TOUTE L’ACTUALITÉ DE MAYOTTE AU QUOTIDIEN
Lu par près de 20.000 personnes chaque semaine (enquête Ipsos juillet 2009), ce quotidien vous permet de suivre l’actualité mahoraise (politique, société, culture, sport, économie, etc.) et vous offre également un aperçu de l’actualité de l’Océan Indien et des Outremers.
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FI n°3839 Lundi 7 mars 2016 St Félicie
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Fax : 0269 61 63 00
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FI n°3822 Jeudi 11 février 2016 Ste Héloïse
à partir de
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RENSEIGNEMENTS Tél : 0639 67 04 07 | Mail : contact@mayotte-e-velos.yt
FI n°3818 Vendredi 5 février 2016 Ste Agathe
marine le Pen
environnement
Port de Longoni
ConSeil départeMental
Quel accueil se prépare pour la présiDente Du Fn ?
Le Lagon au patrimoine mondiaL de L'unesCo ?
la dsP sur la sEllEttE
pas de changement sUr l’octroi de mer
© Jonny CHADULI
Grève à Panima
TéléThon 2016
Des propositions mais toujours pas D'issue
DemanDez le programme
première parution : juillet 1999 - siret 02406197000018 - édition somapresse - n° Cppap : 0921 y 93207 - dir. publication : Laurent Canavate - red. chef : Gauthier dupraz - http://flash-infos.somapresse.com
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FI n°3997 mercredi 30 novembre 2016 St André
© CR: Gauthier Bouchet
Diffusé du lundi au vendredi, Flash Infos a été créé en 1999 et s’est depuis hissé au rang de 1er quotidien de l’île.
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Économie
SÉcuritÉ
Les appeLs à projets de L'europe
Couvre-feu pour Les mineurs
Première parution : juillet 1999 - Siret 02406197000018 - APE 5813Z - Édité par la Somapresse - Directeur de publication : Laurent Canavate - http://flash-infos.somapresse.com
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Musique
Faits divers
Edmond BéBé nous a quitté
ViolEncE En cascadE
Première parution : juillet 1999 - Siret 02406197000018 - APE 5813Z - Édité par la Somapresse - Directeur de publication : Laurent Canavate - http://flash-infos.somapresse.com
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MCG VS SMart
ViCe-reCtorat
UltimatUm oU véritable main tendUe ?
l’institUtion répond aUx critiqUes
Première parution : juillet 1999 - Siret 02406197000018 - APE 5813Z - Édité par la Somapresse - Directeur de publication : Laurent Canavate - http://flash-infos.somapresse.com
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LE MOT DE LA RÉDACTION
NOUS SOUFFRONS TOUS D'UN HANDICAP Empruntée à Philippe Brault, délégué national de l'UGSEL à La Réunion, cette sentence on ne peut plus véridique trouve toute sa place à notre époque. Certains de nos contemporains, en effet, souffrent d'une véritable ablation de l'empathie, quand à leur porte se présentent des parents et leurs enfants fuyant la mort ou la misère. D'autres, victimes d'une déficience de respect, méprisent la propriété intellectuelle et le droit français en se présentant à la présidence. Dans le pire ou le meilleur, nous sommes donc tous les mêmes, ou censés l'être du moins. Car comment expliquer que les Mahorais, qui ont joué le jeu des mesures sanitaires pour que leur taux d'incidence au Covid soit le plus bas de France, se voient imposer des restrictions au départ de l'île ? Comment peut-on encore prétendre avoir les mêmes droits si certains d'entre nous n'ont pas les infrastructures et services nécessaires à leurs besoins ? C'est le thème de ce numéro, le centième depuis le passage au tout-numérique de Mayotte Hebdo : les personnes en situation de handicap sur l'île. Puisque la société mahoraise, qui ne se préoccupe que trop peu de ses enfants autistes, amputés ou sourds-muets, est elle-même un environnement handicapant. Il était donc essentiel, à l'occasion de leur journée internationale ce vendredi 3 décembre, de mettre en lumière celles et ceux qui sont mis à la marge. "Nous sommes similaires mais… Pas tous égaux" rappait Tunisiano sur son morceau Répondez-moi. Un constat amer, mais juste, n'en déplaise à la devise du pays des Droits de l'Homme.
Axel Nodinot Phil - BAT
PMU G.I.E. SIREN 775 671 258 RCS PARIS. © Scoopdyga
Bonne lecture à toutes et à tous. Mayotte Hebdo • Bandeau intérieur • 197 x 60 mm • Visuel:MEETING HIVER • Parution=03/déc./2021 • Remise le=30/nov./2021
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TCHAKS
L'ACTION
LE CHIFFRE 6
C'est le nombre de championnats qui séparent les Jumeaux de Mzouazia (Régional 1 Mayotte) et les Girondins de Bordeaux (Ligue 1). Lors du tirage au sort des 32èmes de finale de la Coupe de France, lundi soir, le club du sud de Mayotte a en effet tiré le gros lot avec un club de l'élite du football français. Après avoir éliminé coup sur coup deux équipes métropolitaines lors des 7ème et 8ème tours de la compétition, exploit unique dans l'histoire de Mayotte, les Jumeaux auront donc fort à faire le samedi 18 décembre, à 17 heures. Les Girondins, de leur côté, flirtent avec la relégation en Ligue 1, n'étant qu'à 1 petit point de la lanterne rouge. Il existe donc de fortes probabilités pour que Bordeaux n'aligne pas ses joueurs titulaires en Coupe de France, contre Mzouazia.
Une semaine contre les IST et le diabète Si la crise sanitaire provoquée par la Covid occupe la plupart des articles consacrés à la santé, les autres maladies n'ont pas pour autant cessé d'exister. Ainsi a lieu cette semaine la 3ème édition de la semaine du dépistage à Mayotte. Organisée par Nariké M'sada, la PMI (protection maternelle et infantile), l'ARS et les associations de l'île, elle permet au peuple de bénéficier d'un dépistage gratuit pour les infections sexuellement transmissibles, dont le Sida, mais aussi pour le diabète. Ces fléaux touchent encore une trop grande part de la population mahoraise : en 2019, l'île recensait un taux de 293 découvertes de séropositivité VIH par million d'habitants. Depuis le 29 novembre et jusqu'au 5 décembre, les habitants pourront donc se faire dépister au CEGIDD du CHM, auprès de l'association Nariké M'sada, ou auprès de tous les médecins et sages-femmes lors d'une consultation médicale.
LA PHRASE
“La majorité des contraventions et délits environnementaux restent impunis” C'est le constat de l'association Mayotte Nature Environnement (MNE), dans sa lettre ouverte à Eric Dupond-Moretti, garde des Sceaux. L'ancien avocat d'Abdelkader Merah sera en effet en visite dans le 101ème département français la semaine prochaine, afin de constater la délinquance gangrénant l'île. Si l'amateur de chasse et de corrida viendra aussi et surtout pour défendre le mandat d'Emmanuel Macron, l'association y voit l'occasion de l'interpeller sur les atteintes graves à l'environnement perpétrées à Mayotte. "Si la destruction effrénée de la biodiversité n’est pas maitrisée, dès à présent, les conséquences seront […] également tragiques pour les habitants de l’île à moyen et long terme, la nature n’étant plus en mesure de fournir ses précieux services à la population", déplore MNE dans sa lettre ouverte.
IL FAIT L’ACTU Emmanuel Baudin visite la prison surpeuplée de Majicavo "Il y a plus de 110 matelas au sol" dans le centre pénitentiaire de Majicavo, selon Emmanuel Baudin, secrétaire général de Force Ouvrière Justice. Celui-ci, en déplacement sur l'île durant quelques jours, déplore le manque de place dont souffre la seule et unique prison mahoraise. "Les conditions de détention sont difficiles pour les détenus, mais aussi pour les personnels", a-t-il déclaré à Flash Infos. "C’est toujours problématique quand vous ouvrez une cellule qui devrait accueillir une personne et que vous en avez quatre face à vous." La surpopulation carcérale est un problème majeur pour l'établissement, qui prévoit l'accueil de 275 personnes, mais qui en recense actuellement 475 ! Emmanuel Baudin plaide ainsi, et depuis plusieurs années, pour un agrandissement de la prison de Majicavo, alors même que le "Plan 15 000 places" de l'Etat n'a prévu aucun chantier à Mayotte.
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LU DANS LA PRESSE
Chaque semaine, découvrez le regard porté sur l’actualité locale à travers la presse nationale ou régionale
À MAYOTTE, QUATRE JOURS POUR ÉVACUER UN COMMANDANT MALADE DU COVID Le 28 novembre 2021, par Thibaud Teillard pour Le Marin. Le commandant du roulier de la Maritime nantaise MN Calao, affrété par le ministère des Armées, isolé depuis quatre jours après avoir connu des symptômes graves du covid-19, a fini par être évacué le 28 novembre au soir par les autorités à Mayotte. Le MN Calao en provenance de La Réunion, après un périple pour ravitailler les bases françaises du Pacifique, a passé la nuit du 23 au 24 novembre au mouillage au large du port de Longoni, à Mayotte, avant d’être placé à quai le 24 au matin. Son commandant, l’un des cinq officiers français à bord aux côtés de 12 marins philippins et 12 militaires accompagnant le matériel transporté, a alors présenté des symptômes graves du covid-19. Le test a confirmé que le commandant, qui avait embarqué deux jours plus tôt à La Réunion, était positif au virus. Le commandant s’est aussitôt isolé dans sa cabine et le second fait depuis office de commandant. Un agent a déposé des autotests à la coupée le soir même du 24 novembre et personne à bord ne s’est testé positif via cette méthode qui n’est cependant pas assimilable à un test PCR de laboratoire. Le lien du commandant avec l’armateur s’effectuait depuis par plusieurs appels quotidiens pour s’assurer de son état de santé. Les Philippins non encore complètement vaccinés Le navire a été prié par l’autorité portuaire le soir du 24 novembre de retourner au mouillage pour laisser la place
à quai. Depuis, aucune vedette de rade ne voulait s’en approcher. Le MN Calao n’est retourné temporairement à quai que le 28 novembre à 17 h pour embarquer de l’eau mais devait retourner ensuite au mouillage. Plusieurs officiers du roulier ont alors exprimé leur droit de retrait immédiat, rendant impossible tout autre mouvement dans le port de Longoni aux capacités limitées. Devant l’inquiétude des autorités portuaires, la préfecture est intervenue et le commandant a enfin été évacué par les pompiers dans la soirée du 28 novembre. Après quatre jours de crise marquée par la non-évacuation du commandant et l’absence d’accès à des tests PCR, l’inquiétude vive de toutes les personnes présentes à bord – un milieu clos avec ventilation permanente – et de leurs familles a pu un peu retomber dans la soirée du 28 novembre. Si les quatre autres officiers et les militaires français sont vaccinés, contrairement au commandant qui ne l’était pas, les Philippins n’ont aucun bouclier face à la forme grave du virus n’ayant reçu que très récemment leur première injection. En l’absence de protocole, le sort des personnes présentes à bord, la durée de leur quarantaine et les conditions de désinfection du navire doivent désormais être précisées rapidement par les autorités sanitaires. Contacté dans la soirée du 28 novembre, la Maritime nantaise, qui a tenu une réunion de crise avec le bord, n’avait pas encore répondu aux sollicitations du marin.
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LE QUE STION Mayan'Art Studio
Nora Godeau
ZILY STAR MAHORAISE
VISANT L’INTERNATIONAL
À l’occasion de la sortie de son dernier titre “ Amani ” (“ la paix ” en shimaoré) le 26 novembre dernier, nous avons posé nos questions à Zily, la star de la chanson mahoraise. Connue depuis de nombreuses années sur l’île aux parfums, cette autrice-compositrice-interprète s’inspire des musiques et chants traditionnels de Mayotte, où elle a grandi. Récemment, la chanteuse est passée à un style plus universel, tout en restant fidèle aux sonorités et aux thématiques qui lui sont chères. Une stratégie qui fonctionne parfaitement puisque “ Tsika ” (“ J’étais ”), le premier titre de son EP sorti en juin 2021, a cartonné sur les plateformes. Son nouveau titre suit le même destin puisqu’en cinq jours, il a été déjà vu plus de 135 000 fois. Rien d’étonnant à cela puisque ses paroles mettent en avant la force et la valeur des femmes, un sujet très actuel. Rencontre avec une artiste mahoraise partie à la conquête de l’Hexagone et de l’Afrique de l’Est.
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NNAIRE DE …
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LE QUE STIONNAIRE DE … Quel est le mon principal trait de caractère ?
Portrait chinois Si vous étiez… Un plat Je serais un kangué accompagné d'un bata bata que l'on mangerait à même le sol, à la main ! Le kangué est un plat extrêmement simple, convivial, mais qui demande de la patience et un certain doigté pour être réussi.
Un morceau de musique "Amani", mon nouveau morceau. Ce titre parle de nous, les femmes. De nos combats, de notre résilience, de notre volonté de nous élever et de ne pas nous laisser faire, mais aussi de notre amour pour les autres.
Un livre "Devenir", de Michelle Obama.
business et de stylisme. Après tout, Lagos est considérée par beaucoup comme la capitale africaine de la mode. J'espère pouvoir m'y rendre, un jour ! Mais surtout, j'espère avoir la chance d'aller dans tous les pays de l'Afrique de l'Est : la Tanzanie, d'abord, et plus particulièrement Zanzibar, pour toutes ses similitudes avec la culture de Mayotte. Mais aussi le Kenya, le Mozambique, Djibouti...
S'il y a bien un trait de caractère qui me définit, c'est que je n'abandonne jamais. Quand j'ai un objectif en tête, c'est "Paka Mpakani", comme on dit. Plus déterminée que moi, il n' y a pas !
Quelle est ma principale qualité ?
Quelle est ma couleur préférée ?
J'aime les autres et le monde alors je dirais : généreuse et empathique. Oui, ça fait deux, mais pour moi, ces deux qualités vont ensemble.
Le bleu dans toutes ses déclinaisons, du bleu marine au bleu ciel. Chaque bleu a une signification qui me définit bien. Je vous invite à aller regarder ce qu'ils veulent dire.
Quel est mon principal défaut ? Je suis perfectionniste. Dans la vie de tous les jours, quand je travaille, il faut que tout soit au plus près de la perfection, même si cela doit prendre des jours ou même des semaines, au grand dam de mon entourage !
Quel est mon héros ? Ma mère reste et restera mon modèle. C'est mon héroïne de tous les jours. C'est une combattante. Elle ne lâche rien et ne s'est jamais laissée abattre par les difficultés du quotidien. Et elle garde toujours le sourire. C'est une personne qui n'a pas été épargnée par la vie, mais qui a toujours eu le cœur sur la main.
Quelle est mon occupation préférée ? Quand je ne travaille pas, et Dieu sait que je travaille beaucoup, je passe le reste de mon temps avec ma famille.
Qu’est-ce que je déteste par-dessus tout dans la vie ?
Un film "The Mask", avec Jim Carrey. Une couleur Le jaune.
Un animal Le shukuru. Vous savez, c’est cet oiseau qui répond et qui vient vers nous quand on chante : "Shukuru ! Mantawala !" Je ne sais pas comment cet oiseau s'appelle en français.
Quel est le rêve de ma vie ?
Les personnes malhonnêtes et la méchanceté gratuite.
L'un de mes plus grands rêves est de faire connaître Mayotte, sa culture et ses traditions partout dans le monde, à travers ma musique.
Qu’est-ce que j’aime pardessus tout dans la vie ?
Quel pays aimerais-je découvrir ?
Ma famille.
Il y en a plusieurs. Le Sénégal, car je suis une grande fan de Mbalax [musique très rythmée du pays, NDLR] et j'espère pouvoir rencontrer des personnes qui pourront me faire découvrir un peu de ce qui est pour moi plus qu'un art. Le Nigéria aussi, car j'aime tout ce que ce pays dégage, tout ce que j'en entends, en termes de musique, mais aussi de
Quelle est ma devise ? Viser plus haut. Viser plus loin.
Comment j’aimerais mourir ? Entourée des miens, dans la sérénité, Inch'Allah. n
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HANDICAP À MAYOTTE
UNE SOCIÉTÉ AVEUGLE
À l'occasion de la journée internationale des personnes en situation de handicap, ce vendredi 3 décembre, il était nécessaire de tourner les projecteurs sur les Mahoraises et Mahorais qui vivent dans l'ombre. Qu'elles soient en situation de handicap moteur, sensoriel ou intellectuel, ces personnes font face à un isolement mortifère, provoqué par le manque de considération de la société mahoraise. Et le bout du tunnel est encore invisible pour cette minorité, représentant tout de même 10% de la population française. Néanmoins, la situation progresse, à la faveur d'acteurs associatifs et publics, qui doivent braver le manque de personnel qualifié. Immersion dans un secteur qui multiplie les efforts pour que Mayotte regarde tous ses enfants dans les yeux.
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DOSSIER
Axel Nodinot
DROITS SOCIAUX
PERSONNES EN SITUATION D'ISOLEMENT LOIN D'ÊTRE UNE SINÉCURE, LE SORT DES PERSONNES EN SITUATION DE HANDICAP À MAYOTTE PROVOQUE CHEZ ELLES UN ISOLEMENT PHYSIQUE ET SOCIAL GRAVE. SOUFFRANT ÉGALEMENT DE TROP PEU DE VISIBILITÉ, ELLES DOIVENT ENDURER SEULES – OU PRESQUE – LE PARCOURS DU COMBATTANT QUE REPRÉSENTENT LES DÉMARCHES ADMINISTRATIVES POUR PERCEVOIR AIDES ET DROITS SOCIAUX. "C'est compliqué…" Loin d'être résignée, Chantal Ballager, directrice de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) de Mayotte, reconnaît néanmoins sans mal les difficultés éprouvées pour que nos compatriotes vivent dignement. "Le handicap est très mal connu, mais aussi les structures existantes, continue-t-elle. Traditionnellement, le handicap est vu de manière très négative, mais ça progresse au fil des ans." Ce progrès, s'il en est, ne cache pas l'absence de liberté dont sont victimes les personnes handicapées sur l'île au lagon, condamnées à rester chez elles, sans possibilité de bouger, travailler, faire ses courses… En bref, de vivre dignement. Pour Chantal Ballager, le maître-mot de leur vie est l'inaccessibilité. "L'inaccessibilité de la voie publique, des bâtiments publics ou privés, de la communication également, puisqu'une personne sourde n'a pas accès à la totalité de l'information, une non-voyante non plus", déclare la directrice de la MDPH.
"Les enfants étaient enfermés, non-scolarisés" Ainsi, il n'est pas rare de voir un homme en fauteuil roulant emprunter le même asphalte que les voitures, camions et autres bus, Mayotte ne comptant que très peu de trottoirs dignes de ce nom. Quant aux enfants, pour lesquels quelques structures existent sur l'île, il en est qui n'échappent pas à une marginalisation. L'ADSM, Association pour les déficients sensoriels de Mayotte, n'a été créée qu'en 1999 par des parents, avant de recevoir ses agréments en 2003. "Avant, les enfants étaient enfermés, non-scolarisés", témoigne une bénévole. C'était il y a moins de vingt ans. Aujourd'hui, l'association accueille une quarantaine de personnes, enfants et adultes, dont une dizaine sont insérés. Autre acteur agissant pour le handicap, l'ALEFPA (Association Laïque pour l'Education, la Formation, la Prévention et l'Autonomie), qui vient de poser ses valises à Mayotte à la faveur d'une subvention de 9 millions
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Madi Moussa Velou. Pour l'ergothérapeute, on est obligés de recruter hors de France." La Maison départementale, comportant une grande partie de fonctionnaires détachés, compte aussi embaucher un directeur adjoint pour épauler Chantal Ballager, la directrice actuelle. Et l'élu, nommé en septembre à la tête de l'organisme, ne compte pas s'arrêter là. De nombreux projets sont sur les rails, comme celui du déploiement d'antennes sur l'île. "Tout converge à Mamoudzou, et je veux amener la MDPH au plus près de la population, ambitionne Madi Moussa Velou. Avec 24 agents, le local de Mamoudzou n'est plus en mesure d'en accueillir d'autres. Il nous faut donc un bâtiment dédié, dans le centre ou le centre-ouest." Quitter Mamoudzou donc, l'année prochaine, avant de construire une seconde antenne en Petite Terre, en 2023.
d'euros. Avec une équipe mobile de dix professionnels et une vingtaine de patients, l'association vient en aide aux personnes atteintes de polyhandicap, en lien étroit avec l'ARS et le CHM de Mamoudzou. Quant à la MDPH, organisme essentiel pour les ayant-droits en situation de handicap, elle cumule au 1er décembre 2021 quelque 12160 bénéficiaires. Ce chiffre, qui ne représente que 4% de la population mahoraise, est anormalement plus bas que la moyenne nationale de 10%. Un écart mettant en lumière le manque d'informations des Mahorais au sujet du handicap, certains ne sachant même pas que des aides existent.
LA MDPH SUR TOUS LES FRONTS Avec une prévision de quasiment 6000 décisions et avis pris par la CDAPH (Commission des droits et de l'autonomie des personnes handicapées) à Mayotte en 2021, un chiffre en hausse par rapport à 2020, les demandes de droits progressent. Primordiale pour les Mahorais, la MDPH permet, grâce à un système de graduation du handicap, de procéder au calcul des indemnités qui seront perçues par le bénéficiaire. C'est ce que précise Madi Moussa Velou, 7ème vice-président du Conseil départemental chargé des Solidarités, Action sociale et Santé, et récemment désigné président délégué de la MDPH. " La MDPH est financée par différents partenaires, qui sont le CD, l'ARS, l'Etat via la DEETS, et le rectorat, explique l'élu de Dembéni. Nous avons des commissions qui nous permettent de statuer sur les aides, mais elles sont versées par la CSSM et le CD." Touchée par l'absence de certains professionnels sur le territoire, un mal commun à toutes les structures mahoraises du secteur du handicap, la MDPH est obligée de travailler avec des contrats à mi-temps, notamment un médecin. "On a recruté pour être à deux infirmières, continue
DE LA NÉCESSITÉ D'ACCÉLÉRER LES DÉMARCHES La proximité des personnes en situation de handicap, tel est l'objectif annoncé par le président délégué de la MDPH. Ce dernier prévoit aussi des augmentations salariales, ainsi qu'un "bus mobile pour les villages les plus éloignés, qu'on y aille avec nos professionnels aux côtés des CCAS, expliquer nos missions et collecter les dossiers". M. Velou est bien conscient, effectivement, que le nombre de dossiers est beaucoup trop bas à Mayotte. "Si on se cale sur la moyenne nationale et la population mahoraise, on devrait être à minimum 30 000 dossiers", déclare-t-il. Si le manque d'informations est sans doute à blâmer, la lenteur des démarches administratives est le plus gros frein à l'aboutissement des dossiers d'aides sociales. Les dirigeants de la Maison départementale des personnes handicapées de Mayotte défendent néanmoins une avancée certaine sur ce terrain. "Avant, il fallait un an pour traiter un dossier !", s'exclame Madi Moussa Velou. Aujourd'hui, le délai moyen de traitement d'un dossier est de quatre mois. "L'objectif est de deux mois, continue-t-il. Mais il faut reconnaître ses torts, on n'est pas au top niveau dossiers pour plusieurs raisons. Nous n'avons que 24 agents seulement, et on ne peut pas se permettre d'augmenter du jour au lendemain. Le lien avec la CSSM va changer les choses." Ce lien, c'est l'extrême espoir des bénéficiaires mahorais et de la MDPH. Celle-ci a en fait déployé un logiciel, déjà "utilisé par un bon nombre d'usagers", et doit maintenant "passer au palier 2". Ce qui permettra de relier MDPH et CSSM sur la même plateforme, laissant de côté les dossiers papier obsolètes. Une petite révolution qui devrait logiquement faire drastiquement baisser les délais de traitement des dossiers et de paiement des aides. Mais aussi résoudre d'autres problèmes inquiétants, selon Madi Moussa Velou : "Quand le logiciel sera optimal, nous éviterons les pertes de dossiers"… n
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DOSSIER
Propos recueillis par Nora Godeau
AUTISME
UN PARCOURS DU COMBATTANT POUR LES ENFANTS ET LEURS FAMILLES ! 1500 AUTISTES SONT RECENSÉS SUR LE TERRITOIRE MAHORAIS PAR L’INSEE. ET ON NE PARLE MÊME PAS DES PERSONNES NON DIAGNOSTIQUÉES. MALGRÉ CE CHIFFRE ALARMANT, IL N’Y A QUE TRÈS PEU DE STRUCTURES S’OCCUPANT DES PERSONNES SOUFFRANT DE CE TROUBLE DU NEURODÉVELOPPEMENT. CE N’EST QU’EN 2017 QU’UNE ASSOCIATION DÉDIÉE À L’AUTISME S’EST CRÉÉE, À L’INITIATIVE DE 5 PARENTS LASSÉS DE RIEN VOIR NAÎTRE EN TERMES DE STRUCTURES SPÉCIALISÉES POUR S’OCCUPER DE LEURS ENFANTS ET D’UN PROFESSIONNEL DE LA SANTÉ QUI TRAVAILLAIT À L’ÉPOQUE AU CAMPS MAECHA (CENTRE D’ACTION MÉDICO-SOCIALE PRÉCOCE). ERNESTINE BAKABOG, EXPATRIÉE D’ORIGINE CAMEROUNAISE ARRIVÉE À MAYOTTE DEPUIS LA MÉTROPOLE EN 2007, A AIDÉ À LA CRÉATION DE CETTE ASSOCIATION DEPUIS LA FRONTIÈRE BELGE. ELLE EST AUJOURD’HUI DIRECTRICE D’AUTISME MAYOTTE, L’UN DES RARES REFUGES DES PARENTS D’ENFANTS AUTISTES À MAYOTTE… ET DES PERSONNES SOUFFRANT DE CE TROUBLE EN GÉNÉRAL. ENTRETIEN. Mayotte Hebdo : Ernestine Bakabog, vous êtes la mère de Yann, 14 ans, adolescent atteint d’autisme modéré et non-verbal. Comment en êtes-vous venus à détecter ce trouble chez votre enfant ? Ernestine Bakabog : Je suis arrivée à Mayotte en 2007 pour des raisons professionnelles qui concernaient mon mari et moi. Yann
notre enfant est né en métropole, mais nous sommes arrivés à Mayotte alors qu’il n’était que bébé. A cette époque, nous ignorions encore qu’il souffrait d’autisme. J’ai commencé à soupçonner qu’il était différent des autres enfants alors qu’il avait environ 18 mois. Il était “ trop parfait ” pour un enfant de cet âge : il a commencé à refuser les couches et à aller tout seul aux toilettes sans
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jamais qu’un “ accident pipi ne survienne ”. Il alignait les chaussures des membres de notre famille d’une manière parfaite sur une seule ligne. Il rangeait même la vaisselle ! J’ai commencé à soupçonner une surdouance, mais les pédiatres m’affirmaient que ce n’était pas le cas. Je suis restée dans le flou longtemps. Puis les troubles ont commencé alors que Yann avait atteint environ ses deux ans : il a commencé à avoir des angoisses nocturnes qui l’empêchaient de pouvoir dormir tout seul, puis il ne réagissait plus à son prénom (alors que c’était le cas avant ses deux ans). Ensuite, il n’a plus réagi à aucune sollicitation et les éléments de langage qu’il avait acquis avant ses deux ans ont disparu progressivement. Il s’est alors mis à régresser dans son développement. Alors qu’il avait appris à marcher très jeune, il s’est mis à
oublier comment on marchait. Mais ce qui m’a le plus mis la puce à l’oreille concernant le trouble autistique était le fait que son regard déviait constamment. Mes recherches personnelles m’ont amené à penser qu’il s’agissait d’un problème caractéristique de l’autisme. J’ai consulté beaucoup de médecins à La Réunion, mais on me disait invariablement que Yann n’tait pas autiste. Selon eux, il avait simplement des troubles d’audition. En réalité, il était encore trop jeune pour recevoir un diagnostique satisfaisant. Ce n’est que lorsque mon mari et moi sommes allées en Guyane, alors que notre enfant était âgé de trois ans, que nous avons enfin pu le faire diagnostiquer. La Guyane à l’époque possédait déjà un hôpital de jour, contrairement à Mayotte, ainsi qu’un Centre Ressources Autisme (CRA). C’est grâce à ces
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structures que mon mari et moi avons enfin pu faire diagnostiquer Yann en tant qu’autiste et qu’il a enfin pu être pris en charge par des structures spécialisées. MH : Quel a été le parcours de soins pour Yann ? E.B : Alors que nous étions en poste en Guyane, Yann a carrément perdu sa mobilité. Il ne marchait plus du tout. Ayant entendu dire que la Belgique était en avance concernant la prise en charge des personnes autistes, nous avons demandé notre mutation à la frontière belge et l’avons obtenue. Yann a alors pu être scolarisé dans une école spécialisée à Mons.
C’est à ce moment que j’ai choisi d’arrêter de travailler pour me consacrer entièrement à aider Yann. Mon mari assurait la partie financière en conservant son emploi. C’était un arrangement entre nous. Dans cette école spécialisée, Yann a pu bénéficier des techniques de prise en charge de l’autisme les plus modernes. Ainsi, il a été scolarisé selon la méthode TEACCH (ndlr : méthode d’éducation permettant aux enfants autistes d’être scolarisés dans un cadre d’éducation structuré). Il a aussi pu bénéficier d’autres méthodes de prises en charge de l’autisme particulièrement adaptées à son cas. Car il faut savoir que chaque forme d’autisme varie selon les individus. Ce trouble du neuro-
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développement laisse des séquelles au niveau neuronal. Toutefois, grâce aux techniques comportementales spécialisées, les professionnels réussissent à engendrer de nouvelles connexions chez les enfants atteints de ce trouble. Grâce à elles, les enfants autistes peuvent réussir à apprendre des choses et à être éduqué selon leurs possibilités. MH : Pourquoi avoir choisi de revenir à Mayotte en 2017 alors qu’il n’existait quasi aucune structure spécialisée pour la prise en charge des autistes à l’époque ? E.B : Eh bien…parce que je suis d’origine Camerounaise et que je souhaitais habiter un département français où le manioc peut pousser ! (rires). Plus sérieusement : en tant qu’Africaine, le climat de Mayotte, chaud et humide, me convenait beaucoup mieux que celui de métropole et, les camerounais étant d’origine bantoue tout comme les Mahorais (ndlr : en partie seulement, évidemment !), je me sentais plus proche culturellement des Mahorais que des habitants de l’hexagone. C’est pour cela que mon mari a tout fait pour obtenir sa mutation dans le 101ème département français. Il l’a obtenu en 2017 alors que Yann avait 10 ans. Dès l’annonce de son obtention, je me suis renseignée sur les structures existantes en termes de prise en charge des enfants autistes. Devant le manque de structure, je me suis rapprochée des parents d’enfants autistes à distance et, ensemble, nous avons fini par monter l’association Autisme Mayotte dont je suis actuellement la présidente. MH : Concrètement, qu’est-ce qui existe dans le 101ème département pour aider les personnes souffrant de troubles du spectre autistique ? E.B : Quand je suis revenue à Mayotte en 2017, seuls quelques enfants autistes étaient suivis à l’IME de Bandrélé (ndlr : Institut Médico-éducatif : structure ayant pour mission d’accueillir des enfants et adolescents handicapés atteints de déficience intellectuelle quelque soit le degré de leur déficience. En sachant que toute forme d’autisme n’implique pas forcément de déficience intellectuelle. Les autistes Asperger par exemple sont des autistes dit “ de haut niveau ”. Ils correspondent aux “ clichés ” de l’autisme vu par la culture populaire de type “ Rain Man ”, personnage du film de Barry Levinson sorti en 1988 et mettant en scène un personnage d’autiste “ savant ” joué par Dustin Hoffman. Depuis ce film, Rain Man est devenu la vision de l’autisme dans la culture populaire alors qu’en réalité le personnage ne correspond qu’au type des autistes dits “ de haut niveau ”. Ce qui ne correspond qu’à un petit pourcentage des personnes souffrants de ce trouble du nauro-développement). Du coup, j’ai incité les parents à protester et, à force d’efforts, nous avons
finalement été entendus. C’est ainsi qu’une classe du niveau école primaire spécialisée dans les troubles de l’autismes a enfin été mise en place à la rentrée 20212022. En parallèle, notre association a aussi impulsé la création d’une “ école des parents ” à Tsingoni pour former les “ aidants ” à s’occuper des enfants atteints d’autismes. Ces structures sont dédiées aux enfants autistes dans l’impossibilité de s’intégrer au sein d’un groupe d’enfants neurotypiques (les termes “ neurotypiques ” et neuroatypiques ont été créés par les professionnels des troubles du développement pour désigner, grossièrement bien sûr, ce que nous appelons communément “ fonctionnement du cerveau normal ” et ” fonctionnement du cerveau de type particulier ”). MH : Yann est aujourd’hui âgé de 14 ans. Quel avenir envisagez-vous pour lui ? E.B : Les troubles du spectre autistique engendre des troubles qui empêchent ceux qui en sont atteint de s’insérer “ normalement ” dans la société. L’autisme en particulier, par les répétitions de type obsessionnelles et les intérêts spécifiques empêchant les personnes atteintes de s’intéresser “ à autre chose ”, envahissent l’espace social des personnes neurotypiques, engendrant souvent des réactions de rejet. Pour insérer un autiste sévère ou modéré dans le monde professionnel (les autistes “ haut niveau ” arrivent souvent à s’intégrer au sein de la société neurotypique car ils sont verbaux et arrivent de ce fait à s’adapter plus facilement), il faut que son entourage soit formé et au courant des troubles qu’engendre le spectre autistique. C’est compliqué. Pourtant, la compulsion de répétition constituant l’un des piliers des troubles autistiques peut être employé à bon escient dans le monde de l’entreprise. Ainsi, beaucoup d’autistes n’ont aucun problème à répéter indéfinement le même geste, contrairement aux personnes neurotypiques que le répétition agace et fatigue. Dans le cas d’une personne autiste, le problème va plutôt être le fait d’arrêter le geste, car ils peuvent pousser la répétition à jamais sans penser à manger ou dormir. L’intégration professionnelle des autistes sévères ou modérés n’est donc possibles que dans la mesure où ils ont un “ encadrant ” chargé de gérer leur comportement. Aux Etats-Unis, beaucoup d’autistes sont “ utilisés ” pour effectués avec grand plaisir des tâches que les neurotypiques rechignent, voire sont incapables de faire. Dans l’hexagone, on commence aussi. En ce qui concerne Yann, nous n’avons pas encore réussi à déterminer quel serait le talent spécifique qui lui permettrait de s’intégrer dans le monde professionnel en compagnie d’un “ aidant ” chargé de gérer ses troubles. Nous sommes sûrs en tout cas qu’il lui faudrait un métier manuel. Nous continuons à chercher, après tout il n’est âgée que de 14 ans ! n
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Axel Nodinot
EMPLOI
TOUT HANDICAP MÉRITE TRAVAIL
LE PLUS GRAND CHANTIER D'ÉMANCIPATION DES PERSONNES EN SITUATION DE HANDICAP, À MAYOTTE, EST L'ACCÈS À L'EMPLOI. VECTEUR DE LIEN SOCIAL ET D'AUTOSUFFISANCE, LE TRAVAIL N'EST NÉANMOINS QU'UN DOUX RÊVE POUR DES MILLIERS DE MAHORAIS, VICTIMES DE LA MÉFIANCE DES ENTREPRISES ET DE DÉMARCHES ADMINISTRATIVES EXTRÊMEMENT CHRONOPHAGES. LES ORGANISMES S'ACTIVENT POURTANT AFIN DE PROPOSER UN AVENIR MEILLEUR À LEURS USAGERS, À L'IMAGE DE L'APAJH, L'ASSOCIATION POUR ADULTES ET JEUNES HANDICAPÉS.
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Un taux minimal obligatoire de personnes handicapées dans l'entreprise. C'est la mesure qui est déjà en vigueur au sein des entreprises privées, et qui sera désormais applicable au secteur public dans moins d'un mois. Le 1er janvier 2022, en effet, ce taux minimal d'employés en reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) grimpera à 6% dans les entreprises privées ou publiques. Une manière de minimiser légalement les discriminations à l'embauche visant nos compatriotes handicapés. En France, mais encore plus à Mayotte, la plupart des entreprises sont malheureusement encore loin de ce taux légal. "On galère énormément à faire comprendre qu'une personne en situation de handicap a des compétences, regrette Soulaimana-Soula M'Madi, responsable du pôle adultes à l'APAJH. Ce handicap ne met pas à mal ses compétences."
Ce message, les entreprises mahoraises ont bien du mal à l'entendre. C'est ainsi que la grande majorité des Mahorais handicapés demeure dans une situation de précarité. Dans la France entière, le taux de chômage des personnes en situation de handicap était de 16% en 2019, un triste score étant deux fois supérieur à celui de la population active. On imagine alors aisément l'état des lieux dans le 101ème département français, où le taux de chômage, atteignant 30% fin 2019, est largement supérieur à celui de la métropole – environ 9% à la même date. Quant à l'allocation adultes handicapés (AAH), elle ne permet absolument pas à une personne de vivre dignement (voir encadré), d'autant que l'alignement des droits mahorais sur ceux de métropole ne remonte qu'à quelques années.
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PEU DE PLACES POUR UNE GRANDE DEMANDE Cet état de cause dramatique pour les Mahorais handicapés est bien connu des organismes spécialisés, qui essaient depuis plusieurs années de colmater la brèche. Ces dernières semaines, plusieurs initiatives en faveur de l'insertion professionnelle ont ainsi été menées sur l'île. Du 15 au 21 novembre, la semaine européenne pour l'emploi des personnes en situation de handicap s'est manifestée à Mayotte par des stands place de la République, à Mamoudzou, et plusieurs actions isolées, à l'image du "Duoday". Cette initiative consistant à accompagner un employé par un jeune handicapé a été honorée par une petite dizaine d'entreprises mahoraises le 18 novembre. Dans l'ombre de ces actions isolées, de nombreux acteurs participent à l'émancipation des personnes handicapées par le travail. C'est le cas de l'APAJH, comptant 30 000 accompagnés
sur l'ensemble du territoire français, dont une soixantaine à Mayotte. "La PPRAP (plateforme de parcours renforcés d’accompagnement professionnel) reçoit 40 bénéficiaires en file active, explique Soulaimana-Soula M'Madi. On les accompagne dans la recherche d'emplois, la formation, et nous incitons les entreprises à les recruter." Ce dispositif, existant depuis un an, a déjà contribué à insérer une petite vingtaine de personnes. "C'est déjà énorme, puisqu'en comparant avec des dispositifs de métropole, certains collègues m'ont clairement dit qu'en dix ans, ils n'ont pas pu insérer plus de deux personnes", se félicite M. M'Madi. Si l'association fait mieux que certaines structures de l'Hexagone, c'est aussi parce qu'elle peut compter sur de nombreux partenaires, à l'image d'Acces, le centre de formation du groupe DAM accueillant une classe de personnes en situation de handicap, financée par l'Agefiph (Association de gestion du fonds pour l'insertion des personnes handicapées). "Nous avons un groupe
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d'une douzaine de stagiaires placés par l'APAJH, qui sont en formation quatre demi-journées par semaine, explique Florent Mellier, directeur d'Acces. Ils suivent des formations en français, en maths, consistant surtout en une remise à niveau." Les stagiaires, qui souffrent de handicaps différents, physiques ou cognitifs, bénéficieront de ces actions de formation jusqu'en mars 2022.
"LES ENTREPRISES LE VIVENT COMME UN POIDS" Les initiatives existent donc sur l'île aux parfums, mais ne parviennent pas à couvrir une frange assez large de la population ciblée. Le manque de considération de la société mahoraise envers les siens qui sont en situation de handicap se répercute en fait sur les entreprises, se montrant frileuses à l'encontre des candidats, comme l'explique le responsable du pôle adultes de l'APAJH : "Les entreprises mahoraises ne comprennent pas pourquoi on leur demande d'embaucher une personne en situation de handicap. Elles le vivent comme un poids. Donc on fait comprendre qu'il y a des aides qui existent pour l'adaptabilité des postes, pour la formation, des accompagnements que nous sommes prêts à faire…" Celles et ceux oeuvrant pour l'insertion professionnels des personnes handicapées basent d'ailleurs leurs actions sur la communication. "Depuis 2020 on intervient beaucoup plus auprès des employeurs et des managers, témoigne Chantal Ballager, directrice de la Maison départementale des personnes handicapées de Mayotte. Nous parlons parfois même aux salariés, pour leur expliquer comment constituer une demande." Malgré ces efforts, la double peine persiste pour les Mahorais handicapés, qui se surpassent d'abord pour suivre des formations, avant d'affronter les discriminations à l'embauche. " On s'imagine tout de suite des incompatibilités, continue Soulaimana-Soula M'Madi. Par exemple, nous avons un jeune papa qui subit souvent des nettoyages de sang. Il a validé une licence en gestion et administration, est très motivé, mais ne peut pas rester assis trop longtemps. À part cela, il n'y a aucun handicap visible. C'est extrêmement difficile de le faire comprendre à une entreprise."
UNE ENTREPRISE ADAPTÉE POUR "VALORISER LE TRAVAIL DES PERSONNES HANDICAPÉES"
de nombreux projets qui devraient bénéficier à encore plus de Mahorais en situation de handicap. Le plus significatif d'entre eux est la création d'une entreprise adaptée, en collaboration avec l'ARS, la DEETS et le CHM de Mamoudzou. "Nous savons combien il est important de valoriser le travail des personnes en situation de handicap, et que les besoins sont là, précise le responsable du pôle adultes de l'association. Nous avons discuté avec l'ARS et le CHM pour proposer une prestation de services pour renforcer leurs équipes dans le secteur de l'hygiène hospitalisations à domicile, ainsi que pour renforcer l'équipe de démoustification de l'ARS, dans le cadre de la lutte antivectorielle." La convention de partenariat, en cours de signature et de l'attente de l'agrément de la DEETS, devrait aussi permettre de "revaloriser du matériel médical cassé, le reconditionner et le mettre à disposition à moindre coût, en vente ou location". À terme, l'APAJH espère compter dans les rangs de son entreprise "au moins 80% de personnes en situation de handicap, dans l'encadrement y compris". Un chantier d'insertion qui, comme tant d'autres, vise l'émancipation sociale et financière des personnes handicapées sur le territoire mahorais. Le travail, "nuisible et funeste" selon Karl Marx, serait-il cependant la meilleure façon d'inclure une minorité invisible à la population ? n
902,70 €
C'est le montant maximal de l'allocation adultes handicapés (AAH) au 1er avril 2020. Pour rappel, le seuil de pauvreté a été fixé par l'INSEE à 1041 euros par mois pour une personne seule.
Face à ces inégalités, les acteurs associatifs mahorais se retrouvent dans l'obligation d'agir. Et l'APAJH a
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Axel Nodinot
SPORT
L'IMPORTANT, C'EST DE RASSEMBLER
ENCORE EMBRYONNAIRE À MAYOTTE MALGRÉ DES INITIATIVES VIEILLES DE PLUSIEURS ANNÉES, LA PRATIQUE DU SPORT HANDICAP CONNAÎT UN VÉRITABLE ESSOR CES DERNIERS MOIS. CE VENDREDI 3 DÉCEMBRE, DE NOMBREUSES ACTIONS DE SENSIBILISATION AURONT D'AILLEURS LIEU SUR LES TERRAINS, RINGS ET AUTRES PISTES, AFIN DE RASSEMBLER LES SPORTIFS, QU'ILS SOIENT EN SITUATION DE HANDICAP OU NON. MAIS AUSSI POUR DÉSENCLAVER, DANS UN CONTEXTE D'ISOLEMENT PARFOIS DIFFICILE À VIVRE.
Les rêves d'enfance, parce qu'ils ont quelque chose de naïf et pur, sont sûrement les plus beaux, ceux qui, même impossibles, nous faisaient pousser des ailes. À Mayotte comme ailleurs, les petits ont de grandes ambitions, des modèles lointains à qui ils souhaiteraient ressembler, des proches, des artistes… Ou des sportifs. Ces rêves, quel que soit le handicap dont ils souffrent, demeurent bel et bien intacts dans leur tête. Et, pour qu'ils puissent avoir les mêmes espoirs de les réaliser que leurs camarades "valides", le sport handicap est une pratique essentielle. Sur l'île au lagon,
ce serait un mensonge d'affirmer que les initiatives allant dans ce sens sont légion. Et pourtant. La Mahorais Judo Jujitsu Boxing club, créé en 2003 par Salimou Madi Sidi, a pensé dès le départ aux amateurs de sports de contact souffrant d'un handicap. C'est grâce à la volonté de son fondateur que le club, basé à Pamandzi, en Petite Terre, et à Mroalé, dans la commune de Tsingoni, s'est imposé comme une référence en la matière. Régulièrement, le MJJBC accueille en effet six personnes malentendantes et un sportif trisomique. Lors de la
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journée internationale des personnes en situation de handicap, il proposera d'ailleurs à des enfants de la lune d'assister à l'entraînement du vendredi soir.
LE CROS A LES CROCS S'il faut se réjouir de l'ouverture d'esprit dont font preuve certaines structures sportives de l'île, ces dernières restent marginales. Le plus gros acteur de l'inclusion sportive pour les habitants en situation de handicap reste le Comité régional olympique et sportif (CROS) de Mayotte. Avec une unité travaillant spécifiquement sur la pratique du sport handicap, l'organisation s'est dotée d'une force de frappe sans pareille. Ainsi, c'est à son initiative que des membres
de la Fédération française d'Handisport ont mené une formation, au mois de septembre 2021. Une vingtaine de stagiaires avaient alors bénéficié de conseils pour accueillir et encadrer des personnes en situation de handicap, qu'il soit moteur, sensoriel ou psychique. Voyant bien plus loin que cette action isolée, le Comité rêve d'un projet et s'efforce de le mettre en place : une ligue sport handicap mahoraise. Mêlant handisport et sport adapté, cette dernière permettrait de rassembler les personnes en situation de handicap, majoritairement isolées à Mayotte, au sein d'une même structure formatrice. Mais, avant que ne se réalise ce rêve, le CROS fournit déjà du matériel adapté aux clubs et structures, comme des fauteuils pour le handibasket, qu'il achète de sa propre poche. Lors de
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HANDISPORT/SPORT ADAPTÉ On parle d'handisport lorsque ses pratiquants sont en situation de handicap moteur ou sensoriel (visuel, auditif…). Quant au sport adapté, il est réservé aux personnes en situation de handicap mental ou psychique.
la journée internationale des personnes en situation de handicap, ce vendredi 3 décembre, c'est également le Comité qui joue le rôle de chef d'orchestre sur l'île. "Nous sommes réunis en comité de pilotage, et avons visé des actions autour du sport, qui est un moyen d'inclusion, explique Chantal Ballager, directrice de la MDPH. Le CROS est le pilote de ces actions, qui ne concernent pas que des associations." Ainsi, de nombreux et divers acteurs prendront part à l'organisation de cette journée rassembleuse et sportive, sous la houlette du Comité. À l'instar du collège Ouvoimoja de Passamainty, qui
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LES ACTIONS HANDISPORT DU WEEK-END Vendredi 3 décembre
transformera tous ses cours d'EPS du 3 décembre en interventions en sport partagé. Dans le détail, des débats visant à sensibiliser les élèves seront mis en place. De plus, les collégiens seront mis en situation de handicap, quel qu'il soit. Cécifoot ou basket fauteuil seront ainsi au programme, sans oublier l'athlétisme et ses courses à l'aveugle, afin que tous les enfants Mahorais puissent nourrir le rêve de devenir les prochains Lionel Messi, LeBron James ou Sir Mohamed Farah. n
8h30, MJC de Mgombani : Départ de la marche Handicapable jusqu'à la place de la République. 8h30, M'tsangamouji : Action AP jeunes adultes de l'ADSM. 8h30, Place Congrès et mairie de Pamandzi : Intervention classe Ulys Pamandzi 2 et 3, intervention de Mlezi Maoré. 8h30, APSL (Cavani) : Séance AP CAMPS de Mlezi Maoré. 9h, MJC de Mangajou : Stand à destination des bénéficiaires de l'APAJH et des parents. 14h-18h, Centre de formation Acces (Passamainty) : Jeux sportifs et action des stagiaires en situation de handicap. 18h, collège de Majicavo : Participation de jeunes de l'ADSM au Mahorais boxing club. Toute la journée, collège de Passamainty : Mise en situation de handicap lors des cours d'EPS, transformation des activités en sport partagé.
Samedi 4 décembre À partir de midi, Mamoudzou : Tournoi handibasket organisé par la Ligue de Basket mahoraise et l'Adapei. À partir de 13h, Tahiti plage : Créneaux de natation handisport par le Cercle des nageurs. Dimanche 5 décembre 7h, Passamainty : Marche santé du club d'athlétisme de Mamoudzou ouverte aux personnes en situation de handicap.
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Propos recueillis par Nora Godeau
NAOUFAL
UN "COSMONAUTE" AU SEIN DES LUMIÈRES
NAOUFAL, JEUNE HOMME DE 19 ANS, EST ATTEINT DE LA MALADIE GÉNÉTIQUE RARE APPELÉE XERODERMA PIGMENTOSUM. LES PERSONNES CONCERNÉES SONT PLUS COMMUNÉMENT APPELÉES “ LES ENFANTS DE LA LUNE ”. ET POUR CAUSE : LEUR PEAU AINSI QUE LEURS MUQUEUSES NE TOLÈRENT PAS DU TOUT LES RAYONS UV ISSUS DE LA LUMIÈRE, QU’ELLE SOIT NATURELLE OU ARTIFICIELLE. POUR ÊTRE INSÉRÉS QUAND MÊME AU SEIN DE LA SOCIÉTÉ, ILS SONT DONC CONTRAINTS DE PORTER UN CASQUE RESSEMBLANT À S’Y MÉPRENDRE À CEUX DES COSMONAUTES ! NAOUFAL EST ACTUELLEMENT EN BTS “ PASSERELLE ” AU LYCÉE DES LUMIÈRES DE KAWENI. UN COMBLE POUR UN JEUNE HOMME QUI NE SUPPORTE AUCUNE INTERACTION AVEC LES RAYONS DU SOLEIL ! C’EST EN TOUT CAS AU SEIN DE CET ÉTABLISSEMENT AU NOM SI IRONIQUE POUR LE JEUNE HOMME QUE NOUS L’AVONS RENCONTRÉ, AFIN QU’IL NOUS EN DISE DAVANTAGE SUR LA MANIÈRE DONT S’EST DÉROULÉE SON INSERTION SOCIALE DEPUIS SON ENFANCE. Mayotte Hebdo : A quel moment vos parents ont-ils découvert que vous étiez un “ enfant de la lune ” ? Naoufal : Je suis né à Anjouan le 18 décembre 2001 dans le village de Sima (NDLR : commune de Nzouani). Ma mère avait remarqué que j’avais une goutte de sang sur l’?il, elle s’est donc posé des questions par rapport à cela et mes parents m’ont emmené consulter un ami de mon père, médecin à Moroni (Grande-Comore). Mais il n’a pas été capable de dire à mes
parents de quoi je souffrais. C’est pour cela qu’on est venu à Mayotte en Kwassa-kwassa quand j’avais deux ans. Ce n’est qu’ici que mes parents ont pu consulter des médecins qui ont posé le bon diagnostique : j’étais un “ enfant de la lune ” c’est-à-dire que je ne tolérais pas les rayons UV de la lumière. Même les lumières électriques peuvent contenir ces rayons. Il faut donc vérifier leur absence à l’aide d’une machine spéciale pour que je puisse y être exposé. Dans le cas contraire, je dois porter un casque, couvrir l’intégralité de ma peau d’une couche de
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tissu et surtout porter des lunettes de soleil épaisse car mes yeux sont hypersensibles aux UV. Les enfants de la lune perdent d’ailleurs tous progressivement la vue malgré cette protection qui ne peut de toute façon pas être totale. MH : Comment avez-vous été pris en charge une fois arrivé à Mayotte ? N : Ici, c’est l’association des enfants de la lune qui nous prend en charge. C’est une antenne de l’ADSM (Association pour les Déficients sensoriels de Mayotte). Quand j’étais petit, des enseignants engagés par l’antenne lune venaient nous donner des cours à domicile puisqu’il était trop compliqué de nous scolariser. Mais les autres enfants et moi en avons eu marre de rester toujours entre nous et on a demandé à être scolarisés avec les enfants “ normaux ” pour découvrir “ la vraie vie ”. L’association
a accédé à notre requête et a mis en ?uvre les moyens nécessaires pour que ce soit possible. C’est ainsi que j’ai été scolarisé au collège de M’Gombani en même temps que 3 autres enfants de la lune. Nous avons tous dû passer par les classes ULIS (ndlr : les classes spécialisées pour les enfants dans l’impossibilité de suivre un enseignement “ classique ”) pour faire la transition. Concrètement, nous n’avions pas le niveau suffisant pour suivre le même enseignement que les autres enfants. Mais nous avons pu progressivement être intégrés aux classes “ normales ”. Puis, après l’obtention de mon brevet à la fin de la 3ème, j’ai rejoint le lycée des Lumières en classe professionnelle section ARCU (Accueil et Relation Clients et Usagers). MH : Quel regard les autres enfants ont-ils porté sur vos camarades et vous lorsque vous avez été intégré au collège ?
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N : La plupart avaient peur de nous à cause de nos casques de “ cosmonautes ”. Ils étaient donc plutôt distants. Mais quelques-uns étaient curieux et sont venus nous poser des questions sur notre maladie. Globalement, nous n’avons pas eu à subir de réactions trop négatives de la part des autres enfants et nous nous sommes intégrés assez facilement. MH : que se passe-t-il exactement quand vous êtes exposés aux UV ? N : Je deviens très malade. J’ai des boutons et des points noirs qui me poussent sur la zone exposée. Si c’est les yeux, des boutons me poussent à l’intérieur des yeux. J’ai déjà dû subir plusieurs opérations pour qu’on me retire des boutons trop gênants. Une fois l’un d’eux m’a poussé à l’intérieur du nez et m’empêchait de respirer. Les Docteurs ont dû l’enlever par une opération. Et puis progressivement on perd peu à peu la vue et certains d’entre nous finissent complètement aveugles. Nous n’avons pas de lunettes de vue adaptées à notre cas.
Personnellement pour l’instant je n’arrive plus à lire au tableau, mais par contre je peux voir des films ou des photos. MH : Comment envisagez-vous votre avenir ? N : Mon grand rêve est de devenir écrivain. J’ai déjà commencé à écrire l’histoire de ma vie. J’écris aussi des poèmes et j’ai pleins de projets liés à la littérature et la musique. J’ai aussi pensé à créer une ligne de vêtements spécialement adaptés aux enfants de la lune. Pour gagner de l’argent j’aimerais devenir hôte d’accueil dans un premier temps. D’où mon BTS Passerelle. C’est un BTS spécialement conçu pour ceux qui n’ont pas eu les voeux qu’ils souhaitaient suite à leur BAC. Moi j’aimerais suivre une formation en métropole pour rejoindre ma s?ur qui habite à Tours. Là-bas, ce sera plus simple de trouver des postes adaptés à mon cas. J’ai aussi des projets avec un ami qui habite à La Réunion. Mon avenir dépendra donc des v?ux que j’obtiendrai ! n
LE SAVIEZ-VOUS ?
La proportion de cas de personnes atteintes de la maladie génétique appelée xeroderma pigmentosum, plus communément appelées « les enfants de la lune », est particulièrement élevée dans la région du sud-ouest de l’océan Indien. On en trouve un grand nombre à Mayotte, aux Comores et à La Réunion notamment. Les explications à cette concentration particulière de cas dans la région ne sont que des suppositions pour le moment. Quoiqu’il en soit, à Mayotte, 17 cas sont actuellement recensés (enfants et adultes confondus). Sur ces 17 personnes, 5 d’entre elles ont été transférées à La Réunion pour des raisons de soin ou de rassemblement familial. 2 autres sont parties en métropole pour suivre des études. Au Comores, 6 cas seulement sont détectés, mais on en soupçonne beaucoup d’autres non détectés ou non soignés. Dans les îles voisines, cette maladie est très peu connue et donc non prise en charge. Les 6 cas détectés viennent régulièrement à Mayotte en EVASAN pour y recevoir des soins adaptés.
SONIA GUERZOUMI : LE VISAGE DE L’ANTENNE LUNE DE L’ADSM
A Mayotte, c’est l’une des 7 antennes de l’ADSM (Association pour les Déficients Sensoriels de Mayotte) qui prend en charge les personnes atteintes de xeroderma pigmentosum. Une maison a spécialement été aménagée pour eux en fonction de leur intolérance aux UV. Anciennement située à M’tsapéré, elle a récemment été transférée à Combani. C’est Sonia Guerzoumi qui coordonne l’antenne lune et s’occupe donc de gérer les enfants de la lune ainsi que les professionnels dont ils ont besoin pour vivre correctement et s’adapter au mieux à la société malgré les contraintes de leur maladie. Sonia Guerzoumi est en poste depuis 2017 à Mayotte. Elle est également éducatrice référente au sein de l’ADSM et chargée du suivi de tous les jeunes du SESSAD (Services d’Education Spéciale et de Soins A Domicile).
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L.G
TSUNAMIS ET SÉISMES À MAYOTTE, LA NOUVELLE CAMPAGNE DE PRÉVENTION EST LANCÉE
Le vendredi 26 novembre à la Case Rocher avait lieu le lancement de la nouvelle campagne de sensibilisation aux risques sismique et tsunamique à Mayotte. Une action réalisée en partenariat avec de nombreux acteurs privés et publics de l’île aux parfums.
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“On sera prêts !” Pour prévenir les différents risques naturels auxquels le 101ème département français est confronté, la préfecture de Mayotte lance une large campagne de sensibilisation. Séismes et tsunamis, deux mots qui font trembler les populations. Alors pour se protéger, une seule démarche à suivre : apprendre les gestes à appliquer en cas de catastrophe naturelle pour réagir au plus vite. “Notre objectif est de mener une communication simple et compréhensible par tous. Développer la culture du risque et sensibiliser la population”, explique le préfet de Mayotte, Thierry Suquet. Pour cela, la préfecture a mis en place en lien avec ses différents partenaires un réseau de détection, de prévention et de surveillance.
Un risque inédit Situé à 50 kilomètres des côtes et à 3.500 mètres de fond, le nouveau volcan qui émerge au large de l’île au lagon se trouve au centre de toutes les attentions. Scruté par les scientifiques du monde entier, le phénomène s’avère aussi inédit que préoccupant. “Aujourd’hui, nous devons prendre conscience que ce risque est réel. Nous ne devons pas nous demander si un séisme ou un tsunami arrivera, mais quand il arrivera. Pour cela, cette campagne s’inscrit à la fois dans une démarche pédagogique pour expliquer le phénomène sismo-volcanique, mais aussi de transmission des consignes de sécurité à suivre”, détaille le délégué du gouvernement. Afin de mener à bien cette sensibilisation, l’État s’est associé aux élus, aux collectivités territoriales, aux assureurs, aux associations, mais aussi à des artistes et des personnalités connues de tous les Mahorais mises à profit dans les spots vidéos informatifs.
Quelques règles simples En cas d’alerte, les 24 sirènes installées aux quatre coins de l’île retentissent. Dans le cas d’un tsunami d’origine lointaine, il est conseillé de préparer un kit d’urgence, comprenant de l’eau, de la nourriture, des vêtements, des médicaments et un post de radio à piles. Puis, de regrouper sa famille et de se rendre à pied dans la zone refuge la plus proche sans précipitation. Dans le cas d’un tsunami d’origine proche, il faut s’éloigner du rivage et se diriger rapidement à l’intérieur des terres et sur les hauteurs. Si vous avez des enfants, n’allez pas les chercher à l’école : les enseignants s’occupent
d’eux. Enfin, si vous êtes en bateau, ne retournez pas sur le rivage. “Avec la campagne “On sera prêts”, nous allons marteler les gestes à suivre dans les semaines à venir. Notre plan d’action se résume en trois mots : alerter, par le biais des sirènes mises en place en août 2021, acculturer, en apprenant les bons réflexes et accompagner, à la fois les acteurs locaux et la population”, affirme Laurence Carval, la directrice du cabinet du préfet et la responsable de la protection civile. Une mission qui semble rondement menée car le département de Mayotte peut aujourd’hui se vanter d’avoir rattrapé les Antilles dans la création de dispositifs destinés à prévoir ces risques. n
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LITTÉRATURE
LISEZ MAYOTTE
L'ENCRE D'UN PROVERBE ABREUVE DE MULTIPLES INTERPRÉTATIONS
Proverbes et dictons mahorais expliqués et commentés Amir Ali Editions L'Harmattan, 2020 Cet ensemble de 420 proverbes et dictons voyage dans le temps à travers une société de tradition orale. L’auteur tente d'immortaliser la routine langagière des Mahorais, évoquant les jeux de mots et d’images correspondant à la culture de son territoire. Il contribue à la valorisation, à la sauvegarde et la pratique des us et coutumes, des arts et traditions populaires.
AGRÉGÉ DE LETTRES MODERNES ET DOCTEUR EN LITTÉRATURES FRANCOPHONES, CHRISTOPHE COSKER EST L’AUTEUR DE NOMBREUX OUVRAGES DE RÉFÉRENCE SUR LA LITTÉRATURE DE L’ÎLE AUX PARFUMS, NOTAMMENT UNE PETITE HISTOIRE DES LETTRES FRANCOPHONES À MAYOTTE (2015) DONT IL REPREND, APPROFONDIT ET ACTUALISE, DANS CETTE CHRONIQUE LITTÉRAIRE, LA MATIÈRE. En 2020, Amir Ali publie un recueil de Proverbes et dictons mahorais expliqués et commentés. La matière qu’il choisit – le proverbe – et la forme qu’il lui donne – recueil et explication – l’inscrivent dans une série d’ouvrages sur laquelle nous reviendrons. Les proverbes sont intéressants à bien des égards. Ce sont des énoncés courts qui condensent une forme de sagesse. Cette dernière est d’origine populaire et elle prend souvent une forme poétique et énigmatique, surtout pour celui qui les lit du dehors. Il ne convient pas d’y chercher une vérité, car il y a des proverbes pour tout et chaque proverbe pourrait être rapproché de celui qui le contredit. L’intérêt de cette forme réside davantage dans ce qu’elle nous dit d’une société. Écoutons alors le murmure des proverbes mahorais. Étant donné que la matière qu’il traite ne lui est pas propre, Amir Ali répète des proverbes présents dans d’autres recueils qui précèdent le sien. Mais la disposition de cette matière est néanmoins propre à son auteur, c’est-à-dire le plan qu’il suit pour présenter les proverbes, ce que l’on appelle en latin, dans la rhétorique antique : dispositio. Avant d’entrer dans le livre, on peut en citer l’épigraphe, d’abord en langue vernaculaire, puis en traduction : kana kosa kavho ! – L’homme parfait n’existe pas ! Une traduction plus
littérale serait peut-être : personne n’est sans faute… L’auteur regroupe les proverbes en une vingtaine de catégories, de la première consacrée à l’éducation à la dernière qui rassemble les énoncés qui échappent à la classification sous le nom “ Autres ”. La dernière catégorie sémantique renvoie donc en quelque façon à l’exotisme, puisqu’elle s’intitule “ Ailleurs ”. Parmi les thèmes traités, on trouve, pêle-mêle, l’amour, l’argent, la religion, le temps, la famille, la nourriture, la pensée, le travail, la solidarité, la mort, le voyage, la maladie, la destinée, le respect, la société ou encore la force… Relevons maintenant certains énoncés savoureux qui ont retenu notre attention. Les premiers se trouvent dans la catégorie “ Amour ” et leur objet est la femme, considérée successivement comme plat, champ et océan. Mtru-mshe iyo sahula yahiva : la femme est comme un plat prêt à consommer – Mtru-mche iyo shamba : la femme est comme un champ – Mtrumshe mawuri bahari : neka vhwa shiwari shukidza ilaka, neka maluja va tshafuka hedza ilaka : la femme est comme l’océan : si la mer est calme, fais descendre la pirogue ; si les vagues se déchaînent, remonte la pirogue. Nous laissons le lecteur imaginatif décrypter l’érotisme des propos et nous renvoyons celui qui
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n’est définitive, car l’image est volontairement irréductible. Mais on se prend à rêver d’un livre dont l’encre des mots passe dans le sang de l’homme et l’irrigue pour lui donner plus de force et de vie… Le deuxième proverbe se trouve dans la huitième série consacrée à la “ pensée ” : Ule kahomba nyongo : celui-là n’a pas léché l’encre de la sagesse. Dans les deux proverbes, mais dans le second plus encore, l’abstrait et le concret sont liés. Dans le cas précédent, la lecture passe dans le corps de l’homme sous la forme d’un fluide : l’encre qui se substitue au sang. Dans le second, l’image qui vient à l’esprit, c’est celle d’une langue qui lèche l’encre qui va le faire devenir savant, l’organique menant, sans rupture – sans couture dirait Roland Barthes - à l’intellectuel. Amir Ali explique le contexte spécifique de ce proverbe de la façon suivante. Le protocole qu’il suit dans l’ensemble du recueil est le suivant : explication puis commentaire. Dans le cas qui nous intéresse, l’explication est celle-ci : “ Ceci s’adresse en particulier à un homme manquant de bon sens. Le premier acte que le maître de l’école coranique fait à un jeune apprenant, c’est de lui faire lécher l’encre servant à transcrire le Coran sur une planche. Car c’est là où se faisait la lecture coranique avant. ” (p. 95). Quant au commentaire : “ Sont concernées ici les personnes incultes détenant des réactions sociales inadmissibles. ” (p. 95). Nous y voyons personnellement une référence à une ancienne méthode curative surnaturelle dont un roman de Nassur Attoumani garde la trace : Le Calvaire des baobabs. Dans ce texte, on tente de soigner un malade de la façon traditionnelle suivante :
l’est moins, ou qui veut vérifier ses intuitions, aux gloses d’Amir Ali (pages 33-34). Nous terminerons cette chronique en citant deux proverbes sur un thème inattendu : l’encre. Le premier se trouve dans la dix-septième section appelée “ force ” : Msizi ya mwandamu shyo : l’encre de l’homme, c’est le livre saint. Il s’agit d’un proverbe religieux qui ouvre de nombreuses possibilités d’interprétation dont aucune
“ L’un des remèdes préférés du maître coranique quand il soignait un malade, c’était le singa. Avec un calame, le maître transcrivait des écrits ésotériques puisés dans le Livre, dans une assiette blanche puis, il les effaçait religieusement à la main avec un peu d’eau. Il faisait ensuite avaler une partie de ce sirop noir et sacré à son patient et lui versait le reste sur la tête. Au bout de quelques jours, la maladie s’enfuyait du corps qu’elle venait de dessécher. ” (Chapitre 14, p. 92-93) Nunc est bidendum : au lecteur de chercher les livres dont il veut boire l’encre de Mayotte ! . Christophe Cosker
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SPORT
CLASSEMENTS & MATCHS
FOOTBALL Régional 1 Mercredi 1er décembre 2021 – 19h00 (Match en retard) Jumeaux de Mzouazia – AS Sada
Equipe
Pts
J
G
N
P
Dif
1
FC Mtsapéré
37
17
11
4
2
28
2
Jumeaux de Mzouazia
37
15
12
1
2
21
3
AS Bandraboua
27
18
7
6
5
1
4
Tchanga SC
25
19
6
7
6
2
5
USCP Anteou
25
16
7
5
4
8
6
AS Rosador
24
18
7
4
7
-5
7
AS Sada
21
17
6
3
8
-6
8
ASJ Moinatrindri
20
18
5
5
8
-6
9
Diables noirs
18
18
5
4
9
-8
10
UCS de Sada
16
18
4
5
9
-15
11
USCJ Koungou
15
17
3
6
8
-7
12
ASC Kawéni
13
17
5
2
9
-13
Equipe
Pts
J
G
N
P
Dif
1
AJ Kani Kéli
37
19
9
10
10
15
2
ASC Abeilles
36
18
10
6
6
19
3
Bandrélé FC
36
19
11
3
3
17
4
AS Neige de Malamani
28
18
8
4
4
2
Régional 2
5
FC Majicavo
24
17
7
3
3
2
6
USC Kangani
24
18
7
3
3
-2
Aucun match cette semaine.
7
Olympique Miréréni
22
17
6
4
4
-2
8
FC Dembéni
19
17
4
8
8
-2
9
AS Kawéni
18
19
5
3
3
-9
10
Foudre 2000
18
19
5
4
4
-12
11
Enfants de Mayotte
18
17
6
1
1
-18
12
FC Labattoir
17
19
4
5
5
-10
Equipe
Pts
J
G
N
P
Dif
1
Jumelles de Mzouazia
41
17
12
5
0
64
2
FC Mtsapéré
41
16
13
2
1
44
3
Club Unicornis
33
16
10
3
3
14
4
USC Labattoir
28
16
8
4
4
7
5
Entente Ol. Miréréni / FCO Tsingoni
24
16
8
1
6
0
6
Olympique de Sada
22
16
7
2
6
-23
Régional 1 féminines Aucun match cette semaine.
7
ASJ Handréma
21
15
6
3
6
12
8
Racine du Nord
13
17
3
4
10
-13
9
Devils Pamandzi
11
16
4
1
9
-39
10
ASO Espoir Chiconi
9
16
2
5
8
-29
11
Entente Abeilles / EFF / AJM
0
16
0
2
12
-36
Equipe
Pts
J
G
P
Dif
VOLLEY
1
VCM
21
7
7
0
18
2
ZAMFI
18
7
6
1
15
Régionale 1 masculine
3
VCT
12
7
4
3
3
4
VCV
10
6
3
3
2
04/12 à 15h : VCM - Sportous 04/12 à 15h : VBM - ZAMFI 04/12 à 15h : MAV - VCT 05/12 à 16h : VCV - Lareec
5
LAREEC
8
7
3
4
-4
6
MAV
8
7
3
4
-5
7
SPORTOUS
4
7
1
6
-12
8
VBM
0
6
0
6
-16
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BASKET Prénationale masculine 03/12 à 19h : Tonic club Omnisport - Fuz'Ellips Cavani 04/12 à 17h : Koropa Fusion - Etoile bleue Kawéni 04/12 à 17h : Scolo Dunks - Colorado Beetle Mtsahara 05/12 à 17h : Vautour club Labattoir - Basket Club Mtsapéré 05/12 à 17h : Gladiator Doujani - ABS Sada Exempté : Rapides éclairs
Prénationale féminine 04/12 à 16h30 : Golden Force - Wakaïdi 2015 04/12 à 17h : Basket club Iloni – Fuz'Ellips Cavani 05/12 à 17h : Basket Club Mtsapéré - Magic Basket Passamainty
HANDBALL Prénationale Poule A 03/12 à 19h : CH Combani - TCO Mamoudzou 04/12 à 16h : AJH Tsimkoura - HC Acoua 04/12 à 17h30 : HC Passamainty - Tsingoni Handball 05/12 à 9h : HC Labattoir - Tchanga Handball
Prénationale Poule B 03/12 à 19h : HC Bandrélé - Alakarabu Hand 04/12 à 16h : AJH Koungou - HC Kani Kéli 04/12 à 17h30 : PC Bouéni - ASC Tsingoni 04/12 à 17h30 : AC Chiconi – Sohoa Handball
Prénationale féminine 04/12 à 16h : TCO Mamoudzou - HC Passamainty 04/12 à 17h : USM Mbouanatsa - Moinatrindri HC 04/12 à 17h30 : CH Combani - HC Kani Kéli 04/12 à 17h30 : AJH Tsimkoura - ASC Tsingoni Haima Sada - HC Bandrélé Exempté : PC Bouéni
Equipe
Pts
J
G
P
1
Gladiator Doujani
16
9
7
2
Diff.
111
2
Rapides éclairs
15
8
7
1
150 194
3
Vautour Labattoir
13
7
6
1
4
Basket Mtsapéré
12
7
5
2
89
5
Etoile bleue
12
8
4
4
61
6
Koropa Fusion
12
8
4
4
-17
7
Fuz'Ellips
12
8
4
4
-55
8
Colorado Beetle Mtsahara
11
9
2
7
-53 -231
9
Scolo Dunks
9
8
1
7
10
Tonic club
8
7
2
4
-65
11
ABS Sada
8
7
1
6
-164
Diff.
Equipe
Pts
J
G
P
1
Golden Force
10
5
5
0
90
2
Chicago club MDZ
8
5
3
2
-81
3
Fuz'Ellips
6
3
3
0
294
4
VC Labattoir
6
5
1
4
-132
5
BC Mtsapéré
5
3
2
1
60
6
BC Iloni
5
4
1
3
-21
7
Wakaïdi 2015
5
5
0
5
-211
8
Magic Basket Passamainty
3
2
1
1
1
Equipe
Pts
J
G
N
P
1
CH Combani
12
4
4
0
0
54
2
Tchanga Handball
11
4
3
1
0
30
Diff.
3
TCO Mamoudzou
10
4
3
0
1
59
4
HC Acoua
10
4
3
0
1
28
5
HC Labattoir
5
4
1
0
3
-34
6
AJH Tsimkoura
4
3
0
1
2
-15
7
HC Passamainty
4
4
0
0
4
-70
8
Tsingoni Handball
3
3
0
0
3
-52
Equipe
Pts
J
G
N
P
Diff.
1
ASC Tsingoni
12
4
4
0
0
48
2
PC Bouéni
12
4
4
0
0
37
3
HC Bandrélé
10
4
3
0
1
3
4
Sohoa Handball
8
4
2
0
2
-15
5
AJH Koungou
6
4
1
0
3
-17
6
AC Chiconi
5
3
1
0
2
0
7
Alakarabu Hand
4
4
0
0
4
-43
8
HC Kani Kéli
3
3
0
0
3
-13
Equipe
Pts
J
G
N
P
Diff.
1
ASC Tsingoni
12
4
4
0
0
91
2
PC Bouéni
12
4
4
0
0
46
3
CH Combani
9
3
3
0
0
24
4
AJH Tsimkoura
9
4
2
1
1
11
5
HC Bandrélé
7
3
1
2
0
9
6
TCO Mamoudzou
7
4
1
1
2
-29
7
Moinatrindri HC
6
4
1
0
3
-30
8
HC Kani Kéli
4
2
1
0
1
4
9
USM Mbouanatsa
4
4
0
0
4
-72
10
HC Passamainty
4
4
0
0
4
-39
11
Haima Sada
2
2
0
0
2
-15
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• M ay o t t e H e b d o • N ° 9 7 7 • 0 3 / 1 2 / 2 0 2 1
MAGAZINE D’INFORMATION NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros 7, rue Salamani Cavani M’tsapéré BP 60 - 97600 Mamoudzou Tél. : 0269 61 20 04 contact@mayottehebdo.com Directeur de la publication Laurent Canavate canavate.laurent@mayottehebdo.com Directeur de la rédaction Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 38 soldat@mayottehebdo.com Rédacteur en chef Axel Nodinot
# 977
Couverture :
Handicap : une société aveugle
Journalistes Romain Guille Raïnat Aliloiffa Lise Gaeta Nora Godeau Direction artistique Franco di Sangro Graphistes/Maquettistes Olivier Baron, Franco di Sangro Commerciaux Cédric Denaud, Murielle Turlan Thomas Lévy Comptabilité Catherine Chiggiato compta@mayottehebdo.com Secretariat Annabelle Mohamadi Première parution Vendredi 31 mars 2000 ISSN : 1288 - 1716 RCS : n° 9757/2000 N° de Siret : 024 061 970 000 18 N°CPPAP : 0121 I 92960 Site internet www.mayottehebdo.com
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