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En toute discrétion 92-93, Merci Seppi
Josef Imhof et Jean Tinguely travaillant sur Chaos No. 1, Columbus, Indiana, 1974. © Photo : Leonardo Bezzola.
les coPaiNs d’abord
À bâle, le musée tiNGuely reNd hommaGe À celui qui fut PeNdaNt viNGt aNs l’assistaNt et l’uN des amis les Plus chers de jeaN tiNGuely, josef imhof dit sePPi.
Plus qu’une exposition d’art, Merci Seppi. Un cadeau merveilleux, présentée au Musée Tinguely, est une ode à l’amitié. C’est en 1971, à l’occasion de son monumental projet Crocodrome (qui finalement verra le jour en 1977), que Jean Tinguely poste une offre d’emploi, souhaitant recruter un « soudeur sachant jouer au Jass et conduire une voiture ». Ainsi, une intense relation débutait entre le sculpteur et celui qui lui restera fidèle jusqu’à sa mort. Ensemble, ils ont pensé et réalisé les nombreux projets de l’artiste disparu il y a trente ans. L’un était la tête pensante. Sur des morceaux de cartons, feuilles et serviettes de papier, mouchoirs et nappes, Tinguely formulait le dessin de ses idées. Et, comme le ferait une abeille ouvrière, le second donnait vie aux œuvres.
Si certaines de ces « consignes de travail » sont précises et détaillées, d’autres à l’inverse, semblent avoir été griffonnées en quelques secondes. Seuls les éléments essentiels étaient indiqués par Tinguely. Le temps passant, un simple gribouillis au coin d’une table, et l’homme de l’ombre appréhendait dans toute son intensité les intentions de l’artiste. En un mot, ils se comprenaient, telles les deux faces d’une seule pièce.
Au fil de ces nombreuses années de collaboration, Seppi a méticuleusement conservé pas moins de quatre-cents œuvres papier, dont il a fait don au musée. L’envers du décor. Les croquis, dessins, gravures, collages, aquarelles, affiches se bousculent, tout comme les courriers, lettres, feuillets d’exposition et cartons d’invitation, sur lesquels, parfois, Tinguely ou sa femme, la sculptrice Niki de Saint Phalle, ont apposé des mots destinés à l’artisan. Certains attestent de la relation professionnelle qu’entretenaient les deux hommes. D’autres également font foi de la sincère amitié qui les unissait, à l’image d’un vieux couple qui, parfois, se chamaillait. À partir de ces traces mémorielles, Seppi aime raconter des anecdotes. Derrière un courrier datant de 1978 se cache le récit hilarant d’un vol de fer dans l’entrepôt d’un certain sculpteur, Bernhard Lunginbühl.
Documents d’archives autant qu’objets d’art, tous témoignent d’une tranche de l’œuvre de l’artiste. On y croise les prémices de certains
Jean Tinguely, Lieber Sepi ich danke Dir für “Munchen”, 1976. Donation de Josef Imhof. © 2021 ProLitteris Zurich; Musée Tinguely, Bâle.
de ses projets les plus importants : du Cyclop, réalisé en collaboration avec sa femme, au Klamauk, en passant par son Pit Stop ou la Fontaine Stravinsky. En ce sens, l’exposition se fait autant la rétrospective d’une longue amitié, que d’une collaboration professionnelle et du travail préalable à la réalisation d’une œuvre habituellement inaccessible au public. Pour cette raison, le Musée Tinguely a souhaité dire à Seppi, merci. Merci pour ce « cadeau merveilleux ».
— MERCI SEPPI.
UN CADEAU MERVEILLEUX, exposition du 17 novembre au 13 mars au Musée Tinguely, à Bâle www.tinguely.ch