LE MOT DE LA RÉDACTION PRÉSIDENT DE TOUS LES FRANÇAIS Connaissez-vous l'histoire des îles Pitcairn ? Petit territoire au coeur du Pacifique, à l'ouest de l'île de Pâques, il était désert jusqu'en 1790, date à laquelle les marins anglais du navire Le Bounty se mutinent et s'y installent. En 1838, cibles des attaques de baleiniers américains, ils sont obligés de demander pardon à la Couronne britannique. Seulement, voilà bientôt 200 ans que cette dernière, rancunière, laisse mourir les descendants des "révoltés du Bounty", qui ne sont plus qu'une petite cinquantaine aujourd'hui, essayant de survivre au Brexit - leur ayant coupé les aides européennes - et à la Covid - freinant grandement le tourisme. Toutes proportions gardées, Pitcairn et Mayotte sont victimes de l'incessante centralisation du pouvoir des États. Ce fut particulièrement visible lors du discours d'Emmanuel Macron, immédiatement après sa réélection. Une grande scène disposée devant la Tour Eiffel en guise d'apparat parisien achevait de nous faire comprendre le vote contestataire des départements d'outre-mer. Le sentiment d'être des citoyens de seconde zone a poussé les populations ultramarines à privilégier Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon au président de la République réélu. Au moins ce dernier a-t-il reconnu le "vote barrage" au sein de son résultat. Au contraire de ses soutiens, qui soutiennent que le projet de M. Macron a convaincu les Français - moins de 10 millions d'entre eux, en réalité. "Il y a un ras-le-bol, mais pas de rejet", assure Ramlati Ali, députée mahoraise. Mais ce n'est pas en se voilant la face que l'on empêche l'extrême-droite de se montrer. Bonne lecture à toutes et à tous.
Axel Nodinot
TOUTE L’ACTUALITÉ DE MAYOTTE AU QUOTIDIEN
Lu par près de 20.000 personnes chaque semaine (enquête Ipsos juillet 2009), ce quotidien vous permet de suivre l’actualité mahoraise (politique, société, culture, sport, économie, etc.) et vous offre également un aperçu de l’actualité de l’Océan Indien et des Outremers.
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Quel accueil se prépare pour la présiDente Du Fn ?
Le Lagon au patrimoine mondiaL de L'unesCo ?
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Grève à Panima
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Des propositions mais toujours pas D'issue
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TCHAKS LE CHIFFRE
LA PHRASE
L'ACTION
27/04/1848
Un grand maoulida shengué à Mbouanatsa
C'est la date de l'abolition de l'esclavage, célébrée ce mercredi 27 avril à travers plusieurs événements sur l'île au lagon. Outre le dépôt d'une gerbe de fleurs devant la stèle dédiée des jardins du Conseil départemental, une exposition très intéressante prend place jusqu'au 6 mai aux archives départementales. Le volet éducatif est loin d'être délaissé à ce sujet, puisqu'une série d'actions a été menée dans les établissements de l'île. Par exemple, le préfet et le recteur de Mayotte ont assisté à des ateliers au sein du lycée K2 cette semaine. Les élèves ont pu bénéficier des adaptations du programme d'histoire de 4ème pour "relocaliser à l'échelle régionale la notion de traite négrière". Une manière de se remémorer un autre pan de l'Histoire de France, parce que "pour savoir où l'on va, il faut savoir d'où l'on vient".
C'est l'une des plus belles plages de Mayotte qui accueillera le peuple du sud, le jour de l'Aïd. Si l'on ne sairt encore si la fête sainte aura lieu le lundi 2 ou le mardi 3 mai, le maoulida shengué, lui, est bel et bien programmé. C'est le foundi Maoulida Mchangama, de Bandrélé, qui est à l'origine de cet événement un poil exclusif. En effet, et alors qu'il prendra place à Mbouanatsa, seuls y sont invités les habitants des communes suivantes : Sada, Ouangani, Dembéni, Petite-Terre, Bandrélé, Chirongui, Bouéni et Kani-Kéli. Pour les heureuses et heureux invité.e.s, le maoulida shengué débutera à 9 heures du matin et s'étalera sur toute la journée, pour finir aux alentours de 18 heures. Une cérémonie religieuse typique de la culture mahoraise, qui promet donc d'être grandiose.
"Valoriser les atouts insulaires et compenser les handicaps qui les affectent" C'est le but du "Pacte des îles" que vise Younous Omarjee, député européen de La Réunion et président de la commission du développement régional au Parlement européen. Le rapport du talentueux et travailleur eurodéputé sur l'insularité a déjà été voté, quasiment à l'unanimité. Désormais, il s'agit d'adopter une stratégie globale pour les îles européennes, "insuffisamment prises en compte" selon M. Omarjee. Seront notamment au programme l'adaptation au changement climatique, l'autonomie alimentaire, la transition énergétique, l'accès et la gestion de l’eau potable, la préservation de la biodiversité, ou encore le développement et la diversification de l’économie. Autant de secteurs dans lesquels développer Mayotte, et les nombreuses autres îles du globe appartenant à des pays de l'Union européenne.
IL FAIT L'ACTU Jean-Mathieu Defour prend les rênes du CHM Après des mois d'imbroglio autour du départ de son ancienne directrice et un très long intérim, le Centre hospitalier de Mayotte tient son nouveau directeur général. Voilà une semaine que JeanMathieu Defour est effectivement arrivé sur l'île. Infirmier de formation, il a occupé durant sa carrière divers postes de direction, notamment en Corse et en Guyane. De plus, M. Defour a également été expert visiteur pour la Haute Autorité de Santé. Ses objectifs, déjà écrits noir sur blanc, seront de mener à terme le projet du second hôpital de Mayotte, à Combani, mais aussi de proposer un système de santé plus complet et développé à la population mahoraise, souffrant d'habiter l'un des plus importants déserts médicaux de France.
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LU DANS LA PRESSE
Chaque semaine, découvrez le regard porté sur l’actualité locale à travers la presse nationale ou régionale
MARINE LE PEN EN TÊTE EN OUTRE-MER : POURQUOI ELLE A RÉUSSI À ÉVITER LE VOTE BARRAGE Le 24 avril 2022, par Jade Toussay pour le HuffPost. Marine Le Pen récolte plus de 50% des voix dans cinq territoires d'Outre-mer. Elle fait son meilleur score en Guadeloupe, avec 69,60% des suffrages. De la gauche radicale à l’extrême droite, de Jean-Luc Mélenchon président au premier tour dans les AntillesGuyane à Marine Le Pen en tête presque partout au second. Les résultats du second tour de la présidentielle ce dimanche 24 avril dans plusieurs territoires ultramarins sont un choc et sans doute la meilleure illustration du vote anti-Macron. En 2002, le Front national de Jean-Marie Le Pen faisait moins de 10% dans cinq départements ultramarins sur neuf. À l’époque, l’extrême droite obtenait son meilleur score en Nouvelle-Calédonie, avec 19,58% des suffrages. Ce temps est bel et bien révolu. Ce dimanche 24 avril, Marine Le Pen obtient 60,87% des voix en Martinique, 69,60% Guadeloupe, 60,70% en Guyane. Elle fait 59,79% à Mayotte et 50,69% Saint-Pierre-et-Miquelon. À la Réunion, elle est également en tête avec plus de 59,57% des bulletins. Son score est moindre en Polynésie (48,20%) et à Wallis-et-Futuna (32,56%), bien qu’elle progresse de 7 à 12 points respectivement par rapport à 2017. Seule exception, la Nouvelle-Calédonie où elle récolte 38,96%, un chiffre en baisse dans un scrutin marqué par une abstention à 65%. “Mes remerciements vont tout particulièrement à nos compatriotes des provinces et des campagnes mais aussi des Outre-mer qui m’ont largement placé en tête du second tour avec une force extraordinaire qui m’honore et me touche sincèrement. Cette France trop oubliée, nous, nous ne l’oublions pas”, a déclaré Marine Le Pen lors de son discours après l’annonce des résultats. Au premier tour pourtant, la couleur politique était autre. En Guadeloupe, Martinique, Guyane, à la Réunion et à Saint-Pierre-et-Miquelon, Jean-Luc Mélenchon était arrivé largement en tête jusqu’à 56% en Guadeloupe. Après la défaite, la France Insoumise, consciente d’une certaine porosité entre son électorat et celui du RN, a multiplié les appels contre l’extrême droite. En vain dans les Outre-mer. Jean-Marie Le Pen empêché d’atterrir en 1987 Pendant longtemps, la famille Le Pen ne pouvait même pas se rendre dans certains territoires ultramarins. En 1987, des milliers de personnes envahissent le tarmac de l’aéroport de Martinique pour empêcher l’atterrissage de Jean-Marie Le Pen. Trente-cinq ans plus tard, Marine Le Pen arrive en Guadeloupe sans difficulté. Seul incident notable de son déplacement : un duplex perturbé depuis son hôtel par des manifestants aux cris de “raciste, dehors”. Il faut dire que depuis l’époque de Jean-Marie Le Pen, Marine Le Pen a tout fait pour dédiaboliser son parti et faire oublier l’image de son père. Elle a choyé les Outre-mer, dont son entourage se plait à rappeler qu’ils “représentent près de 4% du corps électoral.” Au début de la campagne, la candidate fait savoir avec un sourire que c’est le premier volet de son programme à être finalisé. Lors du débat de l’entre-deux-tours, elle est la seule à les mentionner - superficiellement et uniquement pour appuyer d’autres arguments contre Emmanuel Macron. Mais quand même. Le président sortant les évoque une
seule fois... pour regretter de ne pas avoir pu y consacrer plus de temps. Le lendemain, 21 avril 2022, à Arras, Marine Le Pen consacre une partie de son discours à “nos compatriotes d’Outre-mer (qui) ne quittent jamais mon cœur” et qui “souffrent du déficit d’infrastructures et de vision que l’on doit avoir pour ces si beaux territoires.” Un résumé de cinq ans de discours, où elle a mis l’accent sur leur éloignement. Parfait, pour celle qui se présente comme la représentante “de la France des oubliés”. Le résultat est visible dans les urnes. En 2002, Jean-Marie Le Pen faisait en moyenne 10% des voix dans les Outremer. Marine Le Pen triple ces scores : en 2017, elle obtient en moyenne 34% dans neuf des territoires, et arrive en tête, devant Jean-Luc Mélenchon et François Fillon. Le chiffre est encore plus élevé cinq ans plus tard : en moyenne, Marine Le Pen récolte plus de 50% des bulletins. La déception Macron Le vote pour Marine Le Pen doit aussi s’analyser comme un vote de rejet d’Emmanuel Macron, après un bilan plus que mitigé dans les Outre-mer. Certes, il a été le président qui a mené à bien les référendums des Accords de Nouméa en Nouvelle-Calédonie en 2020 et 2021. Mais le maintien de ce dernier en décembre, malgré les appels à le repousser côté indépendantistes, a crispé. Emmanuel Macron a aussi offert une avancée sur le dossier sensible du chlordécone en Martinique et en Guadeloupe : la reconnaissance du cancer de la prostate. Mais en la conditionnant à certains critères, le gouvernement a laissé la population sur sa faim. La critique la plus importante concerne l’obligation vaccinale des soignants pendant la crise du coronavirus. Imposée par le gouvernement, elle a été à l’origine d’émeutes en Martinique et surtout en Guadeloupe en novembre 2021 et la réponse très sécuritaire du gouvernement a été mal reçue. Dans nos colonnes en mars 2022, le ministre des Outre-mer dit “assumer” sa méthode et récuse le terme de “crise sociale”. A contrario, le discours de Marine Le Pen, opposé à l’obligation vaccinale, est bien reçu. Résultat : près de 70% des Guadeloupéens votent pour Marine Le Pen au second tour de la présidentielle. Quant à la vie chère, éternelle sujet de préoccupation dans les Outre-mer, le gouvernement lui-même concède que “la bataille n’est pas terminée”. “Il y a plusieurs pistes de travail à lancer, en même temps, pour avoir un véritable impact”, reconnaissait encore le ministre Lecornu auprès du HuffPost en évoquant le développement de la production locale, la modernisation du fret ou encore la nécessaire évolution de l’octroi de mer... Ce dimanche, la Macronie en paye le prix. À nos confrères du Monde avant le scrutin, une aide-soignante martiniquaise en grève et qui se définit comme une électrice de gauche en temps normal, a confié qu’elle voterait RN “juste pour que Macron ne passe pas au second tour”. “On a vu que la peste n’est pas bonne, alors on va essayer le choléra”, lançait-elle.
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PORTRAIT Romain Guille
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ANLYGNE PLAN LARGE
Avec une dizaine de films à son actif depuis 2016, le réalisateur, producteur et scénariste mahorais Anlygne se lance dans un nouveau projet avec l’écriture d’un long-métrage, dont plusieurs scènes seront tournées à Mayotte. Portrait d’un autodidacte de 27 ans, destiné à se faire un nom dans le milieu cinématographique.
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PORTRAIT
« Ce qui était un passe-temps est devenu une passion, puis mon métier. » Au bout du fil, Anlygne se la joue discret lorsqu’il s’agit de déballer son parcours professionnel. En licence AES (administration économique et sociale), le jeune homme de 27 ans ne s’épanouit pas « spécialement ». Puis vient 2016, l’année du « déclic pour le cinéma » quand il commence à filmer ses camarades de promo et sort Tous responsable, qui comptabilise 800.000 visionnages.
La suite n’est qu’une série de succès, mais aussi et surtout de rencontres. La plus importante ? Celle avec Wil Aime deux ans plus tard « Il m’a inspiré ! Depuis ce jour-là, on ne s’est plus lâchés, on partage la même vision et les mêmes objectifs. » De cette connivence née la structure Chaque Détail Productions. D’abord acteur, comme dans Le Procès (23.7 millions de vues sur Facebook), Anlygne passe petit à petit derrière la caméra et à l’écriture. Ensemble, les deux amis produisent Le Gendre
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Idéal, qui fait un carton lors d’une séance exceptionnelle organisée en avantpremière au Grand Rex en 2019 devant plus de 2.500 personnes.
ÉMOTION ET ORIGINALITÉ L’autodidacte se forme sur le tas, avec l’envie « de transmettre de l’émotion » et « d’apporter de l’originalité ». Tout cela avec un seul mot d’ordre à l’esprit : « rester soi-même ». « C’est un milieu très compliqué, car que l’on soit connu ou non, cela demande énormément de budget et de confiance de la part des distributeurs », admet l’originaire de Pamandzi, parti en métropole à l’âge de 17 ans. Avec cinq nouveaux films à son compteur, Anlygne enchaîne les expériences aux côtés de Wil Aime. Toutefois, il travaille aussi en parallèle sur un long-métrage. Son premier grand projet comme il aime le définir. « C’est un sujet qui parlera à tout le monde. » Envisagé avant la fin de l’année, le tournage doit se dérouler en Hexagone, au Canada et à Mayotte. « Il y aura quelques scènes pour illustrer l’image et l’histoire de mon île, mais je veux garder tout cela secret pour le moment. » Si le réalisateur et producteur mahorais se montre confiant pour dénicher des figurants et des acteurs sur place, il a également conscience du chemin à parcourir pour espérer une diffusion en 2023, avant l’ouverture des festivals en avril-mai. En ligne de mire : le volet financier. « Ce serait au minimum trois millions d’euros, mais c’est faisable avec les aides publiques, les partenariats et les coproductions », dévoile l’habitant de Tours. Confiant du destin qui est le sien, Anlygne vit aujourd’hui un rêve éveillé, comme dans un film. « Il faut être patient et ne jamais abandonner ! »n
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élection
PAS LE PRÉSIDENT DE MAYOTTE
Ce dimanche 24 avril a vu Emmanuel Macron être reconduit à la tête de la République française. Incontestable, sa victoire souffre cependant d'un très haut taux d'abstention, mais aussi et surtout d'un score record enregistré par l'extrême-droite. Mayotte n'y est pas étrangère, ayant massivement voté Marine Le Pen dès le premier tour de l'élection présidentielle. Un choix expliqué par le sentiment persistant de désengagement de l'État français dans son 101ème département, qui semble souffrir de plus de maux encore qu'il y a 12 ans, lors de son changement de statut.
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DOSSIER
Alexis Duclos
RÉSULTATS
MACRON ÉLU, LE PEN EN TÊTE À MAYOTTE
LA CANDIDATE DU RASSEMBLEMENT NATIONAL, MARINE LE PEN, A OBTENU 59.1% DES VOIX À MAYOTTE, AU SECOND TOUR DE L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE. ELLE PROGRESSE MÊME DE SEIZE POINTS ENTRE LES DEUX TOURS. DE SON CÔTÉ, LE PRÉSIDENT RÉÉLU EMMANUEL MACRON FAIT UN PEU MIEUX EN TERMES DE REPORT AVEC PRESQUE 10 000 SUFFRAGES DE PLUS (+165%) PAR RAPPORT AU PREMIER TOUR.
La carte des résultats électoraux à Mayotte n’a finalement pas affiché une couleur uniforme, dimanche soir. Si Marine Le Pen est arrivée à nouveau en tête beaucoup des communes, elle en a perdu un petit peu au second tour. Chiconi ou Dembéni ont finalement donné une très courte majorité de leurs voix à Emmanuel Macron. Dans la deuxième, ça s’est même joué à huit voix près. Outre Dzaoudzi qui a déjà voté en faveur du président réélu, Mamoudzou a basculé dans son sens, après avoir plébiscité Jean-Luc Mélenchon au premier tour. La bataille pour la plus grosse ville de l’île s’est d’ailleurs jouée sur le report des voix. La candidate du Rassemblement national en a eu 1.000 de plus entre les deux tours, 1.077 pour être exact. Alors que le président de la République en a empoché 2.228, lui permettant de l’emporter avec 56% des suffrages. Sur toute l’île, il n’y a d’ailleurs pas photo. 15.707 électeurs ont choisi de glisser un bulletin de vote Emmanuel Macron dans l’urne. Ils n’étaient que 5.936, deux semaines
avant. Soit une augmentation de 165% de sa réserve de voix ! Une tendance qui s’explique facilement par l’envie d’électeurs déçus par les résultats du premier tour de voter contre l’extrême-droite. D’ailleurs, la participation a été plus importante qu’il y a quinze jours avec 45.5% de taux de participation, contre 40.3% au premier tour.
MARINE LE PEN BÉNÉFICIE AUSSI DE REPORTS Le barrage à Mayotte, d’habitude, on connaît. Celui mis en place contre le Rassemblement national a pourtant montré ses limites. Plusieurs villages ont même accentué son avance, dans le sud notamment. A Bouéni, par exemple, où elle a fait son meilleur score mahorais avec 77.6% des voix, elle en gagne même 459 entre les deux tours (314 pour le président élu). A Sada, c’est le même constat, les deux candidats ont convaincu plus de 500 électeurs chacun entre les deux échéances, permettant à Marine Le Pen d’y atteindre les 63%.
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Sur l’ensemble de l’île, « Tata Mariama » augmente d’un tiers son électorat, ce dimanche, ce qu’elle avait déjà réussi à faire en 2017. Un résultat insuffisant au niveau national bien sûr, Emmanuel Macron étant élu grâce au soutien de 58.5% des Français. Mais il montre que la
popularité du président de la République est en recul à Mayotte. Et même en profitant d’un report des voix, il n’a pas empêché son adversaire de bien se renforcer. n
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LES RÉSULTATS, COMM
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LES RÉSULTATS, COMM
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MUNE PAR COMMUNE
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Alexis Duclos
RÉACTIONS
UNE RÉÉLECTION QUI EN SATISFAIT PLUS D'UN
IMMÉDIATEMENT APRÈS SA RÉÉLECTION, DE NOMBREUSES PERSONNALITÉS POLITIQUES DE MAYOTTE ONT SALUÉ ET FÉLICITÉ EMMANUEL MACRON, POUR LEQUEL LA MAJORITÉ D'ENTRE ELLES AVAIENT APPELÉ À VOTER. CEPENDANT, LE SCORE PRÉOCCUPANT DE MARINE LE PEN, EN TÊTE POUR LA PREMIÈRE FOIS DANS LE 101ÈME DÉPARTEMENT FRANÇAIS, ALERTE CERTAINS DE NOS ÉLUS LOCAUX SUR LE MAL-ÊTRE DE LA POPULATION MAHORAISE.
RAMLATI ALI, DÉPUTÉE DE MAYOTTE C'est d'abord un sentiment de satisfaction et de joie, tout en reconnaissant quand même le vote de nous autres, ultramarins. Mais on ne peut que se réjouir que Macron, en dehors de Jacques Chirac, fasse l'un des meilleurs scores de la Vème République. Sur le plan national, personnellement, je m'attendais à ce que ça se passe ainsi. Dans les outre-mer, on s'attendait aussi à cela. Je ne qualifierais pas ce vote de rejet d'Emmanuel Macron, car il n'était pas là en 2017 et nous avions quand même voté Le Pen. Il y a un rasle-bol, à Mayotte, dans l'hexagone ou dans les autres territoires d'outre-mer, un sentiment de politique qui n'avance pas. Les gens ne croient plus aux politiciens, et ce constat est national, mais je ne dirais pas que l'on a rejeté Emmanuel Macron.
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BEN ISSA OUSSENI, PRÉSIDENT DU CONSEIL DÉPARTEMENTAL DE MAYOTTE Je félicite le nouveau président de la République, Emmanuel Macron, réélu pour cinq ans face à Marine Le Pen. Je lui souhaite de réussir pour la France, pour les populations ultramarines et bien sûr pour Mayotte où s’expriment tant d’attentes de la population. Je regrette le niveau très élevé de l’abstention partout, en notant le score élevé de Marine Le Pen à Mayotte, illustration sans surprise du besoin de la population d’être entendue sur les questions de l’immigration clandestine, de la sécurité et du pouvoir d’achat. Une nouvelle période intermédiaire s’ouvre avec les élections législatives de juin et un gouvernement de transition. Certes, il est vraisemblable que cette période sera surtout celle destinée à dessiner une nouvelle majorité à l’Assemblée mais il faut que ces deux mois soient autant que possible une période utile pour la population. Comme je l’ai déjà indiqué, les compteurs sont remis à zéro, nous regardons devant et je serais pleinement disponible pour toutes les questions qui concerneraient notre territoire et les mahorais(es).
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MOUNAYAT AHAMADA, RÉFÉRENTE DES JEUNES AVEC MACRON À MAYOTTE Les Français viennent de renouveler le mandat d’Emmanuel Macron, avec 58.54% des voix ! C’est avec une immense joie et un soulagement que les JAM Mayotte accueillent les résultats de cette élection présidentielle. Au regard des résultats dans les Outre-mer et à Mayotte (avec 59.10 des voix en faveur de Marine Le Pen), malgré les divisions, nous sommes confiants sur le fait qu’Emmanuel Macron saura rassembler pour bâtir une action commune au service de notre Nation. Avec ambition, il saura être un président qui répond aux attentes et aux aspirations des Français, pour une France qui porte des progrès pour chacun, pour nos aînés, pour notre jeunesse, pour nos enfants. Une France qui protège les Français, qui s’inscrit dans une Europe forte et qui garde une place forte dans le concert des Nations. Nous tenons à remercier tous les électeurs qui nous ont accordés leur confiance et les militants qui ont œuvré sans relâche dans tous les territoires. Avec détermination, le combat continue notamment pour les échéances prochaines où il faudra offrir une majorité à Emmanuel Macron, à l’Assemblée nationale…
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DANIEL ZAÏDANI, REPRÉSENTANT DE MARINE LE PEN À MAYOTTE Évidemment, la défaite de Marine Le Pen est une grande déception. Surtout par rapport au besoin de changements exprimés par les Mahorais. Emmanuel Macron n’a pas convaincu les territoires d’ultramarins. Leur vote lui est totalement défavorable. Mais maintenant qu’il est élu, nous attendons des échanges, du respect. On peut ne pas être d’accords, mais il faut qu’il garde une capacité d’écoute. Je pense à la loi Mayotte où les Mahorais se sont concertés pendant deux ans et quand le conseil départemental a donné un avis défavorable, c’était la fin des échanges. Il faut plus de considération. Concernant le vote à Mayotte, Marine Le Pen a été jugée sur ce qu’elle propose. En outre-mer, les électeurs voient bien que les revenus sont minimes, il y a des inégalités de salaires, de retraite, voire même des indemnités pour les handicapés. Vous avez vu ce lundi matin, dans les rues de Mamoudzou, les gens faisaient la gueule. Les Mahorais ont exprimé un besoin de changement, ils ont donné une vraie orientation politique qu’il faudra prendre en compte.
AMBDILWAHEDOU SOUMAÏLA, MAIRE DE MAMOUDZOU Le maire de Mamoudzou et l’ensemble du conseil municipal félicitent le président de la République Emmanuel MACRON pour sa réélection. La municipalité saura s’engager à échanger et travailler avec le gouvernement durant ces cinq prochaines années. Le bienêtre des habitants et le développement de Mamoudzou sont les objectifs principaux pour lesquels il est essentiel d’oeuvrer au quotidien. L’investissement du gouvernement, partenaire incontournable de la collectivité, sera très attendu durant ce second mandat tout comme son appui à la réalisation du projet de ville Mamoudzou 2030.
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Raïnat Aliloiffa
TÉMOIGNAGES
LA DÉCEPTION DES MAHORAIS D'AILLEURS
DEPUIS QUELQUES ANNÉES, LE RASSEMBLEMENT NATIONAL EST DEVENU LE PREMIER PARTI POLITIQUE DE MAYOTTE. LES MAHORAIS ADHÈRENT AUX DISCOURS DE SA PRÉSIDENTE MARINE LE PEN, ALORS BEAUCOUP ONT ÉTÉ DÉÇUS LORSQUE CELLE-CI A ÉTÉ BATTUE PAR EMMANUEL MACRON LORS DE LA DERNIÈRE ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE. MAIS QU’EN EST-IL DES MAHORAIS QUI RÉSIDENT À LA RÉUNION ET EN MÉTROPOLE ? COMMENT VIVENT-ILS LA RÉÉLECTION DU PRÉSIDENT SORTANT ? À L’IMAGE DE LEURS COMPATRIOTES QUI HABITENT SUR L’ÎLE, LA DÉCEPTION ET LA COLÈRE SONT AU RENDEZ-VOUS. « La réélection du président Macron n’était pas une surprise, l’élection était faite avant même que les Français aillent aux urnes. » Amina Lihadji Djoumoi, membre du collectif RéMa (Réunion-Mayotte) ne cache pas sa déception quant aux résultats de l’élection présidentielle. Cette Mahoraise, résidant à l’île de La Réunion depuis trente ans, a milité pour la candidate Marine Le Pen car elle estime qu’elle est la seule à entendre les appels de détresse des Mahorais. « Elle a été la seule candidate à avoir montré de l’intérêt pour notre souffrance. Elle nous a proposé un programme qui répondait à ce que l’on voulait », précise Amina. Et qu’importe si une partie des Français pensent que les Mahorais sont racistes. « Nous ne sommes pas racistes ! Les Mahorais veulent simplement survivre. » Même son de cloche pour Djony Dahalani, originaire de la commune de Boueni et qui habite en Métropole depuis trente ans également. Il
affiche ouvertement son soutien pour la présidente du Rassemblement national et en parallèle son désamour pour Emmanuel Macron. « Je ne voulais pas de lui parce qu’on a vu ce qu’il a fait pendant cinq ans. Quand il est allé à Mayotte il a promis le début des travaux de la piste longue et on a eu quoi ? Un bureau pour l’aéroport… C’est se foutre des Mahorais ! », lance Djony, qui évoque également le manque d’infrastructures, l’insécurité et l’immigration. Si Marine Le Pen semble avoir conquis une partie des Mahorais, la jeunesse n’adhère pas à ses idées. Cependant le président sortant ne fait pas non plus l’unanimité auprès de ces jeunes. Durant cette élection présidentielle, c'est le fondateur de la France Insoumise qui a été le candidat préféré des jeunes Mahorais, s’inscrivant ainsi dans la tendance nationale. « Depuis le début je
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Portrait tiré de la série Distorsions, de l'artiste Jaëraymie.
soutenais Jean-Luc Mélenchon, même en 2017 j’ai voté pour lui car c’est le moins pire de tous. Il soutient la classe moyenne et avec lui il n’y a pas d’inégalités d’origines ou de religion », argumente Noémie Fougeroux, également originaire de Mayotte et habitante du sud de la France depuis plus de dix ans. Déçue des résultats du premier tour, elle a choisi de s’abstenir au second. De son côté, Kamaroine Maoulida ne comprend pas que les Français n’aient pas « donné sa chance » à Jean-Luc Mélenchon. « Je soutenais ses idées car il est celui qui se rapproche le plus de mes valeurs et il veut aider les jeunes. Ceux qui ont voté Emmanuel Macron ont le syndrome de Stockholm, ils aiment leur bourreau. On marche sur la tête ! » Mais lorsqu’il a fallu choisir entre les deux candidats du second tour, il n’a eu aucun doute. « Je n’aime pas Emmanuel Macron mais je préfère que ça soit lui plutôt qu’elle. J’ai eu honte quand j’ai vu que les Mahorais avaient voté pour Le Pen », ajoute-t-il.
VOTER MARINE LE PEN POUR SE FAIRE ENTENDRE Si les jeunes interrogés ne partagent pas le choix des Mahorais pour Marine Le Pen, les plus âgés le justifient par un réel ras-le-bol. Les membres du collectif Ré-Ma ont lancé plusieurs appels pour voter en faveur de la candidate du Rassemblement National. « C’était pour
dénoncer le traitement qu’on a eu pendant cinq ans. On a été ignorés et méprisés. Voter pour Marine Le Pen n’était pas un vote de haine mais plutôt un vote de revendication. Nous ne sommes pas pro Marine Le Pen. Si ça avait été un autre candidat on aurait voté pour lui ! », décrie Amina Lihadji Djoumoi. À Djony Dahalani d’ajouter, « Ce n’est pas simplement Mayotte qui rejette Macron, c’est tout l’Outremer qui le rejette. Quand tu es malade tu aimes celui qui vient à ton chevet. Marine Le Pen vient à Mayotte, elle parle souvent de nous à l’Assemblée nationale. » Mais pour Kamaroine, ces arguments ne sont pas suffisants pour l’élire. « Quand on connait l’histoire du Front national on ne peut pas raisonnablement voter pour elle. Je pense que si elle avait été élue, ça aurait été pire que le président actuel. » Certains jeunes comprennent cependant le choix des Mahorais, même s’ils n’y adhèrent pas. « Je ne voterai jamais pour Marine Le Pen mais le fait que les habitants de Mayotte le fassent est compréhensible quand on sait tout ce qu’il se passe sur l’île », argumente Noémie Fougeroux. Sa soeur, Anzmia Saadi, est du même avis. Elle a également voté pour Jean-Luc Mélenchon au premier tour et s’est abstenue au second, mais elle ne stigmatise pas les Mahorais ayant choisi Marine Le Pen. « À Mayotte les gens sont très communautaires, Marine Le Pen l’est aussi. Là-bas il y a un ras-le-bol des étrangers, comme ici en métropole
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Amina déplore le manque d'intérêt qu'a eu Emmanuel Macron pour Mayotte.
avec les Arabes et Africains. Donc les Mahorais se retrouvent dans ses propos et c’est la raison pour laquelle ils votent majoritairement pour elle », explique la jeune femme qui est toutefois soulagée que Marine Le Pen ne soit pas passée.
LES ATTENTES POUR MAYOTTE Tous sont déçus de voir Emmanuel Macron à la tête de la France pour cinq ans supplémentaires, et certains ne se font pas d’illusion quant à ses projets pour leur île
natale. « Pour Mayotte je n’attends rien de lui car je sais qu’il ne va pas faire grand chose, comme ces cinq dernières années », pense Noémie. Anzmia est tout aussi pessimiste. Selon elle, l’éloignement géographique de Mayotte à l’hexagone est un handicap. « Il y a déjà tant à faire en Métropole. Le président vit sur place et beaucoup de choses ne bougent pas. Alors pour Mayotte… Mais qui sait ? Je pourrais être surprise. Je l’espère en tout cas. » D’autres n’attendent pas d’être surpris et se mobilisent déjà pour les prochaines élections législatives. « Le président ne doit pas avoir la
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« CEUX QUI ONT VOTÉ EMMANUEL MACRON ONT LE SYNDROME DE STOCKHOLM ! » majorité au Parlement parce que sinon on sera vraiment fichus. S’il ne l’a pas, les cinq prochaines années seront plus faciles à vivre. Mais pour cela il faut que les gens aillent voter ! », martèle Kamaroine.
Majorité ou pas, les Mahorais de Mayotte et d’ailleurs espèrent que le cri détresse lancé en votant Marine Le Pen sera entendu par le chef de l’État. « On souhaite que le nouveau gouvernement fasse plus attention à nous, qu’il prenne en compte le souhait des Mahorais et qu’il contribue au développement de Mayotte », indique Djony. De son côté, Amina ne décolère pas. « Certains élus disent que les Mahorais n’ont pas compris le programme d’Emmanuel Macron mais on aurait aimé entendre son bilan pour Mayotte car c’est lui qui était au pouvoir. Durant cinq ans il aurait pu débuter quelque chose au lieu d’attendre la dernière année de son mandat pour nous donner quelques miettes comme le pont de Mangajou. » Ceci étant dit, à l’image de ses compatriotes, elle attend du changement de ce quinquennat. « J’attends d’Emmanuel Macron qu’il écoute les Mahorais et réponde à leurs attentes ». Le président de la République a affirmé que ce nouveau mandat « n’est pas dans la continuité de celui qui s’achève », les Mahorais ont alors peut-être raison d’avoir encore un peu espoir. n
Kamaroine, comme la majorité de la jeunesse, a privilégié Jean-Luc Mélenchon au premier tour.
Pour Djony, "Quand tu es malade tu aimes celui qui vient à ton chevet".
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L.G
L'ÉCONOMIE CIRCULAIRE, POUR RÉDUIRE NOTRE IMPACT ENVIRONNEMENTAL Chaque année, la France consomme plus de 900 millions de tonnes de matières premières et produit presque autant de matières polluantes. Au niveau local, l’agence de la transition écologique (Ademe) souhaite s’engager dans la transition des territoires de l’océan Indien. Avec l’appel à projets « Économie circulaire », sociétés, collectivités et associations pourront prétendre à une aide et mener à bien leurs actions en faveur de l’environnement. Trois domaines, sept piliers, l’économie circulaire serait la clé du développement durable de nos territoires. Le 26 avril, par le biais d’un webinaire informatif, l’agence de la transition écologique (Ademe), en partenariat avec le conseil départemental, a lancé à Mayotte l’appel à projets « Économie circulaire ». Ce dispositif doit permettre d’accélérer la prise en compte de l’économie de la ressource par le territoire, les secteurs d’activités et les entreprises, mais aussi l’identification et le montage de projets, de favoriser et d’accompagner des synergies organisationnelles entre différents acteurs régionaux et enfin de développer des programmes cohérents et
intégrés. Avec une aide allant de 20 à 50% en moyenne, les projets d’investissement innovants et nécessaires au territoire pourront fleurir.
L’économie circulaire comme credo « L’économie circulaire est une solution adaptée pour réduire nos impacts sur la Terre », affirme Sophie Lebret Tahouo, ingénieure en économie circulaire à l’Ademe de La Réunion. Consommation responsable et éducation des citoyens à la consommation durable, allongement de la
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durée d’usage, recyclage et valorisation, équipements divers sur la thématique des déchets… Autant d’enjeux prégnants sur l’île aux parfums et qui n’attendent que les porteurs de projets pour apporter des solutions durables à ces questions locales. « L’objectif de cet appel à projets est d’accompagner au plus près les porteurs de projets afin de valoriser leurs actions en faveur des territoires », explique Frédéric Guillot, directeur régional Ademe La Réunion-Mayotte.
La gestion des déchets, enjeu mahorais
« À Mayotte, il y a une nécessité de coller aux besoins du territoire en développant des infrastructures déjà développées ailleurs comme les déchetteries », affirme Yann Le Bigot, coordinateur Ademe à Mayotte. Si l’économie circulaire s’attache à la préservation des ressources au sein du 101ème département français, une notion de “rattrapage structurel” intervient. Concernant l’épineuse question de la gestion des déchets, beaucoup de progrès restent encore à réaliser. « L’Ademe propose à Mayotte une aide à l’investissement qu’elle n’apporte plus en France métropolitaine », explique l’ingénieur. Projet d’innovation modérée mais d’importance capitale à Mayotte, les équipements divers sur la thématique des déchets constitue un sixième volet de l’appel à projets pour tendre vers une gestion plus responsable de l’île. n
Économie circulaire, entrez dans la boucle Depuis 26 avril et jusqu’au 23 mai à 8h (heure de Mayotte), les porteurs de projets peuvent déposer un dossier de candidature comportant une présentation synthétique de leurs entreprises futures. Du 30 mai au 7 juin, aura lieu la phase d’audition des porteurs de projets réalisée conjointement par l’Ademe et le conseil départemental. À la suite de celle-ci, les projets seront validés ou non et le cas échéant, les porteurs seront aiguillés afin de revoir la maturité de leur projet. Par la suite, les lauréats pourront déposer des dossiers de demande d’aide. Pour ceux qui le souhaitent, une seconde session de l’appel à projets « Économie circulaire » aura lieu à partir du mois de novembre 2022.
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LITTÉRATURE
LISEZ MAYOTTE Sophie Blanchy, L'interprète, éditions L'Harmattan, 1987
PARLER LA LANGUE POUR CONNAÎTRE LE PEUPLE AGRÉGÉ DE LETTRES MODERNES ET DOCTEUR EN LITTÉRATURES FRANCOPHONES, CHRISTOPHE COSKER EST L’AUTEUR DE NOMBREUX OUVRAGES DE RÉFÉRENCE SUR LA LITTÉRATURE DE L’ÎLE AUX PARFUMS, NOTAMMENT UNE PETITE HISTOIRE DES LETTRES FRANCOPHONES À MAYOTTE (2015) DONT IL REPREND, APPROFONDIT ET ACTUALISE, DANS CETTE CHRONIQUE LITTÉRAIRE, LA MATIÈRE. L’interprète est un homme entre deux langues et deux cultures. Dans le cas de Mayotte, c’est un homme entre le français et le shimaore. Qu’elle s’écrive dans l’une ou l’autre langue, la singularité de la production littéraire de l’île aux parfums est sans doute cette situation d’entre-deux, qui appelle le terme d’hybridité. Le tableau linguistique de Mayotte est le suivant. Le shimaore n’est pas à lui seul suffisamment véhiculaire ; le français n’est, de son côté, pas compris partout ni par tous dans l’île aux parfums. De plus, il n’est, dans la littérature locale, pas compréhensible sans les vocables vernaculaires qui l’émaillent, ni sans la compétence culturelle à partir de laquelle il jaillit. Dans Mayotte : identité bafouée (2003), Nassur Attoumani indique l’absolue nécessité de l’intermédiaire qu’est l’interprète tout en en dénonçant les errances. C’est sans aucun doute pour cette raison que le premier dictionnaire de Sophie Blanchy s’intitule L’Interprète (1987). En effet, avant son Dictionnaire mahoraisfrançais/français mahorais (1996), et avant même sa thèse de doctorat publiée sous le titre La Vie quotidienne à Mayotte (1990), ouvrage qui fourmille de vocables qui deviennent autant de concepts, de clefs de compréhension de l’art de vivre à Mayotte, Sophie Blanchy a publié un ouvrage difficile
à trouver aujourd’hui et dont nous aimerions entretenir le lecteur. Ce livre fut préfacé, en 1987, par le docteur Martial Henry, une figure importante de Mayotte à la fois dans les domaines de la médecine et de la politique. L’intérêt principal d’un texte qu’il définit comme « un élément d’échange culturel » est l’indication des deux cibles du livre. La première est le lecteur mzungu dont il énumère les types présents à Mayotte : « Fonctionnaires, assistants techniques, volontaires à l’aide technique [VAT], compagnons du devoir, travailleurs du secteur privé, intéressés par notre langue maternelle et nos traditions populaires ». Sont donc représentés les wazungu présents à Mayotte, qu’ils travaillent dans le service public ou le secteur privé. Cette cible est la même que celle de Mayotte. Coutumes et traditions, à la découverte des Mahorais (1984) de Claire et Vincent Fauveau, sans oublier Yves Alembik. La seconde cible est autochtone : « Aux jeunes Mahorais pour lesquels la langue française est une découverte en classe préparatoire, à ceux qui n’ont pas eu la chance d’être admis à l’école publique et pour qui les cours d’alphabétisation fonctionnelle organisée par l’Aprosasoma apportent une solution palliative ». On lit, en creux de cette citation, l’état de maîtrise de la langue française à Mayotte, à la fin des années quatre-vingts, c’est-à-dire avant que
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l’école laïque et républicaine ne devienne obligatoire dans l’île aux parfums. L’ouvrage se veut donc, dans les deux sens, un moyen de comprendre, pour ceux qui résident à Mayotte, la langue de l’autre. Commençons par décrire la première de couverture de l’ouvrage. Sur un fond rouge, le titre se dégage en lettres majuscules blanches bordées de noir. En-dessous sont indiqués les deux vecteurs linguistiques : françaismahorais d’une part, mahorais-français de l’autre. Vient ensuite le genre de l’ouvrage, « lexique » et enfin son auteur : Sophie Blanchy. Mais au-dessus du titre, deux photographies attirent l’attention. Il s’agit en fait de deux « versions » de la même photographie qui sont placées en regard l’une de l’autre. Sur celle de gauche, si l’on suit le sens occidental de lecture de l’image, deux enfants chevauchent un vélo. Ils n’ont pas la même couleur de peau. Sur celle de droite, l’enfant blanc est devant et sur celle de gauche, l’enfant noir… Voici comment, au seuil d’une introduction linguistique précise qui explique successivement les systèmes nominal et verbal, Sophie Blanchy présente l’origine de son ouvrage : « Ce lexique est le fruit d’un travail de recherche en ethnologie effectué depuis quelques années à Mayotte, par interviews libres et par enregistrements de récits et traditions orales, auprès d’amis et d’informateurs dont le shimaore est la première langue. Je présente ici, de manière méthodique, l’essentiel du vocabulaire auquel j’ai au accès à l’occasion de ces travaux. Ce lexique devrait être utilisable tant pour le lecteur français désireux d’avoir une référence pendant son apprentissage, que pour le lecteur et l’étudiant mahorais voulant approfondir les définitions et les équivalences entre les deux langues qu’il utilise. Loin d’être exhaustif, le lexique ne présente que des mots et des dérivations réellement relevés.
Il constitue la base de ce qui pourra être une entreprise plus approfondie et spécialisée, avec, je le souhaite, une participation des usagers eux-mêmes. » (p. 1) Sophie Blanchy retrace donc la naissance orale de ce livre qui recueille le vocabulaire de Mayotte et se présente, de façon ouverte, comme une première étape. Véritable trait d’union entre deux langues, ce premier ouvrage, comme les suivants, permet un véritable transfert culturel entre la France et Mayotte. Même si le sens le plus intéressant, comme l’indique la longueur de la première partie, est celui qui va du shimaore au français, la seconde partie propose le vecteur inverse : « Les entrées françaises commandant cette liste sont destinées à servir de guide au lecteur francophone pour accéder à la première liste, shimaore-shifarantsa, où se trouvent définitions précises et exemples. On ne peut trouver ici que des mots qui existent dans les deux langues, traductions ou équivalences plus ou moins adéquates. Cette liste est donc limitée par rapport à la première. Je propose entre parenthèses d’autres mots français. Ce sont, soit des termes de sens voisin, soit des termes plus éloignés mais correspondant à la même traduction mahoraise. Le lecteur mahorais y trouvera de quoi étoffer la traduction. Le lecteur francophone aura intérêt, ayant trouvé le mot en shimaore qu’il recherche, à se reporter à la première liste pour en savoir plus. » (p. 243). Il ne reste plus au lecteur qu’à se plonger dans ce livre qui contient tous les livres et toutes les histoires. Dans le cas de Mayotte, l’un des points de départ possible est un nom propre d’homme, Abdallah (serviteur de Dieu) et l’un des points d’arrivée un terme esthétique : zuri (beau, beauté).
Christophe Cosker
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MAGAZINE D’INFORMATION NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros 7, rue Salamani Cavani M’tsapéré BP 60 - 97600 Mamoudzou Tél. : 0269 61 20 04 contact@mayottehebdo.com Directeur de la publication Laurent Canavate canavate.laurent@somapresse.com Directeur de la rédaction Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 38 soldat@mayottehebdo.com Rédacteur en chef Axel Nodinot
# 997
Couverture :
Emmanuel Macron, pas le président de Mayotte
Journalistes Axel Nodinot Romain Guille Raïnat Aliloiffa Lise Gaeta Alexis Duclos Direction artistique Franco di Sangro Graphistes/Maquettistes Olivier Baron, Franco di Sangro Commerciaux Cédric Denaud, Murielle Turlan Comptabilité Catherine Chiggiato comptabilite@somapresse.com Première parution Vendredi 31 mars 2000 ISSN : 1288 - 1716 RCS : n° 9757/2000 N° de Siret : 024 061 970 000 18 N°CPPAP : 0121 I 92960 Site internet www.mayottehebdo.com