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ART ’ELLIGENCE ART & AI
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MONOKROME NUMÉRO 04 JANVIER / FÉVRIER / MARS 2020 DIRECTEUR DE LA PUBLICATION | Idris FELFOUL RÉDACTRICE EN CHEF
| -Yara-Rim MENIA
SECRÉTAIRE DE RÉDACTION
| Hikma OUTTAS
ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO | Nour TAIEB EZZRAIMI | Zhor BENSEDDIK I Manel DRARENI | Amir GUERMI | Fariza CHEMAKH
© Photo de couverture | ADAM MARTINAKIS
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MONOKROME Magazine 2020
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ÉDITO
« ART’ELLIGENCE | ART & AI » Dans la perspective de modernité que porte Monokrome, nous allons traiter de la thématique « ART’ELLIGENCE », un essai pour dresser un profil artistique divers des réalités que nous vivons vis-à-vis d’une tentation, intelligemment artificielle, qui continue de nous surprendre à l’aube de la nouvelle décennie. Nous allons exposer une chronologie du développement technologique et de ses conséquences sur la création, ainsi que les interrelations et les corrélations entre l’art et l’intelligence artificielle et leurs chemins d’influence, afin de répondre à une question majeure: « l’intelligence artificielle dans le domaine artistique: Bonus ou Malus ? ». Alors que l’intelligence artificielle vit pleinement son momentum, qu’en est-il du continuum de l’Art au grand A ? Bienvenue dans notre siècle !
-Yara-Rim MENIA Rédactrice en chef
SOMMAIRE NUMÉRO 04- JANVIER / FÉVRIER / MARS 2020
INTRODUCTION 08 ART & INTELLIGENCE ARTIFICIELLE | UN ÉTAT D’ART
PARLONS TECHNIQUES ! 12 LE BIM ! C’EST QUOI AU JUSTE ? 16 WEB ET TIC EN ALGÉRIE | ALGERIA 2.0
ART’ELLIGENCE 18 UN PARFUM DU FUTUR | INTELLIGENCE ARTIFICIELLE ET LITTÉRATURE 20 REMBRANDT | DU CLAIR-OBSCUR A L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE 22 SCÉNOGRAPHIE | LA MAGIE DES ARTS DU SPECTACLE
INTERVIEWS 26 ADAM MARTINAKIS | UNE EXPÉRIENCE SCULPTURALE A L’ERE DIGITALE 34 BRELLIAS | A LA DÉCOUVERTE DU MONDE VIOLET 38 UN VOYAGE ARTIFICIEL ? TEMOIGNAGE D’AL BAYAZIN
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ART & INTELLIGENCE UN ÉTAT D’ART Nassim MOUSSAOUI
Faut-il donner une date de naissance à tout le monde ? Probablement que oui ! L’intelligence artificielle ou AI, à prononcer en anglais s’il vous plait, est née il y a plus de 60 ans, mais sa date de naissance présumée remonte aux années quarante, voir même, les années trente.
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ujourd’hui, de nombreux systèmes d’informations dotés de microprocesseurs de plus en plus puissants sont en mesure de traiter des informations à la fois nombreuses et complexes. De nouveaux termes s’immiscent dans notre quotidien, justes ou galvaudés, voire interprétés, et cela, sans que l’on sache les définir précisément; intelligence artificielle, digital, numérique, Big Data, etc. L’intelligence artificielle et ses nouvelles applications s’installent sur nos outils informatiques, nos téléphones entre autres, à savoir: traducteurs automatiques, reconnaissance faciale et vocale, simulateurs de vols ou robots intelligents deviennent des outils communs à tout un chacun. « L’innovation est l’un des marqueurs de l’intelligence, car elle permet d’aller au-delà de ce qu’on pense possible » - Luc Julia
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ARTIFICIELLE
L’une des formes les plus puissantes de l’intelligence artificielle qui est le Big Data est capable et nous n’en sommes qu’au début, de trier, analyser et restituer des résultats et des informations sur des durées de plus en plus courtes, sur des données de plus en plus pointues, et des domaines s’étalant sur tous les aspects de notre quotidien; réserver un restaurant, un hôtel ou un vol, ou bien commander un véhicule avec chauffeur et se faire livrer des plats. Il faut l’avouer, Eliza et Prolog ont très certainement créé, dans leur continuité, une progéniture bien plus avancée. «Écoutez bien, jeune homme : le bureau sans papier et l’intelligence artificielle. Voilà l’avenir ! » Le Lauréat- film de 1967 Admettons-le ! L’intelligence artificielle est l’une des nôtres ! Mais qu’en est-il du domaine de l’art ? Le développement de l’intelligence artificielle la mène à transformer les illustres artistes de ce monde, que cela soit en musique, en peinture, ou en arts numériques, peu importe l’outil car de nombreuses oeuvres sont aujourd’hui fraîches et rafraîchies, tandis que d’autres, inédites, partent sous forme de modèles génératifs. FAISONS LE TOUR !
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DOSSIER
LE BIM ! C’EST QUOI AU JUSTE ? Manel DRARENI | Fadia LOKBANI
Dès le début de l’ère informatique en 1962, le concept du BIM se voit cité dans les articles de l’ingénieur informaticien Douglas C. Son intégration dans le secteur de la construction s’est également faite très tôt, en 1957, avec la création de PRONTO; premier logiciel commercial de fabrication assistée par ordinateur (FAO). Depuis, nous comptons plus d’une vingtaine de programmes tels que ARCHICAD (1987) et REVIT (2000). Il est important de savoir que cette technologie n’est pas le fruit d’une seule personne mais de plusieurs scientifiques et ingénieurs, tous domaines confondus, provenant des Etats-Unis, d’Europe Centrale et du Nord et allant jusqu’au Japon. Sans plus attendre, nous allons faire un bond en avant pour comprendre le concept du BIM. Le BIM, c’est quoi au juste ?
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ISSUE 04 DOSSIER: LE BIM
PARLONS TECHNIQUES !
ET BIM ! Comme un film de Steven Spielberg, l’intelligence artificielle a eu du mal à avoir sa place au début de son apparition, mais, elle a tout de même réussi à s’imposer pour devenir l’outil incontournable dans le monde du bâtiment. Mais qu’est-ce donc cette technologie et comment a-t-elle contribué à l’évolution et au développement de l’industrie du bâtiment ?
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érôme Naulet explique dans Pro Bim Pacifique que « [...] le marché de l’architecture, de l’ingénierie et de la construction est en pleine mutation, livrer des projets de grandes qualités, concevoir des bâtiments et ouvrages plus performants doivent s’appuyer sur une méthodologie et un processus fort, collaboratif et efficace d’où l’intérêt se porte de nos jours sur le BIM ou le Building Information Modeling. Le BIM est un Processus intelligent s’appuyant sur une maquette numérique qui connecte les professionnels de la filière afin qu’ils puissent concevoir, construire et gérer des bâtiments et infrastructures de manière plus efficace… ».
© TimJ
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Selon le site «letsbuild.com», le BIM a suivi la chronologie suivante : 1957 — Pronto, premier logiciel commercial de fabrication assistée par ordinateur (FAO). 1963 — Sketchpad, CAO doté d’une interface d’utilisateur graphique. 1975 — Système de Description du Bâtiment (BDS). 1977 — Langage graphique pour un Design Interactif (GLIDE). 1982— 2D CAO. 1984 — Radar CH. 1985 — Vectorworks. 1986 — Really Universal Computer-Aided Production System (RUCAPS). 1987 — ArchiCAD. 1988 — Pro/ENGINEER. 1992 — Modélisation des Informations du Bâtiment comme désignation officielle. 1993 — Conseiller en Conception des bâtiments. 1994 — miniCAD. 1995 — Format de fichier Industry Foundation Class (IFC). 1997 — Equipe de travail d’ArchiCAD. 1999 — Onuma. 2000 — Revit. 2001 — NavisWorks. 2002 — Autodesk rachète Revit. 2003 — Generative Components. 2004 — Mise à jour de Revit 6. 2006 — Projet Numérique. 2007 — Autodesk rachète NavisWorks. 2008 — Parametricist Manifesto. 2012 — Formit. Ce processus a de nombreux avantages notamment l’aspect de collaboration entre les différents intervenants du domaine du bâtiment. Il permet aux architectes, ingénieurs et entreprises de construction de collaborer à travers des modèles coordonnés, donnant à chacun de meilleures informations sur la qualité de leur travail dans le contexte global du projet en temps réel. Un autre point important du BIM, est la possibilité de création de modèles 3D intelligents et renseignés qui intègrent des informations comprenant des caractéristiques et propriétés physiques et fonctionnelles des matériaux et des éléments qui composent le bâtiment ou l’ouvrage d’autant plus qu’il apporte des informations critiques sur la constructibilité du projet améliorant ainsi l’efficacité de la phase chantier. Et qu’en est-il du Bim au sein d’une agence d’architecture ? En ce qui concerne la mise en place du BIM dans une agence d’architecture, ceci nécessite tout d’abord la possession du logiciel BIM puis l’organisation d’une formation pour l’effectif de l’agence; les former et lancer un projet pilote en se faisant accompagner sur les premiers six mois afin d’inscrire l’agence dans un vecteur de compétitivité et de positionnement stratégique à l’échelle internationale. Il est important, par contre, d’éviter de s’isoler dans un projet BIM et de penser qu’une auto-formation serait suffisante. En bref, le BIM est une décision qui doit être prise au sérieux au sein d’une agence d’architecture car elle nécessite un investissement en terme de temps, de matériel et du personnel pour assurer une mise en oeuvre efficace de cette technologie. Il est aussi important d’intégrer l’éducation BIM dans les écoles d’architecture et chez les professionnels du domaine de la construction pour garantir une meilleure compréhension et ainsi accélérer les processus dans les agences d’architecture.
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ISSUE 04 DOSSIER: LE BIM
Pixabay_pexels Le BIM est devenu indispensable dans le monde du bâtiment, il ne cesse de développer ses logiciels et ses programmes pour un meilleur rendement du projet architectural sur tous les niveaux. Cette technologie permet de synthétiser les tâches du processus de conception et de construction, elle est en perpétuel développement et oblige les professionnels du bâtiments à se mettre-à-jour pour pouvoir faire face aux défis d’aujourd’hui et anticiper les challenges de demain.
LE BIM, ÉVOLU OU RÉVOLU? 2019, L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE SAUVE LE BIM Nous avons appris précédemment que le BIM n’a jamais cessé d’évoluer et continue de se développer grâce aux avancées de la technologie. Cependant, il existe quelques problèmes soulevés par son actuelle utilisation et cité par Hexabim, qui est la plateforme des professionnels du BIM, comme suit; «l’hétérogénéité des maquettes est un frein considérable au traitement de la data et aux différentes automatisations rendues possibles par le BIM. Par ailleurs, l’humain et le manque d’informations altèrent la fiabilité des supports transmis. Malheureusement, tout cela entraîne des modélisations approximatives, un manque de précision des calculs de surfaces et de ratios, l’utilisation de différentes terminologies pour désigner un même objet dans la maquette, la pluralité des langues utilisées, etc». Aujourd’hui, certains hubs d’innovation comme le hub français NOVALIEN créé par BTP Consultants pour le secteur de la construction, font accélérer les choses en intégrant l’intelligence artificielle dans le secteur. Ces derniers affirment avoir trouver la solution pour améliorer le BIM à travers l’intelligence artificielle. Mais avant, une question se pose: Pourquoi l’Intelligence Artificielle ?
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crédit image : BTP consultants Tout d’abord, nous savons tous, ou du moins nous avons une idée de ce que pourrait signifier l’intelligence artificielle. Rien que l’expression, nous soumet à la compréhension suivante: l’intelligence artificielle est une intelligence qui n’émane pas directement d’un humain mais plutôt d’un élément qu’un humain a créé, un élément virtuel ou un robot? En termes plus précis, nous définissons l’intelligence artificielle comme étant l’étude, les concepts et les technologies qui nous permettent de créer des machines capables de faire preuve d’intelligence. Avec le temps, toutes ces études ont convergé sur le fait que l’intelligence artificielle est un des principaux facteurs de transformation numérique de la majorité des secteurs et plus précisément celui de la construction. Avec l’augmentation des besoins de productivité, nous nécessitons plus que jamais une exactitude dans les résultats de nos bâtiments et la performance de nos bâtiments sur tous les points. Pour répondre à ce besoin si pressant et important, les ingénieurs et les scientifiques ont mis au point un système nommé MACHINE LEARNING; de la pure intelligence artificielle qui entre en jeu pour calculer automatiquement des surfaces afin de gagner du temps et avoir des ratios fiables. Son impact se ressent dans la réalisation des projets ainsi que les aspects de faisabilité et de rentabilité.
crédit image : Hexabim
Nous retenons alors que les avantages de l’intégration de l’intelligence artificielle dans le BIM révolutionnera tous nos systèmes d’exploitation de données vers un avenir basé sur l’intelligence, le gain de temps, la simplicité d’utilisation, ainsi que la réduction du coût et le gaspillage des matériaux. Ce dernier persuadera l’adoption du système par tous pour une construction plus efficace et surtout plus propre.
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PARLONS TECHNIQUES !
WEB ET TIC EN ALGÉRIE , ALGERIA 2.0 Insaf Maissa MESSAOUDI
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a révolution numérique et technologique procure aujourd’hui son lot de changements et de transformations dans le monde. Il est question notamment de l’informatique, de l’Internet, de la radiotélévision et des télécommunications. Il s’agit des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Les TIC rassemblent l’ensemble des outils, services et techniques utilisés pour la création, l’enregistrement, le traitement et la transmission des méthodes utilisées fréquemment pour faciliter les communications et le partage des donnés. L’information, vu son impact étendu, est aujourd’hui LE POUVOIR. Dans cette perspective, la contribution des TIC dans le développement de l’Afrique est remarquable ces derniers temps; la résolution des problématiques existantes dans le continent se fait d’une manière progressive
afin d’augmenter la productivité et la capacité de révolution et d’innovation, d’exciter la capacité individuelle d’un citoyen à acquérir et à maintenir les compétences nécessaires pour trouver ou conserver un emploi, s’adapter à de nouvelles formes de travail et il en va de même pour la création des emplois dans l’intention d’améliorer la qualité de vie des populations africaines. Et en raison de l’importance croissante des TIC dans le monde et notamment en Afrique, l’Algérie a réalisé de nouveaux progrès dans le domaine et est classée à la 76ème place au niveau mondial en matière d’adoption des TIC, gagnant, en une année, 7 places dans ce classement après avoir décroché la 83ème place en 2018. Dans le cadre du développement de la technologie de l’information, l’Algérie organise le Salon Algeria 2.0 dédié aux professionnels des TIC; un événement destiné au large public avec un accès gratuit, dans l’intention d’améliorer et d’acquérir plus d’informations en matière de nouvelles technologies et de mettre celles-ci en évidence et à la portée du plus grand nombre des citoyens venant des quatre coins du pays pour pouvoir y assister et bénéficier d’une expérience riche en connaissances approfondies. La première édition a été réalisée en 2012 et depuis, l’événement est devenu annuel en ayant pour but de rassembler les acteurs et spécialistes internationaux des technologies de l’information et du web, et de les mettre en contact avec les participants dans une atmosphère d’échanges croisés, dans le but de perfectionner également les secteurs
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de l’éducation, de l’enseignement, de la recherche et de l’Industrie concernant ce domaine, de faire également de la promotion et la diffusion à l’échelle nationale une occasion idéale de réflexion et de partage pour du réseautage et d’en apprendre davantage sur l’intelligence artificielle, l’Arduino, la cyber-security, la création et le développement d’une communauté web, et du marketing digital. «C’est l’événement web qui nous reste le plus populaire en Algérie et qu’il ne faut pas rater. Le contenu est riche surtout de ces deux dernières années, car nous avons réussi à avoir le cercle de développeurs Facebook comme sponsor. En tant que formateur, on est en contact direct avec les participants et on est toujours à leur disposition, on retrouve ainsi des jeunes et même des personnes âgées qui viennent s’informer sur le numérique et sur les nouvelles technologies. On essaie à notre tour de leur créer un environnement convivial d’échange et de partage sans protocoles» confirma Mr. TEKKOUR Iheb Yacine, un passionné par le web et les TIC qui a eu le privilège de participer en tant que formateur pendant deux éditions successives, et qui est le directeur général de DIGITALEX; une entreprise spécialisée dans le digital et les solutions géomarketing et de développement web et mobile.
Dans la même perspective, Mr. LEULMI Karim affirma: «J’ai participé à Algeria 2.0 dans les éditions 2017 et 2018, ce fût un honneur et un plaisir d’offrir pendant l’événement des ateliers et des conférences pour des jeunes assoiffés de savoir. C’est un des évènements que je considère le plus, grâce à sa mission de vulgarisation des TIC. Je recommande à tous d’y aller». Il est l’une des personnes les plus actives dans la vulgarisation digitale à travers YouTube, Facebook et le blogging avec une expérience de 17 ans combinée entre IT et marketing digital afin d’aboutir à la réalisation de plusieurs projets de des services sous forme de conseils, formations et assistance à la maîtrise d’ouvrage.
Cette expérience était tout de même bénéfique pour non seulement les formateurs et les participants mais également pour ceux qui ont été des ambassadeurs de ALGERIA 2.0, y compris Ines HELLAL, âgée de 24 ans, étudiante diplômée en langue et culture anglaise qui confirma de sa part: «J’ai été choisi pour être une ambassadrice de Algeria 2.0 pour la deuxième fois. Malheureusement, je n’ai pas pu assister la première fois mais cette année j’ai pu le faire. Je ne peux remercier assez le grand leader qui est le chef de projet de tout le programme, Mr. Karim EMBAREK, pour son aide. Il nous a enseigné le véritable sens du leadership. A un certain moment durant l’événement, j’ai pris une décision en étant certaine qu’elle va complètement changer ma vie pour le mieux. J’ai décidé d’être mon propre patron, une vraie leader, un exemple à suivre. J’ai décidé donc d’être le projet de moi-même. Mon expérience fut inoubliable et instructive sur tous les plans et pas seulement dans le domaine des TIC et du web». Les TIC représentent un véritable changement pour notre société, en ce sens qu’elles permettent particulièrement de s’instruire, s’informer, se divertir, ou de communiquer dans de meilleures conditions en éliminant toute notion de distance et de barrière. Le salon Algeria 2.0, dédié aux professionnels des TIC a mis en place une plateforme de partenariat et de création d’entreprise dans le but de renforcer l’esprit des startups et des nouvelles technologies prometteuses pour le développement socioéconomique qui remettra l’Algérie en haut de l’échelle.
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ART’ELLIGENCE
UN PARFUM DU FUTUR
INTELLIGENCE ARTIFICIELLE ET LITTÉRATURE Amir GUERMI
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uand nous parlons de l’Intelligence Artificielle, nous avons rapidement en tête les films de science fiction, un phénomène qui raconte un monde imaginaire ou futuriste, lié d’une manière ou d’une autre au récit littéraire, mais l’intelligence artificielle a pu dépasser l’imaginaire venant s’installer petit à petit dans notre quotidien, car en effet, nous pouvons constater de plus en plus d’entreprises avoir recours à l’intelligence artificielle pour gérer des données plus ou moins importantes de notre quotidien. Longtemps dans les récits de science fiction, l’intelligence artificielle a été perçue comme un fantasme mais aussi comme une menace pouvant dépasser l’homme et qui chercherait après ça à l’éliminer. Dans cette configuration, nous allons nous attarder sur ce que les auteurs ont à raconter. Principalement, l’écrivain peint de son imaginaire l’être humain modifié artificiellement, ou vivant avec des machines qui pensent. Ce regard décalé qui se veut futuriste, peut être une utopie pour certains, et une dystopie pour d’autres. Ces histoires de mutants et de post-homo sapiens peuvent êtres des hommes cherchant à prolonger leur vie ou à devenir immortels comme nous pouvons le lire dans «la vérité sur le cas Mr Valdemar», hors que ceci diffère d’un récit à l’autre, parce que dans d’autres récits, nous pouvons notamment lire que l’immortalité peut être un fardeau. Tandis que dans d’autres textes, nous lison qu’il est possible d’augmenter les capacités de l’homme ou encore lui rajouter quelques unes, comme mentionné dans l’œuvre de H.G Wells intitulée « l’homme invisible ». Dans le domaine de la création de robots dotés d’intelligence artificielle, Mary Shelley avec son « Frankenstein », fut une précurseuse dans ce genre de récit. Par la suite, Karel Capek s’est illustré avec une pièce de théâtre « R.U.R » en l’occurrence, où il met en scène des êtres humains fabriqués pour servir de main d’œuvre bon marché et il fut alors le premier à utiliser le terme commun «Robot» venant du tchèque «Roboti» signifiant «Travailler» et désignant une machine humanoïde. Ensuite, nous découvrons les machines pensantes qui se délectent de l’utopie qui raconte les exploits des machines aux services de l’être humain afin de le sauver et que la postérité a fait que ces mêmes machines se révoltèrent transformant les récits en guerre entre l’homme et la machine. Le mélange entre humain et intelligence artificielle a aussi été cité magistralement dans certaines œuvres donnant naissance aux cyborgs et aux androïdes, allant même jusqu’à imaginer le monde après l’homme où il n’y aurait que chaos. Là encore, plusieurs sortes de récits surgissent, de celui où l’on prédit une guerre nucléaire qui anéantirait tout sur son passage à celui où l’homme se verrait avoir son progrès se retourner contre lui. Enfin le roman d’anticipation est celui qui traite le plus l’intelligence artificielle et qui est d’ailleurs le genre en vogue par les temps qui courent. Souvent assimilés au progrès technique, c’est sur cette remise en question sur la condition humaine que sont écrits, le plus souvent, ces récits futuristes.
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crĂŠdit image : Franck.V
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ART’ELLIGENCE
REMBRANDT
DU CLAIR-OBSCUR A L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE Amel BENMOHAMED
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embrandt Harmenszoon van Rijn, né en 1906, est artiste peintre, dessinateur et graveur hollandais. Maître de la lumière, il est parmi les plus grands peintres de l’histoire, et chef de file de l’École Hollandaise de peinture du XVII siècle. Vivant durant le siècle d’or néerlandais, une période où la science, la culture et les influences politiques atteignent leur summum, il a réalisé une centaine d’autoportraits, près de 400 peintures ainsi que 300 eaux fortes et dessins. La particularité de ses œuvres est l’utilisation de la technique du clair-obscur; un jeu de lumière et d’obscurité avec des contrastes appuyés. Rembrandt ne peint pas la beauté ou la richesse seulement, il peint aussi la pauvreté et l’amertume, en montrant la souffrance et la compassion qui ressortent dans les visages de ses personnages dans un style expressif et vivant. Les scènes de sa famille proche; Saskia, sa première femme, son fils Titus et sa deuxième femme, apparaissent souvent dans ses peintures. Il a réalisé peu de paysages en peinture, gardant ce thème à son œuvre gravée. Cet artiste a privilégié les portraits et les autoportraits ainsi que la représentation des scènes de la vie quotidienne. C’est dans la peinture de la Grèce antique que nous retrouvons le procédé du clair-obscur, repris dès le début de la Renaissance, puis durant le Caravage. Ce clair-obscur est un contraste entre les parties éclairées et les parties sombres, une sorte de fusion et d’opposition des ombres et des lumières, des passages invisibles. Ainsi, Rembrandt élargit le procédé en dessin, gravure et en peinture. Parmi ses œuvres clés, nous pouvons citer «La Ronde de Nuit»; une œuvre majeure de l’artiste, réalisée en 1642, et fut une commande prestigieuse de la compagnie des arquebusiers, en guise de décoration pour leur siège, qui lui valut une rémunération conséquente. Une gigantesque toile avec une multitude de personnages; une troupe composée de gardes civils chargés d’assurer la sécurité de la ville. 20 I www.monokromemag.com
« Ronde de nuit » (1642), de Rembrandt. Electa/Leem
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Le réalisme de cette toile est assez impressionnant, jouant sur la profondeur de l’espace et les mouvements des figures. L’artiste nous relate l’histoire en utilisant un fort contraste entre la lumière et l’ombre. Une scène avec des éléments qui interrogent, tels que la petite fille en robe jaune avec une composition assez complexe. Mais le fait de mettre des personnages célèbres en arrière-plan infligea des reproches à Rembrandt. Ce qui semble être un retour de Rembrandt, s’est réalisé grâce aux prouesses techniques. Des chercheurs ont voulu inventer une nouvelle forme de peinture en utilisant l’intelligence artificielle, un domaine scientifique qui cherche à résoudre un problème logique ou algorithmique avec des procédés imitant le pinceau de l’être humain, et qui s’est illustrée dans les arts, soit en musique, avec une nouvelle chanson des Beatles ou en peinture en créant un magnifique tableau de Rembrandt. Ces scientifiques ont pu concevoir une peinture de Rembrandt en partant d’une imprimante 3D et d’un algorithme.
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En 2013, des chercheurs de l’université de Delft, ont baptisé le projet «The Next Rembrandt» sans peinture ni pinceau, mais simplement en numérisant la toile originale du peintre, puis en imprimant une copie en 3D. Une reproduction du tableau ouvrant le champ à une multitude de possibilités pour les conservateurs, peut être utile lorsque la toile originale est en restauration ou ne peut être exposée, alors une toile «bis» peut être proposée pour les visiteurs. En 2016, ces chercheurs passent à une étape plus avancée; celle d’inventer le tableau au lieu de le copier, et pour cela, ils ont dû comprendre la manière de Rembrandt de peindre et comment la beauté des ces tableaux reposerait sur la technique du clair-obscur, d’où un contraste avec un fond très sombre et des visages plongés dans la lumière, pour capter les détails avec certitude. Plus de 300 tableaux ont été examinés à la loupe et en très haute définition. L’algorithme choisi par l’équipe de chercheurs afin de reproduire le travail de Rembrandt était capable de détecter plus de 60 points précis qui ont été nécessaires pour déterminer le penchant de la tête, la distance des yeux, et la forme de la bouche. Ensuite, grâce à une superposition de différents tableaux, les chercheurs ont pu résoudre les problèmes liés aux visages et ses expressions. L’ordinateur, et au bout de 500 heures de calcul, a pu rendre une œuvre numérique originale; une représentation parfaite d’une toile exécutée à la manière de Rembrandt, mais qui ressemblait, étrangement, à une photo dû au manque de relief laissé habituellement par les coups de pinceaux. Ainsi, nous avançons l’idée des limitations des champs des imprimantes et des algorithmes qui, malgré tout effort, ne sauront reproduire la touche du Maître, Maître Rembrandt. www.monokromemag.com I 21
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SCÉNOGRAPHIE: LA MAGIE DES ARTS DU SPECTACLE Yasmine LATRECHE
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ujourd’hui, l’activité théâtrale se fait avec les auteurs, les comédiens, les musiciens, les décorateurs. Les décorations scéniques, par l’ambiance qu’elles créent autour des pièces, sont l’objet d’une nouvelle considération de la part des théoriciens et du public, c’est un métier à part entière et un art au sein de la création théâtrale. Le terme «scénographie» désigne traditionnellement l’ensemble des savoir-faire artistiques et techniques qui organisent l’espace scénique. Elle concerne l’aménagement spatial et matériel et qualifie, au théâtre, l’activité de mise en forme de l’espace de la représentation. La scénographie est liée aux pratiques du théâtre, à la mise en scène. Elle envisage la conception artistique des décors et costumes dédiés aux différents arts de la scène, à savoir; le théâtre, la danse, l’opéra, le cirque, les concerts, les arts de la rue, et bien d’autres. Il est également important de souligner que la scénographie n’existe pas que dans le théâtre, ses champs d’application sont devenus multiples, nous la retrouvons alors dans le cinéma, la télévision, la muséographie ou l’installation. Les origines de la scénographie remontent au théâtre de la Grèce antique, sa racine grecque désigne littéralement l’écriture de la scène. Le théâtre grec antique a su inaugurer une scénographie particulière à partir de l’édifice du théâtre et la répartition de ses espaces: scène, gradins, orchestre, etc. où s’installent, selon des règles spécifiques; le chœur, les comédiens et le public. A l’époque, un dispositif appelé périacte capable de changer les décors des différentes scènes fut mis au point. La scénographie grecque a été largement reprise par le théâtre romain, puis, peu à peu, modifiée et réinventée par le théâtre classique et ensuite par le théâtre moderne. Bien évidemment, nous ne pouvons parler de scénographie sans mentionner le scénographe qui est l’inventeur du lieu et de l’image scénique. Il crée un espace de liberté pour l’imagination; l’environnement parfait d’une représentation et en assure la cohérence. Sa contribution est une œuvre d’art en elle-même. L’art du scénographe repose sur une maîtrise de multiples techniques, d’un savoir-faire, des stratégies d’arrangement et des capacités d’adaptation, d’organisation et de composition, où il est question tout autant d’observer, d’imaginer et d’anticiper, que de lâcher prise ou d’affronter. Cette mission confère au scénographe le statut implicite de co-auteur de l’œuvre scénique, il devient un chef d’orchestre et peut se placer au cœur des répétitions, redéfinir le temps, l’espace, et bien sûr, déterminer les procédures de la communication avec le public. Pendant plusieurs années, on modifiait ou masquait les scénographies par le déploiement d’une toile de fond. Actuellement, de nouvelles méthodes sont utilisées : les murs et panneaux sont très fréquents. Prise dans le champ des arts plastiques, la scénographie manie volumes, couleurs, lumières, elle travaille avec les outils et les matériaux du peintre, du sculpteur, de l’architecte, du designer, du vidéaste, sa poïétique est unique, sa diversité originelle, et son art électrique. Elle est constituée de plusieurs éléments tels que les décors, l’éclairage, les effets sonores et les accessoires qui font partie de la mise en scène. Cette scène qui associe l’illusion à une forme de magie qui mêle formes, couleurs, sons, ombres et lumières, afin d’émerveiller le public.
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«Eurydice» Cuyahoga Community College Western Campus, Scénographie de: Todd Krispinsky Le théâtre a toujours su faire place à de nouvelles techniques qui pouvaient être bénéfiques à son expression et à son renouvellement. L’évolution des mécanisations et techniques, les outils de la lumière et de la sonorisation en témoignent. L’art de l’éclairage a beaucoup évolué depuis l’invention du premier projecteur en 1911. Aujourd’hui, les concepteurs et techniciens utilisent toute la puissance et la subtilité de cet extraordinaire médium qu’est la lumière, ils ont accès à une technologie très développée qui, non seulement permet de créer des effets modifiables à volonté, mais aussi de faire des merveilles sur scène. D’un autre côté, la matière sonore prend une place de plus en plus importante depuis quelques décennies déjà, une véritable réflexion sonore s’est développée où le concepteur sonore est en charge des aspects sonores de l’exposition afin d’offrir des expériences immersives au public. L’évolution des technologies utilisées dans les milieux de la communication et de la création et du spectacle, a permis à la scénographie de se développer au cours des dernières années, imposant de nouvelles normes, de nouvelles techniques, et exigeant de nouvelles compétences. Et qui dit nouvelles technologies, dit prolifération des supports et accès à la connaissance. En bref, la révolution numérique a profondément modifié notre rapport au monde. L’introduction de la technologie numérique dans le théâtre dépasse de simples considérations techniques et même esthétiques. Nous nous trouvons dans quelque chose de plus théâtral qui nous raconte des situations contemporaines. Les scénographes ont réussi à discerner les potentialités des nouveaux outils, des outils qui permettent l’exploration de nouveaux territoires de la création. Tout cela a laissé place à une rencontre parfaite entre les anciennes techniques scénographiques et le numérique.
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Cemeri Théâtre , Scénographie Roni Toren
Cirque du soleil, scénographie Joshua Hind
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La scénographie numérique a profondément bouleversé l’approche de la scène. Aujourd’hui, la technique est demandée en coulisse afin de faire progresser les performances et les technologies accessibles, permettent de créer des décors sans limites. En effet, l’espace scénique peut désormais être manipulé en direct grâce au mapping vidéo par exemple, ou par l’utilisation de multiples interfaces de contrôle qui permettent d’inclure des dimensions d’interactivité supplémentaire. Les nouvelles technologies sont devenues un enjeu majeur dans les scénographies de spectacles vivants. L’intelligence artificielle s’installe au sein du secteur artistique qui reste toujours ouvert aux nouvelles technologies. De plus en plus de metteurs en scène ont inclus la robotique dans leurs pièces, et utilisent des logiciels 3D pour fabriquer des scénographies, ils ont été précurseurs pour discerner les potentialités de ces outils qui permettent l’exploration de nouveaux territoires de création. Le digital a favorisé l’émergence de nouvelles scénographies, innovantes et créatives. Qu’il s’agisse de théâtre expérimental, ou encore comme médium pour transmettre le message, ces installations ont comme point commun de surprendre le spectateur, promettant au public des shows hors du commun et des œuvres d’art magistrales.
Eurydice, William College 62 Centre theatre, scénographie Sarah Ruhl
Il est intéressant d’observer l’évolution, et l’inclusion des nouvelles technologies au sein du théâtre, l’intelligence artificielle en l’occurrence, sans, bien évidement, dénaturer cet art. Le secteur du spectacle vivant, avec ses artistes et metteurs en scène, s’approprie les nouvelles technologies de diverses façons afin de faire vivre le public de nouvelles sensations, de solliciter un nouvel éveil des sens, rendant l’expérience au théâtre extraordinaire. En conclusion, nous remarquons que les innovations technologiques permettent d’entrevoir une croissance sur les années à venir; beaucoup de concepts ont été faits mais bien d’autres vont voir le jour. Les possibilités sont infinies, la tendance va continuer à s’accentuer sur les prochaines décennies.
Shakespeare Now, Jenna Mcfarland lord.
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INTERVIEWS
ADAM MARTINAKIS
UNE EXPÉRIENCE SCULPTURALE À L’ÈRE DIGITALE Idris FELFOUL
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igure emblématique de la scène artistique digitale, Adam MARTINAKIS doit son succès fulgurant à sa technique unique: la sculpture numérique dans laquelle il associe la sculpture, la conception lumineuse et une combinaison de collages 3D dont il est profondément imprégné. L’artiste d’origine polonaise s’appuie sur sa large expérience pour créer des visages empreints d’émotions et de relations humaines. Adam y établit une évolution décisive de sa technique à travers une expression plus complexe à la limite extrême de la figuration. Parlez-nous de votre parcours. Qui est ADAM comme si une nouvelle porte s’ouvrait et que l’on voulait y aller et explorer. MARTINAKIS? Adam, c’est beaucoup de choses. Il est l’enfant qui court dans les forêts du sud de la Pologne où il est né. Il est le jeune homme nageant dans les eaux des mers grecques où il a emménagé avec sa famille à l’âge de 10 ans. Il fait ses études en design d’intérieur, arts décoratifs et design industriel à Athènes où il a vécu la majeure partie de sa vie. Il est aussi le corps artistique du travail qu’il a créé depuis 2006, principalement avec des outils numériques. Mais surtout, il est un explorateur de l’existence qui essaie de comprendre et d’analyser les choses à l’intérieur et autour de lui pour s’exprimer et communiquer. Parlez-nous brièvement de votre parcours, ses évolutions et ses mutations. Qu’est-ce qui vous plaît le plus? Je crois que l’artiste est un projet en cours avec une direction inconnue. L’évolution s’accompagne de la connaissance et de l’expérimentation de l’expression. Ce voyage est extrêmement intéressant car, en développant votre art, vous vous façonnez aussi, vous devenez votre art ou votre art vous devient. J’aime beaucoup les moments où l’expérimentation offre de nouvelles façons d’expression. C’est 26 I www.monokromemag.com
Vous êtes une figure bien connue dans ce domaine et une inspiration pour de nombreux artistes. D’où vient votre propre inspiration et comment décririez-vous votre art numérique? Il est difficile de classer votre propre art, c’est en fait une œuvre pour les autres. Il existe des éléments techniques de la sculpture numérique, de la conception lumineuse, de la peinture et de la photographie ou de la vidéo. Parfois, les œuvres sont également une combinaison de collages 3D numériques. J’ai également l’impression récemment que je peins en 3D -j’avais l’habitude de peindre avant de commencer en 3D et je le fais encore parfoisgrâce à une technique qui mélange des parties photo-réalistes avec des éléments de lumière abstraits. Tout le XXe siècle a un impact énorme sur mon travail, en particulier la première moitié. Il existe beaucoup d’artistes qui ont une influence sur mon travail, pour n’en nommer que quelquesuns; Paul Klee, Willem de Kooning, Norman Lewis, Gerhard Richter et plus, non seulement pour le domaine des arts visuels mais aussi de la musique, du cinéma, etc.
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Shifted_II / 2014 - https://www.martinakis.com Vous exprimez beaucoup d’émotions humaines à travers vos œuvres d’art. Comment choisissez-vous vos thèmes? Ce qui m’intéresse, c’est la source des émotions dans la nature des relations qui apparaissent dans mes œuvres. J’ai beaucoup étudié ces réalités et je ne sais pas si je les choisis ou s’ils me choisissent. La figure humaine, sa complexité en tant qu’organisme vivant et la diversion des relations qu’elle peut développer est dans mon intérêt principal. C’est aussi une procédure de découverte de soi et parfois même des problèmes personnels de l’intérieur et je veux juste les faire sortir comme expression, donc je dois travailler avec cela aussi pour voir le terrain 28 I www.monokromemag.com
d’entente avec d’autres personnes. Pour moi, l’art est avant tout une communication. Comment les relations humaines ont-elles influencé votre art? Les relations humaines et le comportement en général sont des éléments de base de mes travaux. J’essaie d’étudier tout le spectre du développement, tout au long de l’histoire humaine et aussi les formes qu’ils pourraient obtenir à l’avenir. Les sentiments humains, qui sont un guide essentiel de notre comportement, sont en constante transformation en termes de qualité et même de sens.
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Feeding thoughts /2019 - https://www.martinakis.com
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Prince of Illusions / 2019 Gen Z - https://www.martinakis.com Comment pouvez-vous décrire l’avenir de la génération numérique? Parlez-nous de «Gen Z» Il est difficile de prédire l’avenir dans quoi que ce soit, mais il existe des preuves qui orientent nos pensées vers une direction. J’ai commencé le projet «Gen Z» qui est l’étude de cette génération qui, à mon avis, est la génération la plus expérimentale de tous les temps. Ce que nous pouvons dire, c’est que la grande diffusion de la technologie et de la communication façonne une nouvelle identité,
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changeant le mode de vie sur toute la planète. Nous passons actuellement d’un local à un global. Le terme «mondialisation» que la plupart des gens utilisent comme terme économique, je crois qu’il s’agit en fait davantage d’un concept culturel. Je pense également que la nouvelle génération numérique passera progressivement de l’attention des différences ethniques humaines à une distinction homme/ machine. Mais, il est difficile de dire quel genre de forme tous ces changements auront dans un monde de changements constants dans lequel nous vivons déjà
Waves and particles /2019 Gen Z - https://www.martinakis.com Quelle a été votre plus grande satisfaction? Oh, c’est difficile de dire le moment le plus heureux de tous ceux que j’ai eu. Je me souviens cependant de la première fois que j’ai vu la mer à l’âge de 7 ans et cela m’a profondément impressionné. Parlez-nous de votre avenir. Qu’envisagezvous? Pour l’avenir, j’ai juste l’intention de continuer ce que je fais et ce que j’aime le plus, c’est-à-
dire toute l’expérimentation artistique qui m’occupe. Je suis dans une discussion avancée pour de nouvelles expositions individuelles et collectives dans plusieurs parties du monde que je dévoilerai lorsque nous aurons les dates finales. En 2019, j’ai repris une peinture que j’ai l’intention de poursuivre dans le futur et peut-être y aura-t-il un corpus d’œuvres créé en technique mixte avec la peinture et la 3D numérique. Le monde de l’art est plein de surprises, de nombreuses autres choses peuvent survenir.
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Puente /2016 - https://www.martinakis.com
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Orbis_de_ignis /2012 - https://www.martinakis.com
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INTERVIEWS
BRELLIAS
À LA DÉCOUVERTE DU MONDE VIOLET Idris FELFOUL
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eune artiste digital basé à Santiago,capitale du Chili, BRELLIAS nous raconte son parcours et ses inspirations. À vision fictive, ses œuvres dystopiques, menées d’une palette de contraste particulière, nous invitent à nous approprier son univers, un peu comme une immersion qui nous entraîne à découvrir notre esprit lors d’un voyage fantasmatique hallucinatoire.
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Qui est Brellias Brellenthin ? Je suis un jeune étudiant en design graphique à l’Université du Chili et artiste 3D numérique pendant mon temps libre. J’ai commencé à faire de l’art en décembre 2017 et j’expérimente, depuis, en se servant de mon style 3D que je performe aujourd’hui. Pourquoi avez-vu choisi l’art numérique? Depuis que j’étudie la conception 3D, j’ai commencé à améliorer et explorer de nouvelles techniques que je pourrais utiliser dans mon domaine. Mais, en faisant cela, je me suis
intéressé aux aspects artistiques, car ceci me permettait d’exprimer ce que je ressentais et, en même temps, je pouvais apprendre de nouvelles choses. Quelles sont vos influences artistiques? Au début, la plupart de mes influences provenaient de Vaporwave, du cyberpunk et de la culture japonaise. Ces trois styles ont été la principale source d’inspiration lors de ma création artistique. Pour l’instant, je ne peux pas identifier un seul artiste ou un seul studio qui pourrait influencer mon style, mais je peux certainement dire que je passe plus de temps sur les plateformes Behance et Instagram.
DOWNER -https://www.instagram.com/brellias/ www.monokromemag.com I 35
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Goodbye -https://www.instagram.com/brellias/
Comment votre style a-t-il évolué au fil du permet de m’exprimer sur ces sujets, et pour que d’autres s’y rapportent également. temps? Je cherchais toujours à développer mon propre style. C’était un mélange de plusieurs techniques que j’aimais quand j’avais commencé. J’ai joué avec le demi-ton, le dadaïsme et le surréalisme parmi d’autres. Tandis que l’art Vaporwave était une de mes principales influences, ça m’a fait tomber, très vite, amoureux du violet. J’ai une énorme fascination pour ce qui est lié à l’espace; le rétro, le nostalgique et des pensées futuristes et dystopiques. J’essaie toujours d’incorporer des éléments humains à ces thèmes, ce qui me 36 I www.monokromemag.com
La technologie dans l’art, qu’en pensez-vous? Je pense que nous pouvons toujours utiliser tout ce qui est à notre portée pour nous aider à nous exprimer. La technologie ne fait pas exception. Je suis une personne curieuse et j’aime constamment essayer de nouvelles choses, ce fondement m’a permis d’améliorer la qualité de mon travail; lire des articles sur l’infographie pour m’aider à comprendre comment je peux rendre mon travail plus
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réaliste, utiliser les derniers outils comme les réseaux de neurones artificiels pour styliser mon art et créer de nouvelles expériences. La technologie est un facteur très important dans mon travail. Quels émotions « Let Down » vous a-t-il procuré? Généralement, je crée mes œuvres en écoutant de la musique, dans ce cas, j’écoutais «Let down» de Radiohead, et j’ai commencé à visualiser un scénario où cette chanson pourrait jouer. La chanson raconte comment nous vivons dans un monde où nous sommes constamment déçus par nos propres émotions. Donc, ma pièce dépeint une personne se tenant à une autre personne, essayant de montrer comment quelqu’un essaie de se sauver en tombant de ce même style de vie. Vous utilisez une palette riche en contraste de bleu et de rouge. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi? Je pense que c’est une manière agréable de transmettre tout type de conflit. Le violet est le juste milieu entre le bleu et le rouge, deux couleurs très contrastées. Pour moi, ce contraste représente le conflit entre le bien et le mal, le chaud et le froid, le faire et le ne pas faire, et c’est ce que mes pièces représentent habituellement; conflits sur ce que vous ressentez, conflits sur ce que ressentent deux personnes. Ça et parce que ça a l’air plutôt cool !
LET DOWN -https://www.instagram.com/brellias/
En moyenne, combien de temps vos œuvres prennent-elles? Cela dépend de chaque œuvre, car j’ai tendance à expérimenter en passant plus de temps pour apprendre de nouvelles choses. Mais, entre créer une scène, la peindre et la traiter plus tard, il me faut généralement environ six heures pour réfléchir et terminer une œuvre. Et prochainement, qu’envisagez-vous tenter? J’espère qu’un jour, je pourrais ouvrir un studio pour aider des personnes avec la même vision que moi à visualiser ce qu’ils aiment le plus. Mais en attendant, je continuerai à créer de nouvelles séries. TEMPTATION -https://www.instagram.com/brellias/
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UN VOYAGE ARTIFICIEL ? TÉMOIGNAGE D’AL BAYAZIN Lynda SE
AL BAYAZIN- Albayazin.com
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e tous les horizons, le voyage présente un engouement auprès des lecteurs et des amoureux de la lectures fidèles aux guides de voyage. Des guides de voyages exposant des récits et des itinéraires singuliers donnant une soif et une odeur alléchante pour le voyage et la découverte. C’est à une de ces initiatives que nous allons dédier notre article. Nous allons partager un témoignage authentique des Éditions « Al Bayazin» de la part de Nadjet Seddiki, directrice de cette maison d’éditions basée à Alger et spécialisée dans les livres et les guides de voyage.
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En tant que maison d’édition spécialisée dans le patrimoine à travers diverses publications, comment cette aventure a-t-elle commencé ? Il faut savoir que Al Bayazin est une maison d’édition qui s’est fixée pour mission de base de valoriser le patrimoine matériel et immatériel de l’Algérie par le biais de livres de vulgarisation pour les rendre accessibles au plus large public. Nous avons pour devoir de faire en sorte que l’Algérien se réapproprie son patrimoine. Al Bayazin a maintenant douze années d’existence. Notre maison a, en réalité, hérité du fond éditorial des éditions Ad-Diwan, créée il y a une vingtaine d’années par l’auteur et journaliste Hocine Seddiki. Il est notamment important de préciser qu’Al Bayazin s’imprègne totalement de l’expérience d’Ad-Diwan, qui s’est distinguée surtout dans l’élaboration des premiers guides de poche des villes d’Alger, d’Oran et d’Annaba. Nous avons, par ailleurs, de nombreux contributeurs à la réalisation de nos ouvrages. Al Bayazin fait appel à des historiens, archéologues, journalistes et rédacteurs spécialisés. Parlez-nous de vos premiers Pocket-guides des villes et de vos différentes collections de voyage ? Il faut-peut être remettre un peu les choses dans le contexte. Al Bayazin n’édite pas des ouvrages sur le tourisme, même si nous y contribuons fortement. En effet, le tourisme ne peut être dissocié de la culture. Cela dit, Al Bayazin possède de nombreuses collections dont les guides culturels de villes, le format Pocket comme «Alger dans la poche», les guides de wilayas qui eux abordent en plus des volets histoire et culture, l’aspect socio-économique des régions. Nous avons également la collection «Sportifs d’exception», «La fabuleuse histoire de ...», «Œuvres majeures», et les «Beaux livres» à l’image de «Dar Abdeltif» de l’auteur et architecte Mounjia Abdeltif; un merveilleux ouvrage qui dévoile sous la plume de cette passionnée d’art et d’histoire les composantes de l’architecture de ce joyau qui perdure depuis le 17ème siècle, un patrimoine authentique que tous les Algériens doivent connaître et visiter au moins une fois. Avec nos différentes collections, nous espérons apporter notre contribution à une meilleure connaissance des richesses historiques, archéologiques et des spécificités de notre pays et du bassin méditerranéen.
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Durant la 24ème édition du Salon International du Livre d’Alger (SILA), comment avez- vous jugé l’engouement du lecteur algérien quant à son usage du livre comme moyen de voyage et de découverte? Le Salon International du Livre d’Alger (SILA), est incontestablement le plus grand évènement culturel de notre paye, et nous y participons chaque année avec grand plaisir. C’est un moment fabuleux d’émotions pour nous, puisque nous allons à la rencontre de nos lecteurs. C’est un instant d’une dizaine de jours où nous sommes face à eux, sans intermédiaire, c’est-à-dire le libraire ou le distributeur, ce qui nous permet d’apprécier les attentes, l’engouement ou encore les critiques de nos lecteurs. En général, ils sont ravis que des guides culturels soient réalisés sur leurs régions. Certains vont jusqu’à vérifier si tout a bien été mentionné dans l’ouvrage. Et puis, il y a ceux qui achètent des ouvrages parce qu’ils rêvent de découvrir depuis longtemps tel ou tel endroit. Le guide devient alors une première étape de ce périple où ils se projettent désormais. Nous créons l’envie de partir à la découverte d’un territoire dont nous mettons en valeur chaque parcelle de son histoire, de ses traditions, de ses codes et de sa culture.
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Selon votre expérience, quelle tranche d’âge, sollicite le plus le tourisme et l’évasion à travers vos ouvrages ? Nous espérons, sous peu, réaliser une étude où ce genre de questions seront posées au publiclecteur. Mais, il est certain, qu’il n’y a pas un âge précis pour rêver de partir en voyage; de préparer sa valise ou d’attraper un sac à dos pour s’éloigner quelques jours de son quotidien, de sa routine. Comme il est plaisant de laisser son esprit voguer et s’aventurer dans des contrées entre les lignes de l’un nos ouvrages! Remonter le temps jusqu’à la préhistoire, vivre au temps des révolutions ou revêtir le temps d’une lecture de l’épopée d’un personnage historique. Cela est également un très beau voyage dans l’imaginaire. Les voyages forment la jeunesse mais la lecture développe une imagination sans limites, sans frontières. Tout devient possible alors! Au-delà du côté pratique de nos ouvrages, il y a cette magie de l’évasion juste en feuilletant les pages d’un roman, d’un beau livre ou d’un guide culturel. De nos jours, d’après vous, quelles sont les contraintes qui se posent dans la méthode classique dans l’organisation ou le déroulement d’un voyage? Celle qui revient le plus chez nos lecteurs, de notre point de vue, est lorsqu’ils arrivent pour la première fois dans une ville ou un lieu, ils sont souvent confrontés à des difficultés à savoir ce qu’il faut visiter, où aller, les inratables, etc. et parfois, lorsqu’ils sont de retour chez eux, ils réalisent que leur séjour est finalement incomplet. Le manque de guides sur place ou de documentation pose un véritable souci. Les informations recueillies sur place ne sont pas forcément attestées. Pour un monument, un objet d’art, un lieu, c’est ceci et bien plus que nos ouvrages proposent pour accompagner le voyageur. Quel avenir voyez-vous dans la combinaison entre l’intelligence artificielle et le voyage ? Nous y arriverons bientôt. En tous cas, nous l’espérons. Le tourisme, comme tous les secteurs, a besoin des nouvelles technologies. Le fait de pouvoir visualiser en amont son lieu de vacances grâce à des photos en 360° ou avec un casque virtuel, est l’une des formes de l’intelligence artificielle. Il est de même pour l’utilisation du GPS et des applications 40 I www.monokromemag.com
vocales que proposent Google. Nous pouvons aujourd’hui, par exemple, prévoir la météo sur une dizaine de jours, voire plus, grâce à des applications intelligentes, ceci nous permet de mieux nous organiser et préparer notre voyage. De tout temps, lorsque vous achetez un voyage dans une agence, on vous remet un programme de votre séjour. Pour les voyages professionnels ou Business, c’est en général, une feuille de route qui est remise par l’organisateur. Grâce à internet, il faut le dire, il est possible de poser toutes les questions concernant un déplacement, parce que tout simplement, ici ou de par le monde, nous avons des voyageurs qui partagent la moindre contrainte comme le plus petit des bonheurs. Il y a des forums où les critiques comme les bonnes notes fusent concernant tel ou tel établissement hôtelier, restaurant, accueil dans une maison d’hôte, musée,etc. Mais, si en plus vous disposez d’une carte de paiement, vous pouvez réserver en avance; votre voyage, l’hébergement, le programme de divertissement ou acheter les billets pour les musées et les spectacles, et bien souvent, il revient, moins cher de le faire en ligne. En ce qui nous concerne précisément, nos guides contribuent d’une façon intelligente à indiquer aux voyageurs comment se repérer dans une ville ou une wilaya et d’y trouver le plus beau à visiter, les secrets et l’histoire des lieux, la culture, etc. Nous les préparons à ce qu’ils vont ou veulent découvrir avant le spectacle. Et ceci n’enlève en rien à la magie de la découverte puisqu’un voyage consolide à la base nos connaissances et notre culture même quand il est question de cuisine. Un livre est, et restera, irremplaçable surtout qu’il y a pas mal d’endroits où la connexion internet est indisponible. Quels sont les horizons et les perspectives futurs de Al Bayazin édition ? Produire le plus de livres évidemment. Continuer à mettre en lumière toute la richesse de l’histoire, de la culture, du patrimoine matériel et immatériel de notre magnifique pays et tout ce qui s’y rattache. Lancer également de nouvelles collections comme par exemple: Art’s. Et, sans faute, il y a tout le volet digital que nous allons développer. Il faut vivre avec son temps!
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