Typologies Urbaines/Humaines

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TYPOLOGIES URBAINES, TYPOLOGIES HUMAINES Analyses urbaine, architecturale et sociologiques à la base d’une étude de quartier. ZAC Reuilly. Paris 12 Professeur Caroline Varlet. Binôme : Mathilde Lecomte et Martin Genet


Š Martin Genet. ENSA Paris-Malaquais. 2010


PRÉAMBULE Typologies urbaines, typologies humaines, est le fruit d’un travail mené en binôme dans le cadre de l’enseignement de sociologie. Sa portée ne se veut exhaustive ni dans la description ni son analyse. Mais il faut comprendre ce travail dans la perspective d’une réflexion sur la notion d’habitat et plus particulièrement sur celle d’habiter. Ainsi, cette étude est orientée par l’analyse architecturale d’un immeuble, et, par conséquent, par l’analyse urbaine du quartier dans lequel il s’insère. Aussi, le travail de recueil de témoignages appuiera une enquête “sur le terrain” essentielle à la compréhension de la géographie et de la typologie du lieu.



RAPPORTS D’ENQUÊTES, PREMIÈRE IMPRESSION

Paris, samedi 14 novembre 2009. Entre 18h30 et 20h00. Attente. Une vitrine d’une agence immobilière près de l’arrêt de métro Dugommier. Le prix moyen du mètre carré dans le 12e arrondissement de Paris s’élève à 6000 euros. Un intermarché. Il ferme à 21h. On m’y indique la Poste la plus proche à 100 mètres. En réalité

elle se trouve à 500 mètres, en face de l’ancienne Gare de Reuilly. Le jardin de la Z.A.C. est fermé. Néanmoins, celui-ci est éclairé, sûrement pour cause de sécurité.

Le manège va bientôt fermer. Dernier tour. 7



La rue Jacques Hillaret est déserte, dernièrement fréquenté par différents groupes sociaux : plus ou moins âgés ( gang des vieux ! ). Le quartier est somme toute relativement vide. Il fait nuit tôt en cette période. Les derniers enfants dans les rues rentrent chez eux avec leurs parents. En cette fin de semaine, le marché de Montgallet, qui se produit deux fois par an, propose une grande variété de produits artisanaux.

CHEZ LOLO. Café à 2 euros. Terrase chauffée et fermée pour l’hiver. 2 amies. 25-30 ans. Un kir et un chocolat chaud. Addictes virulents. 20h00, le bar-tabac ferme. 9


Nation

Bercy

Se ine


PREMIÈRE PARTIE ANALYSE URBAINE 1.

HISTORIQUE D’UN SITE, UN PROJET Les enjeux de la ZAC de Reuilly

2.

EXPRESSION D’UN PROJET Dispositifs mis en oeuvre

3.

APERÇUS, PERCEPTIONS, PARCOURS. Analyses de la pratique de l’espace urbain.

4.

L’ÉVOCATION D’UNE CITÉ-DORTOIR. Analyse sociologique. Un entretien. 11



SUTURE URBAINE : La ZAC 1 de Reuilly, un quartier mixte et intégré. “La discrétion des interventions, ainsi que la réalisation de grands projets, [­ ...] , ont été menées à bien sans que l’équilibre global de nos quartiers en soit notablement modifié. Il s’agit d’une garantie essentielle de la pérennité de leur image...” 2 La ZAC Reuilly est un exemple illustrant parfaitement l’idée d’homogénéité du tissu urbain développée par Jean-Francois PERNIN. La première partie de cette étude s’attachera donc dans un premier temps à comprendre les enjeux de l’insertion d’un quartier mixte organisé autour de nombreux espaces verts à la place d’une enclave ferroviaire.

1. HISTORIQUE D’UN SITE, UN PROJET. Il paraît ainsi convenable de replacer le projet urbain dans son site et son histoire pour en comprendre les enjeux et les contraintes. Le XIIeme arrondissement de Paris a longtemps semblé manquer d’unité, partagé entre des quartiers différents par leur histoire, leurs populations et leurs fonctions. A partir des années 1960, les transformations immobilières, les changements dans la composition sociale de la population et l’impact de grandes opérations d’aménagement et d’urbanisme (aménagement du secteur de la gare de lyon, Palais omnisport 13


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Tableau dĂŠmographique comparant les variations de population.


de Paris-Bercy, Opéra Bastille, ZAC de Bercy, etc.) ont modifié les caractéristiques traditionnelles de cet arrondissement et on fait apparaître un arrondissement différent, sans que l’on puisse affirmer que la métamorphose soit aujourd’hui totalement terminée. Comme le soulève le tableau ci-contre, la population a eu tendance à quitter Paris intramuros à partir des années 1950. Le témoignage de Madame Daugenet, née dans le XIIe arrondissement ayant vécu aux Halles puis ayant déménagé dans l’Essone, vient appuyer cette constatation. Cet “exode urbain” n’est pas seulement dû à l’implantation des entreprises dans la capitale, mais est surtout associé à la hausse du prix immobilier. Les transports en communs

s’étendant vers la banlieue, il devient commun de s’y installer, tout en ayant une activité professionelle à Paris même. On repère bien ici que l’opération de la ZAC Reuilly ait ré-invité la population à s’installer dans la capitale notamment par la mise en place du logement social. Cet aspect historique vient ici soulever une première question, et donc un premier objectif au projet de la ZAC. Dans les années 1970, la ville de Paris a la volonté de restructurer tout le secteur de la gare de Lyon. Il est alors demandé à l’APUR, l’Atelier Parisien d’Urbanisme, de travailler sur ce secteur des deux côtés de la Seine afin de réaliser un véritable projet d’ensemble. L’objectif de rééquilibrer l’est et ouest parisien. C’est 15


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pourquoi, le programme se dote de deux grands types d’interventions : - des prioritaires de mise en valeur de l’Est de Paris - et des actions d’ensemble pour le cadre de vie quotidien des habitants de cette partie de la ville. A l’origine, la ligne de chemin de fer BastilleVincennes a été pensée pour assurer une liaison ferroviaire entre les lignes Paris-Strasbourg et Paris-Dijon. A son ouverture, la ligne de Vincennes, sur le territoire de Paris ne comptait comme unique gare celle de la Bastille. Une autre station, la gare de Reuilly, a été créée en 1887. Après un siècle d’activité, la ligne de voyageurs Bastille-Vincennes ferme en 1969

et le trafic de marchandises est abandonné en 1970, suite à l’ouverture de la ligne souterraine du RER A. La ligne de chemin de fer fut alors désaffectée. La réutilisation des terrains de la gare de marchandises de Reuilly figuraient de longue date parmi les opérations d’aménagement que la ville de Paris souhaitait engager, et elle fut intégrée dans le Plan Programme de l’est de Paris. Le terrain laissé par la SNCF ne dispose alors que de deux accès : au niveau de l’actuelle placette Montgallet et au niveau de la gare.

L’enclavement constitue donc un deuxième objectif pour le projet urbain qui suivra. 17


Plan du PAZ Réponse

= Intégration

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2. L’EXPRESSION DU PROJET L’insertion de ce nouveau quartier a interrogé la façon de traiter ses limites. Les limites de la ZAC répondent architecturalement à leur contexte, grâce notamment à la conservation des bâtiments existants au niveau de ces espaces “tampons”. Se voulant mixte, autant du point de vue social que fonctionnel, la ZAC Reuilly intègre un dispositif attractif, simple et répondant de plus à une intention de départ. “Ici, ‘y a de la place, on respire...” En effet, la mise en place des espaces verts,

le long du parcours de la promenade plantée, libère l’espace, agrandi les perspectives. On comprend donc aisément cette femme qui nous témoigne l’enthousiasme à l’égard de son quartier. Elle ajoute qu’il est agréable de s’y promener, et que la marche à pieds ne la rebute pas dans un quartier qu’elle qualifie de “très beau”. On peut aussi noter la création de nombreux axes de circulation qui “suture” avec cohérence les tissus urbains pré-existants. La circulation est fluide, aisée, aérée. Elle s’apprécie d’ailleurs à pied sans inconvénients. Cette ballade est presque “théâtralisée” par l’implantation de performances architecturales, à l’image du viaduc des arts. 19


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La saisissante sensation de tranquillité s’explique aisément par l’absence du véhicule motorisé dans une grande partie de la ZAC. En effet, la dominante est piétone. La « circulation fluide » précédemment annoncée, se conçoit donc aussi par ce phénomène de retrait des accès par rapport aux abords de la parcelle. En effet, la topographie du lieu s’articule de telle sorte que les rues sont à un niveau inférieur à celui de la ZAC. Le jeu des hauteurs est appréciable dans la

mesure où, le respect des prospects ( H ≤ L ) permet une grande luminosité dans les rues. Ainsi, les limites conventionnelles de la ZAC serait à l’image de filtres sonores, d’agitation, mais agirait de manière inverse avec la lumière dans le sens où elle serait plutôt prévue accueillante pour cette dernière. Malheureusement, il semble s’être investi trop de subjectivité dans ces propos, qui, si on les croyait, définirait la ZAC comme une bulle. 21


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3. APERÇUS, PERCEPTIONS, PARCOURS. Comme précisé plus tôt, comprendre l’expérience sensible des habitants dans leur quartier nécessite une propre appréhension de celui-ci. Le but est ici de retranscrire, traduire les usages des habitants, tout en le confrontant à l’expérience relevée sur le terrain. Évidemment, les séquences de temps jouent un rôle important dans les flux, les fréquentations. On pourra remarquer que le quartier n’est pas très animé. Le soir, après 20h tous les commerces sauf quelques restaurants sont déjà fermés. Les habitants des immeubles de la Sablière étant, pour la plupart, employés par la SNCF, les rencontres sociales pourraient paraître plus

aisées. Et pourtant, ce n’est pas le cas. Les nombreux témoignages nous ont confirmé peu à peu que les relations de voisinage n’étaient pas plus vivantes qu’ailleurs malgré le rapprochement social que ce type de logement pouvait engendrer. Un homme retraité compare même la ZAC à la banlieue qu’il a habitée pendant une cinquantaine d’année : “ On fête ça entre nous et puis c’est tout... làbas on vit mieux ensemble.” Il ajoutera même l’idée du fossé entre les générations : “ Le jeune cadre, il est prétentieux ici...” Les différents points de vue convergent ou divergent, mais la ZAC reste pour le moins un quartier qualifié de calme et paisible... 23


Gare de Lyon Emploi

Magasin informatique

Plan d’usages du quartier de Monsieur Merraud. Appartement

Lieux fréquentés régulièrement Trajets effectués à pied

Lieux repères mentionnés


Plan d’usages du quartier de Mademoiselle Daugenet.

Tabac Hôpital Saint-Antoine.

Appartement

Trajets effectués à pied

Lieux fréquentés régulièrement Lieux repères mentionnés

Trajets réguliers en voiture Hôpital Rothschild

Médecin

École Marché


Café : “Chez Lolo” L’apparence d’un culde-sac

Plan d’usages personnels au cours de l’enquête.

Lieux m’ayant attiré

Différents parcours

Espace Reuilly Manège

Pizzeria

Gymnase Intermarché

Boulangerie Métro Dugommier

Lieux fréquentés


Plan d’usages hypothétiques si j’habitais 27 allée vivaldi.

Fréquentations hypothétiques

Différents parcours

Fréquentations régulières Zones à explorer.

Métro Daumesnil


une rĂŠflexion de

14

Martin Genet

sur un film de Jacques

Tati


4. L’ÉVOCATION D’UNE CITÉ-DORTOIR. Le calme de la ZAC est une qualité que l’on retrouve dans la plupart des bouches questionnées, malgré des rumeurs de perturbations la nuit. Comme il a déjà été expliqué plus tôt, la ZAC, bien que parfaitement intégrée dans son environnement, s’isole phoniquement et visuellement en se plaçant en retrait par rapport aux grands axes routiers qui la borde. Cette analyse permet de saisir un caractère qui lui est propre est que, souvent, les habitants renomment. “Ici, c’est comme la banlieue, mais à Paris.” L’étude se nourrit d’un entretien mené en bi-

nôme dans un appartement du 27 allée vivaldi. Celui-ci fera l’objet de la seconde partie de l’ouvrage. L’aimable personne qui nous a reçu, Mademoiselle D. , a une expérience intéressante qui va permettre de peaufiner l’analyse urbaine en cours et la conclure. “ On a l’avantage du quartier, calme, familial entre guillemets, et l’avantage, on est hyper bien desservi niveau métro. ” Il faut préciser ici que Melle D. ayant habité à Paris pendant sa jeunesse, s’est installée ensuite en banlieue puis depuis une dizaine d’années s’est réinstallée dans la ZAC de Reuilly, au 27 de l’allée vivaldi. Ce que l’on peut déduire, connaissant l’âge de ses enfants ( 9 et 10 ans ), 29


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est que leur naissance est l’une des raisons qui ont motivé leur départ. Une autre étant professionnelle. Un “quartier familial”, l’image du résidentiel est ici flagrante. A ceci s’ajoute la présence des espaces verts et la qualité d’un urbanisme aéré. On oublie la densité de Paris pour pouvoir se représenter l’image de la banlieue Parisienne calme. Avec un rapport au voisinage quasiinexistant, l’expression “Métro-Boulot-Dodo” prend là tout son sens. Et qui dit “dodo” dit citédortoir. CQFD. A l’encontre de cette idée, il faut considérer la présence des nombreux équipements dans la ZAC. De plus, Melle D. en connaît l’existence, mais le fait qu’elle n’en profite pas, non contre

son gré, montre bien ici la paradoxe. La “citédortoir” se dote d’équipements sportifs et culturels. Voilà donc un exemple de contre-sens dû au rapport que les habitants entretiennent avec leur habitat. Ici, Melle Daugenet n’étant pas impliquée dans la vie de quartier considère donc celui dans l’unique fonction de foyer. Bien sûr la nostalgie qu’elle entretient pour ce lieu rend cette idée moins froide et austère, mais il n’en reste pas moins que son rapport au quartier reste dans la dimension fonctionnelle de l’habitat bien qu’elle soit consciente des possibilités qu’offre la ZAC Reuilly et ses alentours.

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LES IMMEUBLES “PLOTS” ALLÉE VIVALDI PARIS XII BRENAC & GONZALES

une réflexion de

Martin Genet

sur un film de Jacques

Tati


une rĂŠflexion de

Martin Genet

sur un film de Jacques

Tati


SECONDE PARTIE ANALYSE ARCHITECTURALE

1.

27, ALLÉE VIVALDI. L’immeuble. Parties communes.

2.

L’HABITAT / L’HABITANT L’appartement. Analyse sociologique, seconde partie.



L’ESPACE HABITÉ : Construire le logement social, enjeux architecturaux.

1. 27 ALLÉE VIVALDI. Les immeubles de logement sont disposés en couronne autour du jardin et le long du mail. Il y a effectivement une volonté de faire profiter aux habitants un point de vue exceptionnel sur les divers espaces verts qui occupent une place importante. La hauteur de la plupart des bâtiments s’élève à 27 mètres ( soit R+7/8) afin de ne pas créer de grands décalages avec les immeubles parisiens existants, toujours dans le souci d’intégrer la ZAC à l’environnement immédiat. Lorsque l’on arrive allée Vivaldi, dans le

prolongement du pont suspendu, la perspective s’élargit : une large avenue pourvue d’arbres verdoyants, et d’espaces verts centraux. Aux alentours, des trottoirs parfois ouverts, parfois couverts par l’avancée des immeubles sur la rue, reposant sur des pillotis imposants. Aux alentours, des trottoirs parfois ouverts, parfois couverts par l’avancée des immeubles Aux alentours, des trottoirs parfois ouverts, parfois couverts par l’avancée des immeubles par l’avancée des immeubles sur la rue, reposant sur des pillotis imposants. La séquence crée libère des espaces entre les 37


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prolongement du pont suspendu, la perspective s’élargit : une large avenue pourvue d’arbres verdoyants, et d’espaces verts centraux. Aux alentours, des trottoirs parfois ouverts, parfois couverts par l’avancée des immeubles sur la rue, reposant sur des pillotis imposants. Aux alentours, des trottoirs parfois ouverts, parfois couverts par l’avancée des immeubles Aux alentours, des trottoirs parfois ouverts, parfois couverts par l’avancée des immeubles par l’avancée des immeubles sur la rue, reposant sur des pilotis imposants. La séquence crée libère des espaces entre les bâtiment où s’insère un jardin privé. L’espace est optimisé et respirant, les ouvertures sont privilégiées. Quant aux immeubles, il s’agit d’im-

meubles “plots” imaginés par les architectes Brenac et Gonzales : les façades sont en bêton lisse, et les fenêtres géométriques rythment la mixité des percements. La morphologie des bâtiments permet à de nombreux appartements de bénéficier des quatre façades et donc d’un ensoleillement optimal. L’intégration dans le quartier apparaît comme un rythme lisible en bord du mail proposant des interfaces de jardins aérés et ouverts sur la rue, différents des îlots parisiens fermés. Pour l’anecdote, les quatre édifices sont annoncés comme un hommage au peintre Piet Mondrian, figure du néoplasticisme et du mouvement De Stijl. 39



2. L’HABITAT / L’HABITANT. “ Quand on rentre ‘y a qu’ça ! ” Nous reprenons ici l’analyse de l’entretien avec Mademoiselle D., qui nous fait remarquer le manque dans son appartement. Ce manque concerne en grande partie les rangements. En effet c’est le principal reproche qu’elle fera à son appartement. Il n’y a qu’un seul placard situé dans l’entrée utilisé comme penderie. “ Si on veut refaire la cuisine par exemple, on peut pas, parce que si on veut repartir, il faut laisser tel quel. ”

Ici, la question du rapport à l’habitat est fortement soulevée. En effet, se positionnant comme locataire, elle subit ce statut social et du même coup le logement. Habitant donc dans un logement contraint, ses marquages spatiaux manquent, à son goût, de personnalité, d’unité. Cela se sent quand elle ajoute qu’il “faudrait” faire des travaux, mais que le temps leur manque, ainsi que l’argent. “ C’est pas fonctionnel quoi... ” Le ton plaintif se mêle au désaccord avec les choix de l’architecte. Notamment sur la présence d’une sorte de sas qui de l’entrée, distribue les deux chambres et la salle de bain. Les jeux de portes, il est vrai, incommodent fortement 41


Plan d’usages adaptés par Melle D. et Monsieur S.

Plan d’usages prévus

Chambre parents

SDB

Chambre enfants

Sas

Entrée

Seul et unique rangement

Chambre enfants Double-Salon

WC

Cuisine

Chambre enfants

SDB

Salon

Sas

Entrée

Porte condamnée par l’emplacement de la chambre

Rideau WC Chambre parents

Cuisine


l’accès aux chambres. S’ajoute à cette liste d’incohérences, un problème d’ergonomie au niveau des fenêtres. Les volets, en effet, sont placés devant la fenêtre. En, pratique, impossible d’ouvrir la fenêtre les volets étant fermés. Frustration et complexe se ressentent donc dans les propos de Melle D. Les interventions faites dans l’appartement sont discrètes, et en effet, projettent bien la position qu’adoptent Melle D. et son conjoint par rapport à leur logement. On peut voir l’hésitation à s’engager dans des travaux, d’entreprendre pour remodeler l’appartement en accord avec leurs besoins. Sans doute, cela est-il dû au fait, qu’il ne peu-

savent pas vraiment les définir. En effet, Melle D. se plaint mais ne donne pas souvent en retour une idée de ce qu’elle aimerait changer et comment. La principale intervention du couple, un peu maladroite d’ailleurs, est d’avoir transformé la deuxième partie du double salon en une chambre ( lit mezzanine ) pour eux, et ainsi faire en sorte que chaque enfant ait sa propre chambre. Ayant garçon et fille, les parents préfèrent s’adapter, et sacrifier leur confort pour celui de leurs enfants. Pour conclure, Melle D. semble ne pas garder tout à fait le contrôle de l’espace qu’elle habite. Cela semble l’angoisser, l’incommoder du regard extérieur. 43



“ Quand vous ferez des appartements, pensez que les gens vivent dedans”.

Cette affirmation de Madame D. au moment de nous quitter rend compte de l’importance d’être en capacité de conceptualiser l’espace de manière universelle, et d’adopter un point de vue objectif sur la mixité sociale. L’enjeu posé par la ZAC de Reuilly est un exemple de mixité sociale prévue, construite, “instantanée”. Il est primordial dans le métier d’architecte d’adapter son intention à l’habitant que nous ne connaissons pas lors d’une opération de logement, et d’appréhender les problèmes qui pourront survenir. C’est à ce moment-là qu’intervient

l’expression sociale de l’habitat et la notion de typologie d’habitant, d’où l’intérêt d’aller à la rencontre de ces personnes pour écouter leurs critiques. L’étude sociale de ce projet révèle également l’implication plus ou moins marquée de l’habitant autour de l’échelle du quartier, de l’immeuble, puis de l’appartement....qui est propre à chaque individu.

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NOTES



NOTES

p.13 : 1. ZAC : Zone d’aménagement concertée. 2 . Commentaire de Jean-François PERNIN dans le livre : Le XIIeme arrondissement. Traditions et actualités. Action artistique de la ville de Paris.

SOURCES ET COMPLÉMENTS BIBLIOGRAPHIQUES

J.-C. Kaufmann. La Trame Conjugale, Analyse du couple par son linge. 1992 J.-C. Chamboredon & M. Lemaire. “Proximité spatiale, Distance sociale” 1970

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ANNEXE



ENTRETIEN n°1 effectué le 26.11.2009

Monsieur Merraud. Deux enfants. Divorcé. Employé à la SNCF. Résident depuis Janvier 2009. Dupleix au 6eme étage de 4 pièces. 90 m2.

RDC

ETAGE 53



ENTRETIEN n°2 effectué le 1.12.2009

Mademoiselle Daugenet et Monsieur Salichs. Infirmière Libérale et Employé à la SNCF. Deux enfants. Résidents depuis 1999. T4 au 6eme étage de 75 m2.

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RETRANSCRIPTION DE L’ENTRETIEN N°2. La télévision est allumée, feuilleton, Monsieur S. vient de se lever. Mademoiselle D. : Quand on rentre dans l’appartement, on a qu’ça. Nous : Ca, c’est vous qui l’avez mis ? Mademoiselle D. : Ouais. Tout ça c’est nous. ( Elle désigne le mobilier de cuisine : plan de travail, placards, réfrigérateur, four, table et chaises. ) En fait, quand on rentre, ça c’est des appartements locatifs, quand on rentre, ‘y a qu’ça. Nous : D’accord. Mademoiselle D. : Et en fait, si on veut, par exemple, refaire la cuisine autrement on a pas le droit parce que si on veut repartir, il faut laisser tel quel. Donc tout ça c’est nous qui l’avons rajouté hein, quand on rentre, en fait, vous avez qu’une… qu’un espèce de couloir, j’dirai un couloir voilà, c’est tout ce qu’y a. Donc c’est pas fonctionnel comme cuisine à mon avis. Nous : Ouais, ce qui vous dérange c’est le fait que ce soit en longueur comme ça. 57


Nous : Et donc là ‘y a un petit placard ? Mademoiselle D. : Ah non non, là jvais vous montrer, là ‘y a une pièce. Voilà. Non, non, ‘y a même pas de placard, ‘y a rien du tout, vous rentrez ‘y a pas de rangement. Le seul placard quand on est rentré, c’est celui là. ( Nous nous dirigeons vers l’entrée. ) Alors là vous avez l’entrée, bon c’est pas… On a fait les toilettes, hein. ( Elle ouvre une porte dans l’entrée. ) C’est pas fonc… ‘y a aucun placard non plus. Nous : ‘Y a pas de lavabo. Mademoiselle D. : Non. Vous pouvez prendre des photos hein, si vous voulez hein , mais pas le bordel hein. Rires. Mademoiselle D. : Voilà. Donc, là après j’vous fait visiter hein. Là, on a un sas, alors on se demande à quoi sert ce truc là parce que ça nous sert à rien, on peut rien mettre, on peut rien faire. Entrez, entrez j’vous en prie, là vous avez la salle de bains. Là ‘ya pas de fenêtre non plus. Nous : Vous avez repeint ? Ou c’était comme ça quand vous êtes arrivés ? Mademoiselle D.: Non, c’est nous, on a tout refait l’appartement mais ‘ya des pièces qu’ont été 58


refaites. Nous, on est là depuis dix ans, donc euh, l’entrée a été faite ‘y a six ans à peu près… Ca, bon bah , faudrait qu’on le refasse, mais bon, faut le temps pour faire les travaux. Alors, l’entrée, là et là c’est nous, hein, qui l’avons fait, hein, ( Nous parlons du revêtement du sol. ), parce que quand on est rentrés, on avait une… une moquette affreuse, donc on l’a changé. Nous on a changé l’entrée… on a changé l’entrée, les toilettes, là ( sas ). Alors, là on a une autre chambre. Là c’est la chambre de ma fille, on a changé là aussi… Donc là c’est une chambre, chambre de fille oui… C’est nous qui l’avons fait on est pas très doués pour les travaux non plus. Voilà. Tous les travaux qui sont faits ici, sont fait par nous hein. C’est même pas fait par des artisans. Nous : Et vous avez des subventions pour les travaux ? Mademoiselle D.: Non, rien. On paye tout nous même. Tout, tout, tout, on paye tout. Donc, là on a un petit balcon, c’est pas un balcon hein. Ca sert strictement à rien, en plus ‘y a de la mousse qui pousse, c’est dégueulasse. Monsieur S. : Ah ‘y a d’la mousse ? Mademoiselle D. : Ah si si ‘y a d’la mousse. Monsieur S. : ‘Y a même des infiltrations dans la salle à manger. Mademoiselle D. : Oui, ils nous ont refait la… ouais… Ouais, on va vous montrer la salle à manger, on a le… Et là c’est une autre chambre, alors celle là elle a pas été refaite du tout. Donc en fait la 59


moquette, elle date de… d’avant. Monsieur S. : On va la r’faire la chambre. Mademoiselle D. : Là faut qu’on refasse, mais comme romain est encore petit, on attendais euh… voilà. Donc là, c’est la chambre de mon fils, mais le sol, ouais en fait c’est le sol initial hein. Mais en dessous c’est du béton. Mais en fait là et là on a eu des soucis parce que la moquette était collée. Donc ça faisait des trous quand on décollait. Donc là c’est la plus grande chambre en fait. Nous : Elle fait combien de mètres carré à peu près ? Mademoiselle D. : Oh alors, là… Nous : Et votre appartement complet ? Mademoiselle D. : Soixante-quinze mètres carré. Donc voilà, c’est l’une des plus grande chambre. Nous : Et au niveau des volets alors ? Mademoiselle D. : Alors oui, alors voilà, l’horreur, l’horreur ! On a les volets qui se ferment à l’intérieur. Voilà. C’est une horreur. En fait j’pense qu’ils ont fait ça pour l’esthétique, parce qu’en hiver, ‘y a pas de soucis, mais en été, vous pouvez pas ouvrir les fenêtres, parce que si vous fermez les volets, (démonstration) c’est devant. C’est un truc complètement idiot, alors vous qui voulez 60


être architecte, quand on dessine des… des immeubles, c’est beau qu’ils soient beaux à l’extérieur, mais des gens vivent dedans, c’est à dire que… ils mettraient des placards euh… encastrés ou des rangements, on vivrait mieux parce que là… Nous : Un store à la rigueur… Mademoiselle D. : Ouais, voilà. Alors déjà les volets, là ils ont fait un truc p’t’être à l’extérieur esthétique, bien que j’trouve pas ça très esthétique moi… mais… enfin pourquoi pas, mais même pas un placard, ‘faut déjà aimer les armoires. Moi à la base je n’aime pas les armoires, donc euh… c’est moche. Ca prend d’la place. A la limite, on fait la pièce un peu moins grande, et on incruste l’armoire dedans ‘fin. Donc, euh comme ça l’espèce de p’tit truc là ne sert à rien. (sas) A la limite, on agrandi les pièces parce que là, la p’tite entrée je n’vois pas à quoi elle sert. Nous : Même pas la place de mettre un placard. Mademoiselle D. : Non, rien ! Ca ne sert à rien, cette espèce de p’tit… Nous : Oui, avant, en fait, ils se servaient de ce genre de dispositif pour séparer l’intime des espaces plutôt communs et d’accueil. Mais c’est bien vieux comme dispositif. Et peut-être mieux articulé aussi. 61


Mademoiselle D. : Ouais, mais là on a changé, maintenant c’est devenu des espaces bien ouverts, c’est quand même mieux. Moi j’trouve que l’esprit loft c’est quand même ‘fin… tout ouvert… ‘fin à la limite non c’qu’est bien c’est d’avoir quand même une séparation, j’pense, pour la salle de bain et les chambres. Parce que moi j’suis pas encore du style à aimer la salle de bain ouverte dans la chambre, mais bon, ça c’est chacun son… Mais euh voilà. Tout ouvert, moi j’aime bien les espaces ouverts. D’ailleurs, nous on ferme pas les portes. (rien à cacher… etc… ) Et donc, voilà, là on rentre dans (le salon qu’elle appelle salle à manger alors qu’ils lui ont ôté cette fonction en divisant le double salon par un salon et une chambre. ) Donc là le sol, c’est nous qui l’avons mis, et là, bon vous regardez pas, ma femme de ménage n’est pas venue repasser, mais là c’est notre chambre voilà. Monsieur S. : C’était le salon, ‘fin la salle à manger avant. Mademoiselle D. : Oui voilà, normalement, là c’est le salon, mais nous on en a fait notre chambre. Voilà, nous on dort là-haut. Nous : Ok, donc vous avez réaménagé le salon pour en faire une chambre. Mademoiselle D. : Voilà, et ‘y a des… ‘y a des , parce que en fait c’est ouvert, donc c’est pas très pratique ‘fin… Ou alors, c’est les enfants qui dorment là et… Nous on a préféré que… qu’ils aient leur chambre, en plus on a garçon et fille, donc c’est quand même mieux. Donc nous on dort là. Et puis avant on avait le lit qu’était en bas. Non oui, ça permet de laisser plus de place. 62


Nous : Ca vous a permis de mettre un bureau. Mademoiselle D. : Oui, ‘y a un bureau. (Rire) ‘Y a du linge pas r’passé surtout. Des papiers, ‘y a l’imprimante, y’en a partout. Mais c’est parce que j’viens de m’installer en tant qu’infirmière libérale. Donc je sais pas où mettre les… Parce que il n’y a rien, ‘y a pas de plac’… c’est pareil là non plus, ils auraient pu mettre un placard quelque chose. C’est nous qui l’avons rajouté quoi. Nous : Et la porte, donne sur la cuisine. Mademoiselle D. : Alors la porte, elle donne sur la cuisine, voilà. Monsieur S. : Enfin pour nous c’est condamné. Mademoiselle D. : Pour nous c’est condamné, on s’en sert pas hein. On s’en est jamais servi d’ailleurs. … (pause) En fait c’est un faux F4. Bah oui parce que ça c’est le salon en principe alors quand vous louez l’appartement, ils considèrent ça comme un F4 donc, euh entre guillemets trois chambres. Nous : Ils considèrent ça comme un double salon. Charlatans. Mademoiselle D. : Voilà double salon voilà. Mais nous on en a fait comme une chambre, parce que sinon, bah les enfants dormaient dans la même chambre. Nous : Et la distribution des pièces ? 63


Mademoiselle D. : L’entrée ça va, l’entrée ça va, alors c’est le p’tit sas qui sert pas à grand chose ils auraient mieux fat d’agrandir les pièces, ‘y a rien pour euh… pour ranger, les volets sont à l’intérieur, et puis dans les autres pièces ‘y a pas d’volets. Nous : Que des voilages… Mademoiselle D. : Oui, c’est nous qui les mettons, mais j’veux dire, bon à la limite, qu’on mette des voilages c’est normal, mais ‘y a pas d’volets. Ni là non plus hein… Ca c’est nous qui l’avons mis le store. Alors en fait, on a, on a, on a des… on a des volets que dans la plus grande chambre, et dans l’autre chambre ils nous ont mis un store, ‘y a pas de volets non plus dans celle-là. Enfin voilà, j’sais pas c’qu’ils ont fait, mais ils ont tout merdouillé, hein, parce que pas de rangements, pas de volets… enfin, ceci dit, il est bien l’appartement. ‘Fin moi j’le trouve bien insonorisé, mais, … pas trop mal ‘y a pire, j’en ai vu des pire quand même mais euh… j’pense que pour un immeuble qui est pas si vieux qu’ça… C’est pas génial. ‘Fin parce qu’il est pas vieux, quand on voit maintenant les nouveaux immeubles, même qui datent d’y a quinze ans, ils ont plus de rangements… ils ont des... Là ‘y a pas, ‘y a aucun placard, à chaque fois, on est obligé d’en rajouter, donc à force euh, à vivre à quatre, on… forcément… on a du fouilli forcément. Nan mais bon… Tu verrais chez Valérie, elle a un tout p’tit truc qui date de 1970, c’est tout, toute l’entrée elle est pleine de placards, sa chambre, elle est pleine de placards, ‘fin, c’est disposé autrement, pis les volets à l’intérieur, en été c’est infernal quoi. 64


Nous : Ce serait le seul placard (entrée) ? Mademoiselle D. : ‘Y en a qu’un c’est celui-là. Et encore, oui ça doit être d’origine... Nous on est arrivés… Monsieur S. : Pas sûr, pas sûr… Mademoiselle D. : Pas sûr, parce que nous quand on est arrivé, ‘y avait quelqu’un qu’avait vécu avant nous ici. Nous on est arrivé ‘y a dix ans donc euh… Plus de dix ans qu’on vit là. Nous : Vous viviez dans ce quartier là avant ? Mademoiselle D. : Non, moi j’suis née dans le XIIe… Monsieur S. : Mais avant on habitait en banlieue. Mademoiselle D. : On vivait dans l’Essonne ouais. Mais, il était mieux aménagé. Monsieur S. : Ah oui oui. Mademoiselle D. : On avait des placards dans l’entrée, on avait des placards dans la grande chambre,… on avait des placards partout, et on avait, on avait un balcon aussi. Monsieur S. : Oui. Mademoiselle D. : Un vrai balcon. Nous : Vous pouviez y manger ? 65


Monsieur S. (toujours discret) : Oui. Mademoiselle D. : Oh, p’t’être pas y manger mais… Oh si, si. Pas une terrasse… un balcon mais… ouais. La p’tite elle jouait sur le balcon, elle faisait du vélo sur le balcon. Mais ouais, mieux aménagé pour un immeuble qu’est pas vieux finalement. J’pense qu’ils ont privilégié l’esthétique extérieure, et… Vous nous direz après, en dessous ‘y a des parkings donc c’est très bien. Ah oui vous avez pas vu ? Alors j’vais vous y amener. Voilà ça vous va comme visite ? Nous (poliment) : Oui. Mademoiselle D. : Vous voulez que j’vous amène voir le parking ? Monsieur S. : T’es allée voir le médecin ? Mademoiselle D. : Euh, non, la pharmacienne elle m’a avancée, j’suis passée, ‘y avait cinq personnes avant moi, là ‘y en a au moins dix, elle est pas encore arrivée alors… Monsieur S. : D’accord. … Pause dans la discussion Mademoiselle D. : Tous les appartements sont pas agencés comme ça hein… Monsieur S. : ‘Y a des dupleix aussi. Mademoiselle D. : Ouais il paraît. Mais les autres, j’connais pas du tout comment c’est aménagé… J’ai jamais vu. ‘Y a des dupleix aussi. 66


Nous : Oui, on en a visité un, sur le même étage, d’ailleurs, on sait pas comment il s’appelle. Monsieur S. : En face là ? Nous : Non, à droite. Mademoiselle D. : Ouais, ils doivent être bien les dupleix. Nous : Ouais c’est optimisé. ‘Y a pas trop de perte. Mademoiselle Daugenet : Ah bah là ‘y a que d’la perte là… Mais bon ça va hein, moi j’suis… Pour rien au monde j’irai vivre ailleurs là, mais euh… Pour l’instant. Nous : Vous êtes bien placés. Monsieur S. : Et puis tu voulais habiter à Paris. Mademoiselle D. : Moi, j’voulais ré-habiter à Paris, pis j’travaille à Paris alors… Bon bah j’vous amène voir les sous-sols. Sinon, ils peuvent pas y aller s’ils ont pas les clés. Monsieur S. : Bon bah, bonne continuation. Nous : Merci, au revoir, bonne journée. Monsieur S. : Merci, au revoir. Mademoiselle D. : On prends l’ascenseur hein, Oh la la, oh non ! 67


Nous : Oui tout à l’heure, ‘y avait des mécanos en bas. Mais sinon c’est pas grave. Mademoiselle D.: Oui, sachez que dans l’immeuble, on a un parking, qu’on accède avec une clé. Voilà j’descend pas six étages à pied, parce que faut que je les remonte après et euh… Voilà. Sachez qu’il y a trois parkings. Et voilà, et… On le loue. On loue le parking, en plus de l’appartement. On est pas obligé. Nous : Sinon, dans le quartier, vous vous sentez comment ? Mademoiselle D. : Mais moi j’m’y sens bien, j’suis parisienne donc, moi jsuis née dans le XIIe, donc euh… Nous : Vous avez des ami(e)s dans le coin ? Mademoiselle D. : Dans l’XIIe non, mais parce que vous savez quand on vieillit, voilà bon, mais j’en ai dans le XIVe, dans l’XVe, et puis en banlieue parce que… Moi jsuis née dans le XIIe mais j’ai habité aux Halles pendant 13 ans. Voilà. Vous me ferez pas habiter ailleurs qu’à Paris. La banlieue… Paris, j’y travaille ceci dit. J’suis infirmière libérale moi donc euh… J’ai un cabinet à… à Paris, là j’fais des remplacements pour ma copine parce qu’elle est, elle est malade alors. Nous : Vous vous déplacez en voiture ? 68


Mademoiselle D. : Oui, oui. Donc, voilà, mais bon c’est vrai que faut aimer vivre à Paris c’est différent. Déjà c’est plus cher qu’ailleurs. C’est pas pareil, mais… mais faut aimer. Nous : Juste, au niveau de la lumière dans l’appartement ? Mademoiselle D. : Ah l’appartement est très éclairé. Nous, nous… on a l’soleil, on a tout, vous avez vu, on a pas besoin d’allumer, c’est une très bonne luminosité. Nous : Vous êtes bien chauffés ? Mademoiselle D. : Euh… bah moi j’suis frileuse, alors j’dirais rien parce que bon… J’trouve quand même que dans la salle de bain il fait froid hein. Tout est collectif, mais en fait, on peut quand même éteindre ou allumer. C’qu’est pas mal dans les chambres, parce que c’est pas très sain de dormir dans une chambre surchauffée. Moi j’aime pas le chauffage au sol. Ca tombe bien, là il est… ‘Fin avant dans les immeubles anciens, avec le chauffage au sol, on était, on était mal. Mais là ça va. Nous : Et là les voisins vous les connaissez ? Mademoiselle D. : Pas trop… Enfin, si mais pas tous quoi. On les croise pas. On a tous des horaires décalés. On a pas vraiment les mêmes horaires. Bon moins qu’avant. Avant moi la journée j’dormais mais euh… Et pis bon, on peut plus se connaître si nos enfants vont dans les mêmes écoles, mais moi 69


mes enfants ils sont, ma fille elle est au collège privé, et mon fils est à l’école privée. On ne côtoie pas forcément les gens qui sont… Nous : Et c’est des écoles du quartier ? Mademoiselle D. : Oui, ma fille, elle, elle est au collège qui s’trouve là juste à cinq minutes, rue de Reuilly, et mon fils un peu plus loin dans un p’tite école privée près d’ici. Mais l’privé, c’est un choix… On voit moins le gens euh… on peut se côtoyer quand on va à l’école, des choses comme ça, mais bon, c’est pas terrible. En plus j’les emmène en voiture et j’vais les chercher en voiture. Nan mais j’aime pas être envahie moi… Mais j’n’aime pas envahir non plus. Nous : ‘Y a pas des jeunes qui squattent en bas des immeubles, on a entendu dire ça ? Mademoiselle D.: Non. Non. J’fais pas attention. Ils me dérangent pas. Nn, puis j’pense que… C’est pas non plus le quartier où on a peur la nuit. Moi, j’rentre à minuit, j’vais dans le parking à 6 heures du matin… J’travaillais de nuit, j’partais à 21 heures j’rentrais à 6 heures, on est pas un quartier malfamé… Nous : ‘Y a tout ce qu’il faut ? Mademoiselle D. : Bah vous avez vu on a pour faire les courses on a un p’tit Intermarché, ‘y a un 70


Monoprix, ‘y a ATAC, euh, puis si on a pas de voiture, on peut s’en sortir, oui non… Nous : Et au niveau des activités ? Mademoiselle D. : Ah je n’sais pas j’n’en fais pas, donc euh… J’sais pas, j’m’y intéresse pas… Mes enfants en font pas non plus mais euh… Pour les enfants, ‘y a le, le gymnase, ‘y a l’espace Reuilly, si ils doivent faire des choses, ils peuvent faire… ‘Y a arc-en-ciel aussi ils peuvent faire plein de choses. A côté du collège, ‘y a un espèce de théâtre, ils peuvent faire. On est pas loin du bois de Vincennes, donc on peut y aller à pied, en voiture, ou en métro… C’est vrai qu’on est quand même, on est quand même dans un endroit vert aussi donc euh. On peut aller se promener d’un côté de l’autre… Nous : Et pour vous le quartier s’arrête à quel(s) endroit(s) ? Mademoiselle D. : Je ne sais pas, ni où il commence, ni où il s’arrête. Comme j’suis en voiture. Mais c’est vrai qu’on est bien desservi. Même au niveau hospitalier on est bien desservi. Saint-Antoine est pas là… pas loin j’veux dire, Rothschild bon n’en parlons pas, il fait plus rien mais ‘y a quelques années on était desservi par Rothschild, la Salpêtrière, elle est dans le XIIIe, bon c’est vite fait quoi. J’trouve qu’on est quand même bien desservi, ‘y a l’Village de Bercy qu’est pas loin, ‘y a… Si on veut manger au restaurant, à Bercy on peut, on est quand même hyper bien desservi hein… On a Nation… Y a Bercy, Nation, toute la rue du Faubourg Saint-Antoine qu’on peut faire à pied ou en métro… La 71


Bastille, en un quart d’heure, on y est à pied… ‘Fin j’veux dire, si tu culturellement parlant… On est pas loin du Marais… C’est quand même sympa quoi. Surtout quand on a habité là des années… On a l’avantage du quartier, calme, familial entre guillemets, et l’avantage, on est hyper bien desservi niveau métro. Mongallet, Daumesnil, Dugommier j’veux dire, on peut pas être mieux… ‘Fin, c’est quand même, ‘y a pire hein… ‘Fin moi j’trouve qu’y a pire. Nous : Vous appréciez. Mademoiselle D. : Ah oui oui, pis j’vais pas dire le contraire (elle baisse le ton) j’ai insisté pour venir ! ... Ouais non mais j’trouve qu’on est quand même bien desservi, même niveau médical hein. On a un dentiste, on a le médecin, tout ce qu’il faut, on a des pédiatres pas loin, même quand on des enfants, on a l’hôpital Trousseau qu’est juste à côté. On a un autre hôpital là à côté… Non c’est vrai que niveau médical, on est aussi quelque part bien… Pis quand on sera vieux, ‘y aura des maisons de retraite. Nous : Vous comptez pas rester ici donc ? Mademoiselle D. : Si, si. (Elle sourit) Enfin on verra hein, d’ici là. Mais voyez on est quand même euh… ouais. Mais les p’tits à côtés font que les grands à côtés compensent largement. Maintenant faut être bricoleur j’pense. Il ‘l’est pas, je ‘le suis pas. Donc, on fait euh… p’tit à p’tit. 72


Bon bah j’vous laisse, si vous avez d’autres questions vous avez notre nom hein. Mais alors l’après midi hein, en début d’après midi. Lui il travaille de nuit il est réveillé, et puis moi, en général, à c’t’heure là, j’suis là. Après bon là j’vais partir à 3 heures moins l’quart. Nous : Et bien merci beaucoup pour la visite. Mademoiselle D. : Voilà et si vous faites des appartements, pensez que les gens vivent dedans. Il faut pas uniquement que ce soit joli quoi. Les gens vivent dedans, donc les gens rangent dedans. Pour moi c’est ce qui me manque le plus. Les rangements c’est hyper important. P’t’être quand on est deux, p’t’être moins mais quand on vit à quatre… Et puis les p’tits grandissent, et on entasse pendant des années… Sauf si on est très or-ga-ni-sé… Mais bon. Bonne chance pour vos études ! Au revoir. Nous : Merci, au revoir.

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Crédits Photographiques ERIK NASINNYK p.1 ; PARIS À LA CARTE p.10, p.22, p.24 - p.27 ; GOOGLE MAP p.10 ; LE XIIEME ARRONDISSEMENT. TRADITIONS ET ACTUALITÉS p.14 p.16, p.20, p.21. MARTIN GENET Tous les autres documents graphiques.

Conception graphique : Martin Genet

Imprimé par l’entreprise “De toutes les couleurs” 71, rue Saint-Charles 75015 Paris.




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