6 minute read

Je m’appelle Kenny

Next Article
Mon nom est Jacob

Mon nom est Jacob

Je suis chrétien et je lutte contre l’alcoolisme et la toxicomanie.

Lire dans Genèse 32-33 les préparatifs de Jacob avant de rencontrer Ésaü, sa lutte avec Dieu et les retrouvailles des frères jumeaux.

J’ai grandi entouré de ma mère, mon beau-père et mon frère. Ma mère et moi étions proches, mais mon beau-père régnait sur la famille avec une main de fer, attendant que les choses se fassent sur commande dans une obéissance totale. Dès le début, j’ai donc appris à marcher sur des œufs. J’ai suivi des études jusqu’au niveau secondaire et c’est dans le domaine du sport que j’ai obtenu les meilleurs résultats et un sentiment d’appartenance.

À l’âge de 15 ans, ma mère et mon beau-père ont divorcé, j’ai alors immédiatement commencé à me rebeller. J’ai trouvé un emploi de manutentionnaire dans un magasin spécialisé dans la vente d’alcool, et peu de temps après, je trouvais le moyen de voler un pack de douze canettes de bière. Lentement mais sûrement l’école et les sports sont devenus moins prioritaires. Plus ma dépendance à l’alcool progressait, plus j’avais d’ennuis avec la police. Avant d’avoir atteint mes 18 ans, j’avais déjà été arrêté à cinq reprises: deux fois pour agression en état d’ivresse, deux fois pour conduite en état d’ivresse et une fois pour agression avec coups et blessures. Dans la même période, j’ai fréquenté une femme mariée, ce qui a entraîné son divorce. J’ai quitté l’école secondaire et ai trouvé des emplois dans le domaine du bâtiment.

J’ai commencé à consommer de la méthamphétamine et, pendant quelques années, cette drogue a semblé me convenir. Mais plus ma dépendance grandissait, plus je m’isolais et perdais mes emplois successifs. Pour nourrir ma dépendance toujours croissante et me procurer de la drogue, j’ai eu recours au vol et à la manipulation. Je suis devenu un «usurpateur». Ma mère ayant acquis une coûteuse collection de timbres de mon grandpère, j’ai commencé à voler par petites quantités ces timbres pour les revendre. Puis, j’ai volé et revendu ses bagues en diamant. Quand elle a découvert ce que j’avais fait, elle a été obligée de me chasser de la maison.

Je me suis donc retrouvé sans abri et sans emploi. Au cours des deux années suivantes, j’ai été arrêté deux fois pour possession et consommation de stupéfiants. J’ai reçu une peine de 45 jours de prison. À ma libération, ma mère m’a permis de revenir à la maison. C’est durant cette période qu’elle a commencé à fréquenter l’église Saddleback. Un dimanche, elle a rempli une carte de visiteur en mentionnant mon nom et en indiquant que je voulais connaître Christ. L’usurpateur avait été trompé.

Peu de temps après, j’ai reçu un appel d’un homme impliqué dans le ministère auprès des nouveaux chrétiens. Ne sachant pas comment répondre autrement, j’ai accepté de coopérer avec lui. Puis le moment est venu où il m’a demandé si je serais disposé à prononcer une prière de repentance. Je lui ai répondu que je n’étais pas prêt et que je luttais avec des problèmes de dépendance à la drogue et à l’alcool. Je ne voulais pas être hypocrite. Il m’a alors parlé du programme Une Vie Renouvelée, et c’est à ce moment-là qu’une graine vers la guérison a été semée. Le vendredi suivant, j’assistais pour la première fois à une réunion du programme Une Vie Renouvelée. Ce soir-là, j’ai fait la rencontre de personnes exceptionnelles, et j’ai accepté le Seigneur.

J’ai ensuite travaillé dans un magasin tenu par les parents d’un ami. Malheureusement, j’avais encore un esprit de fraude et, comme Jacob, j’ai fini par me trouver engagé dans une lutte avec Dieu. J’ai arrêté de fréquenter l’église et ai coupé le contact avec mes partenaires. Et, ce qui n’était guère surprenant, j’ai rechuté. Cette période la plus désastreuse et la plus solitaire de ma vie a pris fin lorsque, neuf mois plus tard, j’ai à nouveau été arrêté par la police.

Cette fois-ci, j’ai été condamné à six mois de prison. On m’a obligé à suivre un cours de sensibilisation au sida et à passer un test de dépistage du VIH. L’instructeur nous a informés que si nous ne recevions aucune nouvelle, c’était bon signe. Deux semaines plus tard, les gardiens m’ont remis une fiche médicale intitulée «Dépistage», en gros caractères rouges. J’ai compris, la mort dans l’âme, que j’étais séropositif. J’étais terrifié, et comme Jacob, j’avais le sentiment que 400 hommes menaçants s’approchaient de moi. Assis dans le centre médical, les larmes coulant sur mon visage, je me suis mis à réfléchir à ma vie, à toutes ces années d’intrigues, de tromperies et de luttes, et à me demander à quoi bon tout cela. Mon passé m’avait rattrapé. Je ne pouvais plus fuir les conséquences de la souffrance que j’avais causée à mon entourage, y compris à moi-même, par mes choix irréfléchis.

Peu de temps après, on m’a informé qu’il y avait eu une erreur, une erreur informatique: je n’étais pas séropositif! Je me suis rendu compte combien la vie pouvait basculer facilement, et c’est à ce moment-là que j’ai su que je devais tout changer dans ma propre vie.

Dès ma sortie de prison, j’ai accepté d’être accompagné d’un «parrain» qui m’a aidé à m’orienter. Lors de la rencontre du programme Une Vie Renouvelée, j’ai été accueilli à bras ouverts. L’amour inconditionnel que j’ai ressenti ce soir-là m’a donné la force de revenir et de poursuivre le programme. J’ai trouvé de l’encouragement par l’entremise de mon parrain, des «Études d’étapes», des «Partages en petits groupes» et de la formidable communion fraternelle. Dieu a restauré mes relations avec ma mère, mon père et mon beau-père et m’a béni aussi en m’accordant une superbe épouse très engagée pour lui.

J’éprouve encore souvent de la peur, mais je m’accroche à Dieu, même quand le processus de restauration et de sanctification me fait mal, parce que c’est le chemin vers la guérison. Grâce à toute cette expérience, j’ai appris à connaître Dieu comme le Père le plus aimant et compatissant que l’on puisse espérer, un Père qui pardonne.

«Ésaü courut à sa rencontre, l’étreignit, se jeta à son cou et l’embrassa. Et ils pleurèrent» (Genèse 33.4); ce passage nous montre un exemple magnifique et presque incroyable de la grâce de Dieu.

La vie d’Ésaü a été entachée par une lutte familiale, qui a commencé dès sa naissance quand son «plus jeune» frère jumeau et rival vient au monde après lui en lui tenant le talon (25.26). Ésaü est souvent présenté comme quelqu’un de stupide. Il a certainement pris une décision trop rapide en vendant son droit d’aînesse pour un plat de lentilles (25.29-34) et plus tard, il afflige ses parents en épousant deux femmes hittites païennes (26.34-35; 27.46). Mais Ésaü a également été privé de la bénédiction paternelle en tant que frère aîné par son frère dévoyé qui a conspiré avec sa propre mère (27.1-29). Ce récit tragique révèle un défaut qui a été fatal pour la famille. Chacun des parents avait une préférence pour l’un des fils, et dans les deux cas, elle était basée sur des préférences personnelles (25.27-28). Le manque d’amour et de respect entre les parents est particulièrement frappant dans la tromperie de Rebecca envers son propre mari. Le vol de la bénédiction d’Ésaü le conduit à affirmer: «Le moment où l’on mènera le deuil sur mon père va approcher et je tuerai mon frère Jacob» (27.41). Jacob, sous les directives de sa mère Rebecca, s’enfuit très loin pour sauver sa vie: chez son oncle à Charan (27.42-45).

Après plusieurs années, lorsqu’il reprend la route du retour jusqu’à chez lui, il prie et élabore des plans, craignant de faire face à son frère Ésaü (32.1 - 33.3). Mais, à son grand soulagement, Jacob retrouve un frère dont la haine et le désir de vengeance ont été apaisés. Ésaü court à la rencontre de Jacob, l’étreint, se jette à son cou et l’embrasse, et tous deux se mettent à pleurer à cause de leur séparation et de leurs retrouvailles (33.1-5). Ésaü a appris à pardonner et, de ce fait, il retrouve non seulement un frère, mais aussi un ami. Même si Ésaü ne voulait rien recevoir de la part de Jacob en guise de réparation, il se retrouve à présent, lui qui autrefois était impétueux, dans la situation d’accepter un cadeau (33.8-12). Il est réconcilié avec Jacob et respecté par sa famille (33.6-7).

Le fait de laisser l’amertume s’installer dans notre vie et de refuser de pardonner peut nous empêcher de jouir des bienfaits de Dieu dans le présent. Après avoir été moralement blessé, Ésaü a pris des décisions irraisonnées. Toutefois, il est parvenu à trouver la sagesse et la grâce de se libérer de son passé. Nous devons faire de même pour trouver la guérison. Ce qui a été fait a été fait, nous ne pouvons pas changer le passé. Peut-être avons-nous été blessés par des membres de notre propre famille, mais nourrir de l’amertume ne fait que prolonger notre souffrance. Un esprit impitoyable construit des barrières qui nous isolent de l’amour dont nous pourrions bénéficier. En tant qu’enfants de Dieu, nous avons chacun reçu cet ordre: «Soyez bons et pleins de compassion les uns envers les autres; pardonnez-vous réciproquement comme Dieu nous a pardonné en Christ» (Éphésiens 4.32). Le pardon que Dieu nous accorde est inconditionnel, aussi devons-nous, nous aussi, pardonner sans réserve. Le pardon apporte la réconciliation avec les autres et la guérison de notre propre cœur.

Ésaü a choisi de se libérer de son esprit de vengeance, il a considéré ce que Dieu lui avait donné et a annoncé à Jacob qu’il était dans l’abondance (Genèse 33.9). Prenons exemple sur Ésaü: laissons de côté l’amertume et considérons à leur juste valeur nos propres bénédictions.

This article is from: