Mayotte Hebdo n°995

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LE MOT DE LA RÉDACTION

L'AVERSION DES PÔLES Si le temps court consiste à consacrer les finalistes de cette élection présidentielle 2022, deux constats s'imposent en prenant un peu plus de recul. D'une part, les historiques partis qu'étaient le Parti socialiste et les Républicains sont amenés à se réinventer, car ne représentant plus qu'une infime portion des votants français. D'autre part, ces derniers se reconnaissent en trois pôles dominants : le libéralisme, le nationalisme et le progressisme. Seul l'un d'entre eux, inévitablement minoritaire, se retrouvera au pouvoir. Et, si les forces politiques d'opposition, à n'en pas douter, honoreront leur fonction, la démocratie s'en trouve néanmoins questionnée. Père de la pensée politique, Aristote affirmait qu'un système démocratique ne pouvait exister sur un territoire possédant une trop grande population. Au risque que le "dèmos", le petit peuple, s'en trouve lésé. Ce peuple, à Mayotte, est majoritairement composé de jeunes, qui ont plutôt voté à gauche et à l'extrême-droite, comme le 101ème département français d'ailleurs. Comment cette jeunesse, à qui nous tendons le crachoir cette semaine, pourrait dès lors être concernée par un pôle qu'elle ne veut pas au pouvoir ? "It'll be the ballot or it'll be the bullet", lançait Malcolm X, figure du combat pour les droits civiques, en 1964. Si le choix entre "le bulletin et la balle" est volontairement violent et manichéen, le message de fond nous demande d'être politiquement conscients. Les jeunes Mahorais le sont bel et bien – vous le constaterez dans ces pages – et ne peuvent se résoudre à un présidentialisme violent et manichéen, lui aussi. Bonne lecture à toutes et à tous.

Axel Nodinot

TOUTE L’ACTUALITÉ DE MAYOTTE AU QUOTIDIEN

Lu par près de 20.000 personnes chaque semaine (enquête Ipsos juillet 2009), ce quotidien vous permet de suivre l’actualité mahoraise (politique, société, culture, sport, économie, etc.) et vous offre également un aperçu de l’actualité de l’Océan Indien et des Outremers.

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FI n°3839 Lundi 7 mars 2016 St Félicie

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FI n°3822 Jeudi 11 février 2016 Ste Héloïse

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RENSEIGNEMENTS Tél : 0639 67 04 07 | Mail : contact@mayotte-e-velos.yt

FI n°3818 Vendredi 5 février 2016 Ste Agathe

marine le Pen

environnement

Port de Longoni

ConSeil départeMental

Quel accueil se prépare pour la présiDente Du Fn ?

Le Lagon au patrimoine mondiaL de L'unesCo ?

la dsP sur la sEllEttE

pas de changement sUr l’octroi de mer

© Jonny CHADULI

Grève à Panima

TéléThon 2016

Des propositions mais toujours pas D'issue

DemanDez le programme 1

Économie

SÉcuritÉ

Les appeLs à projets de L'europe

Couvre-feu pour Les mineurs 1

Musique

Faits divers

Edmond BéBé nous a quitté

ViolEncE En cascadE

Mayotte Hebdo • Bandeau intérieur • 197 x 60 mm • Visuel:Quinte + • Parution=15/avr./2022 • Remise le=12/avr./2022 première parution : juillet 1999 - siret 02406197000018 - édition somapresse - n° Cppap : 0921 y 93207 - dir. publication : Laurent Canavate - red. chef : Gauthier dupraz - http://flash-infos.somapresse.com

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FI n°3997 mercredi 30 novembre 2016 St André

© CR: Gauthier Bouchet

Diffusé du lundi au vendredi, Flash Infos a été créé en 1999 et s’est depuis hissé au rang de 1er quotidien de l’île.

Première parution : juillet 1999 - Siret 02406197000018 - APE 5813Z - Édité par la Somapresse - Directeur de publication : Laurent Canavate - http://flash-infos.somapresse.com

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MCG VS SMart

ViCe-reCtorat

UltimatUm oU véritable main tendUe ?

l’institUtion répond aUx critiqUes 1

Phil - BAT

Première parution : juillet 1999 - Siret 02406197000018 - APE 5813Z - Édité par la Somapresse - Directeur de publication : Laurent Canavate - http://flash-infos.somapresse.com

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TCHAKS LE CHIFFRE

59,7%

C'est le taux d'abstention lors du premier tour de l'élection présidentielle ayant eu lieu ce dimanche, à Mayotte. Les habitants du 101ème département français s'étant déplacés aux urnes ont ainsi plébiscité Marine Le Pen, comme en 2017. La candidate du Rassemblement national compile ainsi 42,7% des votes exprimés sur le territoire, arrivant en tête dans 15 des 17 communes de l'île, avec de fortes percées dans le sud et le nord-ouest de Mayotte. En deuxième place, on retrouve Jean-Luc Mélenchon (24%), le candidat de l'Union populaire triplant ainsi son score de 2017 pour devenir la deuxième force politique mahoraise. Le président-candidat, Emmanuel Macron (la République en marche), recueille lui 16,9% des voix mahoraises, devant Valérie Pécresse (Les Républicains, 8%).

IL FAIT L'ACTU

LA PHRASE

L'ACTION

Lors d'un entretien donné à Flash Infos, Ernestine Bakobog, directrice de l'association Autisme Mayotte, déplore le manque d'infrastructures destinées aux personnes atteintes d'autisme sur le territoire. "Nous n'avons que deux instituts médicoéducatifs, dans lesquels seules 20% des places sont réservés pour les autistes", explicite-t-elle, rappelant que ces structures sont essentielles pour viser à terme l'inclusion de cette part de la population parmi ses pairs dits "valides". Actuellement, Autisme Mayotte suit 250 enfants et jeunes adultes, mais considère que quelque 6000 Mahorais sont atteints de troubles du spectre autistique. "Chaque année, 200 nouveau-nés" développent ces troubles à Mayotte, ajoute Mme Bakobog.

Mardi dernier, le régiment du service militaire adapté (RSMA) de Mayotte accueillait une journée des transports destinée à ses jeunes volontaires. L'objectif, comme d'habitude dans ce type d'événements, était de sensibiliser les jeunes Mahoraises et Mahorais du régiment aux métiers des transports, un secteur qui est une nécessité absolue pour la bonne santé de l'île au lagon. Chauffeurs poids-lourds, conducteurs de bus ou d'engins de chantier sont ainsi des métiers qui recruteront sur le territoire mahorais, tant ce dernier sera modifié dans les prochaines années par des projets de construction tels que le réseau de bus de la Cadema et la voie de contournement de la commune de Mamoudzou. Le RSMA continue ainsi de jouer son rôle dans la formation et l'insertion professionnelle de la jeunesse mahoraise.

"Les jeunes adultes autistes sont laissés pour compte !"

Les transports à l'honneur au RSMA

LA SEMAINE DE PHIL

Marcel Henry, de là-haut Le secret de polichinelle est devenu réalité. Selon une publication du Journal officiel du 9 avril dernier, l'aéroport de Mayotte portera officiellement le nom de Marcel Henry. Un bel hommage pour l'une des plus grandes personnalités de l'histoire mahoraise, qui nous a laissé en août 2021 à l'âge de 94 ans. Co-fondateur du MPM (Mouvement populaire mahorais, devenu Mouvement départementaliste mahorais), Marcel Henry fut également sénateur durent trois mandats, de 1977 à 2004. C'est donc le nom de ce grand homme politique qui ornera la façade de l'aéroport de Petite Terre. Une subtilité se cache toutefois dans la publication du Journal officiel, puisque l'aéroport y est nommé "aérodrome", ce qui n'a pas manqué de soulever les commentaires indignés de la population mahoraise sur les réseaux sociaux.

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LU DANS LA PRESSE

Chaque semaine, découvrez le regard porté sur l’actualité locale à travers la presse nationale ou régionale

ALSEAMAR PRÊTE À APPROFONDIR L’EXPLORATION SOUS-MARINE AUTOUR DE MAYOTTE Le 12 avril 2022, par Jean-Christophe Barla pour Les nouvelles publications. Alseamar, fabricant de planeurs sous-marins à Rousset, espère être mobilisé par le Comité interministériel de la mer pour évaluer l’activité volcanique à 3 500 m de fond à Mayotte. Deux de ses engins s’y emploient déjà jusqu’à 1 000 mètres. C’est une nouvelle prouesse technologique qu’Alseamar souhaite concrétiser dans les eaux de Mayotte. Implantée à Rousset, l’entité du groupe Alcen a conçu et développé des planeurs sous-marins (gliders) aptes à se déplacer en autonomie dans l’eau durant de longues périodes afin d’y collecter des données. Deux de ses “ Sea Explorer ” patrouillent depuis septembre 2021 dans une colonne d’eau partant de la surface jusqu’à 1 000 mètres de profondeur pour aider les scientifiques à surveiller la zone maritime autour d’un volcan sous-marin, à détecter des panaches indiquant l’état d’activité volcanique et à comprendre les phénomènes qui s’y passent. Selon l’Ifremer qui coordonne les opérations Revosima (Réseau de surveillance volcanologique et sismologique de Mayotte), “ ce jeu de données est unique dans l’histoire

de la volcanologie et de l’océanographie ”. Le Comité interministériel de la mer (CIMer) veut accroître cette surveillance jusqu’à 3 500 mètres dans le cadre de l’ambition “ Grands fonds ” de France 2030. Alseamar dispose déjà d’un prototype “ Deep Explorer ” susceptible de plonger jusqu’à 3 000 mètres et a commencé la R&D d’un appareil “ Ultra Deep Explorer ” qui irait jusqu’à 6 000 mètres. La société d’une centaine de collaborateurs espère disposer prochainement du cahier des charges qui lui permettra de mettre au point et industrialiser l’engin attendu pour Mayotte par le CIMer, mais qui pourra répondre à d’autres applications futures. Alseamar réalise 20 millions d’euros de chiffre d’affaires dont 50 % à l’export.

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DOSSIER

PAROLE AUX JEUNES De tout temps, Mayotte Hebdo s'est tenu au service de la jeunesse mahoraise, en la faisant s'exprimer sur tous les domaines de la vie quotidienne de l'île. Cette semaine, nous avons rencontré une certaine part de cette jeunesse, afin que l'avenir soit évoqué avec celles et ceux qui le rythmeront. Ainsi sont abordés la politique, en période d'élections, la religion, en désuétude à Mayotte, l'éducation, que d'aucuns critiquent à souhait, et les relations avec nos voisins comoriens, à l'heure où un pin's peut provoquer une polémique inouïe. Un dossier pour les jeunes, par les jeunes, qui sera prolongé par l'imminent Chab, régulièrement édité par la Somapresse.

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DOSSIER

Propos recueillis par Raïnat Aliloiffa

TÉMOIGNAGES

LA POLITIQUE VUE PAR DES LYCÉENS

ON A SOUVENT TENDANCE À DIRE QUE LA POLITIQUE FAIT FUIR LES PLUS JEUNES, QU’ILS NE S’Y INTÉRESSENT PAS. À RAISON OU À TORT, MAIS PENDANT DES ANNÉES, LA JEUNESSE S’EST SENTIE DÉLAISSÉE PAR LES DISCOURS DES POLITICIENS. AUJOURD’HUI, CES DERNIERS ESSAYENT DE CHANGER LA DONNE, MAIS LEURS EFFORTS SONT-ILS SUFFISANTS ? NOUS AVONS INTERROGÉ DES LYCÉENS QUI LIVRENT SANS FILTRE LEURS AVIS SUR LA POLITIQUE.

VOUS INTÉRESSEZ-VOUS À LA POLITIQUE ? YANTA, 17 ANS

NS ue. J’aime A 8 1 , N A Y BEN RA téresse à lar pleosliitdiqéologqiuesi pdeeust e n r nalys et voi e m’i Oui j outer et a grammes éc rs pro bien s, leu t a d i cand anger. h tout c

Oui, parce que c’est un domaine qui attise beaucoup ma curiosité. Pour me maintenir informée de l’actualité politique je vais sur les réseaux sociaux et parfois je regarde les chaînes d’informations.

DARKAOUI, 17 ANS Non pas vraimen

t car lors des élec

tions beaucoup de

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candidats nous m

entent.

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NS A 8 1 , NASRINE, 17 ANS Y N A T I s a BINT p e s lais ne me e

d n Pas vraiment. Je ne ucoup ce qu’o me suis jamais réell Oui par le choix. Bea le font je me tiens ement intéressée à l t ju i st la politique, n e e in m formée de temps a vraim is oreille. ma f en temps grâce au o e d d e j s e r c bouche à b n o e d e mem olitiqu gs et j’écout p a l de de etin ux me ls font e aller a racontent. I n is qui ls ce qu’i omesses ma es donc é pr belles toujours réalis s sont pa mage. m o d t s c’e

QUE PENSEZ-VOUS DES POLITICIENS MAHORAIS ? rce se pa i i a r o qu ah ue m ersonnes u olitiq p p s v e a i l n ea à êm e pas ours les m s idées. Au m ê m j ême esse a tou ’intér ection on jours les m m e Je n e él tou haqu sont é. qu'à c ent et ce de diversit n s n u e l i ap rev nal on natio

S

N A 8 1 , N A Y BEN RA

YANTA, 17 ANS J’estime qu’ils ne font pas grandchose. Ils parlent toujours de projets mais ils ne font rien. Ils passent leur temps à faire des débats, à se disputer mais derrière on ne voit rien. Je trouve ça dommage parce qu’à Mayotte la majorité de la population est jeune et on a besoin de représentants, d’élus qui pensent à nous, qui réalisent des projets pour la jeunesse.

BINTITA

DARKAOUI, 17 ANS

NY, 18 A

La politique mahor aise m’intéresse pl us que la nationa je me sens plus co le parce que ncerné. Les élus mahorais peuven directement alors t nous aider que les nationaux ne s’intéressent pa s à nous.

NS

J’ent e é l u s nds les g e d mais e Mayo ns dire q tte n q u ’ es On n e f o ue les nt r ’ e s t t-ce qu’ ie o peut p donc as avec n en sai n t? j e re e pas j c uger ux, on n sujet onnais . Cep e qu s e pens ils laisse e sur c ndant e n e faut aux jeu t à désire rtains nes aller r . Ici o qu sont v élus o t e r m a e l o r s q u n is dè a pa on n ’il s s o jeun d’accom us oubli qu’ils es. e. pagn e m e Il n’y nt d es

NASRINE, 17 ANSt inexistants pour moi. Peuut-paêrctree o ahorais son la politique Les élus m resse pas à té n ’i m e n parce que je en… nt ri qu'ils ne fo

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DOSSIER

POUR QUI VOTERIEZ-VOUS À L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE ? YANTA, 17 ANS Je ne peux pas voter mais j’aurais voté pour Jean-Luc Mélenchon car son projet de supprimer Parcoursup est une bonne idée.

S N A Jean 8 1 , N pour A r e Y t A o ais v BEN R t je v ter e fin vo n e x Je peu lenchon. é Luc M

NASRINE, 17 ANS Je ne suis pas enco re en âge de voter mais le seul à qui ma voix c’est Jean j’aurais donné Luc Mélenchon.

QUE FAUDRAIT-IL FAIRE POUR QUE LES JEUNES S’INTÉRESSENT PLUS À LA POLITIQUE ? YANTA, 17 ANS Je ne peux pas voter mais j’aurais voté pour Jean-Luc Mélenchon car son projet de supprimer Parcoursup est une bonne idée.

NASRINE, 17 ANS

NS à A 8 1 ssent , N A ntére ns se Y i ’ A s R e ticie on âg BEN de m s poli de nous gens ue le t

q s n que le il faudrait ’ils essaye le feront Pour u e e q n , u s e q lac u’il liti la po t à notre p que tant q non plus. n s e mette ndre parc rendra pa e p r p m com es co n ne l pas o

Je pense que nos re présentants politiq ues devraient arrê beaux discours et ter de faire de être plus en contac t la jeunesse. Ils pe dans les écoles di uvent venir scuter avec les jeun es, interagir avec eux.

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BINTITANY, 18 ANS Les politiciens po urraient passer dans les établisse ments scolaires, di sc ut er av ec le s je un es et expliquer leurs rô les parce que les rares cours de po litique qu’on a à l’école ne suffisent pas.

S s ch N A 7 1 faire de , e I d s U le O b DARKA t prouver qu’ils sonnt tbcieapnade la population, là on oses

cupe doiven ’ils s’oc S Les élus . s e n s jeu eux. pour le ’intéresser à s it pourra

SI ON VOUS DIT “ MAYOTTE DÉPARTEMENT ”, QUELLE EST LA PREMIÈRE CHOSE QUI VOUS VIENT À L’ESPRIT ? BEN RAYAN, 18 ANS

YANTA, 17 ANS

M’déré parce Je pense à Zena é coup contribu qu’elle a beau n u it ot te so po u r qu e M ay t. départemen

Je dirais “ évolution ” parce que Mayot te est devenu un dé et cela a permis de partement mieux mettre en valeur l’île.

iège de S N A 7 ’est le s sable 1 c , e I u U q DARKAO nseil départemenétpaalrpteamrceent qui est respon

BINTITA

NY, 18 A

e au co président du d Je pens le e. C’est Mayott ire. ito du terr

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Je pe n “ Ma se à la fa meu yotte se reste ra à est franç phrase a que j ise e a mai je t j’ent suis née s ”. Dep le ends , c’es uis tout t le te ce que mps .

NASRINE, 17 ANS

ité avec les l’égalité et l’équ t es c’ t ri sp l’e tà est assez Ce qui me vien Je trouve qu’on . is ça an fr ts en autres départem s niveaux. le us to à s délaissé

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DOSSIER

Narma Moussa, élève de seconde au Lycée Younoussa Bamana

POLITIQUE

LES LYCÉENS INTÉRESSÉS SANS POUVOIR VOTER NOUS AVONS DÉCIDÉ DE DEMANDER AUX JEUNES CE QU’ILS ATTENDENT DE LA PROCHAINE PRÉSIDENCE, AFIN D'AVOIR LEURS AVIS, LEURS OPINIONS, SAVOIR CE QU’IL PENSENT, LES INTÉGRER À LA VIE POLITIQUE, CAR ELLE LES CONCERNE AUSSI. DIRE QUE LES JEUNES NE S’INTÉRESSENT PAS À LA POLITIQUE SERAIT FAUX, TANT LEURS ATTENTES SONT PRÉCISES, ET NON ENFANTINES, COMME ON POURRAIT SE L’IMAGINER. Les jeunes ne se moquent pas de la politique, et certains laissent reposer leurs espoirs sur cette campagne. “ J’aimerais qu'il y ait plus d’établissements scolaires, que l’on puisse accéder plus facilement à la nationalité et qu’il y ait moins de violences ”, déclare un jeune. Mais les jeunes s’intéressent aussi à la situation financière de notre île. Un lycéen nous a fait part de ses espérances : “ Je souhaite juste que le président qui sera élu aura une meilleure gestion des finances, parce que j’ai l’impression qu'en ce moment elles sont très mal gérées, j’aimerais qu'il y ait une augmentation des salaires et des bourses pour soutenir certaines familles qui connaissent beaucoup de difficultés à cause de l’épidémie, qui a causé énormément de dégâts financièrement parlant ”.

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Pour une jeune lycéenne, son seul et unique souhait est “ un engagement sincère envers nous, qu’on puisse avoir confiance en notre président, que l’élu soit à l’écoute de la population, qu’il puisse prendre en considération nos idées, qu’il ne se serve pas de nos problèmes et souhaits juste pour accéder à la présidence, et après avoir atteint ses objectifs, nous laisse tomber comme des moins que rien ”. Certains jeunes veulent ensuite avoir plus d’activités enrichissantes et culturelles, de quoi passer le temps et se divertir durant les vacances et les week-ends. Certains souhaitent plus de policiers, d’autres une bonne justice.

"ON DIT QUE LES ENFANTS C’EST L’AVENIR, MAIS JE PENSE QUE NOUS N'AURONS BIENTÔT PLUS D’AVENIR" A l'échelon inférieur, une collégienne axe son propos sur la détresse mentale des jeunes : “ Je dirais qu’on devrait trouver un moyen d’aider les enfants et jeunes en dépression. Avec le nombre de suicides que nous avons par année, si on continue dans cette voie, on n’ira pas très loin. On dit que les enfants c’est l’avenir, mais je pense que nous n'aurons bientôt plus d’avenir ”. Si la majorité des jeunes ne veulent plus de cette peur qui les tenaille face aux

violences de Mayotte, une petite minorité parle de “ l'augmentation le financement des aides sociales, le soutien de certains commerces qui ont perdu beaucoup à cause du Covid, la protection de la nature ”. Sur la question de la justice, les personnes interrogées ne s’arrêtent pas à plus de sécurité et de policiers, mais réclament aussi “ la condamnation des criminels, peu importe leur âge, l’ampleur de leurs crimes ou leur classe sociale, arrêtez de libérer les délinquants après une journée de garde à vue sous le prétexte qu’ils sont mineurs ”. Enfin, certains des lycéens ont perdu toute estime en la présidence. “ Je n'espère rien et je n’attends rien, avec l’incompétence des précédents élus, j’ai du mal à croire que les nouveaux changeront quelque chose ”, nous dit l'un d'entre eux. “ Je m’en fous, de toute façon peu importe le président, le résultat restera le même. Ils ne feront rien et ne changeront rien, ils s’en foutent complètement de nous, ils sont toujours là à dire mon projet c’est ceci cela mais une fois élu rien, absolument rien ”, déplore un autre lycéen. Certains se sentent en fait exclus de la vie politique de l’île. Vous auriez dû nous laisser nous exprimer au lieu de nous placer dans la case “ ne s’intéresse pas à la politique ”. La preuve avec ces attentes et espoirs de jeunes Mahoraises et Mahorais, desquels nous avons beaucoup à apprendre. n

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DOSSIER

L.G

FORMATION

LES ÉTUDIANTS PARTENT POUR MIEUX REVENIR

ALORS QUE PARTOUT DANS LE MONDE LA FUITE DES CERVEAUX FAIT DES RAVAGES, À MAYOTTE IL SEMBLERAIT QUE LES JEUNES RESTENT ATTACHÉS À LEURS RACINES. PARMI EUX, NAYIMINA ET VOLAMENA PROJETTENT DÈS LA RENTRÉE 2022 DE S’ENVOLER VERS LA MÉTROPOLE POUR POURSUIVRE LEURS ÉTUDES MAIS SURTOUT DE RENTRER SUR L’ÎLE AUX PARFUMS À LA SUITE DE CELLES-CI POUR Y CONSTRUIRE LEUR AVENIR. “Jusqu’à présent j’ai toujours vécu à Mayotte”, affirme Nayimina Djoumoi. À ses côtés, son amie Volamena Daoud partage la même expérience de vie. Née dans des communes du Sud du 101e département, les deux jeunes majeures se sont lancées au mois de septembre 2021 dans des formations sur l’île aux parfums. Après quelques mois d'études, toutes deux tirent le même constat : les voies qu’elles ont choisies ne leur conviennent pas. Loin de se décourager les jeunes filles se lancent alors à la recherche de solutions.

“SE LEVER À 3 HEURES DU MATIN TOUS LES JOURS, (...) CE N’EST PAS UNE VIE” “Certains me disent que j’ai perdu un an en faisant une année blanche mais je pense que cela m’a permis de faire mûrir mon projet d’avenir”, explique Nayimina Djoumoi. Inscrite dans une formation d’éducatrice auprès de jeunes enfants, la jeune fille interrompt en cours d’année ses études. “J’ai arrêté pour des

raisons familiales et personnelles”, témoigne t-elle pudiquement avant d’ajouter : “Se lever à 3h du matin tous les jours pour aller d'Hajangoua à Kawéni, ce n’est pas une vie…” Malheureusement, comme elle, aujourd’hui de nombreux Mahorais subissent des problèmes de logistiques qui impactent leurs études. “Chaque jour je me demande comment estce que je vais arriver à la Fac. Si mon bus ne sera pas caillassé, si je ne vais pas faire de mauvaises rencontres…” Anxieuse à l’idée de se rendre en cours, pour Volamena, à Mayotte études rimes souvent avec inquiétude. Des conditions d’apprentissage dégradées, des problèmes de concentration, des trajets interminables… Pas facile de se former dans de telles conditions. “Après mon bac je ne savais pas où aller. Cette première année de fac aura été une année de réflexion avant de poursuivre mon parcours en métropole dans une formation qui me correspondra davantage”, explique l’habitante de Kani Kéli.

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S’ÉMANCIPER OU RESTER, QUE CHOISIR ? Alors qu’elles préparent leur départ pour la métropole, les deux bachelières n’en oublient pas moins leurs racines. “J’aimerais voyager mais tant que mes parents seront à Mayotte je ne me vois pas vivre ailleurs”, lance Nayimina. Une sorte de rite de passage donc qu’elles attendent avec impatience pour accéder à l’indépendance et découvrir le vieux continent. Loin du cocon familial, Volamena se dit consciente des difficultés qu’elle pourrait rencontrer et pour cela elle a tout prévu. “J’ai demandé des formations à Toulouse et Paris

où mon frère et ma soeur vivent pour ne pas que mes débuts en métropole soient trop compliqués", détaille Volamena. Déterminées et volontaires, les amies souhaitent rentrer dans quelques années sur l’île qui les a vu naître afin de participer à son développement. “Nous ne pouvons pas tous partir”, affirme Volamena, “Je voudrais devenir assistante sociale afin d’aider les mahorais et la jeunesse.” Dans le social, le médical ou encore le tourisme comme l’espère Nayimina, les possibilités sont nombreuses à Mayotte. En revanche, le nombre restreint de formations, de places ou encore les difficultés de la vie courante handicapent aujourd’hui encore les bacheliers dans leurs études…. n

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DOSSIER

Propos recueillis par Lise Gaeta

ENTRETIEN

ENTRE MAYOTTE ET LA RÉUNION, L’AVENIR DE L’ENSEIGNEMENT PARTIE DE MAYOTTE ALORS QU’ELLE N’ÉTAIT ENCORE QU’UNE PETITE FILLE, LINA OUSSENI, 24 ANS, REVIENT SUR L’ÎLE QUI L’A VUE NAÎTRE POUR RÉALISER UN MASTER MÉTIERS DE L'ENSEIGNEMENT, DE L'ÉDUCATION ET DE LA FORMATION. ENSEIGNANTE CONTRACTUELLE PENDANT UN AN SUR L’ÎLE AUX PARFUMS, LA JEUNE FEMME A DÉCIDÉ DE PROLONGER SON SÉJOUR SUR LE TERRITOIRE ET D’Y DÉMARRER SA CARRIÈRE. Mayotte Hebdo : Beaucoup de jeunes partent de Mayotte pour leurs études et vous, vous avez décidé d’y revenir. Pourquoi ce choix ?

M.H. : Vous dites que vous avez étudié à la Réunion, quelles sont les principales différences que vous observez entre l’enseignement à Mayotte et là-bas ?

Lina Ousseni : J’ai vécu à la Réunion jusqu’à mes 22 ans. Après une licence en sciences de la vie j’ai décidé de prendre une année pour découvrir le monde du travail et j’ai enseigné dans une classe de CE2 à Mayotte. Je n’aurais jamais pensé que cela me plairait autant et j’ai fait le choix de me lancer dans un Master MEEF pour obtenir un contrat stable. Cette expérience m’a permis d’effectuer également un retour aux sources en rejoignant mes parents dans ma commune d’origine, Koungou.

L.O. : Pour moi c’est un véritable atout d’avoir suivi ma scolarité à la Réunion. Je sens dans mon Master que les méthodes éducatives et les enseignements ne sont pas les mêmes. Dans certaines matières le niveau est plus bas à Mayotte et de manière générale la pression exercée sur les étudiants est moindre par rapport à la Réunion. L’environnement de travail change beaucoup. Il y a moins d'étudiants, les infrastructures sont plus petites. Les approches et les attentes sont

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différentes mais bien adaptées au territoire du 101e département.

repartir en fin de journée et éviter les bouchons. On perd un temps considérable et précieux sur la route…

M.H. : Vous parlez d’un environnement de travail différent, pourriez-vous en dire plus ?

M.H. : La vie d’étudiant à Mayotte n’a pas l’air de tout repos. Qu’est-ce qui vous motive au quotidien à poursuivre votre formation ?

L.O. : L’université de Dembéni est beaucoup plus petite que ce que j’ai pu connaître auparavant. Il y a moins d’étudiants mais certaines infrastructures restent à développer. La bibliothèque universitaire reste trop petite pour qu’un nombre d’étudiants suffisant puisse y travailler. Les parkings aussi sont trop restreints. Les salles de classe également ou encore les zones abritées pour patienter entre deux cours… Et la principale différence demeure la problématique des transports. Pour faire de très courtes distances, les étudiants se lèvent à 4h du matin et doivent souvent attendre pour

L.O. : J’aimerais participer au développement de mon île. Même si le quotidien n’est pas facile avec la délinquance, être auprès de sa famille n’a pas de prix. Il est important à mon sens d’avoir pu partir. Aujourd’hui je peux transmettre aux élèves une autre méthode de travail, une autre pédagogie. Dans ma ville d’origine il y a un réel manque de professeur, je n’aurai pas de mal à trouver un emploi et je serai ravie d’enseigner à ces enfants. n

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DOSSIER

Raïnat Aliloiffa

INTERNATIONAL

MAYOTTE COMORES : “ LES GENS ONT BEAUCOUP ÉVOLUÉ ” LE “ NON KARIVENDZÉ* ” DE FEUE ZENA M’DÉRÉ, LA PLUS CÉLÈBRE DES CHATOUILLEUSES MAHORAISES, LORS DE LA SÉPARATION ENTRE MAYOTTE ET LES TROIS AUTRES ÎLES DE L’ARCHIPEL DES COMORES, RÉSONNE ENCORE AUJOURD’HUI DANS L’ESPRIT DES MAHORAIS. PLUS DE 45 ANS APRÈS CETTE DÉCISION, LES MENTALITÉS ONT-ELLES ÉVOLUÉ ? LA JEUNE GÉNÉRATION MAHORAISE PARTAGE-TELLE LES MÊMES COMBATS QUE SES AÏEUX ? LES JEUNES LOCAUX SEMBLENT S’ÊTRE AFFRANCHIS DE CES CONFLITS INTERCOMMUNAUTAIRES, MAIS LES RAPPORTS ENTRE MAYOTTE ET LES COMORES RESTENT TOUJOURS AUSSI DÉLICATS. Un seul pin’s et tout s’effondre. C’est ce que l’on retient de la récente polémique de Miss Mayotte 2021. En accrochant ce petit bout de métal sur son écharpe lors d’un vernissage, Anna Ousseni a ravivé les tensions qu’il y a entre les Mahorais et les Comoriens depuis des décennies. Manque de respect, provocation, insulte envers les Mahorais, la

jeune femme a été accusée de tout par tous, certains appelant même à sa destitution. Mais alors pourquoi un simple pin’s a-t-il mis le feu aux poudres ? Cette polémique reflète la situation ambigüe qu’il y a entre Mayotte et les îles voisines de l’Union des Comores. Pourtant la jeune génération mahoraise essaye d’établir de bonnes relations avec

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celle des Comores. Les artistes de l’île sont les premiers à vouloir aller au-delà de ces conflits. Il y a quelques mois, deux chanteurs mahorais ont participé au concours musical comorien Nyora et la gagnante, Kueena, est originaire de l’île aux parfums. “ Sa participation a fait du bruit uniquement sur Facebook. En réalité elle a été soutenue et accueillie en grandes pompes à Mayotte et aux Comores. Les artistes apprennent à se connaître et travaillent ensemble, je suis agréablement surprise ”, relève Julie Cudza, jeune Mahoraise de 24 ans. Est-ce un signe d’une évolution des mentalités ? C’est ce que pense la jeune femme. “ Cette jeunesse a mûri. La nouvelle génération prend plus le temps de comprendre, elle ne réagit pas à chaud et c’est valable des deux côtés. Je trouve que les gens ont beaucoup évolué de manière positive ”, continue Julie Cudza. Elle donne pour exemple l’actuelle Miss Mayotte, Anna Ousseni. “ Tout le monde savait qu’elle était Anjouanaise et elle a gagné l’élection. Il y a dix ans, une Comorienne n’aurait jamais pu représenter Mayotte. ” Elle n’est pas la seule à partager ce sentiment. Azrah Ali Abdou a 28 ans, c’est un jeune Mahorais qui dit entretenir des relations courtoises et fraternelles avec les Comoriens qu’il côtoie. Et selon lui, c’est une nouvelle fois l’art qui réussit à jouer les entremetteurs. “ Il y a eu beaucoup de collaborations ces dernières années sur le plan culturel avec les Comoriens donc je suis convaincu que nous pouvons cohabiter en parfaite harmonie avec eux ”, explique-t-il. Ceci dit, la culture a ses limites, et la question politique prend le dessus.

“ LA LIMITE EST D’ORDRE POLITIQUE ” Si les artistes mahorais et comoriens se placent audessus des problèmes qu’il y a entre leurs territoires respectifs et essayent d’apporter la paix à travers leurs arts, il est évident qu’ils ne peuvent pas mettre fin à la relation conflictuelle qu’il y a entre les deux communautés. “ Nous avons montré que nous sommes capables d’entretenir de bonnes relations mais la limite est d’ordre politique. C’est avec la politique que l’on régit un territoire et ce problème ne peut pas être réglé autrement ”, soutient Azrah Abdou Ali. Selon lui, la situation est ambiguë à cause des instances internationales. “ L’union Africaine et l’ONU donnent raison à l’union des Comores mais, dans les faits, Mayotte est administrativement gérée par la France… Alors à qui profite cette ambigüité ? D’un côté nous avons l’état comorien qui refuse d’assumer clairement son indépendance sous prétexte qu’il lui manque une île. De l’autre, nous avons une classe politique mahoraise qui use de cette situation pour en faire des grands débats en période électorale. Et au milieu, on a l’état français qui trouve des arguments pour ne pas développer Mayotte au rythme espéré par les Mahorais ”, analyse-t-il.

“ ON PEUT AMÉLIORER LA RELATION EN PROPOSANT UN DIALOGUE ” La relation entre Mayotte et les Comores peut cependant être améliorée si les politiques s’unissent pour trouver des solutions avantageuses pour les deux territoires. “ On peut l’améliorer en proposant un dialogue qui aurait pour objectif de conclure sur des échanges et une étroite collaboration dans le but de nouer une vraie relation et de créer des coopérations car on parle beaucoup de coopération régionale sauf qu’en réalité elle n’existe pas entre Mayotte et les Comores ”, estime Houssalam Houdjati, 25 ans. Et selon lui, tout le monde peut y contribuer, qu’il s’agisse des acteurs politiques, mais aussi économiques, sportifs ou encore dans le domaine de la santé.

MAHORAISE ET COMORIENNE Malgré la séparation de Mayotte et des Comores, la population n’a cessé de se mélanger. Aujourd’hui, une grande partie de la population mahoraise a des origines comoriennes, à l’image de Jasmounah Mohamed, âgée de 25 ans. Mère anjouanaise, père mahorais, la petite fille qu’elle était a baigné entre les deux cultures. Elle a grandi à Mayotte mais passait ses vacances à Anjouan. Elle a eu une enfance heureuse, loin des conflits qui opposent les deux peuples. Désormais, la jeune femme pointe du doigt les clichés attribués aux Comoriens. “ On a tendance à assimiler la délinquance aux Comores alors que tous les délinquants ne sont pas Comoriens. À cause de cela, la relation se détériore chaque jour un peu plus ”, regrette Jasmounah Mohamed. Elle prône une prise de conscience des deux côtés. “ Les mentalités doivent évoluer. J’en connais certains qui pensent que Mayotte a toujours été française et donc pour eux les Comoriens sont des étrangers ici, mais moi j’estime qu’ils ne le sont pas et qu'on doit pouvoir tous cohabiter. ” Un rêve qui n’est pas prêt de se réaliser, puisque plus le temps passe, plus la situation s’envenime. Ce constat inquiète Jasmounah mais n’ébranle en aucun cas son amour pour ses deux îles. “ J’aime Mayotte tout autant qu’Anjouan et je considère qu’aucune île n’est mieux que l’autre. ” n *Non nous n’en voulons pas (de l’indépendance)


DOSSIER

Raïnat Aliloiffa

RELIGION

L'ISLAM, UNE OPTION POUR LES JEUNES MAHORAIS L’ISLAM EST LA RELIGION DOMINANTE À MAYOTTE. ELLE RYTHME LA VIE DES MAHORAIS, MAIS FORCE EST DE CONSTATER QU’ELLE EST DE MOINS EN MOINS PRATIQUÉE. LES JEUNES SONT LES PREMIERS À LA DÉLAISSER, TROP OCCUPÉS À VIVRE UNE VIE AVEC MOINS DE CONTRAINTES. AFIN DE VÉRIFIER CE CONSTAT, NOUS SOMMES PARTIS À LA RENCONTRE D’UN GROUPE D’ADOLESCENTS ET SANS GRANDE SURPRISE, ILS ADMETTENT PRATIQUER L’ISLAM PAR OBLIGATION. Dimanche, 7 heures du matin. Les voitures défilent devant le centre éducatif et culturel de M’tsapéré. Les parents viennent déposer leur progéniture, avec l’impression d’accomplir leur devoir de père et mère. Ils pressent leurs enfants pour qu’ils descendent des véhicules, les cours vont bientôt commencer. Mais les jeunes ne semblent pas pressés de monter les escaliers et rejoindre leurs classes respectives. Certains traînent des pieds, d’autres marmonnent… La matinée risque d’être longue pour eux. Mais ils n’ont pas le choix, chaque week-end c’est le même rituel et, à chaque fois, les adolescents essayent de négocier avec leurs parents pour ne pas se rendre au centre. Il s’agit en réalité d’une madrasa, autrement dit une école où les enfants apprennent l’Islam, à lire et à écrire arabe. Du haut de ses 14 ans, Sayel se rend à la madrasa depuis maintenant 6 ans. On pourrait croire qu’il a pris l’habitude, mais

il n’en est rien. “ Je n’aime pas venir ici. Je viens simplement parce que ma mère me force à venir. J’aurais préféré rester chez moi et dormir ”, lancet-il d’un air ronchon sous son kofia*. Mais Sayel sait que ses parents ne lui laissent pas le choix, alors il joue le jeu, à l’image de la majorité de ses camarades qui ont à peu près le même âge. Si les plus jeunes semblent heureux de retrouver leurs amis au centre, les adolescents ont plus de mal et ne s’en cachent pas. “ Après 5 jours d’école, j’estime que j’ai le droit à 1 ou 2 jours de libre pour me reposer, dormir, jouer à la play. Mais non… On m’oblige à venir ici et ensuite je dois rentrer à la maison réviser mes cours ”, se plaint Sayb qui a également 14 ans. En effet, durant les semaines d’école, les enfants inscrits au centre doivent s’y rendre à chaque fin de semaine de 7h30 à 11h. Pendant les vacances scolaires, c’est tous les jours de 7h à 9h, sauf le vendredi. Un rythme que les jeunes ont visiblement du mal à supporter.

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Au centre éducatif et culturel de M’tsapéré, les cours commencent à 7h30. Les enseignants sont des oustadhs** chargés de transmettre leur savoir à ces jeunes musulmans. “ On enseigne l’Islam de manière pédagogique. Ici on ne frappe pas l’enfant, on ne le force pas à faire ce qu’il ne veut pas faire, on l’écoute ”, indique Mouhamadi Bourhane, administrateur du centre éducatif et culturel de M’tsapéré. On est bien loin des écoles coraniques classiques mahoraises appelées chioni où le foundi, c’est à dire le professeur, est autorisé à frapper son élève, à lui faire faire des tâches ménagères. Savoir compter en arabe, lire et écrire la langue ou encore connaître les histoires des prophètes, c’est tout ce que les enseignants et les parents attendent de ces jeunes. Mais après des années d’apprentissage, certains ont l’impression de ne pas évoluer. “ J’ai 15 ans et cela fait 11 ans que je suis ici. Après tant d’années, j’aurais pensé avoir plus de connaissances mais j’ai toujours le même niveau ”, réalise Mayssoon. D’autres, comme le jeune Sayb, ont leurs préférences. “ Ce que j’aime le plus ici ce sont les hadiths*** qu’on nous raconte sur l’Islam et les prophètes, mais je n’aime pas lire le Coran ”, admet l’adolescent. C’est pourtant l’essence même des madrasas et des écoles coraniques. Les professeurs doivent aussi leur apprendre à faire la prière, mais ils n’ont pas les moyens de les obliger à la faire une fois chez eux et les jeunes en ont bien conscience. “ Je ne fais pas la prière. Pourtant j’aimerais la faire, mais je n’arrive pas à m’y mettre ”, révèle Mayssoon. Idrisse, l’un de ses camarades réagit. “ Ce sont des barrières psychologiques qui t’incitent à ne pas la faire. ” “ C’est le sheitan ! ”, lance un autre. Mais la jeune fille n’est pas la seule à vivre la même chose, dans ce groupe d’une dizaine d’élèves seulement deux affirment faire la prière et ce n’est pas de leur plein gré. “ Je fais la prière mais c’est parce que mes parents m’y obligent, je sais que si on ne me forçait pas je ne l’aurais pas faite ”, reconnaît Sayb. Ceci-dit, ces révélations n’étonnent pas les adultes qui les entourent. “ Pour les jeunes qui sont ici la religion est une option. Ce n’est pas du tout leur préoccupation première. Ils viennent ici surtout parce que les parents sont derrière ”, reconnait Mouhamadi Bourhane. Et certains parents ont retiré leurs enfants du centre car ils estimaient que “ les professeurs n’étaient pas assez stricts avec eux ”, ajoute l’administrateur.

OBLIGATIONS RELIGIEUSES ET ENVIE DE LIBERTÉ Malgré leurs réticences, ces jeunes qui vont à la madrasa baignent dans la religion musulmane et certains, les plus rares, respectent à la lettre les obligations religieuses. Idrisse, âgé de 16 ans en fait partie. “ La religion c’est ma vie, je fais la prière, je fais le ramadan, je vais

“ LA JEUNESSE DÉLAISSE LA RELIGION, ELLE A D’AUTRES PRÉOCCUPATIONS ” à la mosquée, pour moi c’est normal. Je ne porte pas de short par conviction religieuse parce que dans l’Islam les hommes doivent se couvrir jusqu’aux genoux. ” Le jeune homme refuse même de partir au Canada pendant ses études supérieures par amour pour sa religion. “ Je voulais y aller mais j’ai appris qu’il y a beaucoup d’islamophobie alors j’ai décidé de ne pas y aller. Je ne veux pas être oppressé ”, raconte-t-il. Ses camarades comprennent ses choix, mais sont plus souples quant au respect de leur religion. Par exemple, les filles doivent couvrir leurs cheveux quand elles sont au centre, mais, une fois à l’extérieur, les règles ne sont plus les mêmes. “ Moi je le mets uniquement quand je ne suis pas coiffée ”, révèle Réhéma, une autre élève. Elle n’est pas la seule dans ce cas, toutes les filles du groupe avouent faire la même chose, exception faite pour Mayssoon. “ Je mets le châle à l’extérieur pour cacher mes cheveux par conviction religieuse, même au lycée. ” Cependant, elle ne se sent pas prête à passer l’étape supérieure. “ Je ne veux pas porter le voile car il faut vraiment avoir la foi, être sûr de son choix. ” Avoir foi en sa religion, un concept qui échappe de plus en plus à ces jeunes qui ont plutôt envie de s’émanciper et vivre autrement. La pression des parents les oblige à pratiquer l’Islam, mais cette pression a ses limites. “ De nos jours, je trouve que la jeunesse délaisse la religion, elle a d’autres préoccupations ”, note Sayb, qui s’inclut dans le lot. Mais à l’exemple de ses camarades, il n’a pas l’intention de changer ses habitudes. n *Kofia : le couvre-chef que les hommes musulmans portent pour aller à la mosquée ou lors d’évènements religieux. ** Oustadh : professeur de l’Islam *** Hadiths : les histoires racontées par le prophète Mahomet et reprises par la suite

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Alexis Duclos

MAYOTTE PENCHE CLAIREMENT POUR MARINE LE PEN C’est l’enseignement de ce premier tour de l’élection présidentielle. Le Rassemblement national progresse partout et réalise ses plus gros scores dans le sud de l’île et sur la côte nord. Seul département d’Outre-mer a voté massivement pour la candidate de l’extrême-droite, Mayotte a placé également Jean-Luc Mélenchon en deuxième, voire en tête à Mamoudzou. La droite est clairement perdante sur ce premier tour avec 8% des suffrages pour Valérie Pécresse.

Cette fois-ci, il garde sa place, mais avec environ 400 votes de moins (16.9%). La lettre et la vidéo destinées aux Mahorais, ou encore la mobilisation des élus, n’ont semble-t-il pas suffi. Au contraire de son opposante au deuxième tour, qui a clairement fait le plein sur l’île. Plusieurs communes ont même dépassé les 50% de suffrages portant le nom de Marine Le Pen (Rassemblement national). C’est le cas à Bouéni (62.5%), Kani-Kéli (61.3%), Acoua (53.2%) et Bandraboua (55.3%). Et dans d’autres, elle s’en rapproche fortement. Il n’y a que Mamoudzou passée à gauche et Dzaoudzi (où le président sortant est en tête) qui lui échappent. Une gauche rassemblée derrière Mélenchon

Une vague bleue marine a emporté Mayotte, ce dimanche.

“ La bombe à retardement a explosé ”, constate le sénateur Thani Mohamed Soilihi (La République en marche). Son candidat, Emmanuel Macron (LREM), connaît un léger recul au terme de son mandat. En 2017, il était arrivé troisième avec 19.21% des voix.

Surprise de ce premier tour, Jean-Luc Mélenchon prend la deuxième place (24%) à Mayotte. Majoritaire dans beaucoup de départements ultramarins (Guyane, Guadeloupe, Martinique ou La Réunion), le candidat de l’Union populaire


n’avait pas réussi jusque-là à faire son trou. Il enjambe cette fois son score au niveau national (22%), chose qu’il n’avait jamais pu réaliser ici. A Mamoudzou, plus grande commune de l’île, il arrive même en tête avec 32.1% des voix. En outre, il dépasse les 30% dans les communes de Pamandzi, Koungou et Tsingoni. Les très faibles scores des autres formations de gauche confortent l’idée d’un vote utile prônée ces derniers jours, déjà sur le plan national, mais c’est encore plus vrai à Mayotte. Par exemple, dans le camp de gauche et de l’extrême gauche, c’est la représentante de Lutte ouvrière Nathalie Arthaud (1.2%) qui fait le score le plus haut derrière JeanLuc Mélenchon. La droite se délite fortement Habitués à leur première place au premier tour de chaque élection présidentielle, Les Républicains font une chute vertigineuse, cette année. A la fois

débordé à sa gauche par Emmanuel Macron et à sa droite par Marine Le Pen, la formation a perdu petit à petit sa base. Coordinateur de la campagne à Mayotte, Abdoul Doukaini réfute l’idée que le président sortant puisse devenir une alternative pour les électeurs de droite. “ Ce n’est pas un candidat de droite qui aurait mis le pays à genoux, distribué des chèques à tout va ou fait du matraquage fiscal ”, s’emporte-il. En 2017, François Fillon atteignait les 32.6%. Cinq ans plus tard, Valérie Pécresse est à 8%. Même les communes ayant un maire Les Républicains, comme Mamoudzou ou Tsingoni, ne sont pas épargnées. La présidente de la région Ile-deFrance termine quatrième dans ces deux villes avec respectivement 7.1% et 8.2% des voix. Maigre consolation, elle est deuxième à M’Tsangamouji, grâce toutefois à l’éclatement des voix (17.8%).


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L.G

MIMEA : LES BONNES IDÉES POUSSENT À MAYOTTE Si rien ne prédestinait Carine et Adrien à la botanique, l’île aux parfums et ses enjeux les ont amenés à créer Mimea. Depuis juillet 2021, le couple travaille d’arrache-pied pour voir fleurir leur projet pour une agriculture urbaine à Mayotte. Et si les tomates, les salades et les fraises poussaient aussi à Mayotte ? Grâce à Mimea, le rêve pourrait bientôt devenir réalité. La méthode ? La culture en hydroponie à l’intérieur de conteneurs. La plus-value ? Des produits frais, de qualité et sans traitement qui poussent toute l’année dans une atmosphère contrôlée propice à leur bon développement. “Nous sommes partis d’un constat : Mayotte est confrontée aux ruptures de stocks et à des prix très élevés à cause de l'importation. Il fallait alors réfléchir et trouver une solution pour répondre aux besoins des restaurateurs, des clients, en bref des Mahorais”, détaille Carine Médar, chargée d'études générales pour l'établissement public foncier et d'aménagement de Mayotte (EPFAM) et cocréatrice du projet.

Divers enjeux : une solution Manque de foncier, climat tropical, ravageurs… Difficile de se lancer dans une aventure agricole sur l’île au lagon. Pourtant des solutions existent et Mimea

compte bien le prouver. “Nous nous sommes penchés sur la question et nous avons découvert ce modèle de culture hors sol”, explique Adrien Doublet, restaurateur et co-créateur de Mimea. Très vite le projet prend de l’ampleur dans la tête de ses créateurs, déjà implanté à Paris mais aussi à Dubaï ce modèle de culture éco responsable en atmosphère contrôlée, sans pesticides et à l'intérieur de conteneur semble être la clé du problème. 90% de consommation d’eau en moins par rapport à une culture classique c’est ce que promet la formule pourtant basée sur cette ressource essentielle qui tourne en circuit fermé. “Nous nous sommes formés en hydroponie via la plateforme mise en place par Les sourciers. Ce qui a conforté notre envie de mettre en place ce projet et qui rassure ceux qui veulent nous suivre”, affirme l’entrepreneur. Une méthode qui peut paraître étonnante mais qui permet d’atteindre un bilan carbone 50 fois moins élevé que les produits importés au sein du 101ème département. Ou encore, de cultiver l’équivalent de la surface d’un

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stade de football dans un seul conteneur. Sans parler du goût et de la proximité, loin d’être un fantasme, Mimea espère à l’horizon 2023 devenir la première exploitation de ce genre à Mayotte.

Des avantages multiples pour le territoire Jardin potager d’un genre nouveau, Mimea proposera des fraises, des tomates, des salades iceberg, des plantes aromatiques mais aussi des micro-pousses, très en vogue dans la cuisine actuelle. Objet de curiosité, ce laboratoire grandeur nature prévoit également de

s’ouvrir au public. “L’un de nos objectifs à terme sera de proposer de l’agro-tourisme en faisant visiter nos lieux de production et montrer à tous qu’il est possible de produire ces végétaux sans intrants chimiques à Mayotte”, expose Carine Médar. Par ailleurs, le couple tient à former ses futurs employés et à embaucher du personnel au niveau local. Développer un projet vertueux pour Mayotte et sa population, voilà tout le défi que s’est lancé Mimea. Alors si vous souhaitez voir ce projet couler des jours heureux sur l’île aux parfums, vous pouvez dès à présent participer à la cagnotte en ligne qui servira à financer les premiers stocks nécessaires au lancement de l'exploitation. n

Soutenir le projet Pour chaque don, Mimea a pensé à une contrepartie. Panneau de remerciements avec le nom des contributeurs, panier garni composé d'un assortiment de produits issus des premières récoltes, visite de l'exploitation avec explication du concept des conteneurs hydroponiques ou encore un conteneur baptisé à votre nom, celui de la personne de votre choix ou de votre entreprise avec une plaque officielle. Allant de 10 à 1 500 euros, ces dons avec contrepartie s’ajoutent aux dons affichant un montant libre. Un bon moyen de lier l’utile à l’agréable en se faisant plaisir tout en soutenant un projet qui a du sens. Lien vers la cagnotte et QR code : https://miimosa.com/fr/projects/pour-une-agriculture-urbaine-a-mayotte#description Unitag_QRCode_1649309493574.png

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LITTÉRATURE

LISEZ MAYOTTE Nassur Attoumani, Mayotte : identité bafouée, éditions L'Harmattan, 2003.

Afin d'aider le lecteur étranger à mieux épouser la culture comorienne de Mayotte, pour la première fois, un autochtone dévoile la véritable face cachée des coutumes de son pays. Ni psychologue, ni anthropologue, ni ethnologue, Nassur Attoumani connaît, cependant, la mentalité mahoraise de l'intérieur. Dans cet essai, l'auteur de La Fille du polygame nous livre un témoignage inédit sur la richesse culturelle d'un peuple en pleine mutation socioculturelle.

L'IDENTITÉ MAHORAISE SELON ATTOUMANI (2/2) AGRÉGÉ DE LETTRES MODERNES ET DOCTEUR EN LITTÉRATURES FRANCOPHONES, CHRISTOPHE COSKER EST L’AUTEUR DE NOMBREUX OUVRAGES DE RÉFÉRENCE SUR LA LITTÉRATURE DE L’ÎLE AUX PARFUMS, NOTAMMENT UNE PETITE HISTOIRE DES LETTRES FRANCOPHONES À MAYOTTE (2015) DONT IL REPREND, APPROFONDIT ET ACTUALISE, DANS CETTE CHRONIQUE LITTÉRAIRE, LA MATIÈRE. Mayotte : identité bafouée (2003) de Nassur Attoumani est un livre fondamental pour comprendre Mayotte. C’est ainsi que la quatrième de couverture le présente : “ Afin d’aider le lecteur étranger à mieux épouser la culture comorienne de Mayotte, pour la première fois, un autochtone dévoile la véritable face cachée des us et coutumes de son pays. Ni psychologue, ni anthropologue, ni ethnologue, Nassur Attoumani connaît, cependant, la mentalité ma[h]oraise de l’intérieur. Dans cet essai, l’auteur de La Fille du polygame nous livre un témoignage inédit sur la richesse culturelle d’un peuple en pleine mutation socioculturelle. ” Une lecture attentive mérite d’être menée de cette présentation, afin de voir ce qui peut se lire entre les lignes. En effet, cet essai constitue une réponse à plusieurs autres qui le précèdent et qui n’ont pas été écrits par des autochtones. Le but revendiqué par Mayotte : identité bafouée (2003), dessein envisagé comme dévoilement de “ la véritable face cachée des us et coutumes ” de l’île aux parfums était déjà l’objet du livre de Claire et Vincent Fauveau, sans oublier Yves Alembik, dont le titre est Mayotte. Coutumes et traditions, à la découverte des Mahorais (1984). Nassur Attoumani traduit d’ailleurs le terme mzungu par “ étranger ”, ce qui se comprend dans une perspective culturelle et non politique, comme une forme de

négociation avec l’altérité. Ce livre est aussi une réponse à La Vie quotidienne à Mayotte (1990), issue de la thèse en ethnographie de Sophie Blanchy qui replace aussi Mayotte dans l’archipel des Comores. En lieu et place de l’autorité scientifique, Nassur Attoumani revendique une authenticité qui leur fait pièce. Ne se revendiquant pas non l’œuvre d’un géographe, ce livre est enfin une réponse à l’essai éponyme de Guy Fontaine, qui sera l’objet de la chronique suivante. En 2003, l’ambition de Mayotte : identité bafouée ne se limite donc pas à la simple exégèse des contes de l’ouvrage précédent, Contes traditionnels de Mayotte. Nos ancêtres… les menteurs avec lequel il forme diptyque. Si l’on déploie les enjeux du titre de l’essai, à l’aune de la première de couverture sur laquelle la figure de l’île devient un visage amoché, on comprend que Mayotte est assimilée à une femme maltraitée. Se pose alors la question de l’auteur de ces violences. Et la principale réponse de l’essai est la France (coloniale). Parmi les passages qui retiennent l’attention, il en est un, sur l’interprète qui ne laisse pas d’interpeller le lecteur : “ Cet analphabétisme en français a engendré un intermédiaire indispensable entre le Ma[h]orais et l’administration : l’interprète. Parce qu’il ne maîtrise pas toujours la langue administrative,

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ce dernier se contente souvent d’expliquer voire même [sic] de commenter la parole qui lui est soumise, au lieu de s’en tenir exclusivement à sa traduction. De cette intention de bien faire, naît alors une déformation certaine car irréversible de l’information qui, déjà, circule très difficilement entre autochtones et Wazungu. ” (p. 23) Jusque-là, l’affaire ne paraît pas grave, même si ce défaut linguistique nuit à la communication et à la connaissance. Mais Nassur Attoumani montre l’ampleur des conséquences dans le contexte judiciaire : - “ Avez-vous défloré Mlle X ? demandait le juge. - Est-ce toi qui l’as violée ou pas ? reprenait le traducteur. - Oui ! C’est vrai, je l’ai déflorée, avouait l’accusé. - Oui ! C’est vrai, je l’ai violée, reprenait l’interprète à l’endroit du juge. ” (p. 24) En confondant les verbes uzingaya et umenya, l’interprète condamne son compatriote à la prison. Ainsi l’enjeu principal de ce livre de l’écrivain francophone de Mayotte est-il peut-être la circulation de la parole, le rapport

entre les langues ainsi que celui entre les mots et les choses. Et la leçon que Nassur Attoumani tire de l’histoire coloniale rejoint le concept de violence symbolique selon Pierre Bourdieu. Aussi, après avoir été parlée par la France, Mayotte souhaite, selon Nassur Attoumani, ne plus être parlée que par les siens. Et le thème qui ouvre et ferme cet essai est le débat polémique sur le droit d’écrire Mayotte. Dans cette configuration du problème, deux types d’auteurs apparaissent : les autochtones et les allochtones, ceux qui sont du dedans et ceux qui viennent du dehors, les Mahorais et les Wazungu. Et Nassur Attoumani d’avertir : “ Qu’un étranger ose affirmer haut et fort, sans aucune réserve, qu’il est spécialiste de la société ma[h]oraise relève souvent de la fantaisie, de la prétention et du dédain car, tout ce qu’un étranger écrit sur la culture d’un pays qu’il n’a découvert qu’à l’âge adulte, c’est ce que les autochtones ont bien voulu lui révéler. ‘Quand une chèvre est présente, il est ridicule de bêler à sa place’, nous rappelle encore Amadou Hampaté Bâ. ” (p. 21)

Christophe Cosker

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MAGAZINE D’INFORMATION NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros 7, rue Salamani Cavani M’tsapéré BP 60 - 97600 Mamoudzou Tél. : 0269 61 20 04 contact@mayottehebdo.com Directeur de la publication Laurent Canavate canavate.laurent@somapresse.com Directeur de la rédaction Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 38 soldat@mayottehebdo.com Rédacteur en chef Axel Nodinot

# 995

Couverture :

Parole aux jeunes

Journalistes Axel Nodinot Romain Guille Raïnat Aliloiffa Lise Gaeta Alexis Duclos Direction artistique Franco di Sangro Graphistes/Maquettistes Olivier Baron, Franco di Sangro Commerciaux Cédric Denaud, Murielle Turlan Comptabilité Catherine Chiggiato comptabilite@somapresse.com Première parution Vendredi 31 mars 2000 ISSN : 1288 - 1716 RCS : n° 9757/2000 N° de Siret : 024 061 970 000 18 N°CPPAP : 0121 I 92960 Site internet www.mayottehebdo.com


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