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1. STRATÉGIES À DÉVELOPPER

«La question n’est plus de résoudre des problèmes de construction de manière artistique, mais plutôt d’élaborer de manière artistique des nouveaux problèmes de construction. » Andrea Branzi, Nouvelles de la métropole froide

Le futur et la survie de notre métier se trouve dans le conseil et la sensibilisation aux responsabilités écologiques. On peut parler ainsi d’écoconseil architectural et de conceptions-constructions écologiquement responsables. Lors qu’on donne à la collectivité ce pouvoir et droit de participation à la conception de la ville, automatiquement cette dernière est responsabilisé (notion d’empowerment en anglais).

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Du fait d’y avoir participé, créer et produit, un sentiment de propriété de “création” s’installe, et de ce fait on se sent engagés, et l’on tient à coeur à ce que l’on produit car cela nous appartient. Plus la collectivité participe à la fabrication de la ville, plus elle la respectera et en conséquence protégera. La clé se trouve dans la démocratisation de la responsabilité et création architecturale (dans le passé souvent attribué à la maitrise d’oeuvre). Le futur de notre profession se trouve dans des stratégies de partage, d’organisation de groupes intervenant et dans le conseil.

« Les produits et les systèmes permettant la réduction de la consommation énergétique et l’impact sur l’environnement (GES, CO2,etc.), les modèles d’organisation, les technologies et procédés constructifs, les matériels (notamment dans la visée d’une meilleure intégration projet/chantier/matériaux) et les matériaux aux-mêmes. […] La recherche de performances (notamment en matière énergétique) et le souci de gestion des ressources naturelles renforcent non seulement une politique d’innovation sur les matériaux, les produits et les solutions constructives mais, également, des démarches de conception centrées sur la question du choix des (bons) matériaux, produits et systèmes constructifs.” Pour qu’il y ait un véritable impact environnemental positif certaines mesures peuvent faire l’objet de recherche afin d’étudier leur pertinence » Philippe deshayes, Le secteur du bâtiment face aux enjeux du développement durable: logiques d’innovation et/ou problématiques du changement, “Les métiers de l’architecture sont très fragilisés. Les différentes difficultés, auxquelles sont confrontées les architectes, sont symptomatiques de l’effacement progressif, dans les politiques publiques, de l’attention aux lieux que nous habitons, qu’il s’agisse d’édifices, d’espaces publics, de quartiers, de villes ou de villages, de paysages, ceci sur tout le territoire français. Il faut insister sur la notion de transversalité : l’architecture est un sujet qui concerne tous les citoyens, tous les territoires, elle est d’intérêt général –comme l’énonce la Loi sur l’Architecture de 1977”- Stratégie nationale pour l’architecture, Ministère de la Culture

“L'architecture est une expression de la culture. La création architecturale, la qualité des constructions, leur insertion harmonieuse dans le milieu environnant, le respect des paysages naturels ou urbains ainsi que du patrimoine sont d’intérêt public.” Loi n° 77-2 du 3 janvier 1977 sur l'Architecture

L’architecture est d’abord un service d’intérêt general et concerne également tous les citoyens. De ce fait il est nécessaire et de notre devoir déontologique de responsabiliser et conscientiser tous nos con-citoyens. La responsabilité de la qualité de nos constructions ne doit plus tenir qu’à la maîtrise d’oeuvre et d’ouvrage. Pour en arriver là il nous faut la participation citoyenne! Il faut dorénavant co-responsabiliser la société civile à la création architecturale de qualité. L’intérêt est de repenser notre métier, vecteur de sensibilisation à l’heure d’une crise environnementale sans lendemain. La conception architecturale positive doit être partagée afin d’avoir un impact plus fort. L’architecte d’aujourd’hui n’a plus cette place royale, mais au contraire, il agit avec un groupement et travaille en equipe. Souvent vu comme un chef d’orchestre il dirige l’equipe de travail pour arriver à des finalités de qualité architecturale au service de la communauté.

ECO SYSTÈME

ECO

LOGIQUE

ECO

NOMIQUE

INNOVATION ET CONCURRENCE AYANT POUR FINALITÉ DE RÉALISER LE MOINDRE IMPACT SUR L’ÉCOSYSTÈME S’INSCRIRE DANS LE CONTEXTE SOCIO ECONOMIQUE LIBÉRAL, CONSOMMANT DURABLEMENT- DE FAÇON PERÈNE

Il est inadmissible de faire si peu actuellement pour l’écosystème ou de se contenter de faire du greenwashing dans un but commercial. Le non usage de matériaux à faible impact environnemental pour des opérations majeures est un manque terrible. L’utilisation de ces matériaux devrait de nos jours être la règle et non l’exception. Aujourd’hui l’usage de vrais matériaux réutilisables et soutenables pour l’écosystème se résume à une expérimentation presque timide et seulement pour des petites opérations. D’autant plus, les premières inquiétudes environnementales ont été soulevées depuis les années 1970. Nous prenons beaucoup trop de temps à réagir. La passivité et le manque de temps pour s’instruire sur les débouchés écologiques est la pire des erreurs que la maîtrise d’oeuvre peut faire. Il est impératif que dorénavant architectes et autres corps de métiers soient investis en faveur de la question environnementale afin pouvoir apporter leur capacités intellectuelles au service de l’intérêt général. Ceci est revaloriser l'architecture au service de la communauté. Le Grenelle1 définit des politiques afin de mieux répondre à la question environnementale. Cette dernière amplifie la mobilisation locale, en direction notamment des éco-quartiers. Les autres principaux enjeux sont: les constructions neuves à très haute performance énergétique, la dynamisation de la filière bois et l’intégration de clauses environnementales dans les marchés publics (par exemple, l’intégration des coûts carbone dans les décisions et projets publics). Ces démarches sont un début de prise de conscience très positif marquant l’importance de la responsabilité écologique, mais ne peuvent garantir le vrai impact conséquent que l’on recherche. Or, très souvent ces démarches ont donné lieu à des situations complexes, politisées et des lobbying. Un véritable impact dans l’écosystème pour la part de la construction ne peut avoir lieu que lorsque qu’il y a une connaissance profonde de ce que sont les enjeux environnementaux et des vrais dispositifs qui nous permettent de mieux répondre à ces derniers. Des stratégies de mise en place efficaces pour permettre aux démarches environnementales seront développés par la suite.

✦ Assistance Maitrise d’oeuvre (MOE)

environnementale pour la Maitrise

d’ouvrage (MOA).

Sensibiliser la MOA aux questions environnementales et accompagner les acteurs en amont (MOA: opérateurs immobiliers-investisseurs, promoteurs, bailleurs, constructeurs, ingénieurs, experts, économistes, entreprises artisanales et industrielles). Comme le dit Philippe Deshayes, la MOA est à la fois en aval en tant que consommateur de produits, matériaux et solutions constructives et en amont, en tant que décideur et financeur. - Développer une influence efficace et tangible par rapport à la démarche environnementale (réduire l’utilisation de matériaux et techniques peu durables) et la qualité architecturale (bien construire, qualité de conception, mise en oeuvre et coût global dans la durée) sur la

MOA publique et privé, les collectivités territoriales, le grand public. - Renforcer le rôle de conseil et d’expertise des architectes afin d’aider les élus et décideurs à réfléchir sur le territoire et à formuler leurs demandes (programmation et formulation de la commande) ayant pour finalité un véritable impact écologique positif. Il s’agit donc de donner une possibilité de participation à la

MOA dans le processus conception-réalisation.

“Entre l’ambition politique et sa concrétisation, les élus ont entre leurs mains des enjeux considérables qui, s’ils sont totalement laissés aux spécialistes, peuvent se retrouver dans des rouages de rentabilité purement financière, avec un peu de peinture verte ”Raphaële Heliot,

Ville Durable et Eco-quartiers. Comprendre la démarche pour agir aujourd’hui dans sa collectivité et sur son territoire. - Favoriser l’embauche d’architectes dans l’administration et la fonction publique. A ce jour pouvons-nous envisager un poste d'architectes commis d’office ? Afin d'apporter un conseil aux particuliers qui auraient des envies de réaliser des économies d’énergie ou une amélioration de leur habitat dans un but écologique qui bénéficierait la collectivité ? - Diversifier et renforcer les missions de conseil par les architectes auprès de l’État, des collectivités et des opérateurs privés. Il peut s’agir d’architectes de conseil, d’Architectes Urbanistes de l'Etat ou d’autres statuts. ✦ Dialogue inter MOE . Sensibiliser les entreprises aux démarches environnementales. De nos jours nombreuses opérations se font notamment en PPP (Partenariats Public-Privé) donnant droit à des contrats conception-réalisation dans lequel l’architecte est forcé de travailler directement pour l’entreprise. Il serait d’autant plus intéressant de voir cela comme un atout plutôt qu’une contrainte. Il serait ici question de mise en place d’un système d’alliance dans lequel l’architecte sensibilise l’entreprise aux problématiques qualitatives et écologiques. Il est du devoir de l’architecte de faire usage de ces multiples connaissances, de sa curiosité et créer des ponts pour trouver des solutions à la fois architecturales et à la fois écologiquement viables. Il s’agit en effet d’un « […]apprentissage mutuel entre acteurs et parties prenantes plutôt que de se limiter aux seuls changements dans les modalités de délégations (contractuelles et/ou hiérarchiques) des missions. Autrement dit, de comprendre, grâce à la nouvelle omniprésence des enjeux relatifs au développement durable, la part de pratique sociale conduisant les pratiques professionnelles […] "un travail libre, créatif et précisément sans profit" (De Certeau, 1990) » Philippe Deshayes, 2012

✦ ✦ L’expérimentation architecturale . “Une grande part de l’innovation nécessaire réside dans ces rencontres et l’expérimentation rendue à nouveau possible […]Réussir l’excellence ordinaire dans les espaces du quotidien, les lieux que nous habitons tous, demande une vision politique, des métiers solides, un effort d’innovation et une intelligence collective considérable”.

Philippe Deshayes Le secteur du bâtiment face aux enjeux du développement durable: logiques d’innovation et/ou problématiques du changement. Jongler entre l’utilisation les produits et systèmes permettant la réduction de la consommation énergétique et l’impact sur l’environnement (GES, CO2, etc.) les modèles d’organisation, les technologies et procédés constructifs, les matériels (notamment dans la visée d’une meilleure intégration projet / chantier / matériaux bio-sourcés et réutilisables). L’expérience du Plan Construction fut un levier considérable par rapport aux enjeux du logement pendant les années 1970. L’expérimentation en lien avec des organismes comme le PUCA ou passant par les

Permis de faire.

✦ La réglementation, la norme et le label .

La norme apparaît comme un levier majeur de transposition des enjeux sociaux et environnementaux qui encadre la conception des produits.

L’Afnor anime le réseau et 90% des normes volontaires françaises sont mondiales. La réglementation s’appuie sur les normes afin de les rendre obligatoires à travers les lois. Le label permet d’afficher les performances, de justifier des investissements au regard de choix politiques et de bénéficier d’aides financières ou techniques. Il faut veiller à faire bien choisir entre différents labels et garder un oeil critique sur les normes également. (Annexe 12)

✦ La formation continue en architecture écologiquement engagée . Apprendre et appliquer. La formation est un outil clé afin de pouvoir diffuser les nouvelles les techniques et matériaux à disposition qui soient soutenables.

Ces formations peuvent déjà avoir lieu dans un premier temps auprès des écoles d’architecture.

Dans un second temps, dans le cadre des formations continues et obligatoires des architectes, il serait pertinent d’en proposer d’avantage aux acteurs et décideurs engagés dans la transformation spatiale des territoires à toutes les échelles (élus et services des collectivités territoriales et de l’Etat, intervenant dans les domaines de la maîtrise d’ouvrage pour l’entretien, la réhabilitation et la construction de bâtiments existants ou neufs, et de l’aménagement durable des territoires urbains et ruraux). Ceci serai également l’occasion d’entrer plus en concertation avec des organismes représentatifs de la pratique architecturale comme le sont la Maison et la cité de l’architecture afin de diffuser d’avantage ce type de formations pour que la MOE soit bien formé et au courant des techniques et pratiques écologiquement viables. Afin de mieux comprendre le phénomène de précarité énergétique, les dispositifs existants, les acteurs à mobiliser et les actions possibles, le site du Réseau d’Acteurs Précarité-

Energie-Logement propose différentes formations en France. La plateforme du MOOC Bâtiment Durable est issue d’un projet collaboratif de l’ensemble des professionnels de la filière bâtiment, du Plan Bâtiment Durable et de l’ADEME.

Plateforme numérique citoyenne

d’échange écologique . Une telle plateforme permettrai que des architectes et des citoyens engagés puissent échanger sur les nouvelles techniques écologiquement viables et avoir un suivi selon leurs besoins et budgets. Cette plateforme favoriserait l’accès à la conception avec une démarche environnementale. Cela permettrait aussi aux porteurs privés de projets de petite taille (rénovation énergétique d’un bâtiment, extension d’habitation, maison de 120 m2...) de contracter avec des architectes proches et disponibles et d’accéder plus facilement à une prestation architecturale, que les conditions de production rendent difficile lorsque la commande est isolée. Les architectes pourraient alors s’engager sur plusieurs commandes concomitantes permettant l’investissement requis (déplacement, dialogue). En cela, la mesure répondrait aux enjeux publics de promotion de la qualité architecturale et d’accès pour tous à la qualité du cadre de vie. De nos jours nous voyons une sorte de ré-appropriation du métier par la société civile afin d'exercer leurs capacités de conception-réalisation. En effet, l’auto-construction prime dans nos sociétés. Ainsi l’architecte n’est plus systématiquement requis pour certaines opérations, d’où l’intérêt de pouvoir continuer à progresser sociétalement en apportant toujours notre valeur ajoutée. Actuellement cette valeur réside dans nos connaissances sur les vraies techniques et matériaux soutenables, notre capacité c’est celle de savoir jongler entre architecture (donc une importance accordé à l’esthétique et la fonctionnalité) et moyens écologiques. Notre devoir est celui d'apporter conseil à la collectivité. La stratégie est celle d’échanger à travers une plateforme adapté et ludique ayant pour but final la qualité architecturale à travers l’engagement écologique. Ces échanges seraient possibles par la mise en place de plate-formes échanges, telles les plateformes de l’ADEME

✦ Volet planification urbaine et enjeux

écologiques.

Ce volet devrait être inséré dans les documents de planification des territoires et les documents stratégiques des opérateurs publics afin de croiser les politiques publiques d’aménagement durable des territoires et les attentes des usagers. Cette disposition concernerait le programme local de l’habitat (PLH), adjoint aux documents d’urbanisme: PLU, ScoT (Schéma de Cohérence Territoriale), PLH (Plan Local de l’Habitat)…

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