LA POSTE RECHERCHE UN COMMERÇANT POUR DEVELOPPER L’ACTIVITÉ POSTALE SUR LA COMMUNE DE MAMOUDZOU Vous souhaitez optimiser la rentabilité de votre commerce ? Fidéliser vos clients et en conquérir de nouveaux ? Et si vous faisiez confiance à La Poste ? La Poste est à la recherche d’un commerçant à Mamoudzou dans la zone entre Passamainti et Tsoundzou pour prendre en charge, au sein de son commerce et contre rémunération, les prestations postales les plus courantes, au nom et pour le compte de La Poste. En qualité de « point de services La Poste Relais », le commerçant assure, en plus de ses activités commerciales, la vente et l’affranchissement de produits courriers & colis, le retrait et le dépôt d’objets. Ces prestations vous intéressent ? Merci de nous notifier votre candidature, avant le 27/05/2022, par courrier ou par mail, en indiquant vos coordonnées complètes à l’adresse suivante : Adresse postale LA POSTE Direction Régionale de La Réunion Service Achat Nathalie CHUTO 62 rue du Maréchal Leclerc 97405 Saint-Denis Cedex Tél. : 02 62 40 15 96 Adresse mail Nathalie.chuto@laposte.fr Pour plus d’informations, vous pouvez contacter nathalie.fauvey@laposte.fr
C0 - Public
La Poste - SA au capital de 5 364851 364euros – 356000 000RCS PARIS Siège social : 9RUE DU COLONEL PIERRE AVIA - 75015 PARIS CEDEX 15.
APPEL À MANIFESTATION D’INTÉRÊT
Importation et distribution des produits du Groupe Henkel Le Groupe Henkel et celles de ses filiales ayant en charge les territoires concernés, souhaitent organiser un appel d’offres d’un ou plusieurs importateurs – grossistes actifs dans les secteurs d’activités des branches de produits précités pour le territoire de MAYOTTE à compter du 1er mars 2023. Les importateurs – grossistes pourront proposer leur candidature pour un ou plusieurs secteurs d’activité et pour un ou plusieurs territoires. Il conviendra qu’ils réalisent autant de candidatures que de couples secteur d’activité – territoire pour lesquels ils se portent candidats. 1. MODALITÉS DE RÉPONSE Les importateurs – grossistes souhaitant répondre à cet appel d’offres devront en informer le Groupe Henkel en envoyant un email à l’adresse suivante : appel.offre2022@henkel.com Chaque candidature devra indiquer sa raison sociale, son numéro RCS, le nom de son dirigeant et l’adresse de son siège social. A réception, le Groupe Henkel enverra le dossier de candidature dans un délai de 15 jours. Le dossier de candidature devra être impérativement retourné complété avant le 14 août 2022 23H59 pour être pris en compte : cachet de la poste et/ou date et heure de l’email faisant foi. 2. PÉRIMÈTRE DES MARQUES Chaque candidat devra renvoyer un dossier par catégorie de produit, étant entendu qu’un même candidat peut choisir proposer sa candidature pour la distribution de 1 ou plusieurs catégories de produits :
• Adhesive Technologies (Loctite, Pattex, Rubson, Tangite…) • Consumer Brands : Laundry & Home care : Le Chat, Super Croix, X•tra, Maison Verte, Mir, Bref… et Beauty care retail : Diadermine, Fa, Teraxyl, Schwarzkopf, Syoss… • Professionnel (Schwarzkopf Professional, Indola…) L’appel d’offres porte sur l’importation et la distribution des produits Henkel dans tous les circuits suivants : • GMS – Grande et Moyenne Surface : hypermarchés, supermarchés, magasins de proximité, Hard Discounters • GSB – Grande Surface de Bricolage • Négoce de matériaux • Grossistes • Semi-grossistes • Professionnels de la coiffure : salons, grossistes • L’importation pourra également être à destination de tout autre circuit additionnel (par ex. pharmacies, parapharmacies, stations essences, collectivités locales...) 3. COMPÉTENCES ET QUALITÉS Les candidats qui auront manifesté leur intérêt à la suite du présent communiqué de presse, conformément à la procédure décrite au point 1, recevront un questionnaire à compléter comprenant une liste des éléments et documents nécessaires à l’examen de leur candidature. Parmi les éléments importants demandés, les candidats devront décrire leurs compétences
dans les domaines ci-dessous : • Connaissance des secteurs d’activité des produits, et spécificités liées à leur importation ; • Compétence concernant l’approvisionnement des différents circuits de distribution ; • Les moyens logistiques et humains pour assurer cette distribution ; • Moyens pour dédier une équipe commerciale et marketing de qualité ; • Possibilité à s’engager sur des volumes d’achats et/ou des objectifs de progression de volume d’achat ; • Capacité à contribuer aux dépenses publipromotionnelles. 4. OUVERTURE DES NÉGOCIATIONS COMMERCIALES En fonction de la qualité des réponses reçues, le Groupe Henkel ou une de ses filiales prendra contact avec les candidats ayant répondu pour identifier ceux avec qui une négociation commerciale pourra s’engager. Henkel se réservant le droit pour la distribution de l’activité Consumer Brands de répartir l’activité Laundry & Home care et Beauty care si elle l’évalue pertinente. Un projet de contrat sera adressé aux candidats retenus. Toute relation commerciale conclue à l’issue de ce processus sera non exclusive (plusieurs candidats pouvant être retenus pour la distribution des mêmes catégories de produit) et d’une durée maximale de 3 ans.
LE MOT DE LA RÉDACTION
MNÉMOSYNE ET CLIO Cette semaine, une mini-série française – de bonne facture, il est bon de le préciser – a vu le jour sur les plateformes de streaming. Intitulée "Oussekine", elle retrace en quatre épisodes la mort de l'étudiant du même nom, en décembre 1986. L'interprétation, bouleversante, permet de se remémorer cette sombre et triste affaire, 36 ans plus tard. La mémoire est justement ce qui empêche les sociétés de reproduire des erreurs historiques, ne jamais oublier de se souvenir est un devoir. À Mayotte, bien que quelques écrivains aient tenté de la coucher noir sur blanc, la mémoire appartient aux anciens, cocos, bacocos, témoins et passeurs d'une histoire orale. Il convient donc de prendre soin des anciens, comme le font admirablement les familles mahoraises depuis des générations. La démographie de l'île amènera cependant des changements nécessaires à cette structure sociétale, qui devra tenir compte des conditions de vie des anciens, lesquels ne veulent absolument pas d'une structure telle qu'une maison de retraite. Comment les désavouer, après les divers scandales de maltraitance sur personnes âgées, comme celui ayant frappé le groupe Orpea ? Prendre soin de notre mémoire pour préparer l'avenir, un beau clin d'œil à l'Histoire, inévitablement mémorielle. Le père de la discipline, Hérodote d'Halicarnasse, voulait d'ailleurs consigner les événements qu'il ne fallait pas oublier. La mythologie grecque dit enfin que Mnémosyne, déesse de la mémoire, est la mère des neuf Muses, parmi lesquelles Clio, muse de l'histoire. Bonne lecture à toutes et à tous.
Axel Nodinot
TOUTE L’ACTUALITÉ DE MAYOTTE AU QUOTIDIEN
Lu par près de 20.000 personnes chaque semaine (enquête Ipsos juillet 2009), ce quotidien vous permet de suivre l’actualité mahoraise (politique, société, culture, sport, économie, etc.) et vous offre également un aperçu de l’actualité de l’Océan Indien et des Outremers.
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FI n°3839 Lundi 7 mars 2016 St Félicie
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0269 61 63 55
Fax : 0269 61 63 00
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FI n°3822 Jeudi 11 février 2016 Ste Héloïse
à partir de
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RENSEIGNEMENTS Tél : 0639 67 04 07 | Mail : contact@mayotte-e-velos.yt
FI n°3818 Vendredi 5 février 2016 Ste Agathe
environnement
Port de Longoni
ConSeil départeMental
Quel accueil se prépare pour la présiDente Du Fn ?
Le Lagon au patrimoine mondiaL de L'unesCo ?
la dsP sur la sEllEttE
pas de changement sUr l’octroi de mer
© Jonny CHADULI
Grève à Panima
TéléThon 2016
Des propositions mais toujours pas D'issue
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première parution : juillet 1999 - siret 02406197000018 - édition somapresse - n° Cppap : 0921 y 93207 - dir. publication : Laurent Canavate - red. chef : Gauthier dupraz - http://flash-infos.somapresse.com
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FI n°3997 mercredi 30 novembre 2016 St André
© CR: Gauthier Bouchet
Diffusé du lundi au vendredi, Flash Infos a été créé en 1999 et s’est depuis hissé au rang de 1er quotidien de l’île.
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Économie
SÉcuritÉ
Les appeLs à projets de L'europe
Couvre-feu pour Les mineurs
Première parution : juillet 1999 - Siret 02406197000018 - APE 5813Z - Édité par la Somapresse - Directeur de publication : Laurent Canavate - http://flash-infos.somapresse.com
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Musique
Faits divers
Edmond BéBé nous a quitté
ViolEncE En cascadE
Première parution : juillet 1999 - Siret 02406197000018 - APE 5813Z - Édité par la Somapresse - Directeur de publication : Laurent Canavate - http://flash-infos.somapresse.com
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MCG VS SMart
ViCe-reCtorat
UltimatUm oU véritable main tendUe ?
l’institUtion répond aUx critiqUes
Première parution : juillet 1999 - Siret 02406197000018 - APE 5813Z - Édité par la Somapresse - Directeur de publication : Laurent Canavate - http://flash-infos.somapresse.com
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TCHAKS
Narma Moussa et Lhaimy Zoubert Ravoay
L'ACTION
LE CHIFFRE
Un flashmob contre l’homophobie et la transphobie dans le milieu sportif
C’est le taux de chômage au deuxième trimestre 2021 à Mayotte, région ultrapériphérique de l’Union européenne (RUP) avec le plus fort taux de chômage, devant les Canaries et La Réunion. Celui-ci s’établit à 30% en 2021, ce qui correspond à 4 fois les moyennes nationale (14%) et européenne. En effet, à la suite de la crise sanitaire, le taux de chômage avait largement augmenté mais s’est rétabli au deuxième semestre 2021 à son niveau d’avant pandémie, contrairement à La Réunion où le taux de chômage se situe en 2021 en dessous de son niveau d’avant crise sanitaire. En outre, 25% des hommes et 36% des femmes sont au chômage à Mayotte. Les jeunes âgés entre 15 à 29 ans, quant à eux, sont 43% à ne pas avoir d'activité professionnelle, soit 9% de plus qu’à La Réunion, où le taux de chômage des jeunes s’élève à 34%.
Le 17 mai est une date symbolique qui représente la journée internationale contre l’homophobie, la transphobie et également la biphobie. Dans ce cadre, un flashmob est organisé par l'association Profession Sport et Loisirs Mayotte ce mardi, de 16h30 à 18h30, place de la République. Le but de ce rassemblement ? Lutter contre toute forme de discrimination physique ou morale soulevée par l’orientation sexuelle dans le milieu sportif. Par ailleurs, ce projet est appuyé par différents organismes tels que la DRAJES, l’ARS et la DRDFE (Direction régionale aux droits des femmes et à l’égalité entre les femmes et les hommes). La tolérance est l'une des valeurs véhiculées par le sport, l’objectif de l’association est donc de mobiliser et de sensibiliser les clubs mahorais, mais également la population, pour que tout un chacun vive sa sexualité en toute liberté.
30%
ELLE FAIT L'ACTU
LA PHRASE
“ On ne peut pas laisser des personnes dans de telles conditions de vie ” Ce sont les mots de Michel Pelenc, directeur général de Soliha, ce lundi 9 mai à la mairie de Mamoudzou, dans le cadre d’une rencontre avec les élus et les acteurs du logement social mahorais pour évoquer la lutte contre le mal logement. Depuis déjà 5 ans, l’association Soliha lutte pour l’accès et le maintien au logement. De plus, elle aide plus de 400 familles à trouver un foyer décent, et a également mis en place un dispositif expérimental à Majicavo-Dubaï sous forme d’“ intermédiation locative ”. Cependant, les élus locaux et techniciens en charge de l’aménagement urbain affirment que de nombreux freins existent sur l’île pour améliorer les logements. Ainsi en est-il du manque de foncier, de la légalité des constructions autant en dur qu’en tôle, et des critères des dispositifs financiers qui ne sont pas applicables à Mayotte.
LA SEMAINE DE PHIL
La Mendosa ouvre son Portail vers la gloire
La jeune et talentueuse rappeuse mahoraise a sorti ce vendredi 6 mai son EP, intitulé “ Portail ”. Composé de cinq morceaux, le projet est disponible sur toutes les plateformes de streaming. La Mendosa a collaborée avec d'autres artistes de l'île tels que Nixo et Patsaou pour “ Mala ” et Walter, Zelko et Darvi pour l'incroyable “ Mafia ”. En outre, ce projet constitue une bien belle carte de visite pour la jeune femme, qui a de très grandes ambitions pour la suite. Ainsi en est-il sur le premier titre de l’EP, “ N.V.M ”, qui bénéficie d'ailleurs d'un clip. Elle y lance : “ 2022 je vise les dinero ; Je suis déjà arrivée loin, aujourd’hui j’ai du respect ; J’ai décollé comme une fusée, la victoire je vise ”. C'est tout le mal qu'on souhaite à la comète du rap mahorais.
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LU DANS LA PRESSE
Chaque semaine, découvrez le regard porté sur l’actualité locale à travers la presse nationale ou régionale
AU MOIS DE MAI, DES "AMBASSADEURS DE MAYOTTE" AU CŒUR DE L'UNION EUROPÉENNE Le 5 mai 2022, par Adrien Palluet pour Toute l'Europe. Entre le 30 avril et le 10 mai, 10 jeunes Mahorais lauréats du concours “Deviens ambassadeur de Mayotte” sont en visite à Bruxelles, Strasbourg et Paris pour le Joli mois de l’Europe.
Finalement, à l’annonce des résultats dans la foulée de cette deuxième épreuve, ce sont 13 ambassadeurs qui ont été retenus sur les 180 participants “pour représenter Mayotte en Europe, mais aussi l’Europe à Mayotte”. Et même après des délibérations supplémentaires, le jury a décidé de récompenser huit autres jeunes, portant le total d’ambassadeurs à 21. Bruxelles, Strasbourg et Paris Initialement prévu au mois de mars 2021 mais repoussé en raison de la pandémie de Covid-19, ce voyage, se déroule du 30 avril au 10 mai. Au cours de leur périple, les jeunes ambassadeurs “[représenteront] Mayotte sur le continent”, en visitant des lieux clés de l’Union européenne, dans le cadre du Joli mois de l’Europe.
L’aventure débute en 2020 lorsque le pôle des Affaires européennes de Mayotte lance le concours “Deviens ambassadeur de Mayotte”. Avec une ligne directrice : montrer que l’Europe “représente une réelle ouverture pour l’avenir des jeunes Mahorais et de leur île”. Le concours a été ouvert à tous les jeunes de l’archipel, de la 3e à la Terminale. Les jeunes candidats ont été départagés à travers une épreuve écrite qui s’est déroulée en août 2020. Au menu, un quiz de culture générale, des questions ouvertes sur l’Union européenne, ainsi qu’un concours photo. Quelques mois plus tard, en novembre, les candidats présélectionnés après les épreuves écrites ont chacun fait face à un jury composé de représentants de la préfecture, de membres du centre universitaire de Mayotte, du rectorat, du Conseil départemental et de l’agence de communication Zoorit, qui coorganise le concours. Une épreuve de 20 minutes, centrée autour de la motivation des candidats à l’égard de ce projet, leur aisance, leur capacité de réflexion et leur connaissance de l’Union européenne.
Ainsi, à Bruxelles, ils doivent se rendre au Conseil européen avant de visiter la maison de l’histoire européenne ainsi que la Commission européenne. Ils prennent ensuite la direction de Strasbourg, siège du Parlement européen, où ils assisteront à une séance plénière avant de rencontrer Marie Fontanel, représentante permanente de la France auprès du Conseil de l’Europe. Cette présence en Alsace donnera lieu également à une visite des mémoriaux mondiaux d’Alsace-Moselle et de Struthof-Natzwiller. Enfin, la dernière étape de ce voyage se fera à Paris, lors des célébrations de la journée de l’Europe, sur le parvis de l’Hôtel de ville et sous le patronage de la maison de l’Europe et de la mairie de Paris. Clou du spectacle, les jeunes ambassadeurs assisteront à la pièce de théâtre “Nous l’Europe, banquet des peuples”, en résidence au théâtre de l’Atelier pendant le mois mai. A leur retour à Mayotte, les jeunes pourront témoigner de leur voyage et parler d’Europe, alors même qu’il est possible de suivre leur parcours sur la page Facebook de l’événement. L’occasion de rappeler que les outre-mer français, dont Mayotte, sont reconnus dans les traités européens comme “Régions ultrapériphériques” (neuf au total). Ces territoires bénéficient, entre autres et comme le Vieux Continent, de quatre fonds européens (FESI) : le FEDER et le FSE (au titre de la politique de cohésion économique, sociale et territoriale), le FEAMP (au titre de la politique commune de la pêche et de la politique maritime intégrée) et le FEADER (au titre du pilier II de la Politique agricole commune).
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PORTRAIT Axel Nodinot
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L'ÉQUIPIER VEUT DEVENIR LE CAPITAINE FÉDÉRATEUR
S'il se tient toujours derrière le micro, le rappeur L'Équipier envisage à terme de pousser de jeunes artistes, avec comme bonne "Résolution" la coopération régionale dans l'Océan Indien. À l'occasion de la sortie de son EP, premier volet d'un album de 18 titres, l'artiste de Mtsapéré et de Marseille se confie sur la musique, mais aussi sur Mayotte, l'environnement ou la politique.
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PORTRAIT
"Musique rap, rap, musique que j'aime", déclarait en 1999 Zoxea, virtuose des Sages Poètes de la rue. Le même amour habite très tôt – et jusqu'à maintenant – Zamil Mvoulana, né à Mayotte le 2 avril 1984, mais Phocéen d'adoption. "À l'âge de deux ans et demi, je vais vivre chez ma grand-mère, à Marseille, jusqu'à mes 16 ans", déclare le
trentenaire. Une adolescence passée dans les cités de la métropole qui n'évoque pas de mauvais souvenirs à l'artiste, bien au contraire : "À l'époque, il y avait une entraide entre les communautés, un mélange culturel assez fort, que l'on vienne du Maghreb, d'Asie ou d'Afrique subsaharienne… Ça m'a forgé". La culture musicale de Zamil n'est pas en reste,
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puisque le jeune homme arrive à Marseille en plein âge d'or du rap français, représenté par des groupes locaux devenus légendes : IAM, la Fonky Family, 3ème Œil, les Psy4 de la rime… "Mes classiques, c'est Sol Invictus d'Akhenaton [IAM, NDLR], les albums de Sat l'Artificier et du Rat Luciano [Fonky Family]."
UNE COOPÉRATION MAYOTTE – MADA S'il découvre aussi le rap et le RnB américain à l'aide de sa grande sœur, qui écoutait Naughty by Nature, Black Street, TLC, ou Aaliyah, c'est en revenant sur l'île au lagon que Zamil a une révélation. "C'est lors de vacances en 1997 que je découvre Mtsapéré Power, groupe qui m'a inspiré et donné envie de faire rap, se remémoret-il. Le rap à Mayotte, ça ne part de rien. Il y a des artistes comme M'Toro Chamou qui ont un peu été les précurseurs. Puis la génération Mtsapéré Power, et la nôtre." À la toute fin du 20ème siècle, le service culturel de Mayotte de l'époque organisait "La nuit du rap", un événement annuel pour 30 à 40 groupes, "donc on n'avait le droit qu'à une chanson par concert", explique L'Équipier, qui tire son pseudonyme de "L'Équipe", groupe créé en 2000, un an après son retour définitif à Mayotte, qu'il redécouvre pour l'occasion. À 16 ans, il a la chance de pouvoir assister à la venue sur l'île de rappeurs tels que
Kery James ou Oxmo Puccino, "héritiers des poètes" qui deviendront pour lui de grandes sources d'inspiration. Lorsqu'il enregistre son premier album à La Réunion, en 2009, le rappeur essaie de s'ouvrir, que ce soit aux nouvelles sonorités ou au shimaoré, qu'il n'utilise pas dans ses premiers morceaux. "Je ne suis pas les tendances, je reste moi-même en m'adaptant", affirme celui qui prône les textes et l'énergie de l'un des plus grands rappeurs de l'Histoire, Tupac Amaru Shakur dit "2Pac". Quant à son second essai, Résolution, l'aventure commence en 2017. "Le projet est né de ma rencontre avec l'artiste et beatmaker malgache Tida Kenny, explique L'Équipier. Il est hyperactif. Il m'a envoyé l'instru de "J'aime la vie", et je me suis dit que le gamin avait du potentiel". Le Mahorais se rend donc à Tamatave en 2019 pour enregistrer une petite dizaine de morceaux, contre 18 titres initialement prévus. La cause, la Covid, "période de doutes, où tout le monde s'est remis en question". "Les mondes musical et sportif ont été les premiers à être sacrifiés", regrette Zamil, pour qui 2020 aura été "une année noire".
UN RAPPEUR ÉCOLO De ces 18 titres, le rappeur en fera donc 3 EP de 6 titres, avant de sortir le projet en intégralité. Il faudra donc retourner sur la Grande Île pour
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boucler les enregistrements. "Le travail par correspondance, c'est compliqué mais on y arrive. Et puis il faut que ce projet réactive l'ancien, qui a un peu floppé", avoue-t-il. Résolution sonne en effet bien plus actuel que son premier album, étant notamment marqué par des sons très réussis tels que "Toamasina" ou des bangers égotrip tels que "Odi" et "4x4 villa", ce dernier ironisant sur le matérialisme de la société capitaliste. "Quand j'étais gamin, j'avais l'impression que la vie des mzungu était magnifique, déclare L'Équipier. J'ai grandi avec beaucoup de frustration, puisqu'on me disait
qu'il fallait réussir ma vie, avoir une belle voiture, une belle maison… Ça met une forme de pression, que j'ai vécue pendant des années. Mais ce n'est pas ça le vrai bonheur." Là est la particularité du Mtsapérois, qui n'hésite pas à prendre position sur des sujets n'étant même pas abordés par la scène rap nationale, et notamment l'environnement. "J'ai grandi dans la cité de béton, démontre-t-il. En venant à Mayotte, j'ai appris à travailler la terre, à mieux connaître la faune et la flore qui m'entourent. En tant qu'être humain, je pense
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que j'apprécie. En France, Je n'écoute pas des mecs comme Jul mais il y a du respect pour son boulot".
"À L'AVENIR, CERTAINS MAHORAIS POURRONT VIVRE DE LEUR ART" Désormais, Zamil Mvoulana se satisfait de sonorités étrangères, à la France mais aussi au rap. Les scènes africaine et sud-américaines le séduit bien plus. Il cite par exemple le Nigéria, l'Ouganda, Madagascar ou la Guinée de Navigator, décédé il y a un peu plus d'un an. Mais les jeunes artistes de l'île aux parfums ne sont pas en reste. "C'est super top !, lance-t-il à leur encontre. Mais il faut qu'ils fassent plus, qu'ils collaborent et organisent des événements, il n'y a pas assez de concerts ici. Mine de rien, ils ont une mission, celle de mettre en place certaines choses, et de les cadrer. À l'avenir, certains Mahorais pourront vivre de leur art. On est attendus : les Antilles ont eu Admiral T, La Réunion Kaf Malbar…" Pour la représenter, Mayotte pourrait citer Zily, qui atteint de nouveaux sommets de popularité ces derniers temps. "Le son mahorais tourne beaucoup entre Mahorais, déplore Zamil. Mais Zily a le vent en poupe, elle est exemplaire, ouvre des portes, tout mon respect à cette femme. Le fait que tous ces artistes existent signifient que l'art mahorais a lieu d'être."
être quelqu'un d'écolo, je ne fais pas de dépenses inutiles… C'est actuel, je mets en avant ce côté dans un monde hyper matérialiste, mais ce n'est que de la pollution qui nous encombre. Ici les gens vivaient sans. Aujourd'hui, tout le monde est à fond, les gens ne s'intéressent plus à la nature. Quand je vois les gamins d'aujourd'hui, ils veulent aussi avoir de l'argent rapidement, veulent tout, tout de suite, maintenant. On ne nous éduque pas à construire sur le long terme." Une philosophie qui l'écarte tout naturellement du capitalisme prôné par les têtes d'affiche du rap US et français : "J'ai l'impression que tout n'est que copiercoller. J'ai découvert Pop Smoke sur le tard, c'est l'un de ceux
C'est ce genre de développement à l'international que veut L'Équipier, à la faveur d'une coopération à l'international. Son label, Secteur OI productions, compte déjà plusieurs jeunes talents que le rappeur souhaiterait mettre en avant "dans 2-3 ans". Son rêve, créer des combinaisons, des morceaux et des événements entre artistes de Mayotte, Madagascar, La Réunion… Et les Comores. "À la base on était un ensemble, affirme le chanteur. Aujourd'hui Mayotte est française, mais on peut développer son île en étant ouvert aux autres. Ce n'est pas en insultant les autres que ça va marcher. Ça pourrait être une région hyper agréable à vivre où tout le monde s'y retrouverait. Et les artistes ont une part de responsabilité dans l'avenir de nos territoires, un impact. La musique n'a pas de frontières." Celui qui admire l'ouverture d'esprit de Cheikh MC prône aussi celle d'un François Ruffin, journaliste, réalisateur et député de la Somme : "J'aime cette génération de politiques, proches du peuple, écolos. La solution n'est pas de faire la guerre, d'enfoncer l'autre, c'est l'entraide, avancer avec les qualités et les défauts de chacun". n
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3ème âge
DES BA·COCOS PAR MILLIERS De toutes les tranches d'âge mahoraises, celle des personnes âgées ne semble pas être la priorité de l'État et du Département. Si cet état d'esprit peut sembler logique au vu de la proportion extraordinaire de jeunes sur l'île, la gestion du troisième âge est bel et bien une urgence. Confrontée à une absence ou une dévalorisation des allocations sociales, la vieillesse de Mayotte sera de plus en plus nombreuse à l'avenir, rendant le système traditionnel de solidarité intergénérationnelle impossible.
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DOSSIER
Axel Nodinot et Lhaimy Zoubert Ravoay
SOCIÉTÉ
DES EHPAD CONTRE LE VIEILLISSEMENT DE MAYOTTE ?
C'EST UN FAIT, MAYOTTE EST LE PLUS JEUNE DÉPARTEMENT DE FRANCE, ENGENDRANT DES MILLIERS DE NAISSANCES PAR AN. MAIS, ET ALORS QUE LA MASSE DE JEUNES GÉNÉRATIONS DEVIENDRA VIEILLE DANS QUELQUES DÉCENNIES, ON OBSERVE UNE BAISSE CONTINUELLE D'ENFANTS PAR FEMME SUR L'ÎLE. LE SYSTÈME DE SOLIDARITÉ INTERGÉNÉRATIONNELLE FAMILIALE, AMENÉ À PÉRICLITER, EST DONC À REPENSER. ET CECI DÈS MAINTENANT, AU RISQUE DE LAISSER LES FUTURES PERSONNES ÂGÉES DE MAYOTTE VIVOTER DANS DES CONDITIONS INDIGNES.
Voilà maintenant un peu plus d'un an que Tava Colo, doyenne de France durant plusieurs années, nous a quittés à l'âge impressionnant de 118 ans. La "supercentenaire" constitue sans conteste un cas exceptionnel, dans un département qui possède l'espérance de vie la plus basse du pays : 76,3 ans à Mayotte contre 82,4 ans dans l'ensemble de la France. Mais les tendances ont déjà commencé à s'inverser. Si d'aucuns ressassent que le dernier département français est aussi le plus jeune, et que seul 1,7% de la population a plus de 65 ans, l'espérance de vie croît depuis plusieurs années, tout comme la mortalité infantile sur les quelque 10 000 naissances par an que connaît l'île. La population considérable que représentent les 0-20 ans
à Mayotte va ainsi inexorablement vieillir, et constituer une classe d'âge incroyablement nombreuse dans quelques décennies. Le tout est donc de le prévoir, dans la mesure où le nombre d'enfants par femme à Mayotte tend à baisser depuis plusieurs années, même s'il reste encore particulièrement élevé. En effet, les derniers chiffres disponibles notent qu'une femme mahoraise a en moyenne 4,3 enfants, contre seulement 1,8 dans l'ensemble du pays. En 2007, il n'y a que quinze ans, il était de plus de 5 enfants par femme à Mayotte. De plus, "on a de plus en plus d'enfants qui partent à l'extérieur, et des femmes qui sont sur le marché du travail", complète ElMahamoudou Chaib, président de Msanga
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Halima, 72 ans, refuse catégoriquement d'être prise en charge dans un EHPAD.
Mayotte. Cette association, la première du genre sur l'île au lagon, propose une aide aux seniors à travers l'aide à la toilette, l'accompagnement psycho-social, familial, et dans les démarches administratives et médicales. Ainsi, le modèle mahorais de solidarité intergénérationnelle et intrafamiliale s'en trouve menacé. "Je trouve que les conditions de vie des personnes âgées restent encore difficiles, même si le contexte mahorais tend à atténuer les choses, de par la prévalence de la solidarité et les traditions intergénérationnelles qui perdurent. C'est grâce à la culture solidaire mahoraise qu'on a des personnes qui ne sombrent pas."
METTRE SES PARENTS EN EHPAD, "UNE HONTE" Néanmoins, des changements deviennent visibles, alors que nous ne sommes qu'au début d'une phase
de vieillissement de la population. "On commence déjà à voir certaines difficultés qui étaient cachées jusqu'alors : le mal-logement, puisque c'est ce qui frappe en premier lieu, continue El-Mahamoudou Chaib. Beaucoup de personnes âgées vivent dans des endroits inadaptés à leur situation. Mais aussi l'isolement, même quand ils ont de la famille, qui s'absente lors de la journée de travail." Alors, pour éviter d'avoir dans quelques décennies des milliers de cocos et bacocos livrés à eux-mêmes, une réflexion est nécessaire et d'ores et déjà urgente. L'un des axes de celle-ci concerne la création d'établissements spécialisés pour les seniors. Récemment, le groupe SOS Seniors, qui possède 112 établissements dans l'hexagone et accompagne Mlezi Maoré ici, a récemment répondu à un appel à projets concernant la constitution de cinq petites unités de vie, pouvant accueillir entre trois et cinq personnes. "Cela correspond à une petite maison en colocation au sein de laquelle
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DOSSIER
"C'EST GRÂCE À LA CULTURE SOLIDAIRE MAHORAISE QU'ON A DES PERSONNES QUI NE SOMBRENT PAS" nous greffons des services d’aides et de soins à domicile", déclare Maryse Duval, directrice générale du groupe (voir l'entretien ci-après). Si ce genre d'initiative est évidemment louable, ça ne plaît pas à tout le monde. Halima, 72 ans, ne se voit absolument pas dans un établissement spécialisé de type EHPAD (Établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes). "Je ne trouve pas ça normal de mettre un parent en maison de retraite, affirme-t-elle. Pour moi, c’est une honte de faire ça, car c’est à nous de nous occuper de nos parents et non des inconnus. Même si j’étais amenée à mettre un membre de ma famille en maison de retraite, je n’aurai aucune confiance car certains membres du personnel traitent mal les patients. Mais je conçois tout à fait que certaines personnes n’ont pas le choix." Le scandale Orpea aura donc passé les frontières du seul hexagone, même si Halima n'a pas à s'en faire : "Je vis avec ma belle-fille et mon fils, et mes voisins sont là donc je ne me sentais pas seule. Mais il n’y a plus de
complicité et de partage. Maintenant c’est chacun pour soi. Aujourd’hui, la mentalité métropolitaine est beaucoup trop mise en avant et c’est ce qui limite les relations sociales. Chacun reste chez soi et les personnes prennent de moins en moins de nouvelles de leurs proches."
IMAGINER UN SYSTÈME RESPECTUEUX DES TRADITIONS Même son de cloche du côté de Nouria, 68 ans : "Pour moi, ce sont les membres de la famille qui doivent s’occuper des plus vieux. J’ai accueilli mes parents chez moi, c’était dans mes responsabilités de m’occuper d’eux. Ils ont vécu chez moi jusqu'à la fin de leurs jours". Pour la future septuagénaire, "on oublie la culture mahoraise", et les jeunes de l'île "pensent d’abord à eux avant de penser à leurs ainés". Certains de ces jeunes sont néanmoins encore très attachés à la tradition, à l'image de Narma, 16 ans : "Ils se sont occupés de nous quand on était bébés, c'est normal que l'on s'occupe d'eux plus tard". Tout l'enjeu est donc de trouver
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UNE APPLICATION POUR LA SANTÉ DES SE NIORS L'Organisa
une gestion de la future situation qui permette de faire perdurer la solidarité traditionnelle de l'île aux parfums. "Il ne faut pas prendre la même trajectoire qui a été prise sur le plan national, c'est-à-dire de créer des structures pour y mettre des personnes âgées parce qu'il n'y a pas d'alternatives, confirme El-Mahamoudou Chaib. Il faut réfléchir à un modèle respectueux des valeurs mahoraises."
tion mond iale de la santé (OM S) a récem ment lanc l'applicatio é n mobile IC OPE Monit afin d'allég or, er les dém médicales arches des person nes âgées. programm Le e ICOPE (In tegrated ca older peop re for le, soit "Pro gramme de intégrés pou soins r les seniors " en frança a pour but is) de prendre en charge la santé de s personne s âgées sur six points : la mobilit é, la mémo la nutrition ire, , l’état psy chologique la vision et , l’audition. Disponible sur l'App S tore et Goo gle Play, la plateforme permet de gérer les tests de co ntrôle du p atient, et se rendez-vou s s médicau x si son éta nécessite. t le Dans l'idéa l, l'applicati peut ainsi on déceler les troubles de santé avan t qu'il ne so it trop tard .
Le président de l'association Msanga a déjà quelques pistes concernant les structures et dispositifs d'aide à destination des personnes âgées. "Il ne faut pas institutionnaliser ces structures, mais respecter l'autonomie et l'indépendance de la personne, sermonne-t-il. Par exemple, des accueils de jour, le temps que ses enfants reviennent au domicile, ne serait-ce que pour le lien social." Msanda Mayotte a également mis en place des "conseils de vie sociale". La structure invite en fait la personne trois fois par an, afin qu'elle puisse les informer des difficultés vécues, "ce qui fait que l'on a tout de suite la capacité de trouver des réponses concrètes", continue M. Chaib, avant de répéter que "la catégorie des personnes âgées va se développer de manière conséquente au cours des prochaines décennies". Un défi parmi d'autres que les pouvoirs locaux et nationaux, qui axent leurs moyens sur la jeunesse, ont à relever dès à présent. n
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Propos recueillis par R.G
ENTRETIEN
ANTICIPER LE VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION
AVEC 112 ÉTABLISSEMENTS ET SERVICES AUX QUATRE COINS DE LA FRANCE, LE GROUPE SOS SENIORS RÉFLÉCHIT À S’IMPLANTER DANS LES OUTRE-MER. SA DIRECTRICE, MARYSE DUVAL, S’EST RENDUE IL Y A QUELQUES SEMAINES À MAYOTTE EN COMPAGNIE DE MAXIME ZENNOU, LE DIRECTEUR DU GROUPE SOS JEUNESSE, POUR CONNAÎTRE LES DISPOSITIFS D’ACCOMPAGNEMENT DES PERSONNES ÂGÉES. ILS MÈNENT ÉGALEMENT UNE RÉFLEXION AUTOUR DE L’IMPLANTATION D’EHPAD SUR LE TERRITOIRE.
Mayotte Hebdo : Quel état des lieux pouvezvous donner sur la prise en charge et l’accompagnement des personnes âgées dans le 101ème département ? Maryse Duval : Aujourd’hui, la problématique des séniors n’est pas forcément prioritaire à Mayotte, car la population âgée fragile représente 6% des habitants de l’île. Toutefois, il faut savoir se projeter avec l’augmentation du niveau de vie et le réel phénomène du travail des femmes. Cette émancipation professionnelle empêche de pouvoir garder les grands-parents à la maison, qui peuvent connaître des soucis de transfert, de mobilité… S’ils restent dix heures tout seuls, qui va s’en occuper ? Une réflexion est actuellement engagée par le Département sur les services de soins et d’aides à domicile. Mais dans toute réponse logique de parcours
gérontologique et gériatrique, il faut peutêtre envisager d’autres solutions. Il existe déjà les accueillants familiaux, mais ils ne sont pas en capacité de prendre en charge les personnes âgées grabataires. Ce ne sont pas des soignants… M. H. : En plus des cinq futures unités de vie qui doivent voir le jour, une réflexion est actuellement menée par les autorités pour ouvrir une structure médicalisée. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ? Maryse Duval : Nous avons répondu à un appel à projets sur la constitution de cinq petites unités de vie, pouvant accueillir entre trois et cinq personnes. Cela correspond à une petite maison en colocation au sein de laquelle nous greffons des services d’aides et de soins à domicile. Ce qui correspond à une
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Maxime Zennou, directeur du groupe SOS Jeunesse.
Maryse Duval, directrice générale du groupe SOS Seniors.
réponse plus structurée, mais relativement limitée. Ainsi, le Département et l’Agence régionale de santé (ARS) se posent la question à terme de lancer un appel à projets pour un établissement médico-social de type Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) pour répondre à une certaine demande de la population. Mais il faut compter à peu près quatre ans entre son lancement et la remise des clés… Il faut se projeter sur le vieillissement de la population. Ce sont des sujets à la main des institutions. Notre volonté est d’apporter notre expertise de l’accompagnement des séniors, avec l’ancrage territorial et l’assise que représente Mlézi Maoré pour pouvoir structurer ces projets. Nous sommes là pour offrir d’autres alternatives et participer au changement culturel de ces sujets. M. H. : Pour une fois, les autorités compétentes semblent faire preuve d’une certaine anticipation… Maxime Zennou : Les autorités ont conscience des évolutions sociologiques. Ainsi, la question du vieillissement est bien présente dans la réflexion. C’est bien qu’il y ait cette anticipation à travers les groupes de travail déjà formés. Au Département, le directeur du pôle autonomie est lui aussi dans une analyse assez fine des enjeux du territoire. Nous nous sommes accordés, d’un côté comme de l’autre, sur l’idée d’apporter une pluralité de réponses dans les logiques de parcours. Et surtout, il ne faut pas plaquer les modèles métropolitains
d’il y a vingt ans, ce n’est ni envisageable ni souhaitable. Il faut prendre en compte les spécificités de l’île et se projeter dans les approches modernes : la robotique, la télémédecine… Sans oublier l’alimentation, la mobilité, l’animation ! Maryse Duval : Après, le projet d’Ehpad n’est pas encore dans les cartons. C’est plutôt une vision du Département et de l’ARS. Nous commençons à trouver quelques personnes âgées isolées. De facto, des problèmes liés au vieillissement émergent. À terme, la structure médicalisée sera sans doute la solution la plus adaptée. M. H. : Par contre, il va falloir réussir à trouver du personnel compétent dans les domaines du social et du médico-social, qui subissent une crise sans précédent en termes de recrutement… Preuve en est, Mlézi Maoré a actuellement 170 postes vacants… Maxime Zennou : Les compétences ne sont pas toujours à la hauteur des besoins. Il faudrait largement amplifier les volumes d’étudiants stagiaires à nos métiers au sein de l’institut régional du travail social (IRTS). Le dispositif de formation doit suivre les évolutions en termes de développement des politiques publiques. En parallèle de la réflexion sur les équipements nécessaires sur le département, il faut anticiper le recrutement des professionnels de santé de demain.
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DOSSIER
Axel Nodinot et Lhaimy Zoubert Ravoay
ÉCONOMIE
POUR UNE FIN DE VIE ET DES FINANCES DIGNES
SI LES PERSONNES ÂGÉES SE RETROUVENT SANS AUCUN REVENU LORSQU'ELLES N'ONT PAS LA NATIONALITÉ FRANÇAISE, LES RETRAITÉS FRANÇAIS DE MAYOTTE NE SONT PAS BEAUCOUP MIEUX LOTIS. ENTRE DÉVALORISATION DES MINIMA SOCIAUX FRANÇAIS ET ABSENCE DE CERTAINES ALLOCATIONS, LE TROISIÈME ÂGE MAHORAIS SE RETROUVE DANS UNE SITUATION DE SURVIE OU DE DÉPENDANCE VIS-À-VIS DE SA FAMILLE.
Il faut le dire d'emblée : il n'est pas plus difficile pour une coco ou un bacoco de trouver du travail à Mayotte que dans le reste de la France. Cependant, beaucoup moins de personnes âgées ont droit à la retraite qu'en métropole, et le fait qu'environ deux tiers des entreprises mahoraises soient informelles cantonne les travailleurs du troisième âge à de faibles revenus et aux petits boulots. C'est le cas de Mhoma Ali, quinquagénaire du sud de l'île. Faisant renouveler sa carte de séjour depuis 1995, année de son arrivée à Mayotte, le vieil homme n'a désormais pas le droit aux aides, puisqu'il n'a pas la nationalité française. "Dès lors que j’ai eu mes papiers français, j’ai cherché du travail dans n’importe quel domaine, mais en vain, déplore-t-il. J’ai donc toujours été au chômage." Pour vivre, ou plutôt survivre, Mhoma enchaîne les petits boulots pour autrui
: "J’effectue quelques bricoles, retouches de chaussures, des commissions à la campagne. Cela me permet d’avoir juste de quoi manger". Loin d'être le seul dans cette situation, le grand-père du sud pense que "le travail n’a pas d’âge", ce qui devrait conforter notre président de la République dans son idée d'un âge de départ à la retraite repoussé à 65 ans.
MINIMA SOCIAUX, MISÈRE MAXIMUM Bien que Mayotte soit le 101ème département français, les prestations sociales dont bénéficient ses habitants semblent d'un autre pays, au point que les personnes âgées doivent parfois travailler, à l'instar de leurs semblables états-uniens. Au sujet du troisième âge, justement, l'APA (Allocation personnalisée d'autonomie et
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Colloque pour le grand âge organisé en 2007 au Koropa.
ancienne allocation aux personnes âgées) est de 20,12 euros par heure en France, en moyenne. La même allocation à Mayotte – arrivée seulement en 2015 – ne s'élève qu'à 16,92 euros par heure. Même si quelques départements d'hexagone sont encore moins bien lotis, l'île au lagon fait partie du wagon de fin, sans compter que très peu de personnes éligibles bénéficient de ces aides. "Quand on regarde bien, les dispositifs destinés aux personnes âgées peuvent très rapidement se résumer à l'APAet l'ASPA, alors qu'il existe d'autres aides en métropole", déplore El-Mahamoudou Chaib, président de l'association Msanga Mayotte. Il y a déjà quinze ans, en 2007, 70% des retraités mahorais avaient des revenus inférieurs au SMIC, la majorité d'entre eux ne
percevant que la somme ridicule de 300 euros tous les trois mois. "On nous a dit : construisez Mayotte avec la France, vous aurez un avenir meilleur. Cette vie meilleure, qui donc en bénéficie ?", demandait une personne âgée dans les colonnes de Mayotte Hebdo en décembre 2007. "Aujourd'hui, c'est l'argent qui dirige ce monde, déplorait encore Hamada Ali, une quinquagénaire de Barakani. Je gagne 300 euros versés tous les trois mois. Avec les factures, les courses, comment voulez-vous que je vive ?" Même quand les Mahoraises et Mahorais ont droit aux allocations, en effet, "ces minima sociaux ne les aident qu'à survivre", témoigne El-Mahamoudou Chaib. L'acteur associatif ajoute que "ça ne suffit pas lorsque
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Arrivé à Mayotte en 1995, Mhoma Ali n'a jamais pu obtenir de vrai travail.
la personne est seule. Très souvent, elle a des connaissances, des enfants, qui viennent la soutenir financièrement au quotidien". Et, si cette personne a la chance de pouvoir compter sur sa famille, elle se retrouve très vite face à un autre problème : l'entrave de ses proches à son indépendance. "À Mayotte, un senior se retrouve limité dans ses capacités et ses décisions de manière assez précoce, tout simplement parce que les traditions mahoraises ont tendance à surprotéger les personnes âgées", explicite le directeur de Msanga Mayotte.
LES RETRAITES DANS LE VISEUR Du côté des grands débats politiciens, c'est l'âge de départ à la retraite, grand thème des campagnes électorales en 2022, qui semble dicter la ligne de conduite à adopter quant au vieillissement de la population. Il faut dire que ce dernier est préoccupant, du point de vue des cotisations sociales reversées aux retraités. Dans les années 1970 et 1980, le ratio actif-retraité était de plus de 3 actifs pour 1 retraité. Aujourd'hui,
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il n'est plus que d'un 1,75 actif pour 1 retraité. Si l'on suit les projections de l'Insee, qui propose une population de plus de 73 millions de Français en 2060, ce ratio tomberait à 1,25 actif pour 1 retraité à la même échéance. Face à ces chiffres alarmants quoique semblant s'atténuer sur la durée, deux philosophies politiques se font face. La première d'entre elles souhaite repousser l'âge de départ à la retraite pour augmenter le nombre d'actifs, sans tenir compte du chômage. La seconde veut l'avancer, pour mettre les jeunes, plus touchés par le chômage, au travail, sans tenir compte de l'allongement de l'espérance de vie. Sur ce terrain, on pourrait penser que Mayotte se porte bien, puisque, même si les cotisations sociales
sont moins élevées que dans le reste de la France, seules 5647 personnes mahoraises de plus de 60 ans touchaient des prestations sociales en 2019, selon les chiffres de la Caisse de sécurité sociale de Mayotte (CSSM). Ces quelques milliers de bénéficiaires ne représentent que 2,1% de la population. Néanmoins, leur nombre n'était que de 4736 en 2017, et va encore évoluer considérablement dans les prochaines années. La nécessité de mettre un œuvre un véritable schéma départemental de l'autonomie devient donc urgente, sans pour autant y brader la qualité de l'accompagnement de nos aînés. "On est encore très loin d'une prise en charge efficace des personnes âgées, les choses sont abordées de manière trop timide", tranche finalement El-Mahamoudou Chaib. n
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R.G
À SAZILEY, 800 KILOS DE DÉCHETS RAMASSÉS EN 6 MOIS Depuis novembre 2021, l’association Les Naturalistes assure bénévolement la collecte de tous les déchets déposés sur la plage de Saziley. Une initiative qui a permis de ramasser près de 800 kilos de détritus aussi divers que variés, mais qui met en exergue la consommation toujours plus importante de plastique notamment. Le président Michel Charpentier appelle à la mobilisation de tous pour changer les comportements des usagers. Un cordage accroché à un bloc de polystyrène - dont les billes sont facilement ingérables par les animaux marins - par ci, un filet de pêche par là… Voilà le triste constat réalisé par Les Naturalistes sur la plage de Saziley. Depuis six mois, les membres de l’association profitent de leur présence chaque week-end sur le site où ils encadrent l’observation des pontes de tortues pour collecter bénévolement tous les déchets déposés par les marées. “ Un
boulot lourd ”, admet Michel Charpentier, le président, au moment d’annoncer les 773 kilos ramassés, dont pas moins de 513 kilos de plastiques, “ l’ennemi numéro un ”. Et il faut dire que les chiffres détaillés font froid dans le dos : 470 tongs, 1.326 bouchons, 82 briquets ou encore 35 brosses à dents sur le simple mois dernier… “ Nous avons même trouvé une pièce de bois de 8.6 mètres ”, relate l’activiste environnemental. “ Cela devait
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être le balancier d’une pirogue. ” Autre découverte des plus étonnantes ? L’échouage dans la nuit du 5 au 6 novembre de milliers de krills, principale alimentation des baleines par exemple. Autant de détritus triés, mis en sac et transportés par bateau jusqu’aux bacs à ordures de Mutsamoudou, où “ les conditions sanitaires sont plus que douteuses ”.
Des photos peu aguichantes Cette initiative est ainsi l’occasion de répéter une nouvelle fois les conséquences néfastes sur la faune marine (les matières plastiques ont une durée de vie en mer de 500 ans et se fragmentent avec le temps en particules inférieures au micromètre invisibles à l’œil), mais aussi sur le cadre de vie de tous. “ Je n’ai aucun scrupule à montrer ces photos peu aguichantes ”, insiste Michel Carpentier, avant d’évoquer des situations similaires à Charifou et à Dapani, ainsi que dans la descente en direction de la cascade de Soulou et dans la mangrove de Majicavo Koropa ! “ Certaines portions du littoral, à l’aval de villages à forte densité, récoltent à coup sûr une
masse de déchets proportionnellement beaucoup plus importante qu’une plage sans présence humaine en amont. ” Si le président des Naturalistes souhaite continuer son action “ pour avoir des éléments de comparaison dans la durée ”, il invite à une prise de conscience collective de la part des consommateurs, des distributeurs, des organismes de collecte et des décideurs institutionnels. “ Beaucoup d’élus se disent soucieux du développement touristique. Mais pour cela, il faut d’abord s’attaquer à la propreté des plages. Nous pourrions récompenser les collectivités qui se distinguent, nous aurions tout à y gagner ! ” À condition que le préventif prenne peu à peu le pas sur le curatif… “ Il faut faire basculer la consommation vers plus de raisonnabilité. ” En témoignent les quelque 450 tonnes récupérées annuellement dans les bacs de tri et les 37.000 tonnes de déchets ménagers enfouies par le Sidevam. “ La tâche est énorme, il faut une impulsion à la fois départementale et communale ”, martèle Michel Charpentier. Sans quoi, Mayotte risque bel et bien de se transformer en déchetterie à ciel ouvert. n
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LITTÉRATURE
LISEZ MAYOTTE Abdou Salam Baco, Contes inédits de Mayotte, Archives départementales de Mayotte, 2010.
Abdou Salam Baco est né à Mzouazia. Après des études secondaires à Maoré et à la Réunion, il débarque à Saint-Etienne en 1983 pour poursuivre ses études supérieures. Titulaire d’un DEUG d’AES (Administration économique et sociale), il s’oriente vers les sciences économiques. Après avoir préparé un diplôme supérieur de conseil en développement, il entreprend des études doctorales sur l’histoire de Mayotte, qu’il clôt par la soutenance de sa thèse en avril 1993. C’est donc en Docteur ès Histoire Économique qu’il débarque à Mayotte en mai 1993 avec femme et enfant. Abdou S. Baco est l’auteur de trois romans – Brûlante est ma terre, Dans un cri silencieux et Coupeurs de tête – et de deux recueils de nouvelles : La Belle du jour et Cinq femmes. Il est également musicien, fondateur du groupe Mobissa à Mayotte. Il travaille dans le milieu culturel dans son pays.
LÉGENDES HISTORIQUES ET MYTHIQUES AGRÉGÉ DE LETTRES MODERNES ET DOCTEUR EN LITTÉRATURES FRANCOPHONES, CHRISTOPHE COSKER EST L’AUTEUR DE NOMBREUX OUVRAGES DE RÉFÉRENCE SUR LA LITTÉRATURE DE L’ÎLE AUX PARFUMS, NOTAMMENT UNE PETITE HISTOIRE DES LETTRES FRANCOPHONES À MAYOTTE (2015) DONT IL REPREND, APPROFONDIT ET ACTUALISE, DANS CETTE CHRONIQUE LITTÉRAIRE, LA MATIÈRE. Le deuxième volume des Contes inédits de Mayotte (2010) s’intitule “ Légendes ”. Voici comment l’écrivain francophone de Mayotte Abdou Salam Baco le présente : “ La première catégorie est celle des légendes au sens large. Ce sont des récits qui relatent un haut fait de la vie d’une ou plusieurs personnes remarquables. On peut encore distinguer deux variétés de légendes ” (p. 9) La légende apparaît donc comme une matière bifide dont le facteur d’unité est la geste d’un personnage. Examinons donc quels sont les deux types de légendes qu’Abdou Salam Baco identifie dans les contes de Mayotte : “ La première variété est la légende historique : elle est proche de l’histoire, plus concrète et réaliste, surtout quand les événements, relativement récents, ne se prêtent pas à d’excessives déformations, et que le conteur se veut chroniqueur plus qu’artiste. C’est le cas par exemple de la légende de Boina Combo, dernier sultan mahorais chassé du trône par Andrian Souli, et qui a trouvé la mort dans les geôles de Ramanatéka à Mohéli ; ou encore la légende des bwe foro suite à l’arrivée des Occidentaux dans l’île. ” (p. 9) Il existe donc une variété historique de la légende. Dans ce cas, l’intérêt du conte est davantage dans le document que dans le
monument. Abdou Salam Baco donne trois exemples relatifs à l’histoire de Mayotte, la fin du dernier sultan mahorais et la légende des rochers percés du sud de l’île. Dans “ La légende de Mawana Madi ”, ce qui retient surtout notre attention, c’est la lutte entre deux types de pouvoir à Mayotte. Le premier est celui des bantous de l’Afrique de l’Est : “ Autrefois, il y a plusieurs saisons de ça, notre île était un royaume dont l’origine est encore obscure. On sait seulement que le premier M’faloumé (roi) était un chef bantou, venu probablement des côtes est-africaines à une époque lointaine, et qu’il avait choisi de poser son baluchon au nord de l’île, au lieu-dit M’tsamboro. ” (p. 23) Le deuxième type de pouvoir est arabe et le narrateur les présente, avec quelque peu d’ironie, de la façon suivante : “ Puis, venus d’on ne sait quelle contrée, débarquèrent dans l’île des commerçants de race blanche, habillés d’une drôle de manière et qui enroulait un morceau de tissu blanc autour de leur tête. ” (p. 24) Le lecteur remarquera qu’est ici passée sous silence l’origine chirazienne d’immigrés souvent considérés à Mayotte comme prestigieux. De même, la périphrase qui désigne le turban n’est pas vraiment
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flatteuse. La suite de l’histoire raconte le mariage de la fille du roi, “ la belle et pulpeuse Troundra ”, avec le marchand qui prend bientôt le titre de sultan. Les problèmes commencent alors et naît la violence, en particulier lorsque son fils lui succède et qu’il est renversé par Mawana Madi. Ce dernier finit décapité en place publique, fin maudite pour un roi bantou qui doit expirer en mer. Alain-Kamal Martial reprend cette histoire et la met en scène dans une pièce de théâtre intitulée La Rupture de la chair (2004). Quant à la deuxième branche de légendes, elle se présente comme suit : “ La deuxième variété est la légende mythique. Là, le narrateur se considère davantage comme un artiste et ne se prive pas d’user de son imagination pour embellir le récit, surtout si les faits relatés sont très éloignés dans le temps : par exemple, la légende de Mawana Madi qui aurait maudit Mayotte avant de rendre l’âme, exécuté. ” (p. 9) Il existe donc une deuxième variété de légende qualifiée de mythique. En d’autres termes, la matière du conte
est souvent historique, d’une histoire qui se mêle au mythe au fur et à mesure que l’on recule dans le temps. Ipso facto, certaines fables sont mimétiques parce que l’histoire racontée peut être “ vérifiée ” tandis que d’autres sont davantage poétiques, versant dans le mythe et laissant la part belle au talent du conteur. Et nous terminerons cette chronique en citant la malédiction finale de la pièce d’Alain-Kamal Martial : “ Mawana Madi – Moi roi bantou, fils de la lune et de la mer, vous enfants de la terre, écoutez le vent, écoutez la mer. Écoutez ma prophétie, écoutez l’oracle, écoutez le destin dont la bouche se fait ma bouche, écoutez, écoutez la bouche d’un roi bantou. Enfants de Maoré, moi fils de la lune et de la mer, écoutez, écoutez-moi, écoutez ma prophétie : ‘Si mon sang coule sur le sol, si mon sang est avalé par la terre, toujours et à jamais vous vivrez soumis à une autorité étrangère sur votre propre sol, vous serez les damnés de votre propre terre’. ” (p. 101)
Christophe Cosker
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MAGAZINE D’INFORMATION NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros 7, rue Salamani Cavani M’tsapéré BP 60 - 97600 Mamoudzou Tél. : 0269 61 20 04 contact@mayottehebdo.com Directeur de la publication Laurent Canavate canavate.laurent@somapresse.com Directeur de la rédaction Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 38 soldat@mayottehebdo.com Rédacteur en chef Axel Nodinot
# 999
Couverture :
3ème âge : des ba-cocos par milliers
Journalistes Axel Nodinot Romain Guille Raïnat Aliloiffa Lise Gaeta Alexis Duclos Direction artistique Franco di Sangro Graphistes/Maquettistes Olivier Baron, Franco di Sangro Commerciaux Cédric Denaud, Murielle Turlan Comptabilité Catherine Chiggiato comptabilite@somapresse.com Première parution Vendredi 31 mars 2000 ISSN : 1288 - 1716 RCS : n° 9757/2000 N° de Siret : 024 061 970 000 18 N°CPPAP : 0121 I 92960 Site internet www.mayottehebdo.com