Espace-vie n°311 - Mars 2023

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311 Mars 2023 Bimestriel La revue qui décode les enjeux territoriaux du Brabant wallon espace DÉCOUVRIR Tubize se construit un nouvel avenir DÉBATTRE L'impact des dérogations sur les projets BILAN Dix ans de sensibilisation dans les écoles Fusion, supracommunalité, statu quo Quels nouveaux modèles territoriaux pour les communes brabançonnes ?

4 en bref

14 découvrir

6 apprendre Ces nouveaux modèles communaux qui vont impacter le territoire

10 débattre Un projet avec de multiples dérogations est-il un mauvais projet ?

« Les maisons, il ne faut pas les mettre en zone verte »

1 7 respirer

Une vitrine pour l’urbanisme nivellois

Espace-vie s’amincit

Espace-vie compte dorénavant 20 pages au lieu de 24. L’objectif de ce changement est avant tout de se recentrer sur l’aménagement du territoire et l’urbanisme tout en gardant un regard éclairé – mais plus ponctuel – sur l’impact de la culture sur le territoire. Rien ne changera toutefois dans notre volonté de vous proposer la revue la plus qualitative possible.

Retour sur le Midi en version audio

Un Midi de l’urbanisme abordant la question de la place du commerce pour redynamiser les centres-villes s’est déroulé mi-mars à Louvainla-Neuve. Quatre orateurs étaient présents. Si vous avez manqué les débats, vous pouvez trouver un résumé des échanges sur notre site internet de même que l’intervention des orateurs en version audio. Infos : mubw.be

Votre abonnement, papier ou en ligne ?

12 découvrir Comment Tubize se construit une nouvelle attractivité

18 apprendre Le potentiel inexploité des cours de récréation

20 agenda

Quel avenir pour les tiers-lieux en Brabant wallon ?

Espace-Vie compte 6 000 abonnés à la version papier et 1 100 à la version numérique ( ce qui comprend également les articles publiés sur espacevie.be). Pour tout changement dans votre formule d’abonnement, notamment le passage du papier au numérique par souci écologique, n’hésitez pas à nous contacter à l’adresse info@espacevie.be

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MUBW

Espace-vie est la revue bimestrielle de la Maison de l’urbanisme – Centre culturel du Brabant wallon (janvier, mars, mai, juillet, septembre et novembre). Elle traite de sujets relatifs à l’aménagement du territoire, à l’urbanisme et aux enjeux culturels en Brabant wallon. Créée en 1989, Espace-vie est indépendante de tout parti politique et dispose d’une entière liberté éditoriale.

Éditeur responsable : Nicolas Van der Maren - Rédacteur en chef : Xavier Attout (x.attout@ccbw.be) - Rédacteurs : Bénédicte Dawance (b.dawance@ccbw.be), Philippe Alfonso - Équipe de la Maison de l’urbanisme : X. Attout, A. Chevalier, B. Dawance, G. DenhaerynckPrésidente de la Maison de l'urbanisme : Sophie Keymolen - Maquette : Louise Laurent (www.louiselaurent.be) - Mise en page : Louise Laurent - Dessins : Marco Paulo - Imprimeur : Artoos Group - IPM Printing - Tirage : 6 000 exemplaires - Adresse : 3, rue Belotte, 1490 Court-Saint-Étienne - Contact : 010 62 10 30 ou m.urbanisme@ccbw.be - www.mubw.be - www.ccbw.be - Photo de couverture : D.R.

Espace-vie est publiée avec le soutien de la Wallonie et du Brabant wallon. La revue est envoyée sur demande et gratuitement aux habitants du Brabant wallon, abonnement de 12 euros/an hors Brabant wallon. Ne peut être vendu. Si vous préférez recevoir Espace-vie en version numérique, n’hésitez pas à nous le signaler. Toute reproduction partielle ou totale nécessite une autorisation préalable de l’éditeur responsable. La clôture de ce numéro s’est déroulée le 20 mars.

Espace-vie est imprimée dans une imprimerie climatiquement neutre. Les émissions de CO2 sont neutralisées à 100 % par le biais de plantations d’arbres. L’emballage qui entoure la revue lors de l’envoi est en maïs.

sommaire

L’éveil

Se loger, travailler, se divertir, se mouvoir… converser, se promener… se poser, s’insurger... sont autant d’actions et d’états qui façonnent notre territoire et la perception que l’on s’en fait. « Faire territoire » relève d’une démarche individuelle et collective. Les motivations individuelles d’une part , le « faire territoire collectivement » d’autre part. C’est là une invitation à conscientiser l’impact de nos choix sur le bien-être et la liberté des autres, mais aussi à préserver les ressources de notre territoire. Le tout au travers des regards portés, des informations captées et des idées échangées. En bref : par l’éveil. L’éveil aux enjeux et l’éveil aux nécessités d’agir.

Éveiller constitue un fondement de la mission des Maisons de l’urbanisme. Un ADN partagé entre la connaissance, la transmission et la culture.

Parmi nos axes de travail, s’en détache un qui entre particulièrement en écho vis-vis d’une posture de l’éveil, celui de la jeunesse.

Ce numéro d’espace-vie propose un regard dans le rétroviseur sur une de nos activités phare : les ateliers-animations dans les écoles. Initiée à la demande la Wallonie, ils ont d’années en années permis d’éveiller les 10-12 ans aux principes-clés de l’aménagement du territoire. Si les phénomènes questionnés au travers de ces animations ne sont pas nouveaux pour la plupart, leurs intensités et leurs conséquences nous forcent de passer de l’observation à l’action. Ils font et feront le quotidien du jeune public. Notre époque est le témoin des premiers balbutiements de l’action sur le territoire œuvrant pour plus de résilience, de durabilité et se détachant des acquis des décennies précédentes. Nos actions avec le jeune public permettent, humblement, de les embarquer, à tout le moins les éveiller à ces questionnements en les plaçant comme acteur et partie prenante dès aujourd’hui.

Partie prenante, ils le sont déjà bien évidemment! C’est ce que notre regard porté sur l’aménagement des cours d’école nous invite à décoder. Ces cours de re-création : ces espaces où nos jeunes passent, en période scolaire, près d’un tiers de leur temps, ces espaces vecteurs de sociabilité et d’inclusion, où se relèvent les défis d’éveil des sens, de la créativité et de bien-être, mais aussi les défis environnementaux et de participation.

L’axe jeunesse se décline également dans notre Maison de l’urbanisme auprès du public ados’. Questionner leur appréhension du territoire, leurs représentations, leurs vœux et leurs engagements sera au cœur de prochains ateliers. Ajoutées aux multiples activités portées par notre Centre culturel, l’axe jeunesse se renforce bel et bien comme priorité pour notre territoire du Brabant wallon.

Bénédicte Dawance

espacevie.be | mars 2023 3 avant-propos

Un plan anti-inondations pour Ramillies

La commune dispose désormais d’un arsenal de mesures pour lutter contre les inondations. La gestion de la Grande Jette, de la Petite Jette et du ruisseau Saint-Jean est notamment visée. Onze rues sensibles ont été ciblées et seront davantage protégées. Une zone d’expansion de crue située entre Ramillies et Perwez sera également aménagée. La Province pilote une étude sur la zone. Deux zones d’immersion temporaire sont également prévues (bois des Cuves et à l’étang communal).

Le centre-ville de Wavre restera en zone 30

Tout le centre de la Cité Maca est officiellement une zone 30. Cela concerne quarante-et-une rues et places. Le centre-ville avait été mis dans cette configuration dans la foulée du confinement de 2020, avec des aménagements temporaires. L’évaluation positive de la situation a poussé les autorités à pérenniser l’initiative. Le périmètre comprend la totalité du centre-ville de Wavre, place Bosch comprise, la rue de Namur jusqu’à la rue Sainte-Reine et la chaussée de Louvain jusqu’à la rue Florimond Letroye. Onze entrées ont été identifiées. Elles seront toutes aménagées de manière spécifique pour bien se rendre compte qu’on pénètre en zone 30. Les travaux d’aménagements sont prévus entre le 15 avril et le 30 juin.

Un nouveau parc des sciences du vivant à Wavre

Un nouvel ensemble immobilier de 63 000 m2 s’étendant sur 18 ha sera aménagé par BVI sur les hauteurs de Wavre, dans le parc d’activités économiques de Wavre-Nord. Il sera situé en bordure du terrain de golf. Le Quantum Biospace sera dédié aux secteurs biotech et deeptech. Il vise à créer la rencontre entre les biotechs et les deeptechs dans le but d’accélérer l’émergence des nouvelles façons de découvrir, développer et fabriquer des médicaments. La demande de permis a été introduite en mars.

Orp-Jauche rénove son cœur de village

Située entre deux bâtiments de l’administration communale, la petite placette d’Orp fait actuellement peine à voir. Cet espace va changer de visage. La commune a reçu un subside de 500 000 euros de la Wallonie pour revoir complètement son aménagement. L’idée sera d’y aménager un point de rencontre pour les habitants et d’y verduriser l’espace. Les véhicules laisseront place à du mobilier urbain et des jeux pour enfants, une fontaine ou encore une pergola. Le projet devra être réalisé dans les trois ans pour bénéficier du subside.

Conflit juridique en vue à Mont-Saint-Guibert

Le promoteur immobilier La Société brabançonne de développement a déposé une demande de permis pour construire près de 120 logements sur un vaste terrain de 14 ha situé à cheval sur Mont-Saint-Guibert et Court-Saint-Étienne, le long de la N25, en face du parc économique Jaurdinia. Un dossier qui renait de ses cendres, les deux communes étant opposées à l’idée d’urbaniser cette ZACC (zone d’aménagement communal concerté). Sauf que le promoteur a exhumé un ancien schéma directeur datant de 1993 pour déposer sa demande. Et que ses avocats semblent avoir eu le nez fin.

4 en bref

Retrouvez tout le contenu d'Espace-vie, de nouvelles informations, des vidéos et autres infographies sur notre site internet espacevie.be.

La clinique

Derscheid mise en vente

La Wallonie mettra en vente en mai prochain le sanatorium de l'ancienne clinique du Docteur Derscheid, une clinique perdue en pleine forêt de Soignes aux confins de La Hulpe et de Waterloo. L'ensemble fut érigé en 1905 au milieu d'une sapinière de 10 hectares par l'architecte Émile Janlet. Ces bâtiments de style néoclassique valent toujours le détour. Le futur acheteur devra sortir du bois d’ici le mois d’octobre. Des contraintes urbanistiques et environnementales seront ajoutées pour préserver l’ensemble.

Des appartements locatifs à courte durée à Louvain-la-Neuve

Thomas & Piron Bâtiment a remporté le concours lancé par la société de développement urbain de l’UCLouvain (Inesu) pour construire 130 appartements le long de l’avenue du Ciseau, entre le Lycée Martin V et le batiment de l’Ephec. 90 seront dédiés aux locataires de l’Inesu, de manière à fournir une offre supplémentaire de logements, notamment pour des travailleurs expatriés du Parc Scientifique. Les 40 autres seront mis en vente par T&P. Pour l’Inesu, ce projet vise à répondre à un besoin de petits appartements locatifs à prix modérés, avec pour la première fois une offre de baux de courte durée (à partir de 3 mois) pour des personnes dans le besoin. On y retrouvera des appartements de 1 à 3 chambres, répartis dans 3 bâtiments. Le permis d’urbanisme sera introduit en avril, pour un lancement du chantier en 2025.

Un coworking au Quatre Quarts

Nouvelle diversification des activités pour la coopérative Quatre Quarts installée dans l’ancienne gare de Court-Saint-Étienne. On y retrouve désormais au premier étage un espace de coworking. The Mug, un réseau qui dispose de quatre autres implantations, propose des espaces de travail adaptés dans un cadre particulier. Pour rappel, la coopérative est à la fois cantine et salle d’événements (comedy clubs, cours de yoga, ateliers pour se rencontrer et créer du lien).

Genappe met le grand braquet

La Ville de Genappe vient de publier une carte des liaisons cyclables de son territoire. Une manière de valoriser les aménagements et itinéraires vélo développés ces dernières années.

L’entité compte aujourd’hui 35 km en site propre pour les cyclistes. L’objectif est d’encore augmenter ce chiffre et de procéder à de nouveaux aménagements de sécurisation de l'infrastructure. La carte est disponible dans les bâtiments communaux.

5 espacevie.be | mars 2023

Ces nouveaux modèles communaux qui vont impacter le territoire

apprendre
Quelles communes du Brabant wallon prendront la direction de la fusion ?

Rationalisation et économies touchent tous les secteurs et tous les territoires. Le Brabant wallon n’y échappe pas. De nouveaux modèles communaux vont émerger, redessinant les coopérations au sein de la province. Que ce soit des fusions ou différentes formes de supracommunalité. La multiplicité des besoins en matière d’urbanisme, d’inondations ou d’environnement va également redistribuer les cartes. Analyse.

Une nouvelle fusion des communes est inévitable. » En début d’année, à l’heure de dresser les perspectives de son entité pour 2023, le bourgmestre de Jodoigne, Jean-Luc Meurice, a relancé une fameuse chimère. En faisant le bilan comptable de sa commune et en énumérant ses nouveaux besoins, son constat semble pourtant évident : mutualiser des services entre entités voisines est un premier pas, fusionner les territoires sera le second. Une manière d’éviter la faillite collective.

L’idée, que d’autres responsables communaux brabançons ont également dans leur tête, ne sera toutefois pas une mince affaire. La Belgique n’a pas une tradition de fusionner ses communes. Huit l’ont été ces vingt dernières années. Et aucune en Wallonie. Bastogne et Bertogne seront, en 2024, les premières à franchir le pas depuis 1976. Non sans heurts toutefois, vu l’opposition de certains sur le terrain. Il restera alors encore 261 communes wallonnes.

Faut-il alors en rester là ? Pas vraiment, selon Itinera. Ce think thank indépendant basé à Bruxelles estime que les communes de moins de 15 000 habitants doivent clairement réfléchir à la question de la fusion. Et il y en a un certain nombre sur la liste, puisque la taille moyenne d’une commune wallonne est de 13 000 habitants alors qu’elle est de 21 000 habitants en Flandre et de 45 000 habitants aux Pays-Bas. « Les communes wallonnes sont quatre fois moins peuplées que les communes hollandaises, ce n’est pas tenable, estime Jean Hindriks, membre fondateur de l'Itinera Institute et professeur d'économie à l'UCLouvain. Des choix doivent être posés. En dessous de 15 000 habitants, la masse critique n’est pas suffisamment grande pour pouvoir avoir des leviers d’actions suffisants. Vu la

Les communes wallonnes sont quatre fois moins peuplées que les communes hollandaises, ce n’est pas tenable. En dessous de 15 000 habitants, la masse critique n’est pas suffisamment grande pour pouvoir avoir des leviers d’actions suffisants

hausse des couts, la tenaille se resserre en tout cas. Si les communes ne le font pas d’elles-mêmes, elles seront bientôt poussées à passer par là. »

Plus qu’une douzaine de communes en Brabant wallon ?

En Brabant wallon, on recense une majorité d’entités de moins de 15 000 habitants. Seules Braine-l’Alleud, Wavre, Ottignies-Louvain-laNeuve, Waterloo, Nivelles, Tubize, Rixensart et Genappe dépassent ce seuil. Les possibilités de fusion sont donc nombreuses. Si on se base sur les projections d’Itinera, on pourrait imaginer que le Brabant wallon ne compte plus qu’une douzaine d’entités à terme. Les communes qui sont particulièrement dans le viseur ? Hélécine (3 644 habitants en janvier 2020), Incourt (5 522 hab.), Ramillies (6 548 hab.) et Ittre (6 957 hab.).

Précisons qu’Itinera axe son raisonnement principalement sur le volet financier et ressources humaines, pointant notamment la taille critique minimum d’une commune pour s’en sortir financièrement. Une fusion permettant de faire baisser les couts de fonctionnement et de personnel. Le consultant PWC a également relevé certains avantages suite aux expériences observées au nord du pays : économies d’échelle, pouvoir accru, meilleure performance en matière de planification et de développement économique, participation citoyenne valorisée, etc. À contrario, les craintes sont souvent les mêmes : perte de proximité, besoins différents entre petites et grandes communes, ambitions politiques inavouées de certains, perte d'identité, etc.

D’abord la supracommunalité

Bien conscient du nombre trop important de communes en Wallonie, le Gouvernement wallon les encourage en tout cas actuellement à fusionner. Des incitants financiers ont été mis en place (500 euros par habitant) suite à un décret spécifique. Précisons que ce montant sera affecté exclusivement au remboursement des charges d’emprunts contractés par les communes fusionnées. Si le procédé n’a pas encore vraiment séduit, une vague plus importante de fusions est attendue pour les élections communales de 2030.

Reste que, pour l’heure, en Brabant wallon, la tendance est davantage à développer la

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Texte et photos : Xavier Attout
«

supracommunalité qu’à multiplier les fusions. Il s’agirait en quelque sorte d’une première étape avant de franchir éventuellement le pas du grand rassemblement.

Les communes deviennent extrêmement sollicitées, il faut trouver des solutions. Il n’est plus possible d’avoir une expertise dans tous les services et d’offrir tous les équipements à ses habitants.

Une première étape qui est déjà en place dans le cadre des zones de police (trois ou quatre communes gèrent ce service ensemble), des GAL (Groupes d’Action Locale) comme Culturalité –sept communes de l’est du Brabant wallon – ou celui du Pays des 4 Bras (Genappe, Villers-la-Ville et Les Bons Villers en Hainaut), ou encore via la Province du Brabant wallon, dont la supracommunalité est devenue l’un des leitmotivs. L’idée principal est donc bien de travailler ensemble de

INONDATIONS, MOBILITÉ, ENVIRONNEMENT :

VERS DES SUPER AGENTS

Partager un conseiller en aménagement du territoire entre plusieurs communes est plutôt rare en Brabant wallon. David Aerts s’y est bien essayé quelques années, divisant son temps entre Incourt et Jodoigne. Ce qui n’était pas une mince affaire. « En urbanisme ou en aménagement du territoire, il faudrait plutôt renforcer les effectifs que se partager les compétences entre communes, explique Cédric Harmant, fonctionnaire délégué du Brabant wallon. Par contre, dans les petites communes, il pourrait être opportun que deux conseillers en aménagement du territoire travaillent ensemble, par exemple dans un bureau commun. De un, cela peut permettre de s’échanger des connaissances et donc s’améliorer. De deux, quand un conseiller est en congé, toutes les procédures sont à l’arrêt car il n’y a personne pour assurer le relais. Ce qui pose problème dans un contexte où les délais de rigueur prennent

manière à réduire les couts. Cela peut aller de la création d’une communauté de communes au partage d’infrastructures sportives ou culturelles. « Je pense vraiment que nous allons y réfléchir de plus en plus, précise Jean-Luc Meurice. Les communes deviennent extrêmement sollicitées, il faut donc trouver des solutions. Il n’est plus possible d’avoir une expertise dans tous les services et d’offrir tous les équipements à ses habitants. Que ce soit un centre sportif, une piscine, un centre culturel ou d’autres choses encore. Nous discutons par exemple déjà avec d’autres communes, comme Orp-Jauche, pour mutualiser certains services. Il y a des avancées. Je rappelle que nous avons engagé un coordinateur pour lutter contre les inondations qui travaillera pour les sept communes de l’est du Brabant wallon. En tout cas, si nous ne fusionnons pas, cela va devenir compliqué de maintenir la même qualité de services aux cityoyens. Il faut donc y réfléchir d’ici 2030, de manière à le faire sur base volontaire, et surtout éviter qu’on nous l’impose. »

une grande place. Cela pourrait donc être intéressant pour tout le monde de travailler de cette manière. »

Pour se partager les compétences d’un collaborateur ou d’une collaboratrice entre plusieurs communes, il faudrait donc plutôt se tourner dans d’autres domaines d’actions, comme l’environnement, la mobilité ou les inondations. Des domaines qui demandent une grande expertise mais dont les communes n’ont pas nécessairement besoin au quotidien.

« Je pense que cela pourrait vraiment avoir du sens, poursuit Cédric Harmant. Les demandes sont de plus en plus techniques et se renforcer en recrutant du personnel est une très bonne chose. » En matière d’inondations, se partager les compétences d’un expert qui agirait au niveau supra communal semble en tout cas être une piste particulièrement demandée par les acteurs de terrain et les communes.

8 apprendre
Meurice, bourgmestre de Jodoigne

Difficultés pour recruter du personnel

Jean Hindriks relève de son côté que ces fusions semblent des évidences : « Il est important d’informer le citoyen sur les marges budgétaires qui potentiellement peuvent être libérées avec ces fusions. Cette question est particulièrement pertinente compte tenu de la situation budgétaire difficile que connaissent aujourd’hui nos communes. L’inflation en particulier va peser lourdement sur les salaires et on estime que les charges de pension au niveau communal vont doubler durant les 5 prochaines années sous l’effet de la cotisation de responsabilisation (ndlr : complément de pension). D’autres aspects importants qui sous-tendent le besoin de fusionner sont les difficultés des petites communes à recruter du personnel qualifié face aux plus grosses communes ainsi que les difficultés techniques à gérer seul des dossiers plus complexes comme les marchés publics, l’énergie, la gestion des voiries et des infrastructures. La transition énergétique demande des vraies compétences. Ce sont des aspects à ne pas négliger. »

Tanguy Stuckens, président du Collège provincial du Brabant wallon

Propos recueillis par X. A.

Pensez-vous que le scénario de fusions multiples entre communes du Brabant wallon est possible ?

Ce ne sera en tout cas pas simple. Tout le monde est bien conscient des difficultés et de l’augmentation des charges qui pèsent sur les épaules des communes. Alors que, dans le même temps, on leur demande de plus en plus de missions. L’équation semble donc bien compliquée à résoudre. Une fusion est un long processus, d’autant qu’il faut également prendre en compte les aspirations des habitants. J’entends que des contacts existent entre responsables communaux mais ce n’est pas à moi d’en parler.

Comment solutionner cette équation qui mêle charges qui augmentent et maintien de services de qualité ?

La mutualisation des services et des compétences semble être un premier pas. Plusieurs communes du Brabant wallon travaillent déjà en ce sens. Que ce soit lors de la création d’un centre culturel, d’un pôle sportif, d’une piscine ou autre. Il est évident que chaque entité ne peut plus avoir une multitude d’équipements. Il faut faire des choix.

L’expertise à avoir dans certains domaines tels que l’urbanisme, les inondations ou l’environnement va obliger le partage de compétences...

Je pense bien. D’autant que pour se partager du personnel, il n’y a pas besoin d’avoir une structure particulière. Cela peut en tout cas être opportun dans le cadre de la lutte contre les inondations, les enjeux de mobilité et d’environnement ou en matière d’urbanisme. Les communes peuvent également collaborer dans l’achat de matériel. Bref, les pistes sont nombreuses, existent et vont se renforcer à l’avenir.

Quel rôle la Province peut-elle jouer dans un tel scénario ?

Un rôle majeur ! La supracommunalité est son premier métier. Nous allons devoir aller encore plus loin dans l’accompagnement. J’estime que la supracommunalité peut soit fonctionner avec trois ou quatre communes, soit à l’échelle de toute une province. Mais pas entre les  deux.

espacevie.be | mars 2023 9
« Des contacts existent entre communes »
interview
Genappe, une de ces commune qui dépasse le seuil de 15 000 habitants.

Un projet avec de multiples dérogations est-il un mauvais projet ?

Vingt-et-un écarts pour une demande de permis déposée à Rixensart. Quinze à Wavre. Et d’autres partout ailleurs en Brabant wallon. Les demandeurs prennent-ils les règlements de haut ? Ou le nombre d’écarts et de dérogations n’est pas nécessairement lié à la qualité du projet ? On a tenté d’y voir plus clair.

Texte et photos : Xavier Attout

Quel est le sens pour un demandeur de déposer un projet avec 20 ou 30 écarts ?

Ce sont des chiffres assez élevés. La moyenne est davantage entre 5 et 10 écarts. Il faut surtout relever que, aujourd’hui, pratiquement plus aucun permis n’est octroyé sans écarts. Ce n’est pas lié à une volonté farouche de s'écarter des principes dictés, mais plutôt des documents d'urbanisme parfois inadaptés ou obsolètes. Même avec la meilleure volonté du monde, il est parfois impossible de ne pas déposer une demande de permis sans écarts. Par ailleurs, chaque écart doit être dument motivé.

Ce type de demande de permis est-elle plus régulière qu'avant ?

Non, il y en a même moins qu’avant. Obtenir un permis qui possède des écarts n’est pas impossible si ces derniers sont motivés. Par contre, la vraie crainte d’un demandeur est de voir un recours déposé par des riverains. Et dans ce cas, un projet qui multiplie les écarts sera plus sujet à voir son permis annulé car il peut être insuffisamment motivé. Beaucoup de développeurs sont donc

prudents quant au nombre d’écarts à intégrer dans une demande de permis.

Vous avez des exemples ?

Oui, au Champ Sainte-Anne à Wavre. Les prescriptions urbanistiques de la Ville de Wavre sont relativement anciennes. Le service urbanisme de la Ville, qui était conscient du problème, ne voyait aucun inconvénient à ce que l’on dépose un permis avec une série d’écarts. Le demandeur, Matexi, souhaitait par contre déposer un permis avec le moins d’écarts possibles pour éviter tout recours. Ce qui mène alors parfois à des projets de moins grande qualité.

Un demandeur a-t-il nécessairement plus de chances de voir son projet accepté avec aucun écart ?

Oui. Vu que les écarts doivent être motivés. Il faut donc avouer que c’est plus simple sans écart. Le grand public associe souvent les dérogations et les écarts comme une faute. Mais leur grand nombre n'est pas nécessairement un argument sur lequel on peut s'appuyer pour s'opposer à un projet.

débattre

multiples projet ?

DÉROGATION OU ÉCART ?

Si un permis est contraire à des prescriptions règlementaires (plan de secteur ou Guide Régional d’Urbanisme), c’est une dérogation. Si un permis est contraire à des prescriptions indicatives (Schémas, Guide communal d’urbanisme), c’est un écart.

Joëlle Pirlot

Architecte communale Commune de Waterloo

Voyez-vous défiler régulièrement des demandes de permis qui multiplient les écarts ?

C’est une situation qui n’arrive pratiquement jamais à Waterloo. Nous n’avons pas de Règlement Communal d’Urbanisme. Une demande de permis avec des écarts est donc le plus souvent liée aux prescriptions urbanistiques que l’on retrouve dans chaque lotissement. Il est courant de recevoir une demande avec 2 ou 3 écarts, rarement plus.

Un demandeur a-t-il nécessairement plus de chances de voir son projet accepté s’il n’a aucun écart ?

En effet. Il recevra presque toujours son permis s’il n’y a pas d’écart. Pour le reste, s’il y a des écarts, tout dépend de la teneur des écarts et de la justification qui les accompagne. Certains demandeurs veulent les éviter à tout prix, d’autres sont prêts à prendre le risque car ils souhaitent réaliser un projet différent qui ne rentre pas dans le cadre défini par le lotissement. Ils sont donc prêts à patienter un peu plus longtemps.

Un projet avec écarts est-il pour autant un mauvais projet ?

Non, il n’y a aucun lien entre les deux. Les écarts ne sont pas synonymes de mauvais projet. Des écarts peuvent aussi être liés à des documents d'urbanisme obsolètes, qui ne prennent pas en compte les nouvelles aspirations en matière d’habitat ou d’économies d’énergie. Le législateur a souhaité orienter la législation vers un urbanisme de projets, définir des grandes orientations de manière à simplifier les textes. L’important est donc d’étudier un dossier dans son contexte, de prendre en compte son environnement et de voir son intégration dans le paysage. Chaque cas est spécifique. Quand une demande est effectuée dans un clos qui possède une belle homogénéité architecturale, nous allons donc essayer de la maintenir au maximum.

Peut-on ressentir un manque de respect pour les principes d'urbanisme édictés dans les documents quand on fait face à ce type de demande ?

Certains peuvent le ressentir de cette manière. Mais c’est parfois simplement lié à une méconnaissance de l’architecte, qui ne s’est pas renseigné sur les prescriptions urbanistiques en vigueur.

Le grand public associe souvent les dérogations et les écarts à des fautes dans le cadre d’un projet. Comment changer cela ?

En expliquant et communiquant davantage. Il ne faut plus faire de raisonnement simpliste qui associe écarts et mauvais projet. La manière d’aménager nos communes évolue. Il faut donc surtout tenir compte du contexte pour que cela reste cohérent avec l’environnement.

espacevie.be | mars 2023 11

Comment Tubize se construit une nouvelle attractivité

Le plus important projet de ces quinze dernières années en Brabant wallon est en cours de construction à Tubize. La reconversion d’une partie du site des anciennes Forges de Clabecq se terminera en septembre 2024. On y retrouvera un Outlet Mall, 180 logements et l’une des plus grandes exploitations d’agriculture urbaine. Suivront 600 autres logements.

Un chantier de grande ampleur. Quand on pénètre à la mi-mars sur le site des anciennes Forges de Clabecq, peu d’éléments permettent de se replonger dans le passé. La friche de ses vingt dernières années a laissé place à une certaine effervescence. Quatre grues percent le ciel bleu alors que des dizaines d’ouvriers s’affairent à construire un Outlet Mall Urbain de 80 boutiques et les 180 premiers logements qui seront aménagés par-dessus. Un cran plus haut, sur les toits, on retrouvera l’un des plus importants projets d’agriculture urbaine au monde (9 500 m2).

Avec le TOM (Tubize Outlet Mall) et le quartier des Confluents (800 logements au total), Tubize va clairement changer de visage. Les longues années de consultation entre citoyens et politiques consacrées à définir un Master Plan semblent bien loin. L’heure du renouveau se rapproche. « Nous entrons effectivement dans les choses concrètes avec cette phase de construction, confie le bourgmestre Michel Januth. Cela fait du bien de voir ce site évoluer, après une longue phase de dépollution menée par Duferco (ndlr : pour un cout de 50 millions). Ce qui me réjouit, c’est que ce ne sera pas uniquement un quartier pour dormir mais pour vivre. Deux écoles – une primaire et une secondaire - seront également construites dans la foulée. Alors qu’un parc d’activités économiques est également prévu. »

Sans voiture en surface mais avec des produits locaux

Le site des Forges s’étendait sur 80 ha. Ce projet mixte, qui allie volets commercial, résidentiel, agricole et de loisirs urbanise quant à lui 11,5 ha. La livraison de la première phase est prévue pour

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découvrir
Texte : Xavier Attout - Photos : DCI Voici à quoi ressemblera le site en septembre 2024, les paysages verdoyants en moins.

septembre 2024 avec l’ouverture de l’Outlet Mall urbain et la réception des clés des 180 premiers appartements. Tous ont été vendus. La vente d’une seconde volée d’appartements (180) débutera d’ici quelques semaines. Trois développeurs immobiliers sont encore en lice pour racheter cette phase du projet résidentiel et construire les logements. La dernière phase (360 unités) sera construite d’ici trois ans par Delzelle. « Nous sommes surpris par la vitesse de vente des appartements, précise le développeur du projet Pascal Seret (DCI Monaco). Cela démontre qu’il y a un vrai intérêt pour ce nouveau quartier. Pour le reste, l’objectif n’est vraiment pas de créer un nouveau centre-ville. Il est important au contraire que les deux centres se renforcent l’un et l’autre. Michel Januth est bien d’accord avec cela. Les milliers de visiteurs que nous amènerons à Tubize auront un effet positif pour le reste de la ville. Il faut un seul commerce tubizien et non deux. »

Si les architectes (B2AI, Henri Garcia Architecture, Urban Architectes et JNC International) proposent une architecture que l’on voit rarement en Brabant wallon, ils ont également porté des choix forts en matière d’urbanisme.

« Il n’y aura aucune voiture en surface, précise Fabrice Rossi, bureau d’architecture Henri Garcia. Ce sera un quartier où les modes doux sont mis en avant. Nous profitons de la déclivité du terrain pour pouvoir proposer des parkings souterrains (ndlr :

1100 places au total) » Quinze mètres plus haut, sur les toits on retrouvera la ferme urbaine. « Le sol, même s’il a été dépollué, rendait impossible une agriculture dans le sol, précise Jessica Sbaraglia, fondatrice de Terrae, qui pilote ce projet prévu pour 2025. La ferme sera développée selon les valeurs du biologique et de la permaculture, Nous avons l’intention de vendre des paniers de légumes, des oeufs, du miel, des produits transformés (confitures, jus, sauces, conserves, biscuits), des produits de jardin (plants potager, graines, outils) et quelques produits complémentaires de producteurs locaux (lait, pain, fromage, produits secs). Nous travaillerons en circuit court, nos produits seront vendus en priorité aux restaurants du Mall et aux riverains. Nous avons également l’intention de développer des activités pédagogiques et ludiques autour de la terre et du bien-être comme des ateliers fleurs comestibles ou du tricot pour confectionner des cache-pots ».

aura aucune voiture en surface. Ce sera un quartier où les modes doux sont mis en avant.

Un parc économique supplémentaire géré par inBW

Pour aller plus loin

Un Outlet Mall rassemble des magasins qui vendent des marques des collections antérieures, dont le prix est raboté de 30 à 50 %. Il en existe deux en Belgique, à Messancy et Maasmechelen. Le TOM sera le premier Outlet situé dans un centre urbain.

Si la construction avance bien, d’autres étapes doivent encore être franchies. Les travaux du contournement de Tubize, dont le financement est bloqué par la Wallonie, tardent à démarrer. Il s’agit pourtant d’un volet essentiel de la réussite du projet.

Autre dossier : la demande de permis déposée par Duferco Wallonie pour aménager le parc d’activité économique (26,6 hectares), géré par inBW, est à l’instruction. Ce parc sera situé à l’ouest du chemin de fer et des activités logistique, face à l'entreprise NLMK Clabecq. Le feu vert est attendu pour cette année. L’octroi signifiera également la fin de la mission de Duferco, près de 25 ans après la faillite des Forges. L’entière réhabilitation du site devrait être bouclée d’ici 15 ans.

espacevie.be | mars 2023 13
Il n’y
Le chantier bat actuellement son plein.

Participation, enthousiasme et créativité sont au menu de cette sensibilisation.

« Les maisons, il ne faut pas les mettre en zone verte »

Dix ans que la Maison de l’urbanisme sillonne les classes du Brabant wallon pour sensibiliser les élèves de 5e et 6e primaire au bon aménagement de leur territoire. Après avoir rencontré près de 2 500 élèves, c’est l’occasion de tirer un premier bilan. Et de se rendre compte de l’évolution de ce bel outil en se rendant à l’école communale de Plancenoit.

Après la théorie, la pratique. La mission du jour pour ces quinze élèves de 5ème primaire de l’école communale de Plancenoit (Lasne) : aménager leur village pour y accueillir dix familles supplémentaires tout en limitant l’étalement urbain, réfléchir au devenir de la friche industrielle située en plein centre et imaginer une nouvelle affectation pour l’ancienne ferme locale. Un défi qui doit laisser libre cours à leur imagination. Et qui donne d’ailleurs le plus souvent place à de belles surprises.

Pour y parvenir, des blocs en bois, beaucoup de blocs en bois, qui représentent la mixité fonctionnelle des batiments. Et une grande carte installée sur leurs bancs. Sans oublier les voies de communication (chemin de fer, route, piste cyclable) pour relier tout cela de même que les espaces publics et les arbres remarquables.

Depuis dix ans, la Maison de l’urbanisme du Brabant wallon sillonne les écoles du Brabant wallon pour sensibiliser les élèves de 5e et 6e primaire au bon aménagement de leur territoire. Plus de 2 500 élèves ont suivi cette sensibilisation appelée « L’aménagement du territoire, je m’y frotte ». « Un des objectifs est notamment de leur faire comprendre que les ressources ne sont pas inépuisables et qu’il faut les préserver, explique Agnès Chevalier, chargée de projet à la Maison de l’urbanisme, qui pilote cet outil créé sur mesure depuis une décennie. Ils sont bien évidemment influencés par leur environnement. Mais les retours

Les élèves comprennent que les ressources ne sont pas inépuisable et qu’il faut les préserver. On leur explique les enjeux de notre territoire au XXIe siècle, pourquoi il est préférable de construire sa maison à proximité du village plutôt qu’au milieu des champs.

Agnès Chevalier, chargée de projet à la Maison de l’urbanisme

sont vraiment très positifs. On leur explique les enjeux de notre territoire au XXIe siècle, pourquoi il est bénéfique de construire sa maison à proximité du village plutôt qu’au milieu des champs et pourquoi habiter le cœur des villages peut être très bénéfique. Ils découvrent même le plan de secteur. » À sa gauche, Laurence De Wilde, institutrice à l’école de Plancenoit, acquiesce : « Même les adultes apprennent des choses ! Cette journée rend accessible aux enfants des réalités d’adultes. » Et la directrice de l’école, Carine Grandjean, d’embrayer : « C’est la deuxième fois que nous faisons appel à cette formation. L’animatrice explique très clairement les enjeux et laisse les enfants se faire leur propre réflexion. Ils sont dans le concret. C’est très enrichissant. D’autant qu’Agnès partage la réalité de leur village à l’aide de photos. Ils réalisent donc bien mieux ce qui se passe. »

Un Burger King et un centre commercial à Plancenoit ?

Retour en classe, au premier étage de cette école de village ceinturée par les vaches, l’église et le bistrot local. Sur le banc du fond, quatre jeunes filles tentent de se mettre d’accord. « Je pense que ce serait bien d’avoir une maison un peu isolée, comme cela on est au calme », lance Olivia. « Et donc on devrait construire une nouvelle route juste pour toi, qui coutera à tout le monde 200 000 euros pour 100 mètres », interroge avec le sourire Laurence De Wilde, qui semble avoir retenu la théorie, indiquant à Inès de plutôt installer sa maison le long de la voirie existante.

Un peu plus loin, trois des quatre groupes réfléchissent également à leur village idéal. On y retrouve un peu de tout. Du bon et du moins bon. Le nombre d’équipements et de commerces dépend en fait des sensibilités de chacun. Et de leur environnement. Étonnamment, les quatre groupes ont par exemple installé une friterie au milieu des champs. Renseignements pris, c’est lié à l’ouverture d’une telle enseigne dans une ferme voisine à la sortie du village…

espacevie.be | mars 2023 15
Texte et photos : Xavier Attout
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ADAPTER L’OUTIL AUX ÉVOLUTIONS DU TERRITOIRE

Pour le reste, on constate en fin de journée que l’aménagement des quatre villages est plus ou moins similaire. Avec une volonté, bien comprise, de rapprocher les fonctions et d’éviter de construire n’importe où. « Il faut bien faire attention de déposer les maisons ou petits immeubles à appartements dans les zones rouges et non dans la zone verte », rappelle Ethan.

L'animatrice explique très clairement les enjeux et laisse les enfants se faire leur propre réflexion. Ils sont dans le concret. C’est très enrichissant, d'autant qu'ils découvrent la réalité de leur village à l’aide de photos.

Dans leur village idéal, ces enfants accueilleraient bien des enseignes telles que McDonald’s, Quick, Burger King ou encore Panos. Certains y verraient bien une discothèque, un centre de loisirs ou un grand centre commercial. D'autres ne partagent pas vraiment ces idées et ont par contre pensé aux espaces publics et à transformer l’ancienne ferme en espace destiné aux petits commerces et artisans. « Certains mettent davantage en avant le volet loisirs et horeca que d’autres, sourit Agnès Chevalier. Mais, dans l’ensemble, je suis très satisfaite. Ils ont bien assimilé les grands concepts que nous souhaitons mettre en place dans ce type de journée. Le point positif, c’est donc qu’ils ont compris l’importance de diminuer l’étalement urbain, de réutiliser les espaces déjà construits, de réduire les déplacements et d’effectuer les différents aménagements à proximité d’arrêts de bus ou de gares. Et ils ont aussi pensé aux pistes cyclables et aux parkings vélo. »

Pour aller plus loin

Infos et renseignements via mubw.be L’agenda 2023 est complet jusqu’à la fin de l’année scolaire

Cet outil de sensibilisation a été créé de toutes pièces en 2013 par la Maison de l’urbanisme du Brabant wallon à la suite d’une demande de la Wallonie. Gilles Massaux, chargé de projet à l’époque, a créé cet outil destiné aux élèves de 5e et 6e primaire. Il a ensuite été repris par Agnès Chevalier, qui l’a fait évoluer. La journée de sensibilisation correspond au socle de compétences du programme scolaire. Au total, 84 classes ont été sensibilisées. Avec, très souvent, des écoles qui reprennent contact pour réitérer l’expérience tant elle a été utile. « Au départ, l’idée de cet outil était de confier aux enfants le développement d’un village qui devait accueillir 50 nouveaux ménages, se souvient Agnès Chevalier. Cette journée a évolué avec son temps. Nous travaillons dorénavant davantage sur la réhabilitation du bâti du village qui est l’un des axes qui permet de lutter contre l’étalement urbain. Des concepts dans l’air du temps. Un autre grand changement est la prise en compte des réalités locales pour que les élèves se rendent mieux compte de l’importance d’un bon aménagement du territoire. Nous préparons donc à chaque fois minutieusement ces journées avec des photos et des cartes du village ou de la commune. En essayant notamment de faire des avant/après, ce qui montre clairement la manière dont le territoire a évolué. Ce type de journée n’est pas la même quand vous la proposez dans une école de Nivelles ou de Plancenoit. Le rapport ville/campagne est bien différent. » Pour le reste, 2023 est vraiment une année charnière lors de laquelle la Maison de l’urbanisme va tester d'autres nouveautés qui ne se limitent pas à l'étalement urbain. Elle va notamment renforcer la prise en compte de l'espace public et tourner davantage la présentation théorique vers les bonnes pratiques et les solutions à mettre en œuvre.

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Carine Grandjean, directrice de l'école communale de Plancenoit

Une vitrine pour l’urbanisme nivellois

Architecture innovante pour le nouvel immeuble du service Cadre de vie de la Ville de Nivelles. Le bureau ABR, en association avec B Solutions, a remporté mi-mars le concours organisé par la Ville. Il a dessiné un ensemble de trois étages qui mêle brique et bois. Il est situé le long du boulevard des

Arbalétriers, juste à côté du nouveau quartier de l’Ilot Saint-Roch. Une placette végétalisée a été aménagée pour faire le lien avec le quartier voisin, actuellement en cours de construction.

Le projet se veut responsable dans le choix des matériaux, tant au niveau du principe constructif que des finitions.

Il a été fait appel à la société Natura Mater pour permettre de trouver des alternatives durables aux produits courants. Le projet vise à privilégier au maximum des matériaux circulaires, biosourcés ou de réemploi. La livraison est prévue en 2025.

espacevie.be | mars 2023 17
respirer
© Asymetrie

Le potentiel inexploité des cours de récréation

Délaissées pendant des décennies par les architectes et autres aménageurs, les cours de récréation retrouvent des couleurs. Les projets redonnant une place centrale à cet espace se multiplient. De quoi inviter les élèves à se réapproprier ces lieux d’expression, de vivre ensemble et d’inclusion..

Des espaces réorganisés pour apaiser les tensions. Des espaces tous différents pour inventer de nouveaux jeux, des couleurs pour éveiller les imaginaires. Une végétation nouvelle pour trancher avec la minéralité, pour profiter de l'ombre des arbres en cas de forte chaleur. Un partage de l’espace pour s’ouvrir au monde extérieur. Et d’autres initiatives en tous genres.

Certaines écoles ont décidé ces dernières années, de tourner la page d’un aménagement peu réfléchi de leur cour de récréation et de redonner une importance à cet espace essentiel dans la vie des élèves. Les exemples se multiplient un peu partout en Brabant wallon. Que ce soit à Perwez, Louvain-la-Neuve, Genappe ou encore Ohain. Et on en oublie. Autant d’entités où des écoles ont changé d’approche. Celles qui proposent une pédagogie active ont bien évidemment un temps d’avance. Mais elles sont en train d’être également rattrapées par les écoles plus traditionnelles. Certaines cours redeviennent des lieux où la créativité, l’échange, la détente et la liberté retrouvent leur place. Selon des études scandinaves, une cour d’école qui inclut la nature a des bénéfices sur les apprentissages, la créativité, les comportements psycho-sociaux ou encore, induit un meilleur rapport à son corps. C’est sans compter les bienfaits apportés par la végétation en termes de fraicheur, d’air sain ou de plaisir de l’œil. « Ce n’est bien évidemment pas encore le cas partout mais il y a une nette évolution en la matière en Brabant wallon, précise Jean-Christophe Mathen,

architecte-associé au sein de l’Atelier d’architecture Mathen. Il y a une ouverture et une demande des maitres d’ouvrage et des équipes pédagogiques pour mettre un accent spécifique sur la qualité des espaces extérieurs. »

Pour Tina Van Meenen, une architecte qui a travaillé sur la transformation d’un site scolaire à Auderghem – un modèle du genre, les espaces extérieurs doivent clairement retrouver leur juste place. « Les aménagements extérieurs que nous avons effectués dans le cadre de ce projet ont nettement impacté la vie de tous les jours des élèves, explique celle qui travaille au sein du bureau d’architecture et d’urbanisme Urban Platform. La directrice nous a raconté qu’il y a moins de tensions et de violence. Les élèves peuvent davantage laisser libre cours à leur créativité et leurs envies. La cour est plus petite qu’auparavant mais bien mieux structurée. Ce qui fait que les élèves ont l’impression d’avoir davantage d’espace. En association avec les paysagistes de Studio Basta, nous avons réorganisé les espaces de jeu, créé

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Texte : Bénédicte Dawance  - Photo : Urban Platform
La cour est plus petite qu’auparavant mais bien mieux structurée.
Ce qui fait que les élèves ont l’impression d’avoir davantage d’espace.
apprendre
Tina
Van Meenen, Urban Platform La cour de récréation du collège Sint Lutgardis à Auderghem, nouveau modèle du genre.

de nouveaux et intégré davantage la végétation au cœur des aménagements. Pour ce dernier point, il s’agissait d’une demande des élèves qui est ressortie lors des workshops organisés en leur compagnie. »

Sortir des murs de classe et réinventer le temps de re-création

La plupart des nouvelles écoles construites ces dernières années intègrent ces nouvelles donnes. Les cours de récréation, un potentiel souvent inexploité, retrouvent même dans certains cas un rôle d’espace public ouvert à tous. C’est par exemple le cas à Marbais où la zone de jeux est ouverte au public en dehors des heures scolaires. Un travail qui n’en est qu’à ses prémices et dont les perspectives sont nombreuses.

Comme à Perwez par exemple, où se balader dans le Collège Da Vinci permet de découvrir une architecture scolaire d’un nouveau genre. Un véritable arc-en-ciel de couleurs voulu par les architectes. « Les couleurs sont en écho au paysage et aux méthodes d’apprentissage, confie l’architecte Nathalie Vigneron, d’ÁRTER Architects, dans la revue A+. Elles invitent à des dynamiques différentes dans les cours de récréation »

Et si le temps de la récréation devenait un temps de re-création, un moment où s’alternent jeux, quiétude, éveil, découvertes des sens et des textures, un espace de vivre ensemble renégocié dans un lieu évoluant au gré des saisons ?

L’occasion de créer de nouvelles conditions d’apprentissage en dehors des murs, plus inventifs, plus inclusifs, plus résilients.

Activer les droits culturels des plus jeunes

La mission du Centre culturel du Brabant wallon de développement et de rayonnement culturel à l’échelle du territoire se traduit aujourd’hui par une attention toujours plus marquée pour les plus jeunes, des tout petits aux jeunes adultes, en passant par les adolescents. Pour ce faire, nous amplifions notamment notre capacité à amener la culture à l’école en accroissant le nombre d’établissements touchés par notre diffusion et médiation en arts de la scène pour le jeune public, notamment dans les communes sans centres culturels. Dans le cadre de la mise en place du Parcours d'Éducation Culturelle et Artistique (PECA) - pour lequel nous avons été désignés, depuis fin 2020, coordinateur et animateur du groupement d'opérateurs culturels référent scolaire en Brabant wallon - nous disposons d’un levier supplémentaire pour créer davantage de synergies entre les écoles et l’ensemble des acteurs du PECA présents sur le territoire. Par ailleurs, notre appui se porte également en direction du Collectif des Maisons de Jeunes (MJ) du Brabant Wallon pour susciter des liens et encourager les activités et projets communs entre les MJ brabançonnes. Création de courts-métrages, découverte et création de théâtre d'ombres, ateliers de hip-hop, stages autour des arts du cirque : autant de projets concrets ou à concrétiser qui viennent illustrer ce tropisme en direction des jeunes.

Il importe de noter que la consolidation de notre axe jeunesse est le fruit d’une méthode. Celle qui consiste à tisser un maillage toujours plus fin impliquant opérateurs culturels et artistes orientés vers les jeunes et le public scolaire et qui nous permet de jouer pleinement notre rôle d’assembleur à l’échelle de la province. Avec pour souci premier d’être au plus proche de la réalité et des enjeux qui concernent la jeunesse, d'œuvrer à son éveil et à son émancipation, tout en veillant à l’inclure dans des dispositifs participatifs. Le déploiement sur le territoire de nos nombreux spectacles, stages et ateliers faisant intervenir une grande diversité de disciplines dans des espaces variés - les lieux culturels, d’enseignement, les académies, les MJ, musées, bibliothèques,  mais aussi l’espace public, et les scènes ouvertes lors de festivals, etc. - est là pour en attester.

espacevie.be | mars 2023 19
le regard de la culture

MIDI DE L’URBANISME

Quel avenir pour les tiers-lieux en Brabant wallon ?

Vendredi 2 juin 2023 de 12h à 14h à Court-Saint-Étienne

Espace de coworking, fablab, espace culturel ou encore jardins partagés. Autant de concepts qui sont des tiers-lieux. Soit des espaces à mi-chemin entre lieu de vie, lieu de travail, lieu d'échanges et de créativité où la vie collective est mise en avant.

Le développement des tiers-lieux est en pleine expansion pour le moment. Le Brabant wallon n’y échappe pas. De quoi parle-t-on exactement ? Quelles ambitions peut-on donner à ces nouveaux concepts ? Le Brabant wallon est-il une terre propice au développement de ce type d’espace rassembleur et créatif ? Quelles dynamiques territoriales peuvent-ils créer ? Autant de questions auxquelles nous tenterons de répondre lors de notre prochain Midi de l’urbanisme.

Inscriptions obligatoires avant 30 mai via m.urbanisme@ ccbw.be ou mubw.be Prix : 5 euros

APPEL AUX AINÉS

12h-12h15 : Accueil et sandwichs

12h15 : début de la conférence

Adresse : Foyer Populaire

Centre culturel du Brabant wallon

3, rue Belotte, 1490 Court-Saint-Étiennee

Avec

Bruno Bianchet

Directeur scientifique du Centre de Recherche sur la Ville, le Territoire et le Milieu rural (Lepur), ULiège

Florence Trum

Attachée au cabinet de la ministre wallonne de l'Environnement et de la Ruralité

Deux pilotes de projet

Expériences de tiers-lieux en Brabant wallon

Vous avez 65 ans et plus, vous habitez en Brabant wallon, vous vous demandez quel sera votre logement demain, vous vous questionnez sur le devenir de votre maison et sur ce qui est opportun d'y entreprendre. Partager votre maison ou votre jardin vous parait envisageable ? Vous avez simplement envie de raconter l'histoire de votre maison ?

Si c’est le cas, votre profil peut nous séduire ! La Maison de l'urbanisme, en partenariat avec l'Institut Culturel d'Architecture, recherche des pépites comme vous pour organiser prochainement plusieurs échanges sur le sujet.  Infos et contact : b.dawance@ccbw.be - 0499 88 17 20

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