n e i b t s 'e c r e y o t t Ne
Ne pas sa li r
C' EST MI EU X Amende
à par tir de
38€
*
Objectif Mamoudzou ville propre *Selon la nature dangereuse des déchets présentés à la collecte .
LE MOT DE LA RÉDACTION
UNE SOIF DE CONCRET En shimaoré, “ j'ai soif ” se dit “ niskiya ngnora ”. On n'a pas soif, on l'entend. Comme la population mahoraise, patiente, entend des promesses de développement social et économique vieilles de plusieurs années. Certaines de ces promesses, pernicieuses, opportunes et mensongères, ont été proférées par la candidate RN à la présidence de la République. Lors de son déplacement à Mayotte, la députée française a tombé la tenue d'apparat de sa mouvance pour mettre à nu ses méthodes habituelles, expulsant Cyril Castelliti, l'un de nos journalistes, du pôle presse. Fondamentale est pourtant la liberté de la presse, d'informer, de communiquer. C'est dans ce cadre que, pour ce dernier numéro de l'année 2021, nous avons rencontré le préfet de Mayotte, Thierry Suquet. Alors que le peuple du 101ème département français ne cesse d'être abreuvé d'abstrait, il était nécessaire que M. Suquet aborde concrètement les politiques publiques menées par la préfecture en 2021, et ses objectifs pour la nouvelle année qui s'annonce. Si sa détermination s'exprime moins dans son verbe que sur son visage, le préfet de Mayotte détaille ses projets dans nos pages, en espérant que sa sincérité affichée étanche la soif des Mahorais, las d'entendre et pressés de voir. Bonne lecture à toutes et à tous.
Axel Nodinot
TOUTE L’ACTUALITÉ DE MAYOTTE AU QUOTIDIEN
Lu par près de 20.000 personnes chaque semaine (enquête Ipsos juillet 2009), ce quotidien vous permet de suivre l’actualité mahoraise (politique, société, culture, sport, économie, etc.) et vous offre également un aperçu de l’actualité de l’Océan Indien et des Outremers.
tidien
er quo otteL e-Mai de May sé par nt
Le 1
diffu
Diffu
Diffu
nEME
Sur Abon
0 04.fr anadoo 0269 61 2 fos@w
flash-in
tiDiEn
Er quo ottEL E-MAi DE MAy SÉ PAr nt
LE 1
nEME
Sur Abon
0 04.fr anadoo 0269 61 2 fos@w
0 04.fr anadoo 0269 61 2 fos@w
flash-in
flash-in
FI n°3839 Lundi 7 mars 2016 St Félicie
tiDiEn
Er quo ottEL E-MAi DE MAy SÉ PAr nt
LE 1
0269 61 63 55
Fax : 0269 61 63 00
Diffu
nEME
Sur Abon
0 04.fr anadoo 0269 61 2 fos@w
VERRES À VIN, COCKTAIL, COUPE À GLACE...
BP 263 - ZI Kawéni - 97600 Mamoudzou - email : hd.mayotte@wanadoo.fr
flash-in
FI n°3822 Jeudi 11 février 2016 Ste Héloïse
à partir de
9€
RENSEIGNEMENTS Tél : 0639 67 04 07 | Mail : contact@mayotte-e-velos.yt
FI n°3818 Vendredi 5 février 2016 Ste Agathe
marine le Pen
environnement
Port de Longoni
ConSeil départeMental
Quel accueil se prépare pour la présiDente Du Fn ?
Le Lagon au patrimoine mondiaL de L'unesCo ?
la dsP sur la sEllEttE
pas de changement sUr l’octroi de mer
© Jonny CHADULI
Grève à Panima
TéléThon 2016
Des propositions mais toujours pas D'issue
DemanDez le programme
première parution : juillet 1999 - siret 02406197000018 - édition somapresse - n° Cppap : 0921 y 93207 - dir. publication : Laurent Canavate - red. chef : Gauthier dupraz - http://flash-infos.somapresse.com
4100% numérique
tiDiEn
Er quo ottEL E-MAi DE MAy SÉ PAr nt
LE 1
neMe
sur abon
FI n°3997 mercredi 30 novembre 2016 St André
© CR: Gauthier Bouchet
Diffusé du lundi au vendredi, Flash Infos a été créé en 1999 et s’est depuis hissé au rang de 1er quotidien de l’île.
1
Économie
SÉcuritÉ
Les appeLs à projets de L'europe
Couvre-feu pour Les mineurs
Première parution : juillet 1999 - Siret 02406197000018 - APE 5813Z - Édité par la Somapresse - Directeur de publication : Laurent Canavate - http://flash-infos.somapresse.com
OUI, je m’abonne
1
Musique
Faits divers
Edmond BéBé nous a quitté
ViolEncE En cascadE
Première parution : juillet 1999 - Siret 02406197000018 - APE 5813Z - Édité par la Somapresse - Directeur de publication : Laurent Canavate - http://flash-infos.somapresse.com
1
MCG VS SMart
ViCe-reCtorat
UltimatUm oU véritable main tendUe ?
l’institUtion répond aUx critiqUes
Première parution : juillet 1999 - Siret 02406197000018 - APE 5813Z - Édité par la Somapresse - Directeur de publication : Laurent Canavate - http://flash-infos.somapresse.com
1
Pour une formule multiposte, nous demander un devis.
Bulletin d’abonnement
180 € par an g Pour vous abonner, il suffit de nous transmettre ce bon de commande, accompagné d’un virement ou d’un chèque à l’ordre de la Somapresse.
Nom : …………………………….…..…….………Prénom : ………………………..……..………………….…………. Société - Service : ……………………………………………….……….……………..….….….….……...…..…………. Adresse : ……………………………………………………….………….……………….….….….….….…..…………. Code postal : ……………….….….….….… Ville - Pays : ……………….………….……………….…….....…………. N° de téléphone : ………………….………………..E-mail :…………..….….….….…....………….……….…………….. Règlement :
c Chèque à l’ordre de SOMAPRESSE
c Virement
IBAN : FR76 1871 9000 9200 9206 6620 023 / BIC : BFCOYTYTXXX Signature, date (et cachet) : Abonnement d’un an renouvelable par tacite reconduction. Il pourra être dénoncé par simple courrier au moins un mois avant la date d’échéance.
Vous pouvez également vous abonner en ligne en vous rendant sur notre site internet à l’adresse www.mayottehebdo.com/abonnements pour la version numérique. Pour toute demande, contactez-nous : contact@mayottehebdo.com
A retourner à : SOMAPRESSE - BP.60 - 7 rue Salamani - 97600 Mamoudzou
3
• M ay o t t e H e b d o • N ° 9 8 0 • 2 4 / 1 2 / 2 0 2 1
TCHAKS LE CHIFFRE 600 000
C'est, en euros, la somme qu'allouera le conseil cadial de Mayotte dans le cadre de son appel à projets 2022. La cohésion sociale, le mot d'ordre de l'organisation pour cette année, a permis à 36 projets d'être retenus, sur un total de 57 projets, portés par 42 associations mahoraises différentes. "Le développement humain, la cohésion sociale par la sauvegarde, la valorisation et la promotion des valeurs morales de la société mahoraise en s’appuyant sur les valeurs de l’islam que sont la paix, fraternité, la tolérance, la vivre ensemble et respect", tel est l'intitulé de cet appel à projets. Trois objectifs y ont aisni été définis par le conseil cadial : le développement de la médiation sociale, la consolidation des liens sociaux autour des politiques publiques, et la préservation et le développement de la mémoire.
LA PHRASE
“ Il faut créer l'offre pour susciter la demande ” Ayub Ingar, directeur de la compagnie aérienne Ewa Air, est on ne peut plus confiant. Cette semaine, les premiers vols Mayotte – La Réunion ont été opérés par la compagnie mahoraise, filiale de la réunionnaise Air Austral. Si ces voyages low-cost n'incluent pas de bagages en soute ni de collation lors des deux heures de vol, les tarifs annoncés et pratiqués par Ewa sont beaucoup plus abordables que précédemment. Ce qui permettra dorénavant aux populations des deux îles françaises d'envisager leur voyage plus sereinement. Les autorités politiques réunionnaises s'enjouent aussi de la nouvelle compagnie, qui atterrira non seulement à Saint-Denis, mais aussi à Saint-Pierre et Pierrefonds. Dans quelques semaines, Ewa Air proposera également des vols vers Maurice, à des tarifs plus bas que d'habitude.
L'ACTION
Une exposition mahoraise à la Réunion À l’occasion du 20 décembre, une date primordiale pour l'identité réunionnaise puisqu'elle symbolise l’abolition de l’esclavage, Mayotte était aussi conviée sur l'île Bourbon. Alors que cette dernière célébrait “ Fét Kaf ”, la fête de la liberté, l’association Kartye Lib MPOI et la délégation de Mayotte à la Réunion se sont associées pour une exposition abordant la colonisation et l'esclavage dans l'Océan Indien. Cette action prenait place dans une journée pleine de festivités, dans l’objectif de sensibiliser le grand public et d'accompagner la jeunesse dans l'appropriation de son histoire. Organisée par la municipalité de SaintAndré et le tissu associatif de Fayard, la journée comportait également des ateliers ludiques, en présence d’historiens mahorais et réunionnais.
ELLE FAIT L’ACTU La Cimade prise d'assaut par un collectif Depuis plusieurs jours, les locaux de la Cimade Mayotte sont la cible du collectif des citoyens de Mayotte. Les membres de celui-ci ont effectivement tenté de s'introduire dans le bâtiment, et ne cessent d'insulter, de menacer et d'invectiver les membres de l'association. Cette haine trouve sa source dans un décasage prévu par la préfecture, et pour lequel la Cimade exige des solutions de relogement viables. Le collectif a aussi déployé des banderoles à la grammaire approximative sur les balcons, réclamant le départ de l'association de l'île. "On est chez nous", répète Safina Soula, présidente du collectif des citoyens de Mayotte. "On est là pour appliquer le droit français dans un territoire français", rétorque Mathilde Detrez, représentante de la Cimade sur l'île aux parfums. En attendant, le collectif campe toujours devant l'association, sans action de la police, et la Cimade a annoncé vouloir saisi la justice.
4•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 8 0 • 2 4 / 1 2 / 2 0 2 1
LU DANS LA PRESSE
Chaque semaine, découvrez le regard porté sur l’actualité locale à travers la presse nationale ou régionale
CYRIL CASTELLITI, UN JOURNALISTE MIS AU BAN PAR LE RN Le 20 décembre 2021, par Cyprien Caddeo pour L'Humanité.
Supposé couvrir le déplacement de Marine Le Pen à Mayotte, du 16 au 19 décembre, le reporter a été sommé de quitter les lieux par l'équipe de la candidate d'extrême droite. L’extrême droite et sa détestation des journalistes, énième épisode. Notre confrère Cyril Castelliti, travaillant pour Mayotte Hebdo, était supposé couvrir le déplacement de Marine Le Pen sur l’île de l’océan Indien, du 16 au 19 décembre. Mais l’équipe du Rassemblement national en a décidé autrement et lui a demandé de quitter les lieux, après deux jours de couverture. La raison invoquée par le RN ? “ Un risque pour la sécurité ” de la candidate, dû aux “ accointances avec le milieu antifa aux Comores et l’ultra-gauche ” supposées du journaliste. L’entourage de Marine Le Pen a en effet exhumé une vieille arrestation aux Comores, au printemps 2019, pour justifier de mettre à l’écart Cyril Castelliti. “ Une accusation ridicule et fallacieuse et une menace à la liberté d’informer sur ce territoire ”, répond le média Mayotte Hebdo. Ce dernier défend le sérieux de son reporter, qui a pigé pour le Monde, Libération, TF1, National Geographic ou encore la Voix du Nord. Mayotte Hebdo rappelle que Cyril Castelliti a déjà été la cible d’une campagne de harcèlement de l’extrême droite, en 2017, sous des prétextes similaires. Côté RN, ce n’est pas la première fois que le parti écarte des journalistes qui lui déplaisent. Les confrères de Mediapart ou de l’émission Quotidien de TMC sont par exemple toujours interdits d’accréditation aux conférences de presse du Rassemblement national.
5
• M ay o t t e H e b d o • N ° 9 8 0 • 2 4 / 1 2 / 2 0 2 1
DOSSIER
GRAND ENTRETIEN
THIERRY SUQUET
"J'AI ENVIE DE RÉUSSIR"
Si la terrasse de sa case, où il nous a reçu, est perchée sur le rocher de Dzaoudzi, Thierry Suquet sait se mettre à la hauteur des populations qu'il administre. Auparavant préfet délégué à la sécurité au sein de la région lyonnaise, l'homme de 61 ans est devenu, en juin 2021, le nouveau préfet de Mayotte. À l'occasion de la nouvelle année qui s'annonce, il évoque avec nous ses premiers mois passés sur le territoire, sa vision des problématiques endémiques de l'île et ses fortes convictions. Mais aussi et surtout sur ses objectifs pour le 101ème département français. Tour d'horizon des politiques que veut mener l'homme le plus important de Mayotte.
6•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 8 0 • 2 4 / 1 2 / 2 0 2 1
7
• M ay o t t e H e b d o • N ° 9 8 0 • 2 4 / 1 2 / 2 0 2 1
DOSSIER
Propos recueillis par Axel Nodinot
DÉPARTEMENTALISATION
FAIRE EXISTER L'ÉTAT À MAYOTTE
THIERRY SUQUET, PRÉFET DE MAYOTTE, EST ARRIVÉ SUR L'ÎLE ALORS QU'ELLE FÊTAIT LES 10 ANS DE SA DÉPARTEMENTALISATION. SURPRIS PAR L'AMPLEUR DE LA TÂCHE, LE DÉLÉGUÉ DU GOUVERNEMENT DÉFEND TOUTEFOIS LE BILAN DE L'ÉTAT À LA TÊTE DU TOUT JEUNE DÉPARTEMENT, APPELANT ÉGALEMENT LES MAHORAIS À PLUS DE RECUL ET DE PATIENCE. 8•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 8 0 • 2 4 / 1 2 / 2 0 2 1
Mayotte Hebdo : Voilà quelques mois que vous êtes arrivé dans le plus jeune des départements français. Que connaissiez-vous de Mayotte et quel a été votre sentiment lors de vos premiers jours ici ? Thierry Suquet : Ce n'est déjà plus si récent, puisque cela fait cinq mois, et ça compte obligatoirement beaucoup dans la vie d'un préfet. Avant d'arriver, j'ai fait le tour de toutes les personnes que j'ai pu rencontrer. Je suis passé dans les cabinets ministériels à Paris, pour y voir des gens qui connaissaient Mayotte. On m'a fait beaucoup de descriptions, et j'ai constaté en arrivant qu'il y avait un diagnostic assez juste. Ce que l'on m'avait expliqué à Paris est ce que j'ai retrouvé : le climat d'insécurité et de violence, mais aussi les enjeux économiques, et les problèmes de satisfaction quant au logement et à l'eau. Donc je n'étais pas étonné de ces aspects. Ce qui m'a étonné, même si j'étais préparé, c'est l'ampleur de ces phénomènes à Mayotte, de l'immigration
" FAIRE EN 10 ANS CE QUI A ÉTÉ FAIT EN DEUX SIÈCLES EN MÉTROPOLE " irrégulière, des défis. Ce que je retiens aujourd'hui, c'est que l'on est confronté à chaque fois à des problèmes de masse que l'on ne perçoit pas nécessairement quand on est en métropole. C'est pour cela que j'encourage aujourd'hui beaucoup de missions de voyageurs à venir nous voir, car je pense que même si l'on a une connaissance livresque, ce qui était mon cas, ça ne peut
9
• M ay o t t e H e b d o • N ° 9 8 0 • 2 4 / 1 2 / 2 0 2 1
DOSSIER
pas refléter la réalité tant que l'on n'a pas mis les pieds sur l'île. M.H. : Nous avons fêté en 2021 les 10 ans de la départementalisation de l'île. Que diriez-vous aux Mahorais, alors que certains d'entre eux se sentent délaissés par l'Etat français ? Dans une lettre ouverte, l'ancien élu Issihaka Abdillah parle même d'immobilisme… T.S. : Il faut que l'on regarde les choses avec sérieux et objectivité. Les engagements de l'Etat, ce sont 269 millions d'euros investis
269 MILLIONS DE L'ETAT À MAYOTTE EN 2021 Les écoles : 140 millions d'euros Le logement : 47 millions d'euros La mobilité : 28 millions d'euros L'eau : presque 20 millions d'euros La formation : 17 millions d'euros L'université : 6,5 millions d'euros
en 2021. Nous sommes présents sur tous les champs d'intervention, en compagnie du Conseil départemental. Nous avons d'ailleurs signé un avenant au contrat de convergence, ajoutant 200 millions d'euros supplémentaires. C'est le signe très fort de l'engagement de l'Etat à Mayotte. L'Etat est présent dans tous les domaines. Et si l'on prend la crise sanitaire liée au Covid, on met 118 millions d'euros sur le fonds de solidarité, 84 millions sur les prêts de l'Etat, et entre 28 et 29 millions de compensations de l'activité partielle. Mayotte est l'un des départements les plus aidés dans ce domaine. Donc l'Etat est là. Ensuite, nous sommes dans un département jeune, à qui l'on demande de faire en 10 ans ce qui a été fait en deux siècles en métropole et un peu plus rapidement dans les départements et les régions d'outre-
mer. Effectivement, le décalage est difficile à combler. Mais ce n'est pas parce que l'Etat abandonne les Mahorais, mais à cause de l'ampleur de la tâche. Je le disais au début de notre entretien, ce qui est frappant à Mayotte, c'est la masse. En métropole, une ville de 20 000 à 40 000 habitants construit un groupe scolaire de 12 classes dans un mandat, et c'est le fait de gloire du maire. À Mayotte, on demande aux villes de même taille de faire la même chose chaque année. Je dis donc aux Mahorais : Regardez ce que l'Etat fait, regardez comme on progresse. Véritablement, lorsque l'on voit la croissance de l'économie, on se dit que l'on progresse très vite, et qu'on a du mal à prendre conscience de cette progression. n
10•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 8 0 • 2 4 / 1 2 / 2 0 2 1
" EN MÉTROPOLE, UNE VILLE DE 20 000 À 40 000 HABITANTS CONSTRUIT UN GROUPE SCOLAIRE DE 12 CLASSES DANS UN MANDAT, ET C'EST LE FAIT DE GLOIRE DU MAIRE. À MAYOTTE, ON DEMANDE AUX VILLES DE MÊME TAILLE DE FAIRE LA MÊME CHOSE CHAQUE ANNÉE. " 11
• M ay o t t e H e b d o • N ° 9 8 0 • 2 4 / 1 2 / 2 0 2 1
DOSSIER
Propos recueillis par Axel Nodinot
LOGEMENT
LES QUATRE COMMANDEMENTS DU DÉCASAGE LES PRÉFETS JEAN-FRANÇOIS COLOMBET ET THIERRY SUQUET ONT DÛ, À LA TÊTE DU DÉPARTEMENT, S'ACQUITTER D'OBJECTIFS CHIFFRÉS CONCERNANT LES DÉMOLITIONS DE CASES EN TÔLE, PLUS COMMUNÉMENT APPELÉES "DÉCASAGES". S'IL PEUT SEMBLER INCONGRU DE RÉDUIRE DES VIES HUMAINES À L'ÉTAT DE NOMBRES, LE PRÉFET DU 101ÈME DÉPARTEMENT FRANÇAIS ÉVOQUE LES BIENFAITS DE CES OPÉRATIONS POUR L'ÎLE DE MAYOTTE, ET EN DISTINGUE NOTAMMENT QUATRE. Mayotte Hebdo : Quel est le bilan des actions phares de la préfecture en 2021, que ce soit avec M. Colombet ou vousmême, notamment du point de vue des opérations de démolition de cases en tôle ? Thierry Suquet : Sur les opérations dites de décasages, dans le cadre de la Loi Elan, nous sommes passés de rien, c'est-à-dire 10 en 2019 et 100 en 2020, à 1652 démolitions de cases en 2021. Nous avons donc pris une ampleur inégalée. Ça avait très bien été impulsé par Jean-François Colombet, qui m'avait dit, lorsque nous avons échangé, que c'était une politique essentielle qu'il ne fallait pas lâcher. J'ai donc continué à enfoncer l'accélérateur là-dessus, ce qui fait que, depuis mon arrivée, on a continué sur la même lancée, en faisant une opération de décasage par mois.
"UN OUTIL DE RECONSTRUCTION DE LA VILLE" Nous avons ensuite un deuxième aspect dans le décasage, qui est très axé sécurité. Très souvent, les secteurs où nous avons décasé nous sont signalés comme des foyers de délinquance, des lieux de refuge pour les bandes. Nous intervenons donc dans le cadre de notre plan de lutte contre les violences et les bandes. L'idée est de casser les endroits qui servaient de refuge pour les délinquants. Autre aspect de cette insécurité : très souvent, nous avons décasé dans des endroits où l'on a déjà eu des morts sur des risques naturels, des catastrophes. Puis, on peut considérer qu'il y a un certain nombre de Français dans ces quartiers
12•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 8 0 • 2 4 / 1 2 / 2 0 2 1
1503 CASES EN TÔLE DÉTRUITES EN 2021 Ce sont des opérations à objectifs multiples. On lutte d'abord contre l'habitat insalubre, c'est scandaleux qu'il y ait des gens qui vivent dans les conditions que l'on connaît dans les bidonvilles. On doit donc proposer des solutions alternatives à cela. Il faut dire assez haut et fort que, dans un grand nombre de cas, du moins là où nous avons décasé, il n'y a pas de différence entre le fait de vivre à la rue ou de vivre là. Je peux comprendre l'attachement des gens à l'endroit où ils vivent, mais les conditions sont tellement dures que nous ne pouvons pas laisser les vivre là. Il faut donc proposer des solutions de rechange. Soit des logements, d'abord pour nos concitoyens français, soit des propositions d'hébergements pour les étrangers en situation irrégulière, et des opérations d'expulsion pour ceux qui n'ont pas le droit d'être à Mayotte.
13
• M ay o t t e H e b d o • N ° 9 8 0 • 2 4 / 1 2 / 2 0 2 1
DOSSIER
défavorisés, mais, dans beaucoup de ces endroits, on a une part très importante d'immigrés en situation irrégulière qui n'ont pas vocation à rester sur le territoire. Nous avons donc aussi cette politique de participation à la lutte contre l'immigration clandestine. Les opérations de décasage sont aussi l'occasion de renvoyer aux Comores un certain nombre de gens qui n'ont pas à être là. Enfin, on a vu que ces politiques de décasages, au-delà de l'action ponctuelle que l'on mène sur un quartier, participent au renouvellement urbain et d'urbanisme. Cela nous permet de reconstruire de la ville derrière, sur des endroits qui étaient déjà construits, de lutter contre les problématiques d'érosion, d'occupations illégales dangereuses. Le décasage est un outil de reconstruction de la ville. Ça ne fait pas tout mais ça y participe. Mon objectif
est donc de mieux l'intégrer, maintenant, dans ces opérations. Je voudrais que l'on ait un continuum qui va de la résorption de l'habitat insalubre, y compris avec du renouvellement urbain, jusqu'à la mise en place de l'hébergement d'urgence et la construction de logements. M.H. : À ce sujet, une peur s'immisce chez les Mahorais, celle de voir les personnes décasées s'installer dans leurs villages. On le voit sur des vidéos postées sur les réseaux sociaux. Pouvez-vous dire concrètement où en est le relogement de ces personnes ? T.S. : Nous relogeons évidemment tous les Français, un certain nombre d'étrangers en situation irrégulière, du moins nous les hébergeons. Cela étant, il est vrai qu'il existe ce phénomène d'évaporation. Il y a des gens que l'on n'arrive pas à raccompagner, qui
14•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 8 0 • 2 4 / 1 2 / 2 0 2 1
LES 4 AVANTAGES DU DÉCASAGE, SELON LE PRÉFET SUQUET - La lutte contre l'habitat insalubre - La lutte contre la violence et les bandes - La lutte contre l'immigration illégale - La réurbanisation
disparaissent avant le décasage et vont ailleurs. Mais, en attendant, la concentration est beaucoup moins forte. Nous avions, dans certains secteurs, plusieurs centaines de personnes. La dernière fois, nous avons relogé 36 familles à Koungou. Ceux qui vont se réinstaller ailleurs sont beaucoup moins nombreux que précédemment. De toute façon, ce phénomène ne doit pas nous empêcher de décaser. M.H. : Des municipalités ont aussi pris l'initiative de déconstruire des habitations de fortune. Existe-t-il une collaboration entre l'Etat et les collectivités locales ? T.S. : Il faut que les maires mettent en place la flagrance. Cette dernière permet à un maire de demander de démolir au moment de la construction du bidonville, et d'intervenir immédiatement sans décision de justice. Et on n'en fait pas assez. On en a un peu plus d'une vingtaine cette année, ce qui est vraiment insuffisant. C'est l'une des étapes qu'il faut que l'on ajoute. Audelà du décasage de la Loi Elan, il faut mettre en place
la flagrance pour lutter contre ces phénomènes de reconstruction. On ne peut pas mener ces décasages sans partenariat avec les maires, les collectivités locales. Il faut qu'elles nous proposent les périmètres, là où sont les vrais problèmes de salubrité, de délinquance, d'entassements de personnes qui ne sont pas supportables. Nous travaillons avec elles pour déterminer le périmètre. Ensuite, les maires nous accompagnent sur le relogement et l'hébergement des populations. Ce sont les mairies qui ont un projet pour reconstruire là où nous avons décasé, ou faire de l'équipement public. On ne décase pas sans projet de réoccupation derrière. Pour gérer cela, le ministère des Outre-mer a créé un poste d'expert de haut niveau à côté de Jérôme Millet [sous-préfet, NDLR] et de moi-même, que nous sommes en train de recruter. C'est un haut fonctionnaire qui va venir à Mayotte pour gérer toute cette ligne et accroître l'action sur les décasages. n
15
• M ay o t t e H e b d o • N ° 9 8 0 • 2 4 / 1 2 / 2 0 2 1
DOSSIER
Propos recueillis par Axel Nodinot
TERRITOIRE
MAYOTTE VEUT FAIRE SA LOI ENTAMÉ DEPUIS DE NOMBREUX MOIS, LE PROCESSUS DE LA LOI MAYOTTE DOIT PERMETTRE, À TERME, DE PROPOSER UNE LÉGISLATION ADAPTÉE AUX PARTICULARITÉS DU TERRITOIRE MAHORAIS, ET D'ALIGNER LES PRESTATIONS SOCIALES DES MAHORAIS SUR CELLES DE LEURS COMPATRIOTES. THIERRY SUQUET, FORT D'UNE EXPÉRIENCE DE PRÉFET DÉLÉGUÉ À LA SÉCURITÉ À LYON, ANALYSE LES BESOINS DE MAYOTTE EN TERMES DE LUTTE CONTRE LA DÉLINQUANCE, ET NOUS EN DIT PLUS SUR LES PROCHAINES ÉTAPES DU PROJET DE LOI. Mayotte Hebdo : Les 700 propositions destinées au projet de Loi Mayotte concernent surtout l'immigration clandestine et la sécurité. Quelles seront les mesures adoptées sur ces sujets ? Thierry Suquet : Je trouve quand même que la sécurité passe de plus en plus avant l'immigration clandestine. Cette dernière est l'alpha et l'oméga des sujets mahorais. Quel que soit le sujet que vous prenez, à un moment donné, vous tirez et vous avez des étrangers en situation illégale qui pèsent sur les collectivités. C'est aussi vrai pour la sécurité. Ce qui est beaucoup remonté de la concertation sur la Loi Mayotte, ce sont les propositions qui ont été faites. Nous avons essayé de les organiser. Aujourd'hui, le ministère des Outre-mer et ses équipes à Paris travaillent donc pour passer des propositions au législatif, car ce n'est pas
la même chose. Dans les propositions, beaucoup de choses sont des sujets réglementaires que l'on peut mettre en place immédiatement. M.H. : Où en est le processus du projet de loi T.S. : Je participe toutes les semaines à des réunions avec le cabinet du ministre des Outre-mer, dans lesquelles nous travaillons sur ce que pourrait contenir la loi. Je pense que dans les semaines à venir, le ministre devrait proposer cette loi. M.H. : Nous parlions de sécurité. Vous étiez justement préfet délégué à la sécurité au sein de la région Auvergne-RhôneAlpes. Comment mettez-vous à profit votre expérience dans un territoire tel que Mayotte, gangréné par la délinquance ?
16•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 8 0 • 2 4 / 1 2 / 2 0 2 1
17
• M ay o t t e H e b d o • N ° 9 8 0 • 2 4 / 1 2 / 2 0 2 1
DOSSIER
18•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 8 0 • 2 4 / 1 2 / 2 0 2 1
T.S. : J'étais préfet de police à Lyon, préfet délégué défense et sécurité, j'y ai travaillé avec de très grands policiers. J'avais donc effectivement tous ces phénomènes d'insécurité, de délinquance et d'ordre public. Tous les samedis, j'étais avec les policiers sur des manifestations extrêmement violentes. J'ai donc beaucoup appris. Aujourd'hui, j'essaie d'utiliser cette expérience à Mayotte. Lorsque je parle au DTPN [Directeur territorial de la police nationale, NDLR] ou au colonel, à qui je donne un grand coup de chapeau, ainsi qu'aux policiers et gendarmes présents ici, cela m'aide car je comprends mieux ce qu'ils me disent, et nous essayons d'utiliser nos expériences pour mieux répondre aux problèmes de délinquance et de violence. Par exemple, quand on a eu la flambée de caillassages sur les cars avec les grèves de chauffeurs et l'arrêt des transporteurs, j'ai tiré profit de l'expérience que j'avais précédemment à Lyon, où les transports en commun sont très souvent attaqués dans les banlieues, afin d'essayer de définir des stratégies. Et des stratégies offensives en particulier, où l'on est plutôt sur de la circulation des forces de l'ordre, de la mobilité et de la réactivité, que du statique. Nous avons donc fait une analyse, avec les transporteurs et leurs chauffeurs, des points chauds, pour concentrer nos actions là où l'on pensait que ça allait être efficace. L'autre jour, j'entendais une réflexion de quelqu'un qui disait : "À Koungou, il y a eu des caillassages, et une patrouille de gendarmerie qui passait par là a pu intervenir". Non, la patrouille ne passait pas par là. Son job, c'est d'être sur les points chauds et les axes de circulation, en mobilité permanente, pour intervenir dès qu'il y a un problème. J'essaie donc de tirer parti de mon expérience pour que l'on ait de la réactivité et de la présence en ciblant bien les choses. Mayotte Hebdo : Au sujet des prestations sociales, qui sont globalement plus basses que dans les autres départements français, comment le préfet de Mayotte
UN PROJET PRÉSENTÉ EN CONSEIL DES MINISTRES EN JANVIER 2022 Le ministère des Outre-mer a envoyé cette semaine le projet de loi rédigé au Conseil départemental, pour une dernière consultation. Il comporte 34 articles, divisés en quatre axes : la lutte contre l'immigration clandestine, le renforcement des droits sociaux, le développement accéléré du territoire et la modernisation du CD et des institutions. La Loi Mayotte sera ensuite examinée par le Conseil des ministres au mois de janvier.
peut-il agir pour obtenir un alignement des droits sociaux ? T.S. : C'est un sujet pour l'État, et le ministre des Outremer s'en est d'ailleurs emparé lors de la préparation de la Loi Mayotte. Il est venu en déclarant que notre objectif était d'accélérer la convergence, et m'a demandé de réunir la commission consultative du travail élargie à la CSSM [Caisse de sécurité sociale de Mayotte, NDLR], ce que j'ai fait au début du mois de novembre, afin de discuter de ces sujets. Ce jourlà, les partenaires sociaux ont souligné un certain nombre de leurs priorités, et notamment l'accélération des prestations non-contributives, et des prestations contributives, à condition que l'on trouve des solutions sur l'augmentation des cotisations. Nous sommes donc en train d'y travailler, et la préfecture a contribué à faire émerger le besoin. L'ordonnance du 1er décembre, et ce qu'elle prend en compte sur les retraites, est un point sur lequel on voit des avancées. Maintenant, la suite arrivera probablement dans le projet de Loi Mayotte, avec un dispositif pour accélérer la convergence. Mais je ne peux pas m'avancer sur ce que contiendra le projet. n
DE LYON À MAYOTTE "Je dis souvent qu'à Mayotte, il y a un énorme problème de délinquance et de violence. Il suffit, pour ceux qui n'en sont pas convaincus, de lire le rapport des sénateurs, ou l'enquête "Cadre de vie et sécurité" de l'INSEE. Je partage entièrement ces diagnostics. Mais il serait faux de penser que c'est dû à un abandon de l'Etat. Ces phénomènes, on les connaît en banlieue parisienne, à Marseille, à Lyon, où je les ai affrontés. J'y ai vu des postes de police municipaux être attaqués comme à Koungou, j'ai vu des jets de mortier et des tentatives d'incendie sur une mairie, des bus être attaqués et détournés dans certains quartiers… Les problèmes sont donc similaires, et ce qui se passe à Mayotte se passe aussi dans certains coins de métropole. Évidemment, comme Mayotte est une petite île, on vit le phénomène insulaire. Mais avoir vécu ça m'aide aussi à prendre les problèmes à bras-le-corps, et donc à appliquer des techniques appliquées à ce que l'on rencontre."
19
• M ay o t t e H e b d o • N ° 9 8 0 • 2 4 / 1 2 / 2 0 2 1
DOSSIER
Propos recueillis par Axel Nodinot
TRANSPORTS
PISTE LONGUE : " LE COUP EST PARTI " MALGRÉ LES 28 MILLIONS D'EUROS INVESTIS PAR L'ÉTAT EN 2021 POUR LA MOBILITÉ, THIERRY SUQUET RECONNAÎT "QU'ON NE MET PAS ASSEZ SUR LES ROUTES". MAIS, L'ASPHALTE MIS À PART, LA POPULATION MAHORAISE ATTEND TOUJOURS UN RÉSEAU DE TRANSPORTS PUBLICS VIABLE ET PERFORMANT. LE PRÉFET DE L'ÎLE AU LAGON ABORDE PAR EXEMPLE LE SUJET ÉPINEUX DE LA PISTE LONGUE DE L'AÉROPORT INTERNATIONAL DE DZAOUDZI, ENJOIGNANT LES POUVOIRS LOCAUX À ANTICIPER SON ARRIVÉE AU LIEU DE RÉAGIR AU DERNIER MOMENT. Mayotte Hebdo : Les transports, secteur qui ne relève certes pas totalement de la préfecture, manquent cruellement sur l'île. Quand pourrons-nous apprécier une action concrète dans ce secteur, que ce soit des lignes de bus ou une amélioration des liaisons maritimes ? Thierry Suquet : Dans les chiffres que je vous donnais auparavant, 15 millions d'euros ont été investis pour le Caribus. Ce n'est qu'un démarrage, mais nous sommes le levier qui permet aujourd'hui à la Cadema [Communauté d'agglomérations Dembéni-Mamoudzou, NDLR] de lancer les premiers coups de pioche sur le transport en commun. Nous verrons ensuite avec les fonds européens 2021 – 2027, au prochain contrat de convergence, comment venir à l'appui des prochains dossiers de mobilité. Il y en a un sur lequel nous travaillons beaucoup, avec le Conseil départemental et la Cadema. C'est l'idée que l'on pourrait
accélérer le transport maritime de qualité. Nous essayons d'avancer sur ce sujet. M.H. : Qu'en est-il de la piste longue, qui est promise à la population mahoraise depuis de nombreuses années ? T.S. : Sur la piste longue, vous l'avez vu, il y a déjà plusieurs millions d'euros engagés, plus d'une centaine de personnes qui y travaillent, la maison du projet, la préfiguration… Donc nous sommes dans les temps. Il faut maintenant que les Mahorais raisonnent comme si elle était là. Ce n'est pas quand le premier avion atterrira qu'il faudra se poser la question de l'hébergement, de logement ou de formation. Aujourd'hui, il faut commencer à travailler. Christophe Masson [Délégué de la direction générale de l'aviation civile à la piste longue, NDLR] le fait sur un certain nombre de sujets, dans le cadre de la concertation. Mais il faut que le
20•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 8 0 • 2 4 / 1 2 / 2 0 2 1
" ATTENTION, C'EST MAINTENANT ! " Conseil départemental et les collectivités s'emparent des sujets autour de la piste longue : préparer son arrivée pour faire du développement économique, et préparer l'arrivée de touristes et d'entreprises. Mais le coup est parti. M.H. : Trouvez-vous que les élus locaux n'avancent pas assez vite sur la piste longue ? T.S. : Non, mais je dis attention, c'est maintenant ! C'est juste que la piste longue est là. Aujourd'hui, nous engageons déjà de l'argent et des gens qui travaillent dessus. Ça veut dire que, dans nos têtes, il faut que nous ayons intégré la piste longue, et que nous ayons donc des stratégies de développement économique et d'équipement qui l'intègrent également. Je pense que les élus sont en train de s'en emparer, mais qu'il faudrait que nous ayons plus de dynamique, y compris
de la part de l'État, en se questionnant sur l'anticipation de la piste longue en termes d'infrastructures. Nous sommes très concentrés sur sa réussite, parce qu'il faut des matériaux, certaines conditions. Mais je me dis en même temps qu'il faudrait s'arranger pour créer de l'emploi local. Il n'y aura des voyageurs et des entreprises que s'il y a des infrastructures et qu'on les entretient. Les collectivités ont commencé à le faire mais il faut que l'on passe la vitesse supérieure. n
21
• M ay o t t e H e b d o • N ° 9 8 0 • 2 4 / 1 2 / 2 0 2 1
DOSSIER
Propos recueillis par Axel Nodinot
ENVIRONNEMENT
LE PRÉFET PRÔNE LE RENOUVELLEMENT URBAIN ET L'AGRICULTURE
QUESTION CAPITALE POUR LE JOYAU DE BIODIVERSITÉ QUE CONSTITUE L'ÎLE AU LAGON, L'ENVIRONNEMENT NE PEUT PAS ÊTRE ÉLUDÉ PAR LA PRÉFECTURE DE MAYOTTE. SON PENSIONNAIRE, THIERRY SUQUET, PREND FERMEMENT POSITION À CE SUJET, ET RÉAFFIRME SA VOLONTÉ DE PRÉSERVER L'ENVIRONNEMENT… EN GARDANT TOUJOURS LES OPÉRATIONS DE DÉMOLITION DE CASES EN TÔLE DANS UN COIN DE LA TÊTE.
Mayotte Hebdo : Mayotte possède également un patrimoine biologique exceptionnel. Comment concilier un développement économique nécessaire à la préservation de l'environnement, toute aussi importante ? Thierry Suquet : Ce n'est pas un choix, il faut arriver à le faire. Cela signifie que la protection de la biodiversité et de l'environnement naturel dans lequel nous vivons soit une priorité au même niveau que le développement économique. Il faut ensuite trouver un équilibre entre les deux. Je dis aux services de l'État qu'il faut que l'on se positionne comme accompagnateur et facilitateur des projets à Mayotte. Mais, en échange de ce positionnement, nous devons exiger de la part des porteurs de projets la mise en œuvre de règles de qualité
qui correspondent à ces objectifs. L'époque où l'on disait "je sacrifie l'environnement parce qu'il y a un impératif de développement économique et d'emploi" est révolue.
"L'EXEMPLE EXTRAORDINAIRE" DU QUAI N°1 DU PORT DE LONGONI Nous devons concilier la mise en place d'installations supplémentaires avec les meilleures règles de protection de l'environnement. Il existe un exemple extraordinaire de ce que l'on est capable de faire, c'est le quai numéro 1 du port de Longoni. Parce que ce sont des travaux en milieu extrêmement difficile, avec la protection du lagon. Ce que fait aujourd'hui le Conseil départemental, qui a la maîtrise d'ouvrage, est un exemple dont on doit
22•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 8 0 • 2 4 / 1 2 / 2 0 2 1
s'inspirer, sur la capacité que nous avons à rénover nos investissements, à créer de la richesse supplémentaire, tout en préservant l'environnement. Il faut ensuite être bien clair : il n'y a pas d'avenir à Mayotte si l'on ne préserve pas l'environnement et la biodiversité. Autrement, nous aurons un monde qui sera invivable. Le vrai risque, pour Mayotte, c'est 750 000 habitants en 2050, que des routes et pas d'eau. Il faut que l'on évite cela. M.H. : Alors comment l'éviter ? T.S. : Cela passe en particulier par la préservation des espaces naturels. Il faut arrêter de défricher, de déboiser, ou le faire dans certaines conditions. Il faut que l'on protège la mangrove et le lagon, et donc que l'on ne construise pas dessus. Il faut ensuite reconstruire la ville sur la ville. C'est pour cela qu'il est important de faire du renouvellement urbain, en augmentant la qualité du logement et la densité, de
"LE VRAI RISQUE, POUR MAYOTTE, C'EST 750 000 HABITANTS EN 2050, QUE DES ROUTES, ET PAS D'EAU" faire également de la rénovation de l'habitat insalubre. Il faut limiter l'artificialisation des sols. Puis, dans ce cadre d'équilibre, il faut développer l'agriculture locale, qui soit saine, bio, avec des agriculteurs mahorais qui répondent au marché. Dans quelques années, il faut que ce soit l'agriculture mahoraise qui alimente les cuisines centrales de l'éducation nationale. n
23
• M ay o t t e H e b d o • N ° 9 8 0 • 2 4 / 1 2 / 2 0 2 1
DOSSIER
Propos recueillis par Axel Nodinot
POLITIQUE
QUELLE MAYOTTE EN 2022 ?
ALORS QUE L'ANNÉE 2022 SERA MARQUÉE DU SCEAU DES ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES FRANÇAISES, MAYOTTE SE PRÉPARE À DE NOUVELLES AVANCÉES SOCIALES ET ÉCONOMIQUES, SI L'ON EN CROIT THIERRY SUQUET. DÉTERMINÉ, LE PRÉFET DU 101ÈME DÉPARTEMENT FRANÇAIS ÉVOQUE AVEC NOUS LES GRANDES LIGNES QU'IL SOUHAITE SUIVRE CES PROCHAINS MOIS. EN ÉVOQUANT NOTAMMENT L'EAU, L'IMMIGRATION, LA DÉLINQUANCE, OU ENCORE LE LOGEMENT.
COMMENT SONT ENCADRÉES LES ACTIONS DE LA PRÉFECTURE ? "J'ai une commande des ministres, et nous avons une feuille de route interministérielle comportant un objectif que l'on traite nous, à l'intérieur de l'État. Cela totalise une vingtaine d'actions dont je rends compte personnellement devant le Premier ministre, qui détermine le montant de mon régime indemnitaire. C'est le résultat de la modernisation de la fonction publique, la fin de l'ENA : une rémunération des préfets qui est en partie basée sur la performance."
Mayotte Hebdo : Alors que Mayotte est à l'aune de l'année 2022, quels seront les principaux objectifs de la préfecture l'année prochaine, sa ligne directrice ? Thierry Suquet : Nos objectifs vont être de poursuivre avec beaucoup de détermination nos actions : lutter contre l'immigration illégale et accroître l'impact de l'action que nous avons dans ce domaine. Cette année, nous aurons raccompagné à la frontière un peu plus de 22 000 personnes. Je voudrais que nous en fassions plus, que nous luttions également contre l'immigration
illégale avec un accroissement de la qualité. C'est-à-dire qu'il y a un certain nombre de délinquants qui ont des titres de séjour, et quand les gens ne sont pas en règle avec la loi parce qu'ils sont violents ou délinquants, il faut qu'on leur retire leur titre de séjour et qu'on les renvoie. On en a fait 78 cette année, il faut que l'on en fasse plus, car c'est très ciblé. M.H. : Comment éviter une autre crise de l'eau, dont l'accès, pourtant essentiel, est difficile à Mayotte ? T.S. : Pour tout ce qui est protection des Mahoraises et des Mahorais, l'accès à l'école, à l'eau, à la santé et au logement, cela passe par le décasage et la résorption de l'habitat insalubre. L'amélioration de ces prestations est un objectif très fort. Avec le SMEAM [Syndicat mixte d'eau et d'assainissement de Mayotte, NDLR], nous partageons beaucoup d'objectifs en commun. Nous, nous mettons de l'argent pour l'investissement du SMEAM, ils conduisent les travaux. Il faut que l'année prochaine, l'année suivante, ça se traduise par moins de coupures d'eau et une amélioration de la qualité pour les Mahorais.
24•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 8 0 • 2 4 / 1 2 / 2 0 2 1
"UN MÉTIER FORMIDABLE DANS UN TERRITOIRE PASSIONNANT" Au sujet de l'amélioration du logement, vous avez vu l'arrivée d'un deuxième opérateur à côté de la Société Immobilière de Mayotte, Action Logement. L'objectif est d'accroître le nombre de logements, de le multiplier, et non pas de partager le tout petit marché. Dernier point : les Mahorais ont émis beaucoup d'idées lors de la concertation pour la Loi Mayotte. Elle va être présentée en Conseil des ministres, sera ensuite probablement votée dans le courant de l'année 2022, en tout cas je l'espère, et sera ensuite mise en œuvre. Mais, à côté des propositions qui seront dans la loi, d'autres choses nécessitent du réglementaire et peuvent être mises en œuvre relativement rapidement, puisque ce ne sont que des questions de budget et de volonté politique. Nous avons donc commencé à faire ces choses-là, et mon objectif est donc de les mettre en œuvre rapidement sur le territoire. M.H. : Après les objectifs de la préfecture de Mayotte, quelles seront les bonnes résolutions de Thierry Suquet en 2022 ? T.S. : Je suis résolu à être autant présent et engagé à Mayotte. J'ai la chance d'avoir un métier formidable dans un territoire qui est passionnant. Alors c'est compliqué, c'est rude, c'est pas facile, mais j'ai
énormément de chance de faire ça ici et j'ai envie de réussir. n
" IL FAUT QUE L'ANNÉE PROCHAINE, L'ANNÉE SUIVANTE, ÇA SE TRADUISE PAR MOINS DE COUPURES D'EAU" 25
• M ay o t t e H e b d o • N ° 9 8 0 • 2 4 / 1 2 / 2 0 2 1
L.G
PRIME À VÉLO : TOUS EN SELLE AVEC LA CADEMA
Au mois de décembre 2021, la communauté d'agglomération Dembéni-Mamoudzou (Cadema) lance la prime à vélo. Dans le cadre de sa politique incitative à la mobilité douce, la Cadema met en place pour ses habitants une prime allant jusqu’à 600 euros pour l’acquisition d’un vélo classique ou électrique.
26•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 8 0 • 2 4 / 1 2 / 2 0 2 1
Marre des bouchons, de la pollution, des bruits de moteurs ? Le vélo est fait pour vous ! Économiser des frais d’essence, d’assurance, faire du sport et vous déplacer c’est possible. Avec sa politique de développement des modes de déplacement actifs, la Cadema lance l’opération “prime à vélo”. Comme Ali, Bacar et Farida, venus récupérer leurs bons aujourd’hui, tous les habitants majeurs de la communauté de communes peuvent prétendre à cette aide pour se mettre en selle. “Cette démarche s’inscrit dans un plan global”, explique le président de la communauté d'agglomération DembéniMamoudzou, Saindou Rachadi avant d’ajouter “au mois de septembre nous avons organisé la fête du vélo pour sensibiliser la population. En 2022, notre travail se poursuivra en lien avec les communes et la construction de 3 km de voie verte le long des voies destinées au Caribus.”
Envie de pédaler ? Rapide, fiable, écologique, que demander de plus ? Dès à présent la Cadema, remet à ses administrés qui le souhaitent un chèque allant de 150 à 600 euros pour tout achat d’un vélo destiné à un usage quotidien. Un
bon de réduction valable pour l’acquisition d’un cycle classique ou bénéficiant d’une assistance électrique. Pour cela, les futurs cyclistes doivent se rendre chez l’un des partenaires de l’opération : Akxion Cycles, Mob'helios, Tecma, Sima Sarl ou encore Intersport. Les habitants peuvent prétendre à un bon par personne et deux bons par foyer. Un départ sur les chapeaux de roues, pour la Cadema qui prévoit de distribuer une centaine de ceux-ci en 2021 pour un coût total de 30 000 euros. En 2022, la communauté de communes espère augmenter la cadence et prévoit d'investir 50 000 euros dans l’opération "prime à vélo”.
La transition sur roues La communauté d'agglomération DembéniMamoudzou rappelle par ailleurs son acquisition récente de trois vélos à assistance électrique, accessibles à ses agents pour leurs déplacements quotidiens. Par ailleurs, elle souhaite étendre sa flotte de véhicules plus respectueux de l'environnement et acheter des scooters électriques mais aussi renouveler son parc automobile au profit de voitures hybrides et électriques. De quoi dessiner un avenir plus vert pour l’île aux parfums. n
27
• M ay o t t e H e b d o • N ° 9 8 0 • 2 4 / 1 2 / 2 0 2 1
LITTÉRATURE
LISEZ MAYOTTE
LES PROVERBES, "BIENFAITS DE DEMAIN"
Madi Haladi, La sagesse de mes aïeux, Recueil de proverbes mahorais, éditions Menaibuc, 2012.
Ces proverbes font partie des supports pédagogiques du système éducatif bantu basé essentiellement sur l’oralité. Cet ouvrage est une véritable analyse en profondeur de la mentalité mahoraise dans ses aspects bantu. Il permet de découvrir l’univers linguistique et psycho-sociologique de Mayotte d’aujourd’hui et de toujours.
APRÈS L’ÉCOLE ET LA BANGA, LE PROVERBE EST NOTRE TROISIÈME FIL CONDUCTEUR, À LA FOIS PAR SON INTÉRÊT INTRINSÈQUE ET PARCE QU’IL EST L’UNE DES PORTES D’ENTRÉE PLAISANTES DE LA CONNAISSANCE DE MAYOTTE. EN EFFET, TOUT LE MONDE PEUT GOÛTER LES PROVERBES QUI LUI RESTENT EN TÊTE ET QUI, INDÉPENDAMMENT DE LA LEÇON QU’ILS DONNENT, FASCINENT PAR LEUR FORMULATION ET LES HORIZONS QU’ILS OUVRENT. ON PEUT ICI RAPPELER QUE LES RECHERCHES SUR LES PROVERBES FONT PARTIE DES PREMIERS TRAVAUX SUR MAYOTTE. EN EFFET, L’ARTICLE INAUGURAL DE SOPHIE BLANCHY SUR L’ÎLE AUX PARFUMS, PARU EN 1981 DANS LE TREIZIÈME VOLUME DES CAHIERS DE LITTÉRATURE ORALE DE L’ASEMI – ASIE DU SUD-EST ET MONDE INSULINDIEN -, S’INTITULE “ ISLAM ET LITTÉRATURES DANS L’ARCHIPEL DES COMORES ”. C’EST, DANS L’ÉTAT ACTUEL DE NOS RECHERCHES, LE PREMIER ARTICLE SCIENTIFIQUE SUR L’ÎLE SOUS LE TITRE : “ PROVERBES MAHORAIS ”. Menaibuc fait partie des éditeurs qui se sont intéressés au texte de Mayotte. On peut en prendre pour exemple, étant donné notre intérêt présent pour les proverbes, un ouvrage publié par Madi Haladi en 2012 sous le titre : La Sagesse de mes aïeux. Recueil de proverbes mahorais. L’ouvrage se compose de quatre parties qui permettent une revue de Mayotte : “ Technique et milieu naturel ”, “ Kabbila ya shimawore (la société mahoraise), “ Udjama na m(u)parano wa udjama (famille et relations familiales) ” et “ Mayesha ya ddahye (la vie au village) ”. Chacune de ces parties est ensuite divisée en chapitres qui portent également des titres en langue vernaculaire, traduits entre parenthèses. On comprend ainsi qu’au-delà de la valeur intrinsèque des proverbes, cette forme présente un intérêt littéraire et linguistique non négligeable, à la fois la sauvegarde d’un patrimoine et d’une culture et ce que Pascale Casanova appelle, en théorie littéraire dans sa République mondiale des lettres (1999), une captation d’héritage. Il en ira de même pour les contes. L a p re m i è re p a r t i e c o n t i e n t h u i t chapitres : “ Costume et parure ”, “ Makazi awu malago (habitation) ”, “ Zahula (nourriture et repas) ”, “ Mimeya awu zilime
(Plantations) ”, “ Malezi ya zainyama awu matsunga (élevage) ”, “ Ufimizi (chasse) ”, “ Ulezi (pêche) ” et “ Ndrima (agriculture) ”. Mais c’est surtout le motif du sac, dans le premier d’entre eux qui retient notre attention : “ Kula m(u)tru uswifu m(u)kobba wahe. Chaque personne vante les mérites de son sac. Nul ne dit que son sac est en feuille de cocotier, mais seulement en cuir de haute qualité. Tout homme cherche à se faire valoir ou à se valoriser. Il fut un temps (lors de la dure colonisation), les chefs “ wazungu ” avaient souvent des sacs. Ils se servaient de ces sacs pour transporter des objets personnels. Ainsi les “ wamawore ” ont voulu imiter. Le “ m(u)kobba ”, sac, généralement utilisé par les hommes, servait lors des déplacements à transporter des objets personnels : pipes, amulettes, papiers, provisions de route. Des objets que les chefs “ wazungu ” avaient l’habitude de mettre dans leurs sacs. Il était fabriqué par des spécialistes en “ miyala ”, en feuilles de cocotier “ mahuri ” ou en peau de vache non rasée “ ngwezi ya nyombe kayavunwa ”. Les sacs en cuir introduits par les colonisateurs étaient nettement plus estimés et très prisés que les fabrications locales [sic]. Alors les “ wamawore ” n’arrêtaient pas de vanter les mérites de leurs sacs. Tous ces sacs étaient à bretelles de peau de bananier “ gwedda ”, de nervure
28•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 8 0 • 2 4 / 1 2 / 2 0 2 1
de feuille de cocotier “ bbindra ” ou encore des lianes tressées “ trandri zavahaswa ”. ” (p. 45)
“ Yiyo dde yingwe bbe yinyombe yisuja : ça c’est la corde mais le bœuf [le problème] arrive. ” (p. 206).
Nassur Attoumani s’en souviendra dans son roman de la malmariée Mon Mari est plus qu’un fou : c’est un homme (2006) lorsqu’il invente le terme “ sacophobie ” pour désigner sa peur et sa haine du sac en cuir dont son mari se sert pour la battre.
Nous laisserons au soin et à la diligence du lecteur la découverte des deux dernières parties de ce recueil de proverbes si l’un des thèmes suivants le requiert : “ Mahari, ndrolo na m(u)trum(u)me (dot, mariage et mari) ”, “ Hwili (la polygamie) ”, “ Bbamuhe na nyadza (beaux-parents), “ Wana-yatima (Les orphelins), “ Wananya (frères) ”, “ Ufa – Madziho, mwarata (mort, enterrement, héritage) ”, “ Madjirani (les voisins) ”, “ Makopesho na Mazimo (emprunts) ”, Malajuzi, mahukume (palabres, procès) ”, “ Wageni, wasafiri, mahabbari (étrangers, voyageurs, nouvelles) ”, “ Mawadde na matua bbibbu (maladies et médecins) ” et “ Malangadzo na mizini yo (jeux et danses) ”.
La deuxième partie comporte quatorze chapitres au total, après “ Mazefu na makabbayila (Chefs et notables) ”, “ Watru wabole (adultes) ”, “ Wanatsa, wanahirimu watru-bbabba, wana-hirimu watru-washe (enfants, jeunes gens et jeunes filles) ”, “ Wana harami, watsumba (bâtards, célibataires) ”, “ Mutru-mushe (femme) ”, “ Warumwa (serviteurs ou esclaves) ”, “ Utadjiri awu mali (richesse) ”, c’est surtout le huitième chapitre “ Twabbiya awu trendrago (vertu ou comportement) parce qu’on trouve la mer en guise de métaphore de la connaissance – “ ilimu bbahari kula m(u)tru (w)ushuka andre abbuwa kiyashi yahe : la connaissance est une mer, chaque personne descend pour aller puiser sa quantité ” (p. 138) -, l’un des proverbes les plus cités sur la parole et la possibilité du péché de bouche – “ ulime kawuma m(u)bba : la langue n’a pas d’os ”, sans oublier un proverbe qui se comprend dans le contexte, celui de la corde et du bœuf :
Nous citerons enfin un proverbe de proverbe qui montre qu’une telle forme n’est pas seulement la sagesse des gens d’hier, les aïeux, mais la sagesse des gens d’hier pour ceux qui viennent après, c’est-à-dire une transmission : “ Vulikiya zinyasiya mavuna yaho ya meso : écoute les proverbes car ils sont les bienfaits de demain. ” (p. 237)
Christophe Cosker
29
• M ay o t t e H e b d o • N ° 9 8 0 • 2 4 / 1 2 / 2 0 2 1
SPORT
CLASSEMENTS & MATCHS
FOOTBALL Régional 1 Samedi 25 décembre 2021 – 15h00
USCJ Koungou – ASJ Moinatrindri UCS de Sada – Jumeaux de Mzouazia FC Mtsapéré – USCP Anteou AS Bandraboua – ASC Kawéni AS Rosador – Diables noirs de Combani Tchanga SC – AS Sada
Régional 2 Samedi 25 décembre 2021 – 15h00
AJ Kani Kéli – Bandrélé FC Foudre 2000 – ASC Abeilles Olympique Miréréni – AS Neige de Malamani FC Labattoir – FC Majicavo FC Dembéni – USC Kangani AS Kawéni – Enfants de Mayotte
Régional 1 féminines Dimanche 26 décembre 2021 – 15h30 ASJ Handréma – Olympique de Sada Racine du Nord – Entente Abeilles / EFF / AJM FC Mtsapéré – Devils Pamandzi USC Labattoir – Jumelles de Mzouazia ASO Espoir Chiconi – Entente Ol. Miréréni / FCO Tsingoni Exempté : Club Unicornis
Equipe
Pts
J
G
N
P
Dif
1
FC Mtsapéré
43
19
13
4
2
32
2
Jumeaux de Mzouazia
43
17
14
1
2
26
3
AS Rosador
30
20
9
4
7
-1
4
USCP Anteou
28
18
8
5
5
10
5
AS Bandraboua
28
19
7
5
5
1
6
Tchanga SC
25
20
6
7
7
1
7
ASJ Moinatrindri
23
20
6
5
9
-8
8
Diables noirs de Combani
21
20
6
4
10
-9
9
AS Sada
21
20
6
3
11
-12
10
UCS de Sada
20
20
5
6
9
-14
11
ASC Kawéni
19
17
7
2
7
-13
12
USCJ Koungou
15
20
3
6
11
-12
Equipe
Pts
J
G
N
P
Dif
1
AJ Kani Kéli
40
20
10
10
0
16
2
ASC Abeilles
37
19
10
7
2
19
3
Bandrélé FC
36
20
11
4
5
18
4
AS Neige de Malamani
32
20
9
5
6
4
5
FC Dembéni
25
19
6
8
4
3
6
Olympique Miréréni
25
19
7
4
8
-1
7
Foudre 2000
24
20
7
4
8
-5
8
FC Majicavo
23
17
7
3
7
-2
9
USC Kangani
20
18
6
3
9
-7
10
AS Kawéni
19
20
5
4
11
-9
11
Enfants de Mayotte
18
20
6
1
13
-23
12
FC Labattoir
17
20
4
5
11
-13
Equipe
Pts
J
G
N
P
Dif
1
FC Mtsapéré
47
18
15
2
1
50
2
Jumelles de Mzouazia
44
18
13
5
0
68
3
Club Unicornis
35
19
10
5
4
11
4
USC Labattoir
29
17
8
5
4
7
5
Entente Ol. Miréréni / FCO Tsingoni
28
18
9
2
6
4
6
Olympique de Sada
23
18
7
3
7
-24
7
ASJ Handréma
19
16
5
4
7
5
8
Devils Pamandzi
15
18
5
2
9
-38
9
Racine du Nord
14
19
3
5
11
-17
10
ASO Espoir Chiconi
11
17
2
7
7
-26
11
Entente Abeilles / EFF / AJM
-1
17
0
2
12
-39
Equipe
Pts
J
G
P
Dif
VOLLEY
1
VCM
27
9
9
0
24
2
ZAMFI
21
9
7
2
16
Régionale 1 masculine
3
VCT
15
9
5
4
4
4
LAREEC
14
9
5
4
0
Trêve hivernale – Reprise le 15 janvier 2022
5
MAV
14
9
5
4
-2
6
VCV
13
9
4
5
1
7
SPORTOUS
4
9
1
8
-18
8
VBM
0
9
0
9
-25
30•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 8 0 • 2 4 / 1 2 / 2 0 2 1
BASKET Prénationale masculine
Trêve hivernale – Reprise le 22 janvier 2022
Prénationale féminine Trêve hivernale – Reprise le 22 janvier 2022
Equipe
Pts
J
G
P
Diff.
1
Rapides éclairs
17
9
8
1
170
2
Gladiator de Doujani
16
10
7
2
141
3
Vautour club de Labattoir
15
8
7
1
213
4
Fuz'Ellips de Cavani
14
9
5
4
-30
5
Basket club de Mtsapéré
13
8
5
3
70
6
Colorado Beetle Mtsahara
13
10
3
7
-45
7
Etoile bleue de Kawéni
12
8
4
4
43
8
Koropa Fusion
11
9
3
5
-53
9
Tonic club Omnisport
10
8
3
4
-86
10
Scolo Dunks
10
8
2
6
-203
11
ABS Sada
9
9
1
7
-200
Equipe
Pts
J
G
P
Diff.
1
Golden Force
12
6
6
0
138
2
Fuz'Ellips de Cavani
8
4
4
0
328
3
Chicago club de Mamoudzou
8
5
3
2
-81
4
Basket club Iloni
8
6
2
4
-19
5
Magic Basket Passamainty
7
4
1
3
61
6
Vautour club de Labattoir
7
6
1
5
-168
7
Wakaïdi 2015
7
7
0
7
-303
8
Basket club de Mtsapéré
6
4
2
2
44
Equipe
Pts
J
G
N
P
Diff.
HANDBALL
1
CH Combani
21
7
7
0
0
85
2
AJH Tsimkoura
16
7
4
1
2
29
Prénationale Poule A
3
Tchanga Handball
15
6
4
1
1
35
4
TCO Mamoudzou
15
7
4
0
3
58
Trêve hivernale – reprise le 7 janvier 2022
5
HC Acoua
12
6
3
0
3
10
6
HC Labattoir
12
7
3
0
4
-22
7
HC Passamainty
9
7
1
0
6
-75
8
Tsingoni Handball
7
7
0
0
7
-120
Equipe
Pts
J
G
N
P
Diff.
1
ASC Tsingoni
19
7
6
0
1
70
Prénationale Poule B
2
PC Bouéni
19
7
6
0
1
48
3
HC Bandrélé
17
7
5
0
2
24
Trêve hivernale – reprise le 7 janvier 2022
4
AJH Koungou
15
7
4
0
3
8
5
AC Chiconi
13
7
3
0
4
-7
6
Sohoa Handball
11
7
2
0
5
-34
7
HC Kani Kéli
11
7
2
0
5
-14
8
Alakarabu Hand
7
7
0
0
7
-95
Prénationale féminine Trêve hivernale – reprise le 8 janvier 2022
Equipe
Pts
J
G
N
P
Diff.
1
ASC Tsingoni
18
6
6
0
0
105
2
PC Bouéni
18
6
6
0
0
57
3
HC Bandrélé
16
6
4
2
0
24
4
AJH Tsimkoura
16
7
4
1
2
33
5
CH Combani
16
6
5
0
1
31
6
TCO Mamoudzou
11
6
2
1
3
-15
7
Moinatrindri HC
10
6
2
0
4
-44
8
HC Passamainty
9
7
1
0
6
-62
9
Haima Sada
8
6
1
0
5
-21
10
HC Kani Kéli
8
6
1
0
5
-24
11
USM Mbouanatsa
6
6
0
0
6
-84
31
• M ay o t t e H e b d o • N ° 9 8 0 • 2 4 / 1 2 / 2 0 2 1
MAGAZINE D’INFORMATION NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros 7, rue Salamani Cavani M’tsapéré BP 60 - 97600 Mamoudzou Tél. : 0269 61 20 04 contact@mayottehebdo.com Directeur de la publication Laurent Canavate canavate.laurent@mayottehebdo.com Directeur de la rédaction Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 38 soldat@mayottehebdo.com Rédacteur en chef Axel Nodinot
# 980
Couverture :
Grand entretien: Thierry Suquet - Prefet de Mayotte
Journalistes Romain Guille Raïnat Aliloiffa Lise Gaeta Direction artistique Franco di Sangro Graphistes/Maquettistes Olivier Baron, Franco di Sangro Commerciaux Cédric Denaud, Murielle Turlan Thomas Lévy Comptabilité Catherine Chiggiato compta@mayottehebdo.com Première parution Vendredi 31 mars 2000 ISSN : 1288 - 1716 RCS : n° 9757/2000 N° de Siret : 024 061 970 000 18 N°CPPAP : 0121 I 92960 Site internet www.mayottehebdo.com
32•
M ay o t t e H e b d o • N ° 9 8 0 • 2 4 / 1 2 / 2 0 2 1