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Éternel absolu

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ÉPILOGUE

ÉPILOGUE

Le cœur sacrifié sur l’autel de la Raison d’État : c’est tout le propos de Bérénice de Racine, qui résonne encore quatre siècles après sa première représentation en 1670. La tragédienne Anne Delbée étudie et adapte Racine depuis près de cinquante ans ; l’œuvre du dramaturge est pour elle ce que le noir est pour Pierre Soulages : un objet à refaire, à défaire, à questionner sans cesse au fil de la vie. Rappelons tout de même les faits : Titus aime Bérénice mais ne peut l’épouser au risque de perdre son empire, Antiochus aime Bérénice qui l’ignore, Bérénice regagne désespérée sa patrie du bout du monde, laissant derrière elle des cœurs brisés et une histoire universelle et pour toujours actuelle. Pour cette nouvelle mise en scène dans le cadre d’une production de l’Opéra-Théâtre de Metz, Anne Delbée avait un principe : « ni reconstitution hasardeuse ni actualisation désastreuse ». Pour la tragédienne, « il faut jouer avec le temps passé, ce mystère que l’œuvre garde à travers les époques, et ne surtout pas la figer dans des actualisations artificielles ». Ici, tout part d’une scène vide, l’actrice seule en son centre, le monde a pour ainsi dire disparu, seuls le dépouillement et la souffrance accueillent Bérénice dans son Orient désert. À partir de là, tout peut renaître, Bérénice n’a plus d’âge, le temps et l’espace sont abolis : voici Versailles et son Roi Soleil soumis aux mêmes tourments se reflétant dans des miroirs infinis. Bienvenue dans un ailleurs intemporel, celui de la scène.

Par Benjamin Bottemer — BÉRÉNICE, théâtre du 4 au 6 avril à l’Opéra-Théâtre de Metz www.opera.eurometropolemetz.eu

Le trait et le son

La Cité musicale-Metz célèbre l’union entre bande dessinée et musique à l’occasion d’un « temps fort » baptisé Musiques à croquer. Au programme à l’Arsenal, deux concerts dessinés avec des duos de chocs : Cyril Pedrosa, auteur d’œuvres puissantes comme Les Équinoxes ou Sérum, sera aux côtés d’un quatuor mené par la batteuse Anne Paceo, avec le maître de la kora Ablaye Cissoko. Quant au saxophoniste Christophe Panzani, il s’est lancé avec le dessinateur Ludovic Debeurme dans la création de Mers/Mères, où musique et dessin s’influencent mutuellement ; une histoire en construction laissant place à l’instinct et à l’improvisation. L’Orchestre national de Metz Grand Est et le pianiste Florian Noack interpréteront la célèbre musique d’Edvard Grieg créée pour Peer Gynt d’Henrik Ibsen, avec les illustrations de Stéphane Torossian et Giorgia Marras. La Boîte à musiques résonnera des sonorités de la formation électro Zombie Zombie, accompagnée par un trio de chanteuses sur les images hallucinées de Philippe Druillet, monstre sacré de la science-fiction hexagonale. Enfin, ne ratez pas l’exposition aux Trinitaires des planches d’Underground : Grandes Prêtresses du Son et Rockeurs Maudits, le formidable album réalisé par Arnaud Le Gouëfflec et Nicolas Moog.

Par Benjamin Bottemer

MUSIQUES À CROQUER, concerts et exposition du 2 au 13 avril à la Cité musicale-Metz www.citemusicale-metz.fr

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