉRATURES FRANCOPHONES, CHRISTOPHE COSKER EST L’AUTEUR DE NOMBREUX OUVRAGES DE RÉFÉRENCE SUR LA LITTÉRATURE DE L’ÎLE AUX PARFUMS, NOTAMMENT UNE PETITE HISTOIRE DES LETTRES FRANCOPHONES À MAYOTTE (2015) DONT IL REPREND, APPROFONDIT ET ACTUALISE, DANS CETTE CHRONIQUE LITTÉRAIRE, LA MATIÈRE. En 1993, Abdou Salam Baco publie son deuxième roman Dans un cri silencieux, dans la collection “ Encres noires ” de la maison d’édition L’Harmattan. Ce deuxième texte, après un premier qui fit scandale, passe, à tort, relativement inaperçu, comme le rappelle Isabelle Mohamed dans un article intitulé “ Écrire à Mayotte : entre excès et asphyxie ”. Il s’agit du roman d’un adolescent qui se nomme Bana et qui vit à Mayotte. Sa vie se termine tragiquement, “ dans un cri silencieux ”, à la fin du roman, lorsqu’il tombe d’un arbre. Mais avant cela, sa vie est bien remplie, notamment sa vie amoureuse, déchiré qu’il est entre son attirance pour une Mahoraise et celle pour une Métropolitaine : “ Peut-être que Bana croyait impossible un amour entre Rose et lui, ce parce qu’il ne pouvait s’empêcher de se rappeler qu’il n’y a pas si longtemps que cela les ancêtres de Rose étaient les maîtres, les seigneurs de l’île, et ses ancêtres à lui les ‘sauvages’. Ou peut-être simplement aimaitil trop fort Fléra pour qu’il y eût encore de la place dans son cœur pour d’autres filles. Une certitude : à ce stade de leur amitié, jamais l’idée d’aller plus loin n'avait effleuré Bana. Et puis, il avait eu toutes les peines du monde à aborder Fléra, une Maoraise du même village que lui, parlant la même langue que lui, ayant la même mentalité que lui ; alors qu’est-ce que cela pourrait être avec une “ m’zoungou ”, une créature aussi différente de lui que le jour de la nuit ? ” (p. 80-81)

Il y aurait beaucoup à dire sur ce passage… Mais ce qui nous intéresse dans cette dernière chronique sur la banga, c’est que, si Rose fait l’éducation sentimentale de Bana, c’est Fléra qui, dans une garçonnière, fait son éducation sexuelle, prouvant, par la littérature, ce que les essais en sciences humaines postulaient précédemment : “ Fléra jouait maintenant avec la lampe à pétrole qui crachait de gros nuages de fumée. Elle était venue d'elle-même ce soir, en quelque sorte pour se racheter, et elle n’avait pas beaucoup de temps ; il fallait qu’elle rentre chez elle avant que sa mère ne s’aperçoive de son absence. Après quelque hésitation, elle s’empara de la lampe et la déposa par terre derrière un grand carton bourré de livres ; elle diminua ensuite l’intensité de la lumière. La pièce plongea brusquement dans une demi-obscurité où tout était possible et où tout pouvait être permis. Il était environ dix-neuf heures trente. Bana ne réagit pas ; il continuait à tripoter son livre. Maladroitement, Fléra se débarrassa d'abord de son châle, puis, debout, laissa sa robe glisser à ses pieds. ” (p. 117-118) Nous laissons au lecteur le soin d’imaginer la suite de la scène ou d’aller la chercher dans le livre. CQFD : la banga est bien aussi le lieu de la découverte de l’amour – physique. Et ce n’est d’ailleurs pas la seule banga du roman. Nous en trouvons une autre qui nous permet de comprendre que la garçonnière est aussi le double du garçon qui l’occupe : “ Zama était le type

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de garçon qui avait l’oreille et l’œil sur tout. On racontait même dans le village que toutes les nuits, tout de noir vêtu, il se cachait derrière les cases pour écouter les occupants pleurer de plaisir. Mais ce qu’on raconte dans les villages à propos de tout et de rien est une chose, ce qui s’y passe réellement en est une autre. Zama était plus vieux que Bana : excellent boxeur, ses contemporains – du moins ceux de son village – l’entouraient d’un respect craintif. Sa case se trouvait à quelques mètres de celle de Bana, une case dont l’extérieur des murs était couvert de slogans tout aussi comiques qu’avertisseurs, de genre ‘Attention piège’ ou encore ‘Votre fille n’est pas là-dedans’. Derrière le sourire éternel de Zama se cachait un personnage ambigu, difficile à appréhender, mais sociable et généreux au premier abord. ” (p. 59)

Zama est moins un voyeur qu’un “ auditeur ” ! Mais ce qui nous intéresse surtout, ce sont les inscriptions qui ornent la façade de sa banga. La première se comprend comme une variation du piège à fille et se démarque de façon ironique en indiquant le piège au lieu de le camoufler. La seconde inscription s’adresse, de façon insolente, aux parents qui chercheraient une fille qui leur a échappé et qui se demanderaient si elle n’a pas sauté le pas, ou franchi le seuil… Ils ne sont évidemment pas obligés de croire l’inscription du jeune homme sur parole.

Christophe Cosker

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SPORT

CLASSEMENTS & MATCHS

FOOTBALL Régional 1 Samedi 27 novembre 2021 - 15h

ASJ Moinatrindri - Tchanga SC Diables Noirs de Combani - USCP Anteou (Poroani) UCS Sada - AS Bandraboua ASC Kawéni - USCJ Koungou Jumeaux de Mzouazia - AS Rosador Passamainty AS Sada - FC Mtsapéré

Régional 2 Samedi 27 novembre 2021 - 15h

Bandrélé FC - FC Labattoir USC Kangani - AS Neige de Malamani Foudre 2000 (Dzoumogné) - AS Kawéni Enfants Mayotte (Bandraboua) - AJ Kani Kéli ASC Abeilles (Mtsamboro) - FC Dembéni FC Majicavo - Olympique Miréréni

Régional 1 féminines Dimanche 28 novembre 2021 - 15h30

Entente Miréréni/FCO Tsingoni - Racine du Nord Devils Pamandzi - Olympique Sada Club Unicornis - USC Labattoir Jumelles de Mzouazia - ASO Espoir Chiconi Entente Abeilles/EFF/AJM - ASJ Handréma Exempté : FC Mtsapéré

Equipe

Pts

J

G

N

P

Dif

1

FC Mtsapéré

37

17

11

4

2

28

2

Jumeaux Mzouazia

34

14

11

1

2

18

3

AS Bandraboua

27

18

7

6

5

1

4

USCP Anteou

25

15

7

5

3

8

5

Tchanga SC

25

18

6

7

5

5

6

AS Rosador

24

16

7

4

5

-2

7

AS SADA

21

17

6

3

8

-6

8

Diables noirs

18

17

5

4

8

-8

9

ASJ Moinatrindri

17

17

4

5

8

-9 -15

10

UCS De Sada

16

17

4

5

8

11

USCJ Koungou

15

17

3

6

8

-7

12

ASC Kawéni

13

14

5

2

6

-13

Equipe

Pts

J

G

N

P

Dif

1

ASC Abeilles

36

18

10

6

2

19

2

AJ Kani Kéli

34

18

8

10

0

13

3

Bandrélé FC

33

18

10

3

5

13

4

AS Neige Malamani

28

17

8

4

5

3

5

FC Majicavo

24

17

7

3

7

2

6

Olympique Miréréni

22

17

6

4

7

-2

7

USC Kangani

21

17

6

3

8

-3

8

FC Dembéni

19

17

4

8

4

-2

9

Enfants de Mayotte

18

16

6

1

9

-16

10

AS Kawéni

18

18

5

3

10

-8

11

FC Labattoir

17

18

4

5

9

-6

12

Foudre 2000

15

18

4

4

9

-13

Equipe

Pts

J

G

N

P

Dif

1

FC Mtsapéré

41

16

13

2

1

44

2

Jumelles Mzouazia

38

16

11

5

0

51

3

Club Unicornis

33

16

10

3

3

14

4

USC Labattoir

28

16

8

4

4

7

5

Ent. Miréréni/ FCO

24

16

8

1

6

0

6

ASJ Handréma

21

15

6

3

6

12

7

Olympique Sada

19

15

6

2

6

-24

8

Racine du Nord

13

17

3

4

10

-13

9

Devils Pamandzi

8

15

3

1

9

-42

10

ASO Espoir Chiconi

8

14

2

4

7

-16

11

Ent. Abeilles/ EFF/AJM0

13

0

1

11

8

-7

Equipe

Pts

J

G

P

BP

BC

VOLLEY

1

ZAMFI

18

6

6

472

343

2

VCM

18

6

6

490

344

Régionale 1 masculine

3

VCT

11

6

4

2

459

430

4

VCV

10

6

3

3

487

499

Sportous - MAV Lareec - VCT VBM - VCV VCM - ZAMFI

5

LAREEC

6

6

2

4

440

479

6

MAV

6

6

2

4

410

453

7

Sportous

3

6

1

5

368

448

8

VBM

0

6

0

6

358

488

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BASKET Prénationale masculine Etoile bleue Kawéni - Scolo Dunks Fuz'Ellips Cavani - Koropa Fusion Basket Club Mtsapéré - Tonic club Omnisport ABS Sada - Vautour club Labattoir Rapides éclairs - Gladiator Doujani Exempté : Colorado Beetle Mtsahara

Prénationale féminine Vautour club Labattoir - Chicago club Mamoudzou Basket Club Mtsapéré - Magic Basket Passamainty Golden Force - Wakaïdi 2015

Equipe

Pts

J

G

P

1

Gladiator Doujani

15

8

7

1

116

2

Vautour Labattoir

13

7

6

1

194

3

BC Mtsapéré

12

7

5

2

89

4

Koropa Fusion

12

8

4

4

-17

5

Rapides éclairs

11

6

5

1

124

6

CB Mtsahara

11

9

2

7

-53

7

EB Kawéni

10

7

3

4

36

8

Fuz'Ellips Cavani

10

7

3

4

-83 -164

9

ABS Sada

8

7

1

6

10

TC Omnisport

7

6

2

3

-44

11

Scolo Dunks

7

6

1

5

-178

Equipe

Pts

J

G

P

Diff.

1

Golden Force

10

5

5

0

90

2

Fuz'Ellips Cavani

6

3

3

0

294 -94

3

Chicago club MDZ

6

4

2

2

4

BC Mtsapéré

5

3

2

1

60

5

Basket club Iloni

5

4

1

3

-21

6

VC Labattoir

5

4

1

3

-119

7

Wakaïdi 2015

5

5

0

5

-211

8

MB Passamainty

3

2

1

1

1

Equipe

HANDBALL Prénationale Poule A Tsingoni Handball - AJH Tsimkoura HC Acoua - CH Combani Tchanga Handball - HC Passamainty TCO Mamoudzou - HC Labattoir

Pts

Sohoa Handball - HC Bandrélé Alakarabu Hand - PC Bouéni ASC Tsingoni - AJH Koungou HC Kani Kéli - AC Chiconi

HC Passamainty - CH Combani HC Kani Kéli - Haima Sada Moinatrindri HC - TCO Mamoudzou ASC Tsingoni - USM Mbouanatsa PC Bouéni - AJH Tsimkoura Exempté : HC Bandrélé

G

N

P

Diff.

1

CH Combani

9

3

3

0

0

53

HC Acoua

9

3

3

0

0

29

3

Tchanga Handball

8

3

2

1

1

21

4

TCO Mamoudzou

7

3

2

0

1

43

5

HC Labattoir

4

3

1

0

2

-18

6

AJH Tsimkoura

4

3

0

1

2

-15

7

Tsingoni Handball

3

3

0

0

3

-52

8

HC Passamainty

3

3

0

0

3

-61

Pts

J

G

N

P

Diff.

1

ASC Tsingoni

9

3

3

0

0

39

2

PC Bouéni

9

3

3

0

0

15

3

HC Bandrélé

7

3

2

0

1

0

4

Sohoa Handball

7

3

2

0

1

-12

5

AC Chiconi

5

3

1

0

2

0

6

AJH Koungou

5

3

1

0

2

-8

7

HC Kani Kéli

3

3

0

0

3

-13

8

Alakarabu Hand

3

3

0

0

3

-21

Pts

J

G

N

P

Diff.

1

ASC Tsingoni

9

3

3

0

0

56

2

PC Bouéni

9

3

3

0

0

44

3

AJH Tsimkoura

8

3

2

1

0

13

4

HC Bandrélé

7

3

1

2

0

9

5

CH Combani

6

2

2

0

0

19

6

Moinatrindri HC

5

3

1

0

2

-27

7

HC Kani Kéli

4

2

1

0

1

4

8

TCO Mamoudzou

4

3

0

1

2

-32

Equipe

Prénationale féminine

J

2

Equipe

Prénationale Poule B

Diff.

9

HC Passamainty

3

3

0

0

3

-34

10

USM Mbouanatsa

3

3

0

0

3

-37

11

Haima Sada

2

2

0

0

2

-15

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• M ay o t t e H e b d o • N ° 9 7 6 • 2 6 / 1 1 / 2 0 2 1


MAGAZINE D’INFORMATION NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros 7, rue Salamani Cavani M’tsapéré BP 60 - 97600 Mamoudzou Tél. : 0269 61 20 04 contact@mayottehebdo.com Directeur de la publication Laurent Canavate canavate.laurent@mayottehebdo.com Directeur de la rédaction Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 38 soldat@mayottehebdo.com Rédacteur en chef Axel Nodinot

# 976

Couverture :

la taxi-frousse

Journalistes Romain Guille Raïnat Aliloiffa Lise Gaeta Nora Godeau Direction artistique Franco di Sangro Graphistes/Maquettistes Olivier Baron, Franco di Sangro Commerciaux Cédric Denaud, Murielle Turlan Thomas Lévy Comptabilité Catherine Chiggiato compta@mayottehebdo.com Secretariat Annabelle Mohamadi Première parution Vendredi 31 mars 2000 ISSN : 1288 - 1716 RCS : n° 9757/2000 N° de Siret : 024 061 970 000 18 N°CPPAP : 0121 I 92960 Site internet www.mayottehebdo.com

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M ay o t t e H e b d o • N ° 9 7 6 • 2 6 / 1 1 / 2 0 2 1


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