L’îlot ouvert par l’histoire Etude sur la diversification des ilôts aménagés lors de la reconstruction de Berlin après 1945.
Namgyel Hubert Aurélien Masson
Une ville à reconstruire
À la sortie de la seconde guerre mondiale, les quartiers centraux de Berlin ne sont qu’un champ de ruines. Quelque 600.000 logements font défaut et leur reconstruction se met en oeuvre dès les années 1950. La partie soviétique de Mitte et le quartier de Friedrichshain fortement ravagé font l’objet d’un réaménagement autour d’un axe monumental, la Stalinallee rebaptisée aujourd’hui Karl Marx allee, point de départ de la voie reliant Berlin à Moscou. Le dessin radical de cet axe contraste avec l’aménagement des quartiers qui le bordent où les édifices ayant résisté à la guerre cohabitent avec les nouveaux logements construits.
Cette reconstruction fut l’occasion de mettre en pratique les préceptes de l’urbanisme moderne. La difficulté fut alors de les conjuguer avec le tissu de ville traditionnelle déjà présent. Plusieurs questions se posent alors aux aménageurs. Comment créer des ilôts conjuguant ces deux types d’urbanisme ? Comment assembler des édifices sur parcelles alignés sur la rue avec des immeubles autonômes ? Comment assurer la transition entre les quartiers de ville constituée et la Stalinallee ?
Tissu urbain après les bombardements de la seconde guerre mondiale
Tissu urbain actuel, après reconstruction
Périmètre de l’îlot étudié Karl M
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Étude de trois formes urbaines issues de la reconstruction L’objet de cette étude consiste à analyser un échantillon d’ilôts situé à la jonction entre la Karl Marx allee et le quartier constitué de Friedrichshain. Le cadre d’étude fixé est bordé au nord par la Karl Marx Allee, au sud par les Wedekindstraße et Grünberger straße, à l’est par la Kadiner straße et à l’ouest par la Marchlewskistraße. L’hétérogénéité de cet ensemble d’ilôts semble intéressante à regarder pour comprendre les réflexions menées à l’époque et pour analyser les espaces qui ont été générés. Parmi les cinq ilôts que l’on peut identifier dans cette zone d’étude, il est possible de dégager au moins trois manière différentes de répondre à ces questions. L’ilôt sud-ouest s’orga-
nise selon un système de cours successives générées par les immeubles alignés sur deux rues parallèles et espacées. L’ilôt est est plus étroit et organise de petits ilôts espacés aménageant des espaces de déambulations. Quant aux ilôts nord, il s’organisent clairement selon la charte d’Athènes et permettent une déambulation totale dans l’idée d’un parc habité. L’ilôt central est particulier puisqu’étant un intermédiaire entre une cour et un morceau du parc habité. Un long édifice situé au sud (couleur marron ci-dessous) est continu sur les trois ilôt qu’il traverse et aménage de petits percements pour laisser passer les rues. Cela crée une intimité qui isole du reste de la ville et unifie ces ilôts. Organisation urbaine actuelle des bâtiments
En plan libre En alignement par rapport à la rue Différenciation des bâtiments suivant leur époque de construction En alignement par rapport à la rue, refermant l’îlot étudié Bâtiments ayant été construit après la seconde G.M.
En alignement par rapport à la rue, refermant d’autres îlots
Bâtiments ayant résisté aux bombardements de la seconde G.M.
Organisation initiale des îlots Berlinois avant la Seconde G.M.
Différenciation des formes d’îlots
îlots Nord et central îlot Sud-ouest îlot Est
Surface : 3,4 ha Logements : 620, dont 250 après la guerre Densité : 180 lgts/ha environ
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Un système de cours L’îlot sud-ouest de la zone d’étude s’organise autour de cours successives. Son épaisseur et la présence d’anciens immeubles alignés sur les rues ont poussé les aménageurs de l’époque à continuer de construire à l’alignement des rues et d’aménager quelques édifices dans la profondeur pour générer ces cours aux dimensions généreuses. Ce principe d’urbanisation permet une intégration facile dans le tissu urbain ancien tout
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en dégageant de vastes espaces plantés et ouverts à tous. En outre, l’une des cours a pu servir à l’aménagement d’une école. Les rues générant cet îlot sont également plantées d’arbres et aménagent des espaces publics généreux. La Gubener Strasse passe en dessous de l’immeuble Sud conférant à cette voie une sensation de rue de quartier sécurisée.
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B La largeur importante de cette rue lui confére un double usage. Elle est à la fois un espace public domestique et un axe structurant l’îlot.
B’ La largeur importante et l’ouverture de cette cour lui donne l’allure d’un parc public
Les deux espaces verts en enfilade effacent le passage de la rue traversante.
Surface : 3,1 ha Logements : 200 dont 170 après la guerre Densité : 65 lgts/ha environ C’ C
L’îlot ouvert avant l’heure La seconde partie à offrir une transition entre la ville constituée et l’urbanisme moderne de la Karl Marx allee est cet îlot situé à l’est du périmètre étudié. Ici encore, certains édifices étaient déjà présents lors de la reconstruction de la ville et il s’agissait donc de trouver un principe permettant de négocier entre les deux formes d’urbanisme. L’étroitesse de cet îlot a
orienté son aménagement vers un principe porté sur de petits îlots ouverts sur des liaisons piétonnes et plantées permettant de s’intégrer dans le tissu de la ville existante tout en offrant des qualités aux logements et aux déambulations. Le lycée présent sur l’îlot était préexistant mais une école suplémentaire s’est implantée plus tard en respectant ce principe.
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C’ Coupe des traversées d’îlot entre l’école et les immeubles de logement.
Édifice d’avant guerre Édifice de la reconstruction
École
L’organisation des bâtiments dessine de larges traversées de l’îlot support d’espaces publics.
Surface : 5 ha Logements : 470, dont 160 après la guerre Densité : 94 lgts/ha environ
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Un parc habité Les trois derniers îlots de la zone étudiée ont été aménagés selon les principes de la Charte d’Athènes et organisent un vaste espace ouvert et planté dans lequel viennent s’implanter les édifices de logement. Ce lieu donne le sentiment d’être
un parc habité. Entre deux barres d’immeubles, les espèces végétales sont plantées aux abords de la rue laissant le coeur plus ouvert et aménageant ainsi de petites clairières.
Le traitement des entrées améne une dimension «domestique».
Plan schématique de l’organisation de deux batîments
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Un large parc composé de petites clairières
La rue centrale au plan libre termine sa perspective sur un batiment ancien qui rappel l’appartenance à la ville au milieu du parc habité
L’ilôt central, un espace de transition La présence de nombreux édifices d’avant guerre alignés sur rue aurait pu générer un effet de cour d’autant qu’un des édifices de la reconstruction est aussi en alignement. Cependant, le décalage d’un des immeubles par rapport à la rue, ouvre
cet espace central et l’empêche d’être totalement une cour, lui conférant plus volontier le statut de parc public. Les percées visuelles depuis cet espace vert sur les bâtiments extérieurs nous rappelle néanmoins que la ville nous entoure.
Karl Marx Allee
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L’arrière de la Karl Marx allee, la fin du parc Les édifices alignés le long de la Karl Marx allee constituent la limite nord de la zone d’étude et du parc habité. Leurs gabarits imposants et longs permettent, à l’instar de l’édifice continu au sud, de refermer ces îlots sur eux
même et de les isoler de la ville et de ses nuisances. Les espaces aménagés à l’arrière de ces édifices sont plantés le long de la rue pour renforcer l’isolement du quartier et le sentiment d’être dans un parc habité.
Karl Marx allee
Rue arrière de la Karl Marx allee Les bâtiments de la Karl Marx allee sont en forme de U formant une cour arrière Édifice d’avant guerre
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Édifice de la reconstruction
E’ Coupe de la rue arrière de la Karl Marx allee Depuis la Karl Marx allee on aperçoit les coulisses de cette avenue historique, la ville historique et reconstruite