Panda Magazine 76 by WWF-Belgium

MAGAZINE

2016

Dossier Carpates

N°76 – FÉVRIER, MARS, AVRIL 2016 TRIMESTRIEL – BUREAU DE DÉPÔT BRUXELLES X – P309290

Focus : l’accord climat de Paris en bref

LA PLUS GRANDE RÉGION SAUVAGE D’EUROPE Un joyau à préserver

ÉDITO SOMMAIRE Brèves

4-5

Dossier 6-16 • La plus grande région sauvage d’Europe • État des lieux de la nature en Europe • Les plus grandes forêts primaires d’Europe © Doru Oprisan/WWF-Romania

UN FUTUR VERT EN EUROPE Nous aspirons tous au progrès et au bien-être. Hélas, le coût du progrès et du bien-être est bien souvent plus important qu’il n’y paraît : nous sommes témoins de la déforestation et de l’extinction d’espèces emblématiques (en plus de centaines d’espèces moins connues). L’Europe compte toujours de vastes zones dont les processus écologiques n’ont pas été significativement perturbés par l’activité humaine. Bon nombre de ces territoires inviolés se situent dans la région des Carpates, qui abrite deux tiers des ours bruns, les derniers esturgeons du Danube et des dizaines de milliers de cours d’eau naturels où vivent des poissons, des oiseaux, des loutres, etc. Ces zones sont toutefois susceptibles d’être mises à mal, comme bien d’autres par le passé. Nous tenons à remercier nos membres de nous aider à garder le cap ! En route vers un futur en symbiose avec la nature, au cœur de l’Europe. Costel Bucur Forests and Protected Areas Regional Director Programme WWF Danube-Carpates

Focus 17 Pourquoi choisir le label FSC ?

Legs 18-19 La nature en héritage Kids

20-21

Focus 22

• Le WWF et Weleda s'associent pour sauver les dernières forêts primaires

L'accord climat de Paris en bref

• Les derniers grands carnivores d’Europe

Merci

DOSSIER CARPATES

LA PLUS GRANDE RÉGION SAUVAGE D’EUROPE p. 6-16

COLOPHON : Le Panda magazine est une publication du WWF-Belgique Communauté française asbl. Tous droits réservés au WWF. Le sigle Panda, le mot Panda et les initiales WWF sont des marques déposées du World Wide Fund for Nature. Reproduction des textes autorisée, à condition qu’il soit fait mention de la source. • Ont collaboré à ce numéro : Ioana Betieanu, Céline De Caluwé, Carole Detroz, Sara De Winter, Margareta Heylen, Jerome Laycock, Antoine Lebrun, Florence Platteau, Charles Snoeck, Julie Vandenberghe, Isabelle Vertriest, Gwendoline Viatour. • Copywriting : Nicolas Chartier, Martin Collette, Charlotte Gijssels, Tanita Leclercq. • Coordination : Charlotte Gijssels. • Design : www.propaganda.be • Impression : Daddy Kate. • Photo de couverture : Wild Wonders of Europe / Cornelia Doerr/WWF • E.R. : Antoine Lebrun. Bd E. Jacqmain, 90. 1000 Bruxelles

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BRÈVES DES BRACONNIERS PRIS EN FLAGRANT DÉLIT EN ROUMANIE

COUP DE POUCE À LA CONSERVATION MARINE DANS LE TRIANGLE DE CORAIL

En septembre 2015, une caméra-piège du WWF, habituellement destinée à observer les animaux, a filmé des braconniers dans les montagnes de Tarcu en Roumanie, une zone désignée Natura 2000. Les images montrent un groupe d’individus qui pénètrent dans la forêt et en ressortent avec la splendide ramure d’un cerf comme trophée de chasse. Le WWF a remis ces images aux autorités compétentes qui ont confirmé que le groupe ne disposait pas de permis de chasse. Les premières mesures ne se sont pas fait attendre : l’un des braconniers, qui était employé forestier, a été licencié suite à l’enquête.

subsistance et la sécurité alimentaire des communautés côtières dans cette célèbre zone prioritaire.

« Cette affaire démontre clairement que le braconnage est toujours pratiqué dans nos forêts », explique Magor Csibi, directeur du WWF-Roumanie. « Le braconnage est un crime et il a un impact important sur la biodiversité et les communautés locales. Le WWF veillera à ce que de telles pratiques soient punies et à ce que ces affaires soient suivies. Pour mettre fin au braconnage, il faut que les autorités et les citoyens qui sont témoins du braconnage collaborent afin que ces délits ne passent pas inaperçus. » Magor Csibi espère que cette affaire servira d’exemple dans la lutte contre le braconnage et qu’elle incitera d’autres personnes à porter plainte plus rapidement contre les braconniers.

EARTH HOUR 2016 : AGIR POUR LA PLANÈTE au monde qui change et se dirige vers le digital. Nous encourageons chacun à utiliser ses médias sociaux et en particulier Facebook, pour les mettre au service de la lutte contre le réchauffement climatique et de la protection de notre planète. Pour Earth Hour, le WWF partagera 10 éco-gestes simples et originaux sur Facebook et Twitter. Nous vous invitons à adopter ces gestes au quotidien et à les partager aussi souvent que possible avec vos amis et votre famille, pour convaincre un maximum de citoyens d’agir pour la planète. Depuis décembre, un accord politique pour le climat existe, il est maintenant temps pour chacun d’entre nous de passer à l’action. Cette année, Earth Hour sera célébrée le 19 mars, de 20h30 à 21h30. Depuis neuf ans, à l’occasion d’Earth Hour, nous vous demandons d’éteindre vos lumières pendant une heure. Cette année, bien que ce geste symbolique reste le bienvenu, Earth Hour prend une nouvelle direction. L’action s’adapte

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À l'occasion d'Earth Hour, nous vous demanderons également de faire un petit geste simple en adaptant votre photo de profil Facebook pour témoigner de votre soutien à cette action symbolique.

Le gouvernement indonésien a récemment décrété la création d’une nouvelle aire marine protégée (AMP) de 277 000 hectares. Celle-ci sera située dans le Triangle de Corail (l’aire marine la plus riche au monde, qui abrite plus de trois quarts des espèces de coraux). Elle sera gérée par les autorités locales et permettra de protéger non seulement la biodiversité marine, mais aussi les moyens de

Excellent site de plongée, cette AMP riche en espèces de poissons et de cétacés se situe dans l’archipel d’Alor, dans la province des Petites îles de la Sonde orientales, en Indonésie. Tout au long de l’année, une remontée de nutriments alimente des pêcheries parmi les plus importantes de la région. © WWF/James Morgan

Le WWF travaille depuis 10 ans avec les autorités et les communautés locales pour mettre fin à la surpêche et aux pratiques de pêche destructrices tout en réclamant la création d’une AMP.

KUNG FU PANDA 3 AVEC LE WWF ! À l’occasion de la sortie de Kung Fu Panda 3 à Hollywood en janvier 2016, le WWF s’est associé avec DreamWorks Animation et 20th Century Fox pour encourager les enfants à rejoindre la #TeamPanda et leur faire découvrir des tas d’informations sur les pandas et leur mode de vie. Ce projet vise aussi à sensibiliser les enfants aux actions du WWF pour la protection des pandas et de leur habitat et les inviter à participer à ces actions, à leur niveau. Jack Black, qui prête sa voix à Po, le personnage principal du film, a enregistré une vidéo dans laquelle il explique les grandes lignes de ce projet et incite les spectateurs à aider le WWF à sauver notre belle planète. Le film relate la suite des aventures de Po, qui, réuni avec son père, voyage au cœur du paradis secret des pandas où il va devoir réussir l’impossible : entraîner toute une population de pandas maladroits pour affronter le maléfique Kai... Kung Fu Panda 3 sort dans nos salles le 23 mars 2016 !

Plus d'infos sur www.wwf.be/earthhourfr.

EU-TWIX FÊTE SES 10 ANS !

Développée en 2005 par TRAFFIC - le réseau de surveillance du commerce des espèces sauvages - et la police fédérale belge, EU-TWIX (European Union Trade in Wildlife Information eXchange) est une base de données destinée à faciliter le suivi du commerce illégal de la faune et la flore sauvages et favoriser l’échange d’informations sur les saisies et les infractions constatées dans les États Membres de l’Union Européenne. Depuis 10 ans, ces informations ont permis aux autorités concernées d’ouvrir de nombreuses enquêtes, parfois bien au-delà des frontières de l’Europe. Chaque année, en moyenne 12 enquêtes criminelles sont initiées grâce aux informations échangées sur la plate-forme EU-TWIX. Le modèle EU-TWIX a été récemment reproduit en Afrique centrale, sous la forme du projet pilote AFRICA-TWIX, soutenu par la GIZ et mis en œuvre au Cameroun, en République démocratique du Congo, au Congo et au Gabon. L’objectif est de mettre en place un réseau similaire en Afrique, en adoptant les approches qui ont fait leurs preuves en Europe.

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Le saviez-vous ?

Certaines fleurs des bois sont indicatrices du fait qu’une forêt a été épargnée par la présence de l’homme. Lorsque vous rencontrez des anémones des bois ou des jacinthes sauvages, vous êtes ainsi presque certain de vous trouver dans une forêt qui n’a pas été altérée par l’homme depuis 100 ans.

DOSSIER CARPATES

Un joyau à préserver

LA PLUS GRANDE RÉGION SAUVAGE D’EUROPE

Imaginez 13 000 espèces se partageant 100 hectares à peine : voilà toute la richesse d’une forêt primaire au cœur des Carpates. Se promener dans une véritable forêt primaire est une expérience que peu ont vécue. Dominant jadis le continent, les espaces naturels inviolés se font aujourd’hui particulièrement rares. Et pourtant, nous en avons besoin. Quel est l’état des lieux de la nature sauvage en Europe ? Où trouve-t-on les dernières grandes étendues sauvages, couvertes de forêts séculaires et abritant des espèces emblématiques telles que le loup, l’ours ou le lynx ? Tout cela, vous l’apprendrez dans ce dossier.

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Le saviez-vous ?

Au cours de l’année 2014, 50 000 sterlets (aussi appelés esturgeons du Danube) ont été relâchés dans les eaux bulgares, avec le soutien du WWF. Ce géant des eaux, connu pour produire le caviar, est très menacé.

DOSSIER CARPATES

Les Carpates : le Coeur Vert de l'Europe

ÉTAT DES LIEUX DE LA NATURE EN EUROPE © Wild Wonders of Europe/Konrad Wothe/WWF

Selon un rapport de la Commission européenne en 2015, la nature se porte mal sur notre continent. 60% des espèces animales protégées et 77% des habitats protégés sont sous pression.

La région des Carpates, qui s’étend sur sept pays, de la Tchéquie à la Roumanie, en passant par la Pologne, la Slovaquie, l’Ukraine, la Hongrie et la Serbie, est l’ultime poumon vert de l'Europe. Elle constitue l’une des dernières richesses naturelles du continent. Le WWF la considère comme l’une des 200 principales écorégions de la planète. Il s’agit d’une combinaison des dernières forêts primaires européennes, de rivières et

de marais encore intacts. C’est aussi la patrie du lynx, du loup et d’au moins deux tiers de la population totale d’ours bruns en Europe. Cette région héberge également un fossile vivant, l’esturgeon, un poisson qui a survécu aux dinosaures mais se trouve aujourd’hui au bord de l’extinction. La chaîne de montagnes des Carpates abrite les plus grandes forêts primaires d’Europe (hors Russie), soit quelque 300 000 hectares.

LES SECRETS D’UNE RÉGION PRÉSERVÉE LE VIEUX BOIS : UNE RICHESSE SOUS-ESTIMÉE

Les grandes causes du déclin de la biodiversité en Europe

Si le développement industriel et économique en Europe doit beaucoup aux forêts primaires, la faible valeur économique de leur bois a permis

de les protéger de la déforestation dans certaines régions. Le bois issu d’arbres creux, aux cimes cassées, de vieux arbres, d’arbres secs ou morts est considéré comme de faible qualité. Ce sont

LE DÉVELOPPEMENT DES INFRASTRUCTURES Il reste de moins en moins d’espace pour la nature en Europe. L’extension des villes prive les animaux et les plantes d’habitat, ce qui les pousse à se déplacer ou entraîne leur disparition pure et simple. Notre continent est l’un des plus fragmentés au monde, avec un enchevêtrement de routes et d’infrastructures qui ont un impact sévère sur l’environnement. Ces 50 dernières années, le réseau de transport européen s’est fortement densifié et les zones urbaines se sont souvent étendues. D’après les estimations, 80% des Européens habiteront des régions urbanisées en 2020.

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L’AGRICULTURE INTENSIVE L'agriculture intensive est la cause principale du déclin de la biodiversité en Europe. L’utilisation de pesticides, d’engrais, d’engins agricoles lourds et les transformations des pratiques agricoles sont particulièrement néfastes pour les organismes du sol. Après la Seconde Guerre mondiale, l’agriculture intensive a connu un essor spectaculaire, avec pour conséquence une grande perte de biodiversité. Et pourtant, l’agriculture peut également être un allié précieux du maintien des écosystèmes. Les systèmes agricoles respectueux de la nature, qui n’endommagent pas les sols, créent des

conditions auxquelles les espèces animales et végétales sont adaptées et qui permettent une biodiversité spécifique. UNE EMPREINTE ÉCOLOGIQUE DISPROPORTIONNÉE L’énorme empreinte écologique de l’Europe est due pour au moins 50% à l’utilisation de combustibles fossiles tels que le charbon, le pétrole et

le gaz naturel. La pollution atmosphérique cause des dommages importants à nos écosystèmes : elle entraîne une acidification et une surcharge en nutriments dans les sols, qui sont responsables de la réduction de la biodiversité et de l’exposition à l’ozone. Chez les humains, la pollution atmosphérique est la première cause de mortalité liée à l’environnement en Europe, avec environ 400 000 décès précoces par an.

notamment ces arbres qui caractérisent les forêts primaires, et qui sont si précieux pour la biodiversité forestière et le maintien d’écosystèmes autorégulés. Malgré cela, la déforestation reste une menace dans la région : la demande de bois est en hausse et entraîne une intensification de l’exploitation des forêts primaires.

LA POPULATION D’OURS AU TEMPS DE L’UNION SOVIÉTIQUE En tant que partie de l’ancien bloc de l’Est, la région des Carpates en Roumanie n’a pas connu la même évolution que les pays d’Europe occidentale. Le régime communiste appliquait une politique stricte concernant la chasse à l’ours. Seuls les dirigeants du parti avaient le droit de la pratiquer. Ceux qui ne disposaient pas d’une autorisation spéciale encouraient des sanctions particulièrement sévères. C’est ainsi que l’on comptait 10 000 ours bruns en Roumanie en 1989, soit la moitié de la population totale en Europe à cette époque.

LE WWF-BELGIQUE DANS LES CARPATES

UN TRÉSOR CACHÉ

Le WWF-Belgique apporte depuis 2012 un soutien financier et son

Dans le Cœur Vert de l’Europe, la nature a pu rester intacte non seule-

expertise pour la conservation de la nature dans les Carpates. Nous

ment en raison de la faible valeur économique de son bois, mais aussi

collaborons avec nos collègues roumains et ukrainiens afin de sécu-

grâce à son accessibilité réduite. Bien cachées dans les hautes mon-

riser l’habitat des grands carnivores et préserver les fonctions de

tagnes, les ressources naturelles y étaient difficilement disponibles.

l’écosystème, qui sont également importantes pour le bien-être

Avec une étendue de 1 500 kilomètres de longueur et 100 à 350 kilo-

des communautés locales.

mètres de largeur, les Carpates constituent la deuxième plus grande

chaîne montagneuse d’Europe.

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Le saviez-vous ?

Le hêtre, l’épicéa et le pin peuvent vivre plus de 300 ans. Quant au chêne, sa durée de vie peut atteindre 500 ans et même davantage.

DOSSIER CARPATES

LES PLUS GRANDES FORÊTS PRIMAIRES D’EUROPE

Les forêts primaires ont fait partie intégrante de notre quotidien durant des siècles. Aujourd’hui, elles sont devenues rares en Europe.

Le plus grand sapin mesuré jusqu’à présent en Europe s’élève à 62,5 mètres de

SOUS LE CHARME DE FORÊTS SÉCULAIRES Les forêts primaires sont des systèmes complexes au sein desquels se succèdent jeunes pousses, plantes adultes et vieux arbres. Les arbres morts et les troncs pourris y jouent un rôle important. Ces derniers ainsi que la diversité et la longue période de stabilité des micro-habitats permettent de créer un environnement naturel hospitalier et fertile pour d’innombrables animaux, plantes, champignons et mousses. L’abondance d’insectes prospérant sur le bois mort attire les oiseaux, qui créent des conditions pour la survie d’autres espèces forestières.

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Loups, lynx, ours, sangliers, cerfs, plantes rares, oiseaux, amphibiens et insectes trouvent ainsi protection et nourriture dans les forêts primaires. Ces forêts sont d’une valeur inestimable pour la science, l’enseignement et l’écologie. Elles nous donnent un aperçu de notre passé et nous permettent de comprendre la biologie et l’écologie d’un écosystème inviolé. LA NATURE SAUVAGE DES CARPATES ROUMAINES Des 7 pays sur lesquels s’étirent les Carpates, la Roumanie est celui qui héberge la plus grande surface boisée. Ses forêts primaires représentent près

de 65% de la totalité des forêts primaires subsistant en Europe et abritent jusqu’à 13 000 espèces végétales et animales. Nous y retrouvons des hêtraies séculaires, celles qui s’étendaient autrefois sur toute l’Europe, mais que nous ne rencontrons plus que rarement. LES DERNIÈRES FORÊTS PRIMAIRES D’EUROPE POURRAIENT ELLES AUSSI DISPARAÎTRE Malgré leur situation reculée, les forêts primaires de Roumanie sont aujourd’hui plus fragiles que jamais. L’accroissement de l’exploitation forestière, le braconnage, les dommages dus aux constructions, l’agriculture intensive, le mauvais entretien des sols

haut et se trouve dans les Carpates roumaines.

et les projets qui négligent l’environnement, tout cela contribue à la destruction des forêts primaires. En tant qu’organisation de préservation de la nature, le WWF entend persévérer dans la région, où nous menons des actions sur plusieurs fronts. Sur le terrain, nous nous efforçons de protéger ce qui existe encore et de restaurer ce qui a disparu. Avec différentes institutions, nous travaillons à développer une meilleure législation, et nous sommes actifs

dans les communautés pour initier les habitants au développement durable et les informer des conséquences de la perte des ressources naturelles. Une grande victoire a déjà été engrangée : suite à l’action du WWF et des citoyens roumains, le gouvernement roumain a adapté sa législation en 2011, et les forêts anciennes sont légalement protégées depuis 2012. Dès ce moment, le WWF a entamé le processus long et complexe de l’identification de ces massifs boisés. UNE ÉTAPE FONDAMENTALE : DÉTERMINER QUELS TERRITOIRES NÉCESSITENT UNE PROTECTION Nous prélevons un échantillon d’un vieux hêtre afin de calculer l’âge de l’arbre. Pour ne pas blesser

l’arbre, nous agissons avec prudence et utilisons un onguent spécial. Voilà ce que font nos experts forestiers sur le terrain : étudier les forêts hectare par hectare, sur base d’images satellite analysées au préalable. Les équipes du WWF s’appliquent en ce momentmême à cartographier et inventorier chaque forêt primaire de Roumanie. Cet inventaire comprend également une analyse de l’état des forêts et des informations concernant leurs écosystèmes. À certains endroits, nous répertorions même l’ensemble des plantes et des animaux qui y vivent. Jusqu’à présent, nous avons pu étudier des régions d’une valeur exceptionnelle, telles que le Maramures et sa forêt primaire Strâmbu B˘aiu¸t ainsi que les monts F˘ag˘ara¸s, où le processus d’identification a permis la

La présence de pics verts est très importante pour la vie dans les forêts. Ils creusent des trous dans le bois à la recherche de nourriture et créent ainsi des refuges pour de nombreuses autres espèces telles que les chouettes, les chauves-souris, les martres ou les rongeurs. découverte du plus grand sapin blanc (Abies alba) d’Europe. L’identification de massifs forestiers d’intérêt est d’une importance critique pour leur conservation. Elle garantit qu’ils soient cartographiés et qu’ils puissent faire l’objet d’une protection juridique. Le processus n’est pas encore terminé.

L’identification et la cartographie complète des forêts primaires devraient encore prendre plusieurs années. Mais que sont quelques années pour un sapin vieux de plusieurs siècles…

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DOSSIER CARPATES

LE WWF ET WELEDA S'ASSOCIENT POUR SAUVER LES DERNIÈRES FORÊTS PRIMAIRES La conservation d’une nature sauvage est chère au WWF autant qu’à Weleda, fabricant de soins cosmétiques et de médicaments naturels et durables. Weleda a donc décidé de financer à hauteur de 50% le travail d’identification mené par le WWF en 2016. De quoi couvrir 20 000 hectares de surface boisée. Dans les provinces de Caras-Severin et Hunedoara, dans le Sud-Ouest de la Roumanie, on trouve l’un des trésors les mieux conservés des Carpates : la plus grande parcelle de forêt primaire de toute la chaîne de montagnes. De tels territoires se font rares en Europe et sont plus que jamais précieux. Au sein d’une mosaïque de paysages à couper le souffle, la forêt est ici parsemée de prairies alpines et de torrents sauvages. C’est pour cette région naturelle entièrement préservée que Weleda a apporté son soutien.

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L’argent collecté par Weleda permettra au WWF de procéder à l’identification de ces deux territoires à la valeur inestimable. Les inventaires réalisés nous permettront de recenser et mieux comprendre les plantes, animaux et écosystèmes locaux, de manière à ce que des mesures nécessaires puissent ensuite être prises pour continuer à les préserver. Il s’agit par exemple de créer des corridors écologiques pour optimiser les chances de survie des espèces animales et végétales.

Vous pouvez vous aussi contribuer à la protection des dernières forêts primaires en Europe. Du 21 mars au 10 avril 2016, Weleda versera 1 euro au WWF par produit vendu. De plus, vous bénéficierez vous aussi d’une réduction d’1 euro sur chaque produit. Ne manquez pas cette action !

Le saviez-vous ?

Les oreilles du lynx sont ornées d’une touffe de poils noirs appelée « pinceau ».

DOSSIER

CARPATES

LE LYNX EURASIEN, UN FÉLIN MAJESTUEUX Le lynx eurasien (ou boréal), à ne pas

proies en abondance. Prédateur solitaire,

confondre avec le lynx ibérique, est le

le lynx eurasien vit habituellement au-delà

troisième plus grand prédateur d’Europe

de 1 000 mètres d’altitude et se nourrit

après l’ours brun et le loup. Très longtemps

principalement de petits ongulés, comme

persécuté, notamment pour sa fourrure,

les chevreuils et les chamois.

le lynx a même complètement disparu de

LES DERNIERS GRANDS CARNIVORES D’EUROPE

certaines régions au 19 e siècle. Après avoir été

Pourtant, malgré une apparente stabilité

réintroduit dans les années 70, entre autres

et un statut relativement rassurant

dans les montagnes du Jura, le lynx a vu sa

(le félin est classé dans la catégorie

population s’étendre et se stabiliser dans le

« préoccupation mineure »), les populations

nord de l’Europe.

de lynx eurasiens sont bel et bien menacées. Aujourd’hui encore, le lynx est

En Europe, où 40% des mammifères sont aujourd’hui menacés de disparition, la région des Carpates constitue l’un des derniers foyers pour les grands carnivores.

Si l’espèce est aujourd’hui présente dans

principalement chassé pour sa fourrure,

plus de 20 pays du continent, avec près de

dont le commerce reste difficile à contrôler.

10 000 individus, c’est la région montagneuse

Mais l’animal subit aussi la colère des

des Carpates qui abrite la plus grande

éleveurs qui accusent parfois de lourdes

population de lynx. Dernière grande zone

pertes en raison de son appétit vorace. La

sauvage d’Europe, les Carpates offrent

déforestation constitue une autre grande

en effet au lynx un habitat et un terrain de

menace pour les populations de lynx, dont

chasse idéaux, entre forêts profondes et

la survie dépend principalement de la forêt.

@ WWF-Malaisie

naturelles qu’elle renferme et la densité de ses forêts sont une aubaine pour ce puissant

LE LOUP GRIS, MYSTÉRIEUX PRÉDATEUR

prédateur. Mais, même retranché au cœur de ce havre

Les montagnes des Carpates hébergent

aujourd’hui 200 000 loups dans le monde,

semblables à celles qui guettent l’ours brun

de nature, l’ours brun est loin d’être à l’abri

un autre grand prédateur, qui hante depuis

dont environ 11 500 en Europe.

et le lynx eurasien, à savoir le braconnage,

du danger. Malgré son statut d’espèce

toujours l’imaginaire collectif… Le loup gris,

Les grandes menaces qui pèsent aujourd’hui

la fragmentation de son habitat et le

protégée, il continue d’être chassé,

autrefois le mammifère le plus répandu au

sur les populations de loups gris sont

manque de gestion des autorités.

légalement ou non. L’exploitation forestière

monde, s’est lui aussi peu à peu réfugié

et minière ainsi que la construction de

dans les zones les plus sauvages, victime

nouvelles routes menacent également

de la persécution humaine. Chassé pour

directement l’habitat de l’ours brun et

sa fourrure mais aussi pour éviter qu’il

nouvelles infrastructures. Les ours bruns

impactent son mode de vie. Habitué à

ne s’attaque au bétail - une peur souvent

ont également été longtemps victimes de la

évoluer dans de vastes espaces et des

injustifiée -, le loup a vu sa population

persécution humaine, chassés pour leur peau

paysages très variés, l’ours risque de souffrir

mondiale originale diminuer d’environ un

L’ours brun, Ursus arctos de son nom

et leur viande.

d’une telle altération de son environnement.

tiers.

scientifique, est l’un des plus grands

Aujourd’hui, seules les zones les plus sauvages

L’intrusion des hommes dans son habitat a

prédateurs terrestres et le plus répandu des

et reculées d’Europe abritent encore des

d’autres conséquences dramatiques. Peu à

Bénéficiant d’une meilleure protection

ursidés. En effet, on ne dénombre pas moins

populations d’ours bruns. Bien que leur

peu, l’ours s’accoutume à la présence des

juridique depuis les années 70, le loup gris

de 200 000 individus dans le monde, répartis

nombre ait considérablement diminué au cours

hommes et aux bruits, odeurs et déchets

a été réintroduit dans certaines régions où

en Amérique du Nord, en Asie et, dans

des siècles, les ours sont tout de même bien

qui l’accompagnent, ce qui le pousse à

il avait été exterminé. Aux États-Unis et en

une moindre mesure, en Europe. Autrefois

répandus sur le territoire, avec quelque 14 000

s’approcher des zones habitées et des terres

Europe occidentale, on a également assisté

très présent sur l’ensemble du continent

individus, sans compter la population russe.

cultivées, où la nourriture est plus facilement

à une recolonisation naturelle des loups,

européen, l’ours brun a peu à peu disparu

Et c’est dans la région des Carpates et plus

accessible. Cette nouvelle cohabitation

favorisée par l’exode rural des populations

de certaines régions, fuyant la présence

particulièrement en Roumanie, qu’ont trouvé

engendre des conflits, qui s’achèvent

humaines. Le nombre de loups a alors cessé

des hommes et leur soif grandissante de

refuge deux tiers d’entre eux. Les richesses

souvent de façon tragique.

de décliner et s’est stabilisé. On compte

L’OURS BRUN, ROI DES CARPATES

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Le saviez-vous ?

DOSSIER CARPATES

SUR LE TERRAIN POUR PROTÉGER LES GRANDS CARNIVORES Les grands carnivores tels que l’ours, le lynx et le loup sont à la tête de la chaîne alimentaire. Leur présence dans nos régions a une très grande influence sur la faune et la flore et sans eux, les écosystèmes seraient complètement bouleversés. Voilà pourquoi il est crucial d’œuvrer à leur protection et à celle de leur habitat. Pour atteindre cet objectif, le WWF concentre avant tout ses efforts sur la protection et la conservation des richesses naturelles des Carpates, qui hébergent les plus grandes populations européennes de grands carnivores. Dans l’ensemble de la région, le WWF travaille notamment avec les administrateurs des zones protégées pour renforcer la gestion de ces zones. L’un des points cruciaux en matière de protection de la vie sauvage réside dans l’identification, la conservation et la restauration des corridors écologiques, véritables couloirs de migration, qui permettent aux espèces de circuler d’un espace naturel à un autre. Les équipes du WWF ont ainsi étudié les déplacements de cinq ours bruns équipés de balises GPS dans la région des Maramures, en Roumanie. Cette étude a permis non seulement d’en savoir davantage sur les comportements des ours mais aussi et surtout d’identifier

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FOCUS

Les ours bruns mâles peuvent mesurer jusqu'à 3,5 m lorsqu'ils sont sur deux pattes.

les corridors écologiques qu’ils empruntent. À la frontière avec l’Ukraine, 11 corridors, empruntés par 280 ours, sont aujourd’hui considérés comme critiques. Parallèlement, le WWF travaille à la protection des forêts vierges de la région des Carpates, par le biais de mécanismes législatifs mais aussi sur le terrain, comme vous avez pu le lire p. 10-11. Des processus sont actuellement en cours pour inscrire cinq d’entre elles au patrimoine mondial de l’UNESCO, un statut qui impliquera plus d`opportunités de développement durable et moins de pression sur les grands carnivores. La lutte contre le braconnage est l’un des autres grands domaines d’action du WWF, qui soutient le seul orphelinat pour ours bruns d’Europe. Le centre héberge en permanence entre 10 et 30 oursons, qui ont pour la plupart perdu leur mère en raison du braconnage. Après deux ans passés à l’écart de toute présence humaine pour préserver leurs instincts sauvages, les oursons sont relâchés dans la nature. Des caméras-pièges installées dans les zones les plus sauvages des Carpates permettent également de surveiller efficacement la vie sauvage. La chasse aux trophées reste aujourd’hui un problème majeur dans la région des Carpates. La création, avec le soutien du WWF, d’un observatoire permettant aux touristes de découvrir les ours en pleine nature constitue une réponse intéressante à ce phénomène. Outre les revenus qu’il générera pour la région, ce projet permettra également de sensibiliser les visiteurs aux comportements et aux besoins de ces majestueux prédateurs. Le WWF espère ainsi démontrer que les ours bruns ont bien plus de valeur vivants que morts, non seulement pour la biodiversité mais aussi pour l’économie locale.

POURQUOI CHOISIR LE LABEL FSC? Savons-nous vraiment d’où proviennent le bois et le papier que nous utilisons au quotidien ? Le label FSC garantit que les forêts dont sont issus ces produits sont gérées de manière durable. Choisir le label FSC, c’est adopter une politique d’achat et de vente de produits en bois et en papier qui soit responsable, sur le plan environnemental, social et économique. C’est s’assurer que les forêts dont ces produits proviennent sont protégées et que les droits des communautés locales sont respectés. Mais ce n’est pas tout. Le label FSC est également une marque de qualité, qui assure une rentabilité économique à long terme. Grâce au FSC, chacun d’entre nous peut ainsi contribuer à une meilleure harmonie entre les hommes et l’environnement et à un meilleur équilibre entre les besoins des hommes et la conservation des forêts.

QU’EST-CE QUE LE FSC ? Le Forest Stewardship Council est une ONG qui encourage la gestion responsable des forêts. Facilement reconnaissable, le label FSC garantit que le produit sur lequel il est apposé est fabriqué avec du bois issu d’une forêt gérée selon les principes du FSC. LE FSC EN BELGIQUE La Belgique compte à ce jour plus de 23 000 hectares de forêts certifiées FSC, dont la quasi-totalité de la forêt de Soignes. Quant à la part de bois certifié FSC sur le marché belge, elle a presque triplé depuis 2008 pour atteindre 15% en 2012. Et depuis, ce pourcentage ne cesse d’augmenter.

LES COMMERÇANTS S’ENGAGENT FSC et le WWF vont prochainement entamer une collaboration avec plusieurs détaillants belges qui se sont engagés à promouvoir le label et à accroître la part de produits labellisés FSC dans leurs catalogues. Véritables leaders dans leur secteur, les commerçants participants prennent leurs responsabilités, non seulement en proposant des produits certifiés durables mais aussi en communiquant les raisons de ce choix à leurs clients. Ouvrez grand les yeux, notre campagne FSC débute au printemps !

FSC en chiffres Dans le monde

186 millions ha

de forêts certifiés FSC

29 887

entreprises certifiées FSC

En Belgique

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LEGS

LA NATURE EN HÉRITAGE Antoine Lebrun est le nouveau directeur du WWF-Belgique. Il nous explique l’importance des legs pour le WWF. Il nous confie aussi sa vision pour l’avenir et nous parle de son engagement à léguer aux générations futures un monde équitable et riche de sa diversité. L’enjeu : préserver les écosystèmes qui permettent aux humains de vivre et de prospérer sur cette planète.

Antoine, tu es le nouveau directeur du WWF-Belgique. Comment évalues-tu l’importance des dons par legs pour le financement du WWF-Belgique ? Antoine Lebrun : Les legs représentent entre 10 et 20% du financement privé du WWF-Belgique, ce qui est considérable. Mais leur apport va au-delà de ce simple pourcentage. Il s’agit très souvent de sommes importantes, qui nous permettent de donner une impulsion décisive à de nouveaux projets. Sur le plan humain, nous apprécions particulièrement le geste de ces donateurs, il donne du sens à notre action et nous conforte dans notre mission, qui est de léguer un monde meilleur à nos enfants et petits-enfants. Concrètement, à quoi sont affectés ces dons ? A.L. : Lorsque le légataire n’a pas spécifié la cause qu’il souhaite soutenir, le montant est réparti entre différents postes de dépenses : travail dans les écoles, action politique, projets de terrain. Mais il arrive aussi que le donateur exprime une intention. Cela nous pousse alors à explorer une

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thématique particulière et à concevoir ou soutenir de nouveaux projets. Enfin, les sommes importantes qui sont récoltées peuvent servir de levier : grâce à ces fonds propres, nous obtenons plus facilement des aides publiques, nécessaires pour lancer des actions d’envergure. Les legs ont donc un puissant effet démultiplicateur, qui s’ajoute à leur valeur intrinsèque. Comment le WWF prend-il en compte les dernières volontés des légataires ? A.L. : Grâce à notre réseau d’experts et de partenaires partout dans le monde, nous veillons à trouver le meilleur moyen d’utiliser l’argent, en répondant aux souhaits du donateur. Un de nos légataires a par exemple demandé de contribuer à la protection du tigre. Nous avons alors confié l’argent à la « Tiger Initiative » dont l’objectif est de doubler le nombre de tigres à l’horizon 2022. Le plus souvent, le montant est utilisé pour préserver l’habitat de l’espèce choisie par le donateur. Le legs en duo rencontre un succès important. Comment l’expliques-tu ? A.L. : Le legs en duo est une formule

qui permet de gagner sur tous les tableaux (n.d.l.r. : voir encadré). Les ayants droit reçoivent une part de l’héritage tout en bénéficiant d’un substantiel avantage fiscal. Mais ce n’est pas le seul bénéfice. On constate que les héritiers se sentent investis par la cause choisie par leur aïeul. Ils sont en somme les « héritiers » de cette cause, qu’ils continuent à défendre par la suite. Il y a quelque chose de fort, un lien à la nature, qui est ainsi transmis. C’est sans doute ce qui explique l’importance des legs au WWF, et cela ne se limite pas à la formule en duo. En tant que directeur du WWF-Belgique, quelles sont selon toi les priorités pour les prochaines années ? A.L. : La priorité n°1, c’est la préservation des forêts tropicales. Ces forêts chaudes et humides, qui s’étendent le long de la ceinture tropicale, abritent la plus grande diversité d’espèces végétales et animales sur Terre. Malheureusement, cet écosystème est aussi l’un des plus fragiles. La déforestation et l’exploitation incontrôlées des ressources naturelles font peser une menace sans précédent sur ces habitats.

Au fond, ce qui guide notre action, c’est le souci d’équité. L’homme s’accapare une part de plus en plus importante des ressources disponibles sur Terre. Et ces ressources sont réparties de manière telle qu’une poignée d’individus possède autant que la moitié de l’humanité. L’enjeu, c’est de parvenir à répartir équitablement les ressources, non seulement entre les humains, mais entre tous les êtres vivants qui forment l’écosystème planétaire, ce qu’on appelle la biosphère. Le mot-clé, et il résume mon engagement, c’est le mot « équité » : équité entre le Nord et le Sud, entre l’homme et les autres formes de vie, entre les générations présentes et les générations futures. Chacun doit

Afin de lutter contre l'exploitation forestière illégale, nous avons décidé d’aider la population à produire elle-même son bois de chauffe.

pouvoir vivre dignement selon ses besoins, que l’on soit un homme, un panda ou un palétuvier. Dans cette optique, quel est le projet phare du WWF-Belgique auquel les legs ont pu contribuer ? A.L. : Il s’agit sans aucun doute du projet mené dans la région de Goma, aux abords du parc des Virunga, en République démocratique du Congo. Avec l’aide de la population locale, le WWF a permis la plantation de 10 000 hectares d’arbres à croissance rapide aux abords du parc. Le but, c’est de fournir du charbon de bois à la population voisine de Goma. Cette population a connu une forte croissance et ses besoins en bois de chauffe l’ont amenée à faire des coupes massives autour mais aussi à l‘intérieur du parc. En vue d’enrayer cette dynamique, nous avons décidé d’aider la population à produire ellemême son bois de chauffe. Il s’agit donc précisément d’un projet visant à promouvoir l’équité dans l‘accès aux ressources, entre les populations locales et les espèces qui peuplent le parc des Virunga, mais aussi entre le Nord et le Sud via le financement par le WWF-Belgique. Il est important de savoir que protéger la nature va souvent de pair avec le développement des populations locales.

Que souhaites-tu dire à nos lecteurs qui songent à léguer une partie de leurs biens au WWF ? Plus largement, comment faire pour convertir des sceptiques à la cause de la biodiversité ? A.L. : Ce que je vais dire peut paraître un peu brutal, mais à l’échelle de l’histoire de la vie, nous ne sommes que de passage. Non seulement en tant qu’individus, mais aussi en tant qu’espèce. Tout comme 99% des espèces qui ont vécu un jour sur Terre, il est probable que notre espèce disparaîtra un jour pour être remplacée par de nouvelles formes de vie. Mais je ne suis pas fataliste. Au contraire, j’invite chacun à ouvrir les yeux : nous faisons partie intégrante de cette biodiversité, qui est vitale à notre équilibre et à celui de notre environnement. Préserver la biodiversité, c’est donc tout simplement préserver le monde qui nous a vus naître, et qui est la source de notre bonheur sur Terre. C’est pourquoi, avec le WWF, nous nous engageons au-delà de l’urgence, dans des projets de long terme. Ce que nous faisons, nous ne le faisons pas seulement pour nousmêmes, mais aussi pour les prochaines générations, pour l’humanité. En ce qui me concerne, c’est cela que je voudrais laisser derrière moi.

LE LEGS EN DUO : LA FORMULE WIN-WIN ! Prenez contact avec nous si vous

Avec le legs en duo, le donateur transmet une partie de ses biens à ses héritiers et confie le reste au WWF. En contrepartie, le WWF prend en charge la totalité des droits de succession, de sorte que les montants perçus par les héritiers sont supérieurs à ce qu’ils auraient reçu s’ils étaient apparus seuls sur le testament. Tout le monde y gagne : la nature et les ayants droit.

envisagez d'inclure le WWF dans votre testament. Nous pouvons nous entretenir à ce sujet par téléphone, chez vous ou dans nos bureaux. Margareta Crovetto-Heylen Gestionnaire des Relations Testamentaires Tel : 02/ 340.09.24 E-mail : legs@wwf.be

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Le saviez-vous ?

KIDS

À LA DÉCOUVERTE DES « BIG 5 » D’EUROPE !

Chaque année, près de 1 500 Rangers du WWF entre 6 et 12 ans nous aident à protéger la nature !

WOW !

LE MONDE SAUVAGE SOUS TOUS LES ANGLES

UN SAFARI EN BELGIQUE ? C’EST POSSIBLE !

Les Rangers du WWF ont été invités à participer à une visite guidée de l’expo WoW, présentée au Museum des Sciences Naturelles de Bruxelles. Des zèbres poursuivis par une lionne, un tigre en pleine course, un loup qui pourchasse un sanglier… Ce n’est pas tous les jours qu’on voit ça ! Les Rangers n’en croient pas leurs yeux. Un carnet ludique guide les enfants à travers le monde, et permet d’approfondir la connaissance des jeunes sur ces magnifiques animaux sauvages.

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WWF, regarde si sa Océane, Ranger du la patte d'un ours. est aussi grande que

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Par une journée froide mais ensoleillée, quelques Rangers du WWF sont partis en safari à la découverte des animaux européens du Domaine des Grottes de Han. Parmi eux, 4 des « Big 5 » d’Europe ! Les jeunes Rangers font la connaissance des ours Marlène et Willy, qui vivent un peu au ralenti en cette saison. Ils découvrent les gloutons et s’amusent à les voir grimper aux arbres et fouiller les alentours à la recherche de nourriture. Devant les lynx, les Rangers s’accroupissent pour ne pas effrayer les beaux félins tachetés. Ils parcourent ensuite une partie du

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Domaine et croisent tarpans, chevaux de Przewalski, daims, cerfs sika, chamois et bien d’autres. Ils arrivent enfin à l’enclos des loups, où le guide leur conte la légende amérindienne d’Amarok, dont le loup est le héros. Seul le bison ne figure pas au programme pour cette fois. Une belle aventure pour ces jeunes Rangers du WWF !

Les Rangers du WWF reçoivent chaque ann un carnet de bons de réduction, leur perme ée d’accéder à une série de parcs naturels et ttant mu Belgique. Le Domaine des Grottes de Han faitsées en des partenaires proposant des entrées à prix partie réduit pour les Rangers et leur famille. Plus d’infos sur www.rangerclub.be

DÉCOUVREZ RADIO DES BOIS !

c'est Radio des Bois D ! aussi un super C

Radio des Bois est le projet musical du WWF qui présente aux jeunes dès 6 ans la planète et ses habitants de manière humoristique et engageante. Découvrez les bonobos qui dansent sur des rythmes africains, l’hippopotame qui fait du hip-hop, l’ours polaire qui a trop chaud sur sa banquise, et bien d'autres encore ! Pour suivre toute l'actualité de Radio des Bois, rendez-vous sur www.radiodesbois.be

Découvrez l’expo WoW jusqu’au 28 août 2016 ! Infos : www.sciencesnaturelles.be

Un cap important pour notre équipe Éducation ! Depuis 2009, nous avons distribué plus de 60 000 outils éducatifs à quelque 24 000 enseignants du primaire et du secondaire. Au WWF-Belgique, nous accordons une grande importance à l’éducation des enfants et des jeunes et en faisons chaque année une priorité. Notre équipe Éducation développe des kits éducatifs (Dossier climat, Radio des Bois, Boîte Énergie, climatechallenge.be) qui peuvent être commandés ou téléchargés gratuitement. Ces outils permettent aux enfants et aux jeunes de se familiariser avec différents thèmes actuels parfois complexes comme le changement climatique, la biodiversité, l’empreinte écologique et l'énergie. Nos outils éducatifs vous intéressent ? www.wwf.be/school.

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FOCUS

MERCI

2015 FUT UN SUCCÈS... GRÂCE À VOUS !

L'ACCORD CLIMAT DE PARIS EN BREF En décembre 2015, un accord historique sur le climat a été signé à Paris par les représentants de 195 pays. Mais concrètement, que

L’année dernière, vous avez aidé le WWF à protéger des animaux menacés et leur habitat, à attirer l’attention sur le problème du climat et à réduire notre impact sur la planète. Vous pouvez donc être fiers de ces quelques victoires que le WWF a remportées !

contient cet accord ? Notre experte climat, Julie Vandenberghe, décortique pour vous les points faibles et les points forts de cet accord tant attendu. UN ACCORD MONDIAL Les accords climat précédents n’étaient d’application que dans certains pays. Ces dernières années, il était devenu évident que nous avions besoin de tous les pays dans la lutte contre le changement climatique, y compris les pays en croissance comme la Chine, l’Inde ou le Brésil. Leur part dans les émissions mondiales est devenue tellement élevée qu’il est nécessaire qu’ils prennent eux aussi des mesures pour freiner le réchauffement planétaire. Cette fois-ci, ce sont 195 pays qui se sont rangés derrière un même accord, du jamais vu. MAINTENIR LE RÉCHAUFFEMENT SOUS LA BARRE DES 1,5°C L’accord qui semblait se dessiner devait maintenir le réchauffement sous les 2°C, ce qui est encore bien trop élevé pour le WWF. Avec un réchauffement de plus de 2°C, les conséquences deviendraient en effet beaucoup moins gérables. L’accord prévoit finalement que nous devrons nous efforcer de viser un réchauffement maximum de 1,5°C, ce qui est d’une grande portée symbolique. S’ADAPTER PRÉVENTIVEMENT ET RÉPARER LES DÉGÂTS L’importance de notre capacité d’adaptation aux conséquences des changements climatiques est soulignée dans l’accord. Nous devons limiter le réchauffement autant que possible, mais nous devons aussi réaliser que nous ne pourrons pas arrêter le réchauffement.

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L’attention portée aux adaptations préventives est une bonne nouvelle pour le groupe des états insulaires, qui ressentent le plus les effets du changement climatique. Loss & damage a aussi été reconnu dans l’accord, un élément pour lequel le WWF a plaidé avec force : lorsqu’une catastrophe naturelle se produit en raison du changement climatique, et provoque des dégâts importants, les pays touchés pourraient faire appel à un fonds de réparation. INVESTIR DANS L’ÉNERGIE DURABLE En outre, tous les pays ont été encouragés à préparer des stratégies durables avec basses émissions pour leur économie à long terme. Investir dans les énergies renouvelables, se détourner des énergies fossiles, voilà le message.

VAGUE ET MOINS CONTRAIGNANT Malheureusement, l’accord reste vague concernant sa mise en œuvre concrète. Cet aspect des choses devra être approfondi et suivi durant les prochaines années. L’accord est aussi moins contraignant que le protocole de Kyoto. Nous devons donc vérifier attentivement que les pays tiennent leurs engagements. EN RÉALITÉ, NOUS NOUS DIRIGEONS VERS UN RÉCHAUFFEMENT DE 3°C Les plans nationaux présentés sont

très insuffisants. L’accord plaide certes pour un réchauffement de 2°C ou même 1,5°C, mais avec les objectifs prévus par les plans des différents pays, nous nous dirigeons vers un réchauffement de presque 3°C. Dans les prochains mois, le WWF plaidera avec force pour un ajustement des plans climat nationaux avant leur mise en œuvre en 2020. Il est évident que les citoyens et les organisations environnementales doivent rester mobilisés et encourager sans relâche les gouvernements à prendre des mesures ambitieuses pour le climat.

NOUS AVONS UN ACCORD, IL FAUT MAINTENANT PASSER À L’ACTION ! Tout compte fait, nous avons un accord plutôt positif, et nous le devons aussi à vous. Près de 800 000 personnes sont descendues dans la rue dans le monde entier pour appeler leurs gouvernants à engranger un accord fort à Paris. Et nous aurons encore besoin de vous en 2016 ! Avec votre soutien, nous devons maintenir la pression et exhorter nos dirigeants à être plus ambitieux.

L’occasion d’agir p présentera très bour le climat se 10 ème édition d'Ea ientôt, avec la 19 mars à 20h30rth Hour, le samedi . Retrouvez toutes les infos sur www.wwf.be/ea rthhourfr

PLUS DE TIGRES À L’ÉTAT SAUVAGE Le tigre est menacé d’extinction dans le monde entier. Mais grâce à votre soutien à la campagne Tx2 du WWF, qui vise à doubler le nombre de tigres sauvages, les effectifs du tigre ont augmenté en 2015. L’Inde a enregistré un bond de 1 706 à 2 226 individus en 2010. Au Népal, le nombre de tigres est passé de 155 à 198. En Russie, la population de tigres de Sibérie a elle aussi augmenté ces dix dernières années, pour atteindre 540 individus contre 423 à 502 en 2005. UNE MEILLEURE PROTECTION POUR LE PARC DES VIRUNGA Le Parc National des Virunga abrite une immense diversité d’habitats et d’espèces, dont le très menacé gorille des montagnes. Mais le parc souffre de la production illégale de charbon de bois. C’est pourquoi le WWF a consacré ces 9 dernières années, avec votre soutien et en collaboration avec la population locale, à la plantation de 10 000 hectares d’arbres destinés à la production de charbon durable. En 2015, le premier arrivage de charbon durable a fait son entrée sur le marché de Goma, un jalon essentiel dans notre projet sur place.

européennes sont entrés en action. Et avec succès, puisque 520 325 personnes ont voté pour le maintien et le renforcement des directives, un record absolu ! Le WWF-Belgique, Natagora et Natuurpunt ont ainsi rassemblé 40 000 Belges sous leur bannière. UN ACCORD MONDIAL POUR LE CLIMAT À PARIS Partout dans le monde, des citoyens ont organisé des événements en vue d’envoyer un signal fort aux décideurs présents au sommet climat de Paris. Le 6 décembre à Ostende, pas moins de 14 000 Belges se sont rassemblés. Finalement, les gouvernements ont approuvé un accord climatique mondial et contraignant, ayant pour objectif de limiter le réchauffement planétaire à 2°C, voire même à 1,5°C.

UN NOMBRE RECORD DE VOTES POUR LA NATURE EUROPÉENNE La Commission européenne a décidé en 2014 d’évaluer les directives Oiseaux et Habitats. Lorsque la Commission a décidé de lancer une consultation populaire à propos de cette évaluation, le WWF et plus de 100 autres organisations

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Les montagnes des Carpates s’étendent sur 210 000 km², ce qui équivaut à 5 fois la taille de la Suisse.

13 000

Une forêt primaire dans les Carpates peut héberger jusqu'à 13 000 espèces végétales et animales différentes.

En juin 2015, 14 bisons européens – dont 4 sont originaires de Belgique - ont été relâchés dans la région montagneuse de Tarcu en Roumanie.

4 500 000

En Bulgarie, en Roumanie et en Ukraine, 4 500 000 hectares de forêts sont certifiés FSC, le label qui protège les forêts.

Notre raison d’être Le WWF agit pour mettre un terme à la dégradation de l’environnement de notre planète et pour construire un avenir où l’humain vit en harmonie avec la nature.

www.wwf.be

WWF-Belgique • Bd E. Jacqmain, 90 • 1000 Bruxelles • Tél. 02 340 09 99 • Fax 02 340 09 33 • members@wwf.be • Le Centre Info est ouvert du lu au ve de 9h00 à 12h30 et de 13h30 à 16h30.