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1. LE COÛT ENVIRONNEMENTAL ET SOCIAL DU SECTEUR DU BÂTIMENT

« De conférences internationales en colloques, d’ouvrages en déclarations, au rythme des annonces du changement climatique et de l’urgence environnementale, les réflexions et propositions sont nombreuses : il est devenu évident que la ville, cadre de vie de la moitié des humains sur terre, doit prendre en compte l’eau, l’énergie, les déchets, la biodiversité, les déplacements et les hommes. » Raphaële Heliot Construire, une responsabilité. Le coût du secteur de la construction est aussi un enjeux de santé publique lié à la faible qualité architecturale crée, notamment par le choix des matériaux de faible qualité.

Tout le monde est exposé aux polluants présents dans l’atmosphère des environnements clos. Les problèmes de santé dus à cette pollution sont multiples. Elles recouvrent des manifestations cliniques très diverses, qui, pour la plupart, ne sont pas spécifiques à des polluants détectés (Annexe 2). Certaines associations entre les expositions à des substances présentes dans l’air intérieur et des effets sur la santé sont désormais bien établies : la fumée de tabac environnementale, l’amiante, le radon, le benzène peuvent provoquer l’apparition de certains cancers. Le monoxyde de carbone est responsable annuellement d’une centaine de décès et d’environ 1 300 épisodes d'intoxication, impliquant environ 4 000 personnes exposées (Verrier et al, 2010). Le nombre annuel de décès par cancer du poumon qui serait attribuable à l’exposition domestique au radon en France métropolitaine varie de 1 200 à 2 900 (Catelinois, 2007) ; cette exposition au radon est en Europe la deuxième cause de mortalité par cancer du poumon.

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Le coût des effets d’une mauvaise qualité de l’air intérieur en France, sont aujourd’hui estimés entre 12,8 et 38,4 milliards d'euros par an (Jantunen et al, 2011). Ces impacts se combinent à ceux mis en évidence pour la pollution de l’air extérieur (Annexe 3) Selon l’étude européenne Aphekom (2008-2011) pilotée par l’IVS (Institut de Veille Sanitaire), cette pollution a, en effet, un très fort impact sanitaire, en particulier pour les enfants. D’après la même étude, elle est responsable chaque année de plusieurs milliers de morts prématurées en France, la proximité des grands axes de circulation étant un phénomène aggravant. Outre l’aspect sanitaire, cette pollution a un coût considérable pour la société, estimé à plus de 30 milliards d’euros pour l’ensemble des pays de l’Union européenne.

Le coût du secteur de la construction ne se résume pas à la façon dans laquelle nous consommons les terres agricoles à des fins d’urbanisation, ni à la manière dans laquelle nous puisons de la nature, les matières premières à des fins de construction, ni à la façon irresponsable dans laquelle nous rejetons ces dernières après les avoir utilisées. (Annexe 4)

Le bâtiment est le plus grand consommateur d’énergie au monde. Chaque année, sont consommées plus de 68 millions de tonnes d’équivalent pétrole. En France, ce secteur consomme et transforme une quantité considérable de matière primaire. Il puise 16% des ressources d’eau, et consomme 43% d’énergie et 50% des ressources naturelles ! Les rejets dues à cette activité dans les pays développés représentent 40% des émissions de CO2, et 37% de la consommation d’énergie, 90% des déchets dû a cette activé proviennent des chantiers. En matières brutes, sont utilisés en France 440 000 m3 de pierres, 8 millions de tonnes de plâtre et 21 millions de m3 de bois. En ce qui concerne les matières transformées sont utilisés, 14 millions de tonnes de ciment, 900 milles tonnes de matières plastiques, 80 millions de m2 d’enduits, 5 millions de tonnes d’acier, 18 millions de tonnes d’isolants. Le béton prêt à l’emploi représente 30 millions de m3 (le sable étant la 2e matière minérale extraite dans le monde). Ainsi, il me semble peu viable de continuer à construire en béton (ou en autres matériaux) lorsqu'on sait que les ressources sont limités.

“L’habitat pavillonnaire règne dans une majorité de communes françaises. Pourtant ce modèle de développement rencontre aujourd’hui ses limites. L’étalement urbain généré (la population a augmenté de 25% alors que les espaces urbanisés ont augmenté de 75% en 25 ans) est un processus qui pèse lourd :

• en termes environnementaux (imperméabilisation accrue des sols, émission de CO²…) ;

• en termes d’espaces (consommation des espaces agricoles, naturels), en termes sociaux (perte du lien social, cités dortoirs, naissance de lotissements privatifs et gentrifiés) ;

• en termes économiques pour les collectivités territoriales (plus la densité est faible plus le coût d’investissement et d’exploitation des réseaux est élevé) et pour les ménages (avec l’augmentation du prix des énergies, comment vont faire les ménages qui vivent à 40 km de leur lieu d’activité dans un pavillon individuel en zone dortoir pour se chauffer, aller travailler, aller faire leur courses ? Quel lien social entretiendront-ils pour eux, leurs enfants ?).” Raphaële Heliot, Ville Durable et Eco-quartiers. Comprendre la démarche pour agir aujourd’hui dans sa collectivité et sur son territoire

Le secteur du bâtiment a une forte incidence sur l’économie vu qu’il représente 10% du PIB français et génère près de 100 millions d’emplois à l’échelle mondiale. En France il représente plus de 300 000 entreprises (Grandes entreprises, PME, TPE, Artisans) dont 92% ont moins de 20 salariés. Ce qui correspond à environ 1,2 million d’actifs dont plus de 900 000 salariés et près de 290 000 artisans (SESSI, 2007 ; Action BTP, 2011). Nous pouvons ainsi en déduire les enjeux économiques que le secteur du bâtiment représente. Le secteur du bâtiment garantit un certain équilibre dans la croissance (Annexe 13) Il semblerait donc que les enjeux économiques soient contradictoires avec les enjeux environnementaux. Cependant, comme cela a été explicité précédemment, si elle génère des richesses et de l’emploi, la construction telle qu’elle est appliquée aujourd’hui a un coût environnemental et sanitaire considérable, qui est au bout du compte payé en monnaie par le contribuable !

Comme dit Raphaële Heliot, “il faut bien faire tourner la machine économique, et puisque « quand le bâtiment va, tout va », démolir et construire est juste dans l’ordre des choses !”. Il est ainsi important de veiller à ce que les constructions soient pensées en termes de qualité et de pérennisation. Il faut revoir la manière dans laquelle le secteur du bâtiment doit muter et faire des compromis entre les ressources de plus en plus limitées et la demande exponentielle du secteur du bâtiment.

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