ARCHITECTURES - TOME 15 : 9 Espaces culturels en Brabant wallon | 2015

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Tome 15

ARCHITECTURES 9 Espaces culturels en Brabant wallon

par Anne Norman


Table des matières p. 3

Préface

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Introduction

p. 15 Chapelle Musicale Reine Élisabeth Architectes : L’Escaut Rue de l’Escaut 60 – 1080 Molenbeek-Saint-Jean T. 02 426 48 15 – olivier@escaut.org www.escaut.org et Synergy International Rue des Trois Ponts 30 - 1160 Bruxelles T.02 640 87 47– info@synergy-international.com www.synergy-international.com p. 23 Hall culturel à Wavre Architectes : ADE (Architecture Design Environnement) Chaussée de La Hulpe 181/6 ­– 1170 Bruxelles T. 02 347 08 81 – ade@ade-archi.be www.ade-archi.be et MPA (Montois Partners Architects) Avenue Maurice 1 – 1050 Bruxelles T.02 647 98 93 – montois@montois.be www.montois.be p. 29

Maison de village à Nodebais (Beauvechain) Architecte : faidherbe & pinto architectes Rue de Facqz 78 – 1060 Bruxelles T. 02 648 96 01 – info@fp-architecture.com www.fp-architecture.com

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M émorial de la bataille de Waterloo Architecte : BEAI Avenue de la Foresterie 2 – 1170 Bruxelles T. 02 675 12 00 – beai@beai.be www.beai.be

Tome

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A rchitect ures

p. 43 L’Institut des Arts de Diffusion Architecte : Trait architects Avenue Molière 222 – 1180 Bruxelles T. 02 537 21 31 – archi@trait-architects.eu www.trait-architects.eu

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p. 49 Centre d’accueil et circuit visiteur de l’Abbaye de Villers-la-Ville Architecte : Binario Quai Mativa 23 – 4020 Liège T. 043 44 53 00 – info@binarioarchitectes.com www.binarioarchitectes.com p. 57 M usée Hergé à Louvain-la-Neuve Architecte : Christian de Portzamparc Rue de L’Aude 1 – 75014 Paris – France T. +33 1 40 64 80 00 – presse@portzamparc.com www.portzamparc.com p. 65 Académie de musique de Braine-l’Alleud Architecte communale : Audrey Pieters Rue Cloquet 60 – 1420 Braine-l’Alleud T. 02 386 05 02 – audrey.pieters@braine-lalleud.be www.braine-lalleud.be p. 71 L’Aula Magna à Louvain-la-Neuve Architecte : SAMYN and PARTNERS sprl Chaussée de Waterloo 1537 – 1180 Bruxelles T. 02 374 90 60 – www sai@samynandpartners.com www.samynandpartners.be

À l’initiative du Brabant wallon

par Anne Norman


Préface Mathieu Michel, Député en charge de l’aménagement du territoire

Cette année, le Centre culturel du Brabant wallon fête ses 30 printemps. L’occasion était trop belle pour ne pas en profiter et mettre à l’honneur les espaces liés à la culture de notre province. Ce quinzième tome est donc intégralement dédié à la culture, sous toutes ses formes. À travers ces pages, vous pourrez constater que les espaces qui lui sont consacrés font preuve d’un réel renouveau. Extensions, mise en valeur de sites patrimoniaux, mémorial, musées, espaces polyvalents, construction d’un important hall culturel… Les exemples de ce dynamisme sont nombreux. Certains viennent d’être inaugurés, d’autres ne sont pas encore concrétisés ou sont en cours d’achèvement. Tous témoignent d’une récente vitalité. Leur variété aussi fait plaisir. Il n’est pas question de mettre en valeur un type d’institution, une forme artistique particulière, mais au contraire un large éventail de modes d’expressions architecturales et de pratiques culturelles. Depuis quelques années, ce domaine fait preuve d’un renouveau qui mérite d’être souligné. Augurons que ce mouvement touchera peu à peu toutes les communes du Brabant wallon, les irriguant de ce dynamisme fertile. En attendant nous avons le plaisir de vous faire partager la découverte de quelques-unes de ces pépites. Je suis persuadé qu’elles vous communiqueront le même enthousiasme qu’à nous.

Li Hongbo, Man (close up of head), 2014. Sculpture en papier extensible. Courtest Klein Sun Gallery © Li Hongbo


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Introduction Anne Norman

L’architecture est la physionomie des nations. Astolphe de Custine (1790-1857)

Architecture et culture sont consubstantielles. Débattre sur le sujet ne permettra jamais de désunir leur essence sans faire preuve d’un manque manifeste de discernement. L’architecture est fruit de nécessités. Elle répond à de multiples besoins, de plus en plus diversifiés au fur et à mesure qu’évolue l’humanité. Le premier fut de s’abriter, puis de protéger les élevages, les récoltes, d’honorer les forces invisibles dépassant l’entendement des hommes. Puis, avec le développement des sociétés et l’émergence de disciplines de plus en plus spécialisées, l’architecture dut répondre à un nombre toujours croissant de fonctions : lieux de pouvoir, agricoles, artisanaux, marchands, industriels, récréatifs, scolaires, sportifs, liés à la santé, à la recherche, au capital… La liste évolue sans cesse. Chaque société a répondu à ces besoins avec les moyens et les techniques dont elle disposait. Elle les a enrichis d’éléments esthétiques, reflets de ses goûts, de ses aspirations, de ses croyances… et parfois de ses doctrines. L’architecture est semblable à un livre ouvert, visible par tous, témoin de son époque et des hommes qui l’ont bâtie. Ce n’est pas un hasard si, lors des guerres ou d’actes terroristes, les protagonistes détruisent les traces des autres cultures. Leur démolition vaut effacement, négation, rejet de tout ce qui peut témoigner de pensées différentes, d’autres réalités, d’autres croyances. La dégradation devient alors une sorte de manifeste négatif, qui annihile au lieu de bâtir. Le saccage des œuvres d’art et d’architecture ne se ferait pas si, précisément, elles ne représentaient pas la culture de l’autre. Les édifices sont donc bien plus qu’agencement de pierres, de bois, de briques, de métal ou de béton. Ils portent en eux l’ADN de ceux qui les ont conçus, même si cette trace peut être plus ou moins forte, plus ou moins signifiante. Les valeurs dont l’architecture témoigne sont celles de ceux qui l’ont bâtie, quelles que soient leurs qualités, en admettant


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Architectures

Introduction

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bien entendu qu’elles soient objectivables. Il n’est en effet pas aisé de définir ce qui fait la qualité d’une

L’architecte est désormais l’auteur de ce reflet, mais la pratique de son métier est elle-même la résultante

architecture, car ce qui en elle touche nos sens relève aussi du subjectif. Pourtant, des critères qualitatifs

de priorités sociétales. Son métier est tributaire d’un nombre considérable de paramètres et de contextes

existent. Dans l’ouvrage collectif « Qui a peur de l’architecture ? » édité à l’initiative de l’Institut supérieur

complexes. Dans notre société, son rôle demeure mal connu. On se méfie de lui et on enserre son travail

d’Architecture La Cambre en 2004, mais toujours aussi actuel, on peut ainsi lire : L’évaluation de la réussite

dans une gangue réglementaire tellement épaisse qu’elle en devient absurde et improductive. On débat

architecturale est une opération éminemment complexe. Et ceci pour deux raisons. La première tient à la

parfois durant des heures sur la tonalité réglementaire d’une brique, ou sur la quantité acceptable ou non

nature de l’architecture qui est une discipline de synthèse. Une architecture réussie devrait idéalement l’être

de bois sur une façade. La loi et la règle sont bien entendu indispensables. Mais quand c’est la règle qui

tant du point de vue de sa rigueur constructive que de sa vocation anthropologique, politique ou sociale, ou

dicte la forme d’une fenêtre, l’épaisseur d’un joint ou l’inclinaison d’une toiture, l’architecte ne peut plus

encore de ses qualités esthétiques. Et, elle le serait dans chacun de ces domaines, que l’on pourrait encore

remplir sa mission et l’architecture n’a plus rien de très intéressant à refléter.

se demander si leur articulation est elle-même réussie. (…) La seconde est peut-être plus profonde encore. Elle tient à l’évolution des représentations culturelles qui caractérisent la modernité.1

La situation est telle, qu’un bureau d’architecture bruxellois pertinemment nommé : « Vers plus de bien-être / V+ » se voit contraint de préciser : Les fondements, la philosophie, les espoirs du bureau

Il semble manifeste que le niveau qualitatif de l’architecture est indissociablement lié au degré

sont contenus dans son nom. L’architecture n’est pas pour nous une question de m2 ou de prestation

culturel de la société qui la produit. La culture n’est certainement pas un luxe, ni la cerise sur le gâteau,

de services mais avant tout un engagement politique, un acte culturel, une poésie du centimètre, une

comme voudrait nous le faire croire un certain matérialisme soi-disant pragmatique. Elle détermine la

expression sociale, une revendication écologique, un étonnement philosophique, un désir d’espace, une

qualité même du gâteau.

source de rêve... Dommage qu’il faille le souligner.

Mais l’absence de qualité est elle-même porteuse de sens. Elle reflète les priorités et parfois les

En France, dans le but de promouvoir la qualité architecturale, le Législateur a tenu à préciser, dans

égarements des sociétés qui la produisent. Dans tous les cas, l’architecture témoigne, nous parle, reflète

l’article premier de la loi du 3 janvier 1977 : L’architecture est une expression de la culture. La création

l’image de ses créateurs ou, au minimum, de ses producteurs.

architecturale, la qualité des constructions, leur insertion harmonieuse dans le milieu environnant, le

Quand, de surcroît, l’architecture sert une fonction culturelle particulière (théâtre, musée, cinéma,

respect des paysages naturels ou urbains ainsi que du patrimoine sont d’intérêt public.

salle de concert, institution culturelle…) son témoignage se renforce encore, quel que soit le sens de ce

Aucune ambiguïté sur la nature culturelle de l’architecture dans cette déclaration.

qu’elle manifeste.

En outre, l’architecture en tant qu’expression et support de culture, est accessible à tous, ou tout au

S’interroger sur l’architecture et la culture de son époque, c’est se questionner soi-même. C’est oser

moins visible par tous. Les édifices construisent nos espaces, les ponctuent, servent de cadre à nos vies.

se regarder dans le miroir et faire preuve de lucidité quant à la valeur du reflet qui nous est renvoyé.

Ils constituent l’environnement de tous. Leur qualité concerne chaque citoyen. C’est donc l’art le plus démocratique qui soit. On peut en être fier, indifférent ou honteux. Mais, immanquablement, on s’identifie

1. Qui a peur de l’architecture? Le livre blanc de l’architecture contemporaine en Communauté française de Belgique. Bruxelles, 2004, Les Éditions de La Lettre Volée, p. 25 et 26.

à ce que notre environnement bâti exprime. Il devient l’œuvre de tous pour tous. Ce qui, certainement,


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Architectures

Introduction

Tome 15

en fait aussi sa fragilité. Car l’aborder exige malgré tout un apprentissage culturel. Et, dans ce domaine

Il en est de même pour tous les édifices à fonction culturelle. Leur pouvoir d’attractivité, notamment

comme dans d’autres, il existe des experts qui pourront donner un avis pertinent sur la qualité de ce qui se

lié au développement de l’industrie touristique, n’est pas étranger à l’image nouvelle véhiculée par les

fait ou de ce qui devrait se faire. Il existe des gens dont c’est le métier. Il y en a de bons, de moins bons, de

institutions culturelles. Leur rôle médiatique est désormais institué. L’explosion extraordinaire du

médiocres et d’excellents. C’est la fonction des architectes, des hommes de l’art, et peut-être devrions-

nombre de musées ces trois dernières décennies a constitué une opportunité formidable pour la création

nous leur faire un peu plus confiance, au minimum ne pas les suspecter d’emblée de mégalomanie

architecturale contemporaine. La pléthore de commandes, la liberté autorisée par un programme rénové

coupable.

faisant la part belle aux questions d’image, ont fait du musée, nous l’avons dit, un des lieux privilégiés de

Heureusement, quand l’architecture sert directement la culture en abritant une des disciplines à laquelle on reconnaît ce statut, l’étau se desserre quelque peu.

l’expression architecturale de ces dernières décennies. De fait, les projets ont fréquemment dérapé vers une forme d’emphase, où la notion d’« archisculpture »

L’histoire des espaces consacrés à la culture est relativement récente. Les premiers musées

et la tendance « déconstructiviste » se sont exprimées pleinement. Certains architectes ont certes refusé

apparaissent à l’époque des Lumières, durant la seconde moitié du 18e siècle. Ils résultent de la volonté

cette ostentation et suivi une ligne architecturale minimaliste perpétuant les idéaux de transparence et de

de rendre public l’accès aux collections privées, souvent royales ou princières. Une mission à la fois

simplicité des musées modernes. (…) Mais, d’une manière générale, nombre de projets ont été l’occasion

pédagogique, scientifique et esthétique leur est dévolue. Les premiers édifices se dotent d’un langage

d’une « gesticulation architecturale », favorisée en grande partie par les nouveaux outils informatiques de

architectural puisant dans le vocabulaire à la mode à l’époque : l’historicisme, avec le foisonnement des

conception ainsi que par des techniques et des matériaux de construction de plus en plus performants.

styles néo (classique, gothique, renaissance…). L’architecture en était toujours solennelle, grandiose,

Cette « exultation » formelle n’a pas uniquement porté sur les volumes extérieurs et les façades, mais a

monumentale, évoquant souvent l’idée d’un temple de la connaissance.

contaminé aussi les halls d’entrée, les circulations et les espaces d’exposition, qui affichent volontiers une

Au 20e siècle, avec la naissance de nouvelles conceptions muséographiques, l’architecture de ces

monumentalité vertigineuse.2

lieux évolue. Dans les années cinquante, sa phase historiciste s’achève et des architectes de l’avant-garde

Parallèlement à ce phénomène qui, même s’il manifeste certains excès permet aussi une expressivité

accèdent désormais à son élaboration. En 1939, Le Corbusier avait déjà investigué le domaine avec le

intéressante dans le domaine du bâti, le domaine de la réaffectation prend également une ampleur nouvelle.

Mundaneum mais surtout avec le concept du musée à croissance illimitée. Il se base sur le principe d’une

Les édifices issus du monde industriel constituent un choix privilégié en la matière.

architecture en spirale carrée offrant une possibilité d’évolution infinie mais aussi une grande liberté

À l’exception d’impératifs fonctionnels précis, tel que l’acoustique pour les lieux de spectacles, la

d’exposition. Exit donc, les anciens codes classiques. En outre, l’usage de l’ossature en béton libère les

lumière pour les musées et galeries d’art… l’architecture culturelle est plurielle. Tantôt empreinte de

murs de leur fonction porteuse et ouvre les champs des possibles en matière d’aménagement intérieur.

sobriété et de purisme, tantôt grandiloquente, elle s’expose en tant qu’œuvre à part entière. L’architecture

L’architecture des musées n’a depuis cessé d’évoluer tant au niveau muséologique que programmatique (adjonction de tous les services attendus par le public : cafétéria, librairie, auditorium…).

2. Nicolas Nauze, L’architecture des musées au 20e siècle, 2008, http://arts-plastiques.ac-rouen.fr/grp/architecture_musees/architecture_xxe.htm


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Architectures

Introduction

Tome 15

culturelle ne se laisse plus figer dans un moule prédéfini comme c’était le cas durant les deux derniers

quelques projets. D’autres sont encore en gestation. C’est notamment le cas de la rénovation de l’ancien

siècles. Les musées eux-mêmes n’ont plus toujours une fonction précise, ils sont également entrés dans

cinéma Monty à Genappe qui n’est pas présenté dans ce livre mais qui méritait toutefois d’être évoqué. Le

l’ère de l’attractivité parfois au détriment de leur fonction pédagogique première. Aujourd’hui, tout doit

Monty a été fermé il y a quelques années pour raison de non conformité aux normes de sécurité. Depuis, le

devenir divertissement. Il faut plaire à tout prix. Mais là encore, l’on peut y voir le signe d’une modification

Tof Théâtre œuvre pour sa réaffectation via la création d’une coopérative culturelle. L’objectif est de faire

culturelle importante des sociétés capitalistes. L’essentiel étant de trouver l’équilibre entre l’attractivité et

de cet espace un lieu consacré aux arts de la marionnette, mais aussi un espace culturel pluridisciplinaire

la débauche, entre l’accessibilité du contenu et le parc d’attraction.

avec notamment une salle de spectacle de 130 places. La rénovation devrait allier culture et développement

Lors du repérage préalable à la sélection des projets qui illustrent les pages qui suivent, nous avons été

durable. Le Monty devrait être un lieu fédérateur pour cultiver les initiatives citoyennes de transition. Et

agréablement surpris par la qualité de réalisations récentes, dont certaines ne sont d’ailleurs pas encore

aussi constituer une pierre à l’édifice de l’économie locale vivante. Le projet architectural a été confié à

terminées. Plusieurs d’entre eux ont pu éclore dans des contextes pourtant complexes : sites patrimoniaux

Matthieu Delatte du bureau KARBON‘ architecture et urbanisme scrl.3

classés, multiplicité d’intervenants, règlements urbanistiques contraignants, dérogations multiples… Mais le temps, le dialogue, la patience, l’énergie déployés ont porté leurs fruits. Il a souvent fallu débattre, convaincre, rassurer, et parfois abandonner des options architecturales pourtant pertinentes. Mais les résultats sont positifs, et même réjouissants. Une abbaye cistercienne unissant la beauté de ses ruines à celle d’éléments architecturaux contemporains nous montre comment le nouveau peut mettre en valeur l’ancien. L’inverse est également vrai, à partir du moment où le travail se fait dans le respect de ce qui précède sans craindre de s’exprimer avec les outils tant stylistiques que techniques actuels. Un mémorial illustre la possibilité d’exprimer sobrement le souvenir de disparus en usant d’un vocabulaire qui ne concède rien aux chantres du passéisme. Une importante extension sur un site mondialement connu et classé nous démontre qu’il est possible d’user d’une esthétique pointue et contemporaine, tout en s’harmonisant et en magnifiant le site et l’architecture préexistants. D’autres exemples nous permettent de ressortir plus riches, revigorés ou tout simplement heureux. Rassurés aussi que notre société puisse générer encore du sens, au-delà du formatage et du matérialisme ambiants. Enfin, réconfortés de constater que nous œuvrons encore pour la culture, malgré les difficultés économiques et le fait qu’elle ne constitue certainement pas une priorité en ces temps de crise. C’est donc avec un réel plaisir que nous vous convions à découvrir ces

3. www.lemonty.be


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ARCHITECTES

Extension de la Chapelle Musicale Reine Élisabeth à Waterloo

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L’Escaut et Synergy International Olivier Bastin et Sébastien Cruyt

La Chapelle Musicale Reine Élisabeth fut inaugurée en juillet 1939 à l’initiative de la Reine Élisabeth et d’Eugène Ysaÿe, violoniste, compositeur et chef d’orchestre belge. Elle fut le fruit d’une profonde réflexion sur la formation musicale. Les plans originaux sont signés par Yvan Renchon et s’inscrivent dans l’esthétique art déco. En 2004, 65 ans après sa création, la Chapelle repense en profondeur sa mission en l’appuyant sur deux axes principaux : une formation musicale de haut niveau visant rien moins que l’excellence, ainsi que l’insertion professionnelle ouverte sur le monde. Un projet ancré en Belgique et tourné vers l’international, un point de rayonnement et d’attraction pour l’univers musical. Les huit studios de logement et de répétition ainsi que le salon de la Reine abrités dans le premier édifice ne permettaient pas d’atteindre cet objectif ambitieux. Une extension était indispensable. Ce sont donc 1700 m2 supplémentaires qui ont été ajoutés, offrant 20 studios de logement ; un grand studio d’enregistrement et de répétition à la pointe en la matière ; deux studios pour les musiciens et ensembles résidents ; ainsi qu’un « Artists Village » comprenant un restaurant, des cuisines, un espace lounge et un salon commun. Mais bien que constituant la raison d’être de la nouvelle aile baptisée « l’Aile de Launoit » inaugurée en 2015, l’essentiel de ce projet se situe au-delà de ce programme. Conçu pour l’excellence musicale, il témoigne lui-même de celle d’un autre art majeur, l’architecture. Pourtant, ces deux modes d’expression peuvent a priori sembler aux antipodes l’un de l’autre. La musique est l’art le plus immatériel qui soit,

Photo : M. Cooreman

Architectures Tome 15


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Extension de la Chapelle Musicale

L’Escaut et Synergy International

Architectures

Reine Élisabeth à Waterloo

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tandis que l’architecture est le plus tributaire des exigences de la matière. Et pourtant, l’un et l’autre se rejoignent dans ce qui définit leur essence : la puissance de l’émotion qu’ils suscitent. Les architectes ont réussi à transcender les nombreuses nécessités et contraintes matérielles pour créer un espace dépassant les frontières de la matière. Le défi était de taille. Il s’agissait tout d’abord d’intervenir sur un bâtiment classé, mondialement connu, situé au cœur de la forêt de Soignes, elle-même protégée. Il fallait en outre répondre à un nombre considérable d’exigences programmatiques et techniques, dont l’acoustique constitue un élément essentiel. Des douze artistes initialement en résidence, la Chapelle Musicale en accueille désormais soixante et organise près de 250 concerts par an. La nouvelle aile s’implante à l’arrière de l’édifice d’origine. Elle s’y accroche via une zone de circulation établie en fonction de l’axe de la perspective initiée par la sculpture située au centre du bassin, devant la façade de la demeure historique. L’extension prend la forme d’une barre de près de 100 mètres de long, partiellement enterrée dans la dénivellation du terrain. Les architectes ont respecté le site naturel tant dans le choix de son implantation que dans celui des matériaux utilisés : pierre bleue du Hainaut, le verre revêtant entièrement la façade orientée vers l’édifice historique, et des ferronneries en acier inoxydable les plus légères possibles. Orientée vers le site, la nouvelle aile le reflète tout en le ponctuant. Les parois de verre sont rythmées par des pixels sérigraphiés, transcription d’une partition musicale d’Eugène Ysaÿe. L’effet visuel des pixels contribue à dématérialiser l’architecture qui change constamment en fonction de la lumière naturelle et du temps. Derrière cette impression d’évanescence se cache pourtant un assemblage complexe et très concret de volumes qui, pour des raisons d’isolation acoustique, sont autant de boîtes insérées les unes dans les autres. Rémi Raskin, un acousticien confirmé, a travaillé de concert avec les architectes. Chaque espace nécessite une acoustique spécifique. Les studios de logement doivent être parfaitement insonorisés les uns par rapport aux autres. Ils constituent autant de boîtes semi lourdes indépendantes, désolidarisées

Photos : M. Roobaert


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Extension de la Chapelle Musicale

L’Escaut et Synergy International

Reine Élisabeth à Waterloo

les unes des autres par une dalle flottante. Cette dernière est posée sur des plots antivibratoires qui reçoivent des parois en blocs alvéolaires de terre cuite supportant à leur tour un faux-plafond lourd. À l’intérieur de ces boîtes, aucun élément n’est laissé au hasard car tous participent à la sonorité spatiale, y compris le mobilier. Les trois salles de musique sont également pourvues d’un système acoustique très complexe et modulable. La Chapelle Musicale Reine Élisabeth est aussi un espace de vie, de ressourcement, de travail, d’échange, de réception, de détente... Le défi consistait à intégrer le nouveau programme et son changement d’échelle, tout en préservant la dimension intime et humaine de l’espace qui demeure un écrin serein au cœur de la nature.

Photo : M. Cooreman

Architectures Tome 15


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Extension de la Chapelle Musicale

L’Escaut et Synergy International

Architectures

Reine Élisabeth à Waterloo

Tome 15

À la dimension minérale de l’architecture extérieure, répond l’atmosphère douce et chaleureuse du bois utilisé à l’intérieur, à l’exception du sol revêtu d’une chape lisse. Tant les logements, les studios de musique que les espaces communs sont ouverts sur l’extérieur grâce à une profusion de baies vitrées qui constituent autant de points de vue magnifiques sur la nature environnante : la forêt majestueuse mais aussi sur le parc classé. Le bureau d’architectes paysagistes créé par Jean-Noël Capart (JNC International) a été sollicité pour travailler les abords de l’aile de Launoit et réaliser les aménagements nécessaires dans l’ensemble du parc. Autour du nouveau bâtiment, sont aménagés les circulations induites par les livraisons et l’accès des secours. Les plantes utilisées jouent sur les contrastes entre les éléments naturels et ceux aux lignes travaillées, et assurent la transition avec le parc existant. Ce projet démontre également comment le talent et la sensibilité permettent de créer une architecture qui témoigne clairement de son époque tout en s’harmonisant au patrimoine naturel et bâti qui la précède.

Photo : M. Cooreman


ARCHITECTES

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ADE (Architecture Design Environnement) - Marc Stryckman & Partners Architects

Hall culturel à Wavre

& MPA

(Montois Partners Architects)

D’ici un peu plus de deux ans, la ville de Wavre sera dotée d’un hall culturel résolument ancré dans le vingt-et-unième siècle. Cet important projet est le fruit d’une volonté affirmée de la ville de se restructurer en concrétisant une métamorphose sur le long terme. On ne peut qu’apprécier qu’un des premiers projets issus de cet objectif soit lié à la culture. Le futur hall culturel prendra place à proximité de la gare de Wavre, sur une vaste zone non bâtie auparavant utilisée par les skateborders. Ce projet a fait l’objet d’un concours d’architecture dont l’association entre les bureaux ADE et MPA est sortie lauréate. Les architectes ont immédiatement travaillé sur un point central de la demande du maître d’ouvrage, à savoir la polyvalence culturelle du lieu susceptible d’accueillir à la fois des expositions, des spectacles, des concerts, des espaces de réunion, une zone horeca… Cette dimension a constitué la colonne vertébrale du projet. L’idée de travailler sur des modules qui s’emboîtent à la manière d’un jeu de Lego s’est rapidement imposée. Cette architecture construite autour d’un assemblage de cubes, avec plusieurs porte-à-faux et demi-niveaux, permettait en outre d’élaborer une esthétique pure et contemporaine. Le projet intègre une salle de spectacle de 862 places assises avec gradins rétractables se muant en un espace capable d’accueillir 1800 spectateurs debout. Elle se dote aussi d’une cage de scène assurant la tenue de spectacles dotés de décors et d’effets techniques à la pointe dans le domaine. Cette dernière sera gérée par l’Atelier Théâtre Jean Vilar.

Images : ADE

Architectures Tome 15


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Hall culturel à Wavre

ADE & MPA

Architectures

Tome 15

Tome 15

d’un ample auvent vers lequel on converge naturellement. Cet effet d’attraction est renforcé par la transparence de cette façade qui contraste avec l’opacité des autres volumes, mais aussi par la continuité du revêtement de sol en pierre bleue identique pour l’intérieur et l’extérieur. L’usage de l’alucoban (panneau composite à base d’aluminium) donne une finition brillante et lisse d’une grande légèreté. Il procure aussi un effet miroir qui permet de jouer avec la perception spatiale et qui dématérialise les éléments qui en sont revêtus. La petite surface d’eau située à l’entrée accentue encore l’effet de reflet. Une fois à l’intérieur, on peut se diriger vers la grande salle, ou monter à l’étage vers une vaste mezzanine distributive qui mène notamment vers le Le programme s’est rapidement enrichi d’autres fonctions à intégrer dans le site dont la bibliothèque communale (590 m2) et une salle de cinéma permanente (200 places). Grâce au principe des emboîtements, ces ajouts successifs n’ont en rien dénaturé la logique du projet initial, bien au contraire.

restaurant. La bibliothèque occupe un volume au rezde-chaussée. En plus des livres, elle proposera

Cette plurifonctionnalité du lieu a également nécessité une étude poussée des circulations des

une salle informatique. Elle s’ouvre sur l’arrière

visiteurs et des utilisateurs multiples. Il fallait assurer une accessibilité fluide et autonome à tous les lieux

de l’édifice vers un jardin accessible aux lecteurs.

et à toutes les heures, certains fonctionnant quand d’autres sont fermés.

À l’intérieur, elle est éclairée par des coupoles

La vaste esplanade, qui constitue également un espace culturel potentiel à ciel ouvert, fait office de point de rayonnement vers les différents espaces. Elle conduit le visiteur vers une façade vitrée surmontée

blanches en arc de cercle qui génère une lumière neutre très agréable.


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Hall culturel à Wavre

ADE & MPA

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Architectures Tome 15

Le futur hall culturel sera connecté au centre-ville grâce à une promenade, sorte de skyline, semblable à ce qui s’est fait à New York. Elle conduira l’usager jusqu’à la gare de Wavre où le trajet sera ponctué par un ascenseur qui permettra de passer au-dessus du chemin de fer et de la voirie pour rejoindre l’esplanade d’accueil. L’idée étant bien entendu d’assurer un accès aisé et de faire du lieu un but de balade. Une aire de parking assurera également un accès facile pour les automobilistes.


ARCHITECTE

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Faidherbe & Pinto architectes

Maison de village à Nodebais (Beauvechain) À l’origine, ce projet devait être une rénovation élémentaire d’une maison rurale abritant les consultations ONE et un club de bridge. Le bureau faidherbe et pinto architectes a été contacté dans le cadre d’une consultation restreinte. Le budget était très limité (50 000 euros), mais les architectes ont ouvert la piste d’un subside que la commune était en droit d’obtenir auprès de la Wallonie et ont proposé une rénovation plus poussée. Le programme consistait en une maison de village pouvant accueillir un nombre varié d’activités (exposition, salle de jeux…) accessibles à un public très large (des plus jeunes aux plus âgés). Il était donc capital d’élaborer le projet le plus polyvalent possible. La commune désirait œuvrer dans la double logique de la conservation patrimoniale tout en menant une opération éco-responsable. Seul le volume extérieur a été conservé tel quel, à l’exception des châssis qui ont été remplacés. La pratique de l’éco-rénovation, si on veut la mener de manière cohérente, exige une bonne préparation. L’intérieur de l’édifice a été démonté et une campagne de démantèlement a été menée auprès d’entreprises d’économie sociale. Le planning du chantier a été élaboré en tenant compte d’une réduction maximale des déchets et de l’empreinte carbone sur l’environnement. La plupart des matériaux mis en œuvre sont écologiques ou présentent un impact environnemental limité. L’étage a été décloisonné et le plancher du grenier supprimé afin de libérer un vaste volume. Peint en blanc, il s’en dégage une lumière magnifique et une impression spatiale atemporelle. Au rez-de-chaussée, la morphologie initiale a été maintenue mais un système de cloisons rabattables permet de moduler l’espace en fonction des besoins.

Photos : G. Hallyday

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Maison de village à Nodebais (Beauvechain)

Faidherbe & Pinto architectes

Tome 15

Architectures Tome 15

Extérieurement, la maison a donc peu changé, si ce n’est par l’adjonction d’un volume en bardage bois, aux lignes épurées, qui se distingue du reste du bâti. Ce dernier abrite l’entrée principale du bâtiment et les circulations verticales, dont un ascenseur assurant l’accès aux personnes à mobilité réduite. Tout en travaillant sur le maintien de l’identité originelle du bâtiment, les architectes ont volontairement créé le nouveau volume dans une esthétique contemporaine, évitant les écueils souvent malheureux du pastiche.


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Maison de village à Nodebais (Beauvechain)

Faidherbe & Pinto architectes

Tome 15

Architectures Tome 15

L’extension a été réalisée en ossature métallique revêtue d’un bardage en cèdre rouge en pose verticale ajourée. Elle se détache du volume principal par une zone partiellement ouverte abritant l’escalier. Cet espace crée une faille verticale entre les deux entités et renforce le lien formel qui les unit. À l’avant-plan, sur le mur de clôture qui ceint le terrain, se détache un motif en mosaïque moderne réalisé il y a quelques années par un artiste de la région. L’ensemble de ce projet témoigne d’un équilibre subtil entre respect du patrimoine, mise en évidence de ce dernier et absence de faux semblant ou d’ambiguïté dans les parties contemporaines. Les architectes assument l’esthétique de leur époque tout en la faisant raisonner avec la nature rurale originelle de la bâtisse. Cette intervention constitue un projet manifeste pour la commune, qui témoigne de son engagement tant dans les dimensions durable que contemporaine de ses projets publics.


ARCHITECTE

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BEAI Claude Goelhen

Le Mémorial de la bataille de Waterloo à Braine-l’Alleud Cette année, à l’occasion du bicentenaire de la bataille de Waterloo, s’ouvre un mémorial consacré à l’histoire de cet événement quasi mythique, tout comme le personnage auquel il est instantanément associé. Étonnamment, l’histoire ne retient pas toujours le nom des vainqueurs. Dans ce cas, Napoléon Bonaparte, dont ce fut l’ultime bataille, concentre presque à lui seul les lumières de l’événement. Le nouveau Mémorial remet les montres à l’heure et s’érige en hommage à toutes les victimes de ce qui fut, ne l’oublions jamais, un massacre particulièrement sanglant. La butte du lion fut érigée par les Hollandais en 1826. Son emplacement indique le lieu où fut blessé le fils du Roi Guillaume 1er des Pays-Bas, le prince Frédéric d’Orange-Nassau. C’est l’architecte Charles Van der Straeten qui fut responsable du projet, une gigantesque butte de 169 mètres de diamètre et de 42 mètres de haut, surmontée par un lion en fonte de fer fabriqué par John Cockerill à Seraing, d’après le modèle de l’artiste Jean-Louis Van Geel. Il est tourné vers la France, narguant le vaincu et posant une patte puissante sur le boulet de canon, symbolisant ainsi la paix. Au pied de la butte, se trouve le Panorama, édifice circulaire inauguré en 1912, qui abrite la gigantesque peinture panoramique de la bataille. L’actuel Mémorial est le fruit d’un concours qui remonte à plusieurs années déjà. Le bureau lauréat a d’emblée opté pour un projet enterré, qui dégage l’ensemble du site et met en évidence la Butte, le Panorama et un édifice rénové abritant le restaurant. L’acquisition de l’entièreté du terrain par la Wallonie a permis d’élaborer un projet cohérent, en assurant notamment la démolition d’un bâtiment sans intérêt patrimonial situé au pied même de la Butte.

Photos : B. Castay

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Le Mémorial de la bataille de Waterloo

BEAI

Architectures

à Braine-l’Alleud

Tome 15

Les architectes ont, avant tout, voulu mettre en évidence la dimension mémoriale du projet, l’hommage aux milliers d’hommes qui ont perdu la vie durant la bataille, quel que soit le camp auquel ils ont appartenus. Il n’était pas question de travailler dans la grandiloquence et le tape-à-l’œil. En enterrant le projet, les architectes ont révélé la vaste étendue de champs à perte de vue, avec pour seul point d’accroche la butte du Lion et son Panorama. Ces derniers signalent que ce site porte une histoire singulière ne se révélant qu’une fois pénétré au cœur même de la terre où ce sont déroulés les évènements. C’est en effet bien elle qui recèle l’histoire, et qui la révèle tout au long d’un cheminement souterrain. Pour y accéder, il faudra abandonner son véhicule, et arpenter l’aire piétonne qui distribue l’ensemble du site. Le visiteur est ainsi physiquement plongé dans le lieu, et peut y déambuler à son rythme. L’entrée du Mémorial est accessible par deux axes convergents, l’un sous forme de rampe, l’autre matérialisé par un escalier. Ces accès sont bordés d’un long mur de plus en plus haut au fur et à mesure que l’on descend vers l’entrée. Il est le support d’une frise en acier sur laquelle sont inscrits les noms de toutes les brigades et des multiples protagonistes qui ont participé à la bataille. De l’autre côté, les accès sont bordés par la façade en verre sombre et réfléchissante du Mémorial. Le sol de la rampe, l’escalier et


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Le Mémorial de la bataille de Waterloo

BEAI

Architectures

à Braine-l’Alleud

Tome 15

le mur sont réalisés en pierre bleue du pays assemblée sans joint. Les pierres sont découpées en longues bandes verticales qui équilibrent la dominante d’horizontales et qui accentuent l’impression de descente. L’ensemble se décline en dégradé de gris. Une fois à l’intérieur du Mémorial, on aboutit dans une vaste aire d’accueil, à la fois lumineuse, sobre et moderne. Le sol est revêtu d’une chape grise en béton lissé, et les murs d’un bardage en poirier. À l’arrière des guichets, s’ouvrent de vastes parois en verre translucide donnant sur un puits de lumière qui irrigue les étages inférieurs en lumière naturelle. Une fois muni de son ticket, le visiteur peut descendre à plus de 10 mètres de profondeur et remonter vers la surface en même temps qu’il revit l’histoire de l’Europe à cette époque et les événements qui ont conduit à l’ultime bataille de Napoléon. Il peut ensuite se diriger vers le Panorama et la Butte du Lion.


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Le Mémorial de la bataille de Waterloo

BEAI

à Braine-l’Alleud

Ce projet a réussi le délicat équilibre entre son rôle de mémorial, avec toute la retenue et la sobriété que ce dernier exige, et sa fonction muséale, permettant à chacun d’appréhender toutes les dimensions historiques de l’événement. Le projet architectural se double d’une approche scénographique importante qui rend l’histoire à la fois attirante et émouvante. Cette dernière est l’œuvre d’un consortium de sept sociétés de scénographes, associées temporairement sous le nom de « La Belle Alliance ».

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ARCHITECTE

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Trait Architects Frank Norrenberg & Pierre Somers

L’Institut des Arts de Diffusion (IAD) à Louvain-la-Neuve Il y a quelques mois, l’IAD a pu enfin inaugurer les premiers locaux spécialement conçus pour lui après de longues années passées à occuper des édifices inadaptés à sa fonction. Il s’agit d’un projet complexe non seulement par rapport à son programme, mais aussi de par le nombre de protagonistes mus par des visions urbanistiques souvent divergentes (UCL, Ville d’OttigniesLLN, Wallonie, maître d’ouvrage, architecte…). L’IAD avait besoin de locaux appropriés intégrant à la fois des ateliers de théâtre, mais aussi un théâtre de 250 m2 accessible au public, ce qui induit immanquablement des volumes importants en hauteur. Afin de réduire la hauteur de l’édifice, les architectes ont utilisé des porte-à-faux récupérant ainsi l’espace occupé au sol par un parking. Le programme comprend quatre ateliers théâtraux entre 100 et 150 m2 ; un théâtre muni de gradins amovibles et, en sous-sol, un atelier pour les décors, accessible depuis la salle par une trappe ; une cafétéria ; des locaux administratifs ; une zone d’accueil et de vestiaires, l’ensemble couvrant 1 800 m2. Outre la volumétrie, un autre défi se concentre sur les façades. En effet, les ateliers de théâtre et la grande salle sont des espaces quasi aveugles. Il fallait donc travailler les façades afin d’éviter l’effet bunker, surtout en plein tissu bâti. Les architectes ont donc particulièrement soigné le choix des matériaux mais aussi le positionnement des ouvertures. Les salles habituellement opaques ont été dotées de fenêtres très hautes (près de 6 m de hauteur pour 1,30 m. de large) mais relativement étroites. Ces dernières permettent d’animer les façades tout en assurant une occultation aisée. Un escalier secondaire remontant à travers tout le bâtiment assure lui aussi de belles ouvertures. Les locaux administratifs

Photos : B. Castay

Architectures Tome 15


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L’Institut des Arts de Diffusion (IAD)

Trait Architects

à Louvain-la-Neuve

occupent les premier et deuxième niveaux et sont dotés de fenêtres hautes reprenant le rythme de celles des ateliers. En dessous de ces locaux, le rez-de-chaussée apparaît comme un socle de verre s’ouvrant généreusement sur l’extérieur. Le rythme et aussi une certaine liberté dans l’organisation spatiale et volumétrique sont assurés par les deux porte-à-faux. Le volume en hauteur est entièrement revêtu d’un bardage en ayous (bois africain) thermo-traité qui présente l’avantage d’être très léger et résistant. Il est posé en bandes verticales de tailles différentes avec des joints creux afin de dessiner de belles ombres. Le volume abritant les parties administratives est revêtu d’une brique naturelle collée d’à peine 1,5 cm d’épaisseur, ce qui assure un gain d’espace important, notamment pour l’isolation. Les architectes voulaient la poser

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L’Institut des Arts de Diffusion (IAD)

Trait Architects

Architectures

à Louvain-la-Neuve

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sans joint mais ce dernier, bien qu’inutile au niveau de la mise en œuvre, a été imposé par l’UCL, qui avait par ailleurs déjà prescrit l’usage de la brique. Le rez-de-chaussée est revêtu de pierres bleues flammées très résistantes. Cette technique consiste en un écaillage superficiel de la pierre par un chalumeau à l’acétylène. L’équilibre est le mot clé de ce projet, car il résulte d’un travail de funambule entre la nécessité d’agencer de grands volumes (ateliers de théâtre et salle de spectacle), tout en respectant une limitation en hauteur, sur une parcelle réduite devant, en outre, accueillir plusieurs places de parking. Il fallait aussi élaborer des espaces intérieurs les plus fermés possibles tout en assurant une animation intéressante des façades… le tout cumulé à une recherche stylistique issue d’un compromis entre tous les intervenants et une enveloppe budgétaire restreinte. Bref… un vrai travail d’architecte !


ARCHITECTE

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Binario Architecture Scénographie : L’Escaut

Centre d’accueil et circuit visiteur de l’Abbaye de Villers-la-Ville

Paysage : Du Paysage

Lieu pourtant mythique en Wallonie, l’abbaye de Villers-la-Ville n’avait jamais connu un aménagement approprié, permettant à tout un chacun de découvrir les nombreuses qualités de ce site exceptionnel. Le projet en cours d’exécution comblera cette lacune et offrira aux visiteurs toutes les clés de lecture propice à l’appréhension des multiples facettes de l’abbaye cistercienne, fruit de 900 ans d’histoire. L’histoire de l’endroit est riche et multiple, et dépasse de loin l’enceinte abbatiale. Elle nous informe sur la vie des religieux dans toutes ses dimensions, et aussi sur les liens très riches qu’elle entretenait avec son environnement naturel et humain. L’actuel projet s’appuie dès lors sur une approche globale architecturale, paysagère et scénographique, le tout se fondant sur une solide assise historique. Il fallait en outre intégrer de nombreuses contraintes liées au classement des lieux et à leur fonctionnement. Parmi celles-ci, la scission du site par une route, véritable faille, séparant l’abbaye du moulin à eau et de la ferme qui étaient auparavant indissociablement liés. L’actuelle entrée sur le site se fait de manière incohérente et le visiteur est plongé dans des ruines d’époques diverses, ce qui en rend la compréhension quasi impossible sans guide. Une asbl occupe les locaux situés au-dessus de la brasserie, juste à côté du moulin. Les visites commentées sont liées à sa disponibilité. Le projet tient compte de tous ces éléments et redonne une cohérence à l’ensemble. Les visiteurs seront conviés à commencer la visite par le moulin (un parking est aménagé juste à l’arrière de ce dernier) qui accueillera le Centre des visiteurs. Une première pièce, sorte de sas d’accès, est isolée du reste du moulin. Ce dernier restera en connexion constante avec la rivière. Aucun élément structurel ne le ferme complètement. Des cloisons en claustra assurent la continuité de contact avec la rivière.

Photos : B. Castay

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Centre d’accueil et circuit visiteur

Binario Architecture

Architectures

de l’Abbaye de Villers-la-Ville

Tome 15

Le visiteur pénètre dans cette pièce guidé par une cloison dont la base est en acier corten, surmontée

Le souffle de l’eau y est omniprésent. L’espace est ouvert sur toute la hauteur du bâtiment sillonné par les

d’une paroi vitrée qui monte jusqu’au plafond. Elle sert aussi de support à une reproduction en adhésif collé

passerelles en bois et acier corten, la cage de l’ascenseur en béton et une boîte noire située au sommet de

représentant une gravure ancienne du site de l’abbaye. L’aménagement de cette pièce est à la fois sobre et

l’espace. Cette dernière, sorte de nid perché, abrite les animations audiovisuelles. Les passerelles nous

contemporain, les matériaux sont limités à l’acier corten (que l’on retrouvera tout au long du parcours), au

font cheminer entre les murs de pierre du moulin et les éléments très contemporains du parcours. Cet

béton pour le sol et au chêne pour les plafonds, cloisons et meubles de la boutique.

espace particulier évoque les gravures fabuleuses du Piranèse et nous emporte corps et âme dans une

De là, on peut accéder à l’espace du moulin proprement dit. Cette fois, l’ambiance est tout autre.

autre dimension. Via une rampe, on traverse les larges murs pour aboutir sur une passerelle extérieure en

On quitte le cocon de confort de l’accueil pour être plongé au cœur de l’histoire et de la fonction de l’édifice.

acier corten qui nous conduit sur la colline en face du moulin. Commence alors un parcours via un sentier


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Centre d’accueil et circuit visiteur

Binario Architecture

Architectures

de l’Abbaye de Villers-la-Ville

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en béton bordé d’une longue ligne du temps en acier corten. Les matériaux utilisés pour les nouveaux aménagements sont réduits au minimum : l’acier corten dont la patine s’associe judicieusement aux couleurs du site (pierre ancienne, végétation), le bois et le béton. L’acier et le béton sont déclinés sous diverses formes : métal déployé, tôle pleine et fuseaux pour l’acier corten ; béton architectonique (démolition et reconstruction liées à la restauration), béton coulé sur place avec volige pour l’intérieur, béton désactivé ou béton pisé pour le parcours extérieur (sol et escalier). Ce cheminement singulier nous conduit au cœur même du paysage qui a induit et structuré l’implantation et le fonctionnement de l’abbaye. En remontant la ligne du temps, on s’ancre dans cette nature tout en découvrant les ruines d’un point de vue surélevé, les appréhendant dans leur globalité. En plus de la vue sur le site, le parcours sur la colline est ponctué d’éléments : une table d’orientation, des jardins aromatiques rénovés qui fonctionnaient avec la pharmacie de l’abbaye située quant à elle de l’autre côté de la route. Les murs des jardins ont dû être remontés. Ils sont rehaussés d’un couvre mur en béton. Les escaliers donnant accès aux deux niveaux des jardins ont été refaits en béton pisé qui, par sa stratification particulière, évoque le vrai pisé.


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Centre d’accueil et circuit visiteur

Binario Architecture

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de l’Abbaye de Villers-la-Ville

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Le visiteur pourra à nouveau emprunter une passerelle lui permettant de franchir la route à l’abri de la circulation et de gagner le site des ruines proprement dit. Cette seconde passerelle est réalisée en acier corten avec un remplissage en bois qui, tout en protégeant du vide, n’en obstrue pas la vue. De l’autre côté de la voirie, on accède à un palier donnant accès à un ascenseur dans une cage en béton pisé, et à un escalier protégé par un garde corps en fuseau d’acier corten. En contre bas, arrivé au niveau des ruines, on y pénètre par l’ancienne pharmacie monastique, le visiteur étant ainsi directement immergé Photos : A. N.

Photos : A. N.

dans la vie quotidienne des moines. Ce n’est donc qu’à l’issue de ce cheminement durant lequel le visiteur aura pu s’imprégner de l’histoire et de l’âme des lieux, qu’il accède au site des ruines pour mieux en apprécier le sens. À la fois intelligent, subtil, poétique, esthétique et sobre, ce projet touche au cœur même de ce qui rend hommage aux espaces patrimoniaux, tout en les reconnectant à notre époque. Un travail qui ne peut se faire sans écoute, respect et talent. Une œuvre digne des espaces qu’elle nous invite à découvrir.


ARCHITECTE

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Christian de Portzamparc

Musée Hergé à Louvain-la-Neuve Inauguré en juin 2009, le musée Hergé est une œuvre architecturale qui rend hommage à un maître de la bidimensionnalité. Ici, tout semble se mélanger, les murs deviennent des pages et les pièces des chapitres. En franchissant le pont passerelle qui fait le lien entre le musée et la ville de Louvain-la-Neuve, on quitte le quotidien, on traverse une frontière qui nous mène vers une autre dimension, laissant le réel derrière nous. On passe de l’autre côté du miroir, là où toutes nos conventions n’ont plus de prise. Place à l’imaginaire. La particularité du lieu réside aussi dans une rencontre fabuleuse, celle de deux créateurs, le second faisant écho au premier avec ses propres outils de création. Bâtir un musée qui relate la création d’un homme n’est pas simple. Pour y parvenir, pour que chaque élément de l’architecture devienne une évocation de l’œuvre de cet homme, il faut avant tout en saisir le sens, ou plutôt l’essence du pouvoir créateur. Christian de Portzamparc est un architecte accompli, qui assume chaque part de son métier. Il a donc mis son art au service de la création d’un autre, sans s’imposer ni s’effacer. Art de l’espace par excellence, l’architecture y exprime au mieux la puissance de la bidimensionnalité. En y cheminant, on ne sait plus trop bien si on a pénétré dans les cases d’une bande dessinée, ou si l’on est toujours dans un espace construit. L’illusion est parfaite, sans pourtant devenir factice. De l’extérieur, de jour comme de nuit, le musée évoque des aplats, des saillies aux angles clairs qui semblent le dématérialiser. Les fenêtres évoquent les divisions d’une page de BD. L’édifice appartient résolument à un autre monde. Ce n’est pas pour rien qu’il semble déposé là, à cheval entre les arbres et la ville, si proche et pourtant lointain, presque inaccessible. Il appartient à une autre réalité. De l’intérieur,

Photos : N. Borel

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Musée Hergé à Louvain-la-Neuve

Christian de Portzamparc

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on perçoit des murs allant en tous sens, dessinant un espace onirique. Le visiteur passant d’un espace à l’autre, défile dans autant de chapitres de la vie d’Hergé. Les couleurs viennent parachever cette impression en évoquant celles utilisées dans les albums de l’artiste. Les murs reprennent, en les agrandissant à l’infini, des détails de ses dessins. Le visiteur devient un Lilliputien, pris dans le réseau de l’imaginaire d’un autre, immergé dans son univers. Cet espace nous fait clairement concevoir à quel point l’architecture peut tout, même se transformer en aplat et suivre le rythme d’un des maîtres de la ligne claire.


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Musée Hergé à Louvain-la-Neuve

Christian de Portzamparc

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Musée Hergé à Louvain-la-Neuve

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ARCHITECTE

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Audrey Pieters architecte communale

Académie de Musique de Braine-l’Alleud Créée en 1972, l’Académie de Musique de Braine-l’Alleud a, durant de longues années, occupé des locaux répartis un peu partout dans la commune. Cette fois, l’espace mis à sa disposition est cousu main, entièrement conçu pour cette fonction. Ce sont les locaux des anciennes filatures Vanham datant du dix-neuvième siècle, rachetés en 1962 par la société Denolin (producteur de tisanes), qui ont été réaffectés à cette occasion. L’ensemble du site couvrant pas moins de 4 000 m2 a été acquis par l’Administration communale en 1998. Une première phase de réhabilitation du site a été initiée avec l’aménagement des locaux de l’École des Arts. L’Académie de Musique constitue donc la deuxième étape de l’opération qui devrait se poursuivre avec l’aménagement d’espaces devant accueillir le Centre culturel de la commune. L’ancien fleuron industriel devenant ainsi le pôle culturel brainois. L’architecture industrielle des entreprises Vanham constituait un exemple significatif qui méritait sauvegarde. L’architecte communale, Audrey Pieters, devait trouver le point d’équilibre entre le respect de cette architecture, un budget à suivre et les exigences programmatiques de la nouvelle fonction. Elle voulait également éviter l’écueil du pastiche en rénovant les éléments intérieurs inadaptables en l’état. S’est alors imposé le choix de maintenir les façades tout en vidant totalement l’intérieur afin d’y installer des locaux contemporains, répondant à toutes les exigences en matière d’acoustique, de sécurité, de circulation… Aucune ambiguïté dans la démarche, la distinction entre les deux architectures est évidente. Les nouveaux locaux sont construits en retrait par rapport à la façade d’origine et visuellement reliés à celle-ci par des poutres métalliques qui en assurent la stabilité. Les deux architectures dialoguent

Photos : B. Castay

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Académie de Musique de Braine-l’Alleud

Audrey Pieters

Architectures

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dans le contraste et leur mise en évidence mutuelle. La zone de recul établie entre la façade et les nouveaux locaux permet de dégager une vaste aire d’accueil dont la hauteur sous plafond culmine au faîte de l’édifice du dix-neuvième siècle, mettant ainsi en valeur l’espace de l’architecture ancienne. Les nouveaux locaux se répartissent sur trois niveaux et 2 800 m2. On y accède via des escaliers et des couloirs de distribution extérieurs aux locaux visibles sur toute leur hauteur depuis l’aire d’accueil. Les circulations sont donc périphériques et situées en dehors des zones les plus insonorisées. Le rez-de-chaussée abrite une salle de 100 places et les locaux destinés aux orchestres, aux percussions et à l’éveil musical. Le premier accueille une salle de théâtre de 64 places ainsi que des salles de cours pour les instruments à cordes. Le deuxième étage reçoit quant à lui une salle polyvalente pour le Centre culturel, et les salles de cours pour les instruments à vent. L’Académie de Musique abrite 17 classes au total. Une communication intérieure est prévue avec l’École des Arts. Cette dernière peut aussi exposer certaines œuvres dans l’immense hall de l’Académie. Un travail soigné a également été mené au niveau des matériaux et des couleurs jouant dans les tonalités


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Académie de Musique de Braine-l’Alleud

Audrey Pieters

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de gris et bois pour les nouveaux locaux et de rose brique pour les anciennes structures. Le sol est revêtu de béton lissé. Le résultat est un magnifique outil consacré à la musique et aux arts en général. Un travail qui mérite d’être souligné, d’autant plus qu’il émane d’un pouvoir public qui a osé une intervention contemporaine de qualité au service du plus grand nombre.


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Samyn & Partners

L’Aula Magna à Louvain-la-Neuve À programme exceptionnel, site exceptionnel. L’Aula Magna s’implante face au lac de Louvain-laNeuve. Cathédrale de verre, elle a été bâtie pour accueillir un auditorium de 1 200 places qui appartient à l’Université Catholique de Louvain-la-Neuve (UCL) mais également pour abriter un large éventail de manifestations : colloques, congrès, concerts symphoniques, représentations théâtrales… Vaste parallélépipède transparent, l’édifice tranche radicalement avec son environnement tout de briques et d’ardoises, tout en le reflétant ainsi que la nature avoisinante. Le volume est simple et résulte à la fois du programme mais aussi d’une volonté ferme d’épuration de l’architecte. Cet édifice est le fruit d’une longue gestation et d’une expérience éprouvée tant dans le domaine de la réalisation de salle de grande importance, que dans celui du vécu de la genèse de la ville nouvelle. Un long processus de réflexion autour des espaces scéniques était aussi nécessaire pour parvenir à créer un lieu comme celui-là. Il s’agit d’un édifice à double peau, difficulté structurelle encore accentuée par des études acoustiques poussées mais aussi au niveau visuel, énergétique… et également de l’éclairage artificiel. Une déception toutefois, les lanterneaux devant assurer un éclairage naturel zénithal, initialement prévus par l’architecte, n’ont pas été réalisés. La dimension froide du verre en façade, cède le pas à une ambiance intérieure chaleureuse avec l’usage du bois (hêtre) et d’une pierre bleue très foncée. Le contraste des couleurs et des matériaux aiguise les sens et rend l’appréhension spatiale quasi tactile. L’Aula Magna accueille un foyer public, les escaliers d’accès à la salle principale, une salle sur pilotis située au-dessus du foyer, une zone de scène, une fosse d’orchestre, des vestiaires, trois autres salles

Photo : P. Molitor

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L’Aula Magna à Louvain-la-Neuve

Samyn and Partners

Architectures

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Photo : Clair-Obscur

Photo : Ch. Bastin & J. Evrard


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L’Aula Magna à Louvain-la-Neuve

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Photo : Clair-Obscur

Samyn and Partners


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L’Aula Magna à Louvain-la-Neuve

Samyn and Partners

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pouvant abriter un total de 258 personnes ainsi qu’un restaurant. Un parking avec un nombre limité de places se situe sous le bâtiment qui abrite aussi une zone de déchargement. Elle constitue l’un des espaces culturels contemporains les plus prestigieux du Brabant wallon, aujourd’hui rejointe par des projets plus récents comme la Chapelle Musicale Reine Élisabeth par exemple. Palais de verre, elle illumine l’entrée de LLN et remplit ainsi parfaitement son rôle de phare urbain.

Photo : Clair-Obscur

Photo : Ch. Bastin & J. Evrard


Initiative et réalisation : Centre culturel du Brabant wallon – Maison de l’urbanisme Auteur : Anne Norman Design : www.dojodesign.eu Impression : Albe De Coker Éditeur responsable : H. Champagne, fonctionnaire de l’information Province du Brabant wallon, Parc des Collines – Bâtiment Archimède 2 Avenue Einstein à 1300 Wavre Imprimé en Belgique D/2015/8355/1 ©T ous les droits de reproduction, de traduction et d’adaptation (même partielle) sont réservés pour tous pays.

À l’initiative du Brabant wallon Réalisation: Centre culturel du Brabant wallon & la Maison de l’Urbanisme



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