N’03 « SANS THÈME | 100 THÈMES » magazine d’art et de culture I www.monokromemag.com
ISSUE 03
ISSUE 03
MONOKROME NUMÉRO 03 OCTOBRE / NOVOMBRE / DECEMBRE 2019 DIRECTEUR DE LA PUBLICATION | Idris FELFOUL RÉDACTRICE EN CHEF
| -Yara-Rim MENIA
SECRÉTAIRE DE RÉDACTION
| Hikma OUTTAS
ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO | Insaf Maissa MESSAOUDI Nour TAIEB EZZRAIMI | Fariza CHEMAKH | Smail LIF Manel DRARENI | Zhor BENSEDDIK | Amir GUERMI
© Photo de couverture | BASSIM MENIA
MONOKROME Magazine 2019
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ÉDITO
« SANS THÈME | 100 THÈMES » Monokrome arpentera la tentation d’exposer une réalité que constate la société algérienne: le WALOU. Nous allons exposer l’expression artistique du néant, du vide, de l’absence et du contraste. C’est ainsi que notre « SANS THÈME» sera une exhibition permanente, dans ses variantes synchronique et diachronique, du manque d’inspiration et du syndrome de la page blanche, celle du minimalisme architectural, celle du rejet de l’esthétique mais notamment les interrelations du vide et du plein. Alors que nous suivons un oiseau nommé Sagesse qui pense que: « l’art ne doit jamais être limité ou encadré, c’est le fruit d’un instinct et d’une imagination », Monokrome tente de sortir d’un cadre figé dans cette édition qui saura dévoiler une panoplie de thèmes, d’où notre « 100 THÈMES ». Le vide nous convient ! -Yara-Rim MENIA Rédactrice en chef
SOMMAIRE NUMÉRO 03 - OCTOBRE / NOVOMBRE / DECEMBRE 2019
ARCHITECTURE 12 HABITER L’ESPACE VIDE, QU’EST-CE QUE C’EST ? 14 LA COMPRÉHENSION URBAINE DU VIDE 18 L’ABSENCE QUI A DU SENS : LE MUSÉE D’ART MODERNE DE FORT WORTH
LITTÉRATURE ET POÉSIE 22 PORTRAIT DE YOUCEF SEBTI 24 LA POÉSIE POUR LES NULS 26 ANNA GREK, UNE POETESSE RECONNUE DANS L’INCONNU
ARTS PLASTIQUES 30 LE VIDE DANS LES ARTS PLASTIQUES: RÉTROSPECTIVES ET HORIZONS 32 LA LIGNE SACRÉE : NAJI CHALHOUB 36 MOUNA BENAMMANI, DU VIDE À SA MATÉRIALISATION
ARTS DE LA SCÈNE ET MUSIQUE 40 44 46 48
CHEZ AMI KADA, FROM NOTHING TO SOMETHING RITES GNAWIS: AU-DELÀ DE LA MUSIQUE, LA GUÉRISON DE L’ ÂME LE MIME CORPOREL LE CORPS, OUTIL D’EXPRESSION OUZIENE RAHMOUNI, COMÉDIEN AU MULTIPLES TALENTS
ARTS NUMÉRIQUES 52 54 56 60
RÉFLEXIONS SUR L’ART NUMÉRIQUE:LE VIDE, LE PLEIN, LE RIEN ET PUIS LA RÉALITÉ VIRTUELLE: LA NUMÉRISATION DE L’ART EN 3D L’ART DE L’IMMERSION: UNE EXPÉRIENCE À VIVRE JEAN MICHEL BIHOREL : VIRTUELLEMENT, SURRÉALISTE
ARTS MÉDIATHÈQUES ET CINÉMA 66 PULP FICTION - LE FILM 69 LE MÉTIER DU PREMIER ASSISTANT CAMÉRA 72 UNE VIRÉE CINÉMATOGRAPHIQUE . . .
ARTISANAT DE L’ART 78 KHALIL MINKA ET L’ART DU TISSAGE 80 ZATCO, ARTISAN BIJOUTIER : LE JOYAU DE L’ARTISANAT 84 AICHA ABOUHAJ SONORITÉS NORD-AFRICAINES
VOYAGE ET DÉCOUVERTE 88 GHARDAÏA, ENTRE SÉDUCTION ET SURPRISE 91 LE MUSÉE DE CIRTA 94 SUR LES PAS DE TIN HINAN : Moh au Tassili
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ARCHITECTURE ARCHITECTURE 8 I www.monokromemag.com
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DOSSIER
LE VIDE ET L’ABSENCE AU SERVICE DE L’ESPACE
Pouvez-vous imaginer une maison sans murs, sans toit ? une tasse sans verre ? la réponse est sans doute NON! Nous savons qu’il y a toujours ce vide qui donne une fonction à n’importe quelle chose ou objet; un élément si mystérieux et primordial à la composition de notre vie quotidienne. Mais saviez-vous qu’est-ce qu’un vide ? Un concept qui peut avoir plusieurs définitions: un espace, une sensation, un souvenir, une image, un silence, le rien, le walou. Il n’est jamais neutre, mais en rapport avec ceux qui le définissent. Effectivement, plusieurs définitions peuvent être attribuées à ce concept complexe, anonyme et philosophique à la fois, mais si indispensable...
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HABITER L’ESPACE VIDE, QU’EST-CE QUE C’EST ? Aya KEDJOUR
Le poète chinois Lao-Tseuécrit dans le Tao te King a dit «Ma maison ce n’est pas les murs, ce n’est pas le sol, ce n’est pas le toit, mais c’est le vide entre ces éléments parce que c’est là que j’habite», une citation qui avait profondément influencé l’architecte américain Frank Lloyd Wright après son voyage au Japon. Cette citation veut simplement dire que sans l’espace intérieur, une maison ne peut pas être habitée; c’est cet espace vide qui fonde son identité, son âme et qui rend l’espace vivable et agréable aux habitants. En architecture, le vide n’est pas le rien ou le non-lieu. Le vide est un espace qui a une forme, une orientation et il est surtout relatif à un plein; nous ne représentons jamais un espace vide tout seul, mais toujours relativement à un plein l’accompagnant. Il peut être conçu pour abriter certaines fonctions ou pour être plein mais non approprié, donc, il devient vide. « Dans plusieurs pays du monde, le vide est perçu différemment selon la culture, le climat et la société » JAPON, le vide dans l’abstraction du temps Au japon, il existe une notion appelée MA qui représente la notion clé de l’espace et du temps. Elle signifie vide ou distance. Ce concept, représente l’intervalle qui existe entre deux choses qui se succèdent. En architecture, il représente l’espace entre les choses, entre une pièce et l’extérieur. On le retrouve à l’intérieur des bâtiments où les pièces sont disposées dans un mouvement discontinu de façon à créer une diversité dans le parcours. D’ailleurs, dans les maisons japonaises, on ne sait jamais si on est à l’intérieur ou à l’extérieur.
ALGÉRIE, le vide socioculturel et climatique En Algérie, dans la ville historique de sa capitale Alger, on retrouve les maisons de la Casbah d’Alger, inscrites dans le patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO où existe un vide intérieur à ciel ouvert appelé was eddar (le patio); un espace central, source de lumière et d’air frais, un lieu agréable où la convivialité règne et où les habitants se retrouvent, partagent des moments en famille et reçoivent leurs invités.
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CHINE, le vide connecteur Les Siheyuans sont des maisons traditionnelles qui existent au Nord de la Chine. Elles s’organisent toutes selon un même plan: autour du vide central; une cour carrée partagée par plusieurs familles faisant d’elle un lieu de vie commun et permettant d’entretenir des relations amicales.
CANADA, le vide pour habiter Au Nord du Canada, loin des endroits habituels et des maisons construites avec des matériaux typiques, on retrouve la maison des Inuits appelée igloo, à la forme d’un dôme construit à l’aide de blocs de neige de façon à créer un vide à l’intérieur les abritant et devient ainsi un espace de vie. Finalement, le vide ce n’est pas le rien. Il est, au contraire, un espace plein de vie. C’est un élément créateur de l’espace qui existe depuis toujours. Malgré le fait qu’il y ait très peu de personnes qui le remarquent. Nous ne pouvons pas imaginer un monde, un bâtiment, un élément sans vide, car il est tout simplement indispensable. Bien qu’en architecture, si on pouvait le résumer dans une seule phrase on dirait: « C’est dans un vide que j’habite ».
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LA COMPRÉHENSION URBAINE DU VIDE Fadia LOKBANI
© CHRISTEL SANEH
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Nous vivons dans un monde de nouvelles technologies et d’extensions importantes de nos villes. Une panoplie de constructions, d’immenses immeubles, d’ouvrages d’art et de routes, etc. Bref, toute une composition, toute une architecture, tout un agencement de fonctions, qui parfois, peuvent sembler chaotiques; un chaos dans lequel on retrouve une superposition d’interventions. Des zones urbaines qui se suivent sans jamais réussir à totalement résoudre les problèmes qui les justifient. Ceci, devrait avoir du sens et nous devrions déterminer la raison précise qui nous empêche de nous sentir familiers avec nos villes. Qu’est-ce qui a provoqué cette rupture entre l’humain et son environnement? Nos villes actuelles répondent à plusieurs besoins, cependant, il existe dans nos vies un besoin classique, qui a toujours existé et suscité notre attention: le besoin de s’abriter, de se loger. Nous construisons nos villes en nous basant sur cette fonctionnalité primordiale. Réalisations d’édifices gigantesques, voire même, des machines qui nous accueillent et accomplissent des tâches à notre place, nous vivons le phénomène de la construction en masse, car plus nous construisons, plus nous entraînons nos villes à s’étendre dans tous les sens sans nous rendre compte des dommages qui nous percutent. La démographie devient de plus en plus importante et ses exigences ne cessent de s’accroître, ce qui nous mène à ce qu’on appelle l’explosion urbaine. Cependant, hormis toute cette masse qui donne un caractère, une identité et qui raconte le vécu de nos villes, nous oublions de parler d’un élément important à son existence: le VIDE et les espaces VIDES. « Le vide, cet espace non bâti » Qu’est ce qu’un espace vide? D’après l’architecte, urbaniste et paysagiste Serge Renaudie: «le vide a une valeur négative, il est le rien, l’inattribué, l’inachevé, l’absence de concret ou de matière, le néant, sans temps, sans mouvement, le neutre». Mais dans un espace urbain, c’est la partie de la ville qui bouge, qui varie d’un instant à l’autre. Le vide est en changement et en mutation perpétuelle, il n’est pas non plus un espace détruit ou un trou dans un tissu urbain. Il ajoute: «le vide est un concept qui signifie l’interdépendance des choses et des phénomènes». Pour comprendre davantage ce concept, il faudrait le laisser s’emparer de nous. Effacer les théories et les préjugés qui nous traversent l’esprit et s’abandonner à sentir le vide là où nous nous trouvons. Ainsi, nous pourrions le comprendre et l’intégrer dans notre environnement, cet environnement qui se trouve entre l’urbain et la nature, le seul et unique moyen de préserver les poumons de notre planète et enfin, redonner un souffle à nos villes. Imaginez alors ce qu’on pourrait faire de tous ces espaces abandonnés, toutes ces friches industrielles! Et si on les transformait pour leur attribuer une seconde vie? les transformer en espaces verts, en tout type d’espaces qui pourraient servir à la ville et ses habitants, pourquoi pas? L’idée de l’espace vert m’interpelle avec un exemple venu tout droit des Etat-unis; un projet contemporain où les architectes ont réussi à donner un second souffle à une ancienne friche industrielle. Ce projet s’appelle le HIGH LINE PARK, un espace qui faisait partie d’une infrastructure industrielle abandonnée qui allait être détruite par les autorités. A l’issue de cette nouvelle, un groupe d’activistes a intervenu en pensant à la possibilité de transformer cette friche en espace public.
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Au premier coup d’oeil, ce vide est devenu remarquable; une ruine dépourvue de vie humaine depuis les années 80 et qui constitue à présent un microclimat où il devient difficile de le décrire de ruine, bien au contraire, les architectes se sont demandés comment profiter de la nature qui s’est construite tout en intégrant de nouveau une trace bâtie? La solution a été d’intégrer un aménagement urbain qui s’adapte parfaitement à la verdure existante; un pavé avec différentes dimensions et des bancs en traçant les parcours des usagers. La déambulation dans un parc vert aérien était une notion nouvelle pour la ville qui a suscité l’intérêt des habitants.
ANDREAS KOMODROMOS / VISUALHUNT
Le High Line Park est devenu un espace populaire unique à New York avec beaucoup d’aménité. Depuis les tours, on perçoit la vitalité de la ville, son mouvement et ses composantes. Tout compte fait, grâce à la conscience citoyenne, ce vide est devenu un espace qui redonna une nouvelle image à la ville. D’ailleurs, c’est le seul endroit où les New Yorkais se voient obéir à l’espace et où leurs activités se réduisent au simple fait de marcher, s’asseoir, et contempler. Des projets comme le High Line Park nous poussent à nous remettre en question quant à notre manière de vivre nos villes. Dorénavant, nous ne regarderons plus les espaces délaissés comme étant des espaces perdus, nous verrons des potentialités à exploiter qui, un jour, nous surprendront. Apprenons alors à les interpréter, les comprendre et les intégrer dans notre environnement!
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ED YOURDON / VISUALHUNT
DIS DE FI WE / VISUALHUNT
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L’ABSENCE QUI A DU SENS
LE MUSÉE D’ART MODERNE DE FORT WORTH Manel DRARENI | Radhia KELLOU
Tadao Ando, architecte autodidacte japonais surnommé dans la profession: l’architecte du vide et de l’infini.
© MARION BERRIN
Le minimalisme occidental à la japonaise Durant le XXe siècle et ce début du XXIe siècle, nous avons constaté une nouvelle compréhension de l’espace et de son expression. Le bien-être humain se retrouve au coeur de l’équation architecture et l’expérience du vivant dans les espaces devient l’élément le plus important dans la conception. Au japon, cette nouvelle idéologie se retrouve comme un poisson dans l’eau et ne représente pas une nouveauté. Car, dans la culture japonaise les concepts de vide, espace-temps et harmonie sont un savoir vivre ancré dans la culture du pays. Le Musée d’Art Moderne de Fort Worth de l’architecte Tadao Ando, est une oeuvre où l’on peut expérimenter la vision du minimalisme japonais. Autrement dit, là où l’absence du futile laisse place à la notion du beau spirituel qui prend tout son sens. 18 I www.monokromemag.com
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Au Japon, l’espace intermédiaire est appelé Engawa: un espace qui relie l’intérieur et l’extérieur.
© LIAO YUSHENG
Le Musée d’art moderne de Fort Worth Ce musée est une oeuvre de l’architecte japonais Tadao Ando. Il a été ouvert en Décembre 2002 et se situe à Dallas aux Etats-Unis. Il est de style moderne doté d’une grande sobriété. Sa structure métallique est soigneusement dessinée pour épouser les parois de verre qui forment des boîtes singulières. Sa légèreté visuelle, ses espaces vides entre chaque pavillon, sa terrasse, ses sculptures en plein air et ses terrains paysagers nous invitent à le visiter. Il contient plus de 3000 œuvres d’art modernes et contemporaines du monde entier étendues sur une surface de 44354.4 m².
© JOE MABEL
Au musée de Forth Worth, on voit d’immenses toits en béton, coulés en porte-à-faux qui ombragent l’extérieur du bâtiment et sont soutenus par cinq colonnes en béton en forme de Y. Ses façades permettent le passage de la lumière naturelle dans les espaces de la galerie, ainsi que les grandes lucarnes et les fenêtres à claire-voie qui maîtrisent l’ensoleillement direct. L’extérieur est composé d’un plan d’eau miroitant d’environ 1,5 hectare sur lequel est situé le musée, générant l’impression d’un bâtiment flottant, celui-ci, permet également la réflexion de la lumière naturelle vers l’intérieur. La nuit, alors que les murs de béton sont baignés d’une lumière uniforme, les galeries d’acier et de verre transparentes se présentent sous forme de grandes lanternes flottantes sur l’eau et sont reflétées dans l’étang.
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LITTÉRATURE ET POÉSIE 20 I www.monokromemag.com
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PORTRAIT DE YOUCEF SEBTI Nesrine FILALI
« Menu, maigre, le visage émacié, il portait sur ses traits les stigmates mystiques de sa vie intérieure » Sadek Aïssat Dans la nuit du 27 au 28 décembre 1993, dans la sombre froideur d’un pays haletant, l’Algérie perd l’un de ses poètes les plus prometteurs; lâchement assassiné par la main meurtrière d’un terrorisme intégriste violent en pleine ascension. Il fut le dix-huitième intellectuel algérien emporté dans la fleur de l’âge. Né le 23 février 1943 à Boudious près d’El Milia, dans la wilaya de Jijel, au sein d’une famille de petite bourgeoisie rurale appauvrie, Youcef Sebti fréquente le Lycée d’enseignement franco-musulman de Constantine avant de rejoindre l’une des premières promotions d’ingénieurs agricoles de l’Algérie indépendante à l’Institut National d’Agronomie d’El Harrach. Il s’inscrit ensuite à la Faculté des Sciences Humaines d’Alger où il obtient, en 1971, une licence de sociologie rurale. En 1969, il commence à enseigner la sociologie rurale à l’Institut National d’Agronomie d’El Harrach où il consacrera pratiquement la moitié de sa vie à l’enseignement et à la recherche. Il participe activement à l’association culturelle El-Djahidia, dont il était membre fondateur et secrétaire général, présidée par l’écrivain Tahar Ouettar. Sebti s’activait inlassablement au niveau de plusieurs revues scientifiques et culturelles ainsi que des mass-media tant au plan national qu’international. Jean Sénac, en 1971, le présentait ainsi: «Youcef Sebti avance dans les labyrinthes d’une sensibilité agressée, trouvant quelquefois une issue dans les revendications de la communauté au travail, (…). L’audace de la poésie, sa plus lumineuse démence fondent ici l’homme et l’expression. La profanation, le blasphème deviennent appel et déjà communication. Solidarité. Si tout est perdu, tout est donc à retrouver et le salut reprend un sens». Au début des années soixante-dix, il figure dans une «Anthologie de la jeune poésie algérienne», préparée par Jean Sénac, qui réunit les écrits d’Abdel Hamid Laghouati, Rachid Bey, Djamal Imaziten, Rachid Boudjedra, Malek Alloula, et bien d’autres. Dans une quête d’émancipation culturelle et esthétique, cette jeune génération dont faisait partie Youcef Sebti amorçait un renouveau dans l’expression poétique, loin de la glorification ou de la commémoration éternelle des héros de la guerre d’indépendance, pour s’engager dans la voie d’une «poésie sulfureuse qui interpelle une société castratrice des élans créateurs de la jeunesse» selon Arezki Metref. Nationaliste et universaliste, il ne faisait partie d’aucun mouvement et ne plaidait aucune appartenance politique. Il aimait la solitude, vivait les pieds dans la terre et la tête perchée dans un idéalisme infaillible. Il disait: «Créer, c’est oser. C’est savoir risquer. La magie du verbe n’est point dissociable de l’éclatement du trop-bien-établi, de l’amorphe, du passif, du déréglé outre conscience et de toute aliénation». Youcef Sebti n’a publié qu’un seul recueil de poésie «L’enfer et la folie», avec des airs rimbaldiens, d’une grande intensité, où les mots émergent en feu et en sang du papier pour déchirer la dernière tranchée qui résiste aux cris et à la douleur. Et c’est justement dans cette douleur oppressante qu’il puisait ses mots, sans hésiter à manier le verbe pour retracer la solitude et le désarroi inquiétant de toute une jeunesse livrée à elle-même.
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« Je suis né dans l’enfer J’ai vécu dans l’enfer Et l’enfer est né en moi Et dans l’enfer Sur la haine-ce terreau qui flambe Ont poussée des fleurs. Je les ai senties Je les ai cueillies Et en moi a circulé L’amertume » Avec un lyrisme délicat, attentif à la terre et à ses maux, avec un vif instinct mélodique qui s’insère entre les lignes, donnant un air sérieux, parfois solennel, à cet homme faisant la synthèse entre le monde rural où il avait grandi et du savoir moderne, le progrès, le renouveau vers lesquels il aspirait, il disait : « Les palmiers dans un chatoiement inouï dans un ballottement gracieux remuaient leurs ailes remuaient les plumes de leurs ailes recourbées sous les caresses répétées de la brise du soir » Poète engagé à la révolte tranquille, insaisissable, déroutant et parfois même, inquiétant, Youcef Sebti échappe encore aux définitions immuables, refusant 26 ans après sa mort de rentrer dans tous les cadres prédéfinis pour tout poète de son époque. Il continue de fasciner, par son intelligence inextinguible et son esprit critique sur diverses questions culturelles et civilisationnelles, ainsi que son cri déchiré qui résonne encore. « Bientôt, je ne sais quand au juste un homme se présentera à votre porte affamé hagard et gémissant ayant pour armes un cri de douleur et un bâton volé Tôt ou tard quelqu’un blessé se traînera jusqu’à vous vous touchera la main ou l’épaule et exigera de vous le secours et le gîte Tôt ou tard je te le répète quelqu’un viendra de très loin et réclamera sa part de bonheur et vous accusera d’un malheur dont vous êtes l’auteur Toi tes semblables Vous qui sabotez la réforme agraire »
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ISSUE ISSUE 0301
LA POÉSIE POUR LES NULS Amir GUERMI
Du verbe grec « poiein » signifiant « créer », la poésie est considérée comme l’Art par excellence, la forme la plus complète de l’écriture étant une combinaison entre le langage, avec ses figures et ses rimes, et l’objet du langage, qui doit conserver l’architecture du poème. Son histoire remonte à l’antiquité, l’on peut même dire que c’est la plus ancienne des formes littéraires. Chez les grecs, l’on considérait la poésie comme un don divin et les muses, le fil reliant l’artiste ou le poète aux dieux de la création artistique. L’art poétique a suivi la vie des civilisations et le langage versifié, le mètre, permettait de définir la poésie, selon Aristote. L’épopée; chant lyrique dédié aux héros du peuple grec fut le plus beaux des exemples de poésie antique, Homère avec son Odyssée et son Iliade, les plus grandes œuvres représentatives de la poésie de l’époque. Chantée au temps de l’antiquité, la poésie passa à l’écrit au moyen-âge et, grâce à l’invention de l’imprimerie au XVe siècle, connut un essor considérable. Durant cette période, l’on peut distinguer la ballade; traitant du désir et de la souffrance amoureuse, comme étant la forme poétique la plus répandue comme dans les travaux poétiques de Charles d’Orléans qui se penchent sur la question du sentiment amoureux. Ces formes poétiques médiévales connurent un rejet massif pendant la renaissance sonnant le retour aux formes et genres perdus de l’antiquité et c’est à partir du XIIIe siècle que nous notons l’apparition du sonnet écrit en alexandrin et à qui les fameux poètes de la Pléiade donnèrent ses lettres de noblesse en usant de néologismes et en faisant des emprunts à l’antiquité. Au milieu du la renaissance, la poésie dramatique, représentée par les pièces de théâtre écrites en alexandrin par, entre autres auteurs, Racine et Corneille, prédomina et l’on peut noter la prééminence de la forme sur le fond. Délaissée durant le XVIIIe siècle qui se voulait rationnel et qui connut l’avènement des contes philosophiques de Voltaire, la poésie reprit une place centrale au siècle suivant où les romantiques tels que Lamartine, Hugo ou encore Alfred de Musset; qui considèrent dorénavant la poésie comme l’outil littéraire permettant l’expression de l’exaltation du Moi, le chant intérieur et la sensibilité poussée à son paroxysme, l’image du poète damné et tourmenté vit le jour dont Alfred de Musset en fut l’exemple le plus frappant. Cependant, la deuxième moitié du XIXe siècle connut un élan de modernisme; Charles Baudelaire et Arthur Rimbaud en furent les principaux représentants, avec en prime, une tendance envers la poésie en prose, en témoigne les fameux Petits poèmes en prose de Baudelaire. Peu à peu, la poésie vécut une sorte de glissade qui la mena au règne de la force de suggestion de l’image comme critère central; le surréalisme vit le jour et avec lui quelques grands poètes de ce siècle tourmenté qu’est le XXe siècle, Aragon en tête d’affiche, lui qui donna à la poésie un élan inattendu avec ses calligrammes; poèmes dont la forme évoque un véritable dessin. De ce fait, le surréalisme fut si frappant qu’à l’heure actuelle, la poésie en est fortement influencée. Bien évidemment, la poésie arabe connut ses grands noms tels Abu Nawas, Antar Ibn Chaddad ou encore Al Moutanabi puis Gibran Khalil Gibran, Mahmoud Darwich; dont les poèmes sont les hymnes de la Palestine et Moufdi Zakaria; le poète de la révolution algérienne, auteur de Kassaman. Finalement, la poésie, sous toutes ses formes et traitant tous les sujets reste la forme d’expression littéraire la plus raffinée, ne dit-on point que le poète est un demi-dieu ?
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ISSUE 03
Homère VIIIe siècle av. J.-C.
source : wikimedia
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ANNA GREKI
UNE POETESSE RECONNUE DANS L’INCONNU Manel BENKHALIFA
Nous n’avons pas besoin d’être né(e) algérien(ne) pour aimer l’Algérie et en faire sa patrie, en écrire des poèmes et faire l’éloge de ce pays. L’exemple de cette fidélité est l’écrivaine et poétesse Anna GREKI qui mérite qu’on jette un coup d’œil sur sa vie et sur son histoire. Son nom a émergé à une époque où peu de femmes algériennes se sont illustrées dans le domaine de l’écriture et de la poésie engagées, une époque où la soif de liberté et d’indépendance était le centre de toutes les créations dont l’écriture qui a été la flamme qui réchauffa les âmes donnant ainsi jour à la révolution algérienne. Anna Greki, dont le patronyme sonne comme français et européen s’est illustrée dans l’écriture nationaliste en publiant dans trois revues nationales, où son travail a été loué par ses pairs. « Derrière les murs fermés comme un poing A travers les tiges de protection solaireNos pensées sont verticales »
Anna GREKI, de son nom Colette Anna Grégoire, est née le 14 mars 1931 dans les majestueuses montagnes des Aurès, à Batna. Algérienne et nationaliste, fille unique d’une famille française bourgeoise et élitiste mais très bien adapté à la culture chaouie, cet environnement a joué un rôle très important dans sa pensée et son savoir-vire depuis son plus jeune âge. Par la suite elle a épousé un algérien ce qui renforça son amour pour la patrie et cela sans partage. Sa culture et sa conscience l’ont travaillé jusqu’à son adolescence et sont devenues plus intenses, car Colette a fréquenté une université parisienne et a rejoint l’élite algérienne en France mais n’a pas fini ses études et est rentrée chez elle pour lutte politique et pour l’indépendance. En 1955, elle rejoint le parti communiste algérien et contribua au renforcement du rôle des femmes dans la vie politique. En 1957, le parti fut interdit et Anna fut incarcérée à la prison de « SERKADJI » où les femmes subissaient les pires tortures et abus sexuels de tout genre, elle fut expulsée en France par la suite. A son retour en Algérie, elle épousera un algérien du nom de Melki. Anna Colette écrivait sous le pseudonyme Anna GREKI qui était les deux derniers noms de son nom complet. Après l’indépendance de l’Algérie, en 1963, elle bénéficia de la loi de l’excellence car ses parents étaient algériens et musulmans, et qu’elle était mariée à un algérien. Plus tard elle obtiendra son BAC en littérature française en 1965. En 1966 elle est morte suite à un accouchement.
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Extraits … Même en hiver Même en hiver le jour n’était qu’un verger doux Quand le col du Guerza s’engorgeait sous la neige Les grenades n’étaient alors que des fruits seule Leur peau de cuir saignait sous les gourmandises On se cachait dans le maquis crépu pour rire Seulement. Les fusils ne fouillaient que gibier. Et si la montagne granitique sautait A la dynamite, c’était l’instituteur Mon père creusant la route à sa Citroën. Aucune des maisons n’avait besoin de portes Puisque les visages s’ouvraient dans les visages. Et les voisins épars, simplement voisinaient. La nuit n’existait pas puisque l’on y dormait. C’était dans les Aurès A Menaâ Commune mixte Arris Comme on dit dans la presse Mon enfance et les délices Naquirent là A Menaâ - commune mixte Arris Et mes passions après vingt ans Sont les fruits de leurs prédilections Du temps où les oiseaux tombés des nids Tombaient aussi des mains de Nedjaï Jusqu’au fond de mes yeux chaouias Frileux comme un iris Mon ami Nedjaï Nu sous sa gandoura bleue Courait dans le soir en camaïeu Glissant sur les scorpions gris De l’Oued El Abdi Derrière les chacals brillants Qui rient le cou ouvert. Et dressé en angle aigu, lisse Au haut de ses échasses Il lançait pour voir clair Jusqu’à la fin de l’espace La lune au tire-boulettes. Maintenant c’est la guerre aussi dans mon douar Il a replié ses kilomètres de joie Comme les ailes au-dessus gris d’un papillon Polymorphe et couve sous des gourbis zingueux
Tous les bonheurs en germe qui n’existent plus Dehors - pas plus que les vergers dont les soieries sucrées rendaient le vent plus mielleux qu’une abeille Pas plus que le bruit des pieds nus de Nedjaï Sur les racines de mon enfance enfouies Sous des sédiments de peur, de haine, de sang Car c’est du sang qui bat dans l’Oued El Abdi Et roule les scorpions gras comme des blessures Qui seules survivraient des corps martyrisés. C’est la guerre Le ciel mousseux d’hélicoptères Saute à la dynamite La terre chaude jaillit et glisse En coulée de miel Le long des éclats de faïence bleue Du ciel blanc Les bruits d’hélices Ont remplacé les bruits d’abeille Les Aurès frémissent Sous la caresse Des postes émetteurs clandestins Le souffle de la liberté Se propageant par ondes électriques [. . .] A la lumière de mon âge je l’avoue Tout ce qui me touche en ce monde jusqu’à l’âme Sort d’un massif peint en rose et blanc sur les cartes Des livres de géographie du cours moyen Et lui ressemble par je ne sais quelle joie liquide Où toute mon enfance aurait déteint. Tout ce que j`aime et ce que je fais à présent A des racines là-bas Au-delà du col du Guerza à Menaâ Où mon premier ami je sais qu’il m’attendra Puisqu’il a grandi dans la chair de mon cœur. Si le monde qui m’entoure a vieilli de vingt ans Il garde dans sa peau mes amours chaouias.
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LE VIDE DANS LES ARTS PLASTIQUES: RÉTROSPECTIVES ET HORIZONS Kenza BITAM « NON RIEN DE RIEN, NON VOUS NE VERREZ RIEN … » En physique, le vide quantique décrit l’état du vide selon les principes de la mécanique quantiqu qui montrent que ce vide est en réalité rempli d’énergie engendrant de nombreux effets: on parle alors d’énergie du vide. Dans les arts aussi, le vide ne serait pas forcément synonyme de rien, pour certains artistes il serait synonyme d’inspiration et donc le vide ne serait pas inutile bien au contraire. Et chaque artiste l’appréhende de différentes façons. Enfin, dans le taoïsme, le concept du vide est ainsi expliqué: « les vases sont faits d’argile, mais c’est grâce à leur vide que l’on peut s’en servir ». À travers l’histoire et à travers divers courants artistiques, le vide a eu ses moments de gloire, bien qu’il ait été souvent rejeté par une majorité qui préférait des œuvres bien chargées, le vide a su se frayer un chemin auprès des plus grands artistes. En 1958, l’artiste Yves Klein réalise une exposition complètement vide, intitulée « la spécialisation de la sensibilité à l’état matière première en sensibilité picturale stabilisée », mais plus connue sous le nom « exposition du vide ». Il exposa à la galerie Iris Clert, rue des Beaux-arts à Paris; le tout n’étant qu’une suite de salles vides aux murs peints en blanc. Scandaleux et déviant toute règle de l’art pour certains, remarquable et étonnante pour d’autres, l’exposition en a laissé dubitatif plus d’un.
Robert Irwin, ‘Experimental Situation’, 1970
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Selon Yves Klein, la beauté est partout où l’on veut qu’elle soit et nul besoin de lui donner un aspect matériel. Il disait: longue vie à l’immatériel ! Dans les années 60s, l’air conditionné est mis en avant grâce à une exposition plus au moins aérienne. En effet, le groupe « art et langage », qui, à l’époque se composait de Terry Atkinson et Michael Baldwin, expose en 1966-1967 « the air-conditioning show »; comme son nom l’indique, ce show plonge littéralement le visiteur dans un espace rempli d’air conditionné, et modifie ainsi tous les développements ultérieurs de l’art contemporain. Cette exposition est maintenant considérée comme une phase importante dans le développement de l’art moderne. Par la suite, et tout en reproduisant partiellement le principe d’absence de Klein, la « Experimental Situation » de Robert Irwin de 1970 à l’Ace Gallery de Los Angeles, est un engagement beaucoup plus timide avec l’espace vide théoriquement rempli de la présence de l’artiste. Comme l’a expliquée l’invitation à l’exposition: « La galerie sera vide pour une période de 1 mois (octobre), pour que Robert Irwin puisse visiter l’espace tous les jours pour concevoir les différentes possibilités d’œuvres d’art pour l’espace ». Loin de l’affirmation triomphale de soi qui dynamise la pièce de Klein, l’approche d’Irwin suggère un vide qui nécessite. Cette stratégie méditative, en effet, a fonctionné magnifiquement, résultant la « Scrim Piece » en 1971; la première des œuvres acclamées de l’artiste utilisant le tissu de polyester. Des années plus tard, l’exposition « Concerto en noir et bleu » de David Hammons a eu lieu dans une galerie non-éclairée de New York; espace que les visiteurs ont pu explorer en utilisant de minuscules torches LED bleues, rappelant ainsi l’exposition surréaliste internationale de 1938, qui a également été éclairé seulement par les lampes de poche des visiteurs, l’exposition de Hammons ne fournit aucune œuvre d’art à observer, mais, au lieu de cela, la pièce entière consistait en l’interaction entre la lumière en mouvement et une obscurité autrement enveloppante et des couches riches de sens suggérés par les deux couleurs impliquées. Ainsi, l’exposition sans objet de Hammons remet en question l’importance écrasante du monde de l’art sur des objets vendables. Plus récemment, l’artiste Roman Ondák a organisé en 2002 des visites d’une galerie vide à Zagreb et en 2006, il organisa l’exposition « More Silent Than Ever » qui n’est rien d’autre qu’une pièce vide supposément équipée de dispositifs d’écoute cachés, dont la présence altère fondamentalement notre perception du vide, la remplissant plutôt d’un léger sentiment de menace. Dans une de ses œuvres plus récentes; Loop, pour la Biennale de Venise 2009, Ondák a joué avec la notion d’invisibilité en transformant l’espace d’exposition en une extension presque sans faille du parc dans lequel il était situé. À travers les œuvre de Yves Klein, Hammons ou encore Robert Irwin, nous pouvons conclure que le vide a eu un parcours bien riche et rempli et qu’il n’a pas dit son dernier mot, et que son avenir sera encore bien rempli. More Silent Than Ever (2006), Roman Ondák
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LA LIGNE SACRÉE : NAJI CHALHOUB Fanny DENIAU EL MAIMOUNI
Naji CHALHOUB, est un artiste plasticien vivant et travaillant à Beyrouth, au Liban. Son travail est caractérisé par l’utilisation de lignes fines au stylo sur papier. Ses oeuvres uniques, et, singulières, représentent souvent des visages aux émotions profondes et poétiques dont certaines, très minimalistes, se traduisent par des visages créés en une seule ligne. Parfois, ses personnages semblent être en détresse. Il expérimente son style et crée des pièces inspirées par des artistes de renom tels que Edvard Munch et Francis Bacon. Qui êtes vous, et que faites vous ? Je suis Naji CHALHOUB, peintre dessinateur. Quelle formation artistique avez-vous eu ? Je suis architecte d’intérieur diplômé de la Faculté des Beaux-Arts et Arts Appliqués, USEK au Liban. Quel est votre art ? Et comment vous vous êtes retrouvé dedans ? Mon art est figuratif, expressionniste; une manifestation de mon inconscient et de mes émois. Parlez nous de Naji l’enfant et de sa relation au dessin . . . On me disait toujours que j’avais la tête dans la lune. Je me retrouvais dans le dessin et je dessinais et gribouillais sur tout support que je retrouvais; casiers, magazines, journaux, murs, depuis aussi longtemps que je me souvienne... D’où vient votre inspiration ? Mon inspiration vient d’absolument tout: de l’histoire the l’art, de l’histoire tout court, d’autres artistes et de la condition humaine dans la société capitaliste contemporaine. Auriez-vous des admirations pour certains artistes ou oeuvres artistiques ? J’en ai trop ! Surtout la renaissance du nord; Bosch, Van Eyck, Grunewald, etc mais aussi pour l’art expressionniste, à savoir Schiele, Munch, Bacon,etc. Quel serait votre endroit idéal pour travailler ? Dans une usine. Un mot pour Monokrome... Merci pour donner un espace aux artistes émergents.
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MOUNA BENAMMANI
DU VIDE À SA MATÉRIALISATION Bizek DEBILI
© MAHMOUD AGRAINE Sommes-nous aujourd’hui capables, d’affronter l’expérience du Vide avec tout ce qu’elle comporte comme exigences ? La notion du vide s’est peu à peu imposée dans notre espace quotidien, sous forme de recette d’hygiène mentale et physique. Ainsi, le Vide s’est mué en technique, en auxiliaire de vie, devenant le fidèle partenaire de toute performance réussie. Observons de quelle manière se dévoile et se manifeste ce VIDE; il ne s’impose pas de manière instantanée; son règne est progressif. Si nous revient à la mémoire la longue tradition de la peinture de paysage en Extrême-Orient, on notera que c’est un lent processus d’évidement que nous pouvons observer au fil des siècles. Et bien qu’au premier regard l’art paraisse étranger à cette tradition, on ne peut douter qu’il la transporte avec lui.
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Mouna Benammani, artiste algérienne de 29 ans, autodidacte et détentrice d’un Master en Management et Gestion d’Entreprises, porteuse et organisatrice de la première édition du Projet MAAEN Art connections; une résidence et rencontre artistique qui a eu lieu en 2019. Leila Assas la décrit ainsi: « Son univers artistique et pictural, nous plonge dans une démarche axée sur l’engagement qui se traduit par le choix des thèmes, citons à ce propos «LEMRA HACHEK»: une allégorie aux représentations liées aux femmes en Algérie, qui traduisent un regard tantôt omniscient, tantôt interne qui tente de nous fournir des éléments de lecture sur cet être qui est «la femme». Des couleurs chatoyantes viennent titiller des visages austères et meurtries. «Terre, mère nourricière» ou encore «implosion» en sont une éloquente illustration. De la figuration fidèle aux abysses d’une «Réflexion» profonde, nous voilà désormais entre songe et réalité . Les projets éclectiques se superposent également avec le projet «Oriental is me» ou encore «Soug En’ssa» qui se déploient comme une satire empreinte d’autodérision sur l’image actuelle des femmes maghrébines».
© MAHMOUD AGRAINE
À travers trois installations artistiques: Sacralizacion, Chasteté sélective et Chronique d’une déchirure, que l’artiste nous plonge dans les dédales de sa pensée, de sa sensibilité et de son ingéniosité pour en arriver à matérialiser et presque toucher à ce VIDE insaisissable. À propos de son installation intitulée «Chronique d’une déchirure», Mouna nous confie que c’est une volonté de matérialisation de celle-ci, métaphore d’une plaie visible ou latente, une déchirure physique et émotionnelle. Une lacération plastique. Réelle ou abstraite? C’est face à la lumière qu’elle prend forme et se révèle. Papier et lumière interagissent ensemble, dans un lieu où tous deux se veulent médiums. © MAHMOUD AGRAINE « Le vide est nécessaire au plein, comme le silence est nécessaire à la musique » Mouna Bennamani Dans un espace où ces lacérations créent des ombres profondes et lumières dans les cavités, dépassant les limites bidimensionnelles qui lui sont initialement imposées. «Chronique d’une déchirure» est un questionnement sur le paradoxe du beau et de la douleur, comme une volonté de donner corps à cette dernière. Offrant une seconde vie aux êtres brisés. Toute cette interaction entre vide et lumière permet à un support plat qui est le papier accroché à une surface plane de donner une profondeur qui nous prend aux tripes, une lacération déchirante pour les uns et source d’inspiration pour ceux qui possède ce petit grain de folie qui fait toute la différence. www.monokromemag.com I 37
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CHEZ AMI KADA
FROM NOTHING TO SOMETHING Nadjia ALAHOUM
En descendant les escaliers, je savais déjà, qu’une fois dans la cave, je rencontrerai l’amour, l’art, la culture et l’histoire. Ce que j’ignorais, c’est que la caverne d’Ali Baba se trouve en Algérie, là où les richesses des quatre coins de la planète se croisent à Ghandja. Kada BENSMICHA, connu sous le nom de « Ami kada », un artiste polyvalent natif de de l’Ouest algérien, plus précisément de Sidi Bel Abbès, il passa son jeune âge à exercer différents métiers d’art: le conte, la danse, la peinture, la sculpture , le théâtre et l’art de la marionnette. Il est le fondateur de l’unique musée de marionnettes en Algérie et le premier en Afrique, le « Musée Ghandja » que nous allons découvrir . . . Une définition de Ghandja... Ghandja ou « aghandjaï » en tamazight, signifie « cuillère ». Ghandja est un personnage mythique qui remonte aux croyances anciennes en Algérie. Il fut un temps, un carnaval se déroule à chaque fois qu’il y ait une sécheresse; les enfants, encadrés par des adultes, brandissaient ce personnage tout en chantant et dansant afin d’implorer dieu et de faire appel à la pluie. Ce personnage est une marionnette typiquement algérienne dont la tête est fabriquée d’une épineuse plante appelée « Doum » vêtue d’une robe multicolore. Un présage de bonheur et de richesse. Pourquoi Ghandja ? Les traditions, le folklore sont ce qui fait l’identité d’un pays, il est du devoir de chaque citoyen de préserver la richesse culturelle de son pays. « » كل بالد برطالهاpour dire « à chaque pays sa richesse ». En France par exemple, on retrouve le Guignol, la Petrouchka en Russie, et le Karagheuz en Turquie, tandis que l’Algérie a Ghandja. On a choisi Ghandja pour conserver l’histoire du carnaval, pour mettre en valeur la culture locale et valoriser l’art de la marionnette.
Pourquoi avez-vous décidé d’aménager la cave de votre immeuble ? J’avais constaté qu’on manquait d’endroits où on pouvait s’exprimer librement, organiser une rencontre culturelle ou une exposition artistique, monter une pièce théâtrale ou encore se réjouir de l’écoute de beaux poèmes, à l’exception du théâtre régional, de Sidi Bel Abbès où parfois nous étions opprimés de jouer ou d’organiser une activité. Pendant mes voyages et mes participations aux formations et aux échanges à l’étranger, je passais mes séjours chez des artistes, leurs « chez eux » étaient tout le temps bien décorés et regroupaient une panoplie de pièces artistiques et artisanales. J’en été jaloux, cela m’a beaucoup inspiré. Alors, un jour pendant que je me plaignais à mon ami, Antonio Gonzalez Beltran, il m’a donné l’idée de profiter de l’espace de la cave vide et de créer un endroit où je peux, avec d’autres artistes, redonner vie aux différentes activités artistiques et culturelles. On l’a fondé en 2000 et c’est devenu un lieu où tout le monde est le bienvenu, un monde féerique et une école d’art.
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Comment était la réaction du public et des curieux ? Au départ, j’avais parlé à mes voisins afin d’avoir leur approbation pour aménager la cave, ils étaient curieux et impatients durant les travaux d’aménagement et ils n’ont jamais hésité de donner un coup de main. Cet espace est né grâce aux dons des amoureux et militants de l’art. Actuellement, cet espace est un univers artisanal, un lieu de rencontre des talents et un recueil d’histoires. Les citoyens, toutes tranches d’âges confondues, participent aux ateliers de théâtres, aux soirées ramadanesque, aux formations, et aux rencontres d’échange et d’apprentissage. Ce lieu a recréé l’affection entre voisins, a fait renaître l’esprit de charité et de solidarité dans une atmosphère de convivialité. Je citerai l’ambiance et la joie qui qui régnait durant les soirées qu’on a animé Ramadhan dernier. Les artistes qui nous faisaient part de leurs expériences, les jeunes qui échangeaient entre eux, les passionnés des histoires qui m’écoutaient avec passion, mon fils et ses amis qui ont monté un groupe de chant soufi jouaient toute la nuit, tandis que les femmes n’ont pas hésité à venir accompagnées de délicieuses spécialités; thé, zlabia et chamia étaient au rendez-vous. Ce musée est le chez soi de tous ! Parlez nous de l’expositions de marionnettes... Le musée est un archive de collection de marionnettes qui viennent de partout; 450 marionnettes dont une collection de marionnettes anciennes et contemporaines, des poupées et des pièces traditionnelles exceptionnelles. La plupart d’entre sont offertes par mes amis artistes des quatre coins du monde. On y trouve par exemple des Bunraku japonais, des rôi nuoc vietnamiennes, des Petrouchka russes ou encore des pièces de l’Opera dei Pupi de Sicile appelées Burattini. D’autres sont fabriquées ici, et qui ont été créées suite à des ateliers de formation d’enfants organisés périodiquement en tant que coopérative théâtrale Eddik qu’on dirige mon fils et moi. On crée nos propres expositions temporaires et surtout itinérantes afin de faire connaître cette richesse au niveau national et international. Les marionnettes algériennes participent très souvent dans aux festivals et événements culturels et religieux. © LEILA BENMANSOUR 42 I www.monokromemag.com
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Ce musée est aussi un lieu de rencontre, un cocon de culture. Qu’apporte t-il aux jeunes ? Chaque soir pratiquement, les jeunes du quartier se rassemblent ici, c’est leur espace de loisir et je suis réjoui de le voir grandir. Ghandja leur permet de s’exprimer librement, leur donne espoir, leur permet d’apprendre afin de transmettre aux génération futures, ils les fait grandir et mûrir et renforce ainsi leur confiance en soi et leurs relations sociales. Un mot sur le futur de Ghandja... Organiser plus de résidences artistiques sera un énorme acquis pour le musée et pour la coopérative Eddik. Je souhaite rajouter une bibliothèque, où les enfants peuvent venir prendre un livre, discuter l’histoire entre eux et écrire leur histoire à eux. Je voudrais leur offrir un espace accessible à tout moment pour acquérir du savoir, de l’éducation et de la culture. Un mot à nos lecteurs… Sachez que « sans l’art l’homme meurt d’ennuie », l’art est une manière pour répandre l’amour, la tendresse, le pardon et la tolérance. Accrochez-vous, apprenez et ne perdez jamais espoir! Vous avez l’art et votre culture, ils sauront nourrir vos âmes.
© LEILA BENMANSOUR
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RITES GNAWIS: AU-DELÀ DE LA MUSIQUE,LA GUÉRISON DE L’ ÂME Ghenima AHMED SAID
Entre les âmes rebelles, je marchais, en cette nuit mouvementée sans vraiment savoir où aller, je m’évadais. Loin de ma vie, trop épicée de routine, qui devient toute banale, j’ai rendu liberté à mes jambes pour qu’elles m’amènent là où les pas s’achèvent, mais, elles se fatiguent rapidement, et on se pose face à une placette, parfumée d’une odeur de paix, cette paix qui règne, entourée de rythmes qui s’accouplaient en donnant naissance aux œuvres. Je m’y sens euphorique, libre, comme l’art qui m’entourait, qui me ressemblait et qui me rassemblait, toute émiettée que j’étais, en un seul être. « Rites Gnawis », le monsieur annonçait, comme un messager qui m’apportait la bonne nouvelle. Je m’approchais, et je fondis dans la masse. Cette dernière m’emporte sur une terrasse d’une maison archaïque et peu lumineuse. Je m’assoie et j’attends, jusqu’à ce que j’aperçois un vieil homme appelé « Maalem Bahaz » et ses enfants s’approchaient, comme un messier et ses adeptes, accompagnés de Guembri, tout me parait normal, ce n’est pas la première fois que j’assiste à un tel évènement, mais là, on dirait une حضرة, l’audience spirituelle des soufis. Premières notes de Guembri, le Karkabou et les chants s’enchaînent avec, je commence à suivre la rythmique en vacillant doucement la tête, puis je tourne sur moi-même, entraînant ma chevelure avec moi. Mes pieds s’animent, le chant résonne et les instruments suivent le rythme, mon esprit, mes émotions, mon corps et ma conscience étant occupés, je rentre en transe. Dès que le Maalem gratte son Guembri, guitare gnawa composée de trois cordes en boyaux, sous les yeux des étoiles, je rentre en connexion avec les dieux, on dirait même, que nos esprits se fusionnent. Le rythme s’accélère. Je me lève et je tape mes pieds sur le sol pour embraser le cœur de l’audience. SCARABEO CAMP
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Cette musique, cet itinéraire spirituel, héritée de profondes racines ésotériques, évoque la joie intérieure, ce qui forge en moi la vérité, l’amour et la liberté. J’ai senti un langage mystique très ancien. J’avais la certitude que, à chaque fois que cette musique me caressait l’oreille, je redeviens moi-même. J’ai compris que le Gnawi me permettait d’atteindre la plénitude. Je n’ai pas résisté. Il m’a paru que le Maalem était un gourou qui m’initie au cheminement. Je dansais en étant consciente que c’est le moment le plus connecté avec la vie réelle, comme si ma vie « réelle » n’était qu’un spectacle infini dans lequel je joue sans avoir choisi le rôle, ou même sans y être. Je transcendais les limites de la vie quotidienne et j’abandonnais mon ego, pour redevenir comme un nouveau-né. Le Gnawi, un outil de méditation, un instrument très puissant qui vient de la profondeur de l’âme, du cœur, de mon corps et de mon existence. Plus fort que l’intellect. Dans l’instant, se mêlent le chant, la danse et la musique, en mobilisant l’attention de l’ouïe, de la voix et du corps. Le Guembri, le Karkabou, et التصفاق. Chaque élément comporte une forte symbolique. Je me suis mise au milieu, le joueur de Karkabou improvise une mélodie en fonction de son ressenti du moment. À cet instant, j’ai fait, spontanément, trois tours sur moi-même, chaque tour représentait, symboliquement, les trois sphères nécessaires à l’épanouissement de mon être: le premier est celui de la science, le second celui de la vision pénétrante et le troisième celui de l’union. Je trouve mon psyché unifié entre science, logique raisonnée et intuition, sans aucune dichotomie entre raison et intuition, les deux étant considérés comme primordiales à mon évolution et développement personnel, je laisse tomber mon chèche vert, mes bras perpendiculaire au corps, j’ai incliné aussi ma tête et j’ai commencé à tourner au rythme des sonorités et des cris. Les rondes que je faisais, symboliserait, je crois, celles des planètes autour du soleil et autour d’elles-mêmes. J’ai ressenti ici la perception de s’unir au cosmos car je sais qu’il m’est identique.
C’était le seul moment présent que j’ai vécu, cela signifie très clairement que j’ai vécu ici et maintenant sans prendre en compte mon passé et mon futur. Alors cela me semble peut-être absurde car je suis physiquement dans le présent en permanence. Mais mentalement, c’est une autre histoire. Mon esprit a tendance à vagabonder dans le passé et le futur jusqu’à ne plus me rendre compte que j’ai perdu une matinée voire même une journée. C’est bien beau toute cette danse qui m’a attaché au présent, qui m’a permis d’être heureuse, c’était un moment qui exclut littéralement le futur et le passé, que j’ai vécu pleinement et consciemment. Le rite gnawi m’a fait adopter un œil neutre sur ce qui m’entoure, et sur ce qui peut m’arriver éventuellement. Ma vie réelle, dont je parlais tout à l’heure, n’est pas vraiment mon questionnement, c’était plutôt la réalité, et en plein danse, en plein transe, le Gnawi m’a donné réponse: la réalité EST, tout simplement, loin du fait qu’on la trouve vivable ou détestable. Et au beau milieu de la danse, en plein transe j’ai apprécié le monde et la vie tels qu’ils sont. Et quand j’ai pris cette peine là, tout est devenu merveilleux. Les frappes des Karkabous, التصفاق, et les cris ا هللا ا رسول هللاcomme une main qui pénètre les profondeurs de mon âme pour me faire descendre d’en haut, de très haut. Moi, agenouillée, les pommes de mes mains sur le sol, ma tête penchée vers le devant avec la chevelure qui me voile le visage, le rythme se décélère, mes palpitations baissent, mes poumons commencent à retrouver leur ton habituel, et moi je remets les pieds sur terre, autrement dit, je ré-habite ce monde. Je fais tourner ma tête doucement en balayant les alentours avec mon regard, avec un regard émerveillé qui verra chaque instant comme un cadeau, là où tout s’évanouit pour laisser place aux délices de la vie.
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LE MIME CORPOREL LE CORPS, OUTIL D’EXPRESSION Yasmine LATRECHE
© PINA BAUSCH Aujourd’hui, nous explorerons les principes du mime corporel qui trouve sa qualité théâtrale par la précision et la dynamique de l’action afin de constituer un corps articulé, avec une large palette de possibilités de mouvements. Clarifier ses actions et ses gestes, les isoler et varier leurs intensités, en effet, à l’heure où les arts se croisent et leurs frontières se perméabilisent et où les différentes disciplines artistiques conversent et se mêlent, de nouvelles écritures théâtrales apparaissent. Parmi elles, un théâtre qui repose sur le langage du corps et le mouvement dramatique, que certains appellent le mime. De nos jours, le mime se diversifie et offre un large éventail de pratiques et d’esthétiques. L’objectif du mime corporel est de placer le drame à l’intérieur du corps en mouvement. Il s’inscrit à contre-courant des apprentissages artistiques qui envisagent le mime comme un substitut de la parole. Donner au corps la forme et la qualité de mouvement de sa pensée. L’expression corporelle est donc un art, et comme tout art, il est à la fois un ensemble de techniques et une expression personnelle. Les techniques utilisées par les artistes sont des outils qui permettent de vivre le geste harmonieux, et grâce à des propositions de mise en situation, l’expression corporelle permet de prendre conscience des possibilités gestuelles, aide à la communica46 I www.monokromemag.com
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tion, affine la sensibilité, améliore les multiples moyens d’expression, approfondie la connaissance de soi tout en rendant le geste plus libre pour rendre la créativité plus aisée. Tout le monde a en tête des noms ou des images de mimes célèbres: Charlot, le mime Marceau, Pierro, etc., Ils sont toujours agréablement surpris par ces personnages mystérieux capables de les interpeller, de les faire rire ou de les questionner, sans ne jamais prononcer une seule parole. Cet art est un patrimoine immatériel culturel de l’UNESCO depuis 2017, une reconnaissance à la fois artistique et historique annonçant un soutien à tous les travaux de création et d’accompagnement liés au mime dont la force est aussi de s’adresser à tous les publics, quels que soient leurs langues, leurs âges, leurs convictions et leurs envies. Fondé à la fin des années 1920 par Etienne Decroux qui place le drame à l’intérieur du corps humain en mouvement et qui redessine le profil, le mime est considéré comme la forme du théâtre de demain. Son travail est colossal voire utopique et pourtant, Decroux réussira tout au long de sa vie, à doter son art d’une véritable technique basée sur l’articulation corporelle, le rythme, l’interprétation et les contrepoids,où l’acteur serait à la fois l’instrument et l’instrumentiste, autrement dit, la marionnette et le marionnettiste. Tous les mouvements de notre corps; ses gestes, ses actions et ses attitudes peuvent être perçues comme le reflet d’une intention intérieure. Etienne Decroux résumait cette observation en disant que « le corps est un gant dont le doigt serait la pensée »; une façon de d’affirmer la nécessité d’affiner notre perception du lien entre mental et physique pour que le mouvement devienne un langage corporel débarrassé de signes conventionnels.
© PINA BAUSCH
CRIQUE DU SOLEIL
Dans ce moment de grand métissage artistique dans lequel danse, théâtre, marionnette et cirque reviennent aux fondamentaux du corps; la technique développée par Decroux devient un parcours incontournable pour tout artiste, acteur ou danseur désireux d’améliorer son potentiel corporel dans l’espace scénique. Aujourd’hui, compagnies, artistes, pédagogues, structures culturelles, professionnels et amateurs, se regroupent en association ou collectif, pour défendre la pluralité, la diversité et l’inventivité de la création contemporaine dans ce domaine. Leurs objectifs sont de structurer et de développer la profession, soutenir la création artistique ainsi que la circulation des œuvres afin de sensibiliser le public, les médias, les structures culturelles et les pouvoirs publics. Si vous aimez l’art dramatique, le mouvement et si vous êtes intéressés par la poésie, le rire, voire les deux à la fois, si vous voulez découvrir ou redécouvrir la richesse du mime contemporain, le corps théâtral algérien est à l’écoute afin d’éveiller votre imagination et vos qualités sensorielles. www.monokromemag.com I 47
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OUZIENE RAHMOUNI
COMÉDIEN AU MULTIPLES TALENTS Fariza CHAMEKH
Coopérative Théâtrale MACHAHU Le théâtre est l’art des gens libres de créer, engagés pour la scène et responsables de leurs missions. Le comédien, comme tous les pratiquants de cet art, qu’ils soient metteurs en scène, chorégraphes, scénographes ou autres, entre en relation avec les planches, d’où il tient sa force. Une force, à la fois spirituelle et intellectuelle, qui lui permet de comprendre, d’analyser et puis de transmettre le message. Parce que, le théâtre, n’est pas seulement un art de divertissement et d’amusement, mais une école, une éducation, un moyen qui nous permet de préserver la relation entre l’art et le spectateur, ou la société. Donc, le comédien se charge de cette honorable mission de mieux présenter cet art qu’est le théâtre. Né en Kabylie et il n’a que 27 ans, Ouziene RAHMOUNI, jeune artiste comédien, a découvert son amour pour les planches depuis son enfance. À Iferhounene, son village natal dans les hauteurs de la Kabylie, ses amis et lui, ont entamé une formation d’initiation au théâtre dans une maison de jeunes. Puis, sa première expérience sur scène, avec un petit sketch, a été primée d’un grand prix à Tizi-Ouzou. Depuis, il s’est lancé dans ce domaine avec la Troupe Hamid Bentayeb, qui devient ensuite la Coopérative Théâtrale MACAHU d’Iferhounene. Avec le temps, son amour pour la scène grandit et le pousse alors à tenter des expériences avec plusieurs metteurs en scène. Ouziene participa à une dizaine de productions: Ulac el Harga ulac, Yennayi Jeddi avec Houche Abderrahmane, Tislit N Wanzar avec Yahia Ben Ammar, Tadhsa di Twaghit avec Azzouz Abdelkader et aussi Anwa Kecc avec Tounes Ait Ali parmis tant d’autres. 48 I www.monokromemag.com
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En 2011, ce jeune talentueux a obtenu son premier prix de meilleure interprétation masculine au Festival National du Théâtre de la Montagne avec la pièce « Tafat deg Uceqqiq N’tlam ». En 2016, le spectacle « Tadhsa di Twaghit », a été primé de cinq grand prix dans plusieurs festivals. Ouziene RAHMOUNI a également connu des participations internationales à savoir le Festival International de Gafsa en Tunisie. C’est en 2017, que le talentueux comédien et metteur en scène, Sadek Yousfi a monté « Sin-Nni » du dramaturge amazigh MOHIA, où Ouziene interpréta le rôle de l’ouvrier immigré en Franc; un ouvrier ignorant mais intelligent, illettré mais vicieux. Avec son partenaire, l’étudiant intellectuel, avec qui il partage une cave à Paris, ils explorent les relations humaines et nous rapportent la situation des immigrés algériens en France; la misère, les conflits sociaux, l’incapacité, la cupidité et l’ingratitude. La mise en scène de Yousfi, a créé un chef-d’œuvre avec ce personnage qui a ouvert un multitude d’horizons à son ami, lui permettant d’exploiter toutes ses capacités sur scène; un spectacle où il a dansé, chanté, pleuré, rigolé et s’est même affolé. Un rôle composé qui a mis les talents du comédien en valeur en lui permettant d’obtenir plusieurs prix de meilleure interprétation masculine, et ce lors de la IXe édition du Festival National du Théâtre Amazigh à Batna en 2017, la Ière édition du Festival National du Théâtre Réaliste à Tiaret en 2018, et enfin, une nomination lors de la 52ème édition du Festival National du Théâtre Amateur.
Coopérative Théâtrale MACHAHU Pour la plupart des amateurs du théâtre comme Ouziene, cet art est une affaire d’amour et de passion. On ne choisit pas le théâtre, mais c’est le théâtre qui choisisse ses siens. Ouzien nous confie : « Étant jeune, je n’ai pas décidé de devenir comédien de théâtre. J’ai commencé par curiosité, pour découvrir et m’amuser … Finalement, la scène m’a charmé, j’ai donc réussi à construire une forte relation avec le théâtre, qui, aujourd’hui ne me laisse pas lui échapper ». Oui, avec la scène, c’est une affaire d’amour, mais la mission du comédien ne fait que commencer. Être comédien de théâtre, pour Ouziene, c’est d’abord être humain. On ne peut pas monter sur scène si on n’a pas de valeurs humaines, si on n’a pas une cause à défendre, et surtout si on n’est pas en parfaite conscience de la situation; sociale, politique ou économique de son environnement. En seconde lieu, c’est être polyvalent, aux multiples talents, aux multiples facettes. Tout comme le théâtr, le père des arts, le comédien doit aussi l’être. Cela ne veut pas dire être le père des artistes, non, mais comme, au théâtre, on chante, on danse, on joue aux instruments, on change de voix, on se transforme en plusieurs personnages, on interprète plusieurs rôles et situations, donc: « à mon humble avis, pour être digne des planches, le comédien doit développer plusieurs capacités et talents; la parfaite diction, manipulation de la voix et intonation, le chant, la danse et surtout la souplesse du corps… ». Bien que le talent et l’ambition de Ouziene l’ont mené vers le cinéma, cela ne l’a pas éloigné de sa bien-aimée LA SCÈNE. Aujourd’hui, il prépare une nouvelle saison, un nouveau spectacle et une nouvelle aventure, une nouvelle cause, une cause noble. www.monokromemag.com I 49
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RÉFLEXIONS SUR L’ART NUMÉRIQUE: LE VIDE, LE PLEIN, LE RIEN ET PUIS . . . Nassim MOUSSAOUI
L’homme arrivera-t-il objectivement à interroger sa nature humaine profonde, de la façon la plus sincère, la plus honnête: « le vide est-il autour de lui ou en lui » ? L’artiste ne copie pas, il crée, de ce fait il faut distinguer l’absence d’inspiration du désir de ne pas créer; c’est l’impasse créative, la terrible feuille blanche, le sentiment de vide est d’abord intérieur. Qu’est-ce qui nous inspire, nous fait éloigner du vide, à la recherche du plein? Réponse: on ne peut être plus complexes, car possédant des réactions aussi variées que les domaines ou les situations dans lesquelles nous évoluons. Quelles réponses à l’ère du numérique, de sa masse phénoménale, son ampleur, qui nous engloutit de plus en plus dans un tourbillon d’applications parfois éphémères, un tourbillon auquel nous adhérons forcés ou non, avec ou sans conviction ?
NASSIM MOUSSAOUI C’est parfois le vide qui nous permet de créer! N’avons-nous pas souvent entendu: « pour aller mieux, faites le vide », « Remplis ta vie, vide-toi de tes soucis » ? Cette dualité plein-vide, crée ce choc incroyable qui permet à l’art de s’exprimer. Tendres ou violents, les rapports qui les lient n’en restent pas moins mystérieux , magiques et fertiles. « La nature féconde le regard,le regard nourrit l’inspiration,l’inspiration engendre l’œuvre » Sylvain Tesson
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Le vide puiserait-il son existence de cet individualisme qui nous corrompt de jour en jour, en cette ère numérique, où le partage sur les différents réseaux sociaux crée plus de solitudes que de présences, plus d’informations que de connaissances ? Le partage sincère et honnête serait-il devenu une denrée si rare, que remplir sa vie devienne une aventure exceptionnelle, voire incroyable ? Le vide est-il salvateur ou ce bourreau froid qui attend le moment fatidique, l’heure ? Que d’expressions, de proverbes, sur la notion du vide et donc du plein ! Que faut-il en penser finalement ? Le vide remplit nos vies de bien plus de choses que nous ne voulons l’admettre: « Saute dans le vide, dans l’inconnu, fait le premier pas et remplit ta vie ». Ainsi, l’univers, avec les lumières d’étoiles mortes depuis si longtemps, nous montre bien que le vide a un impact puissant, autant par sa présence, que par son absence. Ces étoiles disparues, remplissent le ciel par leur inexistence.
JOHNNY JOHNSON
PAWNY
Faut-il donc se passer des questions ou faire les choix qui font que l’on avance? Ou, « pour combattre les démagogues qui ont le vent en poupe, nous devons chercher les raisons de leurs succès dans le vide qui nous entoure et souvent nous habite. Pour renaître de nos cendres, commençons par mourir à nous même » comme le disait si bien Raphaël Glucksmann dans « Les enfants du vide ». Un vide, un plein et puis voilà un art numérique qui exploite et se nourrit de leur dualisme en jouant de leurs associations ou de leurs dissensions. Et cela vous donne l’exposition Van Gogh aux Carrières de Lumières à Baux-de-Provence dans des grottes défiant l’entendement. Un espace majestueux, grandiose, où l’être se sent si modeste et enfin l’esprit préparé à recevoir toute l’immensité de la beauté créative d’un artiste splendide. Van Gogh, la nuit étoilée, une création de Gianfranco Iannuzzi, Renato Gatto, Massimiliano Siccardi, et en musique s’il vous plaît, Luca Longobardi, à voir, dans la mesure du possible, du 1er mars 2019 au 05 janvier 2020. Même le picotement du froid des grottes profondes sur la peau, ne saurait entamer l’émerveillement ressenti, face à des paysages colossaux, qui vous arrivent de toute part, les frissons de l’art, parfois même à vous en faire perdre l’équilibre, quand les eaux et les cieux de Van Gogh se retrouvent sous vos pieds. « Le bonheur est vide, le malheur est plein » Victor Hugo Voici donc le vide, le plein, mais qu’en est-il du rien ? S’il n’y a rien, c’est le vide, s’il ya quelque chose, c’est le plein. Peut-être est-ce simplement la jonction, le lien, qui permet au vide d’être relié au plein et inversement ? Un peu comme le passé et l’avenir dont le lien incontestable est le présent et finalement l’élément le plus important de nos vies, celui de l’instant unique, évanescent. Il est peut-être bon, parfois, de se souvenir que nous ne sommes rien et un tout à la fois . . .
© Liis perman
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LA RÉALITÉ VIRTUELLE: LA NUMÉRISATION DE L’ART EN 3D Insaf Maissa MESSAOUDI
© RENATO MANGOLIN L’accélération technologique a pris son essor à l’époque moderne, le développement de la technologie a connu de signifiantes avancées qui ont transformé les sociétés et le monde entier. De nouvelles aptitudes offertes à l’homme pour sa vie quotidienne ou encore les progrès remarquables réalisés en matière de technologie, devant toutes ces prouesses numériques et autres, l’homme ne parvient pas à s’empêcher d’être en admiration ultime face à l’évolution effectuée pour et par l’humanité. En continuité d’exploitation de ces nouveautés, les frontières entre le virtuel et la réalité deviennent de plus en plus minces qu’auparavant, le virtuel désigne aujourd’hui ce qui est fictif, numérique et immatériel, contrairement au monde réel, d’où la notion de la réalité virtuelle est survenue; une technologie informatique immersive en mesure de simuler interactivement la présence physique d’un utilisateur dans un monde virtuel généré par un ordinateur, une console de jeu ou un smartphone, à fin de lui permettre de vivre une expérience d’immersion et de mener une activité sensori-motrice, lui faire percevoir un environnement artificiel de façon réaliste et de lui attribuer la possibilité d’interférer intuitivement et naturellement et qui a pour objectif de créer une interaction avec les composants qui constituent cet univers. De ce fait, la première machine de virtualisation a été conçue en 1956 par le père de la réalité virtuelle MORTON HEILIG, et qui est considérée comme l’un des premiers systèmes de technologie immersive et multisensorielle. Aujourd’hui, les nouvelles technologies aboutissent à remanier la manière dont l’art est observé et dont les artistes réalisent leurs œuvres. Les pinceaux et les brosses; deux outils traditionnels sont encore loin de connaître et d’être fonctionnels récemment, cependant, de nouvelles méthodes artistiques sont en phase de renaissance grâce aux périphériques numériques. 54 I www.monokromemag.com
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À de nombreux points de vue. La réalité virtuelle semble être le capital vecteur de cette transformation dans lequel des artiste aguerrissent plus que jamais la potentialité immersive, une toile d’artiste comme les autres. Cette constatation se fait de plus en plus véritable au fil du temps surtout après les possibilités et les multitudes d’applications exhaltantes de cette technologie dans le cadre des projets artistiques. Maintenant, les artistes peuvent dessiner en 3D de façon tout à fait aisée, en tournant autour de la création et en l’observant prendre forme d’une façon presque palpable. Les numérisations en 3D de tableaux, de dessins et de sculptures font partie des nouvelles méthodes de conceptions du moment que la relation entre l’impression 3D et l’art est bien établie et que les artistes soumettent en essai la réalité virtuelle comme médium pour démontrer leur capacités. En effet, Google annonce la sortie d’une nouvelle dimension à l’art avec son application pour HTC Vive: TILT BRUSH, un logiciel qui serait du côté de la peinture et médium de la sculpture conçu par Skillman et Hackett, une start-up basée à San Francisco. Il permet de dessiner en 3D tout autour de soi tout en offrant des fonctionnalités uniques; la possibilité de choisir l’environnement dans lequel l’utilisateur/artiste © STELLA JACOB désire dessiner, quoi qu’il s’agisse d’un champ, sous un ciel étoilé, au beau milieu de l’océan et voire même dans l’espace. Cependant, il est primordial que l’artiste se sert d’un casque pour visualiser le milieu dans lequel il se retrouve. La peinture s’établit à l’aide de deux manettes spéciales de réalité virtuelle qu’il tient dans ses mains; l’une sert à parcourir les options du menu et l’autre sert de pinceau. Les palettes et formats proposés par TILT BRUSH sont riches et variées; de nombreuses brosses, pinceaux avec différents effets: néon, feu, papier, neige, fumée, éclairs, etc… le tout avec une palette de couleurs personnalisable et facile à utiliser. Actuellement, les artistes supporteurs de la réalité virtuelle ont déjà trouvé des lieux pérennes pour installer et exposer leurs œuvres. Partout dans le monde, les musées se sont portés volontaires en offrant à ce médium un lieu dédié et permanent, ainsi, des événements comme le VR Arles Festival et Recto Verso à Laval se sont entièrement consacrés aux artistes et cinéastes spécialistes de la réalité immersive. De ce fait, la société française UMA (Universal Museum of Art) a présenté un projet assez intéressant qui consiste à réunir, dans un environnement virtuel, une collection d’oeuvres d’art connues dans un musée virtuel majeur sans frontières et tout en tissant un partenariat avec les plus grands musées dans le monde, l’objectif ultime serait d’assembler dans un même point les plus grandes oeuvres d’art pour proposer aux visiteurs de les contempler sans se déplacer, rien qu’en portant un casque de réalité virtuelle. La réalité virtuelle, cette technologie très aguicheuse et révolutionnaire, impacte la vie quotidienne ainsi que le domaine des arts, elle enrôle dans la permanence et l’aboutissement de l’histoire de l’art. L’ubiquité du digital dans notre culture visuelle et esthétique des médias est non-négligeable, étant donné qu’elle est le sommet du procédé audiovisuel et de la connectivité. Les artistes apostent désormais d’un moyen d’expression qui correspond aux conditions et aux circonstances de la vie actuelle, d’un médium capable de rivaliser et même dominer les médias du temps présent. Dorénavant le futur ne fera que tenter à consolider et fortifier le parangon du monde virtuel. www.monokromemag.com I 55
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L’ART DE L’IMMERSION: UNE EXPÉRIENCE À VIVRE Idris FELFOUL
« L’immersion, c’est un moyen de rendre l’univers des sciences plus convivial tout en facilitant la transmission du savoir » ALESSANDRA MARIANI Lorsqu’une nouvelle technologie émerge, le champ des arts s’en saisit comme moyen de stimuler la créativité. Les avancées technologiques des dernières décennies ont changé et amélioré, sous divers aspects, les domaines de notre vie notamment l’art et la manière dont il est utilisé. L’apparition de la photographie a exercé une influence notable dès le XIXe siècle et est devenue d’ailleurs de plus en plus inclusive, à mesure que les artistes se sont orientés vers cette technique pour extérioriser une expérience tout à fait particulière en se basant sur l’image réelle. L’art interactif exemplifie à son tour cette tendance, notamment avec l’arrivée de la micro-informatique grand public à la fin de XXe siècle: les produits issus du numérique construisent progressivement de nouvelles explorations. D’ailleurs, ce passage de l’ère industrielle à l’ère numérique s’est accompagné de plusieurs défis dans le domaine de l’art et a invoqué un intérêt croissant chez les artistes de se faire connaître auprès de nouvelles étiquettes courantes en art contemporain, tel que l’art interactif et l’art participatif. Tout en attirant une grande attention, l’art immersif s’est avéré comme forme spécifique de l’art numérique; une forme d’art dynamique qui constitue un médium que l’artiste peut moduler et travailler dans la construction du sens à travers le mouvement, et contrairement aux formes d’art traditionnelles, l’œuvre interactive se caractérise par la production de l’effet au moment même de sa perception où la réalité augmentée se joint à la réalité virtuelle offrant ainsi une particularité esthétique unique. De plus, si l’on considère qu’une œuvre engage nécessairement une réaction du spectateur, on tente alors d’impliquer le public dans un dialogue interactif avec une machine ou une œuvre en temps réel, cette particularité offre donc aux artistes un large éventail d’applications qui traduisent si bien notre époque en constante évolution. Depuis les années 2000, l’art interactif s’est développé et diversifié suite aux nouvelles technologies numériques et processus informatiques, en vue de proposer un usage artistique reposant sur l’interactivité et l’immersion visuelle. Cette nouvelle révolution a permis à la dimension immersive de gagner en popularité; les propositions se sont multipliées et le public est au rendez-vous. C’est dans cette perspective que les artistes tentent d’exploiter de nouveaux processus technologiques, dans le but de concevoir des expériences sensorielles inédites. Pluridisciplinaires, les œuvres interactives suscitent une collaboration féconde entre les professionnels spécialisés, et selon la taille de l’équipe ou l’envergure du projet, les collaborateurs peuvent toutefois endosser différents rôles et utiliser plusieurs outils de contenus visuels ou vidéos projetées, dans le but d’offrir une expérience virtuelle forte en sensations. Cependant, il n’est pas forcément nécessaire d’immerger le visiteur dans la virtualité pour ressentir l’émotion qui lui est présentée. L’immersion peut se vivre sans support, et d’ailleurs certains artistes essayent d’inventer sans cesse de nouvelles formes de représentations dépourvues d’appareils technologiques.
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La diffusion des œuvres interactives se pose de façon particulière dans le cas des arts numériques par rapport à celle des arts classiques. Les artistes se sont approprié les rues et les musées afin de déployer des nouvelles technologies innovantes pour développer leurs expériences immersives, ils cherchent désormais à collaborer pour construire leurs propres structures en se servant de la science et la technologie moderne qui forgent progressivement de nouveaux rapports à l’art. En effet, plusieurs artistes et personnels professionnels se sont regroupés pour former de grands collectifs internationaux tels que TeamLab afin de diffuser leurs projets dans plusieurs coins du monde.
©Teamlab Jul 12 - Nov 04, 2019 Takeo Hot Springs, Kyushu, Japan
TEAMLAB Fondé en 2001 et considéré comme l’un des pionniers de l’art numérique dans le monde, Teamlab est un collectif Japonais interdisciplinaire d’ingénieurs, mêlant artistes, mathématiciens, architectes et spécialistes des modèles tridimensionnels, et qui ont pour but collaboratif d’aider à l’établissement d’une relation privilégiée entre l’homme et la nature à travers l’art. Ce groupe multidisciplinaire adopte diverses applications d’algorithmes auditifs et visuels, renforcés par des artifices pyrotechniques et sonores en temps réel pour concevoir des modèles immersifs, offrant une atmosphère unique par laquelle on crée une relation intime avec un monde de nature imaginaire où l’on prendra plaisir à s’immerger. Selon Toshiyuki Inoko, le fondateur du collectif, tout comme le visiteur, les membres du collectif et les techniciens sont aussi impliqués dans l’expérience immersive, ils communiquent avec l’art sans limites et ceci dans l’optique de transcender les frontières entre l’homme et la nature. Ainsi, les installations de TeamLab ont été diffusées dans plusieurs grandes villes du monde, notamment la galerie de New South Wales, le Musée d’Art Asiatique à San Francisco, Asia Society Museum à New York, etc. « J’aimerais que ces espaces soient des lieux où l’on puisse se rappeler que les frontières n’existent pas dans notre monde » Toshiyuki Inoko
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©TeamLab Gold 2018 Waves Continuous
©Teamlab Apr 06 - Aug 04, 2019 Aarhus, Denmark
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©Teamlab Jul 12 - Nov 04, 2019 Takeo Hot Springs, Kyushu, Japan
© MIGUEL CHEVALIER MIGUEL CHEVALIER Miguel Chevalier est un artiste numérique français reconnu par ses installations très sensorielles. Son travail explore différentes facettes de la matérialité, telles que les notions de graphisme, des écrans LCD, de lumière, des vidéoprojecteurs, de couleur et de géométrie. Ses œuvres, souvent monumentales, sont réalisées à l’aide d’une équipe d’informaticiens avec lesquels il établit une véritable complicité pour élaborer ces créations extrêmement sensorielles dont certaines jouent sur la vision. Chez Chevalier, les couleurs et les éléments issus de la nature, telles que les fleurs et les particules, emportent le visiteur dans un voyage imaginaire ou les frontières entre les différentes pensées sont ambigües.
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JEAN MICHEL BIHOREL
VIRTUELLEMENT, SURRÉALISTE Mounia Chahrazed GHEZLENE
Son art intègre les notions du surréalisme et de la virtualité, de la sculpture et de la nature qu’il met en relation pour faire passer une panoplie d’émotions à travers ses œuvres. Jean Michel BIHOREL est un artiste numérique basé en France. Ces créations dévoilent souvent des structures naturelles réalisées d’une façon purement abstraite, comme des collections florales ou des paysages délicats, où ils semblent provenir d’un monde virtuel souvent à saveur futuriste. Qui est Jean Michel BIHOREL ? Je suis un artiste numérique vivant en France. Je travaille aussi pour les effets visuels au cinéma et je suis le co-fondateur d’une école d’animation 3D nommée Creative Seeds. Comment vous êtes-vous retrouvé dans le milieu artistique? Et comment définiriez-vous ce que vous produisez? Mes deux parents sont artistes plasticiens. J’ai donc toujours été en contact avec la création. J’ai cependant découvert, assez jeune, l’univers de l’art numérique et j’ai tout de suite adoré la liberté d’expression que cela apportait. Sans contraintes de matières, il n’y avait pas de limites à l’ampleur des créations. Je n’ai compris que plus tard que cette absence de limite était aussi bien une force qu’une faiblesse de ce médium. J’ai tout d’abord fait des études de graphisme 3D, puis, j’ai travaillé dans le secteur de la publicité et du cinéma d’animation. J’ai cependant toujours gardé une production personnelle pour expérimenter des modes d’expression plus originaux . Pour vous, quelles sont les différences entre la sculpture numérique et les formes d’art traditionnelles ? Pour moi, la 3D n’est qu’un nouvel outil. Il faudrait un peu de temps pour qu’elle soit considérée comme tel, j’ai l’impression, mais toutes les règles de couleur et de composition classiques peuvent s’y appliquer. Et ces mêmes règles 60 I www.monokromemag.com
peuvent tout aussi bien être remises en cause si l’artiste en exprime l’envie. Tout ceci me fait dire que la 3D n’est qu’un nouvel outil qui doit trouver sa place dans le paysage de l’histoire de l’art. Tout cela évolue d’ailleurs très vite, il commence déjà à y avoir une différenciation entre la 3D « classique » et la 3D en réalité virtuelle. J’utilise aussi la réalité virtuelle comme outils de création 3D. Et encore une fois, je pense que ce n’est qu’un outils permettant d’aborder la création d’une autre manière. Au final, le résultat après impression, est toujours le même; des formes, des contrastes et des couleurs qui véhiculent des sensations au spectateur. Pourriez-vous nous expliquer votre processus de création? Ma production personnelle est assez spontanée. Mes projets naissent d’envies visuelles principalement. Un jeu de matière ou un jeu de lumière peut être suffisant à susciter l’envie de créer une nouvelle image. J’ai souvent une idée assez précise au début d’un projet, puis sa forme émerge au fur et à mesure pour parfois être totalement différente de ce que j’avais initialement imaginé. En opposition totale avec le processus rigoureux qu’impose la fabrication d’un film en images de synthèse, je me laisse donc une souplesse de décision assez large quand je crée mes œuvres personnelles.
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Parlez nous de votre série “Flower Figures”. En quoi consiste cette réflexion? Un jour, lors d’une promenade, j’ai trouvé une tête d’hortensia séchée. Je trouvais la structure fascinante par sa légèreté et sa fragilité. Cela m’a donné l’idée d’en faire une sculpture. J’ai trouvé que le corps de la femme avait les mêmes attributs; léger et sensible. La combinaison des deux m’a donc semblé naturelle. Le processus de création de cette image a été très plaisant, j’ai donc eu envie de le mélanger à d’autre matière elles mêmes fragiles et gracieuses pour créer d’autres images dans la même veine. Comment voyez-vous l’équilibre entre réalisme et expressivité dans vos œuvres et Comment l’interprétez-vous ? Pour moi, le réalisme est un point assez important dans la création de mes images. Cela me permet de les ancrer dans une réalité, dans un contexte un peu plus classique pour aider les gens à se les approprier. Un univers trop clairement fantastique ou digital risquerait, selon moi, de briser la poésie. Ceci dit mes sujets sont clairement surréalistes, mais la matière est toujours l’élément qui aide cette poésie à trouver une forme concrète et intemporelle. Pourquoi choisir de traiter le corps humain ? Le corps humain est un vecteur d’expression très puissant. La posture et le traitement de sa surface suffisent à faire passer beaucoup d’émotions. C’est donc un choix assez naturel pour moi car mes images sont souvent assez minimalistes au niveau de la narration. Le corps humain joue aussi un peu un rôle de chaînon manquant dans mes images. Il a toujours été au centre de la création dans l’histoire de l’art. L’intégrer dans mes images permet aussi d’entremêler encore un peu plus l’art classique et l’art numérique pour qu’on finisse par effacer cette distinction.
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Des projets futurs ? Nous avons fondé une école de cinéma d’animation avec des collègues il y a deux ans et je n’avais donc pas beaucoup de temps pour mes créations personnelles dernièrement, mais cette année devrait être plus riche en nouvelles propositions plastiques.
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ARTS MÉDIATHÈQUES ET CINÉMA 64 I www.monokromemag.com
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PULP FICTION - LE FILM Rania GHERBAL | Karima ZERROUK | Farouk HASNAOUI
Si vous êtes amateur de cinéma, vous aurez certainement entendu parler du film le plus attendu cette année: «Once upon a Time in Hollywood», le neuvième film du très talentueux réalisateur Quentin TARANTINO. Mais aujourd’hui, nous n’allons pas parler de ce film mais d’un autre encore moins récent mais qui a fait beaucoup parler de lui à sa sortie en 1994. PULP FICTION, un classique du cinéma américain des années 90s, est un film pionnier de la carrière de Quentin TARANTINO, alors jeune réalisateur, tout récemment couronné au festival de Cannes pour son film « Reservoir dogs », il ressort de ses tiroirs un ancien scénario qu’il avait co-écrit avec un ami, Roger AVARY. C’est la naissance du phénomène PULP FICTION! Tout comme son nom l’indique, Pulp signifiant une matière informe et anhiste, PULP FICTION est un récit décalé, décousu, qui viendra totalement bousculer les codes des films de gangsters des années 70s et 80s.
Synopsis PULP FICTION ne raconte pas une seule histoire mais plutôt trois qui finissent par s’entremêler. Il y a donc trois récits différents où nous suivons d’abord un couple de braqueurs dans une cafétéria qui discutent les dangers de leur « métier » avant de se décider de prendre le coffee-shop d’assaut. Ensuite nous sommes introduits à deux autres personnages, Vincent et Jules, qui sont des tueurs professionnels partant en missions pour récupérer une mystérieuse mallette. Les choses tournent mal pour eux et ils finissent par avoir un cadavre sur le dos dont il faut se débarrasser au plus vite. La troisième histoire est celle d’un jeune boxeur qui tue accidentellement son adversaire lors d’un match où il devait perdre parce qu’il a été payé pour ça. Le jeune sportif court donc un réel danger car il a gâché une grande affaire où il est question d’une somme colossale d’argent. Cela semble un peu ambigu mais rassurez-vous, toutes ces histoires vont s’imbriquer les unes dans les autres, et ce monde finira par se retrouver et c’est ce qui fait justement le génie de ce film.
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Analyse PULP FICTION est un film culte pour l’originalité de son script et pour le monde stylé de TARANTINO. Avant toute chose, PULP FICTION, un film écrit et réalisé par TARANTINO, s’est inspiré de ses propres passions. Le film a été fait d’une façon noire rappelant les films des années 60s, mais ayant une approche de roman policier, et c’est pourquoi on voit la narration non linéaire dans le film, l’effet recherché par TARANTINO en l’utilisant c’est de plonger le spectateur dans un espèce de puzzle et créer un suspense infernal, Quentin a malmené l’effet de la chronologie, quelques scènes dans le film sont fortes que le spectateur se retrouve dans une position d’observateur seulement, tandis que d’autres sont si bien travaillées qu’on ne peut pas marginaliser quelques détails, il nous plonge dans la cool attitude. TARANTINO s’est inspiré des comic pop ou bien de l’art pop américaine d’où l’origine du titre, PULP FICTION.
La force de Quentin TARANTINO, c’est la banalisation, la désacralisation, et la ridiculisation des personnages, c’est d’ailleurs la démarche assumée de ce film. Pour parvenir à cette fin, le scénariste va se baser sur ses qualités d’écriture des dialogues: d’une telle simplicité, d’un réalisme et d’une fluidité tout à fait époustouflants –s’opposant aux échanges ultra scénarisés et pompeux des films de l’époque-, mais, surtout, ils sont percutants et TARANTINO a fait de son film une vraie mine à phrases cultes, tant elles sont simples, parlantes et bougrement bien placées. Le style Tarantino est donc l’accord parfait de la simplicité et de l’humour au service du réalisme. la dimension mystique du film Deuxième point fort: la forte empreinte du mysticisme religieux sur la deuxième moitié de la scène. Jules, dans sa fureur, cite en effet, le fameux «Ézéchiel 25,17»; un passage de la bible traitant de la quête de la vertu et du rôle de guide spirituel du fort: protéger les faibles et punir les puissants qui abusent de leur pouvoir. On peut y voir une analogie avec l’activité des gangsters qui, bien souvent, se jouent de l’ambivalence de leurs principes moraux, des codes de la société, mais également de ceux du seigneur: Jules pense être la main de dieu, il déchaine alors sa fureur vengeresse en vidant son pistolet sur le pauvre Brett avec le plus grand des sentiments de légitimité. Cette croyance se verra renforcée par la scène du miracle, où, survivant à une déferlante de balles, Jules décidera de cesser son activité criminelle. La suite du film lui donnera raison au vu de la mort, non seulement absurde, mais également indigne de Vincent, qui, réfutant la théorie mystico-providentielle de Jules, et décidant d’ignorer l’appel de Dieu, mourut, criblé de balles, sur le trône des toilettes. Ce film est donc porteur de deux messages forts et presque contradictoires: il désacralise les personnages tout en leur faisant effleurer du bout des doigts le divin. www.monokromemag.com I 67
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La structure non linéaire Les scènes s’enchaînent ensuite dans un désordre qui fait, pour beaucoup, l’intérêt de PULP FICTION, il est admis que celui-ci, mis dans l’ordre, perdrait toute sa valeur stylistique. Cette construction non linéaire sera axée sur quatre arcs narratifs: Pumpkin et Yolanda, Jules et Vincent, Jules et Mia et enfin Butch et Marcellus, un méli-mélo déstructuré et plein de couleurs, et qui finira par aboutir à une scène finale d’une précision chirurgicale: la rencontre entre Jules et Vincent et entre Pumpkin et Yolanda, le spectateur aura alors, une sorte de révélation, les différentes pièces du puzzle s’imbriquent et donnent un tableau global explicite et inattendu, la qualité de réalisation de TARANTINO est alors pleinement palpable tant chaque scène fait écho à une autre vue plus tôt dans le film, nous pourrons alors voir Vincent Vega passer derrière Pumpkin durant la scène d’ouverture, ou encore entendre Pumpkin parler en fond derrière Jules. Une recette gagnante Tous ces éléments combinés dans un ensemble déstructuré mais, au final, réfléchi, donnera ce chef d’œuvre du VIIème art, qui marquera plusieurs générations, et fera naître un tout nouveau style de cinéma: l’absurde.
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LE MÉTIER DU PREMIER ASSISTANT CAMÉRA Smail LIF
© SMAIL LIF Le Premier Assistant Opérateur est un élément essentiel de l’équipe de tournage, aussi appelé Opérateur de Prise de Vues ou OPV, il est l’assistant technique du Directeur de la Photographie et du cadreur de tournage. Il est parfois désigné Assistant Opérateur, en particulier sur des tournages à équipe réduite. Considéré comme le premier responsable du matériel de prise de vues: caméra, objectifs, accessoires, etc., le Premier Assistant Caméra est souvent accompagné par un deuxième assistant, et parfois par un troisième assistant; ou assistant-vidéo. *Vous pouvez lire à propos du métier du Directeur de la Photographie dans l’Édition N°02 de Monokrome. Les questions sur les tâches d’un Premier Assistant Caméra s’interfèrent toujours, qui fait quoi? qui s’occupe de tel? Alors, nous avons essayé de regrouper les tâches les plus essentielles de ce poste lors d’un grand plateau de tournage. A. Le Premier Assistant Caméra prépare et met en place le matériel, il effectue les essais caméra avant le tournage en organisant sa disponibilité opérationnelle selon les besoins de la mise en scène, celles de l’assistant réalisateur; *Vous pouvez lire à propos du métier de l’Assistant Réalisateur dans l’Edition N°01 de Monokrome.
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B. Le Premier Assistant Caméra aide également le Directeur de la Photographie dans son choix de caméra et d’objectifs; C. Pendant les prises, il assure la mise au point, paramètre essentiel de la lisibilité des images, mais ceci peut peut-être la tâche d’un autre Assistant Camera appelé Le Pointeur.
EICAR
« Là, je dois faire le point dans ma vie », une phrase culte symbolisation la valeur de la mise au points aux yeux d’un Premier Assistant Caméra. Donc, si le chef opérateur est responsable de la qualité esthétique des plans et le cadreur de leur bonne composition, le premier assistant opérateur est responsable de la qualité technique des plans; définition, propreté de l’image, absence de rayures, stabilité, etc. Les compétences d’un Premier Assistant Caméra sont à la fois techniques, et sensibles: notamment pour le point qui doit correspondre aux orientations de la mise en scène. Le Premier Assistant Caméra est alors obligé d’être à la page des nouvelles technologies de prise de vues qui ne cessent de progresser. Outre ses chefs de poste, il est en relation étroite avec les autres départements: le DIT, l’électricien et le machiniste, l’équipe de son, le premier assistant réalisateur et la scripte, lors des tournages de films long métrage. Si vous souhaitez devenir un Premier Assistant Caméra, c’est accessible après un Bac, le « Bachelor Réalisation cinéma et télévision » est une formation audiovisuelle de 03 ans qui allie théorie, technique et pratique pour accéder aux métiers de la réalisation, notamment au poste d’assistant caméra. Celle-ci est disponible dans des écoles de cinéma et télévision ou des écoles d’arts visuels.
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UNE VIRÉE CINÉMATOGRAPHIQUE . . .
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LE SYNDROME DE LA PAGE BLANCHE À HOLLYWOOD Rania GHERBAL
Tout comme des écrivains souffrant du syndrome de la page blanche, on aurait dit qu’Hollywood est en manque d’inspiration ces dernières années. Le phénomène est tellement flagrant que les cinéphiles au tour du monde s’en plaignent. Par manque d’idées ou de confiance, les réalisateurs et les scénaristes préfèrent actuellement faire des remakes d’anciens films, d’adapter des best sellers ou de faire des suites et des sagas. C’est clairement une tentative de réduire les risques avec les nouveaux films. L’acteur Denzel Washington l’avait signalé lors d’une interview pour le magazine Paris Match: « Nous faisons partie d’une industrie. Quand un film fait 2 milliards de dollars de recettes, on lance immédiatement 20 projets identiques! Je ne vois pas beaucoup d’art à Hollywood ». Incontestablement, on voit de moins en moins de nouveaux scénarios originaux. La question qui se pose est-ce vraiment par un manque de créativité? Il n’y a vraiment plus d’originalité dans le cinéma américain ou est-ce fait exprès par souci de diversification? Des adaptations cinématographiques Depuis longtemps, le cinéma a trouvé dans les œuvres littéraires une source inépuisable d’inspiration. Hollywood n’a cessé de puiser dans les best sellers de la littérature pour satisfaire une certaine demande des cinéphiles. Mais ces derniers temps, on retrouve de plus en plus d’adaptations dans le box office. Rien qu’en 2018 il y a eu plus de trente films adaptés des livres! Trente en une seule année! C’est une preuve que le mariage entre cinéma et littérature est fructueux mais d’autre part, cela prouve aussi que les scénaristes hollywoodiens sont de moins en moins créatifs. Des remakes, Des reboots et des séquels Faire de nouvelles versions pour des films déjà produits, c’est la définition que l’on donne au mot anglais « remake » dans le domaine du cinéma. C’est évident qu’Hollywood réalise tellement de remakes et de sequels ces derniers temps, que cela n’a pu échapper aux amateurs de cinéma qui réclament toujours de la nouveauté. On prend toujours l’exemple de l’an 2018 pour illustrer ce phénomène. L’année dernière, il y a eu plus de 45 remakes, reboots et sequels. C’est probablement une stratégie qui évite à Hollywood de prendre des risque avec de nouvelles réalisations mais jusqu’à quand? Il faut quand-même signaler à la fin, qu’il y a toujours des réalisateurs qui apportent du nouveau à cette industrie. Notamment, Quentin TARANTINO qui est considéré comme l’un des grands réalisateurs de notre époque. Les films de TARANTINO sont forcément inspirés d’autres réalisations. D’ailleurs dans ses films, il fait souvent référence aux grands classiques du cinéma. Par exemple dans le film Kill Bill-vol1, il rend hommage au film japonais « Lady snowblood » sorti en 1973, mais cela ne l’avait pas empêché d’apporter sa propre vision et sa touche personnelle au film et c’est justement ce qui lui avait donné du poids. Manque d’inspiration ou pas, il est indéniable que les scénarios originaux se font de plus en plus rares à Hollywood. Les autres réalisateurs devraient peut-être prendre l’exemple de Quentin TARANTINO pour la créativité et l’originalité de son travail.
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« 143, RUE DU DÉSERT » PRIMÉ AU FESTIVAL DE LOCARNO Rania GHERBAL
Après son premier long métrage, «fi rassi rond-point», Hassen Ferhani signe son deuxième «143, rue du désert» qui a participé cette année au Festival suisse de Locarno dans sa 72ème édition qui s’est déroulée du 07 au 17 août 2019. Le Festival de Locarno est un événement de cinéma très attendu et reconnu mondialement à l’instar de Cannes et de Venise. Il se déroule chaque été dans la ville suisse italophone de Locarno. Il a pour but de mettre en avant le monde du cinéma et la découverte de nouveaux talents de la réalisation et de la production cinématographiques. Le film algérien «143, rue du désert» figure dans une sélection importante du festival celle de «cinéastes du présent» et entre en compétition avec cinq autres réalisations mondiales. Le réalisateur algérien n’en sort pas les mains vides et remporte deux prix bien mérités: celui du «meilleur réalisateur émergent » et celui du « Jury junior ».
L’histoire du film prend place au fin fond du Sahara algérien où une sexagénaire du nord de l’Algérie qui répond au nom de Malika gère toute seule un restaurant modeste au service des voyageurs et des routiers. Le bistro offre pour les passagers un espace de discussion et de partage d’idées et de pensées et devient un lieu démocratisé où tout le monde a le droit de s’exprimer et d’être écouté. « 143, rue de désert » a été projeté en première pendant le festival et d’après son réalisateur, le film avait reçu de bonnes réactions lorsqu’il a été affiché dans une salle de 500 personnes. « On sentait que la salle était en communion avec Malika, avec le film et ça déjà, en soit c’est quelque chose d’extraordinaire », a déclaré Hassan Ferhani lors d’une interview pour la chaine suisse RTS. La participation et le succès de ce jeune cinéaste de trente trois ans permettraient peut-être d’ouvrir plus de portes pour le cinéma algérien et prête main forte à la mondialisation de la culture algérienne.
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PENSÉE, RÉALISME ET CONCRÉTISATION CHEZ UN SCÉNARISTE Farouk HASNAOUI
« Big brother is watching you », expression culte de 1984 de George Orwell, qui est considéré comme l’un des plus grands romans de l’histoire dont l’adaptation cinématographique est écrite de façon unique dont l’anticipation réaliste. Plus tard, Christopher NOLAN a réussi à nous donner un aperçu réaliste du futur avec Interstellar en 2014 et Inception en 2010, et on est resté longtemps fasciné par ces auteurs scénariste si pensifs et imaginatifs que cela nous pousse à chercher plus loin, précisément, ce que ces derniers veulent atteindre. Ceci nous qui nous mène à se dire, qu’est-ce le réalisme dans le cinéma? De quoi les scénaristes s’inspirent-ils et à quoi pensent-ils? Le réalisme au cinéma aspire à nous faire plonger dans une atmosphère qui va nous paraître cohérente, alors que le cinéma reste une fiction, les films réalistes essayent de contourner cette vérité pour aboutir vers une réalité logique et rationnelle, mais de nos jours, le cinéma ne cesse d’évoluer et de prendre des dimensions, après la tendance gladiateur et les films de guerres, nous voilà dans la décennie comique, la décennie où le cinéphile académique n’est plus de tendance. On a souvent eu l’idée que les scénaristes sont des individus solitaires dans une pièce obscure avec leurs mégots dans la bouche, tandis que ce métier reste dynamique, sociable et passionnant. Détaché des tâches routinières, le scénariste s’aventure dans un rituel de réflexion majestueux en créant son propre univers avant de créer celui du spectateur et dans tout ce récital d’imagination, on serait dans le dilemme de l’utopie et la dystopie, dans le pire des cas la majorité des scénaristes n’achètent pas de tickets vers l‘inconnus mais il faudrait qu’il y ait des idées avant de concevoir la fiction, avant d’élaborer des dialogues. Certains s’inspirent de leurs vécus, d’autres de leurs philosophies personnelles, cependant, la subjectivité y est toujours. Je considère que le scénariste représente le progrès social humain et la diversité culturelle à travers son originalité dans un cinéma de plus en plus fictionnel. Les scénaristes sont devenus des créateurs de personnage à l’exception de quelques uns. Ce métier ne se résume pas seulement à donner de faux espoirs, divertir et faire rire, et donc, qu’attendent les scénaristes pour revenir aux bases du métier, faire comprendre le vrai sens des choses, libérer leurs pensées loin des téléguidées en attendant le cinéma de demain...
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L’IMPACT DE LA CASA DE PAPEL SUR LES ALGÉRIENS Farouk HASNAOUI
Tous les algériens se souviennent des feuilletons mexicains doublés au début du nouveau millénaire, mais après presque 20 ans, l’hispanophonie renaît dans l’esprit des jeunes algériens grâce à « LA CASA DE PAPEL »; une série américano-espagnole produite par Netflix. La série devient un phénomène planétaire qui engendre de nombreux controverses et fanatismes mondialement et en Algérie. La casa c’est l’histoire de huit voleurs avec des noms de villes -authentique comme idée- qui mènent un braquage et une prise d’otages sur la fabrique de monnaie espagnole et toute cette orchestre est dirigée par « El professor », un génie du crime. LA CASA reste un récit dynamique et simple, mais en Algérie, elle se retrouve sur toutes les bouches, tous fronts confondus. Pourquoi aime t-on tant cette série? Quel est le vrai impact de LA CASA sur les algériens? Pour comprendre tout ça, nous allons décortiquer la série en forme d’impact et d’effet. Tout d’abord, l’effet séries: les amateurs du cinéma algérien avaient une certaine remontrance envers les séries que c’est long, déprimant et limite ennuyeux à savoir que la dernière référence avant LA CASA d’un algérien stéréotypé était « Prison Break ». L’accession de Netflix a changé la donne en terme de popularité avec LA CASA en la produisant, chose qui a créé une brand et une publicité extraordinaire en Algérie. Récit et synopsis faciles, ils plongent le téléspectateur dans une certaine structure d’observateur cloué par le suspense et le désir de voir encore et encore. Le thème, souvent utilisé dans des films dont nous sommes tous fans; Inside man ou Ocean’s donnaient cette envie que ça dure pour le plus longtemps possible, vous êtes d’accord? LA CASA l’a, elle nous a transcendé du statut de cinéphile à celui de sériephile et l’algérien est devenu fan des séries: Game of Thrones, the Walking Dead, Peaky Blinders, etc. Ensuite, l’impact positif de la CASA: même si la série a suscité de nombreuses controverses en Occident, celle ci a incité à la rébellion, certes, ça n’a pas été le cas de l’algérien qui n’est pas archi fanatique. Contrairement au cas de James Holmes et la fusillade d’Aurora influencé par le personnage du Joker, LA CASA n’en arriverait pas à ce point, néanmoins, on pourra prendre El professor ou Berlin comme exemple ou comme mode de réflexion et de monologue. D’une autre facette, nous avons l’effet musical: nous sommes en admiration face à l’Italie; ses pizzas, son football, le mode de vie, la mode, quant à la musique, on adore Lasciatemi Cantare, mais rares sont ceux qui connaissait le « BELLA CIAO », un chant d’exile, de lutte, de rage et de résistance. Ce chant s’est propagé en Algérie, des chansons et des slogans de publicités ont emprunté cette mélodie qui restera dans nos esprits pour longtemps. Enfin, LA CASA a laissé un impact social. Les supporters algériens de football ont longtemps été le porte-parole d’une jeunesse marginalisée, cette série les a inspiré pour écrire et sortir des mélodies sur le même tempo, celles du peuple et de la liberté. Admirée et adulée en Algérie, LA CASA DE PAPEL restera dans l’esprit de la majorité des jeunes algériens, en espérant que ces mêmes inspirés, inspireront un jour et percheront le cinéma algérien.
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ARTISANAT DE L’ART 76 I www.monokromemag.com
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KHALIL MINKA ET L’ART DU TISSAGE Kenza BITAM
« Que veut dire travailler avec amour ? C’est tisser une étoffe avec un fil tiré de votre cœur, comme si votre bien aimé devait porter cette étoffe … » Le prophète | Khalil Gibran
© AEROLITHE STUDIO Un art qui existe depuis des millénaires, en Orient ou en Occident, la tapisserie a toujours eu un franc succès dans le monde de l’art ornemental. Métier nécessitant patience, finesse et habileté et surtout de longues heures de travail, la tapisserie a été pendant longtemps un métier exclusivement féminin. Aujourd’hui, ce métier en vogue, est de plus en plus répandu parmi les artistes. Traditionnelle ou moderne, la tapisserie s’adapte à tous les goûts, et commence progressivement à passer la main à la gente masculine. Khalil Minka est un artiste designer de 38 ans, amoureux de la tapisserie depuis son plus jeune âge, il décide de faire de sa passion un métier. Il est originaire de Ouarzazate au Maroc où il y obtient un BAC en design et stratégie de communication projets. En 2001, Khalil part alors en France poursuivre ses études en art contemporain, et devient titulaire d’un diplôme d’études supérieures en design d’espace en 2004 de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Dijon. 78 I www.monokromemag.com
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Dans la famille de Khalil Minka, le tissage se transmet de génération en génération, il en est d’ailleurs la quatrième et exerce officiellement en tant que créateur depuis 2005, en propulsant fièrement le métier de ces ancêtres vers la scène artistique européenne s’étant fixé pour mission de redonner au tissage local d’autres perspectives. D’ailleurs, le style retrouvé dans les créations de Khalil Minka est sans nul doute unique et atypique; couleurs vives et chatoyantes et formes qui sortent de l’ordinaire pour le plus grand plaisir des amateurs des tapisseries. Khalil déclare que ce qu’il aime le plus dans son métier, c’est de pouvoir exprimer librement son art et ainsi prendre des risques à première vue inadaptés au tissage traditionnel. Il ajoute que ce qui l’anime, c’est l’innovation et la compétition qui se traduit dans ses tapis par une énergie visuelle presque sauvage et brutale. Il tente d’ailleurs de proposer un design rural courageux qui ne souffre d’aucun sentiment d’infériorité où il ne privilégie que des matières nobles; d’abord de la laine et du coton pour assurer une souplesse et une douceur au tapis, mais il ne s’arrête pas là, pour ses créations futures, Khalil compte expérimenter de nouveaux matériaux tels que la soie végétale et le cuir.
© ANJAR NASSEREREDINE
© LABONNE PH.STUDIO
Khalil Minka expose fréquemment ses créations lors des salons et expositions collectives et individuelles, et ce, depuis 2008. Récemment, ses créations ont fait l’objet de fond de décoration pour l’un des clips de rap du groupe Madd nommé Karma; une belle manière de mettre en avant ses magnifiques œuvres. De plus, Khalil Minka sera présent à la Design-Week de Casablanca du 24 au 30 Septembre 2019 avec deux créations de cet été. En outre,il obtient un partenariat avec la marque «Nour bougie» pour laquelle il crée une collection d’ornement et d’habillage de bougies, collection qui sera dévoilée lors du Salon International Maison-Objet, Paris 2019. « Khalil Minka, jeune artiste bourré de talent et d’audace dans une perpétuelle quête de nouveauté et d’originalité en ébahira plus d’un, de quoi rendre fiers ses ancêtres qui ont tissé en lui ce savoir-faire » Kenza BITAM www.monokromemag.com I 79
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ZATCO, ARTISAN BIJOUTIER LE JOYAU DE L’ARTISANAT Narimene LOURDJANE
© NARIMENE LOURDJANE Qui est ZATCO? Je m’appelle Walid SELLAMI alias Zatco, un surnom que l’on m’a attribué quand j’étais plus jeune et que j’ai gardé comme marque de fabrique. J’ai 32 ans, je suis d’Alger et je suis artisan bijoutier. J’ai un ingéniorat en management et un master en marketing, à l’issue de mes études, j’ai travaillé comme marketeur et chargé de la communication. La vie a fait que je choisisse un autre parcours professionnel, car aujourd’hui je n’exerce plus d’autre métier que celui d’artisan bijoutier. Comment est né votre amour pour la création joaillière? Et comment s’est lancée votre carrière? En 2013, je travaillais dans le domaine du marketing et de la communication. C’était un travail stable mais qui demandait beaucoup de sacrifices, à force de baigner dans une atmosphère où le stress et la pression sont devenus maîtres, le quotidien en devenait de plus en plus pesant, je me sentais pas heureux, j’étais triste, c’est à ce moment où j’ai tout arrêté. Par la suite, j’ai passé toute une année à chercher ce que je voulais faire, j’aurai pu me lancer dans l’agriculture ou travailler
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comme pécheur, mais le destin a fait que je tombe par pur hasard sur un atelier de bijouterie, j’ai tout de suite accroché avec cette discipline. Alors, j’ai commencé à faire des recherches et à m’y intéresser de plus en plus, on en apprend tous les jours dans ce métier, c’est assez captivant. Quand je me suis lancé au début, il y a 05 ans, j’ai commencé par manier des matériaux comme le fil d’aluminium et le fil de cuivre, je faisais encore des petits boulots à côté, mais jamais d’emploi de longue durée, je voulais m’éloigner de ce système où notre quotidien en devient une course contre la montre, j’avais trouvé ma voie, et je voulais y consacrer tout mon temps et toute mon énergie. J’ai commencé à apprendre, par des vidéos Youtube et puis au bout de 02 ans, je me suis retrouvé à confectionner des bijoux en argent, tout en s’améliorant de jour en jour.
© NARIMENE LOURDJANE Comment procédez-vous lors de la réalisation de vos modèles? J’ai ma matière première; des pépites d’argent que je fais d’abord fondre à l’aide d’un chalumeau, sur un creuset en céramique et une lingotière en fer, la suite dépend de la forme du bijou, si je dois réaliser une pièce plate pour travailler par-dessus un motif, j’utilise le laminoir afin d’aplatir la matière. Après, je découpe le motif à l’aide d’une scie, puis vient l’étape de la soudure, quand on obtient la forme recherchée, on lime la pièce, et à la fin du processus, vient le polissage, pour ce faire, j’utilise la seule machine électrique que je possède: la pièce à main. Par ailleurs, j’utilise d’autres outils, tels que: la pince, le marteau, l’étau, ainsi qu’un établi sur lequel je travaille, c’est le minimum à avoir pour un artisan bijoutier. Il existe plusieurs autres outils, rien que dans les limes, il en existe des centaines de références, au fait, on ne peut pas s’ennuyer, au vu de la richesse du matériel, des matériaux et des techniques et styles existants dans la joaillerie.
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Comment définiriez-vous votre style? Et quels bijoux confectionnez-vous? Je n’ai pas choisi de style particulier, mais dans toutes mes réalisations, on retrouve une touche touareg ou africaine et parfois même scandinaves. Sinon, parfois l’inspiration me vient au cours de la réalisation d’un bijou. Dans la bijouterie, il y a deux types de créations; la création esthétique et la création technique, cette dernière m’intéresse le plus, car un bijou réalisé d’une façon technique est remarquable aux yeux de celui qui le contemple. D’autre part, ça ne m’intéresse pas de faire des reproductions classicisantes. Quant aux modèles des bijoux que je réalise, cela dépend de mes clients, parfois ce sont des commandes de modèles qu’ils souhaitent que je reproduise, et parfois ce sont des bijoux que je modélise tels que je les visualise dans ma tête, très souvent sans même prendre la peine d’en faire une esquisse sur papier. Pour moi, l’argent c’est comme de la pâte à modeler, j’y vais donc au feeling.
© NARIMENE LOURDJANE
Est-ce que l’artisanat joaillier est un art ? C’est une bonne question, pour ma part beaucoup me surnomme l’artiste, mais je ne me considère pas comme tel, je pense qu’un artiste a pour but de transmettre un message à travers ses œuvres, il ne pense pas à l’aspect financier derrière, beaucoup d’artistes sont morts pauvres, malheureusement, de nos jours beaucoup cherchent la renommée et la richesse matérielle. Quant à moi, je suis un artisan, à mon sens il n’y a pas de hiérarchisation entre l’artiste et l’artisan, ce sont deux disciplines distinctes dont les objectifs diffèrent, et l’artisanat est avant tout mon métier, mon gagne-pain, qui me passionne certes, mais je n’ai pas de message à transmettre à travers mes réalisations.
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Parlez-nous de votre reconversion professionnelle et ce que cela vous a apporté ? L’artisanat m’a appris à me remettre en question activement, on est confronté à sa personne, quand quelque chose ne va pas, on ne peut le reprocher à qui que ce soit, donc on doit sans cesse se remettre en question afin d’avancer et de s’améliorer. J’ai aussi appris à prendre du recul dans ma vie, dans ma manière de penser, je trouve que l’être humain n’a plus l’opportunité de prendre du recul, moi-même j’étais dans ce cas, on s’enchaine dans une routine forcée « métro, boulot, dodo ». Aujourd’hui, beaucoup de problématiques auxquelles j’accordais de l’importance auparavant, me paraissent futiles, je suis loin de la pression, je vois les choses différemment, je ne suis plus saturé, du coup, je prends énormément de plaisir à faire mon travail.
© NARIMENE LOURDJANE
ZATCO dans quelques années ? Continuer à faire mon métier, à le développer et le perfectionner avant toute chose. J’ai envie de former des gens et d’agrandir mon atelier. D’ailleurs, je commence à concrétiser cet objectif, en transmettant tout ce que j’ai appris et acquis à une jeune apprentie, qui s’est prise d’affection pour le métier d’artisan bijoutier. J’aimerai plus tard pouvoir organiser des ateliers où je formerai plusieurs apprentis à la fois. Un mot pour nos lecteurs ? Pour toutes les personnes passionnées, qu’importe le domaine, je leur conseillerai d’aller dans ce sens, de persévérer, d’apprendre, de se donner le temps d’acquérir les compétences recherchées et de toujours essayer de s’améliorer, l’excellence s’atteint avec la répétition. Si vous voulez en faire votre métier, donnez-vous les moyens de réussir. www.monokromemag.com I 83
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AICHA ABOUHAJ
SONORITÉS NORD-AFRICAINES Radhia KELLOU
« Travailler dans son domaine d’expertise, ne jamais abandonner sa passion et aller jusqu’au bout de ses rêves; n’est-il pas vrai que le plus beau des métiers c’est de vivre de sa passion, ainsi ce qu’on fait par amour finit toujours par séduire les gens » telle est la philosophie de Aicha Abouhaj; une jeune artiste marocaine de 31 ans, autodidacte et basée á Casablanca. Diplômée en design graphique en 2012, Aicha Abouhaj a commencé sa carrière professionnelle en travaillant en tant que graphiste dans différentes agences de communication. Marquée depuis sa plus tendre enfance par le paysage qui l’entoure dans son village natale à Tiznit, les motifs et les couleurs de ses habits traditionnels et de ses accessoires en argent, ainsi que son patrimoine architectural, jusqu’à l’immense diversité culturelle de son pays, inspirée par ses souvenirs et photographies mentales et motivée par son insatiable soif pour la création artistique, l’originalité et la recherche éternelle de l’identité, Aicha Abouhaj a fini par quitter le salariat pour se consacrer à ses projets artistiques tout en travaillant comme graphiste, cependant, de façon indépendante. Son style unique en son genre nous rappelle la culture Amazighe Nord-africaine dans laquelle nous retrouvons un mélange entre calligraphie Amazighe; à savoir le Tifinagh et les tatouages composés de lignes et de motifs, ainsi que des personnages réalisés de façon cubiste. L’artiste aspire dans ses réalisations à donner une seconde vie à ce patrimoine, de façon moderne, de plus, à affirmer l’identité amazighe et à la préserver de l’extinction: «Aujourd’hui, la plupart d’entre nous sont présents sur les réseaux sociaux, où on investit la majeur partie de notre temps, influencés également par des modèles à suivre, ainsi, y ressembler, nous procure un sentiment éphémère d’existence, et peu importe la manière, au final, nous nous ressemblons tous, mais nous aurons perdu nos identités». De part son style, Aicha Abouhaj invite la société à maintenir et préserver son identité, qui constitue sa force, face à l’influence des modèles imposés par les média au quotidien. En 2016, ayant d’abord pour idée avec, Farah Doudou -graphiste également-, de réunir la communauté créative, et active dans le domaine du digitale en vue d’un échange ainsi que de partage d’expériences et de connaissances, de développer également leurs talent en communications, cela les aurait également changé de la routine qui s’était installée dans leurs quotidien.
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© KHOULOUD CHIGUER
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© KHOULOUD CHIGUER C’est alors pour la première fois, que l’idée de se servir d’un ordinateur comme support et donc, différemment de sa fonction d’origine, leur idée est venue. Une résidence d’expérimentation avec un esprit de partage et d’échange a donc suivie, comprenant une collecte de matériel informatique désuet, qui fut transformés en objets d’art et en installations interactives, c’est alors qu’ELECTROFEN est née; une association combinant entre l’art et le recyclage du matériel informatique. « Dans un monde à forte consommation et donc riche en déchet, nous aspirons à travers nos ateliers de création et nos DIY à inculquer aux gens la culture du recyclage, et donc les pousser à réutiliser les objets qu’ils croient inutiles une fois finis, à les transformer au lieu de s’en débarrasser, comme l’exemple de la boîte faite de CD, ou encore le bracelet fabriqué à partir de fils électriques, etc. Transformer l’inutile en l’incroyable ! ». Aujourd’hui, Aicha Abouhaj, toujours en quête de développement et d’élargissement, travaille sur des sculptures dans le même style, en utilisant des matériaux bruts, et prépare également la sortie d’une prochaine collection de sacs. Elle prévoit de réaliser un studio de création dans l’esprit de partager son savoir-faire avec autrui, tout en évitant de se soumettre à cette mauvaise habitude qu’est de monopoliser le marché de l’art. © KHOULOUD CHIGUER www.monokromemag.com I 85
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VOYAGE ET DÉCOUVERTE 86 I www.monokromemag.com
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GHARDAÏA ENTRE SÉDUCTION ET SURPRISE Nadjlaa LAMRI
© ZHOUR BENSEDDIK 88 I www.monokromemag.com
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Lors de notre première visite à Ghardaïa, après avoir franchi le panneau annonçant la ville, on s’attendait à des paysages semblables aux photos qu’on peut trouver sur internet représentant une place de marché, entourée de maisons grimpant la colline, le tout surmonté d’une tour visible de loin, or nous étions quelque peu déçus. Puis, une fois dans la ville, on traverse des commerces, des bâtiments, tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Cependant à quelques kilomètres plus au sud, la région commence à peine à nous faire découvrir ses merveilleux secrets et c’est en y séjournant même pour peu de temps que nous avons eu la chance de mieux la connaître, découvrir ses charmes et ses habitants et nous offrir un voyage particulier, rempli d’histoires et de légendes agréables à entendre. Mon voyage à Ghardaïa était choisi lors du visionnage d’un documentaire très inspirant sur la vallée du M’zab. Visiter les Ksours, me pencher sur l’identité des habitants et leur quotidien, ont-ils un style de vie différent de celui des villes du Nord du pays? J’étais persuadée que mon voyage serait différent cette fois, mais rien ne me préparait à l’aventure et l’immersion dans laquelle je m’apprêtais à vivre avec les Mozabites. © NADJLAA LAMRI Avant d’entreprendre ce voyage, laissez-moi vous introduire brièvement au mode de vie de la société mozabite. Les jeunes mozabites apprennent très tôt à respecter une philosophie de vie commune; où la famille et les proches passent avant tout le reste, créant ainsi un esprit de solidarité invraisemblable. Leurs valeurs et principes sont basés sur la croyance, le travail, l’entraide et surtout l’égalité. L’enfant apprend à équilibrer son temps entre l’école publique et l’école coranique; l’apprentissage du Coran et de la langue arabe classique est sacré, une langue qui occupe une place prépondérante au côté de la langue amazighe dans sa variante mozabite, mais cela ne les empêche pas d’apprendre d’autres langues. Vous remarquerez aussi lors de votre voyage la place privilégiée de la femme mozabite dans la société, elle est considérée comme la cheffe de la famille et c’est d’elle qu’émanent les décisions de l’organisation familiale, on apprend d’ailleurs qu’un conseil des femmes de chaque Ksar se tient chaque année, où on y discute de toutes les questions d’ordre social. Dans les ruelles, un fait vestimentaire frappant ! Le haïk blanc porté par les femmes et le pantalon traditionnel ample dit «serwal loubia» avec une «Chéchia» sur la tête pour les hommes. Il vous sera expliqué que le port du haïk diffère d’une femme mariée qui serre le haïk au milieu du visage et ne laisse qu’un œil découvert à une femme célibataire qui a le visage découvert. La Vallée du M’zab arbore avec fierté ses 05 ksours, des villages fortifiés fondés entre 1012 et 1350: Ghardaïa, Melika, Beni Isguen, Bounoura et El Atteuf. Il existe 02 autres ksour éloignés de ce noyau, à savoir Berriane et Guerrara. Chaque ville dessine un tracé concentrique autour de la mosquée se trouvant au sommet et entourée d’une ceinture de maisons mitoyennes, faisant elles-mêmes office de rempart. Toutes accessibles sous la conduite d’un guide, qui avertit chaque groupe d’éviter de prendre des photos des passants et de laisser passer les femmes en serrant à droite. Venant aux faits, le circuit touristique à Ghardaïa est l’un des plus riche, une chose est sûre, l’ennuie n’est pas maître mot dans cette ville; pour commencer, Le souk de Ghardaïa La place du marché de Ghardaïa, de forme rectangulaire, est entourée d’une galerie d’arcades sous lesquelles se trouvent une centaines d’échoppes. L’artisanat local s’invite dans ces petits commerces entre bijoux, tapis, tissus, poterie et articles en cuir. Le souk de Ghardaïa est très animé, vous y trouverez de jolis souvenirs à rapporter avec vous. www.monokromemag.com I 89
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La cité de Beni Isguen et son marché à la criée Cette cité millénaire construite en amphithéâtr, est bordée de remparts. Des écriteaux rappellent les interdictions: fumer, prendre des photos, se balader en bermuda ou débardeur. Des guides sont disponibles à l’entrée de la ville. Arpentez la cité jusqu’à son sommet à flanc de collines et retrouvez vous à son point culminant: la tour Cheikh Belhadj ou tour Boulila construite au XVIe siècle en une seule nuit, selon la légende. Admirez également la palmeraie de Beni Isguen, qui se déploie tout au long de Oued N’tissa. Une curiosité est à ne pas rater; son marché à la criée ancestral qui, à partir de 16h, s’ouvre sur la place Lalla Achou, une sorte de marché aux puces animé par des «commissaires-priseurs». Tout s’y vend: bric-à-brac, anciens tapis, ustensiles de cuisine, robinetterie, fripes, etc. Ce marché, qui fait partie de l’histoire et du patrimoine de Beni Isguen, ouvre tous les jours à l’exception des vendredis et des jours fériés. Les palmeraies luxuriantes Une balade dans l’une des nombreuses palmeraies de Ghardaïa s’impose. Un paradis végétal, plein de fraîcheur vous attend. Outre les palmiers donnant des dattes mielleuses à souhait, des arbres fruitiers produisant des oranges, citrons, grenades, figues, certifiés bios. Goût divin ! Observez également le système traditionnel ingénieux d’irrigation, une technique communautaire très ancienne et typiquement mozabite. La station thermale de Zelfana Située à 67 km à l’est de Ghardaïa, la ville de Zelfana compte un grand nombre de sources thermales. Son eau d’une température de plus de 40 degrés, riche en sels minéraux et en chlorure de sodium, possède des vertus thérapeutiques. Une petite cure et hop! Adieu rhumatisme, courbatures et stress! Excursion dans les dunes de Sebseb Il faut prévoir une sortie dans les dunes de Sebseb en passant par les oasis de Metlili. Les dunes aux tons ocre y sont féeriques! Des balades à dos de chameaux, ou en quads ainsi que des séances de ski sur sable sont proposées aux visiteurs assoiffés de découverte et d’aventure. © NADJLAA LAMRI Ce qu’il y a de plus précieux durant ce voyage est sans doute cette impression d’avoir atterri et fait un saut dans le temps. Les structures atypiques des maisons avec leurs formes simples construites avec des matériaux locaux, sont considérées par de nombreux spécialistes comme un « haut lieu de leçons d’architecture », témoignant de l’ingéniosité des bâtisseurs de ces œuvres. Les façades extérieures des habitats ne laissent entrevoir aucun signe de richesse et pour cause, ceci est une règle de construction qui préserve l’égalité sociale dans la communauté. Suite à mon premier séjour dans la région, je suis revenue trois fois, et si l’occasion se présente une nouvelle fois, je n’hésiterai pas! Vous l’aurez compris, autant d’histoires, que de paysages, de couleurs et de traditions qui vous envoient dans un voyage de reconnaissance de soi et de l’autre. Armez-vous de vos chaussures car la marche risque d’être longue certes mais agréablement surprenante !
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LE MUSÉE DE CIRTA Abderraouf BENKHELIFATE | Nabila RAHMANI
© ZHOUR BENSEDDIK TIDDIS, ou « le vieux Constantine » se situe à moins de 30 Km de la ville de Constantine, dans la commune de Beni Hamiden. L’appellation « Tiddis » vient du mot amazighe « Tidar » signifiant « la tête de la maison ». La ville est un site archéologique construit sur les hauteurs d’une solide montagne rocheuse. Depuis la préhistoire, plusieurs civilisations se sont succédées sur ses terres, notamment la civilisation islamique, dont les monuments en sont encore témoins. Tiddis est aussi appelée « la ville des saints », en raison de la diversité religieuse qu’elle a connue: religions polythéistes, Christianisme et Islam. Elle fut abandonnée par ses habitants sous le règne de l’empire Ottoman à cause de l’insécurité et le manque d’eau. D’ailleurs la ville de Constantine constitue un musée ouvert qui émerveille ses visiteurs, chacun de ses recoins renferme les vestiges de l’une des nombreuses civilisations qu’a connues la région.
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La ville de Constantine compte 08 ponts qui lient le rocher de la Kasbah à El-Mansoura pour faciliter le déplacement des habitants, mais qui sont aussi de véritables chefs-d’œuvre architecturaux datant parfois de l’époque coloniale, voir même d’avant, à l’exemple du pont Bab El Kantara dont la construction remonte à la civilisation romaine, en plus d’autres ponts comme: le pont Mellah Slimane, le pont Sidi Rached, le pont Chitane, le pont Chellalat, le pont de Medjez Leghnem, le pont de Salah Bey et enfin le pont de Sidi M’sid, le plus haut de tous les ponts de la ville, menant vers le monument des morts érigé en 1934 pour commémorer et honorer les algériens et français morts pendant la première guerre mondiale. Le sommet de la bâtisse, sur lequel on peut voir la statue du Triomphe aux allures d’un oiseau mythique, offre à ceux qui le visitent une vue panoramique de la ville. Face à ce monument se dresse la statue de la vierge Marie, appelée aussi «Notre dame de la paix». C’est sur la surface rocheuse portant le nom de Koudiat Ati qu’est construit l’ancien musée de Cirta sur une surface d’environ 2100m2 dont 1200m2 sont bâtis et 900m2 sont consacrés aux jardins, deux plus précisément, avec un style architectural gréco-romain. Le musée a été construit par l’association historique fondée en 1852 par Creully et Cherbonneau, à laquelle nous devons la conservation de certains monuments en Afrique du Nord. C’est en 1853 que l’association a installé son siège à Rahbat Lajmal, un endroit où se réunissaient les adhérents et quelques citoyens pour y effectuer des travaux de fouille. Administrativement, la municipalité a destiné, le 28 novembre 1855, une somme pour l’achat de la collection de M. Costa Lazare qui vient compléter le musée. En 1860, on s’est trouvé contraint d’attribuer à la société une autre salle située à la nouvelle mairie en attendant l’édification d’un musée pour la ville de Constantine. À cet effet, le choix se porta sur le Koudiat Ati comme lieu d’implantation du fait que c’était une nécropole numido-punique. Les travaux de construction du musée prirent fin en 1930 sous la forme d’une villa gréco-romaine dont le plan avait été conçu par l’architecte Castelet. Puis, le 15 Avril 1931, le musée a enfin ouvert ses portes aux visiteurs, sous le nom du secrétaire général de l’association: Gustave Mercier, un nom qui a finalement été changé le 05 Juillet 1975 au nom actuel: Musée de Cirta, et fut élevé au rang de musée public national en 1986. Le musée se compose de 03 sections; tout d’abord la collection archéologique, qui contient des milliers de pièces partagées sur 12 salles, organisées par ordre chronologique de la préhistoire jusqu’au XIe, le reste de la collection a été conservé à l’abri. Ensuite, nous avons la collection artistique, constituée de tableaux et de sculptures datant du XVIIe et XXe siècle, et exposée la première fois vers 1939. Enfin, la collection ethnographique comporte des produits confectionnés artisanalement tels que les tapis, les vêtements, les bijoux, les armes à feu, les armes blanches, quelques parchemins et certains objets qui ont un rapport avec les sciences humaines comme l’astrolabe. Nous pouvons notamment retrouver à l’intérieur du musée plusieurs monuments puniques ramenés du temple d’El Hofra de Constantine, en plus de quelques pièces rapatriées du Louvre après l’indépendance, tandis que d’autres n’ont pas pu être récupérées jusqu’à ce jour. Le musée expose aussi les tableaux de quelques peintres connus, à savoir, Léon Cauvy, Issiakhem et Nasreddine Dinet.
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SUR LES PAS DE TIN HINAN Moh au Tassili Hichem MERADJI
La ville de Constantine compte 08 ponts qui lient le rocher de la Kasbah à El-Mansoura pour faciliter le déplacement des habitants, mais qui sont aussi de véritables chefs-d’œuvre architecturaux datant parfois de l’époque coloniale, voir même d’avant, à l’exemple du pont Bab El Kantara dont la construction remonte à la civilisation romaine, en plus d’autres ponts comme: le pont Mellah Slimane, le pont Sidi Rached, le pont Chitane, le pont Chellalat, le pont de Medjez Leghnem, le pont de Salah Bey et enfin le pont de Sidi M’sid, le plus haut de tous les ponts de la ville, menant vers le monument des morts érigé en 1934 pour commémorer et honorer les algériens et français morts pendant la première guerre mondiale. Le sommet de la bâtisse, sur lequel on peut voir la statue du Triomphe aux allures d’un oiseau mythique, offre à ceux qui le visitent une vue panoramique de la ville. Face à ce monument se dresse la statue de la vierge Marie, appelée aussi «Notre dame de la paix». C’est sur la surface rocheuse portant le nom de Koudiat Ati qu’est construit l’ancien musée de Cirta sur une surface d’environ 2100m2 dont 1200m2 sont bâtis et 900m2 sont consacrés aux jardins, deux plus précisément, avec un style architectural gréco-romain. Le musée a été construit par l’association historique fondée en 1852 par Creully et Cherbonneau, à laquelle nous devons la conservation de certains monuments en Afrique du Nord. C’est en 1853 que l’association a installé son siège à Rahbat Lajmal, un endroit où se réunissaient les adhérents et quelques citoyens pour y effectuer des travaux de fouille. Administrativement, la municipalité a destiné, le 28 novembre 1855, une somme pour l’achat de la collection de M. Costa Lazare qui vient compléter le musée. En 1860, on s’est trouvé contraint d’attribuer à la société une autre salle située à la nouvelle mairie en attendant l’édification d’un musée pour la ville de Constantine. À cet effet, le choix se porta sur le Koudiat Ati comme lieu d’implantation du fait que c’était une nécropole numido-punique. Les travaux de construction du musée prirent fin en 1930 sous la forme d’une villa gréco-romaine dont le plan avait été conçu par l’architecte Castelet. Puis, le 15 Avril 1931, le musée a enfin ouvert ses portes aux visiteurs, sous le nom du secrétaire général de l’association: Gustave Mercier, un nom qui a finalement été changé le 05 Juillet 1975 au nom actuel: Musée de Cirta, et fut élevé au rang de musée public national en 1986. Le musée se compose de 03 sections; tout d’abord la collection archéologique, qui contient des milliers de pièces partagées sur 12 salles, organisées par ordre chronologique de la préhistoire jusqu’au XIe, le reste de la collection a été conservé à l’abri. Ensuite, nous avons la collection artistique, constituée de tableaux et de sculptures datant du XVIIe et XXe siècle, et exposée la première fois vers 1939. Enfin, la collection ethnographique comporte des produits confectionnés artisanalement tels que les tapis, les vêtements, les bijoux, les armes à feu, les armes blanches, quelques parchemins et certains objets qui ont un rapport avec les sciences humaines comme l’astrolabe. Nous pouvons notamment retrouver à l’intérieur du musée plusieurs monuments puniques ramenés du temple d’El Hofra de Constantine, en plus de quelques pièces rapatriées du Louvre après l’indépendance, tandis que d’autres n’ont pas pu être récupérées jusqu’à ce jour. Le musée expose aussi les tableaux de quelques peintres connus, à savoir, Léon Cauvy, Issiakhem et Nasreddine Dinet.
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