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CHRONIQUES DE LA MACRONIE GWENDOLINE EN TOURNÉE, LES MEMBRES DU GROUPE COLDWAVE
GWENDOLINE, MICKAËL OLIVETTE ET PIERRE BARRETT, NOUS PARLENT DE LA DRÔLE DE SPIRALE MÉDIATIQUE ET ARTISTIQUE DANS LAQUELLE ILS SONT EMBARQUÉS.
ENTRE RECONNAISSANCE INATTENDUE ET PRÉPARATION DU PROCHAIN ALBUM.
Gwendoline, une énergie stoppée par le Covid ?
En 2020, l’album Après c’est gobelet ! et ensuite, plus rien ?
Pierre Barrett : Ah, non, pas du tout. On a fait le disque et ensuite on est partis bosser. Faire autre chose que de la musique. Moi, j’étais cuisinier et Micka était pion.
Au départ, le projet, c’était vider votre bile ?
P.B. : Au tout début de l’histoire de Gwendoline, ça faisait un an et demi que nous ne nous étions pas revus. On était au bar, on parlait de nos vies et on a abordé la politique. On était au début de la macronie. Ça nous a donné beaucoup de grain à moudre et on avait envie de se foutre de ça. Et puis ensuite, on a eu envie de faire des chansons d’amour sur nos vies [rires]
Mickaël Olivette : C’est venu assez naturellement. On a fait les morceaux un par un et au bout de neuf titres, on les a mis sur Bandcamp…
Et c’est devenu votre album. Musicalement, l’angle est très particulier : post-punk tendance coldwave.
P.B. : Oui, c’est parce que dans ces premiers temps du groupe, on aimait se retrouver dans des cafés qui diffusaient ce genre de musique.
M.O. : Et naturellement, on s’est mis à produire des boucles qui sonnaient coldwave.
Avec vos textes, vous auriez aussi pu faire du rap.
P.B. : C’était l’idée, mais on n’a pas réussi [rires]. J’avais un flow de merde…
M.O. : On ne se sentait pas du tout légitimes avec le rap.
À la sortie de cet album, toute la presse nationale et alternative s’est intéressée à vous. Étrange situation, vous qui vous considérez plutôt comme des outsiders.
M.O. : Au début c’était un peu gênant. Après, on a pris toutes les choses cool.
P.B. : Au début, on n’assumait pas trop. Ça a mis du temps pour qu’on monte sur scène. Il a fallu nous pousser. Le live me semblait aller à l’encontre de notre musique. Je me disais aussi que tout ce qu’on avait ressenti en se revoyant Micka et moi, ce n’était pas sincère. On se disait que ce n’était pas possible, qu’on serait ridicule. On ne savait même pas si on avait envie de défendre ça… On se met à nu, quand même, on raconte pas mal de trucs sur nous. En fait, on veut juste faire de la musique de notre vie ! Et comme tout se passe bien finalement, on prend cette situation en mode « c’est cool ». Ce sont des petits bonus.
Est-ce que ça vous rend la vie plus douce ? Quand on fait attention à vos textes on sourit, mais on a l’impression que vous en bavez.
M.O. : Ça va bien, mais ça allait déjà avant. Gwendoline, c’est uniquement une partie de nous. On a d’autres projets musicaux où on peut jouer de la pop avec des colliers de fleurs et dans celuici, Pierre et moi, nous nous sommes retrouvés sur… ce ton-là. On se marrait quand même quand on préparait le disque. On ne se tailladait pas les veines [rires]
Dans le Monde diplomatique, Pascal Bouaziz de Mendelson et Bruit Noir dit de vous : « Antihéros revendiqués d’une province abattue, les deux chanteurs incroyablement doués tirent le portrait blafard d’un pays malade. » C’est bon, après ça, vous pouvez arrêter de faire des disques.
P.B. : C’est très stylé, d’autant que Bruit Noir est une de nos références.
Votre projet politique, qui est important dans Gwendoline, c’est quoi, il est où ?
M.O. : À gauche, forcément. Mais pas la gauche PS ou PCF. On ne glorifie pas le travail. Je ne sais pas… En fait, on aime bien avoir ce côté « pilier de comptoir » quand on parle de politique dans nos chansons.
P.B. : Humaniste, au bar.
Votre dernière sortie, c’est un 3 titres qui s’appelle Sans contact, tout un programme.
P.B. : C’est vrai que cet EP a une thématique particulière autour de ce monde qui marche sur la tête. Et nous, on regarde ça et on se dit : « Ouh là là, c’est quoi ce truc ? »
L’avenir pour Gwendoline, comme toute bonne faction politique, c’est une autodissolution ?
M.O. : On a fait beaucoup de dates jusqu’à midécembre. On bloque trois mois, dont un pendant lequel on louera une maison pour écrire le deuxième album. On va l’enregistrer avec les mêmes moyens que le premier. Rien que tous les deux. C’est très bien comme ça. On ne va pas intégrer d’autres musiciens à ce moment de création. C’est dictatorial. On va tout faire par nous-mêmes : écrire et mixer. On verra comment il sonnera. Si ça se trouve, il ne nous plaira pas et on arrêtera tout [rires]. Il sortirait à l’automne 2023. On voudrait aussi essayer de jouer à l’étranger cette année.
Vous allez écrire en anglais pour tourner hors des frontières ?
P.B. et M.O. : Ah, non, non… On n’est pas bons en anglais.
P.B. : On voudrait jouer dans les pays limitrophes comme la Belgique ou la Suisse.
De grosses maisons de disques ont dû vous approcher en vue de ce deuxième album. Que leur avez-vous dit ?
P.B. : On ne leur a rien dit [rires].
M.O. : Une major, c’est très gros. On se pose des questions. À quel point on peut conserver notre indépendance, notre liberté de création ? On est en discussion. On verra, on enregistre et on sera en position de force quand on aura le disque dans les mains.
Vos clips aussi sont faits par vous-mêmes. Au téléphone portable.
M.O. : C’est exactement la même idée que le disque où on fait tout par nous, avec peu de moyens. N’importe qui peut le faire. Pour l’album, on avait une carte son, un ordi et même pas d’ampli… gwendoline.bandcamp.com
P.B. : On fait juste comme tout le monde. On filme notre vie, au supermarché, dans les rues, dans les magasins.
M.O. : C’est aussi l’idée qu’on se fout des clips.