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MISE EN SITUATION PROFESSIONELLE

Alain Saragoussi Architecte DPLG est une une SARL fondée en 1983 par Alain Saragoussi, architecte diplômé de l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris La Villette en 1978 . La société compte deux salariés : - Martinho De Oliveira, Informaticien et dessinateur-projeteur salarié depuis 10 ans - Nadine Taranger, Architecte Diplômée de l’Etat salarié depuis janvier 2018

Notre structure de travail est souvent complété par l’expertise d’architecture d’intérieur Archi Saint Germain dirigé par Brigitte Elbaze. Pascal Lottier est un architecte d’intérieur salarié depuis plusieurs années. Il travaille dans nos locaux et continue de tracer tous ces plans à la main. Nous travaillons souvent ensembles notamment sur une réhabilitation d’une résidence étudiante du CROUS à Bures-sur-Yvette. Ce projet en contrat conception-réalisation permettra de rénover intégralement trois bâtiments différents (halls d’entrée ainsi que les studios).

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Pendant les années 1980 les premières commandes pour Alain Saragoussi on été des agencements de style “boutique” (pharmacie, salon de coiffure). Au milieu des années 1990 afin d’élargir et diversifier son activité il dirige son activité vers la réhabilitation et la construction de logements collectifs en IDF et à Nantes. Plus tard, l’activité de l’agence s’oriente vers des missions plus grosses et rentables, le logement social. L’agence se spécialise dans la réhabilitation de logements privés (20%), collectifs (80%) et des équipements (écoles ou crèches privées). Les missions de réhabilitation de logements sociaux représentent l’activité principale de l’agence. Son chiffre d’affaire varie suivant les années entre 300 000 et 600 000 euros. L’agence obtient régulièrement des contrats de maîtrise d’oeuvre en mission complète (50%), ainsi que des missions de faisabilité (40%) et de diagnostic (10%). Les principaux clients sont des bailleurs sociaux comme LogiRep. La moyenne des montants de travaux sur ces marchés publics varie de 50 000 à 18 000 000 euros. La stabilité recherchée par l’agence fonctionne grâce aux commandes régulières de rénovation, d’entretien et de maintenance où les montants des travaux varient de 500 000 à 1 000 000 euros.

L’agence n’a jamais eu recours à une expertise d’étude entrepreneuriale et connais pourtant une forte croissance depuis plusieurs années. L’accès à la commande n’as jamais été une contrainte. Le temps de son travail se répartit de la manière suivante. Le suivi de projet, de la conception jusqu’au suivi de chantier, représente 50% de son temps. La partie administrative occupe 30%, ses déplacements 10% et la partie créative 10%. On pourrait penser que de sa petite taille, l’agence aurait peu de projets, mais c’est le cas contraire. En ce moment nous gérons six chantiers différents en IDF, ainsi que deux rénovations d’appartements privés dans Paris. Actuellement je suis chargée de suivre principalement cinq de ses six chantiers, d’organiser des réunions avec les différents corps de métier et de tenir les comptes rendus des réunions de chantier à jour. Par ailleurs je travaille en binôme avec Pascal Lottier pour des réaménagements d’intérieur et avec Martinho De Oliveira le projet de rénovation de la résidence du CROUS

Ce qui ressort de son activité est d’abord sa stabilité financière qui ne cesse de s’améliorer. Cette stabilité permet d’apporter aux salariés une régularité à la fois dans les types de missions mais aussi dans l’organisation : peu de charrettes et un emploi du temps régulier. Cependant, cette régularité dans l’activité implique une certaine monotonie : pas de temps pour les concours, pas de prise de risque, une trop forte spécialisation contre sa volonté. Ainsi l’agence repose sur un marché clos, une manne financière importante mais avec peu de diversification.

J’ai beaucoup de respect et d’admiration pour Alain Saragoussi qui exerce son métier avec passion, discipline, précision, professionnalisme, bienveillance et honnêteté. Travailler à ses côtés m’a permis d’apprendre ses astuces entrepreneuriales et architecturales.

Introduction

Aujourd’hui, en France, nous traversons une période où notre métier semble être dévalorisé et stagner. “[…] du moins tel qu’on le conçoit aujourd’hui, le métier de l’architecte est en voie d’extinction. Il ne suffit plus de mettre à jour le catalogue des moyens d’expression et de renouveler les codes stylistiques : c’est l’architecte lui-même qui doit être repensé” Renzo Piano, La Désobéissance de l’Architecte. D’un autre côté, nous avons beaucoup à redire sur la qualité architecturale produite, sur les matériaux et techniques de construction de basse qualité. Le besoin d’améliorer nos villes, d’innovation des techniques de construction et d’ouverture aux solutions soutenables pour l’environnement, est à l’ordre du jour. La loi de 1977 sur l’Architecture spécifie bien que le devoir premier de l’architecte doit répondre aux besoins de l’interêt général. L’architecture reflète à travers notre travail ce que nous avons de mieux en nous, ce que l’on peut apporter de mieux à la société. “La croyance en l’importance de l’architecture est fondée sur l’idée que nous sommes, pour le meilleur et pour le pire, des personnes différentes dans des lieux différents et sur la conviction que c’est la tâche de l’architecture de rendre plus clair à nos yeux ce que nous pourrions être idéalement”. Alain De Botton, L’architecture du bonheur Afin de continuer à réaliser un travail de qualité, il est nécessaire aujourd’hui de se ré-approprier notre métier. Nous devons mieux le définir par rapport aux enjeux socio-économiques actuels. Il faut retrouver notre utilité, renforcer notre identité et s’émanciper pour défendre nos valeurs contre ceux qui menacent notre profession (le projet de la Loi Elan). Notre qualité est celle de pouvoir jongler entre la création d’espaces qui parlent -en nous émouvant par l’expression d’un idéal de beauté- et qui présentent un intérêt technique, une faible empreinte écologique et une insertion cohérente dans son contexte urbain. L’architecte est a la fois une âme sensible, un intellectuel, un émotionnel du subjectif, un artiste, un penseur, un philosophe, un militant, un être engagé et curieux, un anthropologue du quotidien, quelqu’un de méticuleux, un être d’empathie, amant des paysages. Le rôle de l’architecte ne se limite pas à projeter des espaces ; la particularité et la beauté de notre métier est celle d’être un chef d’orchestre, réalisateur de qualité spatiale, un médiateur qui mène harmonieusement la relation entre l’entreprise, le bureau d’études et la maitrise d’ouvrage pour en citer que quelques uns.

Actuellement, on s’intéresse plus que jamais au faible impact que nos édifices doivent avoir, d’autant plus que l’on sait que la construction classique représente dans les pays développés environ 40% d’émissions de CO2, 37% de consommation de l’énergie. Le secteur du bâtiment représente 40% des déchets rejetés dans la planète. L’architecte, être engagé, se doit d’être également un acteur de ce changement, pour une transition de modes de vie plus écologiquement viables. Il doit mettre ces ressources intellectuelles et créatives au service de la question environnementale, l’aspect technique, et bien sur l’esthétique.

Comme le dit Renzo Piano, “l’architecte en tant que metteur en forme d’un projet est aujourd’hui un personnage pathétique: un personnage d’une autre époque. […] L’architecte doit expérimenter […] Tu es bien obligé de changer, d’inventer. Ce sont les multiples raisons pour lesquelles, comme nous le disions, il faut redéfinir notre métier.”. Par

quelles stratégies la maîtrise d’oeuvre est capable d’exercer une influence en faveur de l’écosystème et de la qualité architecturale?

Pour répondre à cette question il s’agira de traiter dans une première partie, les différentes démarches réalisées en architecture par rapport à question environnementale et ses limites. Puis dans un second temps, de s’emparer de la question de la qualité architecturale permettant d'avoir un réel impact sur l’écosystème. Enfin la troisième partie questionne la responsabilité de la société civile et l’engage à devenir acteur du changement.

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I. Les démarches environnementales un point de départ

« En 2025, pas moins des deux tiers de la population mondiale vivront dans des conditions de stress hydrique. Les pénuries d’eau et la pollution engendrent des problèmes de santé publique à grande échelle, freinent le développement économique et agricole, et nuisent à une grande variété d’écosystèmes. Elles pourraient menacer la sécurité alimentaire mondiale et conduire à une stagnation économique dans de nombreuses régions du monde »

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