The Menlook Tribune #3 (Français)

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PRINTEMPS

#3

ÉTÉ 2013

THE

menlook TRIBUNE

L E J O U R N A L D ES H O M M ES D E S T Y L E ( S ) UN HOMME, UN STYLE

CHARLIE LE MINDU A la fois coiffeur des stars, artiste et créateur de mode, Charlie Le Mindu est notre petit frenchie à Londres. Il nous a ouvert les portes de son appartement dans le quartier branché de Shoreditch. Immersion dans l’univers délirant d’un visionnaire. Page 18

INSPIRATIONS

LE MÂLE DE MER Un shooting mode à Deauville où flegme et hédonisme rythment cette errance. L’histoire d’un Corto Maltese des temps modernes, histoire d’une solitude délectable sur les plages normandes. Une pause hors temps, ponctuée de poésie et de brutalité. Page 20

MODE EN POLITIQUE

LES CONFESSIONS DE

RAMA YADE

Pourquoi le dressing des politiciens est rythmé par la monotonie, le gris, l’uniformité ? Pourquoi l’habit ne fait pas le moine, mais incontestablement le ministre ? Rama Yade nous dit tout, sans langue de bois. Page 34

MOTEUR

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WATCH OUT

1 , 5 0 € - C E T E X E M P L A I R E VO U S ES T O F F E R T PA R M E N LO O K .C O M

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FOOD

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COULISSES

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ÉDITO

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ÉDITO

L’

imprimé, c’est le nouveau moyen de lutter contre la dépression. Un peu de légèreté ! Pourquoi une telle overdose de motifs régressifs dans les dressings ? Pourquoi les gens ont tant besoin d’arborer leurs sweat-shirts peuplés d’animaux ? Pourquoi le retour du camouflage ? Sommesnous des soldats, contre quoi luttons-nous, est-ce pour résister ? Résister contre quoi ? La vie passe et s’obstine à nous rendre ternes. Un pied de nez à la morosité... L’imprimé, c’est le nouveau noir. Alternative mode à la luminothérapie, le fluo apparaît également comme une nécessaire soupape de décompression. Parce que l’existence se doit d’être savoureuse, en 2013 il est vital de voir la vie en rose... fluo. L’habit permet en ces temps de mutation d’afficher son humeur, son enthousiasme. Cette année les tendances ont prouvé que l’imprimé représente l’état d’esprit général. Tantôt bucolique quand le liberty prenait de l’espace, beaucoup plus hésitant lorsque le fluo s’est retrouvé face au pastel, le color-clock a fait des siennes. On ne saurait trancher. Optons pour une liberté totale. En effet, faire « bonne impression » n’a jamais été autant au coeur du débat.

MARC MÉNASÉ FONDATEUR DE MENLOOK.COM

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Président Marc Ménasé

Rédactrice en chef Monia Kashmire

Responsable Communication Chloé Marengo

Rédacteurs Sarah Drenca, Charles Marius Thélu

Directeur de publication Pierre-Etienne Boilard

Traducteur Stéphane Gaboué

-

Editeur Christophe Sengthong

The Menlook Tribune est réalisé par MenInvest : SAS au capital de 1 287 728 € Siret 514 035 534 00023 11, rue Paul Lelong, 75002 Paris, France Tél. 01 76 21 03 31 Dépôt légal à parution.

Directrion artistique et réalisation graphique Julie Pech-Laveau

Imprimé par Rotocayfo Impresia Ibérica, Carretera de Caldes km 3.0, 08130 Santa Perpetua de Mogoda, Barcelone

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SOMMAIRE

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SOMMAIRE Numéro spécial « Mode in France »

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Page 3 Édito, par Marc Ménasé Page 7 News Page 12 Web : Le meilleur de Tribune.Menlook.com Page 14 Saga Carven : Histoire d’une renaissance Page 17 Produit iconique : Les 80 ans du polo Lacoste Page 18 Un homme de style(s) : Charlie Le Mindu Page 20 Shooting mode : Le mâle de mer Page 30 Portrait : Jérémie Elkaïm, un dandylettante Page 34 Femme du moment : Les confessions mode de Rama Yade Page 37 Parfum : L’or vert Page 38 La tribune d’Adam Ikx : Sauvons le cinéma français Page 39 La tribune d’Eric Maggiori : Beckham bouleverse le PSG Page 40 Reportage : Blitz, la mécanique des fluides Page 41 Timefy : À l’heure du minimalisme Page 42 Food : L’art de l’entrecôte-frites Page 44 Dans les coulisses du Crazy Horse

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Page 46 Voyage : Destination Saint-Tropez

40 COLLABORATEURS

ADAM IKX

AXL JANSEN

PAPS TOURÉ

NIKOLA DERRSTROFF

ERIC MAGGIORI

JULIEN COZZOLINO

A 35 ans, Adam Ikx a prêté sa plume à GQ, Première et Studio, et montré sa trogne de cinéphile-alcoolo-bobo sur Canal+ et CinéCinéma. Aujourd’hui, pour The Menlook Tribune, il fait part de son désespoir de la production cinématographique française et soulève les questions qui fâchent.

Né en Allemagne, Axl Jansen étudie la philosophie et le design avant de se lancer dans la photographie de mode. Son travail s’observe à travers les campagnes de Shu Uemura, Christophe Lemaire ou encore Tsumori Chisato. A venir, sa première exposition suivie de son livre.

Enfant du XIX ème arrondissement de Paris, Paps grandit dans une famille ivoirienne et connaît bientôt par cœur les rues du quartier de Danube. Tout bascule dès la première photo, il vit son premier choc émotionnel. Paps est dépassé par l’image qu’il vient de créer, une image qui lui raconte alors la vie, la rue…

Editorialiste subjectif, passé par les Beaux-Arts, Nikola Derrstroff est un spécialiste des tendances. Collectionneur de magazines, art trotter, voix-off pour documentaires animaliers, sa vie est décousue mais sa carrière maîtrisée. Ce sont ses passions pour la mode, l’architecture et l’histoire qui guident cet observateur contemporain au quotidien.

Quand il n’écrit pas des articles pour SO FOOT chez qui il travaille depuis plus de deux ans, Eric Maggiori collectionne les vêtements vintage, des vestes en jean 50’s aux tee-shirts rock en passant par les maillots de foot. Le week-end, il supporte la Lazio, ses cochons d’Inde punks sur les genoux.

Assistant et retoucheur dans un studio, puis photographe diplômé, Julien Cozzolino mélange toutes les techniques acquises durant ses différentes expériences professionnelles et personnelles et puise son inspiration chez les grands maîtres de la photo de mode tels que Helmut Newton, Guy Bourdin, Peter Lindbergh, Patrick Demarchelier...

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NEWS

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LACOSTE L!VE : AMERICAN BOY Le printemps/été de Lacoste L!VE, ligne résolument fraîche créée par Lacoste, est marqué par les voyages au grand air en développant toute une gamme autour du style de vie californien. Baptisée « Beach Burner », la collection fait écho aux skateurs et autres surfeurs qui foulent les grandes avenues de Los Angeles, habillés de tee-shirts et de shorts aux coloris vifs et originaux, à l’image du tie&dye et du violet. Un épicurisme vestimentaire, parsemé de touches hippies et de streetwear qui fera la joie des adeptes de Lacoste L!VE cette saison. - SD

NEWS SURFACE TO AIR x AARON YOUNG UNE COLLABORATION ARTY La saison commence fort pour Surface to Air, qui a fait appel à l’artiste urbain Aaron Young pour concocter des pièces inédites inspirées de ses oeuvres. Sa spécialité ? Peindre des surfaces planes avant de les brûler par le frottement en cercles de pneus de motos. Une pratique controversée qui l’a encouragé à créer trois sweat-shirts et trois tee-shirts masculins pour Surface to Air. Parmi les logos, on retrouve les slogans « Go Home », « Locals Only » ou encore « Go Back to the Valley » en hommage aux critiques. Une rébellion artistique, que l’on adoptera avec joie cette saison. - SD © DR

CUISSE DE GRENOUILLE X MENLOOK Cette saison, la marque Cuisse de Grenouille et Menlook s’associent pour une collaboration qui nous transporte sur les plages de sable fin. Inspirée du look des surfeurs australiens, la collection en édition limitée se compose de deux shorts de bain, l’un beige, l’autre bleu et de deux tee-shirts aux imprimés urbains. On apprécie les finitions sophistiquées, qui se mêlent avec élégance à l’allure citadine. Une collection exclusive, à découvrir seulement sur Menlook.com dès le mois de mai. - SD

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THE STROKES : LE « COME-DOWN »

TRIBU MIANSAI Inspirés du style américain, les bijoux Miansai poursuivent leur ascension dans l’univers de l’homme. Pour cette saison, le créateur Michael Saiger mise sur un esthétisme nautique : noeuds marins, ancres en or en guise de pendentifs, ou hameçons précieux... Des créations classiques et intemporelles qui ponctuent une tenue masculine avec chic. Disponible sur Menlook.com. - SD

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Après deux ans d’absence, The Strokes refont surface en 2013 avec un album inattendu : Comedown Machine. Passé tout près de l’implosion lors de l’enregistrement du dernier opus Angles, le groupe a créé la surprise en sortant un single déroutant, One Way Trigger, aux influences électro-pop. En revanche, le nouvel extrait, All The Time, sonne déjà comme un retour aux sources. Un cinquième album prometteur à découvrir le 25 mars prochain dans les bacs. - SD

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NEWS

HOT DOG LACOSTE L!VE : AMERICAN BOY

L’ÉTÉ CASUAL DE YMC Cette saison, la marque YMC, alias You Must Create, envisage son dressing comme un patchwork, « un pêle-mêle d’idées inspirées par les imprimés des kimonos vintage, par les surfeurs de la côte ouest des 60’s et du casual si typique des années 80 ». Imaginée par Fraser Moss, la silhouette type de YMC cet été apparaît comme détendue sans pour autant omettre une certaine structure. Colorée sans être criarde, la collection est taillée dans des matériaux aussi doux que la soie ou le coton. Une ligne masculine estivale facile à adopter sur le bitume ou sur le sable chaud ! - SD © DR

Le chien, c’est le nouveau chat. Le plus fidèle compagnon de l’homme vole L!VE la vedette aux Le printemps/été de Lacoste est marqué matous en portant les dernières collections par les voyages au grand air en développant detoute vêtements à laautour mode. du Déjà, cette tendance une ligne style de vie califoravait été aperçue à travers la marque United nien. Baptisée «Beach Burner», la collection Bamboo, en scène les surfeurs minets de fait échomettant aux skateurs et autres qui canapé en tenue de ville. Aujourd’hui, lesAngeles, chiens foulent les grandes avenues de Los aussi ont leur mascotteetavec Bodhi, aux un Shiba habillés de tee-shirts de shorts coloris Inu qui se prend pour un bloggueur mode, porvifs et originaux, à l’image du tie&dye et du viotant le béret et le teddy comme personne. ACNE let. Un épicurisme vestimentaire, parsemé de s’est aussihippies inspirée cette tendance, en la pretouches et de streetwear qui fera joie nant comme égéries de sa nouvelle campagne des adeptes de Lacoste L!VE cette saison. shootée par William Wegman, des toutous. Plus virils, plus masculins, plus canins : ce sont nos Lol Dogs du moment. - SD

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UN FESTIVAL, DES FESTIVALS Les festivals, c’est « the place to be » pendant la période estivale. Cette année, trois d’entre eux n’échapperont pas à votre agenda.

©Wegman

- Le Festival de Coachella réunit aussi bien les amateurs de musique indé que les bottes en caoutchouc et les branchés du monde entier. Le concert à ne pas louper en 2013 ? Les Red Hot Chili Peppers. Du 12 au 21 avril, en Californie, Etats-Unis.

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- Le Rock Werchter propose pendant quatre jours une cinquantaine d’artistes qui font la tendance actuelle : Green Day, Rammstein, Blur ou encore Bloc Party. Un melting pot de genres, à découvrir du 4 au 7 juillet 2013 à Werchter, Belgique. - Rock en Seine va faire vibrer la capitale française au son de Phoenix, Paul Kalkbrenner et System of a Down. Une chance pour les fans de ce dernier, puisque le groupe se recompose pour l’occasion. Rendez-vous en juin pour connaître la programmation définitive ! Du 23 au 25 août au parc de Saint-Cloud. - SD © Getty

SIXPACK FRANCE X MENLOOK ESPRIT ANIMAL Première marque de vêtements française à amener le système de collaborations avec des artistes, Sixpack France continue sur sa lancée en orchestrant cette fois-ci une collection exclusive avec Menlook.com. Toujours liés au mouvement du graffiti français, les sweats, tee-shirts et chèches en coton s’habillent d’imprimés animaliers aux teintes sombres pour un look urbain et chic. Une édition limitée à 35 exemplaires par pièce, à découvrir dès le mois d’avril en exclusivité sur Menlook.com. Prix : 45 € le tee-shirt, 99 € le sweat et 29 € le chèche. - SD

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DEAUVILLE : LE CHÂTEAU DES FOUGÈRES Destination estivale par excellence, Deauville nous avait caché l’un de ses trésors : le Château des Fougères. Rénové par les soins du propriétaire, le lieu entouré de verdure propose des chambres d’hôtes à louer tout au long de l’année. Parmi les plus belles, la suite des Planches, avec vue sur la mer et salle de bain luxueuse, à moins que vous ne préfériez le voilier amarré de 12 mètres. Petit déjeuner copieux, décoration authentique et boisée, convivialité : tout est réuni pour passer un week-end inoubliable en bord de mer. Petit plus ? Le prix, à partir de 120 euros en haute-saison pour une chambre tout confort. http://www.chateaudesfougeres.com - SD

© DR


NEWS

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(FIAT)SHONISTA Héritier de Fiat, Lapo Elkann est riche, beau et possède l’audace vestimentaire d’un créateur de mode. Car contrairement à ses collègues, ce dernier ne se cantonne pas au traditionnel costume-cravate noir. Dans son dressing se trouve une collection impressionnante de chemises à fleurs et d’imprimés qui tapent dans la rétine comme un rayon de soleil. On pourrait croire que c’est mal, sauf que non. Car quoi qu’il puisse tenter, Lapo Elkann reste chic. Vous voulez la recette ? Il suffit de se procurer son livre Le Regole del mio Stile, une bible fashion où il raconte entre autre son rapport à la mode et sa vie fortunée. Seul bémol, l’ouvrage n’est disponible qu’en italien. Heureusement, il reste toujours les images. - SD © Getty

(ELE)GANT RUGGER En quelques années, la ligne Gant Rugger (qui appartient à Gant) s’est imposée comme incontournable du vestiaire masculin. Lancée en 1949 par Bernard Gantmacher dans le Lower East Side à New York, la griffe trouve son inspiration dans l’univers du sportswear chic. Polos, teddys aux manches de cuir et baskets en toile rythment les collections au fil des saisons. Une identité forte, qui séduit depuis 40 ans tous les adeptes de l’élégance à l’américaine. - SD

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FLEURISTE OLFACTIF Quoi de plus romantique et raffiné que d’offrir à sa douce un bouquet de fleurs qui sent exactement la même chose que le parfum qu’elle porte ? Né de la collaboration entre la meilleure parfumerie, NOSE, et le plus fameux fleuriste de Paris, Baptiste Fleurs, le bouquet en question a été lancé pour la Saint-Valentin avec deux fragrances bien précises mais s’adaptera en fonction des saisons. Pour cette première série, les maisons diptyque (eau de toilette « L’Ombre dans l’Eau ») et Kilian (eau de parfum « Love, don’t be shy ») se sont prêtées au jeu. Ainsi les bouquets de fleurs réinterprètent les différentes nuances olfactives de ces parfums. Les vrais gentlemen comprendront. - ND Bouquets vendus 125 euros chez NOSE, 20 rue Bachaumont, 75002 Paris

A.P.C. LA FAMILLE S’AGRANDIT ! Pour A.P.C., le succès est au rendez-vous ! La griffe minimaliste et branchée a ouvert courant janvier sa huitième adresse à Paris, dans le Haut Marais. Destinée aussi bien aux hommes qu’aux femmes, la boutique expose les pièces des dernières collections, et puisqu’une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, A.P.C. a également annoncé l’ouverture d’autres magasins à New York. De quoi combler tous les amoureux des parkas et autres jeans aux coupes droites ! - SD

© FX Networks

MEURTRES EN SÉRIE Un esthétisme à la Mad Men et des intrigues version Le Parrain, voilà ce que vous propose la série Magic City, en cours de diffusion aux Etats-Unis. Le nouveau paradis des joueurs se trouve à Miami. Meurtres, prostitution et argent sale au menu, venez dîner au Playa Miramar, l’hôtel où tout se passe…

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American Horror Story est la première série dédiée entièrement à l’horreur. Sa force : changer d’histoire à chaque saison en gardant les mêmes acteurs. Après avoir visité une maison hantée dans la première, et s’être retrouvé dans un asile de fous dans la deuxième, on rejoint la troisième saison qui se situe à notre époque, dans une petite ville du sud des EtatsUnis. Jessica Lange y tiendra le rôle principal et devra fuir les méfaits d’un psychopathe. Moins sombre et plus drôle, cette saison mettra en exergue le pouvoir des femmes. - CMT


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NEWS

MACKLEMORE LE RAPPEUR FRIPIER Quand tous les rappeurs arborent du bling-bling jusqu’au bout des dents, Macklemore, lui, surfe sur la vague du vintage. Mieux encore, il en fait une chanson, Thrift Shop, qui comptabilise plus de 145 millions de vues sur YouTube. Dirigée par le réalisateur Jon Jon Augustavo, la vidéo rend hommage à la fripe : manteaux en fausse fourrure, blousons à franges, chemises imprimées... Pour le rappeur américain et ses compères, porter du vintage, c’est faire un croche-patte à tous les préjugés. 50 Cent avec un béret et des mocassins, on adhère déjà. - SD

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TED BAKER, LES HOMMES FONT LA LOI

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Différencier l’homme du garçon ? C’est l’idée qu’a eu Ted Baker pour la saison printemps/été 2013. Par sa création de foulards dans les poches des vestes et le choix des polos ou shorts brodés de flamants roses, déterminée, la marque britannique a affiché sa volonté de redonner une allure de dandy au mâle qui sommeille en nous. La collection, disponible dans une panoplie de couleurs et d’imprimés, comporte également des chinos, des jacquards d’été, ou encore le pull en laine mérinos pour les longues veillées estivales. Inspirée des techniques de confection anciennes, Ted Baker n’a pas froid aux yeux, par son mélange de couleurs vives et d’imprimés osés. Dynamique, efficace, indispensable, la nouvelle ligne propose une jolie sélection de pièces légères dotées de doublures excentriques. Côté accessoires, le cuir et la toile se succèdent sur des cartables étonnants. La confiance est un état d’esprit chez Ted Baker. Bref, le vestiaire idéal pour parader avec classe cet été ! - SD

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TUMI, UN MOT VALISE L’heure de sortir sa valise a bientôt sonné. Pour voyager chic lors d’un week-end ou d’un grand périple, on mise sur les bagages Tumi, qui s’imposent comme les leaders mondiaux des accessoires pour globe-trotters. Parmi les adeptes, Brad Pitt, David Beckham ou encore Barack Obama, qui ne peuvent plus se passer des pochettes et autres valisettes à roulettes lors de leurs déplacements. Il ne reste plus qu’à choisir notre compagnon de vol, parmi une large gamme de modèles en cuir ou en tissu ! - SD

PANTONE SE MET AU VERT

OBEY : SHEPARD FAIREY, OU L’ART DU TEE-SHIRT

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Adieu Tangerine Tango ! Le nuancier Pantone a élu le vert émeraude comme couleur officielle de l’année. L’entreprise américaine, chargée de sonder l’influence des coloris à travers le monde, est catégorique : en 2013, le vert sera notre meilleur allié. Vu sur les défilés de Jil Sander et Burberry, le vert émeraude se porte aussi bien sur un pantalon que sur des petits imprimés et s’accorde avec toutes les carnations. Une teinte audacieuse et élégante qui nous accompagnera au fil des mois dans notre dressing. De quoi se transformer en un véritable Robin des Bois. - SD

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Lorsque Shepard Fairey n’arpente pas les rues en quête de spots où exprimer son art, il crée des vêtements. Et cette saison, l’artiste a misé sur ses oeuvres pour illustrer sa ligne de tee-shirts. En première ligne, on découvre le modèle « Berlin Tower », issu d’un graffiti qu’il avait effectué il y a deux ans. Toujours aussi graphique, la ligne propose également les célèbres « Obey Propaganda » ou encore l’éternel « Obey » rouge sur fond bleu. Comme moyen d’expression, on ne fait pas mieux ! - SD


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INTERNET

tribune.menlook.com

LE MEILLEUR DU WEB Plus qu’un journal, The Menlook Tribune est aussi un support web. Découvrez 5 articles qu’il ne fallait pas rater sur tribune.menlook.com, car le style s’apprend aussi sur la toile…

SÉLECTION DE BOUGIES PARFUMÉES QUI FONT ‘‘MÂLE’’ Parfumer son intérieur après une soirée pizza autrement qu’avec des bombes aérosols, c’est possible : alliant geste chic et produit raffiné, la bougie parfumée s’invite dans vos maisons pour épater la galerie (et rafraîchir l’air ambiant). Sélection des cires ponctuées de testostérone.

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LES BONNES IDÉES STYLE À PIQUER À L’ARMÉE ? JEAN CLAUDE DUSSE EST-IL UN HIPSTER ?

Armée : ensemble des forces militaires d’un Etat. Le dictionnaire Larousse ne se trompe jamais. Mais sa définition n’est pas complète. L’armée, c’est aussi des hommes, du camo, des sacs, des vestes… Plus qu’un uniforme, une véritable source d’inspiration style.

Moustache saillante, combinaison jaune, port du bonnet négligé, culture du cool, voici les fondements que Jean Claude Dusse nous a livré dans sa grande bonté. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui suivent son enseignement à la lettre. Nous pouvons maintenant l’affirmer : Dieu créa la femme et Michel Blanc créa le hipster.

APPRENDS LE FRANÇAIS AVEC BOOBA !

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Il insulte les grands-mères mais honore la grammaire. Booba, alias Elie Yaffa agit comme un académicien à contre-courant. Une sorte d’Alain Robbe-Grillet mais avec une gouaille du 9.2 et une vision bien à lui des figures de style. Avec Booba, c’est rhétorique ta mère ! Un Zlatan du rap, qui incite la langue française à jouer les contorsionnistes. The Menlook Tribune rend hommage à la plume du bitume.

QUELLE EST LA DIFFERENCE ENTRE CINTRE ET TROP PETIT ?

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Nous les hommes, nous avons franchi une étape mode. Il y a encore peu de temps, nous ne connaissions pas vraiment quelles étaient nos tailles de tee-shirt, de chemises ou encore de pantalons. Mais la révolution est en marche. Il reste cependant une petite interrogation qui nous perturbe et nous plante devant le miroir pendant des heures : « Ma veste, elle est cintrée ou elle est trop petite ? ».

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SAGA

zoom sur

L’HOMME CARVEN UN BOY NEXT DOOR Spontanéité et fraîcheur, tel un phénix, la marque française carven vient de renaître de ses cendres. Un vestiaire homme devenu absolument incontournable. Une histoire de mode. Texte : Nikola Derrstroff

C

s’arracheront. Une marque inévitable. Malheureusement ces multiples contrats de licence entraîneront un lent déclin de la marque, et de multiples reprises subviendront, tout en affaiblissant à chaque fois Carven. Alors que la fondatrice Carmen de Tommaso prend sa retraite en 1993, la licence « Carven Homme » est reprise par le groupe SCM l’année suivante. En 1996, Carven est forcée d’abandonner la haute couture, et le styliste italien Angelo Tarlazzi est nommé directeur artistique. Deux ans plus tard c’est Edward Achour qui le remplace, jusqu’en 2001, date à laquelle Pascal Millet devient le nouveau directeur artistique, et réintègre Carven dans la haute couture. Malgré cela la marque ne parvient pas réellement à remonter la pente. Il a fallu le courage et la détermination de Henri Sebaoun et Marc Sztykman, qui dirigent la holding Béranger, pour qu’en 2008 les choses changent. Les deux associés qui en sont les licenciés masculins depuis 1994, rachètent près de deux tiers des parts de Carven, qui au passage renonce une fois encore à sa participation à la haute couture, préférant se concentrer sur le prêt-à-porter.

arven peut rendre grâce à un homme, Guillaume Henry, 35 ans. Alors qu’il s’occupe avec brio de la femme, le styliste français prend les rênes du vestiaire homme en 2011 et emballe tout le monde dès sa première collection. Carven homme été 2013 est présentée le 21 juin 2012, à Florence, lors du Pitti Uomo, le plus important salon de prêtà-porter masculin. Le créateur entre directement dans le dictionnaire de la mode en face de la définition de « réformateur du chic parisien ». C’est une vraie réussite. Un jour qu’il décrit comme le « plus beau jour de [s]a vie professionnelle ». Guillaume Henry s’applique dès lors à faire de cette maison l’incarnation du style à la française. Carven retrouve ses lettres de noblesse. Ces produits frais et juvéniles peuplent les collections. Le directeur artistique de la marque donnait d’ailleurs cette définition : « Carven, c’est fondamentalement frais. »

DE BELLES ANNÉES AVANT UNE PÉRIODE PLUS DIFFICILE Pourtant Carven revient de loin. Une aventure incroyable. Fondée en 1945, l’âge d’or de la mode, par Carmen de Tommaso, la maison française de prêt-àporter a bénéficié de l’appellation de haute couture jusqu’en 1996. Glorieusement installée sur le prestigieux rondpoint des Champs-Élysées, à Paris, Carven présente dès 1945 sa première collection de haute couture, avec une robe en coton, devenue emblématique, intitulée Ma Griffe. Un succès mondial. Deux parfums (féminin puis masculin) suivront. Forte de son succès, Carven dès 1965, réalisera les uniformes d’une quinzaine de compagnies aériennes, puis habillera notamment les sportifs français lors des Jeux olympiques de Montréal en 1976. Le vestiaire homme dans les années 70 connaîtra de belles heures également, cravates, bijoux, foulards, vêtements, que les dandys de l’époque

CARVEN en 5 dates

UN RETOUR AU TOP

‘‘La maison Carven, c’est un peu le lieu de mémoire de la mode française.’’ Frédéric Mitterrand (ancien ministre de la Culture)

C’est réellement en 2009 que le renouveau arrive avec la nomination de Guillaume Henry, petit génie passé par Givenchy puis Paule Ka, comme directeur artistique. Son challenge : faire de la maison un label de prêtà-porter féminin abordable. Rien d’insurmontable pour le créateur de talent. C’est un succès éblouissant, si bien qu’on le nomme à la tête de la ligne homme. Pour cela il s’inspire des valeurs de la maison Carven : la fraîcheur, l’élégance sans prise de tête, la liberté. Plutôt charme que sophistication. Un homme normal en somme. Guillaume Henry confiait au site Les Echos : « L’homme Carven est charmant, pas apprêté. On le remarque sans violence. C’est quelqu’un à qui on a envie de parler. Je dis parfois que la femme Carven est cette voisine

1945

1965

2009

Création de Carven en mai, par Carmen de Tommaso

Carven réalise les uniformes d’une quinzaine de compagnies aériennes

Guillaume Henry est nommé directeur artistique de la maison

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CARVEN

par jean-paul cauvin

À SHOPPER sur menlook.com

Critique mode Conférencier à l’Atelier - Chardon Savard -

Qui est l’homme Carven ? Jean-Paul Cauvin : C’est un homme jeune qui n’a pas peur de la couleur. Il a une élégance urbaine revisitée avec un accent sport.

Sweat en coton « Madras » 186 €

Qui incarnerait à la perfection Carven homme ?

© DR

que l’on a envie de connaître. Son alter ego, c’est ce voisin que l’on a envie de connaître. » Du choix des matières aux couleurs, en passant par la coupe, Carven est capable de contenter les hommes les plus exigeants tout comme les plus libres dans leur quête vestimentaire. Un vestiaire honnête. Du haut de gamme abordable. Pari réussi. Une réussite telle que la maison présente comme un trophée cette renaissance créative de l’homme. « Comme nous l’avions fait avec la femme, nous repartons à zéro avec l’homme », expliquait le siège.

UNE RENAISSANCE MONDIALE Depuis le somptueux QG de Carven au cœur du quartier chic de Saint-Germain-des-Prés, on se félicite de compter déjà 550 points de vente pour les lignes féminines, 150 pour les collections homme. Un parfum masculin « sentant le propre » et signé par le nez Francis Kurkdjian est prévu pour 2013. Les boutiques fleurissent, bientôt doivent ouvrir à New York, Singapour, Shanghai, Hong Kong et Taïwan, l’image de la marque prospère. Carven a encore de belles années devant elle. L’aventure ne fait que (re)commencer.

JPC : Benoît Magimel sans hésitation. Son physique anguleux, avec ses aspérités, ferait de lui un parfait ambassadeur. On pourrait aussi parler de Robinson Stévenin qui présente des caractéristiques idéales de par son style et sa personnalité.

En quoi Carven représente le style à la française ?

Sweat chiné en coton « Herbier » 149 €

JPC : Carven fait passer l’intellect d’abord. Prendre soin de soi, de son apparence sans pour autant montrer qu’on lui accorde de l’importance. Sa force c’est d’habiller une personnalité sans la masquer.

Lors des beaux jours, à quoi ressemble l’homme Carven ? JPC : L’homme Carven porte un pantalon en toile, feu de plancher ou retroussé sur la cheville, avec un imprimé à petits carreaux. Il a une chemise au col boutonné avec un coupe-vent de couleur flash comme le bleu Klein. Au niveau des chaussures, elles sont bicolores et à lacets, j’imagine aussi des derbies ou des mocassins dont la couleur rappellerait une pièce de la silhouette.

Un conseil style à nos lecteurs ?

Polo en coton « Herbier » 159 €

Mocassins en cuir mat 270 €

JPC : Le costume Carven avec short, même s’il est attrayant, n’est pas encore recommandé au bureau.

2011

2012

Guillaume Henry prend les rênes de la ligne homme de Carven

Guillaume Henry présente sa première collection Carven homme été 2013, à Florence, lors du Pitti Uomo

Porte-clefs en cuir « Bonnet d’âne » 35 €

Retrouvez la dernière collection Carven sur Menlook.com

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PRODUIT ICONIQUE

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radioscopie

CROCODILE DANDY Gabrielle Chanel a introduit le jersey dans la mode. Lacoste l’a démocratisé. Le célèbre polo Lacoste fête cette année ses 80 ans. Un crocodile en guise de sceau, il est l’emblème du chic/cool à la française. Une pièce incontournable du vestiaire masculin au succès international : 12 millions s’en vendent par an. L’occasion de revenir sur l’histoire de cette pièce iconique. Portrait. Texte : Sarah Drenca

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a véritable histoire de la marque débute en 1927, date à laquelle René Lacoste, célèbre joueur de tennis français, hérite d’un surnom aussi redoutable que son jeu : on le baptise « le crocodile ».

A l’époque, le champion porte la traditionnelle chemise blanche et épaisse, de rigueur chez tous les tennismen. Dans sa quête d’une plus grande liberté de mouvement lors des matchs, il lance en 1933 un audacieux polo blanc estampillé d’un crocodile, aux manches courtes et aux boutons de nacre. Du jamais vu sur un court. Arborer un logo sur l’extérieur d’un vêtement est très audacieux dans les années 30, mais la vraie innovation, c’est ce tissu en coton ultra-léger qui permet à la peau de respirer tout en facilitant la fluidité des gestes. En toute simplicité, le polo Lacoste L.12.12 est né. La révolution est en marche, les joueurs de tennis troquent rapidement leurs chemises pour préférer fièrement la nouvelle (et première) création de René Lacoste. A partir des années 50, le polo Lacoste ose la couleur et se décline sur une palette illimitée. Bénéficiant d’une image élégante, il habille les membres du très chic Rotary Club et devient, par la même occasion, la signature vestimentaire des beaux quartiers. Quelques années plus tard, le polo crée la tendance : la rue s’en accapare, les adeptes ne se comptent plus. Etudiants, sportifs, rappeurs et membres de la haute bourgeoisie endossent fièrement leur polo au célèbre reptile. Chapeau, croco.

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Le polo Lacoste, vu par... Felipe Oliveira Baptista, designer, directeur artistique de Lacoste

Thomas Lélu, écrivain, artiste d’art contemporain

Louis-Marie de Castelbajac, acteur/créateur

Blaise Matuidi, footballeur

« J’ai connu la griffe comme beaucoup d’enfants, en portant des polos. Le premier que j’ai reçu en cadeau à 14 ans était bleu marine ; avec le temps il est devenu indigo. C’est un véritable objet de réminiscence que je porte encore parfois en vacances. »

« Je suis tombé sur un vieux short usagé qui arborait le fameux crocodile. Il était vieux, fatigué, et trop grand mais il comportait le fameux logo vert. Je découpais délicatement l’animal puis le reportais sur un polo et pus ainsi m’afficher avec un polo « Lacoste » que jalousèrent longtemps mes camarades de jeu. »

« Je me souviens, très jeune, de vieux polos Lacoste, tous très usés de mon père. Il les portait lorsqu’il faisait de la peinture, la maille était souvent parsemée de traces de feutres et de pigments. Enfant, cela me donnait l’image d’une armure d’été. »

« Mon grand frère était un peu mon modèle. Et comme il avait l’âge de tout expérimenter avant moi, je l’admirais et rêvais de lui ressembler. Moi, jeune adolescent, lui suffisamment âgé pour sortir en boîte, quand il s’habillait, c’était un rite, je l’observais se préparer. Pour les grandes occasions, il mettait ce magnifique polo Lacoste rouge à rayures. Je le trouvais trop classe. »

Thomas Lé

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UN HOMME DE STYLE(S)

immersion

EN APARTÉ AVEC CHARLIE LE MINDU Il est l’homme qui murmurait à l’oreille des cheveux. Le roi du poil également. Charlie Le Mindu est un coiffeur/couturier/artiste contemporain français, de Bordeaux, expatrié à Londres pour le bon plaisir de la communauté mode. Un créateur capillaire d’exception. Il a fait de la Haute Coiffure son credo, il a un salon à Harrods (Londres), bientôt au Ritz (Paris), et tutoie la reine Elizabeth II. Il fait d’ailleurs partie de cette frange de la population arborant le titre de « Sir ». Découverte d’un univers ponctué de clichés Instagram. Texte : Monia Kashmire

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ù est Charlie ? Partout sur le devant de la scène. Evidemment, quand on a Lady Gaga, Lana Del Rey, ou Mylène Farmer comme clientes, et Rossy de Palma comme confidente, on a forcément un univers décoiffant. C’est le cas de ce jeune homme ébouriffant, que The Menlook Tribune a rencontré chez lui dans le quartier branché de Shoreditch.

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INSPIRATIONS © DR

Le réalisateur John Waters m’inspire énormément, j’admire son univers, et j’admire également Frida Kahlo. L’architecture aussi m’influence beaucoup, le futurisme également, comme l’artiste Giacomo Balla. En revanche je ne suis pas la mode, j’aurais trop peur d’être influencé par un autre créateur ou un autre coiffeur, et puis je préfère créer d’abord sans inspiration.

COLLECTIONS Je collectionne les perruques, je suis fan de perruques et d’extensions, pas seulement pour mon travail, c’est aussi une décoration pour mon appartement, ça rend mon intérieur plus joyeux. Je suis un passionné de cheveux et de poils depuis tout petit, c’est pourquoi je collectionne les poupées Barbie d’époque et tout ce qui concerne la chanteuse Cher dont je suis un fan absolu.

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DRESSING J’ai beaucoup de vêtements en cuir, mon style est classique, un petit peu « dark ». J’ai un paquet de pantalons en cuir, beaucoup de pantalons taille haute, mais aussi des costumes simples (pas en cuir, quoique). Par contre, je ne porte pas de vintage. J’aime le sur-mesure, je trouve ça plus chic et unique. Je me différencie comme ça. Aux pieds, en général je choisis George Cox ou Dr. Martens.

© Mari Sarai

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‘‘Je ne suis pas la mode, j’aurais trop peur d’être influencé par un autre créateur ou un autre coiffeur, et puis je préfère créer d’abord sans inspiration.’’ MENLOOK.COM

ACCESSOIRES J’ai beaucoup de lunettes. C’est à Berlin où je vivais que j’ai commencé cette collection, puis j’ai continué à Londres, j’en ai des dizaines, lunettes de vue, lunettes de soleil, elles sont toutes accrochées sur un mur dans mon living room.


UN HOMME DE STYLE(S)

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ENCRE J’ai à peu près une vingtaine de tatouages. Pour moi c’est comme refaire une maison, une fois que l’on commence, on ne peut plus s’arrêter. La chirurgie plastique c’est pareil. En général je ne pense jamais à ce que je vais me faire tatouer. J’aime que ce soit spontané et non réfléchi. Du coup je ne les regrette pas, ils me font tous rire. Comme celui sur ma main,

le pigeon qui dit « Where is my kebab ? ». Le tatouage c’est une manière de s’exprimer facilement. Sur mes paupières j’ai fait écrire « Gypsi King », avec une faute d’orthographe, ce qui me représente très bien. Tout d’abord parce que je ne sais pas écrire sans faute, puis car je me sens nomade depuis tout petit.

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BEAUTÉ

LOCOMOTION

Je porte le même parfum depuis que j’ai 15 ans. C’est Habit Rouge de Guerlain. Il me fait penser à mon grand-père, dont le look m’obsédait, je le trouvais magnifique. J’ai aussi Déclaration d’un Soir, de Cartier, qui était le parfum du meilleur ami de ma mère, qui était gay, et que j’admirais. Ces deux parfums représentent quelque chose pour moi, et j’y suis fidèle. Côté crème, j’utilise uniquement la Midnight Secret de Guerlain, c’est un remède magique pour les lendemains difficiles. Pour mon corps, j’ai suivi un régime pendant 3 ans et j’ai perdu 34 kilos, puis je me suis mis au sport pour entretenir ce changement. Je pense d’ici peu me mettre à la chirurgie plastique car j’aime les physiques extrêmes, ou caricaturaux, comme Thierry Mugler par exemple.

Je me déplace à vélo ou en taxi, ça dépend du temps, je n’aime pas trop les transports en commun, même si le métro parisien a son charme, c’est le seul que je prends. Depuis que je suis petit, j’affirme à ma mère que je ne veux pas passer le permis, que cela ne servirait à rien car un jour j’aurai un chauffeur.

INTÉRIEUR J’habite un loft à Londres, divisé en plusieurs espaces bien distincts, un espace coiffure dans lequel je reçois mes clients, mes amis ou des célébrités. Il y a un espace couture où toute mon équipe travaille sur mes créations, et un autre coin que je considère comme étant mon bureau, mais c’est une vraie pagaille. J’y entame mes créations, des dessins, des recherches... J’ai une équipe composée de sept personnes, qui sont tous les jours chez moi, j’adore ça, je mets un point d’honneur à être entouré de peu de gens. Ainsi je maîtrise davantage le travail de chacun. Je les connais tous bien mieux. Mes meubles sont anciens, j’ai une table en marbre, et j’adore la taxidermie, alors il y a énormément d’animaux empaillés un peu partout.

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ADRESSES

IN THE POCKET

CUISINE

A Paris, j’aime aller au Crazy Horse, chez Michou, à la boutique RA, au Krash Bar, le musée Grevin, et à Londres j’aime le restaurant L’Atelier de Joël Robuchon, le resto Little Bay où pour 14 livres on déguste entrée/plat/dessert. Un régal.

J’ai toujours sur moi mes clefs, mes quatre téléphones mais un seul qui marche, un mascara pour noircir ma moustache et mes sourcils, des préservatifs, de la gomina, un peigne/couteau et une fausse dent en or. Rien de plus. Tout dans mes poches, je n’ai pas de sac.

J’adore cuisiner, mais à Londres c’est difficile à part les œufs et la jelly il n’y a pas grand chose. Je me régale quand je suis à Paris, je deviens fou devant un steak tartare ou un lapin aux pruneaux. En général mon frigo et mes placards sont vides. Je fais beaucoup de soupes, et je ne mange pas trop la journée. Je me contente de quelques tartines de confiture le matin et c’est tout...

Pour sortir, j’adore les soirées KAOS qui ont lieu une fois par mois. Et côté culture, j’aime beaucoup le Victorian and Albert Museum, à Londres.

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Heureux qui, comme Ulysse, a fait un long voyage, le marin une fois le pied sur la terre ferme chasse son vague à l’âme. L’histoire d’un Corto Maltese des temps modernes, histoire d’une solitude délectable sur les plages normandes. Flegme et hédonisme rythment cette errance. Une pause hors temps, ponctuée de poésie et de brutalité. Une dualité omniprésente.


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Ciré jaune « Elka », NORSE PROJECTS Cardigan col châle « Regimental », HACKETT Jean slim brut « Rinsed Washed Eco Spencer », WRANGLER Sac baluchon, RAIN’S Casquette à imprimés graphiques, OBEY Boots sanglées « Forester Dark », BALLY


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Marinière authentique, ARMOR LUX Pantalon chino « Mercer », TOMMY HILFIGER Sac de voyage noir et cuir camel, A.P.C. Bottes « Goëland », AIGLE


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Pull en maille « Buscemi », ACNE Pantalon à motifs dauphins, PAUL & JOE Chaussures bateaux en suede « Nate », TOMMY HILFIGER

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Page gauche Pull en maille « Buscemi », ACNE Pantalon à motifs dauphins, PAUL & JOE Page droite Cardigan col châle, RALPH LAUREN DENIM & SUPPLY Short, CARHARTT Carnet, MOLESKINE Chèche en coton à motif Incas, WOOLRICH Stylo en résine, MONTBLANC Sac en toile « Week-End », POLO RALPH LAUREN Lunettes de vue «People 51 faded grey and cyrstal», SUPER Chaussures bateaux en suede « Ingaro », LACOSTE L!VE


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Page droite Cardigan à carreaux, LE MONT SAINT MICHEL Tee-shirt en lin « Granville », ACNE Short, POLO RALPH LAUREN


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Veste de costume « Gosting », MCQ BY ALEXANDER MCQUEEN Chemise cintrée « Martin », BILLTORNADE Pantalon « Peg », MCQ BY ALEXANDER MCQUEEN Nœud papillon en soie, MENLOOK LABEL Derbies en cuir « Tailors Nero Florida », PAUL SMITH


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Texte & réalisation : Monia Kashmire - Photographe : Axl Jansen - Styliste : Charles Marius Thélu - Assistante-styliste : Sarah Drenca Make-up et Hairstylist : Mounira Boughanem - Production : Mathieu Even et Christophe Sengthong TOUS LES PRODUITS DE CETTE SÉRIE SONT DISPONIBLES SUR WWW.MENLOOK.COM

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PORTRAIT

Chemise blanche «Call Me», DSQUARED Pantalon beige à ceinture contrastée, COMMUNE DE PARIS

© Julien Cozzolino

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PORTRAIT

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rencontre

JÉRÉMIE ELKAÏM, UN DANDYLETTANTE... Do, ré, mi... Jérémie. Son prénom pourrait s’apparenter aux premières notes d’une sonate mélancolique. Une chevelure de héros tourmenté, un regard maquillé par le spleen. Il est un personnage romantique. Un comédien incontournable du cinéma français qui a construit sa carrière, de film en aiguille, en toute discrétion. Texte : Monia Kashmire

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our le printemps il sera à l’affiche du film Un grand départ, vedette qu’il partage avec Pio Marmaï et Eddy Mitchell. L’histoire de deux frères qui font face à la dégénérescence mentale de leur père. Un film drôle, pour un sujet beaucoup plus sombre. D’ailleurs c’est ce qui caractérise Jérémie Elkaïm, une bulle de légèreté et de futilité prisonnière des lois de la gravité. Il a ce côté bulle de champagne. Une ivresse contagieuse que l’on consomme sans modération. « Je suis un profond défenseur de la frivolité, j’aime la légèreté. » Un pansement à son anxiété peut-être ? Jérémie Elkaïm c’est un peu le gendre parfait du cinéma français. On l’imagine volontiers tenir une conversation certes assommante sur les méfaits de la taxe à 75% avec beau-papa, assis dans le salon familial, un dimanche aprèsmidi, Michel Drucker en image de fond, dégustant un café dosette apporté par belle-maman, qui rougit lorsqu’il la complimente sur sa silhouette et sa blanquette de veau. Un boy next door à la française. Un vrai séducteur. Il ne répond jamais directement aux questions. « - Vous avez des frères et soeurs ? - Euh... oui. - Quelle place avez-vous dans la famille ? - Je suis là un peu partout, un peu l’ainé, quelquefois le plus jeune ». Il aime tourner autour du pot. Comme si les conversations devaient être des préliminaires. « J’adore l’imposture dans la vie. L’idée de s’inventer une autre existence. La dernière fois que je me suis pris pour un autre j’ai fait croire que mon père était propriétaire d’une usine de compotes de pommes et que j’étais rentier. C’est une façon comme une autre de séduire, d’ailleurs lorsqu’un rapport de séduction s’installe, j’adore m’y engager ». Une séduction qui s’effectue en toute délicatesse, sa sensibilité féminine étant sa meilleure alliée. « Je suis très attaché à mon côté féminin, j’aime la compagnie des femmes, je ne suis pas trop adepte de ce que l’on appelle l’amitié braguette. Probablement parce que moi-même je suis une femme. » Ses histoires d’amours, il les vit avec les femmes et le cinéma, et certaines fois avec son ex-femme au cinéma. C’est d’ailleurs cette touchante blessure d’amour qui le lie à Valérie Donzelli dans le film La Guerre est déclarée. Un véritable succès du cinéma français de l’année 2011. « Tourner avec Valérie était tout aussi passionnant. C’était un scénario que nous avions écrit ensemble, une histoire que nous avons construite à deux. » Le seul film qui fera la couverture de Libération. Une première. L’année dernière fut riche pour Jérémie. Deux films, applaudis par le public, encensés par la presse : Polisse de Maïwenn et La Guerre est déclarée. Deux films dans lesquels Jérémie se fait diriger par deux femmes proches. Maïwenn, une amie de longue date et Valérie Donzelli, la mère de ses enfants. Deux films forts où il joue tantôt le rôle d’un père qui se bat contre la maladie de son fils, tantôt un policier ingénu fraîchement sorti de l’école de police qui aime s’exprimer avec de grandes phrases. « Maïwenn aimait beaucoup que le policier que j’incarne s’exprime avec des mots compliqués. Elle me disait tout le temps pendant le tournage : dis des mots compliqués ! Même si certaines fois ce personnage pouvait paraître loufoque. Maïwenn aimait la comédie qui se dégageait de cette rhétorique. » Une certaine nonchalance se dégage de ce jeune homme, qui préfère refuser une coupe de champagne pour du thé vert. Alors qu’il lit la composition de l’infusion ayurvédique que nous lui proposons, il nous confie adorer s’adonner à l’oisiveté. « J’aime l’idée de vivre les choses avec une certaine forme de dilettantisme. J’aime vivre la nuit car le rythme est plus lent. » D’ailleurs cet amour pour la flânerie il le cultivera très tôt. Déjà au collège il désertait les cours d’algèbre

© Julien Cozzolino

‘‘J’aime l’idée de vivre les choses avec une certaine forme de dilettantisme. J’aime vivre la nuit car le rythme est plus lent.’’

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INTERVIEW

Veste bleue marine « The Hopshack », GANT RUGGER Chemise blanche «Play Pat», HARTFORD Pantalon Chino corail, WRANGLER

pour traîner dans les cinémathèques, dévorer des classiques comme Mauvais Sang de Leos Carax issu de la collection de VHS de ses parents. Une école buissonnière plutôt cinéphile au final... Tout en fumant une Marlboro, il tire sur son pull A.P.C.. Un look discret pour un goût affirmé. Jérémie préfère le beau à la mode. « J’essaie de m’entourer de beauté. Je ne suis pas un passionné de mode, je suis attaché à ma sobriété indispensable à l’anonymat que j’aime entretenir. » De l’élégance dans le choix de la matière, une exigence dans la coupe. Jérémie est un dandy. Un Lord Byron à la française qui aurait troqué son monocle et son carré de soie contre une paire de baskets et un jean. Du chic urbain qui lui va bien. Son téléphone sonne à plusieurs reprises. Son fils. Nous reprenons donc notre conversation avec une vitesse plus soutenue. Des questions qui s’enchaînent comme dans un speed dating. Des femmes iconiques ? « Marilyn Monroe, Françoise Dorléac... » Qu’est-ce qui vous touche ? « Les cicatrices. » La musique sur votre iPod ? « Les Stranglers, Bob

‘‘Je suis un profond défenseur de la frivolité, j’aime la légèreté.’’ Dylan, David Bowie, M.I.A.. » Votre lieu secret ? « Longtemps je suis allé réfléchir en marchant dans les allées du Louvre. » Votre particularité ? « Je suis insomniaque. » Le plat que vous savez cuisiner ? « Les galettes complètes. » Un voyage ? « Le Japon ! C’est le voyage le moins cher pour aller sur Mars. » Vous et les réseaux sociaux ? « Je n’ai ni profil Facebook, ni compte Twitter. » Une dernière confession ? Il sourit et nous avouera qu’il s’est déjà google-isé et qu’il n’aime pas du tout la photo de sa page Wikipédia...

© Julien Cozzolino

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FEMME DU MOMENT

confessions

RAMA YADE, L’OVNI TENDER... Rama Yade est unique. Elle est un OVNI dans la politique. Elle vous regarde dans les yeux quand elle vous parle. Elle s’exprime franchement sans langue de bois, sans conseiller bienveillant. Elle ne calcule rien. Une femme vraie. On s’envoie des textos pour se fixer une rencontre. Elle est polie. Douce. Signe tous ses SMS d’un « cordialement ». Rendez-vous donné dans un café parisien vers Odéon. Je prends le thé avec Rama Yade. Texte : Monia Kashmire

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e la rassure. Je ne parlerai pas de sa grossesse et je lui demanderai si elle est le père de l’enfant de Rachida Dati. Rama rit. D’ailleurs elle ponctue nombreuses de ses affirmations poignantes d’un sourire irrésistible. Notre commande arrive. Tarte Tatin pour elle, millefeuille pour moi, chocolat chaud pour les deux. Le voussoiement est de rigueur mais les pâtisseries se partagent. Pour la mettre à l’aise, je tente de survoler tous les sujets politiques du moment. Le mariage pour tous ? Elle est pour. La crise de l’UMP ? Liée à un manque de leader. La situation économique française ? Ca la rend pessimiste, mais il faut rassurer les Français et non les terroriser. La fuite de Depardieu ? Cela cristallise un problème plus grand, celui du climat anti-riches qui règne en France selon elle. Rama est une prodige de la politique. Benjamine du gouvernement Sarkozy, elle a suivi un parcours brillant. Hypokhâgne, Sciences Po Paris, une mère professeur de lettres, un père dans la diplomatie, bras droit de Léopold Sédar Senghor. Un précieux héritage et pourtant Rama Yade s’est faite toute seule. C’est une enfant de l’audace. On tourne longtemps autour du pot. Un ange passe, il n’est pas seul, le serveur apporte une deuxième tournée. Je me lance. Ca fait quoi d’être nommée ministre à 30 ans ? Comment avez-vous vécu cette période ? Toujours avec la même franchise, elle se livre. « C’est à la fois une chance et un fardeau. Une chance, car à mon âge j’ai pu croiser des hommes et des femmes formidables comme Condoleezza Rice, Ayaan Hirsi Ali, Íngrid Betancourt, Aung San Suu Kyi... Tu ne peux pas être médiocre après ça. Mais c’était aussi une période dure, car on doit sans cesse se justifier. Certains me voyaient comme si j’avais piqué leur place. » Joli minois, silhouette longiligne, à peine 30 ans... Certains journaux allaient même jusqu’à l’affubler d’un « la Naomi Campbell du gouvernement ». Son parcours, ses prises de risques culottées prouvent le contraire. Rama est une poupée qui dit non. Trop jeune ? Trop belle ? Parachutée par la discrimination positive ? Montrée du doigt. La ministre des Droits de l’Homme se retrouve entre les doigts de l’homme, des hommes, et de la classe politique poussiéreuse restée trop longtemps sclérosée par le système des apparatchiks. On la décrit comme effrontée. Son culot face à Kadhafi avait fait polémique à l’époque. Bien avant la chute du régime. Aujourd’hui son toupet s’interprète plutôt comme du courage. « Kadhafi, nous a accueillis dans un désert, dans une immense tente très luxueuse. Il nous a salués un par un comme une rockstar avec les cheveux bouclés, longs, humides. Costard blanc, un continent africain en plastique noir sur sa poitrine, il s’approche de moi et me dit : « Vous êtes ministre déjà à votre âge ? » Je ris et lui rétorque : « Mais ce n’est pas vous qui avez fait un coup d’Etat ici avant d’avoir 30 ans ? » Première vanne de France. « J’ai découvert que j’étais noire quand j’ai dû entrer dans le gouvernement. Ils étaient obsédés par le fait que je doive représenter une minorité alors que je ne dirigeais aucune association auparavant. Je n’avais pas le droit d’échouer, je devais représenter une partie de la population alors qu’au Quai d’Orsay je représentais la France à l’étranger. »

Elle nous confie la cruauté voire la bêtise de certains journaux qui voulaient voir en Rama Yade, une Rosa Parks. Elle garde un goût amer d’un article qui l’a baptisée « Princesse du Sahel ». « Comme si je débarquais tout droit de la brousse », ironise-t-elle. Wakatépé Baboune. On lui promet qu’on ne titrera pas notre article « La perle noire de la politique » ou « Rama Yade, une Black Panther dans la jungle politique »... On fait de l’humour noir. Ca l’amuse. Elle nous raconte comment être la

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FEMME DU MOMENT

première femme noire du gouvernement n’est pas chose aisée : « Je recevais de nombreuses lettres de femmes noires. Certaines pour m’encourager. D’autres pour me faire la morale sur mon apparence. On vous aime bien Rama Yade mais les tresses ce n’est pas possible ! » Elle essuiera donc les plâtres, facilitant la voie à Christiane Taubira. « A cette époque je recevais beaucoup de lettres à propos de ma coiffure, de mon maquillage ou de mes vêtements. Une fois j’étais invitée à une soirée diplomatique en Asie, je m’y étais rendue, très simplement vêtue, un pantalon noir et une veste. J’ai reçu après cet évènement la lettre d’une dame qui était choquée que je porte un jean ! Même s’il ne s’agissait pas d’un denim, je pris conscience de la force du vêtement. De l’impact de la mode. »

ÉTIQUETTE POLITIQUE À LA RECHERCHE D’UNE ÉTIQUETTE... Rama Yade a trouvé sa nouvelle étiquette politique, elle est vice-présidente de l’UDI, le nouveau parti centriste dirigé par Jean-Louis Borloo, mais elle

Trop compliqué ! Donc pour me constituer un dressing de ministre, je profitais de mes vacances aux Etats-Unis pour faire des emplettes dans les malls le plus anonymement possible. Le plus difficile c’est pendant les soirées officielles, surtout lorsque l’on travaille pour le Quai d’Orsay, nous avons beaucoup de soirées diplomatiques souvent régies par un protocole vestimentaire. Les hommes en costume et les femmes en robe de gala. Je me rappelle de ces moments assez comiques, où tout mon cabinet, composé essentiellement d’hommes, a pris conscience que mon choix de robe de soirée pouvait être politique. La première fois, mon cabinet m’a pris rendez-vous dans une boutique Chanel, rue de l’Elysée. C’était une expérience étrange, car j’entrais pour la première fois dans ce genre de magasin, et la vendeuse soucieuse de trop bien faire a voulu choisir pour moi. Résultat : une robe pas terrible du tout pour une soirée très officielle. Comme personne ne nous conseille concernant le style, on peut souvent frôler l’incident diplomatique, ainsi je me suis rendue en voyage officiel chez la reine d’Angleterre sans chapeau. Une hérésie, m’a-t-on fait comprendre. Nous avons tort de penser qu’en politique, parler mode c’est parler chiffon. Car notre rôle est de porter un message, le vêtement malgré son obligation de sobriété, doit véhiculer le même message que nous. Et pour les femmes politiques, c’est encore plus compliqué, car nous ne voulons pas être résumées à nos vêtements. »

FASHION POLICE L’heure passée, la légèreté prend le dessus. On s’amuse. On gossip. « Fillon c’est incontestablement le ministre qui a le plus de classe. » Le pire ? « Tous ! » Du jean de Cécile Duflot à la « Crocs-roses-gate » de Roselyne Bachelot, tout y passe ! Les mieux habillées ? « La reine Rania de Jordanie et Letizia d’Espagne. Certaines Premières dames d’Asie sont souvent too much, trop de poitrine, trop de maquillage. » Le dressing des politiciens ? « Passe-partout gris. » Manuel Valls, « trop coloré, trop serré ». Hollande, « peut mieux faire ». Sarkozy ? « Même problème que Hollande au début. Ensuite il portait mieux le costume dans la dernière période. Mais la mode c’est une vraie passion pour Sarkozy. Il parle mode, régime, musique, de la finale de The Voice... Sarkozy, indépendamment des conversations politiques, c’est la bonne copine. » Barack Obama ? « La grande classe. Il est servi par son physique, pas du tout mon genre, mais c’est le plus stylé. Le James Bond de la politique. » Merkel, « pas de style ». Cameron, « dommage ». Berlusconi, « no comment ». Omar Bongo, « un look à la gabonaise avec des grosses lunettes de soleil esprit seventies. » Et donc Roselyne Bachelot et Cécile Duflot ? « La première c’est une héritière, protégée et admise par le système donc elle peut prendre des risques. Ses Crocs, une blague potache faite pour amuser la galerie. Et le jean de Duflot, un manifeste écolo, un message politique ! Moi j’aime pas du tout... »

‘‘Nous avons tort de penser qu’en politique, parler mode c’est parler chiffon.’’

est toujours à la recherche de l’étiquette qui habillera son dressing. « Je n’ai jamais réfléchi à mon look lorsque j’étais ministre. Je m’habillais le plus simplement possible, comme si j’allais à un entretien d’embauche. Veste noire, pantalon noir, chemise blanche. Je m’habillais beaucoup chez Zara et H&M, par facilité car j’étais plus affairée à libérer des prisonniers politiques. Mais une fois ministre je ne pouvais plus aller dans ce genre d’enseigne. Certaines fois on m’imposait même un garde du corps pour faire mes courses au Monoprix.

Il reste une dernière bouchée de tarte Tatin que je termine. Après une bataille pour régler l’addition, que je remporte avec l’argument de taille « ça passe en note de frais », nous nous séparons sans bise ni poignée de main. Elle s’éclipse après avoir souri à ma dernière question. « Et la présidence vous y pensez en vous rasant ? »

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BEAUTÉ

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parfums

L’EMPIRE D’ESSENCES Ce printemps, l’orgue des parfumeurs se met au vert. Herbes coupées, bois vert, lavande, violette… Un pantone de notes fraîches pour affirmer sa virilité tout en légèreté. L’effluve fruité se conjugue désormais au masculin. Orange sanguine, figue, citrus, bergamote… L’adage des 5 fruits par jour devient une nouvelle option olfactive. La rédaction de The Menlook Tribune vous a sélectionné le meilleur de l’or vert. In green we trust. Focus. Texte : Nikola Derrstroff

© Anola P.

Eau de parfum Green de Byredo 95 € les 50 ml. - Parfum Figuier Eden, Les Eaux Armani Privé 120 € les 100 ml. - Parfum Bel Respiro de la Collection des Exclusifs de Chanel 120 € les 75 ml Eau de toilette vaporisateur L’Eau du trentre-quatre de diptyque 75 € les 50 ml. - Parfum Candour de Humiecki & Graef 160 € les 100 ml. - Parfum (untitled) de Maison Martin Margiela 80 € les 50 ml.

L’art de se parfumer quand on est un homme

Par Nicolas Cloutier, fondateur de la parfumerie NOSE, à Paris. Temple des parfums de niche, NOSE a également inventé le diagnostic olfactif, personnalisé à chacun.

Comment se parfumer quand on est un homme, et sans « cocoter » ?

Pour le printemps ou l’été donc, que conseillez-vous ?

Avez-vous la technique parfaite pour mettre en valeur son parfum ?

Avant tout il faut trouver sa propre identité odorante. En fonction de son âge, de la saison, et du moment. C’est à dire qu’on ne porte pas la même chose la journée que le soir... Faire attention à son déodorant et ses crèmes, les choisir plutôt sans odeur.

Evidemment des parfums plutôt légers, qui sentent les vacances, le frais. Des agrumes, la violette (avec modération). Il vaut mieux éviter les odeurs dites animales, comme le cuir, l’ambre, les épices, que l’on préfèrera l’hiver.

Viser le « triangle d’or » que dessine une chemise entre-ouverte. Mais éviter l’intérieur des poignets, là où le parfum se mélangera avec la transpiration. Plutôt les avantbras. Aussi le mouchoir que l’on range dans la poche de son veston peut être aspergé. Ou encore se parfumer l’arrière des mollets, pour laisser une trace sur son passage.

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VOITURES LA TRIBUNE DE

Adam ikx

IL FAUT SAUVER LE CINÉMA FRANÇAIS Depuis plusieurs semaines, on ne compte plus les attaques éclaboussant les professionnels du cinéma et leur système. Les affaires Depardieu et Maraval ne sont pas isolées. Le mal est profond. Jusqu’où ira cette indécente mascarade ?

Adam Ikx, journaliste, critique cinéma. Première.fr

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l’instar du soldat Ryan de Spielberg, le cinéma français a besoin d’être secouru. Sans commune mesure avec le vaillant soldat combattant l’ennemi nazi sur les plages normandes, le septième art national traverse pourtant un mal, une crise qui le ronge de l’intérieur. C’est le bilan inéluctable de cette année 2012 qui a vu tous les blockbusters français se ramasser – Sur la piste du Marsupilami, La Vérité si je mens 3 et Astérix et Obélix : Au service de Sa Majesté – et où la plupart des autres films ont perdu des millions. En temps de crise, ça fait tâche au pays des paillettes. Au-delà des chiffres accablants, cette prise de conscience puis la panique qu’elle a engendrée dans les médias de la part même de ses acteurs, coïncide avec l’exil fiscal de Gérard Depardieu. Que ce dernier monstre sacré symbolisant à lui seul le cinéma français ait pu quitter le navire – blasé par la politique de son pays – a totalement traumatisé le métier. L’improbable sortie de Torreton – une lettre ouverte violente, gratuite et injurieuse destinée à Depardieu publiée par Libération – et celles qui ont suivies – la grande Catherine Deneuve se fourvoyant d’un mot dans Le Parisien pour défendre son Gégé – sont des preuves de la tension palpable et de la fragilité d’un système que l’on imaginait jusque-là insubmersible. Après cette affligeante mascarade qui fut le feuilleton le plus suivi de l’hiver – tout en dévoilant le triste envers du décor de l’usine à rêves - le producteur Vincent Maraval s’est emballé fin décembre via une tribune dans Le Monde qui n’épargnait

personne : « Après les films des studios américains, la France détient le record du monde du coût moyen de production : 5,4 millions d’euros, alors que le coût moyen d’un film indépendant américain tourne autour de 3 millions d’euros. Ce coût moyen ne baisse jamais, alors qu’il y a toujours plus de films produits, que le marché de la salle stagne, que la vidéo s’écroule et que les audiences du cinéma à la télévision sont en perpétuel déclin face à la télé-réalité et aux séries. Mais alors, pourquoi s’émouvoir ainsi sur le cas Depardieu ? ». D’autant que pour Maraval, le problème de production est clairement lié aux cachets des stars, faramineux, conséquence des vices d’un système qui voit les films être financés par les chaînes de télé qui exigent de la star populaire à l’écran pour vendre leurs pages de pub à 20h50. Serait-ce alors tout le système qui serait foireux ? Du financement à l’exploitation ? Le CNC (Centre National du Cinéma et de l’image animée) et plusieurs producteurs ont depuis confié que le mécanisme était sain. Naturellement. Mais comment le penser quand Dany Boon touche 3,5 millions d’euros pour Un Plan Parfait qui enregistre seulement 1,2 million de spectateurs ? Comment ne pas être sceptique quand Astérix aux Jeux olympiques coûte presque aussi cher que Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal ? Et si, au-delà du système de financement, le principal problème du cinéma français était plus profond, plus originel : un problème de création ?

‘‘L’improbable sortie de Torreton et celles qui ont suivies sont des preuves de la tension palpable et de la fragilité d’un système que l’on imaginait jusque-là insubmersible.’’

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BEAUTÉ LA TRIBUNE - PARFUMS DE

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eric maggiori

CE QUE L’ARRIVÉE DE BECKHAM VA CHANGER AU PSG Ca y est. David Beckham est un joueur du Paris Saint-Germain. Les supporters n’y croyaient plus. L’an passé, l’ancienne star de Manchester United s’était déjà promise au PSG. Le club avait même commandé des lots de maillots floqués à son nom.

Eric Maggiori, journaliste SO FOOT

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ergiversation, hésitation, attente, refus. Finalement, Becks avait choisi de rester sous le soleil de Californie plutôt que de venir goûter à la grisaille parisienne. On le comprend, allez. Une année passée entre Santa Monica et Melrose, et voilà finalement le Golden Boy qui débarque à Paris. Pour quoi ? Pour jouer, probablement. Pour son expérience, vraisemblablement. Pour faire joli, certainement. Mais une chose est d’ores et déjà certaine : l’arrivée de David Beckham au PSG va bouleverser la donne. Paris, déjà entré dans une nouvelle dimension depuis l’arrivée des dirigeants qataris et de sa pléthore de stars (Zlatan, Thiago Silva, Lavezzi, Pastore), va franchir l’étape supérieure. Car ce n’est pas seulement David Beckham le joueur qui débarque à Paris. C’est aussi Beckham le sex-symbol, ses pubs en slip, ses tatouages, ses chemises en jean, sa réputation. Première mesure prise par les dirigeants parisiens : il faut désormais se faire accréditer par le club pour avoir le droit d’assister aux entraînements du club. Et puis quoi encore ? Bientôt, il faudra aussi une accréditation pour écrire un article sur le PSG ? Ou une décharge signée du Prince Al Thani pour avoir le droit de se siffler une bière sur son canapé pendant un match de l’équipe francilienne ? Science-fiction, foot-fiction. Mais pas autant que cela, en fait. Oui, l’arrivée de Mister Posh chamboule les codes, mais l’impact et les conséquences ne sont pas forcément pas tous néfastes. Déjà, ce sera l’occasion pour certaines personnes dont les routes ne se seraient croisées nulle part ailleurs, de se rencontrer. On imagine déjà la confrontation improbable entre les supporters historiques du PSG, maillot Commodore-Tourtel et

bonnet rouge vissé sur la tête, et les journalistes de Grazia en Louboutin de 12 centimètres, venues voir « David ». Bah oui, ça fait mieux de l’appeler juste par son prénom. Curieusement, elles ne seront pas les seules à s’intéresser au phénomène Beckham. Messieurs, ne prenez pas peur si, lors des prochaines semaines et des prochains mois, Madame demande à regarder un match du PSG avec vous. « Et le petit chauve là, c’est qui ? » / « Ca, c’est Christophe Jallet » / « Il est moins canon que Beckham ». Bref, un véritable phénomène de mode (dans les deux sens du terme), qui a poussé les Guignols à créer sa marionnette et à inventer le verbe « beckhamer ». Je beckhame ta petite amie, tu beckhames bien ce costume trois-pièces, etc. Un coup médiatique à rendre Zlatan Ibrahimovic et sa grande gueule presque anonymes, tiens. Apogée du Beckhamisme à la sauce parisienne, un concert de reformation des Spice Girls (promis, cette fois, c’est le dernier) organisé au

‘‘Messieurs, ne prenez pas peur si, lors des prochaines semaines et des prochains mois, Madame demande à regarder un match du PSG avec vous.’’ Parc des Princes pour fêter le titre de champion de France du PSG. Oui, avec l’arrivée de David Beckham, tout devient possible et envisageable au PSG. Yes, We Ckham.

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REPORTAGE

blitz motorcycles

LA MÉCANIQUE DES FLUIDES Le cliché du motard, épris de vitesse, de performance, n’a pas de raison d’être au contact de Blitz Motorcycles. C’est le style qui y est privilégié. Garage indépendant et résolument vintage, ici on retape de vieilles motos désirables, les épurant et les couplant avec de la technologie moderne. Anciennes et uniques, leurs créations stimulent les foules. A Paris dans un quartier chic, leur atelier est bien planqué. Texte : Nikola Derrstroff

© Paps Touré

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’est du rêve qu’ils vendent les deux mécaniciens esthétiques. Du plaisir qu’ils partagent. Au fin fond d’un banal concessionnaire Yamaha, se trouve leur caverne. Loin des réparations du garagiste lambda, ils créent des motos. Pas de vidange à la demande, pas de service ponctuel, c’est plutôt un atelier de création où fusionnent plusieurs modèles anciens, qu’ils auront chinés. « Les Blitz » (éclair en allemand) sont deux. Deux hommes beaux comme des dieux. Une beauté virile. Leurs mains sont sales, et leurs barbes fournies. Dans cet atelier/loft s’entassent animaux empaillés, flipper 60’s, autour d’un coin salon où ils reçoivent leurs clients. Qui deviennent leurs amis ensuite. Fred Jourden, presque 40 ans, et Hugo Jézégabel, 10 de moins, sont sédentaires la semaine, libres comme l’air le week-end pour un road-trip. Le moteur ronronne comme un chat qu’on caresse. Just Cruisin’. Juste être bien, sur des cylindrées sublimes, entre copains, et rouler. Tranquillement. La vitesse ils s’en moquent, Fred et Hugo privilégient l’art de vivre, la route pour

terrain de jeu. Steve McQueen sur sa BMW dans La Grande Evasion, c’est ça qu’ils gardent en tête. Ils en ont fait leur gagne-pain sur une

remise en question. Fred, brillant directeur de marketing sur internet réalise un jour que son quotidien manque d’un

quelque chose. Faire du concret. Alors il prend des cours du soir, et passe un CAP de mécanique. Puis plaque tout. Son train de vie change,

certes, mais le bonheur vient de pair. Il consacrera ses journées à préparer des motos. Il troque son clavier pour le cambouis. Hugo quant à lui, était

‘‘Leur carnet de commande a déjà un délai d’un an et demi. Comme pour le fameux sac Birkin de Hermès.’’ MENLOOK.COM

paysagiste mais a toujours eu pour passion bidouiller les deux-roues. Alors ils se lancent. En 2011 naît Blitz Motorcycles... Des vieilles BMW, Honda, Kawasaki, Yamaha, HarleyDavidson ou Royal Enfield, toutes passent entre les quatre mains des deux compères. Et les clients affluent. Ils en refusent même. Pour une somme variant entre 13 000 et 15 000 euros, les chanceux peuvent s’offrir un guidon d’exception. A condition d’être patients. Leur carnet de commande a déjà un délai d’un an et demi. Comme pour le fameux sac Birkin de Hermès. En permanence, ils travaillent sur cinq modèles différents, pendant 4 mois environ. Puis les garagistes remettent clé en main leur oeuvre d’art motorisée. Unique. Fred et Hugo ne produisent jamais deux fois la même bécane. Parfaitement dans l’air de la personnalisation. S’opère en temps de crise, un retour aux vraies choses, aux basiques. Les mains sont faites pour créer, l’artisanat retrouve ses lettres de noblesse. Deux artistes.


WATCH OUT

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timefy

A L’HEURE DU MINIMALISME Classique incontournable du design, le style minimaliste s’impose comme la tendance de la saison. Pour suivre le mouvement du cadran sans fioriture, on opte pour l’épurée. Le cadran retrouve alors sa fonction première : celle de donner l’heure, en toute légèreté. Une sobriété élégante et intemporelle, idéale pour les beaux jours. Texte : Sarah Drenca Réalisation : Charles Marius Thélu

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FOOD

plaisir charnel

DE ROUGE ET D’OS Une bonne entrecôte-frites n’est pas un plat comme les autres. 400 grammes de viande rouge, saignante ou bien cuite, grillée, fumante, épaisse et fondante, se dépèce au couteau et se déguste avec plaisir. Succulente accompagnée de frites maison, taillées dans de généreuses pommes de terre, puis trempées dans une sauce béarnaise à se damner, l’entrecôte ne lasse jamais. Quoi de mieux pour se régaler au restaurant, que d’opter pour ce plat incontournable ? Texte : Nikola Derrstroff

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a facilité du choix, de la « food sentimentale », un automatisme presque, pour un risque déception plutôt minime. Le bœuf à la découpe se compose entre autres de bavette, de rumsteck, de queue ou encore de filet mais l’entrecôte en est l’une des pièces maîtresses. La plus connue peut-être. L’entrecôte représente même la France et sa cuisine de bistrot. Escortée de frites, elle se conjugue au masculin, plus qu’un plat c’est un symbole de virilité. Un homme, un spécialiste, a cerné l’entrecôte et ses alléchantes facettes. Hugo Desnoyer, connaît le sujet sur le bout des doigts, c’est un boucher d’excellence. Passionné par son métier, par cet art noble qu’est la boucherie, le Parisien est devenu à force de travail acharné, un référent. Il est tout bonnement la star française de son milieu, le fournisseur des célébrités et des plus grands restaurants de notre capitale. Son « métier charnel », comme il dit, Hugo Desnoyer le raconte dans son second ouvrage Morceaux choisis. Livre de recettes à base de viandes, également livre d’histoire de la chair. The Menlook Tribune a recueilli son précieux savoir. Un plat qui a une histoire, un plat qui se raconte. « D’une part c’est la montée du féminisme et d’autre part l’hégémonie américaine qui ont fait de l’entrecôte-frites le mets synonyme de bonne bouffe. » Dans le passé, la viande de bœuf n’était pas vraiment la préférée des aristocrates, qui préféraient le gros gibier et les volatiles d’élevage, laissant le bœuf aux estomacs des paysans. Pour autant, la viande fut l’aliment emblématique des puissants. « La chair symbolisait la force physique, le pouvoir, la richesse et la puissance sexuelle. » C’est avec les Trente Glorieuses, et l’émancipation des femmes, qui par conséquent eurent de moins en moins de temps à consacrer à la cuisine, que les plats qui mijotaient pendant des heures ont perdu leur monopole. Des mets copieux et réjouissants néanmoins, mais beaucoup plus rapides à préparer ont fait peu à peu leur entrée dans les foyers puis les restaurants. L’entrecôte en fait partie.

‘‘Un véritable label « mets in France ». Un désir carnassier.’’ Entrecôte-frites, un mot valise, à croire que cette pièce de bœuf n’a jamais vécu sans ses amies les frites. Presque impossible de se résoudre à l’accompagner d’autre chose, pourtant au début du siècle dernier, c’est avec un écrasé de pommes de terre et de l’os à moelle que l’on dégustait l’entrecôte. Puis les Américains sont arrivés avec leur culture. Leurs chewing-gums et leurs frites.

bouillons à base de légumes ou juste saisie. A l’inverse aux Etats-Unis, les pièces de viande servies au restaurant sont gargantuesques, 800 grammes par pièce. Elles sont grillées dans des fours. Extrêmement cuite dans certains pays d’Afrique, l’entrecôte peut aussi être marinée dans une base de lactose et servie comme un carpaccio en Belgique. »

Bien entendu, l’entrecôte a connu ses heures de gloire également à l’étranger. « En fonction du pays, elle se cuisine de différentes façons. Au Japon par exemple, la viande est coupée extrêmement finement et cuite dans des

Incontestablement présente dans notre gastronomie contemporaine, l’entrecôte symbolise la France. Un véritable label « mets in France ». Un désir carnassier. Encore faut-il savoir la cuisiner...

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FOOD

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Entrecôte-frites : les astuces du chef Benjamin Darnaud

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la maison, ce n’est pas forcément facile de se préparer une bonne entrecôte-frites. Pièce de premier choix, que l’on cuit seulement quelques minutes, ce serait dommage de la rater. Un cuisinier à la renommée florissante, Benjamin Darnaud, nous donne son approche concrète de l’entrecôte-frites.

© Denis Clémént

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alentueux chef itinérant, chroniqueur culinaire à la télé (10 ans de moins sur Chérie 25), à qui l’on doit les cartes de La Favela Chic et du Wanderlust, ou les livres Recettes en direct et Cuisinier sans restaurant, Benjamin distille ses conseils aux carnivores que nous sommes. Pour moi tout est dans le choix de la viande, j’aime la viande d’Aubrac, et il faut qu’elle soit bien rouge. Je choisis une belle entrecôte, de 300 grammes minimum, sinon aucun intérêt. Mon secret, avant de commencer la cuisson, je fais griller des grains de poivre sur une poêle, avant de les remettre dans le moulin. Comme des grains de café. Ensuite je fais chauffer ma poêle, vraiment

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très chaude, avec un peu de gros sel et du poivre moulu, et j’y jette mon entrecôte. Je cuis la viande 5 minutes de chaque côté, puis je l’enlève. Je la couvre avec de l’aluminium et je la laisse reposer quelques minutes, car le sang est parti vers le cœur avec la chaleur, donc j’attends qu’il revienne. Puis je la grille à nouveau sur la poêle, mais beaucoup moins longtemps, juste un passage, et je peux enfin la déguster. Pour les frites, il faut aller à la facilité, sel et poivre, jamais les cuire dans l’huile d’olive, mais choisir des pommes de terre de saison. C’est la seule obligation. Enfin, j’accompagne tout ça d’une sauce à base d’huile d’olive, de coriandre, d’ail, d’un jus de citron. Un délice.


COULISSES

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crazy horse

NUE PROPRIÉTÉ Le Crazy Horse a ouvert la porte habituellement close de ses backstages, en exclusivité pour The Menlook Tribune. Dans les coulisses, avec les plus belles filles de Paris. Texte : Monia Kashmire

© Antoine Poupel

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n corps et encore, le Crazy Horse, ses jeux de jambes, ses ombres pudiques, ses perruques graphiques, ses cambrures étourdissantes, alimentent le mythe de cette institution parisienne. Un cabaret fantasmé, temple de l’érotisme à la française où se sont dévêtues de nombreuses personnalités, aux noms qui se chuchotent comme une caresse : Lova Moor, Dita Von Teese, Arielle Dombasle, Pamela Anderson, Clotilde Courau. Divas, princesses, meneuses de revue, peu importe

l’étiquette tant qu’il y a l’ivresse. Sur scène se succède une brigade d’effeuilleuses seulement vêtues d’une paire de Louboutin, pas chassés, contorsion mesurée, le corps vacille et l’âme divague. Un enchaînement de tableaux en toile de Jouy. La lumière s’enorgueillit d’être la seule à pouvoir les effleurer de si près. Une fessée de faisceaux. Lascives, les danseuses et leur galbe intimident, à en faire rougir le velours de la salle. Le choc des tétons. On ne sait plus à quel sein se vouer...

‘‘La lumière s’enorgueillit d’être la seule à pouvoir les effleurer de si près.’’

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COULISSES

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© Paps Touré

© Vlada Krassilnikova

© Paps Touré

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VOYAGE

destination

DO YOU, DO YOU SAINT-TROPEZ ? On la croyait surfaite, la ville de Saint-Tropez a su nous prouver le contraire. Depuis 3 ans, elle est à nouveau la destination en vogue, la maison Chanel lui offrait la vedette en organisant son défilé croisière… La Madrague se retrouve sous le soleil exactement. Tour d’horizon des bonnes adresses de la cité légendaire. Texte : Sarah Drenca

SE REPOSER

MANGER ET BOIRE

QUE FAIRE : Se ressourcer au Pan Deï, qui dispose d’une salle de massages, d’un hammam et de suites luxueuses avec jardins privés dans un style Bollywood.

QUE FAIRE : Savourer des raviolis aux truffes et des fruttini (fruits givrés) chez Cristina Saulini. OÙ ? 13, rue des Feniers, 83990 Saint-Tropez / Tel : 04 94 97 46 10

OÙ ? 52, rue Gambetta, 83990 Saint-Tropez / Tel : 04 94 17 71 71

QUE FAIRE : Goûter à la cuisine bistrot de Chez Fuchs avec sa superbe galette de pommes de terre et céleri.

QUE FAIRE : Déguster un petitdéjeuner authentique avec vue sur la mer accompagnée de confiture de pastèque maison à la Ferme d’Augustin.

OÙ ? 7, rue des Commerçants, 83990 Saint-Tropez / Tel : 04 94 97 01 25

OÙ ? Route de Tahiti, 83350 Ramatuelle Tel : 04 94 55 97 00

QUE FAIRE : Une pause au café Sénéquier pour déguster une tarte tropézienne et une coupe de champagne à l’heure du goûter.

QUE FAIRE : Profiter d’un moment de luxe 5 étoiles au Byblos et s’offrir un massage à quatre mains.

OÙ ? Quai Jean Jaurès, 83990 Saint-Tropez / Tel : 04 94 97 35 93

OÙ ? Avenue Paul Signac, 83990 Saint-Tropez / Tel : 04 94 56 68 00

QUE FAIRE : Goûter aux parfums de la glace artisanale dont celle au Kinder Bueno chez Barbarac, en bord de mer.

QUE FAIRE ? Se mettre au calme au Sezz Saint-Tropez, un hôtel 5 étoiles ultra confidentiel (37 chambres). Réalisé par deux talents audacieux, le designer et architecte d’intérieur Christophe Millet et le paysagiste Christophe Ponceau. Un lieu unique avec un spa avant-gardiste avec check-up énergétique à l’arrivée, cours de yoga…

OÙ ? 2, rue du Général-Allard, 83990 Saint-Tropez / Tel : 04 94 97 67 83 QUE FAIRE : Siroter un cocktail Saint-Tropez Sparkle sur des transats entourés de stars au Nikki Beach. OÙ ? Route de l’Épi 83350 Ramatuelle / Tel : 04 94 79 82 04

OÙ ? Hôtel Sezz Saint-Tropez (5 étoiles) 151 Route des Salins, 83 990 Saint-Tropez / Tel : 04 94 55 31 55

SHOPPING

SORTIR

QUE FAIRE : Rapporter une paire de sandales tropéziennes de chez Rondini, les pieds de Picasso y sont passés. OÙ ? 18, rue Georges Clemenceau, 83990 Saint-Tropez Tel : 04 94 97 19 55

QUE FAIRE : S’aventurer à la Cabane Bambou, un petit bout de paradis à Pampelonne. OÙ ? Plage de Pampelonne, route de Bonne Terrasse, 83350 Ramatuelle Tel : 04 94 79 84 13

QUE FAIRE : Jouer aux dénicheurs de tendances chez Battaglia, le magasin phare des stylistes, qui propose une sélection de griffes pointues. OÙ ? Traverse de la Garonne 83990 Saint-Tropez / Tel : 04 94 97 05 94

QUE FAIRE : Se rendre à l’Azur Park dans le Golfe de Saint-Tropez, pour faire le plein de sensations fortes grâce au siège à éjection ! OÙ ? Carrefour de la Foux, 83580 Gassin QUE FAIRE : Sortir jusqu’au bout de la nuit aux Caves du Roy pour y croiser la crème des célébrités. OÙ ? Avenue Paul Signac, 83990 Saint-Tropez / Tel : 04 94 56 68 00

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