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4- Le patrimoine culturel

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4- Analyse urbaine

4- Analyse urbaine

La notion du patrimoine culturel englobe les aspects matériels et immatériels du patrimoine, elle est définie comme « un ensemble de ressources héritées du passé que des personnes considèrent, par-delà

le régime de propriété des biens, comme un reflet et une expression de leurs valeurs, croyances, savoirs

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et traditions en continuelle évolution » 16(Greffe, 2009). Le patrimoine culturel regroupe tous les aspects de l’environnement, la conjonction interactive du temps entre les personnes et lieux.

4.1- Le patrimoine immatériel

Bien que fragile, le patrimoine culturel immatériel est un facteur important du maintien de la diversité culturelle face à la mondialisation croissante. Avoir une idée du patrimoine culturel immatériel de différentes communautés est utile au dialogue interculturel et encourage le respect d’autres modes de vie.

Au-delà du patrimoine culturel matériel qui révèle des capacités intellectuelles de l’être humain, sa capacité à matérialiser œuvres et bâtis, le patrimoine culturel comprend aussi une expression immatérielle qui renvoie selon L’UNESCO aux « pratiques, représentations et expressions, les connaissances et savoir-

faire que les communautés et les groupes et, dans certains cas, les individus, reconnaissent comme partie

intégrante de leur patrimoine culturel »17 . Le patrimoine immatériel dit aussi « patrimoine culturel vivant », se transmet se crée de générations en générations par les communautés et les groupes d’un milieu donné. Cet héritage à caractère dynamique et fluide, apporte un sentiment d’appartenance et d’identité aux communautés et forge une relation fusionnelle entre l’homme, son milieu et ses ancêtres. Selon L’UNESCO, Le patrimoine culturel vivant englobe « les traditions et expressions orales, y compris la

langue en tant que véhicule pour le patrimoine culturel immatériel ; les arts du spectacle ; les pratiques sociales, rituels et événements festifs ; les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers [et] les savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel »18

Le patrimoine immatériel présente quelques caractéristiques qui nous permet de mieux l’appréhender :

 Traditionnel, contemporain et vivant à la fois : le patrimoine immatériel se base non seulement sur la transmission de l’héritage traditionnel uniquement, mais aussi les pratiques rurales et urbaines contemporaines de diverses collectivités culturelles et sociales, d’où son appellation : patrimoine culturel vivant.

 Inclusif : le patrimoine immatériel s’oppose à toute pensée d’exclusion, elle prend en considération la transmission intergénérationnelle comme facteur contribuable a la procuration d’un sentiment d’identité. Ce qui importe c’est que toutes ces pratiques soient considérées comme héritage qui continue à se transmettre de génération en génération reliant passé, présent et futur dans le cadre d’une cohésion sociale, d’un sentiment d’appartenance et de responsabilité aidant l’individu à se sentir inclu dans une communauté et dans la société au sens large.

16 La charte humanitaire du patrimoine et les status, greffe 2009 article2, universalité et diversité 17 Le patrimoine culturel immateriel, disponible en ligne sur https://whc.unesco.org/fr/glossaire/86 18 https://ich.unesco.org/fr/qu-est-ce-que-le-patrimoine-culturel-immateriel-00003

 Représentatif : bien qu’il soit apprécié pour sa valeur culturelle exclusive et exceptionnelle, le patrimoine culturel immatériel évolue dans d’enracinement des communautés qui sont responsables de la succession des traditions, des coutumes et du savoir-faire.  Fondé sur les communautés : les communautés, les groupes et les individus sont des acteurs ultimes dans la création de leurs propres pratiques, l’entretien et la transmission de leurs savoir-faire. Personne d’autres n’est apte à décider ni à valider qu’une certaine expression ou pratique fait partie de leur patrimoine.

4.2- Le patrimoine matériel

Le patrimoine matériel englobe les édifices et les paysages ou plus précisément les biens qui font partie du patrimoine culturel et naturel. « Le patrimoine dit « matériel » est surtout constitué des paysages

construits, de l'architecture et de l'urbanisme, des sites archéologiques et géologiques, de certains aménagements de l'espace agricole ou forestier, d'objets d'art et mobilier, du patrimoine industriel

(outils, instruments, machines, bâti, etc.). »19

19 https://fr.wikipedia.org/wiki/Patrimoine_culturel

Dans un environnement où le temps, l’espace et l’histoire divergent et prennent des directions différentes, l’Homme désarmé de tous ses moyens se trouve perdu face un monde globalisé et superficiel qui croyait le contrôler et y régner.

En effet, Loin de l’idée que la technologie et l’esprit cartésien allait le libérer de ses contraintes, le citoyen ne semble plus trouver ses marques au sein d’une société individualiste, englouti dans une architecture et une urbanité oppressante qui évoluent à pleine vitesse et qui se manifestent à travers des constructions excessives où le développement durable et l’échelle humaine sont loin d’être respecté. L’Homme emprisonné à vivre dans un environnement toxique et incontrôlable, démontre les failles de la surmodernité, l’envie de construire davantage sans prendre le temps d’observer ni de réfléchir. L’accélération est l’une des caractéristiques de ce monde surmoderne, l’architecture nait et se concrétise à une grande vitesse, l’image des villes devient de plus en plus méconnaissable créant une rupture avec le citoyen qui habite de nouveaux lieux auxquels il n’a plus le temps de s’habituer. L’existence de ces lieux qui détenaient auparavant une certaine magie, une aura hors du commun, un esprit divin et protecteur auquel l’Homme croyait et vénérait, semble être de courte durée.

Aujourd’hui, certains lieux ont vu leurs esprits s’éteindre et devenir des « non-lieux », des lieux n’ayant plus de sens ni symboles ni d’histoire, des lieux où personne n’arrive plus à s’identifier. Des lieux qui ne sont que le produit de la surmodernité, de l’abus de l’excès d’une croissance qui a mené à un chaos touchant les dimensions socio-économiques, environnementales etc...

Face à ce monde qui avance sans pour autant considérer le lieu comme un espace habité, riche en sens et valeurs à celui qui l’occupe, il est important de revenir aux premiers principes qui relient l’homme et son espace, de revoir cette symbiose qui existait jadis et les potentialités du lieu et son génie qui faisaient de ce dernier un espace distinct comme la ville de La Goulette.

Faire renaitre son génie d’autrefois est une nécessité aujourd’hui pour que l’histoire de cette ville puisse continuer à l’honorer. L’esprit de La Goulette ne peut renaitre sans replonger les pensées et les souvenirs, les sentiments et les valeurs que les citoyens partageaient. La mémoire collective des Goulettois est la clé d’une nouvelle aire qui met en valeur l’héritage culturel d’une ville dans lequel le sentiment d’appartenance était assez forgé et solide pour que cette ville puisse être totalement abandonnée. L’idée d’aborder la notion du génie du lieu n’est pas de refaire vivre le même génie du lieu car cela ne peut être possible. De génération en génération, les temps changent ainsi que le contexte dans lequel l’esprit du lieu est inscrit. Plus le temps passe, plus le lieu reste le même se dégrade mais l’esprit semble être effacé. Ainsi sur la base de l’ancienne Goulette, on va tenter de redonner le gout et l’esprit de cette ville et aider l’occupant de l’espace à s’identifier, et s’orienter de nouveau dans le contexte actuel.

En mettant à la lumière du jour l’héritage culturel de La Goulette, on pourra d’un côté éclairer l’occupant qui a tendance à négliger ou ignorer le trésor culturel de sa ville et d’un autre côté de renouer avec un sentiment d’appartenance avec les anciens Goulettois tristes et nostalgiques qui essaient tant bien que mal de se rattacher à ce qui reste de La Goulette d’autrefois. C’est à travers leurs souvenirs qu’ils arrivent actuellement à se trouver une place dans ce lieu méconnaissable. N’allant pas l’encontre de leurs mémoire, l’idée est donc de réconcilier à ce Goulettois a ce lieu qui est en perpétuel changement. Se nourrir de leur mémoire collective serait donc la clé de création d’un esprit d’une Goulette aussi authentique et symbolique, dans lequel chaque individu pourra trouver sa place dans un lieu paisible qui répond à ses besoins.

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