MAGAZINE
Dossier
TRIMESTRIEL – BUREAU DE DÉPÔT BRUXELLES X – P309290
Sur le terrain : Des pêcheurs aux commandes de leur écosystème
MERS ET OCÉANS EN PÉRIL Des poissons, toujours des poissons
© Brent Stirton / Getty Images
2015
N°74 – AOÛT, SEPTEMBRE, OCTOBRE 2015
Tu es fou de la nature et des animaux? Tu veux devenir membre du club nature le plus cool du pays? Tu es fou de la nature et des animaux ? Tu veux devenir membre du club nature le plus cool du pays ?
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ÉDITO SOMMAIRE Brèves
4-5
Focus
Sur le terrain
© WWF-Belgium
Les richesses marines n’arrêtent pas de nous étonner. Chaque année, de nouvelles espèces sont découvertes. Il y a quelques années encore, on pensait les fonds marins complètement vides de vie ! De tout temps, l’homme s’est servi des eaux du large pour se déplacer et surtout pour se nourrir. Aujourd’hui, la plupart des ressources marines sont surexploitées et c’est une réalité qui continue de s’aggraver de jour en jour. Dans le même temps, l’élevage de poissons et de fruits de mer a connu une impressionnante explosion afin de satisfaire la demande alimentaire dans le monde et cette activité ne s’est pas toujours déroulée sans conséquences néfastes pour la nature. L’écosystème marin est donc sous pression et s’est largement vu modifier au fil des siècles. Pourtant, des solutions existent qui passent par une consommation responsable des ressources marines. Quoi de plus simple que de récompenser les pêcheurs et agriculteurs qui prennent soin de l’environnement et font des efforts pour la protection de la mer, en achetant leurs produits ? Tout l’enjeu est donc là et, en tant que consommateur, vous pouvez contribuer à préserver les richesses de nos océans. Je vous souhaite une bonne lecture… et un bon appétit si vous comptiez déguster un morceau de poisson durable ! Franck Hollander, Conservation Policy Officer
Des pêcheurs aux commandes de leur écosystème
16-17
Kids
20-21
Legs
Un legs pour la planète
22
Eco-Détente
Plie MSC et ses garnitures de fête
23
DOSSIER MERS ET OCÉANS EN PÉRIL
Road to Paris : en marche pour la planète p. 18-19
DES POISSONS, TOUJOURS DES POISSONS
p. 6-15
© Cat Holloway / WWF
COLOPHON : Le Panda magazine est une publication du WWF-Belgique Communauté française asbl. Tous droits réservés au WWF. Le sigle Panda, le mot Panda et les initiales WWF sont des marques déposées du World Wide Fund for Nature. Reproduction des textes autorisée, à condition qu’il soit fait mention de la source. • Ont collaboré à ce numéro : Françoise Ansay, Lisa Bentes, Olivier Beys, Sara De Winter, Charlotte Gijssels, Margareta Heylen, Franck Hollander, Jérome Laycock, Sabien Leemans, AnneCatherine de Neve, Florence Platteau, Caroline Steygers, Florence Platteau, Jan Vandermosten, Gwendoline Viatour, Angelika Zapszalka • Coordination: Anne-Catherine de Neve (www.outsidetheboxes.be) et Angelika Zapszalka • Design : www.propaganda.be • Impression : Claes Printing. St-Pieters-Leeuw. • Photo de couverture : Brent Stirton / Getty Images • E.R.: Antoine Lebrun. Bd E. Jacqmain, 90. 1000 Bruxelles
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BRÈVES © WWF-Belgium
LA MILITANCE, ÇA COMMENCE TÔT ! Le WWF remercie chaleureusement Clara, 11 ans et Leïla, 12 ans, pour leur belle initiative en faveur de la protection des espèces menacées. Un matin de mai, les deux amies ont décidé de leur propre chef de faire le tour du village en vue de récolter des dons au profit de notre organisation. « Nous avons eu l’idée de faire le tour de notre village pour récolter quelques pièces en échange de petites figurines animales en élastiques fabriquées par nous-mêmes, expliquent joyeusement les deux jeunes filles. En chemin, une amie et sa sœur nous ont rejointes. » Leur engagement et leur créativité leur ont permis de récolter 24 € qu’elles ont directement confiés au WWF. Nous exprimons toute notre gratitude à Clara, Leïla et leurs amies ainsi qu’aux habitants de Rebaix pour leur générosité !
TROP PEU DE CONTRÔLES SUR LES IMPORTATIONS DE BOIS ILLÉGAL EN BELGIQUE : AUDITION AU PARLEMENT FÉDÉRAL La Belgique est une plaque tournante importante pour le commerce international du bois. Notre pays a une grande responsabilité pour assurer que ce bois ne vient pas de l’exploitation forestière illégale. Depuis le 3 mars 2013, le gouvernement dispose d’un instrument spécifique pour lutter contre le commerce illégal du bois : le Règlement bois de l’Union européenne (RBUE). Pourtant, ces deux dernières années, les vérifications ont été peu nombreuses. Le 3 juin 2015, le WWF a été invité à donner son point de vue lors d’une audition de la Commission de l’environnement de l’Assemblée fédérale sur la mise en œuvre de la réglementation de la filière bois de l’UE en Belgique. Le représentant du ministre a annoncé que les effectifs du service compétent seront augmentés en 2016. C’est déjà un signal positif, mais nous continuerons de suivre de près cette question importante.
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© Brent Stirton / Getty Images / WWF-UK
KEEP NATURE ALIVE – PARTICIPATION RECORD À LA CONSULTATION EUROPÉENNE
© Wild Wonders of Europe / Dietmar Nill / WWF
Ces derniers mois, le WWF et plus de 100 ONG de toute l’Europe ont mobilisé les citoyens européens pour faire entendre leur voix dans un dossier essentiel : la protection de la nature sauvage en Europe. Celle-ci est protégée grâce aux directives européennes « Oiseaux » et « Habitats », qui ont permis la création de Natura 2000, un réseau qui couvre environ un cinquième du territoire européen et qui profite à des milliers d'espèces et d'habitats. La Commission européenne envisage une modification de ces réglementations essentielles qui, selon nous, risquerait de mettre en péril des décennies d’efforts de conservation. Cette dernière a organisé une consultation publique sur le sujet (entre le 12 mai et 27 juillet) et, grâce à vous qui y avez participé, un record a été franchi : plus de 150 000 personnes y ont pris part en seulement deux semaines, le plus haut taux de participation jamais atteint pour une consultation européenne. Aujourd'hui, la consultation est close. Au total, plus de 520 000 voix ont été exprimées. Les Belges ont été particulièrement actifs : presque 40 000 ont répondu à l'appel ! Un tel niveau de participation envoie un message fort au Président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et à toute son équipe : la nature est une priorité pour les Européens et ils n’accepteront pas que la Commission détricote la législation qui la protège. À présent, un combat politique s’engage : avec votre soutien, nous allons travailler pour convaincre la Belgique, en tant qu’ État membre, de s’opposer à une révision des directives « Oiseaux » et « Habitats ». Nous vous tiendrons informés !
BONNE NOUVELLE POUR LE TIGRE Le Bhoutan héberge à présent 103 tigres, contre 75 lors de la précédente estimation ! Cette récente étude, qui a été réalisée avec des technologies de pointe afin d'être aussi précise que possible, montre que les tigres ont été repérés à des altitudes très différentes, de 150 à 4 200 mètres au-dessus du niveau de la mer. Cela indique que le Bhoutan, qui est recouvert à 72 % de forêts, bénéficie d'écosystèmes robustes et en bonne santé. Une indication confirmée d'ailleurs par la présence de nombreuses femelles accompagnées de leurs tigreaux.
© Vivek R. Sinha / WWF-Canon
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Le saviez-vous ?
Le poisson reste l’un des produits alimentaires les plus échangés à l’échelle mondiale. Il revêt une importance particulière pour les pays en développement, où il représente parfois la moitié de la valeur totale des produits négociés.
DOSSIER MERS ET OCÉANS EN PÉRIL
DES POISSONS, TOUJOURS DES POISSONS Nos mers et océans se vident. Les poissons disparaissent au rythme incessant des filets qui remontent vers la surface et des bateaux usines qui les dépècent à la chaîne et rejettent les prises accessoires à la mer. Les poissons y disparaissent pour fournir à plus d’un milliard de personnes leur principale source de protéines. Les
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poissons y disparaissent en raison des ponctions répétées, toujours plus massives et rapprochées faites dans leurs populations. Décimées par les captures et faute du temps nécessaire pour se reproduire, des populations entières s’effondrent, mettant en péril des écosystèmes tout entiers et, par là, l'équilibre fragile de notre planète.
La pêche non durable représente la plus grande menace pour nos mers et océans. De nombreuses espèces sont surpêchées. Certaines sont à la limite de l’effondrement. Le dernier rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) montre que, en 2012, 28,8 % des stocks de poissons de mer sont surexploités et 61,3 % sont exploités au maximum, ce qui signifie que toute exploitation supplémentaire de ceux-ci est de la surpêche. À l’heure actuelle, 9,9 % seulement des stocks mondiaux de poissons commercialisés sont exploités en respectant les niveaux de durabilité. Nos mers et océans se vident de leurs poissons, alors même que les besoins alimentaires augmentent parallèlement à l’accroissement démographique mondial. Mais perdre des populations – voire des espèces – de poissons parce qu’on les a surpêchées ou mal pêchées ne se limite pas à perdre un stock de ressources alimentaires, aussi crucial qu’il soit dans le contexte de croissance démographique attendue. Perdre un stock de poissons, c’est
perdre un maillon d’une chaîne dans un écosystème complexe que nous sommes encore loin de comprendre. Compte tenu des interrelations très étroites propres aux écosystèmes aquatiques, l’exploitation, la surexploitation et l’appauvrissement des stocks halieutiques – les stocks de poissons – entraîneront très certainement des effets en cascade en leur sein. À titre d’exemple, la perte de grands poissons prédateurs comme le requin, en altérant la composition de l’ensemble des espèces, se traduit par une modification du fonctionnement de l’écosystème. L’indice Planète Vivante marin, un indice qui permet de calculer l’état de la biodiversité marine, a diminué de 39 % depuis 1970 pour 3 132 populations de 910 espèces de mammifères, oiseaux, reptiles et poissons marins. Si ce sont les premiers dans la ligne de mire, les poissons ne sont pas les seuls à être touchés de plein fouet par la pêche non durable. Oiseaux, reptiles et mammifères marins sont les victimes bien malgré elles de prises accidentelles et d’accidents dus au trafic mari-
time. De surcroît, la raréfaction de leurs ressources alimentaires fragilise leurs populations et augmente la compétition entre espèces. Enfin, n’oublions pas que les mers et océans ne font pas que nous nourrir. Ils produisent aussi 70 % de notre oxygène, influencent le climat, interviennent dans le cycle de l’eau, soutiennent l’économie et assurent la subsistance de millions de personnes. Il est grand temps aujourd’hui que cesse leur pillage et que l’on remplace une pêche qui détruit par une pêche qui restaure, une aquaculture qui endommage par une aquaculture responsable. Les outils d’une exploitation des ressources qui respecte les écosystèmes marins et océaniques existent : des labels garantissent la provenance et la durabilité des poissons. À nous de les choisir ! Car chacun d’entre nous peut, chaque jour, grâce à des choix de consommation responsables, protéger les merveilles encore intactes qui vivent dans le silence millénaire des fonds marins océaniques. © Jürgen Freund / WWF
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Le saviez-vous ?
Entre 1960 et 2012, la consommation mondiale moyenne de poisson a presque doublé, passant de 10 à 19,2 kg par an et par personne.
CHRONIQUE D’UNE DISPARITION SILENCIEUSE
DOSSIER
Nos mers et océans sont plus que jamais en danger. La dégradation continue qu’ils subissent met en péril les processus naturels de fonctionnement et de maintien des écosystèmes aquatiques. L’effondrement des stocks de poissons et les maillons manquants de la chaîne alimentaire marine démontrent que de vastes superficies du plateau continental des mers ont été dépouillées par le chalutage et les techniques de pêche intensives. Ces pertes mettent en danger la biodiversité, mais aussi la sécurité alimentaire et le bien-être des communautés humaines dont la survie dépend des ressources naturelles aquatiques.
MERS ET OCÉANS EN PÉRIL
© Martin Harvey / WWF
Selon le dernier rapport de la FAO, en 2012, ce sont 93,7 millions de tonnes de poissons qui ont été pêchés, dont 82,6 millions dans les mers et les océans – soit près de 6 fois ce que l’on pêchait en 1950 –, auxquelles il faut encore ajouter les 60,6 millions de tonnes de poissons élevés en aquaculture. Et c’est sans compter les quelques dizaines de millions de tonnes – entre 11 et 26, selon les estimations – pêchées illégalement…
et, dans nos régions, elle suscitait déjà des inquiétudes pour le renouvellement des stocks de poissons dès le XVIIe siècle. Mais les techniques encore très rudimentaires ne permettaient alors ni de descendre très profondément ni de pêcher large : la taille des filets restait proportionnelle à la taille des bateaux et aux forces humaines et mécaniques qui les remontaient et il en allait de même pour les quantités de poissons pêchées.
Cette augmentation des quantités de poissons prélevés pour couvrir nos besoins alimentaires n’est pas neuve
TOUJOURS PLUS DE POISSONS Dans les mers et les océans, les choses ont changé avec la seconde
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guerre mondiale : le développement de technologies comme le radar ou le fil de nylon incassable ont donné le coup d’envoi à l’industrialisation de la pêche. À partir de ce moment, les bateaux de pêche sont devenus de véritables usines flottantes où le poisson est traité et réfrigéré immédiatement (une pratique qui a d’ailleurs encouragé l’allongement du temps des campagnes), et de nouvelles techniques ont permis de pêcher plus, beaucoup plus. Les palangres en Méditerranée, par exemple, qui traînent sur plus de 50 km des lignes meurtrières de
milliers d’hameçons, ont décimé les populations d’espadons. Notons aussi l’invention du chalut de fond, un gigantesque filet qui racle littéralement les fonds marins. Emportant tout sur son passage, il étire son triste sillon sur des kilomètres de long. AUSSI PROFOND QUE L’OCÉAN Le déclin progressif des populations de poissons ont poussé la pêche industrielle à s’intéresser à des espèces qui, jusque-là, avaient échappé aux filets de l’homme. Au fur et à mesure de la raréfaction des espèces les plus couramment pêchées, les pêcheurs se sont déplacés vers de nouveaux gisements de ressources. Ce déplacement s’illustre notamment par la tendance récente des pêcheurs en haute mer à s’aventurer en eaux profondes et loin des côtes. De même, les pêcheries descendent progressivement dans la chaîne alimentaire pour se rabattre sur des espèces de plus en plus petites. Ainsi, par exemple, avec la quasi disparition des cabillauds de l’Atlantique Nord, ce sont leurs proies – les harengs – qui sont devenues des prises pour la pêche industrielle. Enfin, les pêcheries s’enfoncent elles aussi plus profondément dans les océans : en 1960, la profondeur moyenne était de 150 mètres. Aujourd’hui, on pêche jusqu’à 2 000 mètres. Ces pratiques sont particulièrement dommageables pour les espèces qui y sont pêchées, car les poissons qui vivent dans ces profondeurs – les poissons pélagiques – ont une durée de vie plus longue et atteignent leur maturité sexuelle plus tardivement que leurs congénères qui vivent en surface. En prélevant des grandes quantités d’individus juvéniles, la pêche industrielle met à mal la capacité de ces populations à se régénérer. SINISTRES COLLATÉRAUX Malheureusement, ces techniques qui permettent de pêcher plus, plus vite, plus longtemps, plus profondément, ne permettent pas de pêcher mieux. Outre les dégâts que certaines d’entre elles occasionnent aux écosystèmes
© Jürgen Freund / WWF
Si les causes principales du déclin quantitatif et qualitatif des stocks de poissons sont directement liées à la surpêche et à la pêche destructive, d’autres facteurs humains interviennent également dans leur érosion : pollution, occupation humaine des littoraux (logements, loisirs, industrie, agriculture), transport maritime, changement climatique et acidification des océans.
marins, les pollutions qu’elles génèrent et les ponctions déraisonnables qu’elles pratiquent sur les populations des espèces visées, elles sont aussi très meurtrières pour celles qui ne le sont pas et qui ont le malheur de passer par là. Ainsi, on estime que jusqu’à 60 % de prises accessoires tombent dans des filets qui ne leur sont pas destinés. On connaît le sort des dauphins capturés dans les filets des senneurs-thoniers ou celui des tortues, empêtrées dans les mailles des pêcheurs de crevettes ; mais c’est aussi le cas de centaines d’espèces anonymes qui ne finiront tristement dans l’assiette de personne et qui sont rejetées à la mer, le plus souvent en sinistre état. POISSONS D’ÉLEVAGE, POISSONS CARNAGE Malgré tout cet arsenal, les besoins et la demande croissante, les quantités de poissons pêchées sont plafonnées depuis 1994 à 90 millions de tonnes. C’est pourquoi l’aquaculture – l’élevage de poissons – connaît depuis quelques décennies un développement sans précédent qui ne devrait pas s’arrêter là : des 0,6 million de tonnes produites en 1960, on est passé à 63 millions de tonnes en 2014, et la FAO s’attend à ce qu’en 2030, l’aquaculture fournisse jusqu’à 93 millions de tonnes de poissons, soit davantage que le produit des
captures. Pour autant, l’aquaculture n’est pas une solution sans conséquences et les effets de son intensification dans certaines régions du globe se sont faits âprement ressentir sur les écosystèmes et, paradoxalement, sur les populations de poissons sauvages. Les poissons élevés en aquaculture sont en effet le plus souvent des espèces carnivores – les plus appréciées du consommateur – engraissées avec des poissons… pêchés en mer. L’espèce la plus pêchée au monde est ainsi l’anchois du Pérou, avec 4,7 millions de tonnes en 2012, transformées pour la majorité en farines destinées entre autres à l’engraissage des poissons d’élevage.
© WWF-US / James Morgan
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Le saviez-vous ?
373 pêcheries dans le monde sont engagées dans le programme MSC et une cinquantaine sont actuellement en cours de certification, ce qui représente 7 % des pêcheries mondiales.
DOSSIER POUR UNE PÊCHE QUI RESTAURE MERS ET OCÉANS EN PÉRIL
Il existe pourtant une pêche responsable qui préserve les ressources dans lesquelles elle prélève et sauvegarde les écosystèmes et les autres espèces qui les peuplent.
RÉVEIL BRUTAL Au tout début des années 1990, la pêcherie de cabillauds des Grands Bancs du Canada, qui avait débarqué des centaines de millions de tonnes de poissons pendant des siècles, s’est brusquement effondrée. Quelque 40 000 pêcheurs y perdirent leur emploi. Les cabillauds ne sont jamais revenus : ils n’étaient désormais plus assez nombreux pour se reproduire. Cette disparition dramatique d’une ressource alimentaire séculaire, qui semblait inépuisable, a sonné le réveil de la profession. Les acteurs du secteur se sont mis autour de la table avec le WWF et ont cherché ensemble des solutions pour que cela ne se reproduise plus. Le premier label environnemental pour des produits de la mer durables, le Marine Stewardship Council (MSC), est né. INVERSER LE DÉCLIN DES POISSONS Pour mettre un terme à l’effondrement des stocks, il faut mettre en place des méthodes de pêche durables qui tiennent compte des populations et des écosystèmes dans lesquelles les captures sont réalisées, mais aussi de la réalité socio-économique des pêcheurs. Le MSC a ainsi développé un standard pour évaluer et certifier les pêcheries : le Référentiel MSC
pour une pêche durable, un ensemble internationalement reconnu de principes écologiques permettant d’évaluer si des pêcheries sont durables et respectueuses de l’environnement. Le MSC travaille avec tous les acteurs de la filière pêche – de la pêcherie artisanale basée sur une communauté jusqu’aux pêcheries géantes de saumon ou de colin d’Alaska – pour contribuer à la préservation de l’activité et faire évoluer le marché des produits de la mer vers la durabilité. DES PRATIQUES DE PÊCHES DURABLES… Pour être certifiée MSC, une pêcherie doit respecter trois principes fondamentaux. Tout d’abord, la pêcherie doit être conduite de manière à ne pas entraîner la surpêche ou l’épuisement du stock cible. Si le stock visé est en mauvais état, la pêcherie doit pouvoir garantir une amélioration de son état. Ensuite, la pêcherie doit permettre la conservation des écosystèmes dont elle dépend et leur biodiversité. Enfin, la pêcherie doit viser une utilisation de la ressource responsable et durable et respecter les lois locales, nationales et internationales. Seuls les produits issus de pêcheries ayant été évaluées par des organismes de certification indépendants peuvent apposer le label MSC sur leurs produits.
LE THON ROUGE, AU BORD DE L'EFFONDREMENT Autrefois abondant au large de la côte nord de l’Europe, le thon rouge
(thunnus thynnus) y a complètement disparu depuis les années 1960, avec le développement des marchés internationaux et des techniques de pêche comme les sennes coulissantes, d’immenses filets qui entourent les poissons et les piègent dans le fond. Aujourd’hui, la majeure partie des thons rouges de l’Atlantique sont pêchés en Méditerranée, où les quotas autorisés sont largement dépassés. L’espèce est en danger critique d’extinction. © Roger Leguen / WWF
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…POUR DES CHOIX RESPONSABLES Quand le consommateur voit le logo MSC sur un produit de la mer, il a l’assurance qu’il achète un produit qui ne contribue pas aux problèmes sociaux et écologiques que posent la surpêche et la pêche destructive. Grâce au label bleu, les
consommateurs ont désormais le moyen d’identifier – et donc de choisir – poissons et autres produits de la mer issus de sources durablement gérées. Actuellement, 16 594 produits certifiés MSC sont disponibles à la vente dans 94 pays.
DES TORTUES HORS DES FILETS DES CREVETTIERS MSC © Roger Leguen / WWF
Surtout consommées en Amérique du Nord, en Europe et au
Depuis plusieurs années, le WWF travaille avec les pêcheries de
Japon, les crevettes tropicales sont très demandées sur le
crevettes du Suriname pour améliorer les techniques et les plans
marché mondial. Les flottes de pêche ont augmenté en consé-
de gestion de pêche dans la région. Les filets de la plupart des cha-
quence ces 30 dernières années et la plupart des pêcheries
lutiers croisant dans les eaux du Suriname sont équipés de méca-
de crevettes tropicales sont aujourd’hui en déclin. La pêche
nismes (le Turtle Excluder Device et le Bycatch Reduction Device)
au chalut à la crevette est aussi l'une des techniques de pêche
qui permettent aux tortues, cétacés et autres poissons pris dans
qui engendrent le plus de prises accessoires. Pour 1 kg de cre-
les filets de s’en échapper, grâce à un double système d’ouverture
vettes, on en compte 5 à 20 kg : tortues marines, poissons, céta-
placé au-dessus du filet. Ce dispositif a permis de réduire la cap-
cés, requins, hippocampes, oiseaux marins, coraux et autres
ture accidentelle des tortues marines de 95 %. Le gouvernement
invertébrés finissent empêtrés dans les filets que les chalutiers
a dans le même temps redéfini des zones protégées et des zones
tirent à leur traîne.
de pêches assurant la sécurité nécessaire aux tortues qui viennent pondre sur ces plages. Fin 2011, les crevettes pêchées à l’aide de
Au Suriname, un petit pays d’Amérique du Sud, la crevette
cette technique ont obtenu le label MSC. Une première pour des
Seabob Atlantique (Xiphopenaeus kroyeri) est pêchée le long
crevettes !
de la côte, jusqu’à environ 33 mètres de profondeur, précisément dans les régions où viennent pondre les tortues marines.
Trouvez les produits labellisés MSC en Belgique et soutenez les
Crevettes et tortues nagent toutes deux au fond des océans et
pêcheries qui contribuent à la protection des océans dans le
ces dernières ont été durement touchées par l’intensification de
monde sur www.msc.org/ou-acheter.
la pêche des crevettes : chaque année, on perdait jusqu’à 900 tortues marines dans les filets des crevettiers.
Panda magazine – Page 11
DOSSIER MERS ET OCÉANS EN PÉRIL
© Erling Svensen / WWF
Dans les dernières décennies, l’aquaculture a connu un essor considérable : elle contribue aujourd’hui pour près de la moitié de la consommation mondiale de poissons et joue un rôle crucial pour la sécurité alimentaire des populations mondiales. Dans le contexte où la demande en protéines animales est toujours plus élevée, améliorer l’impact environnemental et social de l’aquaculture est un véritable défi !
L’AQUACULTURE, EST-CE BIEN RESPONSABLE ? UN ENJEU DE TAILLE Si, en Europe centrale, les poissons sauvages sont les plus prisés, en Chine, la culture aquacole est une tradition millénaire qui remonte aux débuts de la domestication des carpes. La Chine est le premier producteur de poissons d’élevage au monde, fournissant près de deux tiers de l’ensemble de la production mondiale de poissons d’élevage. En plus de fournir une importante part des protéines animales, l’aquaculture est également un fort levier de développement économique et social, et notamment dans les pays en voie de développement : sur les 53 millions de personnes qui vivent des produits de la mer, près d’un quart travaillent dans l’aquaculture et on estime que la subsistance de 117 millions de personnes en dépend.
Panda magazine – Page 12
DOMMAGES EN CASCADE Les problèmes posés par l’aquaculture, sans une gestion responsable, sont aigus. Les mauvaises pratiques peuvent avoir des répercussions sévères à la fois sur la santé et le bien-être des espèces animales, sur les écosystèmes dans lesquels les installations sont implantées et les espèces sauvages qui les peuplent, sur la qualité des eaux et, dans le cas des poissons carnivores nourris avec des poissons pêchés en mer, contribuer à aggraver la surpêche. L’aquaculture intensive, en particulier, peut générer
À ce jour, plus de 500 produits sont certifiés ASC dans – au total – 24 pays.
des dommages en cascade : épidémies, utilisation massive d’antibiotiques, contamination des espèces sauvages, eutrophisation des eaux par la grande quantité d’excréments rejetés, déforestation pour la production des aliments végétaux et, là où sont installés les élevages, dégradation des écosystèmes souvent très riches et abritant de nombreuses espèces marines, etc. UN ÉCOLABEL POUR UNE AQUACULTURE RESPONSABLE Lancé en 2010 par le WWF et l’Initiative pour le commerce durable (IDH), le label Aquaculture Stewardship Council (ASC) vise à minimiser voire à supprimer les impacts environnementaux et sociaux négatifs de l’aquaculture. L’organisation ASC travaille avec différents producteurs, grossistes, dis-
Le saviez-vous ?
D’ici à 2020, 50 % du saumon d’élevage dans le monde sera produit selon des normes de production écologiques et socialement responsables. C’est l’engagement qu’ont pris les acteurs du secteur rassemblés dans la Global Salmon Initiative (GSI), un organe autorégulateur fondé en 2012 avec le soutien du WWF.
tributeurs et restaurateurs, mais aussi avec des scientifiques et des groupes d’environnementalistes afin de promouvoir l’aquaculture responsable. Des référentiels sont élaborés pour les groupes d’espèces les plus commercia-
lisées : actuellement, des référentiels existent pour le saumon, les crevettes, le tilapia, le pangasius, la truite et les huîtres. Parmi les critères à remplir pour obtenir le label figurent entre autres les contrôles stricts de la qua-
lité de l’eau, le contrôle de la fuite des poissons, du recours aux substances chimiques ainsi qu'aux antibiotiques, et l’instauration de pratiques sociales responsables, la légalité des conditions de travail et d’exploitation.
LA BALEINE BLEUE ET LE SAUMON Loin au sud du Chili, dans l’écorégion marine de Chiloense, les
Dans le même temps, le deuxième plus grand parc maritime
fjords et canaux de Patagonie abritent dans un environnement
au monde, après les Iles Cook dans le Pacifique, a été créé le
exceptionnel de nombreuses espèces de mammifères, d’oiseaux
long des fjords austraux. La réserve de Tic-Toc et le réseau des
marins et de coraux d’eau froide. Les baleines bleues viennent
aires protégées offrent désormais 120 000 hectares protégés
s’alimenter et allaiter leurs petits dans les eaux douces et peu
aux baleines et aux dauphins, tout en permettant la reconstitu-
salées des fjords profonds et calmes et c’est même l’une des
tion des stocks halieutiques et le renforcement de la résilience
premières aires d’alimentation du gigantesque cétacé et de
de l’écosystème marin face au changement climatique. Ils
nombreux autres mammifères marins. C'est hélàs aussi une
donnent également la possibilité aux communautés locales de
région dotée de pêcheries hautement productives et d’une
dégager des revenus, indispensables à la réduction de la pres-
industrie aquacole à grande échelle au niveau mondial.
sion économique exercée sur les écosystèmes.
Le Chili – juste derrière la Norvège – est ainsi le deuxième producteur au monde de saumons d’élevage. Avec 729 000 tonnes produites en 2013, un saumon d’élevage sur trois est élevé au Chili. Dans les années 2000, l’aquaculture salmonicole y était pointée du doigt à cause de ses pratiques sociales et environnementales dommageables : pollution des eaux, problèmes sanitaires et pauvre qualité des saumons produits, conditions d’élevage contraire au bien-être animal, etc. La surexploitation des ressources marines y atteignait un niveau dangereux, au point que des habitats majeurs ont péri et que l’écosystème et ses services se sont retrouvés menacés. En 2008, l’épidémie du virus ISA, qui a décimé près de 40 % des saumons chiliens, a mis le feu aux poudres et poussé les acteurs du secteur à s’engager dans un processus de certification ASC avec le WWF. En 2013, des entreprises (dont sept sociétés chiliennes) représentant 70 % de la production de saumons d’élevage au monde se sont engagées à faire certifier, d’ici 2020, l’ensemble de leurs exploitations selon la norme ASC. En juillet 2014, le premier saumon d’élevage chilien était certifié ASC. © William W. Rossiter / WWF
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Le saviez-vous ?
DOSSIER MERS ET OCÉANS EN PÉRIL
Une portion de 150 gr de poisson peut fournir de 50 à 60 % environ des besoins journaliers en protéines d’un adulte. En 2010, le poisson a représenté 16,7 % de l’apport en protéines animales de la population mondiale.
NOS CHOIX PEUVENT
En Belgique, on consomme en moyenne 10 kg de poisson par an. Pas grand-chose à côté des 70 kg du Japonais mais suffisamment pour nous appeler à faire les bons choix ! Voici quelques outils pour vous y aider. UNE SEMAINE POUR LA PÊCHE RESPONSABLE
TOUS LES POISSONS NE SONT PAS BONS À PÊCHER
Du 7 au 13 septembre 2015, le WWF fait la fête au poisson durable et lance une campagne de sensibilisation dans tout le pays, avec l’appui de plusieurs partenaires : chefs cuisiniers, enseignes commerciales et médias.
Ne pas acheter un poisson issu de la surpêche et le laisser délibérément dans les étals des enseignes qui le proposent encore, c’est adresser à ces dernières un message très clair : vous ne voulez plus de poisson non durable ! Mais savez-vous quels sont les poissons qu’il faut à tout prix éviter ? Entre les poissons qu’on peut manger s’ils sont pêchés dans l’océan Atlantique sud-ouest, mais qu’il faut éviter s’ils l’ont été dans la Méditerranée car pêchés au chalut de fond, comme l’anchois par exemple, savez-vous faire la différence ?
Le consommateur a une responsabilité et un pouvoir d’agir extrêmement importants face à la problématique de la surpêche et de l’élevage de poisson non responsable. Il est donc impératif qu’il soit bien informé sur les conséquences des choix qu’il fait en matière de consommation de poisson. Le but de cette campagne est de guider le consommateur vers le meilleur choix. Pour le WWF, il s’agit des poissons labellisés ASC et MSC, deux écolabels qui garantissent une aquaculture et une pêche responsable. Plusieurs enseignes jouent le jeu à nos côtés car ils vendent du poisson au label ASC et/ou MSC : Delhaize, Lidl, Aldi, Spar, Ikea, McDonalds, Carrefour Albert-Heijn, Quick. Une dizaine de chefs soutiennent la campagne. Ils se sont engagés à choisir autant que possible du poisson issu de la pêche durable ou de l’aquaculture responsable. Ils ont créé spécialement pour la campagne des recettes à base de poisson durable. Ces dernières sont disponibles sur le site web du WWF. Un concours organisé sur notre site pendant la « Semaine du Poisson Durable » permettra également de gagner des repas gastronomiques et des cours de cuisine offerts par certains chefs. Découvrez, en page 23, une des recettes concoctées pour l’occasion par l’un de nos chefs.
Pour plus d’informations sur la campagne, rendez-vous sur www.semainepoisson.be
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Les réponses sont dans notre Consoguide 2015, disponible en version imprimable ou en pdf. Quatre catégories vous guident dans votre parcours de consommateur : du meilleur choix aux poissons à éviter absolument, en passant par les poissons certifiés MSC ou ASC, ceux victimes de la surpêche, en voie de disparition ou dont l’élevage est très polluant. La bonne nouvelle, c’est qu’on peut désormais remanger de l’espadon ou de la limande, pour peu qu’ils soient labellisés MSC !
Téléchargez le Consoguide sur www.semainepoisson.be
FAIRE LA DIFFÉRENCE LES POISSONS DURABLES AU BOUT DE VOS DOIGTS Vous avez oublié de prendre votre Consoguide pour faire vos courses ? Le poisson certifié que vous aviez prévu d’acheter n’est pas disponible et vous ne savez pas par quelle espèce le remplacer ? Votre poissonnier vous conseille un poisson que vous ne connaissez pas ? Emportez votre Consoguide sur votre smartphone avec la nouvelle application que nous lançons à l’occasion de la semaine de la pêche durable.
Téléchargez l’application sur www.semainepoisson.be
DES ENTREPRISES S’ENGAGENT Les entreprises du secteur ont un énorme rôle à jouer. En faisant le choix de proposer des produits de la mer d’origine certifiée, elles s’engagent résolument dans la conservation des écosystèmes marins et des espèces qui les peuplent. Ainsi, dans le cadre de son partenariat avec le WWF, Delhaize s’est engagé à améliorer la durabilité de l’assortiment de ses produits issus de la mer. Delhaize a pour objectif de proposer un minimum de 80 % de poisson durable labellisé MSC ou ASC dans son assortiment (produits frais, surgelés, en boîte et plats préparés) d’ici 2020. Lors du lancement du partenariat en 2009, Delhaize s’est engagé à ne plus proposer à ses clients d’espèces de poissons menacées par la surexploitation, afin de leur permettre de faire le choix d’une consommation durable. Sur base des recommandations du WWF, des espèces marines telles que la raie, le loup de mer, l’espadon et l’anguille de rivière ont été sorties des rayons. Avec le soutien du WWF, Delhaize souhaite aussi privilégier des méthodes de pêche sélectives, qui ont un impact moindre sur l’écosystème marin et les espèces menacées. L’assortiment durable de thon jaune dans les produits frais est une concrétisation de cet engagement.
Plus d’infos sur l’approche de Delhaize pour le thon durable : fr.delhaize.be/thon
Vous êtes convaincu(e) qu’il faut agir pour l’avenir de nos mers et océans ? Prêtez votre voix aux poissons ! Votre restaurant préféré propose encore du thon rouge sur sa carte ? Votre poissonnier n’a aucun produit MSC ou ASC dans son assortiment ? Pourquoi ne pas leur suggérer de se renseigner sur www.semainepoisson.be ? © naturepl.com / Doc White / WWF
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SUR LE TERRAIN
DES PÊCHEURS AUX COMMANDES DE LEUR ÉCOSYSTÈME Dans le cœur vert de l’Afrique, dans la province du Bandundu, en République démocratique du Congo, le lac Mai Ndombé étend ses eaux peu profondes sur près de 2 300 km2. Celles-ci, sombres et acides, riches en matières organiques en décomposition, regorgeaient autrefois de poissons et nourrissaient sans effort les communautés de pêcheurs qui vivent sur ses berges herbeuses. Depuis une dizaine d’années, les poissons y sont devenus plus rares. Un vaste projet est mené avec les pêcheurs pour développer des pratiques de pêche durable et améliorer leur niveau de vie.
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DES POISSONS TOUJOURS PLUS DIFFICILES À ATTRAPER Si les poissons semblaient autrefois inépuisables dans le lac Mai Ndombé, les pêcheurs constatent depuis quelques années une diminution de la quantité et de la diversité des poissons présents. La pêche est devenue plus difficile tandis que les besoins alimentaires ont, eux, augmenté avec la population. Progressivement, les pêcheurs se sont vus contraints de compenser la pénurie de poissons en pêchant plus intensivement, en pêchant aussi durant les périodes de reproduction, et avec des techniques de pêche plus destructrices. Certains pêcheurs utilisent par exemple comme filets de pêche des moustiquaires (enduites de pesticides !) distribuées par des ONG pour lutter contre le paludisme. Les zones de frayères, lieux
de reproduction des poissons, sont parfois pillées et certains produits toxiques sont utilisés et répandus dans les rivières pour tuer les poissons. L’appauvrissement des ressources naturelles du lac et l’intensification compensatoire de la pêche mettent les écosystèmes du lac à rude épreuve et ont des conséquences négatives sur le revenu déjà fort limité des pêcheurs (un pêcheur du lac gagne l’équivalent de 10 centimes de l’heure), leur sécurité alimentaire et les forêts avoisinantes dans lesquelles ils se voient désormais contraints d’aller chercher une partie de leur subsistance. POUR ENRAYER LE DÉCLIN DES RESSOURCES Il y a quatre ans, le WWF, en collaboration avec le CENADEP, une organisa-
Le saviez-vous ? tion locale spécialisée dans la participation des populations et la mise en place d’outils de cogestion, a lancé avec une vingtaine de villages de pêcheurs, hommes et femmes, un vaste projet de protection des ressources du lac, Ndjamba Djale1. Ce projet a pour triple objectif de favoriser l’organisation des pêcheurs en associations reconnues par les autorités administratives et coutumières, l’instauration de techniques de pêche durable et l’amélioration du niveau de vie des pêcheurs par le développement d’activités alternatives génératrices de revenus compatibles avec la préservation des ressources naturelles. Grâce à la prise de conscience des pêcheurs et à leur forte participation dans le projet, les choses changent au lac Mai Ndombé. Organisés en une Fédération et en Unions villageoises, 1 300 pêcheurs ont désormais une voix et sont devenus des interlocuteurs officiels sur les questions
Les poissons pêchés dans le lac Mai Ndombé représentent presque la seule source disponible de protéines dans la région.
relatives à la gestion du lac. Ils ont récemment rédigé une charte de pêche durable qui prône une pêche qui restaure plutôt qu’une pêche qui exploite : respect des calendriers de pêche, protection des frayères, suppression des techniques de pêche destructives, taille minimale des mailles des filets pour éviter de récolter des alevins, etc. La charte est proposée comme outil de réglementation de la pêche sur le lac. Au sein des associations villageoises, les pêcheurs proposent des projets de revenus alternatifs, qui seront financés et accompagnés dans le cadre du projet Ndjamba Djale. Les pêcheurs deviennent ainsi éleveurs, pisciculteurs ou agriculteurs à temps partiel. Il s’agit là pour ces pêcheurs d’apprendre à gérer leur écosystème et de trouver un équilibre – fragile certes, mais nécessaire – entre leur bien-être et la gestion durable des ressources naturelles.
CARNET DE VOYAGE En mai 2015, nos collègues du département « Projets internationaux », Françoise Ansay et Jerome Laycock, se sont rendus au lac Mai Ndombé. À mi-parcours de la deuxième phase, le temps était venu d’effectuer une évaluation du projet. Sur le terrain, ils ont découvert que le travail de sensibilisation porte ses fruits et que les techniques de pêche durable sont maintenant plus largement connues et répandues. Ils ont rencontré des pêcheurs fiers d’avoir repris les rennes et découvert des initiatives prometteuses. En route pour un petit compterendu de leur voyage, en images !
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© Jérome Laycock / WWF-Belgique
Alors que la pêche estr traditionnellement réservée aux hommes, les femmes sont parties prenantes dans le projet Ndjamba Djale et sont membres des associations de pêcheurs. C’est grâce à leur présence dans les associations qu’une partie des revenus dégagés par la pêche est investie dans des projets de développement utiles à la collectivité et pas seulement dans le maintien de l’outil de production (filets, embarcations, etc.).
Pour réaliser les enquêtes de terrain, on se partage le travail : une équipe terrestre, à moto, et une équipe lacustre, en bateau, pour atteindre les villages les plus reculés. Rosette, au premier plan, est responsable du monitoring des poissons. Avec des experts belges et congolais, elle a procédé à l’inventaire des poissons qui vivent dans le lac. Cet inventaire a permis de sélectionner les 10 espèces les plus consommées, sur lesquelles sont concentrés les efforts de préservation.
© Jérome Laycock / WWF-Belgique
« Avant, nous pêchions 1 000 poissons avec 100 mètres de filet. Maintenant, nous pêchons 100 poissons avec 1 000 mètres de filet. Nous avons compris qu’il ne s’agit plus simplement de prélever la ressource qu’est le poisson ; il faut désormais que nous apprenions à gérer cette ressource. » Gratien Mpeti, Président de la Fédération des pêcheurs du lac Mai Ndombé
© Jérome Laycock / WWF-Belgique
Sur place, le travail de sensibilisation sur la nécessité de protéger les frayères a déjà porté ses fruits. Ici, à Ndongese, les villageois ont fermé un lagon avec des nattes de bambous pour protéger de la pêche les jeunes poissons qui y sont nés.
Dans les faubourgs de la ville d’Inongo, le plus gros port de pêche du Lac, un premier bassin de pisciculture associé à l’élevage de canards a été construit en partenariat avec le CENADEP et une association de pisci© Jérome Laycock / WWF-Belgique
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culteurs-pêcheurs.
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@CENADEP
Ndjamba Djale signifie « J’aime le Lac », en kitomba, l’une des langues locales.
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FOCUS
Cette fois, c’est la planète toute entière qui a besoin de nous. Nous n'échapperons pas au changement climatique. Il a déjà commencé dans des proportions qu’on peine à imaginer. Il menace l'équilibre d'écosystèmes entiers dont nous dépendons tous*. Il est encore possible de trouver des solutions. C'est d'ailleurs l'objectif premier de la conférence climatique de Paris. En décembre 2015, nos dirigeants s'y réuniront pour conclure un accord climatique global, ambitieux et contraignant. Et si nous ne les laissions pas oublier combien c’est important ? * Lire notre dossier du Panda Magazine 72 à ce sujet.
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© WWF / Richard Stonehouse
ROAD TO PARIS : EN MARCHE POUR LA PLANÈTE PARIS, DERNIER APPEL POUR LA PLANÈTE C’est la 21e fois que les États signataires se réuniront dans le cadre de la « Conférence des Parties » (COP), organisée par les Nations Unies. Les attentes pour Paris sont très hautes car le but est d’y signer un accord contraignant qui succédera au Protocole de Kyoto. En 1997, les pays industrialisés se sont engagés à diminuer leurs émissions de
gaz à effet de serre de 5,2 % par rapport à l’année de référence (1990). Pour la Belgique, cela signifiait une réduction de l'ordre de 7,5 %. L’accord de Kyoto portait jusqu’en 2012. En 2009, à Copenhague, un consensus sur la nécessité de limiter le réchauffement de la planète à 2°C a été atteint pour la première fois mais l’accord n’avait aucun statut contraignant. Les 115 pays avaient également convenu
Le saviez-vous ?
En 2014, 400 000 personnes se sont rassemblées dans les rues de New York pour la plus grande marche climatique jamais organisée.
qu’ils alloueraient annuellement 100 milliards de dollars d’ici 2020 afin d’aider les pays en voie de développement dans leur lutte contre le changement climatique. TROIS BONNES RAISONS D’AGIR En matière d’action climatique, la Belgique est loin de figurer parmi les meilleurs élèves. Tout d’abord, notre pays risque de ne pas atteindre les objectifs fixés par l’Europe en matière d’énergie et de climat d’ici 2020. Après plus de cinq ans de négociations, les décideurs politiques n’ont toujours pas trouvé d’accord quant à la répartition des objectifs climatiques entre les trois régions et le niveau fédéral afin d’établir un plan d’action climatique sérieux. Ensuite, malgré sa promesse de s’investir dans le Fonds vert pour le climat afin de soutenir les pays émergents les plus exposés aux conséquences du changement climatique, la Belgique ne respecte pas ses engagements et n’a établi aucun
plan de financement clair pour soutenir ces pays dans leur lutte contre le changement climatique. Enfin, la Belgique doit s’engager publiquement à cesser de financer l’industrie du charbon à l’étranger et à investir davantage dans le secteur des énergies renouvelables. ET VOUS ? MONTEREZ-VOUS DANS LE CLIMATE EXPRESS ? Le dimanche 29 novembre, nous serons au moins 10 000 Belges à nous rendre à Paris pour participer à la grande Marche pour le climat. C’est l’objectif que se sont fixées les nombreuses associations belges, dont le WWF, qui participent à la campagne Road to Paris avec le Climate Express. Rejoignez-nous pour cette marche historique pour le climat. Le WWF s’est engagé à ce que, sur les 10 000 Belges attendus à Paris, 1 000 personnes l'accompagnent au moins pour la Marche pour le climat. En train, en bus, à pied ou en vélo, rejoignez ce formi-
dable barrage humain qui se lève contre le changement climatique et la destruction de la planète et de son exceptionnelle biodiversité. Venez à Paris pour faire savoir à nos décideurs que le sort de notre planète nous préoccupe et que nous exigeons de leur part des mesures concrètes. Faisons en sorte que la mobilisation massive à Paris soit le déclencheur d'actions à long terme ! LES ENTREPRISES DOIVENT AUSSI S’ENGAGER De nombreuses compagnies à travers le monde commencent à comprendre les risques liés au changement climatique. Nous les appelons à adopter des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre définis selon des critères scientifiquement établis par le 5e rapport du GIEC. C’est à cette seule condition que nous pourrons rester sous la barre des 2°C d’augmentation de la température au-delà desquels les effets du changement climatique seront irréversibles.
J’y serai. Et vous ?
En marche avec le WWF © WWF / Richard Stonehouse
Que vous soyez grand ou petit, jeune ou âgé, homme ou femme, sportif ou non, il existe un moyen de faire entendre votre voix à Paris et de participer à ce moment historique. Pour participer à la Marche à Paris le 29 novembre avec le WWF et le Climate Express, deux formules.
PELOTON POUR LA PLANÈTE
Du 24/11 au 29/11, roulez pour la planète vers Paris. Départ en vélo pour 350 km et 5 jours inoubliables. S’il faut être en bonne condition physique, il n’est cependant pas nécessaire d’être un cycliste bien entraîné pour se lancer dans l’aventure. Le Climate Express organise tout pour vous : du logement aux repas, en passant par l’assistance et les activités en soirée (coût : 165 euros).
MARCHE POUR LE CLIMAT
Des centaines de trains et de bus partiront de toutes les grandes villes de Belgique vers Paris pour vous permettre de participer à la grande Marche climatique. Dépar t le matin, et retour le soir du dimanche 29 novembre (coût : 45 euros)
« En 2009, avec 30 autres militants enthousiastes du WWF, je suis montée dans le Climate Expre s s pour Copenhague. Quelle aventure : 12 heures pour l'aller et la même chose pour le retour. Heureusement, cette fois, Paris n’est pas si loin. Je me souviens surtout de l’ambiance, du plaisir d’être là et du sentiment de faire partie d’un mouvement climatique majeur. Il y avait beaucoup de chaleur à Copenhague, même dans les profondeurs de l’hiver danois… En 2009, les chefs d’État sont pourtant restés sourds à nos revendications, alors que nous avons réellement besoin de cet accord climatique. Voilà pourquoi, fin novembre 2015, je monterai dans le Climate Express pour Paris. Et plus tard, je pourrai dire : « Eh oui, les enfants, j’y étais en 2015, quand nous avons sauvé la planète !’ » Sara, Coordinatrice éducation
INSCRIPTIONS
Inscrivez-vous sur le site www.roadtoparis.be. Choisissez votre point de départ et indiquez que vous souhaitez voyager avec le WWF. Nous pourrons ainsi nous assurer que nous voyageons ensemble et que vous faites partie de la délégation du WWF à Paris.
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KIDS
EN ROUTE POUR PARIS
Les écoles se mobilisent en vue de la Conférence sur le Climat de Paris !
Ma classe est pandastique Comme à chaque rentrée scolaire, le WWF diffuse un super manuel à l’attention des classes du primaire. Cette année, le thème porte naturellement sur le climat. Concrètement, le set « Ma classe est pandastique » se compose : •d ’un beau poster pour la classe ; •d ’un dossier pour l’enseignant reprenant des fiches à photocopier pour les élèves et du matériel pour participer à la campagne du WWF dans le cadre de la Conférence de Paris ; •u n appel pour que les classes fassent entendre leur voix au rythme de la toute nouvelle chanson de Radio des Bois. Toutes les informations pour commander ce matériel, gratuitement, se trouvent sur www.wwf.be/ecole
La Boîte Énergie Grâce à la « Boîte Énergie », les enseignants peuvent expliquer facilement et clairement à leurs élèves les enjeux liés à cette thématique et son lien avec le changement climatique. Le set contient : • un dossier pour l’enseignant reprenant des informations de fond sur l’énergie ; • 10 expériences à réaliser en classe ou à la maison par les élèves ; • un jeu dont le but est de réaliser le meilleur « mix énergétique » pour une ville du futur… durable et neutre en carbone ! Pour commander gratuitement cet outil, une seule adresse : www.wwf.be/ecole
Climate Challenge va également marquer le coup cette année. Non seulement, les classes du 3e degré de l’enseignement secondaire pourront bénéficier d’une conférence Climate Challenge mais, en plus, les écoles participantes pourront accompagner le WWF avec une délégation de six personnes lors de la manifestation à Paris du 29 novembre, et participer à l’événement de clôture du Climate Challenge 2015-2016 à Bruxelles. Toutes les informations pour participer à ce projet se trouvent sur www.climatechallenge.be et sur www.wwf.be/ecole Climate Challenge, comme l'ensemble de notre offre éducative, est entièrement gratuit !
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L’ÉTÉ DU RANGERCLUB Rangers en voie d’extinction
© WWF-Belgium
À la rencontre du rhino avec Ben, le gardien des animaux Les Rangers du WWF sont allés rendre visite au gardien du zoo de Panckendael, Ben. Ils ont jeté un œil dans les coulisses, nourri les girafes, tout appris au sujet des soins à donner aux bébés pingouins et ont rendu visite aux rhinocéros indiens, une espèce gravement menacée à l’état sauvage.
Micol Ca’Zorzi, une jeune ranger du WWF, fait partie d’une espèce en voie de disparition : seules cinq personnes portent encore ce nom en Belgique ! Micol est allée au Zoo d'Anvers rendre visite à une autre famille en voie d'exctinction, celle du tigre. Dans une interview pour Ouf TV (RTBF), elle a expliqué les menaces auxquelles les tigres à l’état sauvage doivent faire face, comme le braconnage et la perte de l’habitat.
Vous voulez vous aussi découvrir les coulisses du Zoo en famille ? Avec les coupons du Rangerclub du WWF, obtenez une belle réduction sur l’entrée à Planckendael.
Radio des Bois souffle sa première bougie ! © WWF-Belgium
Cet été, Radio des Bois fête son premier anniversaire. Ce projet musical du WWF a vu le jour en août 2014. Le CD, composé de 15 chansons interprétées par divers artistes belges, vous présente la planète comme vous ne l’avez jamais… entendue ! L’ours polaire qui a trop chaud sur sa banquise, l’hiphop-otame qui danse le hip hop, les bonobos qui se trémoussent au bord du fleuve Congo… A travers les chansons, les enfants de 6 à 12 ans ont pu découvrir que leur propre jardin est une jungle, et qu’il faut agir maintenant, car « Demain il sera trop tard ». Radio des Bois a aussi tourné en concert : une heure de spectacle dynamique et entraînante pour toute la famille. Les enseignants peuvent commander gratuitement le CD via www.wwf.be/ecole. Pour plus d’infos concernant ce projet et les prochaines dates de concert, rendez-vous sur www.radiodesbois.be.
© WWF-Belgium
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LEGS UN LEGS POUR LA PLANÈTE Un de nos membres, qui a inscrit le WWF-Belgique dans son testament, nous raconte son histoire et ce qui a motivé sa décision.
© Martin Harvey / WWF
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Pourquoi j’ai décidé de faire un legs au WWF ? C’est une longue histoire, l’histoire de ma passion pour le monde sauvage.
Je suis né en « Terre d’Alost », au milieu d’une époque sombre de notre histoire, en 1941. Tout petit, je pensais que les bombardements de la voie ferrée toute proche et les nuits passées dans la cave faisaient partie de la vie. C’était tout aussi passionnant que la vie à la ferme de ma grand-tante. C’est dans son jardin, où tout était en mouvement, grinçait, vrombissait, grognait qu’est née ma passion pour la nature qui, depuis, n’a jamais faibli, bien au contraire. Plus grand, je me suis aussi intéressé à la faune des pays exotiques, et en particulier aux animaux de « Notre Congo » (sic). Les images récoltées dans les paquets de chocolat d’une marque suisse, que l’on pouvait rassembler dans des albums « Animaux de tous pays », ont alimenté mon imaginaire et ma soif de découvertes. À l’époque de mon adolescence déjà, je me préoccupais de l’avenir de notre planète. À 17 ans, après avoir lu les chiffres de la croissance explosive de la population au lendemain de la
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Seconde Guerre mondiale, j’ai présenté devant ma classe dubitative un exposé intitulé « Le danger de la surpopulation dans le futur ». J’ai été taxé de défaitiste. Pourtant, les effets de la pression grandissante exercée par l’homme sur la biodiversité se faisaient déjà ressentir à l’époque sur la faune et ce, dans l’indifférence la plus générale. Mais c’est jeune adulte qu’est survenu chez moi le véritable électrochoc. Dans un documentaire italien, j’ai découvert les images – qui ne m’ont plus jamais quitté – d’un troupeau d’éléphants africains gratuitement décimés sous les balles des mitrailleuses lourdes de soldats d’une république en guerre. J’ai été heurté au plus profond de moi-même. J’ai découvert par la suite qu’il ne s’agissait pas d’un événement isolé. C’est à cette époque que le WWFBelgique a fait son apparition. Il a très vite commencé à faire la différence pour la faune sauvage. Je l’ai alors suivi sans pouvoir le soutenir autrement – les temps étaient durs pour moi à l’époque – qu’en achetant de temps en temps l’un de ses produits marqués à l’effigie du Panda. J’ai d’ail-
leurs toujours dans ma salle de bain la première paire d’essuies que j’ai achetée... Il y a quelques années, au moment de mon départ à la retraite, un problème plus vaste s’est ajouté aux questions déjà difficiles de la pression humaine sur les habitats naturels ou du braconnage et du commerce illégal des espèces sauvages : le réchauffement climatique. Les forêts et les océans jouent un rôle essentiel dans la régulation du climat. L’action du WWF pour leur protection est devenue d’autant plus vitale ! J’en suis arrivé à la conclusion que je devais contribuer davantage au combat que le WWF mène pour la protection de la biodiversité. Si la vie ne m’a pas donné d’enfants, la nature et la musique m’ont toujours procuré mes plus grandes sources de joie. J’ai décidé d’inscrire le WWF dans mon testament, car je suis convaincu que l’argent sera utilisé à de belles et grandes choses : la préservation des aires naturelles, la protection des espèces en danger, la lutte contre le braconnage et le commerce illégal de la vie sauvage… Les besoins sont immenses. On pourrait me demander pourquoi je n’ai pas décidé de donner cet argent aux personnes qui sont dans le besoin. C’est vrai… Je ne suis qu’une toute petite personne parmi les milliards d’habitants qui vivent sur notre planète, mais j’ai le sentiment qu’en prenant la décision de faire un legs au WWF, je remplis une part de ma dette envers la Terre et certains de ses résidents les plus vulnérables. Étrangement, depuis que je l’ai fait, je suis un homme plus heureux. Alors, si vous hésitez à inscrire le WWF dans votre testament, n’hésitez plus ! Ce sera sans doute l’une des rares décisions dans votre vie que vous ne regretterez jamais. Bien au contraire…
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ÉCO-DÉTENTE GASTRONOMIQUE PLIE MSC ET SES GARNITURES DE FÊTE INGRÉDIENTS POUR 4 PERSONNES • Plie certifiée MSC
•C arottes
• Noix de St-Jacques certifiées
• C éleri rave
MSC
• C ourgette grillée en lanière
• Anchois certifiés MSC
• Chapelure
• Épinards
• Beurre, huile d’olive, crème
• Pommes de terre Roseval
•C itronnelle, ciboulette, persil,
• Champignons de Paris
cerfeuil
• Artichauts
• Ail, thym, laurier
• Poivrons rouges
• Vin blanc, vin rouge
LA PLIE Lancez le confit d’échalotes au vin rouge : échalote émincée finement, suée à l’huile d’olive avec une pointe d’ail, thym, laurier, fleur de sel et poivre du moulin. Déglacez au vin rouge et laisser compoter à feu doux. Écaillez, videz et nettoyez la plie. Levez les filets et retirez les peaux. Faites cuire les peaux au four, entre 2 plaques, à 170°C pendant 18 minutes afin de les avoir croustillantes. Gardez pour la présentation finale. Préparez les garnitures. Détaillez les filets de plie en portions. Gardez les parures afin de les ajouter au filet de colin pour la préparation de l’appareil à farce. Préparez une chapelure d’herbes bien vertes : séchez et mixez la mie de pain avec la citronnelle, le cerfeuil, le persil plat et le persil frisé. Donnez une légère coloration aux portions de plie. Ajoutez la farce par-dessus sur une épaisseur d’un demi centimètre, saupoudrez de chapelure verte et redonnez une légère coloration sur la chapelure d’herbes. Au moment de servir, disposez une quenelle de confit sur chaque morceau de plie.
MILLE-FEUILLE DE CÉLERI RAVE, NOIX DE ST-JACQUES, ÉPINARDS ET CIBOULETTE Découpez de fines tranches de céleri rave et faites-les blanchir. Détaillez-les à l’emporte-pièce rond. Lancez une purée de céleri rave avec les parures au lait, crème, ail, thym, laurier, fleur de sel et poivre. Ajoutez-y une émincée fine d’épinards et de ciboulette. Montez le mille-feuille en alternant les disques de céleri, la purée et les noix de St-Jacques rapidement poellées sur 4 niveaux. Enroulez le tout dans une fine tranche de courgette grillée.
POMMES PONT-NEUF DE ROSEVAL FARCIES D’UNE DUXELLE DE CHAMPIGNONS DE PARIS ET ANCHOIS Coupez les pommes de terre en rectangles et faitesles cuire dans une poêle à hauteur d’eau avec 70 gr de beurre, de l’ail, du thym et du laurier. Laissez cuire jusqu’à évaporation totale du liquide et laissez colorer légèrement. Videz la pomme de terre et farcissez-la d’une duxelle de champignons de Paris et anchois.
Une recette écrite par Pascal Marcin, Maître cuisinier de Belgique, chef à domicile et créateur d’événement, spécialement pour le WWF.
ARTICHAUTS BARIGOULE ET POIVRONS ROUGES CONFITS Épluchez les artichauts et blanchissez-les dans de l’eau citronnée et salée. Terminez la cuisson dans un tiers de vin blanc, deux tiers d’huile d’olive, fleur de sel, ail, thym, laurier, carottes, poivre noir, queue de persil. Laisser cuire à feu doux. Grillez et pelez les poivrons. Terminez la cuisson à feu doux dans de l’huile d’olive, de l’ail, du thym, du laurier, de la fleur de sel, du poivre et laissez refroidir dans cette huile.
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MSC et ASC MSC ET ASC SONT LES DEUX LABELS QUI GARANTISSENT L’ACHAT DE POISSON RESPONSABLE
91 % 91 % DES PÊCHERIES
SONT SUREXPLOITÉES OU EN VOIE DE L’ÊTRE
425 200 M 425 ESPÈCES MARINES LA SUBSISTANCE DE PLUS DE 200 MILLIONS DE PERSONNES DÉPEND DE LA PÊCHE
EUROPÉENNES SONT IMPACTÉES PAR LA PÊCHE. UN SEPTIÈME DE CELLES-CI EST MENACÉ DE DISPARITION
© Gilbert Van Ryckevorsel / WWF-Canada
Notre raison d’être Le WWF agit pour mettre un terme à la dégradation de l’environnement de notre planète et pour construire un avenir où l’humain vit en harmonie avec la nature.
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