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THOMAS BRIELS, ATTAQUANT ET CAPITAINE DES RED LIONS
ATTAQUANT ET CAPITAINE DES RED LIONS
– Thomas Briels –
Depuis quelques années déjà, Thomas Briels est une valeur sûre au sein des Red Lions, l’équipe nationale belge de hockey. L’attaquant et capitaine de Red Lions a déjà quelques beaux trophées dans sa vitrine : une médaille d’argent aux Jeux olympiques en 2016, l’or à la Coupe du monde en 2018 et l’or à nouveau à la Coupe d’Europe en 2019. En club, Thomas Briels défend les couleurs de l’équipe néerlandaise Oranje-Rood.
Thomas : comment es-tu arrivé dans le monde du hockey ?
Ma grand-mère a commencé à jouer au Royal Antwerp Hockey, avec qui elle est devenue championne de Belgique. Ensuite, elle a fondé la première équipe féminine au sein du KHC Dragons. Ma mère et mes oncles jouaient aussi au hockey. On peut donc simplement dire que j’ai cela dans le sang. À l’âge de quatre ans, j’ai commencé à jouer avec mon frère et ma sœur (nous sommes des triplés) au KHC Dragons. Là, j’ai joué pour toutes les équipes jeunes et, à 17 ans, j’ai commencé dans l’équipe première. J’ai également été sélectionné pour l’équipe nationale U18 et U21 et, à l’âge de 19 ans, je me suis retrouvé pour la première fois dans la sélection des Red Lions. Depuis, j’ai toujours joué pour mon pays avec énormément de fierté.
Les blessures font évidemment partie de toute pratique sportive, en particulier à haut niveau. Comment gères-tu cet aspect ?
Après les entraînements, il y a toujours un kiné présent, que l’on peut aller voir pour les petits bobos et les plus grosses blessures, par exemple lorsqu’on souffre d’une raideur. J’essaie moi-même de toujours saisir la balle au bond. Dès que je sens quoi que ce soit, je consulte un professionnel le plus vite possible. Je vais toucher du bois, mais je n’ai moi-même jamais été très gravement blessé. Je trouve que la prévention des blessures est extrêmement importante. Il y a des semaines où on se farcit huit entraînements, parfois plus, et c’est évidemment très dur, sans compter que le risque de blessure est réel. Les exercices de renforcement et d’étirement que nous faisons ne sont donc pas uniquement là pour nous rendre plus forts et plus souples. Ils sont aussi très importants pour éviter les blessures. Étant donné que nous voyageons à travers tout le continent, nous sommes également confrontés régulièrement à des températures extrêmes. Notre première mission est alors de bien nous hydrater, mais il est également vital de revenir au calme correctement. Pour ce faire, nous utilisons principalement des gilets refroidissant, tout d’abord lorsque nous sommes sur le banc pendant le match. Ainsi, nous gardons plus ou moins le contrôle de notre température corporelle.
Quelle est la récupération idéale à tes yeux après un entraînement ou un match ?
Lorsque nous jouons un tournoi, les matches se suivent à un rythme assez rapide. Une récupération suffisante et correcte est alors très importante. Après avoir éventuellement reçu la presse, nous buvons un shake spécifique pour la récupération. Certains joueurs portent aussi des bas de compression ou prennent un bain de glace. Ce dernier a déjà fait l’objet de nombreuses études qui ont soit confirmé, soit démenti son utilité. Un bain glacé, c’est souvent aussi une question de mental, tous les joueurs n’en sont pas fans. L’électrostimulation est aussi une option, mais tout le monde n’apprécie pas non plus. Pour moi, les « anciennes méthodes » fonctionnent toujours : course de récupération et étirements. La récupération est en réalité quelque chose que les joueurs abordent de manière très individuelle. Le top du top pour moi, c’est surtout un régime alimentaire correct et une bonne nuit de sommeil. J’essaie d’être dans la meilleure forme physique possible et de rester frais mentalement. C’est très important ! Nous nous entraînons souvent deux fois par jour. Le sommeil est essentiel pour récupérer après d’importants efforts, mais aussi pour pouvoir à nouveau performer le lendemain.
Selon toi, à quoi ressemble l’encadrement médical parfait et peut-on faire mieux dans ce domaine ?
Nous n’avons clairement pas à nous plaindre pour le moment. Nous sommes très bien soignés ! Naturellement, il est vrai que le hockey ne dispose pas des mêmes moyens financiers que le football, par exemple. Souvent, il y a seulement un kiné pour 18 joueurs ou joueuses, ce qui est trop peu d’après moi. Mais c’est donc purement une question d’argent, pas du savoir-faire du staff médical que nous avons. Je joue en club aux Pays-Bas et on me demande parfois s’il y a des différences à ce niveau entre les deux pays. « Pas énormément », c’est ce que je réponds toujours. Les deux sont un peu comparables. Évidemment, jouer en club ou pour l’équipe nationale sont deux choses bien différentes. Nous sommes plus ou moins ensemble à d’autres moments, pour d’autres périodes, nous performons d’une autre manière et le staff est différent. Je trouve simplement important qu’il y ait une bonne communication entre le staff médical et les joueurs. Les joueurs doivent rapidement expliquer comment ils se sentent ou ce qu’ils sentent et le staff doit communiquer ouvertement là-dessus. Outre l’élévation du niveau en vue d’un moment précis de la compétition, tout se passe plus en groupe dans l’équipe nationale. Quelque part, c’est logique, car nous sommes ensemble pendant une plus longue période, en particulier pendant les tournois. Ainsi, nous nous rendons par exemple ensemble à la salle de musculation ou au centre de fitness. Avec le club, l’approche est plus individuelle. Les joueurs passent plus de temps seuls chez un préparateur ou un kiné. Il peut ainsi arriver que cela facilite par exemple le renforcement musculaire.
Le sport à l’ère du coronavirus. Comment vous êtes-vous entraînés lorsque les contacts avec les coéquipiers n’étaient pas autorisés ?
Pendant le confinement, la fédération a très rapidement décidé de suivre de manière stricte les directives du gouvernement. C’est logique, évidemment, car notre santé est la priorité. Il n’y avait plus d’entraînements en groupe, uniquement des entraînements de course individuels où nous n’étions en contact avec personne. Les joueurs ont également reçu du matériel de musculation pour pouvoir faire du renforcement musculaire à la maison. Nous avons essayé d’aborder la situation de manière créative. Mais nous espérons quand même qu’il n’y aura plus de confinement absolu ! Savez-vous que nous avons même participé à notre niveau à la lutte contre le virus ? Plusieurs joueurs de hockey ont travaillé par téléphone comme bénévoles pour la plateforme citoyenne Covid-Solidarity.org. De cette manière, nous pouvions aider des personnes qui étaient socialement isolées. J’ai par exemple eu au téléphone un monsieur qui se sentait seul et avait envie de raconter son histoire. Je n’ai pas dit qui j’étais, je l’ai laissé raconter son histoire. J’ai trouvé cela très sympa.
En tant que sportif de haut niveau, tu dois souvent vivre comme un moine. Est-ce que tu t’es déjà dit : « C’est trop de sacrifices, je veux être un mec normal ! » ?
J’ ai déjà eu ce sentiment de temps en temps, surtout quand je suis dans une grosse période d’entraînement et qu’il faut faire preuve d’une discipline irréprochable sur une longue durée. Mais, finalement, ça devient une sorte de routine pour moi. Je sais que je ne peux pas souvent sortir avec des amis parce que je dois bien me reposer et récupérer. C’est la seule façon pour moi de continuer à jouer au hockey à ce niveau. Alors le choix est vite fait ! Ce n’est pas non plus toujours possible pour moi de prendre de longues vacances, car nous avons régulièrement des stages d’entraînement et des tournois avec l’équipe nationale. D’un autre côté, cela m’apporte évidemment aussi beaucoup. Je fais ce que j’aime et j’ai l’occasion de voyager dans le monde entier. Une carrière sportive de haut niveau, ce n’est qu’une courte période sur toute une vie et j’essaie dès lors d’en profiter au maximum. Et quand, à la fin, j’atteins un objectif important avec mes coéquipiers, tous les sacrifices sont récompensés.
Pour terminer, as-tu un dernier conseil pour les jeunes joueurs et joueuses de hockey talentueux(ses) ?
Le plus important, c’est d’avoir le bon état d’esprit : toujours vouloir s’améliorer ! Mais il ne faut jamais placer ses attentes à un niveau irréaliste. Il vaut mieux garder en tête des objectifs réalistes et aborder les choses progressivement. J’ai déjà dit que j’avais moi-même eu peu de blessures. Je pense que c’est parce que je prends toujours parfaitement soin de mon corps, y compris avec un régime alimentaire sain. À partir de mes 18 ans, j’allais souvent à la salle de muscu et ça m’a clairement aussi aidé. Il faut aussi être conscient que, en tant que joueur de hockey professionnel, on peut gagner un beau salaire, mais surtout qu’il y a encore une vie après le hockey. Pour la plupart d’entre nous, il n’est pas envisageable de vivre de ses rentes. Fais en sorte de combiner ton sport préféré avec des études, même si cela te prendra plus de temps que dans un parcours normal. Commence à réfléchir tôt assez à ce que tu veux faire de ta vie après le hockey !