Tome 16
ARCHITECTURES 10 Espaces singuliers en Brabant wallon
par Anne Norman
Table des matières p. 3
Préface
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Introduction
p. 13 Salle de sport polyvalente à Tourinnes-Saint-Lambert (Walhain) Architecte : Grégoire Wuillaume Rue de la Cure 40 – 1457 Tourinnes-Saint-Lambert T. 010 65 99 18 – info@gregoirewuillaume.be www.gregoirewuillaume.be p. 19
Établissement d’enseignement spécialisé (EESPCF) à Braine-l’Alleud Architectes : Label architecture Rue de Flandre 121 – 1000 Bruxelles T. 02 502 89 05 – label@labelarchitecture.be www.labelarchitecture.be
p. 25
Crématorium à Court-Saint-Étienne Architectes : TEAU sprl / JAA sprl / AAVT sprl (association momentanée) Jourdain Architectes Associés (JAA) Avenue Alphonse Allard 240/1 – 1420 Braine-l’Alleud T. 02 343 72 99 – info@j2a.be www.j2a.be Architecture paysagère : EOLE sprl Avenue De Fré 229 – 1180 Bruxelles T. 02 538 36 93 – info@eole.eu www.eole.eu
p. 33
aison Hifi à Bousval (Genappe) M Architectes : Atelier d’Architecture Bruno Erpicum & Partners Avenue Baron Albert d’Huart 331 – 1950 Kraainem T. 02 687 27 17 – info@aabe.be www.aabe.be
Tome
p. 41 Royal Club Lasne Ohain à Ohain (Lasne) Architectes : LD2 Architecture Chaussée de La Hulpe 177/17 – 1170 Bruxelles T. 02 344 65 90 – info@ld2.eu www.ld2.eu
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A rchitect ures
p. 47 Centre sportif de La Hulpe Architectes : LD2 Architecture
10 Espaces singuliers en Brabant wallon
arking WN56 à Wavre p. 51 P Architectes : ABR Avenue des Combattants 92 – 1470 Bousval T. 067 77 37 47 – info@abr-architects.be www.abr-architects.be p. 57 Station d’épuration à Villers-la-Ville Architectes : ABR et AAVA AAVA : Chaussée de Namur 11 – 1400 Nivelles T. 067 84 30 72 – info@aava.be www.aava.be p. 63
Extensions de la clinique Chirec à Braine-l’Alleud Architectes : Art and Build Architect Chaussée de Waterloo 255 – 1060 Bruxelles T. 02 538 72 71 – info@artbuild.eu www.artbuild.eu
p. 69
Aménagement sur le site de l’ITP à Court-Saint-Étienne Architectes : Atelier 229 Place Flagey 7 – 1050 Bruxelles T. 02 633 64 60 – info@a229.be www.a229.be
À l’initiative du Brabant wallon
par Anne Norman
Préface Mathieu Michel, Député en charge de l’aménagement du territoire pour le Collège provincial
Une fois n’est pas coutume, cette année le tome Architectures n’est pas consacré à une thématique spécifique, ni à une fonction précise comme ce fut le cas dans les précédents numéros. Nous avons voulu plus particulièrement mettre à l’honneur des édifices de tailles et d’usages divers qui, même si leurs fonctions sont moins souvent représentées, n’en demeurent pas moins très intéressants et il aurait été injuste de les passer sous silence. Parmi ceux-ci, nous sommes heureux de pouvoir publier quelques projets publics et notamment ceux réalisés par l’IBW. D’une part, le crématorium de Court-Saint-Étienne, dit Champ de Court, inauguré en 2014, qui offre désormais un espace de qualité pour accompagner les défunts et leurs familles. Dans un tout autre registre, l’IBW est le maître d’ouvrage de la station d’épuration de Villers-la-Ville, qui allie avec brio fonctionnalité, intégration dans un site doublement classé et qualité architecturale. Ces deux exemples nous démontrent qu’aucune fonction ne doit être délaissée en architecture. Chacune d’elles constitue notre environnement bâti et à ce titre mérite la plus grande attention. D’autres projets ont également comme maître d’ouvrage des pouvoirs publics, comme les trois centres sportifs portés chacun par leur commune respective. Celui de Lasne signant ici un vrai petit bijou en matière d’architecture contemporaine. Nous sommes heureux d’œuvrer dans une démarche positive montrant à travers chaque tome ce qui se fait de bien dans le Brabant wallon. Notre objectif a été, est et restera la promotion d’une architecture qualitative dans tous les domaines concernés par le bâti. C’est donc avec un réel enthousiasme que nous Ricardo A. Garcia, Albarran Tubohotel, S.A. de C.V. Tepoztlan, Mexique © Luis Gordoa/gordoafotografia
vous présentons ce tome quelque peu atypique mais qui fait la part belle à ce qui se distingue par sa valeur.
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Architecture singulière Anne Norman
Dans la rue, tout me semble écrit. La ville est une architecture d’écriture. Jean-Marie Gustave Le Clézio, La Guerre, éditions Gallimard, 1970
La singularité d’une chose peut se manifester par son unicité, son originalité, sa particularité... Dans tous les cas, par le caractère qui lui est propre et qui la distingue des autres. En architecture, cette particularité peut provenir de l’approche spécifique à un projet, de la nature de la réponse formelle et programmatique apportée à un contexte, ou encore, par l’originalité de la fonction à laquelle elle répond. Dans cette publication, nous qualifions de singulier certains bâtiments dont la fonction demeure peu représentée en Brabant wallon. Chaque tome a toujours été consacré à une fonction ou une catégorie d’édifice précis. Cette fois, nous profitons des pages qui suivent pour vous présenter des projets qui, pour les raisons évoquées précédemment, sont trop peu nombreux et ne peuvent donc faire l’objet d’une publication liée à une fonction précise. La fonction est un des éléments qui singularise l’architecture. Par essence, l’architecture est utile, elle répond à un besoin précis. Le tout premier fut de s’abriter. Ensuite, avec l’évolution des sociétés, les édifices ont dû répondre à des besoins de plus en plus variés : lieux de pouvoir, de culte, de production, d’enseignement, d’archivage, de soins, de services divers, d’espaces tertiaires… La liste est infinie et ne cesse de croître à mesure que les sociétés se diversifient et se spécialisent tout à la fois. Il existera dans un futur pas si lointain des lieux répondant à des fonctions que nous ne pouvons encore envisager aujourd’hui. L’histoire s’accélère chaque jour davantage. L’architecture en est le parfait miroir. Mais la fonction n’est pas la seule composante de cet art si délicat à définir. Il intègre dans ses fondements même d’autres paramètres comme l’esthétique, la créativité, la technicité… Chacun de ces composants pourra à son tour singulariser l’architecture. Elle est l’équilibre subtil de tous les ingrédients qui la constituent.
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Architectures
Architecture singulière
Tome 16
Certains ont voulu accorder plus ou moins d’importance à l’un ou l’autre. Toutefois, dans la toute première
implantée a motivé un rééquilibrage indispensable des « ingrédients » architecturaux. Cet exemple démontre
définition de l’architecture qui soit parvenue jusqu’à nous, on retrouve l’évocation des multiples dimensions
comment l’architecture peut apporter une réponse qualitative, aussi au niveau esthétique, à n’importe
de cet art. En effet, au 1er siècle avant J.-C., l’architecte romain Vitruve, dans son traité De Architectura,
quelle fonction. Dans ce cas, le contexte a acculé le maître d’ouvrage et les architectes à approfondir la
l’avait déjà définie très pertinemment. Il a également précisé le rôle de l’architecte et le niveau nécessaire
réflexion tout en ne tombant pas dans le piège d’une façade pastiche totalement déconnectée de la réalité
de ses connaissances qui se doivent d’être quasi infinies, comme on peut en juger à sa lecture : Puisque
de ce qu’elle abrite. La fonction de l’édifice est apparente et fait une avec l’architecture. Il n’y a pas de leurre.
l’architecture doit être ornée et enrichie de connaissances si nombreuses et si variées, je ne pense pas
Certains architectes ont accordé plus d’importance à la fonction limitant le rôle des autres composants
qu’un homme puisse raisonnablement se donner tout d’abord pour architecte. Cette qualité n’est acquise
de l’architecture. Le mouvement fonctionnaliste se fondait, en effet, sur le fait que l’architecture devait
qu’à celui qui, étant monté dès son enfance par tous les degrés des sciences, et s’étant nourri abondamment
uniquement découler de la juste réponse aux besoins fonctionnels. La célèbre phrase de Louis Sullivan form
de l’étude des belles-lettres et des arts, arrive enfin à la suprême perfection de l’architecture. Il y a plus de
follows function résumait cette démarche. Rien ne pouvait s’interposer entre la réponse précise aux besoins
2 000 ans, cet homme avait parfaitement saisi la nature transversale et pluridisciplinaire de l’architecture.
d’une fonction et la forme architecturale qui en découle. Pourtant, nombreux des bâtiments produits selon
Cet art se dérobe dès qu’on essaye de l’enfermer dans un cadre défini. Vitruve mentionne également trois
cette théorie présentent un intérêt esthétique manifeste. Et ce dernier ne découle pas uniquement de la
facteurs qui lui sont essentiels : la solidité, l’utilité, l’agrément : à la solidité, en creusant les fondements
réponse formelle stricte à un usage précis. Il n’existe jamais une seule réponse en architecture. La plupart
jusqu’aux parties les plus fermes du terrain, et en choisissant avec soin et sans rien épargner, les meilleurs
des émules de ce mouvement étaient avant tout des artistes, bien qu’ils étaient les premiers à désavouer
matériaux ; à l’utilité, en disposant les lieux de manière qu’on puisse s’en servir aisément, sans embarras, et
ce statut. Les proportions, l’agencement des formes, leurs rapports, la mise en valeur de la nature des
en distribuant chaque chose d’une manière convenable et commode ; à l’agrément, en donnant à l’ouvrage
matériaux… tout cela a contribué à l’élaboration d’une authentique esthétique. Cette dernière était dépouillée
une forme agréable et élégante qui flatte l’œil par la justesse et la beauté des proportions.1
de tout ajout excessif comme ce fut souvent le cas dans les architectures antérieures. Toutefois, sa dimension
Les projets que nous présentons dans ce tome ont réussi ce subtil mélange qui caractérise l’architecture.
esthétique était bien réelle. Le Corbusier, qui fut sous certains aspects fonctionnaliste, ne dénigrait pas la
Certains nous donnent l’exemple de réponses pertinentes à des fonctions souvent orphelines au niveau de
dimension artistique de sa profession, tout au contraire. Sa fameuse définition de l’architecture comme étant
la qualité de leur bâti. C’est le cas notamment des stations d’épuration. La dimension technique de ces
le jeu savant, correct et magnifique, des volumes sous la lumière est très explicite à ce propos. Répondre
constructions est tellement prégnante que la plupart du temps elle balaye toute autre considération, faisant
le plus « purement » possible aux exigences d’une fonction n’est pas à la portée de tous. Beaucoup s’y sont
de ces ouvrages des bâtiments « machines ». Ce terme n’étant pas à prendre au sens où Le Corbusier parlait
essayé et ont échoué. C’est aussi absurde que de vouloir créer une architecture de qualité en partant d’un
de « machine à habiter ». Le contexte particulièrement délicat dans lequel la station de Villers-la-Ville s’est
texte de loi. L’architecture est complexe dans son essence et le restera. La limiter à l’un ou l’autre de ses éléments est une grave erreur, pire, une impossibilité intrinsèque.
1. Vitruve, De l’Architecture, Livre 1, traduction nouvelle par Ch-L Maufras, C.L.F. Panckoucke, 1847.
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10 Espaces singuliers en Brabant wallon
Architectures
Architecture singulière
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Absolument toutes les fonctions peuvent générer une architecture de qualité. Si la plupart du temps ce
salles d’opération. Moins évident peut-être, la constatation qu’une classe dotée de vastes fenêtres donnant
n’est pas le cas, c’est tout simplement qu’on ne se donne aucune peine pour y arriver ou, plus tristement,
sur des espaces verts, au lieu de déconcentrer les élèves stimule au contraire leur concentration. Une étude
qu’on manque de talent. Pourtant, on ne répètera jamais assez à quel point la qualité de l’architecture influe
menée par l’université de Géorgie aux États-Unis a démontré que sur 10 000 élèves répartis sur 71 écoles de
sur celle de nos vies. Les crématoriums, espaces abritant un moment ultime de l’existence, furent à leurs
cet État, ceux dont les classes étaient dotées de fenêtres donnant sur des jardins ou des paysages naturels
débuts dépourvus de qualité et de réflexion spatiale appropriée. Les crématoriums ne sont a priori pas des
ont obtenu de bien meilleurs résultats que les autres. Les exemples sont quasi infinis. On peut simplement
lieux auxquels on aime penser. En Belgique, le premier édifice de ce type fut celui d’Uccle ouvert à la fin des
s’étonner que l’évidence de ces conclusions ait dû attendre la confirmation du milieu scientifique pour que
années soixante. Ce dernier est sans doute pratique sous divers aspects, mais on ne peut pas dire que son
ce rôle soit enfin reconnu.
architecture exalte quoi que ce soit à part un sentiment plus profond encore de tristesse. Depuis, la prise
Si l’influence de l’architecture sur ses usagers est désormais admise, celle de l’environnement bâti sur
de conscience de l’importance de l’architecture et de l’aménagement paysager de ces lieux a engendré des
tout un chacun est tout aussi évident. D’où l’importance de la production d’un bâti de qualité, quelles qu’en
projets de qualité. Les architectes qui ont conçu le crématorium de Court-Saint-Étienne, inauguré en 2014,
soient la fonction et l’échelle.
ont mené une réflexion profonde sur le sens de ces espaces, sur le ressenti des proches et sur le moyen de
Une autre manière de singulariser l’architecture est la réponse apportée à un contexte donné. L’originalité
les guider au mieux dans ce moment déterminant. L’architecture nous accompagne, devient l’écho spatial
de cette dernière, à condition bien entendu qu’elle ne soit pas un objectif en soi, nous a convaincu d’intégrer
d’un processus unique. Elle le fait avec subtilité, souvent sans qu’on en soit conscient. Elle ne nous contraint
dans ce tome un projet d’habitat. Dans cet exemple, l’architecte et les maîtres d’ouvrage se sont retrouvés
pas mais nous mène subtilement. Il en va de même pour les espaces de soins. Les hôpitaux prennent
autour d’un élément fédérateur issu du contexte dans lequel allait s’implanter le projet. Ce qui a induit le
désormais en compte le bien-être psychique de leurs patients autant que leur santé physique. Nous avons
projet, c’est un arbre. Un arbre majestueux dont l’énergie fabuleuse a séduit les propriétaires et l’auteur de
intégré que l’état mental des personnes était fondamental dans le processus de guérison. Tout comme
projet. En quelques minutes, les grandes lignes de la future maison étaient dessinées. Le positionnement
nous avons pris conscience, enfin, de l’importance des contacts humains, nous admettons désormais que
de l’arbre, sa forme, sa texture, sa personnalité sont les éléments qui ont structuré l’ensemble du projet.
les espaces ont une incidence considérable sur notre santé mentale et, de ce fait, physique. Les recherches
Tous ces ingrédients ont été intégrés dans l’élaboration de l’oeuvre architecturale. Démarche singulière qui
allant dans ce sens prennent d’ailleurs de plus en plus d’ampleur au point de créer une discipline spécifique :
demande une grande sensibilité et la capacité d’intégrer la dynamique du non bâti au cœur de l’architecture
la psychologie environnementale. En Angleterre, par exemple, l’École Kingsdale à Londres a été conçue
tout en élaborant un projet qui réponde à toutes les exigences modernes. Pour cela, il faut les connaissances
avec la collaboration d’architectes et de psychologues afin de concevoir des espaces stimulant la cohésion
nécessaires à cette discipline si exigeante qu’est l’architecture mais aussi le talent de l’homme de l’art.
sociale, l’attention et la créativité. Pour prendre un cas très explicite, la hauteur sous plafond : il apparaît que
Une fois de plus, nous nous réjouissons de partager avec vous la découverte de ces quelques projets
les plafonds plus élevés seraient favorables à la liberté de pensée et faciliteraient la création de concepts
qui, chacun à sa manière, participent à l’élaboration de notre environnement, lui-même espace dans lequel
abstraits, alors que des plafonds plus bas stimuleraient la concentration, notamment très utile dans les
s’accomplissent nos vies.
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ARCHITECTE
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Grégoire Wuillaume
Salle de sport polyvalente à Tourinnes-Saint-Lambert (Walhain) En bordure du village de Tourinnes-Saint-Lambert, un édifice assure la transition entre la campagne et le tissu bâti. Aux lignes sobres et légères avec une toiture inclinée vers les maisons, il s’ouvre au paysage tout en constituant un écho à ses dominantes horizontales. Ce petit bâtiment de 25 mètres de large sur 10 mètres de profondeur abrite les infrastructures sportives de la commune mais sert également de salle pour des diverses activités accessibles aux habitants de l’entité. Il s’agit d’une architecture sans prétention dont la structure induit l’espace. Pourtant, ses proportions, l’agencement des lignes principales, un traitement tout en finesse et en précision des finitions et des détails, attirent immédiatement le regard. À l’origine du projet, une demande de la commune de Walhain désireuse de remplacer la buvette du terrain de sport par un édifice pouvant accueillir les activités sportives et servir aussi de salle de village. Situé juste à côté de l’école, il offre également des possibilités d’occupation à cette dernière. Ce qui ne se révèle pas au premier coup d’œil, ce sont les performances énergétiques qui ont prioritairement structuré le projet. Réalisé en 2008, il fait figure de pionnier à cet égard. La plupart des matériaux utilisés sont de provenance proche. Le bois de façade est du mélèze d’Autriche particulièrement résistant. Par contre, trouver ce type de bois pour les châssis s’est avéré mission impossible car les Autrichiens conservent le meilleur pour le marché national. Les châssis ont donc dû être réalisés en Afzélia. L’objectif était d’élaborer une architecture la plus durable et autonome possible en fonction du budget disponible. Étant donné la taille du terrain et la qualité du sol, il a été possible d’utiliser 550 m2 de
Photo : B. Castay
Architectures Tome 16
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Salle de sport polyvalente
Grégoire Wuillaume
Architectures
à Tourinnes-Saint-Lambert (Walhain)
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surface pour l’emplacement de serpentins assurant le captage de la chaleur contenue dans les terres. L’emploi combiné d’une pompe à chaleur pour le chauffage, de panneaux solaires pour la production d’eau chaude, d’une ventilation mécanique avec échangeur à plaquettes permettant de récupérer de la chaleur avant l’extraction de l’air, ainsi que d’une citerne d’eau de pluie de 20 000 litres… offre une belle autonomie à l’ensemble. Le tout est associé à l’usage d’un vitrage présentant un bon K et à l’emploi de blocs alvéolés Monomur en terre cuite de 40 centimètres offrant une capacité de stockage de la chaleur performante sans usage d’isolant. Le reste des matériaux est d’une grande simplicité et très bon marché, permettant de consacrer une grande partie du budget aux techniques durables. La toiture est réalisée en tôles de ciment ondulées et les sols sont en chape de béton lissé.
Photos : B. Castay
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Salle de sport polyvalente
Grégoire Wuillaume
Architectures
à Tourinnes-Saint-Lambert (Walhain)
Tome 16
Le programme comprend un sous-sol avec un local technique et les vestiaires avec douches, dotés d’un accès direct depuis les terrains extérieurs avec une zone pour décrotter les chaussures de foot. L’étage abrite un bar avec cuisine ainsi qu’un vaste espace ouvert modulable grâce à des cloisons coulissantes. Comme évoqué précédemment, cette architecture tire aussi ses qualités de ses proportions parfaitement étudiées, de ses lignes bien balancées et du soin apporté aux détails comme : les têtes de poutrelles protégées contre la pluie, l’insertion de ventilations dans les châssis, le débord de la toiture, la rive en zinc… Un travail que l’architecte dit modeste et sans prétention, ce qui lui procure sans doute ses plus grandes qualités. L’architecture exprime des préoccupations justes et un souci du dialogue avec l’environnement qui lui confèrent une grandeur au-delà de sa simplicité apparente.
Photo : G. Wuillaume
ARCHITECTES
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Label architecture
Établissement d’enseignement spécialisé (EESPCF) à Braine-l’Alleud Ce projet est le fruit d’un concours piloté par la Communauté française en 2009. Il s’implante dans le périmètre d’un campus accueillant l’Athénée Riva Bella tout en étant totalement autonome. L’objet de la compétition concernait à la fois un centre PMS et une École pour l’accueil d’enfants handicapés. Finalement, pour des raisons de budget, seule l’école a été réalisée. Le programme comprend : des classes, une salle de gym, un réfectoire, une salle des profs, une bibliothèque, des vestiaires, des réserves et des locaux techniques et d’entretien au rez-de-chaussée et la partie administrative au premier. L’ensemble se déploie sur 940 m2. L’école s’implante en bout de campus tout en possédant son périmètre avec aire de bus et entrée spécifiques. Le terrain présente un dénivelé de plus ou moins 1,80 mètres. Les architectes ont enclavé l’édifice dans le talus permettant ainsi un accès de plain-pied à ses deux niveaux (rez-de-chaussée et premier). L’objectif était la création d’une architecture la plus ouverte possible. Elle prend la forme d’un quadrilatère cassé sur deux de ses côtés dégageant une zone extérieure intégrée dans le volume global. Cet espace sert de préau. Le bâtiment se structure autour d’un vaste volume ouvert sur le rez-de-chaussée et le premier. Il s’agit de la salle de gymnastique attenante au réfectoire. Les deux espaces se modulent grâce à des cloisons en accordéon. La salle est entièrement ouverte sur l’intérieur de l’édifice. Elle constitue à la fois le point
Photo : B. Castay
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Établissement d’enseignement spécialisé
Label architecture
Architectures
(EESPCF) à Braine-l’Alleud
Tome 16
d’articulation et une source de lumière pour les zones de circulation. Elle a été conçue de manière à pouvoir traverser l’édifice en ligne droite depuis le rez-de-chaussée jusqu’à l’entrée administrative située au premier. La circulation, droite au rez-dechaussée, se dilate à l’étage, le long de la salle de gym délimitée par une poutre en biais qui remonte pour récupérer le dénivelé. L’édifice prend l’allure d’un cube évidé par endroits. Sa masse quasi noire dévoile alors une chaire jaune. Les façades sont revêtues de carreaux d’ardoise Alterna (Eternit) de 30 x 30 posés sur pointe. Cette peau se poursuit visuellement sur le sol par des carreaux de béton gris clair, mais initialement prévus en noir. Une seule façade est enduite, comme en attente d’une extension potentielle. La façade nord-ouest qui accueille les enfants est creusée dans la masse sombre et déploie une succession de châssis jaunes formant une longue ligne brisée. La partie creusée sert de zone intermédiaire, ni dedans, ni dehors. L’usager se sent déjà intégré dans cette architecture qui l’attire immanquablement. La zone couverte, signalée au sol par un revêtement ocre, permet également
Photo : © bepictures
Photos : B. Castay
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Établissement d’enseignement spécialisé
Label architecture
Architectures
(EESPCF) à Braine-l’Alleud
Tome 16
d’accéder à la terrasse du premier étage sur laquelle s’ouvrent toutes les classes. Elle offre aussi une issue de secours secondée par un autre chemin de fuite intérieur. Une fois à l’intérieur de l’école, une coulée jaune guide les usagers à travers l’espace en suivant les aires de circulation dont l’amplitude spatiale fluctue, atteignant sa dilatation maximale le long de la salle de gymnastique. L’édifice apparaît comme un cube sculpté, évoquant par instant les origamis. Il attire et suggère aux enfants un jeu spatial, un langage à la fois ludique, joyeux et protecteur. Il invite sans écraser. À l’origine, le périmètre devait être complété par une clôture recouverte de lierre accentuant l’impression d’intimité et d’abri. À ce jour, le grillage n’a pas encore été investi par la végétation.
Photo : B. Castay
Photo : © bepictures
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ARCHITECTES
TEAU sprl / JAA AAVT sprl
Crématorium à Court-Saint-Étienne
sprl
/
Architecture paysagère : EOLE sprl
Quelle qu’en soit la fonction, l’architecture accompagne nos vies, à chaque instant. La qualité des espaces qu’elle nous propose fait toute la différence. Elle agit en filigrane et impacte nos ressentis. Elle a le pouvoir de stimuler notre bien-être ou, au contraire, notre inconfort physique et psychique. L’accompagnement ultime d’une personne constitue un moment clé de nos vies. Il nous met face à la séparation définitive, à l’absence, à notre propre finitude. Ce sont des étapes importantes que l’architecture peut magnifier ou banaliser. Quand ces événements se déroulent dans des espaces impersonnels, standardisés, la mort prend une dimension encore plus douloureuse et nos vies y semblent dépouillées de sens. Le crématorium de Court-Saint-Étienne, dit Champ de Court, par ses qualités spatiales et son travail sur le paysage, met tout en place pour que ce moment soit unique. L’espace s’y déroule en suivant une courbe temporelle. Il spatialise l’immatérialité du deuil. Pour ce faire, l’architecture et le paysage travaillent de concert. Ensemble, ils ritualisent ce passage au-delà de toute croyance. On accède sur la partie haute du site où se trouve l’aire de parking. À ce stade, rien ne nous est révélé du paysage. On en devine simplement la présence. On accompagne le défunt et pénètre dans le site avec lui. Puis, on bifurque vers l’accueil donnant accès aux deux salles du crématorium. L’espace d’accueil possède deux fenêtres qui assurent encore un lien avec le monde extérieur, la vie, le quotidien. Une fois à l’intérieur de la salle, on entre dans une autre phase. Plus aucun contact avec l’extérieur n’est physiquement possible. L’espace y est totalement clos et orienté autour du catafalque. Le défunt est au centre de l’attention. Situé au milieu de l’espace, il est entouré par ses proches. À l’issue de la cérémonie,
Photo : Ph. Jourdain
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Crématorium à Court-Saint-Étienne
TEAU sprl / JAA sprl / AAVT sprl
Architectures
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Sa beauté, son étendue, sa sérénité éblouissent et réconfortent tout à la fois. Il nous ramène à la nature, au vivant, à la lumière naturelle. À aucun moment on ne peut avoir une vue sur ce paysage avant d’avoir effectué l’ensemble du parcours. Il faut avoir vécu le cheminement. Ensuite, on peut se rendre à la cafétéria ou se promener. À l’autre bout du site, un petit édifice fait de béton et de bois est réservé à la remise des cendres. Puis, chacun sort et rejoint la vie quotidienne. Mais avant cela, il aura accompli un parcours, une boucle, ne repassant jamais deux fois au même endroit. On ne quitte pas le crématorium par l’entrée. Les vivants ont ainsi partagé un parcours avec le défunt mais ensuite empruntent une voie spécifique, laissant le mort derrière eux. le cercueil descend au sous-sol à travers une trappe, évoquant la mise en terre culturellement ancrée
Le cheminement a été pensé d’un bout
dans notre imaginaire. Les proches peuvent faire des gestes intégrés dans l’inconscient collectif comme
à l’autre et conçu pour que les personnes ne
jeter des fleurs, se regrouper durant la descente… Ensuite, on quitte cet espace centrifuge pour un couloir
croisent pas d’autres obsèques. L’édifice et
assez étroit, tout en longueur, toujours sans fenêtre. L’attention se centre cette fois sur la famille pour les
le site isolent du voisinage bâti et de la réalité
condoléances. Ce lieu participe à la dynamique de l’itinéraire en opposition à l’espace statique précédent.
extérieure.
Puis, la progression continue et on est dirigé vers une passerelle qui aboutit sur le paysage. Cet enjambement est hautement symbolique et nous ramène à la vie. La vue du paysage constitue alors un choc positif.
L’architecture emmène les proches dans une abstraction qu’ils ne vivent pas ailleurs.1
1. Stéphane Jourdain lors d’une interview.
Photos : Ph. Jourdain
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Crématorium à Court-Saint-Étienne
TEAU sprl / JAA sprl / AAVT sprl
Architectures
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Les lignes sont pures, sobres, les proportions harmonieuses. Les matériaux participent à cette « essentialité » spatiale : pierre claire naturelle, béton, enduit clair, bois, et métal pour la passerelle. Le travail sur la lumière y est capital. Elle rythme le parcours et participe à la spiritualité de l’architecture. Ses sources en sont indéterminées afin de la rendre la plus abstraite possible. Les lignes de l’architecture répondent à celles du paysage travaillé en paliers et lignes brisées scandées par des murets en gabion. La nature et l’architecture travaillent à l’unisson pour donner à ce lieu sa transcendance.
Photos : B. Castay
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Crématorium à Court-Saint-Étienne
TEAU sprl / JAA sprl / AAVT sprl
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Photo : Ph. Jourdain
Photos : B. Castay
ARCHITECTES
Maison Hifi à Bousval (Genappe)
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Atelier d’Architecture Bruno Erpicum & Partners (AABE)
Cette maison singulière est tout autant une production de la nature que des hommes. Elle constitue une parfaite résonnance à l’univers végétal qui l’entoure. Elle est la conséquence de son environnement naturel et plus particulièrement d’un arbre prodigieux, un chêne digne des plus purs contes de fées. Les maîtres d’ouvrage ont immédiatement été conquis par deux beaux arbres sur ce site niché dans un quartier au tissu bâti hétérogène dont le liant est assuré par la végétation. Quand l’ancien propriétaire taille un des arbres, c’est la consternation. Seules la présence intacte du plus magnifique des deux et la promesse d’une lente repousse du second les ont convaincus d’acheter malgré tout. Quand l’architecte arrive à son tour sur le terrain, le projet surgit instantanément, inspiré par la force qui se dégage du chêne, notamment de la puissance de son écorce. Cette force de la matière, Bruno Erpicum veut l’insuffler à la maison qui devient l’écho énergétique du puissant végétal. Le terrain possède trois niveaux : une partie en contact avec la rue, un plateau et ensuite une forte pente vers le fond du jardin où se trouve une ancienne piscine. Ce relief naturel est laissé tel quel. Tous les éléments antérieurs à la maison sont conservés en l’état. La nature non paysagée entoure la demeure qui semble se fondre en elle. La maison se déploie sur deux ailes qui s’ouvrent comme des bras autour de l’arbre, à une certaine distance pour ne pas le gêner. En réalité, elle se glisse entre les deux arbres, se tournant vers le plus majestueux. Elle s’oriente vers l’arbre et se détourne du bâti. Le nord accueille l’entrée et le garage. Un mur perpendiculaire à la façade protège les chambres de la zone publique.
Photos : aabe
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p. 34 Architectures
Maison Hifi à Bousval (Genappe)
Atelier d’Architecture Bruno Erpicum & Partners (AABE)
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Tome 16
Tome 16
La rugosité de l’écorce du chêne se retrouve dans la chair de la maison, faite de murs en béton banché non vibré qui laisse apparaître les agrégats. Chaque strate de béton de quelques 30 centimètres a été travaillée artisanalement, comme on sculpte une pierre pour arriver à la texture idéale. On obtient ainsi une surface alternant douceur et rugosité, exactement comme l’écorce de l’arbre. Ces murs rugueux se déploient entre deux vastes surfaces en béton lisse, le sol et le plafond. Ce contraste est fondamental et équilibre les forces. D’autres matières alternent avec la puissance de ce béton : le verre des fenêtres et le chêne brossé pour les menuiseries. La maison est littéralement habitée par la matière. Une hauteur sous plafond réduite à 2,40 m amplifie l’effet de cadrage et la puissance formelle de l’ensemble. Les lignes de la toiture et des murs, très puissantes, alternent avec une grande transparence, toujours dans ce souci d’équilibrer les contrastes.
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Maison Hifi à Bousval (Genappe)
Atelier d’Architecture Bruno Erpicum & Partners (AABE)
Tome 16
Architectures Tome 16
Tous les détails ont été dessinés avec une précision d’horloger afin de laisser la matière prendre toute sa puissance. Elle prime sur le décor. Par ailleurs, cette architecture évite l’affichage des techniques, tout fonctionne à l’unisson comme un être vivant. Aucun mécanisme n’est visible, les portes sur pivots fonctionnent avec un système hydraulique mis spécialement au point, les portes coulissantes ne présentent aucun rail ni au-dessus, ni en dessous, les fenêtres fixes ont été privilégiées afin de limiter les châssis, ce sont de simples inserts de bois qui assurent la transition avec le béton. À l’inverse, pour les rares baies coulissantes, le cadre s’affiche comme un tableau. Les colonnes sont des croix en acier coulé. Les luminaires sont placés au-dessus de la dalle de béton afin que la lumière émerge de la matière. Toutes les portes sont sur pivot ou coulissantes sans rail ni au-dessus ni en dessous. Les corps des robinets sont insérés dans le coffrage du béton, le travail de plomberie a donc été intégré dès le gros œuvre. Il en va de même pour l’installation électrique. Il fallait aussi songer à l’isolation de la maison en concevant suffisamment de murs extérieurs en béton qui ne soient pas en contact avec l’intérieur. Il n’y a jamais un mur en béton à la fois à l’intérieur et à l’extérieur. Le résultat est un édifice vivant, puissant, sans greffon ni élément qui ne participe à l’énergie globale qui s’en dégage. Les matériaux ne se détériorent pas, ils se patinent. Cette maison évoque une grotte, un retour aux sources, le confort moderne en plus. Y vivre est une expérience à la fois physique et spirituelle. L’architecture nous projette dans une dimension fondamentale de notre expérience en tant qu’être vivant participant à une nature qui nous dépasse et nous englobe tout à la fois. Elle nous reconnecte à nos racines et à notre essence profonde.
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Maison Hifi à Bousval (Genappe)
Atelier d’Architecture Bruno Erpicum & Partners (AABE)
Architectures Tome 16
ARCHITECTES
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LD2 Architecture Stéphane Dachy, Frédéric Devos,
Royal Club Lasne Ohain à Ohain (Lasne)
Stéphane Van Lint
Le bâtiment qui accueille désormais les clubs de foot d’Ohain et de Lasne sous un même toit fera date dans l’histoire de l’architecture contemporaine de la commune. Réputée pour une frilosité certaine en matière de création architecturale contemporaine, la commune de Lasne est pourtant le maître d’ouvrage qui a permis l’émergence de cet édifice clairement inscrit dans son époque. Cette prouesse est, entre autres, due au dynamisme de l’échevine des sports alors en charge du projet et à la volonté des deux clubs fusionnants de donner une image positive de cette union. La construction s’implante sur le sommet d’une crête dans un endroit totalement dégagé. Les architectes ont voulu apporter une réponse harmonieuse à ce contexte en imaginant un bâtiment le plus bas possible, tout en longueur et transparence. L’architecture répond ainsi aux lignes dominantes du paysage, comme un écho bâti à ce dernier. Réalisé en voiles de béton préfabriqués incluant l’isolant, l’édifice est robuste, conçu pour résister à un usage intensif. Pourtant, il s’en dégage une grande légèreté. La partie basse en béton offre une assise forte et abrite les vestiaires et les douches. Cette zone est partiellement enterrée. Cette base opaque alterne avec un étage presque entièrement vitré réservé à la cafétéria, aux cuisines et aux réserves. Ce vaste espace ouvert est ceint par deux longues horizontales en béton (la dalle et la toiture) et le mur d’une des façades latérales. Ouvert sur le quatrième côté, la toiture et le socle se prolongent en terrasse. Le résultat est aérien, l’étage semblant se dématérialiser, mettant en valeur les deux horizontales comme deux traits parallèles unissant la terre et le ciel. Un volume vertical traversant interrompt cette transparence tout en la mettant en valeur. Ce bloc équilibre dynamiquement l’ensemble
Photos : M. Detiffe
Architectures Tome 16
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Royal Club Lasne Ohain à Ohain (Lasne)
LD2 Architecture
Tome 16
Architectures Tome 16
tout en permettant de masquer les locaux techniques (cuisines et réserves) et les techniques double flux situées en toiture. Réalisé en tôle d’acier, ce bloc évoque également l’architecture en container qu’avaient envisagée les architectes lors de leurs premières réflexions sur le projet. Une passerelle longe l’espace de la cafétéria et sert aussi de tribune. Il a fallu être très vigilant lors de la mise en œuvre de cette dernière afin de conserver une horizontalité parfaite, notamment au point de jonction entre les différents blocs de béton. Afin de conserver la finesse des lignes de béton, l’isolant de la toiture est en recul et laisse la ligne de rive la plus fine possible. Les descentes d’eau de pluie sont intégrées dans les châssis. Tout a été mis en œuvre pour assurer la pureté formelle des lignes dominantes.
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Royal Club Lasne Ohain à Ohain (Lasne)
LD2 Architecture
Architectures
Tome 16
Tome 16
Au
niveau
de
l’isolation,
une
attention
particulière a été accordée aux ponts thermiques. Tous les balcons de la coursive sont désolidarisés du bâtiment assurant une coupure thermique de 15 centimètres minimum. Le résultat est une architecture d’une grande pureté offrant en outre un usage spatial optimal. Il s’agit d’un exemple rare qui prouve qu’un projet au budget limité, devant répondre à de fortes contraintes d’usage peut parfaitement produire une architecture contemporaine et qualitative.
ARCHITECTES
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LD2 Architecture Stéphane Dachy, Frédéric Devos,
Centre sportif de La Hulpe
Stéphane Van Lint
Cette salle de sport s’implante sur un site qui regroupe plusieurs activités sportives communales. Le terrain disponible présentait deux contraintes majeures : la présence de terrains de tennis couverts d’un côté du site et la rivière l’Argentine de l’autre. Il fallait donc imaginer un édifice qui puisse unifier l’ensemble. En outre, une salle de sport est semblable à une vaste boîte, peu aisée à moduler. Le volume souvent imposant évoque volontiers l’architecture des hangars industriels. Créer un vaste volume dont une des fonctions est de servir de liant visuel et spatial n’est pas simple, le tout dans une enveloppe budgétaire limitée. Les architectes ont imaginé un vaste mur écran courbe qui assure cette jonction. Il masque à la fois le volume de la salle tout en la connectant à son environnement. La façade assume ce rôle sans faux semblant. Il s’agit bien d’un écran qui s’affiche en tant que tel. Les matériaux mis en œuvre font également le lien avec l’environnement. La dimension minérale est matérialisée par des murs en gabions. Ces derniers constituent l’avant-plan d’un voile métallique, écran translucide qui permet à la végétation de s’y accrocher. En troisième position, apparaît la paroi délimitant la salle surmontée par une partie haute en bardage métallique. Cette façade crée un événement autour de l’entrée, elle la met en scène. Derrière les murets en gabions se cache une passerelle qui permet d’accéder à l’étage de la salle. L’espace intérieur est constitué d’une vaste salle omnisport qui présente la particularité d’être ouverte sur l’extérieur sur plusieurs travées de la façade arrière donnant sur l’Argentine. Cette liberté prise sur le cahier des charges sportif qui, normalement, rejette ce type d’ouverture, apporte une atmosphère chaleureuse à l’intérieur et offre de belles vues sur l’extérieur.
Photo : B. Castay
Architectures Tome 16
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Centre sportif de La Hulpe
LD2 Architecture
Architectures
Tome 16
Tome 16
Photo : B. Castay
Photos : B. Castay et LD2 Architecture
ARCHITECTES
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ABR
Parking WN56 à Wavre L’architecture des parkings représente un réel défi. Un nombre significatif de parkings est construit chaque année, un peu partout dans le monde, mais la réflexion s’arrête bien souvent aux considérations pratiques de leur gestion, délaissant la dimension esthétique. Cette fonction fait certainement partie des plus négligées de l’architecture. Ce parking qui offre près de 1 000 places est donc intéressant à plus d’un titre. Il s’agit en réalité de deux entités de parking quasi identiques desservant le site d’une société pharmaceutique. La gestion des flux qui constitue un des points clés dans l’élaboration de ce type de bâtiment prend ici une dimension tout à fait particulière car l’entièreté du site fonctionne sur base d’accès hiérarchisés. Il a donc fallu gérer les multiples flux de circulations automobile et piétonne. Le terrain présente une déclivité. Les architectes en ont profité pour ancrer le bâtiment le plus bas possible afin de permettre une connexion de plain-pied pour les accès piétons. Les lignes de l’édifice épousent l’inclinaison du terrain. Les auteurs de projet ont opté pour une structure en grand portique sans colonne de façade à façade. Il s’agit d’une structure en acier couverte de hourdis et protégée par un bardage en métal déployé blanc. Les soutènements sont en gabions de pierres. Des cages d’escaliers entourées de métal déployé ponctuent l’ensemble. La conception fonctionne sur le principe d’une double hélice sans croisement des véhicules montants et descendants. Le principe est de garer sa voiture le plus haut possible et de remplir le parking au fur et à mesure. Quand on redescend, on passe entre les rampes par lesquelles on est monté. L’ensemble du parking est en pente douce et chaque zone construite abrite des emplacements, ceci dans un souci évident d’optimiser l’espace.
Photos : S. Brison
Architectures Tome 16
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Parking WN56 à Wavre
ABR
Tome 16
Architectures Tome 16
Les architectes, les ingénieurs et l’entreprise ont travaillé de concert dès la conception afin de transcrire de manière efficace et esthétique l’ensemble des paramètres : gestion des flux de circulation, reprise des niveaux, des portiques d’accès… Une attention toute particulière a été donnée à la gestion des eaux. Un système de récupération des eaux a été intégré dans les joints de dilatation ainsi que dans les structures du bâtiment. Le résultat est un outil qui fonctionne parfaitement et qui ne délaisse pas l’intégration paysagère et l’esthétique. Le maître d’ouvrage était désireux d’un bâtiment aérien, discret, qui pouvait s’accorder avec l’architecture préexistante tout en répondant efficacement à sa fonction.
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Parking WN56 à Wavre
ABR
Architectures Tome 16
ARCHITECTES
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ABR et AAVA
Station d’épuration à Villers-la-Ville Il aura fallu quatorze années, deux bureaux d’architecture et un nombre considérable d’études et de négociations pour voir aboutir ce projet. Le contexte est complexe à plusieurs niveaux : le site se situe dans le périmètre classé des Ruines de l’ancienne Abbaye de Villers-la-Ville et en bordure d’une zone boisée Natura 2000. Le terrain se trouve entre une voie de chemin de fer, la Thyle et un étang. Y implanter une station d’épuration constituait une réelle gageure. La société d’ingénierie TPF mandatée par l’IBW (maître d’ouvrage) se confrontait à une succession de refus. Ils ont alors demandé au bureau d’architecture ABR de trouver une proposition architecturale compatible avec la complexité du site. Ces derniers ont tout mis en oeuvre pour en préserver l’intégrité (notamment des vestiges historiques situés sur la rive gauche de la Thyle et dans l’aulnaie au nord du site). Une des options a été d’implanter le bâtiment sur une sorte de langue de terre entre l’étang et la Thyle. Cette solution permettait de ne pas toucher au cours naturel de la rivière et de préserver au maximum le plan d’eau. Il fallait donc concevoir une architecture très compacte, répondant parfaitement au cahier des charges technique lié à sa fonction, mais aussi d’une qualité esthétique conciliable avec la nature des lieux. Les matériaux choisis - gabions de grès schisteux et acier Corten patinable - s’harmonisent intelligemment avec l’environnement naturel et bâti. L’acier Corten a depuis été utilisé sur le site même de l’Abbaye, prouvant la justesse de ce choix. Quant au schiste, il est abondamment utilisé dans les divers édifices constituant le domaine abbatial.
Photos : B. Castay
Architectures Tome 16
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Station d’épuration à Villers-la-Ville
ABR et AAVA
Architectures
Tome 16
Tome 16
Afin d’optimiser l’intégration de l’infrastructure
ABR
hydraulique, les architectes avaient également prévu le traitement végétalisé de la toiture. Le bureau ABR a ainsi posé les grands axes du
projet
(matériaux,
implantation),
respectant
en tout point les exigences environnementales et patrimoniales dictées par le Certificat de Patrimoine. Ensuite, une multitude d’étapes a encore été nécessaire, dont des recours contre le projet qui faisait naître des craintes quant à la préservation de ce site exceptionnel. Ce n’est qu’après plusieurs années que la mission a pu être poursuivie par un second bureau d’architecte, AAVA. Ce dernier a travaillé en respectant le cahier des charges et les éléments stipulés dans le certificat d’urbanisme. Un travail important a été mené sur place pour étudier les multiples vues dans le but de les sauvegarder. Afin de diminuer davantage encore l’emprise au sol de la station, AAVA propose de superposer certaines fonctions. C’est notamment le cas de la cabine de contrôle revêtue de « kalwall », panneaux translucides à base de fibre de verre. Ce matériau isolant assure un éclairage optimal du local durant le jour. La nuit, son aspect translucide dématérialise cette partie de l’édifice.
AAVA
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Station d’épuration à Villers-la-Ville
ABR et AAVA
Architectures
Tome 16
Tome 16
L’exécution du projet a constitué un nouveau défi. Un foisonnement de données et de contraintes techniques et constructives a dû être pris en compte. Un assèchement provisoire de l’étang a été nécessaire. Après la fin des travaux, l’eau a réinvesti le site et la nature avec elle. AAVA
souligne
l’importance
de
l’étroite
collaboration qui s’est faite avec le bureau d’étude des techniques spéciales (Galère) qui a suivi les demandes de l’architecte et imaginé comment réduire au mieux l’emprise spatiale des techniques. L’extrême compacité de l’ensemble a pu être effectuée grâce à cette indispensable coopération. Le résultat est une union remarquable entre environnement naturel et bâti, technicité et qualité architecturale. Aucune concession n’a été faite à la modernité de la réponse architecturale. Cet exemple démontre que toute fonction peut engendrer une architecture qualitative et qu’une approche esthétique contemporaine peut s’accorder aux contextes les plus chargés historiquement et patrimonialement. L’art n’est pas lié à une époque mais à la qualité, la pertinence et l’authenticité d’une démarche. AAVA
ARCHITECTES
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Art and Build Architect
Extensions de la clinique Chirec à Braine-l’Alleud La petite clinique de Braine-l’Alleud (dite l’hôpital du docteur Wynen, du nom de son fondateur) construite durant les années soixante a connu un développement considérable en l’espace de quelques décennies. Ce mouvement ne cesse de s’accélérer suivant ainsi les évolutions majeures faites dans le domaine médical et celui de la prise en charge des patients. Durant la fin des années septante, un édifice imposant en béton est venu compléter l’équipement d’origine. Avec sa structure en « champignon », il est devenu emblématique de l’endroit. Le bureau Art and Build a mené à plusieurs reprises des missions de rénovation pour le site hospitalier de Braine-l’Alleud mais ce n’est qu’en 2007 qu’il entame la construction d’une nouvelle aile. Il s’agit du bâtiment D qui s’étend sur une surface de 6 000 m2 offrant à l’hôpital l’opportunité d’un authentique redéploiement. Constituée de volumes géométriques simples, parfaitement définis, l’aile contraste intelligemment avec l’édifice en béton auquel elle est associée. Il s’agit d’un vaste rectangle orienté vers l’arrière du site, invisible depuis la voirie publique. Il abrite (-2) un parking de 40 places réservé au personnel, l’hôpital chirurgical de jour (-1), un hôpital médical de jour, endoscopie et autodialyse (0), une unité de soins gériatriques (+1) et une zone technique (+2). Construit partiellement sur pilotis pour la partie la plus basse du terrain, le bâtiment est divisé longitudinalement en trois grandes travées. La façade orientée vers l’arrière est revêtue de briques gris clair rehaussées de ventaux métalliques colorés habillant certaines fenêtres. La façade orientée vers l’intérieur du complexe est revêtue d’un bardage en panneau de bois de teinte clair. Les liaisons avec les autres ailes de la clinique sont assurées par une passerelle située au niveau -1. Les cages de circulations verticales assurent le contreventement général du bâtiment.
Photos : B. Castay
Architectures Tome 16
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Extensions de la clinique Chirec
Art and Build Architect
Architectures
à Braine-l’Alleud
Tome 16
En 2011, les travaux de construction d’une nouvelle aile sont entamés. Cette fois, elle se situe à front de rue et constitue l’interface avec la ville. Elle incarne l’identité formelle de l’hôpital. Elle a été construite sur l’emplacement de la clinique d’origine. Inaugurée en 2014, elle s’étend sur 8 000 m2, accueille un service de consultation au rez-dechaussée, et de nouvelles unités de soins chirurgicaux sur les trois étages, ainsi qu’une toute nouvelle unité pédiatrique. Le sous-sol abrite le service de stérilisation et un parking pour le personnel. La façade à rue reprend le langage des briques grises ponctuées de capots en aluminium de couleurs vives déjà utilisé dans l’aile D. Elle dialogue avec la rue et le reste du bâti tout en affirmant sa fonction. La façade latérale alterne trois travées dont seule la centrale est percée de fenêtres. La travée côté façade à rue est en brique grise et poursuit le langage de la façade principale. Celle du milieu, en rehaut, est revêtue d’un bardage en zinc et correspond à la zone de service qui se distingue clairement de celle des chambres. La travée qui fait le lien avec l’aire d’accueil est revêtue d’un bardage en panneaux de bois clair identique à la façade intérieure. Ces contrastes de matériaux et de couleur répondent à ceux utilisés dans l’aile D mais apportent surtout une rythmique et une apparence accueillante à l’ensemble.
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Extensions de la clinique Chirec
Art and Build Architect
Architectures
à Braine-l’Alleud
Tome 16
La fonction hospitalière est complexe à bien des niveaux. Elle implique une intégration optimale de toutes les techniques : des circulations verticales et horizontales qui doivent distinguer en outre celles dévolues au public de celles réservées au personnel ; des normes sanitaires ; de sécurité… L’ensemble de ces paramètres doit fonctionner de concert et s’intégrer dans une architecture qualitative qui, dans ce cas, doit en plus dialoguer avec un contexte urbain préexistant. Au-delà de tout, il est primordial de créer une architecture à échelle humaine et accueillante. La qualité des espaces, autant que celle des soins prodigués et des rapports humains, est essentielle au bien-être des patients, de leur famille, mais aussi de l’ensemble du personnel. Dans ce cas, tout a été mis en œuvre pour le confort de chacun. La dimension humaine est restée un facteur central dans la réflexion des architectes tant à l’extérieur qu’à l’intérieur du bâtiment.
ARCHITECTES
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Atelier 229 Grégoire Houyet et Renaud Van Espen
Aménagement sur le site de l’ITP à Court-Saint-Étienne Cet aménagement achève une intervention beaucoup plus vaste visant à restructurer l’ensemble du site de l’ITP (Institut Technique Provincial) à Court-Saint-Étienne.1 Il restait une zone délabrée entre la rue et le reste du campus occupée par des pavillons édifiés dans les années cinquante. Afin de limiter le coût de l’aménagement, les architectes ont proposé de conserver les dalles des constructions à démolir et de recouvrir celles situées le long de la rue par un plancher en bois formant une vaste zone de détente et de rencontre. Les dalles orientées vers l’intérieur du site servent désormais de surface d’exercice liée à l’apprentissage des métiers de la construction dispensé par l’Institut. Un petit muret en bois marque la limite entre la rue et la zone de repos et peut également servir d’assise. Des bancs en acier noir ponctuent la zone ceinte sur un des côtés par un petit édifice préexistant abritant la chaufferie et habillé par un bardage en peuplier thermo traité. Il sert également de support au préau en acier. Le socle au sol est réalisé en Ipé. Cet aménagement relativement modeste dans son envergure induit des conséquences positives sur l’ensemble du site. Il constitue une nouvelle « façade » à ce dernier. Il le cadre et génère une transition intéressante par rapport à l’espace public. Il engendre aussi une zone propice à un nouveau type d’appropriation spatiale du campus par les étudiants et les professeurs. La simplicité des matériaux (acier noir et bois) et des lignes structure efficacement l’ensemble et contribue à sa clarté formelle.
1. Le projet de l’ITP a été présenté dans le tome 10 de la série « Architectures » paru en 2010.
Photos : B. Castay
Architectures Tome 16
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Aménagement sur le site de l’ITP à Court-Saint-Étienne
Atelier 229
Architectures Tome 16
Initiative et réalisation : Centre culturel du Brabant wallon – Maison de l’urbanisme Auteure : Anne Norman Design : www.dojodesign.eu Impression : Albe De Coker Éditeur responsable : H. Champagne, fonctionnaire de l’information Le Brabant wallon Place du Brabant wallon 1 à 1300 Wavre Imprimé en Belgique D/2016/8355/1 ©T ous les droits de reproduction, de traduction et d’adaptation (même partielle) sont réservés pour tous pays.
À l’initiative du Brabant wallon Réalisation: Centre culturel du Brabant wallon & la Maison de l’urbanisme