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SOMMAIRE Archibat N°31

Revue maghrébine d'aménagement de l'espace et de la construction

Editorial Opinion libre

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L'éco Construction : Effet de mode ou projet d’avenir ?

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News internationales Shigeru BAN prix Pritzker

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Thèse de doctorat Le régime ambiantal dans l’architecture moderniste de Jacques

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Marmey - Cas du Lycée de Carthage

Réalisation Siège de la Société d’études et d’Aménagement des Côtes Nord de Sfax

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LA MAITRISE D’ŒUVRE TUNISIENNE A L’EXPORT Séminaire : La maîtrise d’œuvre Tunisienne à l’export

22

Parlement Pan African-Afrique du Sud

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Siège Administratif de l’Office Chérifien des Phosphates à Khouribga – Maroc

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Siège Algérie -Alger Hôtel Maya Maya - Brazzaville – Congo Rénovation du siège de la BAD - Abidjan - Côte d'Ivoire Hôtel Atlantic- Oued Chbika – Maroc Hôtel Sheraton- Tripoli – Libye Marina - Tripoli – Libye Centre de Cardiologie -Nouakchott-Mauritanie Hôpital Sangmélima- Sangmélima-Cameroun Université Ziguinchor -Ziguinchor-Sud – Sénégal Hôtel Oguzkent 5 étoiles - Ashgabat – Turkmenistan Nouveaux sièges du ministère de l'économie et du développement, ministère de la finances et ministère de la Sécurité Sociale - Ashgabat – Turkménistan

Hôpital de Pédiatrie - Baba Hassen – Algérie

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Pôle Universitaire -Sidi Abdellah-Alger

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34

Faculté de Droit - Alger-Algérie

58

36

Ministère des finances – Burundi

59

38

Siège de la Banque Nationale de Mauritanie

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40

BNM Agence - Nouadhibou

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42

Siège Social Alios Finances - Abidjan - Côte d'Ivoire

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44

Hôtel Mineralys 4 étoiles - Abidjan - Côte d'Ivoire

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46

Hôtel (Snim) 5*- Nouakchott – Mauritanie

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Boutique Hôtel - Doha – Qatar

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Études pour les rives du lac- Muhazi-Rwanda

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Requalification d’espaces publics inscrits au patri-

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moine mondial à l’UNESCO - Saint Louis – Sénégal

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Station d’Épuration - Baraki – Alger

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Archibat 31 / 5- 2014 Possibilités


SOMMAIRE DIPLÔME La nouvelle gare ferroviaire de Ouagadougou

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CONCOURS International Brasila athletics stadium

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CONCOURS national Construction d’une maison de culture à Mornag

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PATRIMOINE Sos patrimoine immobilier historique de Tunis

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VILLES & URBANISME Programmes d’investissement communaux participatifs 2014-2018

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INVITÉE Interview de Dr Neîla AKRIMI – Directrice générale de CILG/VNGI 82

TECHNIQUES & CONSTRUCTIONS Protection passive contre l’incendie

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AILLEURS METROPOL PARASOL : la plus large ossature en bois du monde

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MAISON Dar Ben Gacem ou le désir de patrimoine

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ARTS & DÉCO Raouf KARRAY

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PHOTO Salah JABEUR

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EXPO Le projet Sfax

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LIVRES & LIVRAISONS

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ARCHIBAT Revue maghrébine à parution semestrielle, publiée par : ABC Architecture Bâtiment et Communcation, S A 19 Rue Abou Bakr Bekri, Imm. Luxor I, Br. M/2 - Montplaisir 1073 Tunis Tél. : 216 71 904 467 - 71 907 952 Fax : 216 71 902 485 E-mail : archibat.com@planet.tn

ÉDITORIAL

www.archibat.tn

Directrice de publication Amel SOUISSI TALBI

Ce numéro d’Archibat, présente 25 projets et réalisations à l’étranger de 15 agences d’architecture tunisiennes. La plupart de ces projets ou réalisations concernent des pays d’Afrique, du Maghreb et d’Asie. Une manière de rendre hommage à une profession en mettant en évidence la diversité des

Adjointe rédaction Abir AZZI

projets des architectes tunisiens, comme l’importance de leur travail à l’export, même si le marché

Ont collaboré à ce numéro : Ali CHEIKHROUHOU Alia BEN AYED Wahiba RHIM BEN AMEUR Léon BONZI Karim CHAABANE Carlos VARONA Sami Yassine TURKI Neïla AKRIMI Hédi HASSIS Zoubeïr MOUHLI Olfa BELHASSINE

Les bureaux d’études tunisiens, tel que la SCET, pionnier en matière d’exportation de l’ingénierie

Membres fondateurs Leïla AMMAR Ali DJERBI Amel SOUISSI TALBI Achraf BAHRI MEDDEB Morched CHABBI Denis LESAGE

de ces projets.

Responsable commerciale Nawel AYADI ALLANI Publicité Zouhaira TALBI REBAI Abonnement Lobna MCHIRGUI BELHAJ Impression FINZI USINES GRAPHIQUES Site web Mouna MATTOUSSI TRABELSI

Les articles publiés dans cette revue, et les idées qui peuvent s’y exprimer n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de reproduction, réservés pour tous pays. Les textes et photos reçus et leurs envois impliquent l’accord de l’auteur pour leur libre publication. VISA N° 2796 Autre publication de ABC

local reste leur principal débouché. tunisienne depuis les années 79, ont permis d’ouvrir la voie à l’exportation des services d’architecture. Actuellement en Tunisie, environ 80% du chiffre d’affaires des grands bureaux d’études tunisiens, est destiné à l’export, en Afrique subsaharienne essentiellement, focalisé sur les marchés d’infrastructures. L’étroitesse du marché local a incité les grandes agences d’architecture à s’orienter vers des projets de taille, comme le grand projet du port de plaisance de Tripoli, que l’agence Architectes Conseil International est en train de réaliser avec l’entreprise tunisienne Etraph. Quelles que soient les motivations qui incitent les architectes tunisiens à construire à l’étranger, le tour d’horizon auquel vous invite ce dossier d’Archibat, met en évidence l’importance et la diversité Du nouveau siège de trois Ministères à Ashgabat au Turkménistan, confié à l’architecte Ajmi Mimita, à l’université Ziguinchor au Sénégal, remporté par le groupement Ben Soltane et Comete engineering, à l’hôpital Sangmélima au Cameroun, réalisé par le groupement Farouk Ben Miled et Comete engineering, tout comme le Centre de cardiologie à Nouakchott, conçu par Mohamed Gharbi, aussi bien que l’hôtel Maya de Brazaville, rénové par Lotfi Rebai, la faculté de Droit d’Alger, conçu par Taoufik Ben Hadid, ou encore le projet de rénovation du siège de la BAD, en cours de réalisation par le groupement Wassim Ben Mahmoud, Lotfi Rebai et le bureau d’études SCET International. A chacun son réseau, sa démarche, ses parcours. L’architecte tunisien qui s’exporte participe au rayonnement culturel, à la promotion de son pays et induit aussi un effet d'entraînement bénéfique sur l'exportation des matériaux de construction tunisiens et sur le développement des entreprises de BTP à l’export. L’exportation des services est un terrain d’aventure, qui nécessite une structure qui a fait ses preuves au plan national, un regroupement des compétences, de la persévérance et de l’apprentissage. Le séminaire sur la maîtrise d’œuvre à l’export, organisé par Archibat au Cepex et dont nous présentons la synthèse, fait le tour de la question. Il en ressort, que la mise en place d’une stratégie à moyen et long terme, la synergie entre les différents acteurs, l’appui de la puissance publique, l’implication des structures professionnelles, des associations, des universités et des opérateurs du secteur du bâtiment, sont nécessaires pour la promotion et le développement du savoir-faire tunisien à l’international. La rubrique Patrimoine de ce numéro d’Archibat est proposée par M. Carlos Varona, ancien Directeur de l’Institut Cervantès de Tunis, qui lance un cri d’alarme en abordant la problématique de disparition rapide d’édifices historiques dont est victime la ville de Tunis ces dernières années. M. Varona, nous livre un point vue percutant et des propositions de sauvegarde, en regard de l’expérience des années 60 et 70, vécue lors de l’expansion des grandes villes espagnoles. A bon entendeur …

Amel Souissi Talbi Rejoignez nous sur Archibattunisie 8

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L’éco construction :

effet de mode ou projet d’avenir ? Par Ali Cheikhrouhou, Architecte urbaniste Le projet de jumelage UE-Tunisie relatif à l’éco-construction touche à sa fin. L’objectif de ce projet tel que indiqué dans la plaquette de présentation est d’appuyer l’administration tunisienne afin qu'elles puissent développer ses capacités suivant trois axes : •Renforcer les lois et règles de construction au profit du développement durable ; •Développer et promouvoir sur l’ensemble du territoire, et pour tous les types de bâtiments, l’éco-construction ; •Renforcer les expertises et le savoir faire de la maîtrise d’ouvrage publique. J’ai suivi le déroulement de ce projet à travers les séminaires et ateliers qui ont été organisés par la DGBC et auxquels j’étais convié. Je vais développer dans ce papier et à partir de l’objectif en trois axes, quelques réflexions sans soucis d’exhaustivité.

OPINION LIBRE

Axe 1 : renforcer les lois et règles de construction au profit du développement durable En Tunisie on n’arrive pas, à ce jour, à faire appliquer les règles actuelles de construction et d’aménagement de l’espace. Une réglementation n’est efficace que si elle est acceptée par une majorité des intervenants ainsi que de la population et jusqu’à présent cette dernière n’a pas comme souci le développement durable et a toujours été exclue de toute décision normative qui concerne en premier lieu son mode de vie et l’occupation de son espace. La pensée technique qui nous a conduit où on est actuellement a montré ses limites et elle est de plus en plus critiquée. L’idée de développement durable qui est partagée par tout le monde et dans tous les lieux est diversement interprétée et ne fait pas l’unanimité, elle reste toujours à construire. Comme le dit Philippe Madec « si l’on accepte ce que demande le développement durable, soit un refus de faire prévaloir un seul des termes qu’il invoque - l’économique, l’environnemental, le social, le culturel -, la tache est affreusement complexe ». La démarche normative actuelle tend à privilégier l’aspect énergétique sur les autres par le fait qu’il est plus facilement mesurable et parce qu'on est obnubilé par la question de l’économie d’énergie. La question fondamentale au niveau de l’éco-construction est d’abord comportementale. Elle est liée à nos modes de vies, à nos manières d’utiliser l’espace et de nous y installer. Si l’administration s’engage après ce projet à réaliser des bâtiments publics « éco-responsables » nous considérons que le projet a atteint son objectif dans le cadre de cet axe, mais pour cela il faut, en plus de l’instauration d’un écolabel prévu dans le projet, changer les règles et en premier lieu la certification des bureaux de contrôle. Demander, actuellement, à faire certifier une construction en terre, par exemple, est tout simplement inimaginable, et la technique ancestrale tunisienne de voûtes et coupoles en briques doit, pour être homologuée, être doublée d’une chape en béton armé qui réduit le rôle de la brique à celui d'un simple coffrage perdu! Cette certification obligatoire pour tout bâtiment public a fait la part belle au béton armé qui s’est développé pour devenir presque exclusivement la seule technique de construction en Tunisie. La démarche française ASCNI , présentée lors d’un séminaire, qui se base sur les savoirs faires des artisans et non sur les matériaux pour aboutir à fixer des règles professionnelles pour certifier un système

constructif, nous paraît intéressante dans ce sens, et il serait utile de la transposer en Tunisie en créant une structure spécifique en la matière.

Axe 2 : Développer et promouvoir sur l’ensemble du territoire, et pour tous les types de bâtiments, l’éco-construction L'éco-construction s'attache à la fois à la construction de bâtiments respectant au mieux l'environnement, la santé et le confort des usagers, mais elle s’inscrit également dans une démarche de management environnemental. Les bâtiments éco-construits vont chercher à s'intégrer le plus respectueusement possible dans leur milieu et à minimiser l'impact environnemental de la construction dès la phase de conception et pendant tout son cycle de vie. L’éco-construction est à la fois un objectif et un processus complet et sa promotion ne peut se faire sans la mise en place de l’ensemble du système. Son introduction peut-elle se faire dans le cadre du système actuel de production du bâti en douceur sans rentrer en conflit avec les pratiques et procédures actuelles ? Ou, doit-elle être développée en parallèle au risque de la marginaliser ? En effet, on ne peut promouvoir l’éco-construction sans offrir le cadre global qui sous tend tout développement durable, à savoir la valorisation de l’environnement local, l’utilisation efficiente des ressources, la préservation du patrimoine et de la diversité sociale et culturelle, l’intégration économique et spatiale, le développement du lien social et de la vie participative et surtout la veille à la transmission aux générations futures. La Tunisie a une longue expérience en éco-construction à travers tout son patrimoine constructif depuis les phéniciens et jusqu’à nos jours. Ce patrimoine a été largement étudié et inventorié tant au niveau des techniques de construction que des matériaux et notamment grâce aux travaux universitaires à l’école d’architecture de Tunis et les écoles d’ingénieurs, avec des projets expérimentaux à l’appui. Le projet aurait du être précédé d’une évaluation des ces études et projets afin d’en tirer les conclusions nécessaires sur leurs réussites et leurs échecs. Un projet de jumelage n’est efficace que s’il y a un échange réciproque des compétences et s’il s’inscrit dans un «avant» et un «après» pour assurer sa pérennité ou durabilité. Dans le cadre de ce projet on constate que l’échange est asymétrique. Le partenaire européen se propose de faire profiter de son expérience la Tunisie pour former des experts en éco-construction, sensibiliser les intervenants dans le domaine du bâti à cette problématique et promouvoir ainsi cette filière.


Village de Takrouna. L'architecture vernaculaire, ou comment définir notre propre architecture écologique ancrée dans nos traditions.

L’expérience européenne en la matière remonte aux années soixante et doit beaucoup à la première génération des « éco-constructeurs » qui a multiplié les expériences dans le « tiers monde» pour expérimenter et promouvoir les techniques de construction alternatives, pour aboutir à la mise en place actuelle d’un système global d’éco-construction comprenant toute la panoplie de services. Nous ne pouvons prétendre suivre le même chemin en Tunisie car les conditions et les données du problème ne sont pas les mêmes et les expériences des autres ne peuvent pas être transmises sans une appropriation préalable et sans une expérimentation propre. Le projet s’est donc contenté d’initier la réalisation d’un bâtiment témoin et d’organiser un concours national dont les modalités restent à préciser.

Axe 3 : Renforcer les expertises et le savoir faire de la maîtrise d’ouvrages publics Il faut d’abord commencer par faire participer les futurs usagers car, au niveau de la maîtrise d’ouvrages publics et dans la majeure partie des cas, les usagers sont connus avant le début de la conception. Agir sur les habitudes est beaucoup plus difficile que d’améliorer ou renforcer les « savoir faire ». Comment faire accepter à l’administration tunisienne qu’il faut discuter avec des professeurs et des élèves avant de commencer par la conception d’un lycée ? Va-t-elle accepter d’aller spontanément vers les usagers ? Et comment organiser et mettre en place une telle concertation ? Doit-on l’imposer au risque de la formaliser ou doit-on la rendre naturelle avec tous les dérapages qui peuvent se produire ? Intégrer la démarche de la construction durable dans l’administration tunisienne nécessiterait aussi une redéfinition des tâches et leur répartition car la notion de coût global qui est l’apanage de la durabilité n’est pas encore entré dans les mœurs et que la maîtrise d’ouvrages publics ne concerne que la conception et la construction du bâtiment sans se soucier de son exploitation, entretien, réhabilitation, démolition et recyclage. L’ensemble du processus implique l’adhésion de toutes les parties prenantes et de tous les acteurs. La maîtrise d’ouvrages publiques en Tunisie souffre d’une opacité qui rend impossible au citoyen de se renseigner ou de suivre le déroulement d’un quelconque projet. La première action à mener serait d’instaurer une totale transparence quant à la conduite des projets de bâtiments civils. Un simple citoyen doit pouvoir accéder à l’information nécessaire sur tous les projets programmés dans sa région ou sa localité et pouvoir suivre leur évolution périodiquement y compris au niveau du financement. Le droit à l’information sur les

investissements publics et la gestion des projets est la pierre angulaire de toute démocratie. Nous avons beaucoup à apprendre de l’Europe en cette matière. L’objectif de ce projet de jumelage consistant à «développer les capacités managériales de la DGBC grâce notamment à la confrontation avec les stratégies des administrations européennes équivalentes» risque de ne pas être atteint si on se limite à l’aspect formel d’organisation de visites et de stages. Le renforcement des capacités managériales n’est pas simplement une question de mise à niveau du personnel et des équipements techniques, mais une action globale qui intègre le changement des habitudes et l’aplanissement de tous les obstacles et résistances inévitables au changement. La démarche, appelée participative, est nouvelle en Tunisie qui sort de décennies de dictature et il n’est pas facile de la mettre en place car elle implique une adhésion préalable au niveau des décideurs qui n’ont jamais partagé leur pouvoir et des citoyens qui n’ont pas l’habitude qu’on leur demande leur avis et qui manquent de culture participative qui a ses propres règles devant s'appliquer en fonction des objectifs à atteindre.

Pour conclure, la notion d’éco-construction apparue en Europe dès les années soixante correspond à une prise de conscience collective des dérives de l’industrialisation massive et de ses impacts environnementaux qu’on ne pouvait plus maîtriser. Depuis cette date les comportements du citoyen ont peu à peu évolué jusqu'à intégrer le concept de développement durable et celui du respect de l’environnement dans toutes les actions de la vie. Le faible impact environnemental est même devenu un facteur essentiel dans tout projet ou produit pour aboutir à une réglementation qui protège l’environnement et le citoyen contre tout impact négatif pour assurer et transmettre un environnement sain aux générations futures. La situation en Tunisie n’a pas encore atteint ce degré de conscience et les préoccupations environnementales ne sont pas considérées comme prioritaires par le citoyen moyen. Mais, d’un autre côté, le niveau de développement nous oblige à intégrer très tôt les problèmes environnementaux pour éviter les conséquences néfastes d’un développement non maîtrisé où la course au profit prime sur tout. Le bâtiment civil, après avoir véhiculé l’image de la construction « moderne » en béton armé et en acier, matériaux du vingtième siècle par excellence, doit-il maintenant changer de cap et promouvoir l’éco-construction en terre, pierre, brique, bois, ... tous ces matériaux naturels tombés dans l’oubli et qui reviennent en force, mais d’une autre manière, pour marquer le 21ème siècle. L’utilisation des matériaux locaux pour la construction de certains édifices publics, pourraient contribuer à changer la mentalité des citoyens, par rapport à ces matériaux considérés avec dédain, comme étant des « matériaux du passé » ou « matériaux du pauvre ».Si le projet de jumelage contribuera à faire prendre conscience de l’importance de l’éco-construction pour l’intégrer dans la démarche conceptuelle de bâtiments publics c’est déjà un résultat que nous considérons comme positif. Voir présentation du projet dans Archibat n°24, Décembre 2011.

1

Direction générale des bâtiments civils

2

Entretien avec Philippe Madec, d’a n° 208 – p.30 , Mai 2012.

3

Voir la réglementation thermique et énergétique des bâtiments neufs élaborée par l’ANME

4

Analyse des caractéristiques des systèmes constructifs non industrialisés

5

Voir Ali Cheikhrouhou, Adobe for the Poor: The impossible challenge, Terra 2000, p 301 à

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306, James & James, Londres.

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NEWS INTERNATIONALES

Shigeru Ban PRIX PRITZKER

Abri en papier – Haiti

C’est à l’architecte Japonais Shigeru Ban, que Le Prix Pritzker 2014 a été attribué. Cet architecte est connu par son engagement pour des causes humaines, ses constructions d’abris pour victimes de désastres naturels ou de violences, primé pour "ses incessants efforts humanitaires" mais également pour le fait qu’il "a voyagé pendant 20 ans sur les lieux de catastrophes, naturelles ou humaines, pour travailler avec des citoyens, des bénévoles, des étudiants, afin de dessiner et construire des abris recyclables, à bas coûts, qui redonnent de la dignité" aux victimes. C'est la raison de choix telle qu'elle est révèlée par la fondation. “C'est un grand honneur pour moi, et je dois être prudent. Je dois continuer à écouter les gens avec lesquels je collabore, que ce soit pour mes commandes privées ou dans mon travail pour les victimes de désastres", a réagi Ban, ce spécialiste des structures en carton et du "lowtech" (cité par la Fondation, et qui se trouvait à Paris lorsqu'il a appris sa distinction). Ban, qui recevra son prix le 13 juin prochain à Amsterdam, succède au palmarès de ce prix à un autre Japonais, Toyo Ito, lauréat de l'édition 2013. Ainsi ça fait un double succès successif pour le Japon, et un sixième au total depuis la création de ce NOBEL d’architecture.

Paper Log House - Inde Centre Pompidou - Metz

Pavillon du Japon à l’exposition de Hanovre

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Thèse de doctorat

Le régime ambiantal dans l’architecture moderniste de Jacques Marmey Cas du Lycée de Carthage Autoportrait Jacques Marmey

La soutenance de doctorat de Alia BEN AYED, a eu lieu à l’ENAU en mars dernier. Ce doctorat vient étoffer le nombre de docteurs-architectes dilplomés de l’ENAU qui a atteint le nombre de 18. Nous vous présentons le résumé de cette thèse, obtenue avec mention très honorable.

Dans la sphère architecturale d’Afrique du Nord, la production moderniste de Jacques Marmey est souvent citée comme référence. En prolongement des recherches dont elle a fait l’objet, et qui privilégient l’aspect formel, nous avons entrepris d’élargir la visée à la question du vécu sensible. Il s’agit ici d’évaluer la manière dont l’architecte transpose, conçoit et met en forme l’ambiance dans le projet. Le travail prend appui sur le Lycée de Carthage qui constitue, sans nul doute, le fleuron de son œuvre construite. Se fondant sur les avancées théoriques et méthodologiques qui marquent le développement international de la thématique des ambiances, le travail s’inscrit dans une démarche de type interactionnel. Cette démarche nous permet de croiser analyse architecturale, évaluation des paramètres physiques en situation, relevés des actions, recueils et analyse des discours en contexte. La recherche se déploie en deux moments : 1- la reconstitution de l’univers de conception de l’architecte, 2- la restitution de l’ambiance vécue dans le lycée. L’objectif vise, d’une part, une meilleure connaissance des mécanismes de référenciations mis en œuvre par l’architecte et, d’autre part, la mise au jour de « dispositifs ambiantaux » - agrégeant forme construite et effets produits - transposables dans le projet. La première action de recherche interroge le contexte historique de la reconstruction d’après-guerre et les courants architecturaux qui soustendent la production de Jacques Marmey ; elle explore la formation de l‘architecte, son parcours, ses débuts de carrière en Tunisie ; elle s’intéresse aux modes de conception et de production qu’il met en œuvre . À l’issue d’un travail d’exploitation des fonds d‘archives et

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de collectes d’informations directes auprès des acteurs encore vivants nous avons pu mettre au jour les intentions d’ambiances de l’architecte et sa manière de les réaliser. Le travail montre que la dimension sensible occupe une place de choix. - La deuxième action concerne l’évaluation de la part occupée par chaque dimension ambiantale (lumineuse, thermique et sonore) dans l’ambiance globale ressentie. - La méthode consiste à mettre en parallèle le comportement « ambiantal » du bâtiment avec le ressenti des utilisateurs. Le travail a été conduit au moyen de mesures et de simulation des paramètres physiques et d’enquêtes auprès des utilisateurs. Les actions entreprises dans cette thèse révèlent la mise en œuvre de dispositifs ouverts (rampes, préaux, portiques,…) ayant des incidences en termes d’éclairement, d’acoustique et de thermo-aéraulique. Ces dispositifs sont délimités par des franges construites contrariées, épaisses et poreuses tout à la fois. Cette épaisseur poreuse, apparaît comme étant l’élément architectural déterminant, contribuant fortement à réguler l’accessibilité réelle et perceptuelle à l’environnement, à favoriser le partage de l’espace et, par voie de conséquence, à générer l’ambiance ressentie. Nous montrons ainsi que l’expérience sensible est moins suscitée par la géométrie des formes construites que par la porosité des franges qui les configurent. Cet élément ne constituerait-il pas un « modèle» -hybridepermettant une meilleure compréhension des œuvres de référence intégrant la dimension sensible et favorisant ainsi le renouvellement d’une architecture située ?


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réalisation

Siège de la Société d’études et d’Aménagement des Côtes Nord de Sfax Taparura

Le nouveau siège de la Société d’études et d’Aménagement des Côtes Nord de la Ville de Sfax (SEACNVS) est situé dans la zone dite « Poudrière I », à la périphérie du site de «Taparura ». Ce projet accueillera un ensemble d’événements scientifiques et pédagogiques en rapport avec l’économie d’énergie dans le bâtiment, et servira de témoin pour les futurs acquéreurs de lots dans l’opération urbaine de Taparura. Ce siège a été conçu dans une optique de développement durable. A cet effet des mesures spécifiques ont été prises, à savoir : l’usage des blocs de terre comprimée (BTC), la mise en place d’un « malkaf » pour la ventilation naturelle, le traitement spécifique de chaque paroi selon 16 Archibat 31 / 5- 2014

Maître d'ouvrage: Société SEACNVS Maître d’œuvre: Lotfi REJEB Ingénieur conseil structure: Anis ZGHAL Ingénieur conseil fluides: CLIMATEC Ingénieur conseil électricité: Nizar REBAI Expert Auditeur énergétique: Ahmed FRIKHA & Adel GABSI Bureau de contrôle: ASSISTAS Fin des travaux: Mars 2014

son orientation, l’usage de plantes bio-épuratrices pour l’amélioration de la qualité de l’air intérieur, la récupération et la gestion de l’eau pluviale, l’exploitation des énergies renouvelables pour la production d’électricité et de chauffage et l’installation de dispositifs de protection solaire. Le bâtiment comprend une terrasse sous forme de jardin suspendu pour installer des prototypes grandeur nature et tester l'efficacité énergétique de leurs conceptions dans des conditions réelles. Le recours à une façade vitrée avec apports solaires limités, permet le maximum de transparence ainsi qu’une vue panoramique sur le site à promouvoir.


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Projet Hôtel SNIM - Draw Link Group

DOSSIER THÉMATIQUE

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