Magazine
Édition d’automne 2021
6/ DOSSIER
Climat : sortir du chaos
14/ SUR LE TERRAIN
En 20 ans, près de la moitié des lions ont disparu
18/ FOCUS
Le grand retour du bison
N° 98 – SEPTEMBRE OCTOBRE NOVEMBRE 2021 – TRIMESTRIEL – BUREAU DE DÉPÔT BRUXELLES X – P309290
Dossier
ÉDITO
© WE HAVE HEART
« Aujourd’hui, plus que jamais, nous avons besoin d’actes »
Cet été, les catastrophes climatiques semblaient se disputer la une, comme pour confirmer les conclusions du rapport du GIEC qui attestait que le changement climatique était maintenant irréversible. Cet automne, nos pensées continuent d’aller vers les personnes vivant dans les zones sinistrées, notamment ceux et celles ici en Belgique, qui ont dû faire face à une rentrée scolaire chamboulée par les conséquences des inondations. Face à ces catastrophes, on a pu voir un beau mouvement de solidarité. Mais si les humains ont bien la capacité à agir et à anticiper les conséquences de ces bouleversements climatiques, ce n’est pas sur les épaules des seuls citoyen·nes que repose la solution. L’ampleur des problèmes auxquels nous sommes confrontés nécessite un appel à la puissance publique et à des actions contraignantes, globales et concertées. Car depuis les belles déclarations de l’accord de Paris sur le climat, il y a maintenant 6 ans, les émissions ne sont toujours pas sur la trajectoire souhaitée. Aujourd’hui, plus que jamais, nous avons besoin d’actes. Car s’il est encore temps de limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle, cela nécessite des actions drastiques et immédiates : notre fenêtre d’action est en train de se refermer. Ensemble, nous devons mettre nos décideurs face à leurs responsabilités et leur demander de faire preuve de courage politique. La route vers une décarbonation de notre société sera difficile, mais elle est essentielle pour l’avenir de l’humanité.
Le WWF y travaille : dans la rue avec vous, par un travail de pression politique exercée en coalition avec d’autres ONG, pour exiger des solutions basées sur la nature (p.11), la protection de la nature (p.12) et la fin des comportements destructeurs. Entre-temps, nous continuons nos actions sur le terrain, que ce soit dans la lutte contre les feux (p.13) ou dans la protection et la restauration de la riche biodiversité qui nous entoure (p.15, p.18). Toutes ces actions ne sont possibles que grâce à votre soutien. Merci d’être à nos côtés dans cette tâche difficile. Ensemble, tout est possible ! Antoine Lebrun Directeur général du WWF-Belgique
2
Magazine - ÉDITION D’AUTOMNE 2021
© JUSTIN JIN/WWF-FRANCE
6/ DOSSIER
© AFRICAN PARKS
© VITALY GORSHKOV/WWF-RUSSIA
Climat : sortir du chaos
18/ FOCUS
Le grand retour du bison
14/ SUR LE TERRAIN En 20 ans, près de la moitié des lions ont disparu
SOMMAIRE 4 En bref 20 Kids 22 Merci
Vous avez une question, un commentaire, vous voulez faire part d'un changement d'adresse ou vous préférez recevoir la version numérique de ce magazine ? Appelez le 02 340 09 22 ou envoyez un message à supporters@wwf.be. COLOPHON : Le WWF Magazine est une publication du WWF-Belgique Communauté française asbl. Tous droits réservés au WWF. Le logo et les initiales WWF sont des marques déposées du World Wide Fund for Nature. Reproduction des textes autorisée, à condition qu’il soit fait mention de la source. • Ont collaboré à ce numéro : Alison Avanzini, Ioana Betieanu, Alain Bourdil, Nicky Cremers, Céline De Caluwé, Pauwel De Wachter, Laurence Drèze, Anka Stenten, Naomi Terriere, Béatrice Wedeux • Coordination : Esther Favre-Félix, Wendy Schats. • Rédaction : Esther Favre-Félix, Wendy Schats. • Traduction : Nicolas Chartier, Martin Collette. • Design : www.inextremis.be. • Impression : imprimé de façon neutre en CO2 par zwartopwit.be sur du papier recyclé cyclus silk 90 gr. • Photo de couverture : Paysage du Cerrado, Brésil © Jaime Rojo/WWF-US. • E.R. : Antoine Lebrun, Bd E. Jacqmain 90, 1000 Bruxelles.
10.2019
Magazine - ÉDITION D’AUTOMNE 2021
3
© ANTE GUGIĆ
EN BREF
« L’AMAZONIE DE L’EUROPE » REÇOIT LE TITRE DE RÉSERVE DE BIOSPHÈRE
© WIM DEKELVER
L’UNESCO a décerné le titre de « réserve de biosphère » à 20 nouvelles régions, réparties dans 21 pays. La planète compte désormais 727 de ces réserves dans 131 pays, ce qui représente plus de 5% de la surface terrestre. Dans ces zones, un focus particulier est mis sur la conservation de la biodiversité, l’éducation à l’environnement, la recherche et le développement durable. L’UNESCO soutient aussi la gestion et la protection de ces zones naturelles par les communautés locales. La première réserve de
biosphère reliant cinq pays concerne le plus grand et le mieux protégé des écosystèmes fluviaux d’Europe centrale : le Danube et ses affluents, la Mur et la Drave. Surnommée « l’Amazonie de l’Europe », elle doit devenir un modèle de coopération internationale dans la gestion durable des bassins versants. Quelque 900 000 personnes vivent dans cette région qui s’étend des Alpes jusqu’aux contreforts du massif des Balkans.
DE PORT INDUSTRIEL À PARADIS POUR LES OISEAUX Au cœur de la zone portuaire d’Anvers se niche un havre de nature : le Kuifeend. C’est une zone qui attire les oiseaux aquatiques, les oiseaux des roseaux et les échassiers. Elle joue un rôle essentiel en tant que zone de migration, de nidification et d’hivernage. En 2018, Natuurpunt et le WWF ont uni leurs forces pour y réaliser des travaux d’aménagement : des bassins ont été creusés pour permettre aux oiseaux de s’y nourrir, de s’y reposer et d’y nidifier. Deux pompes solaires ont également été installées, afin d’éviter l’assèchement de ces zones. Après des années de restauration intensive, la zone naturelle De Kuifeend est devenue une oasis pour de nombreux oiseaux migrateurs qui y font halte lors de leur voyage, ou qui y passent l’hiver !
4
Magazine - ÉDITION D’AUTOMNE 2021
© WOLF FENCING TEAM WALLONIA
20 KM DE BRUXELLES : VOUS AVEZ COURU POUR LE JAGUAR ! Plus de deux ans après la dernière édition, en 2019, cet événement festif et sportif a de nouveau pu avoir lieu. Le 12 septembre, quelques 245 athlètes arboraient fièrement le logo du panda lors de cette course de 20 km. Galvanisé·es par notre célèbre mascotte, ils et elles ont couru pour la protection du jaguar et de son habitat, en Amérique du Sud. Merci ! Et merci aussi aux 171 personnes qui se sont non seulement investis sportivement, mais qui ont également réuni 3 843,54 € ! Ces fonds seront utilisés pour lutter contre la déforestation et contre la chasse au jaguar, créer des zones naturelles protégées, soutenir les communautés locales dans la gestion durable de leurs forêts et promouvoir une législation européenne forte contre la déforestation importée. © DIETER HOEVEN
LA WOLF FENCING TEAM BELGIUM DÉSORMAIS AUSSI ACTIVE EN WALLONIE La Wolf Fencing Team Belgium a été créé par Natuurpunt, Natagora et le WWF-Belgique pour apporter une réponse durable aux défis posés par la présence du loup dans notre pays. Ce réseau de volontaires est actif en Flandre depuis 2019. Sous la supervision d’expert·es, il propose aux éleveurs et éleveuses de les aider à mettre en place des mesures de prévention contre les attaques éventuelles de loups. Des volontaires ont également été formés pour l’installation de clôtures « anti-loup » en Wallonie, dans le but de protéger les troupeaux ou d’éviter des récidives après une première attaque.
© THOMAS NICOLON/WWF-DRC
LE PARC NATIONAL DE LA SALONGA RETIRÉ DE LA LISTE DU PATRIMOINE MONDIAL MENACÉ DE L’UNESCO Début 2020, l’UNESCO et l’Union internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) ont mené une mission d’évaluation dans et autour du parc national de la Salonga, en République Démocratique du Congo. Il en est ressorti que l’état de conservation du parc avait été sensiblement amélioré depuis leur dernière mission, en 2012. Il a donc été décidé d’ôter le site de la liste du patrimoine mondial menacé. Le parc national de la Salonga est la plus grande forêt pluviale protégée du continent africain. Ce parc de 33 500 km² n’est accessible que par l’eau ou par les airs. Il joue un rôle fondamental dans la régulation du climat et agit comme un puits de carbone. De nombreuses communautés vivent dans cette région qui abrite des espèces menacées comme le bonobo, l’éléphant de forêt d’Afrique et le paon du Congo. L’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature et le WWF gèrent ensemble ce parc depuis 2015. Nous y luttons ensemble contre le commerce illégal de viande de brousse et d’espèces menacées. Nous travaillons aussi à l’amélioration de la législation et de la poursuite des malfaiteurs et nous veillons à ce que les populations vivant dans et autour de la Salonga puissent subvenir à leurs besoins.
Magazine - ÉDITION D’AUTOMNE 2021
5
DOSSIER
Climat : sortir du chaos
6
Magazine - ÉDITION D’AUTOMNE 2021
© YVES ADAMS / VILDA PHOTO
Alors que les inondations, les ouragans et les feux de forêts géants s’entremêlent, les scientifiques sont sans appel : les humains ont irréversiblement changé notre climat. Heureusement, il nous reste des voies d’actions. Nous devons agir dès aujourd’hui pour limiter ces changements, s’y adapter et en atténuer les effets. C’est pourquoi le WWF pousse à une diminution drastique de nos émissions dès aujourd’hui, à protéger la nature sauvage précieuse qui nous reste et à une adaptation intelligente aux conséquences de ce nouveau climat, en s’appuyant sur les solutions déjà présentes dans la nature...
Le plan Sigma, mis en place par la Flandre pour gérer les crues de l’Escaut (voir p.11), est un bon exemple des solutions que la nature peut nous offrir face aux conséquences du changement climatique.
Magazine - ÉDITION D’AUTOMNE 2021
7
Une nature au bord du gouffre ? Avec les événements climatiques extrêmes qui se multiplient ces derniers mois, la planète semble illustrer les conclusions sombres du dernier rapport du GIEC… Mais si les humains sont responsables de cette situation, ils ont aussi les clés de la solution.
© WILL EADES
Dossier
INONDATIONS, OURAGANS, MÉGA-FEUX… Alors que la Belgique, l’Allemagne et la Turquie se remettaient d’inondations historiques qui ont dévasté des villes et des villages et coûté la vie à des centaines de personnes, des ouragans dramatiques frappaient les États-Unis et Haïti et les feux de forêts se rependaient comme une trainée de poudre. On observe notamment de plus en plus de « mégafeux », qui causent plus de destruction, plus d’émissions de carbone et posent plus de risques pour les espèces menacées : Amazonie, Turquie, Grèce, Australie, Russie, Californie...
L’ACTIVITÉ HUMAINE EN CAUSE Le dernier rapport du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) est clair : il y a un lien évident entre le changement climatique et la fréquence et l’intensité de ces phénomènes extrêmes. En effet, presque tous les habitats naturels sont sensiblement affectés par les conséquences du changement climatique : cycle des pluies, quantité d'eau et d'humidité présente dans le sol, fréquence des sècheresses... Ainsi un temps plus chaud et plus sec pendant une période prolongée facilitera un début de feu de forêt, et il sera plus difficile à contenir. En parallèle, la probabilité et la fréquence d’inondations telles que celles qui nous ont frappés cet été sont aussi liées au changement climatique, selon une étude effectuée par des chercheurs de l’Institut royal météorologique. Et d’après les estimations du dernier rapport du GIEC, l’élévation de la température globale de 1,5°C ou plus par rapport à l’ère préindustrielle aggravera encore plus la situation. Or l’humain a une responsabilité claire dans le changement climatique : le rapport du GIEC conclut même que nous avons désormais transformé la planète de manière irréversible. Et en parallèle, 85% des feux de forêt sont d’origine humaine : défrichage de nouvelles zones à cultiver, négligence (brûlage d’ordures, barbecues), déclanchements criminels... Le poids de la responsabilité est clair. Mais cela signifie aussi qu’une partie de la solution est entre nos mains.
8
Magazine - ÉDITION D’AUTOMNE 2021
Dans la lutte pour limiter les dangers du changement climatique, chaque fraction de degré Celsius compte. Pour maintenir le réchauffement de la planète à 1,5°C suivant l’accord de Paris, des mesures urgentes doivent être prises au niveau mondial pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre drastiquement, tout en protégeant et restaurant la nature. Et ces mesures doivent être implémentées aux niveaux nationaux et régionaux avec diligence. Nous pouvons encore y arriver, mais la fenêtre d’action se réduit très rapidement. Il faut donc agir de toute urgence si nous voulons parvenir à réduire de moitié nos émissions de gaz à effets de serre d'ici 2030 et parvenir à une décarbonation complète d'ici à 2050 au plus tard. Et entre temps, protéger nos forêts de toute destruction future est une première étape essentielle pour fixer le carbone et protéger la biodiversité qui nous reste (voir p.12). Et il existe aussi des solutions pour nous adapter et diminuer les conséquences du changement climatique. Par exemple, face
aux feux de forêts, outre l’action rapide sur le terrain (voir p.13), la prévention des déclanchements d’origine humaine est essentielle. Cela passe notamment par une collaboration étroite avec les communautés locales, et par s’assurer que les criminels soient systématiquement poursuivis. Nous pouvons aussi restaurer les sols humides, ce qui ralentira la propagation des feux. Dans le bassin méditerranéen, il existe aussi des modes de gestion permettant d’améliorer l'hétérogénéité des paysages pour en faire des paysages « coupe-feux » en mosaïque. La restauration des milieux naturels a aussi le potentiel de nous rendre plus résilients face aux inondations : aux siècles précédents, l’Europe a vu ses plaines inondables naturelles se réduire comme peau de chagrin, de sorte que lorsque le niveau de l’eau s’élève, les grands cours d’eau n’ont plus assez d’espace pour dilater leur cours. La restauration de paysages comme les plaines inondables font partie de « solutions basées sur la nature » (voir p.10) qui bénéficient aussi à la biodiversité : pour sortir du chaos, la nature reste notre meilleure alliée.
20%
des émissions de gaz à effet de serre dues aux activités humaines proviennent de la dégradation des forêts.
© ANDRE DIB/WWF-BRAZIL
NOUS SOMMES AUSSI LA SOLUTION
LES FEUX SONT PARFOIS BÉNÉFIQUES Certains feux de forêt déclenchés naturellement, généralement par la foudre, entretiennent la biodiversité et la régénération de nombreux écosystèmes. Ils éliminent la vieille végétation, rendent des nutriments au sol et permettent au soleil d'atteindre le sol de la forêt. Certains arbres, comme les séquoias aux États-Unis et les pins dans le sud de l’Europe, ont même besoin de feu pour déclencher la libération de leurs graines. Toutefois lorsque ces incendies deviennent incontrôlables, les dégâts peuvent être catastrophiques.
Magazine - ÉDITION D’AUTOMNE 2021
9
La nature comme alliée Face à des défis tels que le changement climatique, l’insécurité alimentaire ou encore les catastrophes naturelles, les « solutions fondées sur la nature » proposent une piste intéressante. L’idée est d’identifier des écosystèmes qui répondent naturellement à ces défis, et de les conserver, de les gérer durablement ou de les restaurer. Le résultat bénéficiant à la fois au bien-être humain et à la biodiversité.
Les solutions fondées sur la nature sont nombreuses, mais elles ont toutes en commun le fait de répondre à un ou plusieurs défis sociétaux et de bénéficier à la fois à aux humains et à la biodiversité. En voici quelques exemples : • Une plantation de mangroves le long d’une plage afin de préserver les côtes de l’érosion et de protéger les villages avoisinants de la montée des eaux (voir photo ci-contre, au Belize) ; les mangroves sont aussi un habitat de choix pour de nombreuses espèces. • Un agriculteur plante des arbres ou des haies parmi ses cultures pour leur faire de l'ombre, retenir l'eau de pluie et fixer le sol ; ces haies offrent aussi un habitat et des corridors naturels facilitant le déplacement des espèces sauvages. • La création d'une aire marine protégée afin de garantir un stock de pêche durable pour une communauté ; cette zone protégée permet aux espèces aquatiques qui y vivent de s’épanouir.
10
Magazine - ÉDITION D’AUTOMNE 2021
© ANTONIO BUSIELLO/WWF-US
Dossier
Une solution fondée sur la nature peut même répondre à plusieurs défis à la fois : la protection ou la restauration d’une forêt avoisinant une ville peut ainsi contribuer à son approvisionnement en eau, mais aussi à l’atténuation du changement climatique en absorbant du CO2, tout en permettant de protéger la ville des inondations en captant l’eau des fortes pluies. Et une forêt gérée durablement bénéficie également à la biodiversité qu’elle renferme. Ces solutions peuvent être mises en place seules ou en combinaison avec des infrastructures artificielles : par exemple, la restauration de dunes naturelles peut être accompagnée de digues artificielles. Notons toutefois que les infrastructures artificielles seules ne fournissent généralement qu’un seul type de bénéfice, sont coûteuses et nécessitent un entretien continu. Les pays ont pourtant encore trop tendance à investir dans ces solutions traditionnelles qui ne prennent pas en compte la conservation de la nature…
flu ue dig
de ce
vase
pré salé
écluse
CO2
Stockage de carbone Habitat pour les oiseaux aquatiques et migrateurs
Frayère et nurserie pour poissons Protection des digues Augmentation de la teneur en oxygène
inture
rivière
© AGENSCHAP VOOR NATUUR EN BOS
via
CO2
digue
Un exemple de solution fondée sur la nature en Belgique est le plan Sigma, qui a été mis en place par la Flandre pour gérer les crues de l’Escaut. Ce plan prévoit des inondations contrôlées en utilisant la nature autour de l’Escaut comme tampon : quand l’Escaut déborde, l’eau se répartit dans des plaines inondables qui accueillent une faune et une flore adaptées aux crues. Les habitations sont ainsi préservées des inondations tandis que la biodiversité profite de ce phénomène, tout en contribuant au stockage de CO2.
le
QUAND LA NATURE PROTÈGE LES HABITANTS DES CRUES DE L’ESCAUT
Échange et absorption de nutriments et source de silicium Les marécages agissent comme une éponge
UNE RÉPONSE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE Les solutions fondées sur la nature sont un outil précieux dans la lutte contre le changement climatique : les écosystèmes comme les prairies et les forêts sont capables d’atténuer le réchauffement de la planète en captant du CO2. Toutefois, les humains ont déjà irréversiblement changé le climat (voir p 8). Et comme nous avons pu le voir cet été, les événements climatiques extrêmes nous frappent déjà. Nous devons donc nous préparer à faire face à de fortes précipitations et à des sécheresses plus régulières et mettre en place des moyens pour s’y adapter. Et les solutions fondées sur la nature sont là pour nous y aider : la nature peut nous aider à diminuer l’impact des inondations comme des sécheresses grâce à une absorption et un stockage naturel de l’eau. La nature est une précieuse alliée : la préserver et la restaurer doit être notre priorité absolue.
NO NATURE - NO FUTURE En Wallonie, le WWF, Natagora et Inter-Environnement Wallonie (IEW) demandent au gouvernement wallon de mettre en place des solutions fondées sur la nature pour mieux nous protéger des inondations et des sécheresses. À travers la campagne No Nature - No Future lancée début septembre, les trois organisations proposent dix mesures concrètes pour rendre à la nature ses fonctions régulatrices. Par exemple, en restaurant des forêts naturelles et diversifiées, nous leur permettrions de mieux capter l’eau de pluie en amont et d’ainsi contribuer à protéger les vallées des inondations.
https:// nonaturenofuture.be
Magazine - ÉDITION D’AUTOMNE 2021
11
Dossier
Pour défendre les forêts et les écosystèmes les plus riches à travers le monde, une arme précieuse est enfin à portée de main : une loi européenne forte contre la déforestation. Limiter la déforestation a de multiples avantages, pour les écosystèmes comme pour les humains : réduction des émissions de gaz à effet de serre, séquestration de carbone, purification de l’eau… Et des forêts intactes et fonctionnelles ont de meilleures chances de résister au changement climatique. Or l’une des causes principales de la mise sous pression des forêts et des écosystèmes naturels dans le monde est le développement de l’agriculture : elle est responsable de 80% de la déforestation au niveau mondial. En 2020, le Brésil aurait ainsi perdu 158 hectares de nature, soit l’équivalent de 112 terrains de football, chaque heure, essentiellement pour convertir ces terres à l’agriculture. Et l'Union européenne (UE) est, derrière la Chine, le deuxième plus grand importateur mondial de produits issus de la déforestation tropicale. Sans le savoir, les Européens consomment des produits dont les ingrédients proviennent de zones déboisées ou d'autres habitats détruits : soja utilisé dans l'alimentation animale, huile de palme, cacao...
12
Magazine - ÉDITION D’AUTOMNE 2021
1,2 MILLIONS DE CITOYEN·NES SE SONT MOBILISÉS Une loi empêchant les produits dont la production est liée à la déforestation d'être exportés vers Europe aurait donc un impact considérable. Et une telle loi est justement en discussion à Bruxelles. C’est pourquoi, en 2020, près de 1,2 million de citoyen·nes ont exigé via notre campagne Together4Forests que cette législation soit la plus ambitieuse possible. La balle est maintenant dans le camp des institutions européennes, qui doivent veiller à ce que cette loi devienne réalité. Le WWF suit attentivement l’évolution de la situation, notamment pour s’assurer que certaines dispositions soient incluses dans la nouvelle législation. Par exemple il est essentiel que cette loi ne protège pas seulement les forêts mais aussi tous les écosystèmes naturels, comme les prairies, les savanes ou les zones humides. En effet, les prairies stockent 20% du carbone terrestre contenu dans la biomasse et le sol ! Et certaines savanes comme celle du Cerrado au brésil – qui accueille 5% de la biodiversité mondiale – sont extrêmement précieuses. Prochaine étape ? La Commission européenne devrait présenter une première proposition de loi fin 2021. Elle devra ensuite passer par le Parlement et le Conseil européens : 2022 sera donc une année pleine d’enjeux et nous allons tout faire pour nous assurer que cette loi soit aussi ambitieuse que possible !
Suivez le parcours de cette loi et nos actions : wwf.be/together4forests
La savane brésilienne du Cerrado abrite 5% de la biodiversité au monde. Les savanes, les prairies et les zones humides doivent absolument être incluses dans la nouvelle législation.
© DAVID BEBBER WWF-UK
Bientôt une loi européenne pour sauver les forêts ?
© WWF/GREECE
Sur le terrain face aux feux en Méditerranée En août dernier, le WWF lançait un appel d’urgence pour soutenir la Grèce et la Turquie dans leur lutte contre des feux de forêt d’une ampleur inédite. Les équipes du WWF se sont mises en action immédiatement pour sauver la riche biodiversité de ces paysages. Les incendies qui ont frappé la Grèce et la Turquie pendant l’été 2021 étaient d’une ampleur telle qu’on les qualifie de « mégafeux » : plus de 400 000 hectares ont brûlé dans les deux pays. Les bureaux locaux du WWF se sont mobilisés immédiatement face à cette crise et nous avons aussi lancé un appel à dons ici en Belgique pour soutenir leurs efforts. En effet, les forêts turques et grecques touchées cet été sont des écosystèmes très riches abriant notamment des loups gris, des ours bruns, des hyènes, des cerfs élaphes, des chacals dorés...
ÉTEINDRE LES FEUX ET SECOURIR LES ANIMAUX BLESSÉS En Turquie, le WWF a tout d’abord mobilisé des hélicoptères depuis l'Autriche pour contribuer à la lutte contre les incendies, principalement dans les provinces de Mugla et d’Antalya. Une première centaine de kits vétérinaires ont également été distribués pour soigner les animaux sauvages blessés. En Grèce, c’est dans la région d’Evoia que les efforts se sont concentrés pour soutenir les équipes bénévoles luttant contre les feux. Le WWF y collabore également avec l’ONG « ANIMA », qui recueille et soigne les animaux sauvages blessés.
EN ENSUITE ? En Grèce comme en Turquie, le WWF prévoit de mettre en place des mesures qui permettront de réagir plus efficacement lors des prochaines saisons des feux. En Grèce, l’accent est particulièrement mis sur la prévention : en incitant les politicien·nes à adopter une gestion plus durable des forêts et en menant des campagnes de sensibilisation auprès des populations locales pour prévenir un maximum de feux d’origine humaine. Nous travaillerons aussi à la restauration des sites naturels détruits. En Turquie, le WWF vise à acquérir un véhicule tout-terrain qui permettra de secourir des animaux blessés. La mise en place d’une clinique vétérinaire mobile et un centre de réhabilitation pour les animaux blessés sont aussi actuellement étudiés.
Des kits d'urgence pour soigner les animaux sauvages rescapés sont préparés par des bénévoles pendant que des hélicoptères arrivent en renfort dans la lutte contre le feu.
MERCI À TOUS !
987
Pas moins de 987 d’entre vous ont répondu à notre appel à dons en Belgique : vous avez rassemblé ensemble plus de 50 000 euros pour cette crise !
Magazine - ÉDITION D’AUTOMNE 2021
13
SUR LE TERRAIN
En 20 ans, près de la moitié des lions ont disparu Nom scientifique : Panthera leo Statut UICN : vulnérable Tendance de la population : baisse Nombre d’animaux adultes : environ 20 000
Il y a un siècle, l’Afrique comptait encore plus de 200 000 lions. Mais ces dernières décennies, leur population a chuté de manière spectaculaire, notamment en raison de la perte de leur habitat, de conflits humainsanimaux et de la diminution du nombre de leurs proies. Aujourd’hui, le lion a disparu de 90% de son aire de distribution historique. Le lion est le plus social des félins : les femelles d’une même famille forment une troupe, tandis que les mâles - apparentés et non apparentés - se groupent en coalitions qui luttent pour obtenir « l’exclusivité » sur les lionnes. En moyenne, une troupe se compose de quatre à six individus. En
14
Magazine - ÉDITION D’AUTOMNE 2021
Afrique, le lion se rencontre dans tous les types d’habitat, à l’exception des forêts pluviales tropicales et du cœur du Sahara. Des lions ont même été observés sur le Kilimandjaro, à une altitude de plus de 4 000 mètres ! Bien que les lions boivent régulièrement lorsque l’eau est disponible, ils sont capables de s’hydrater uniquement par la consommation de leurs proies, ou même en mangeant des plantes : ils consomment par exemple une sorte de melon que l’on rencontre dans le désert du Kalahari. Les grands et moyens ongulés constituent l’essentiel de leur nourriture, mais presque n’importe quel animal peut faire l’affaire, que ce soit un rongeur, un rhinocéros ou d’autres prédateurs comme les hyènes et les lycaons. L’une des principales causes du recul des populations de lions est liée aux conflits entre humains et animaux : les éleveurs locaux tuent des lions pour protéger leur famille et leur bétail. Les lions ayant tendance à adopter un comportement charognard, ils sont facilement pris au piège par des carcasses empoisonnées par les humains. En parallèle, leur habitat est de plus en plus réduit et convertit à d’autres
Autrefois, l’habitat du lion s’étendait non seulement sur toute l’Afrique mais aussi du Sud-Est de l’Europe jusqu’en Inde. Désormais, les lions ne vivent plus qu’en Afrique… et dans le Parc national et sanctuaire faunique de Gir, dans l’État du Gujarat, en Inde. Il s’agit de l’une des plus importantes réserves naturelles d’Asie. Elle héberge environ 500 lions asiatiques adultes.
usages par les humains, et de nombreuses sous-populations de lions se retrouvent isolées. De plus, le braconnage et le commerce non durable de viande de brousse réduisent la disponibilité des proies sauvages dans de grandes parties de la savane africaine. Les lions euxmêmes sont régulièrement victimes des pièges posés à l’intention d’autres animaux. Et le commerce des os et d’autres parties du corps du lion pour la médecine traditionnelle sévit tant en Afrique qu’en Asie. Des études indiquent que la population de lions a reculé d’environ 43% entre 1993 et 2014. Le lion est classé dans la catégorie « vulnérable » par l’Union internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), mais sa situation varie fortement d’une région à l’autre. Au Botswana, en Namibie, en Afrique du Sud et au Zimbabwe, la population est plutôt en hausse (+12%). Dans le reste de l’aire de distribution africaine du lion, la tendance est nettement à la baisse (-60%). Dans la plus grande partie de son aire de distribution, le lion est donc localement « menacé », voire « gravement menacé ».
© AFRICAN PARKS
© AFRICAN PARKS © DAVID LAWSON / WWF-UK
IL Y A AUSSI DES LIONS EN INDE
Ici, les lions rugissent à nouveau Grâce à des programmes de conservation de la nature, le WWF a pu sécuriser l’avenir de plusieurs populations de lions, en collaboration avec nos partenaires et les populations locales. Une belle preuve que des territoires protégés et correctement gérés sont profitables aux humains comme à la nature. Le WWF-Belgique travaille depuis 2017 avec African Parks, une ONG qui restaure et gère à long terme des parcs nationaux, en collaboration avec les autorités et les populations locales. Pour assurer la protection des animaux et des dernières régions naturelles d’Afrique, African Parks met en œuvre une approche résolument tournée vers le développement économique des populations locales, qui intègre la lutte contre la pauvreté. À long terme, chaque parc doit être durable sur les plans écologique, social et financier.
LES LIONS DE LA PLAINE DE LIUWA, EN ZAMBIE Quand African Parks a repris la gestion du parc de la plaine de Liuwa, en 2003, Lady Liuwa était la dernière lionne du parc. Malgré l’introduction de deux mâles, Lady Liuwa n’a pas pu mettre au monde de petit. En 2011, deux jeunes lionnes ont donc été importées en provenance d’autres parcs zambiens. L’une de ces deux lionnes a malheureusement été tuée par un braconnier, mais l’autre a donné naissance à trois lionceaux : les premiers à naître dans le parc depuis plus de dix ans ! En 2017, un autre mâle a été introduit avec succès afin d’augmenter la diversité génétique de la population, et deux nouveaux petits ont vu le jour. Lady Liuwa est morte de mort naturelle en 2017, mais elle laisse derrière elle une population saine et en croissance de 11 lions. L’histoire de Lady Liuwa a été racontée dans un documentaire qui met en lumière le déclin de la population de lions jadis florissante de la plaine de Liuwa, et qui documente l’introduction des deux premiers lions mâles.
Découvrez le documentaire : https://bit.ly/2ZJU8nb
Magazine - ÉDITION D’AUTOMNE 2021
15
© SEAN VILJOEN
Sur le terrain
LES LIONS DE RETOUR AUSSI À LIWONDE ET MAJETE, AU MALAWI En août 2018, une série de translocation de lions a eu lieu depuis l’Afrique du Sud vers le Malawi. Deux décennies après que la dernière population reproductrice eut disparu, des lions étaient réintroduits au parc national de Liwonde : sept individus provenant d’Afrique du Sud et deux mâles provenant de la réserve malawite de Majete. À Liwonde, les conflits entre humains et animaux et le braconnage avaient conduit à la disparition des populations de prédateurs. Avant d’y réintroduire des lions, la législation a été renforcée afin de sécuriser le parc. Une solide clôture a été installée, des patrouilles de rangers ont été organisées et des milliers de pièges ont été éliminés. Une collaboration avec la population locale a également été instaurée, pour prévenir le braconnage et les conflits humainsanimaux. Il était aussi important que les populations de proies puissent se restaurer avant d’entamer la réintroduction proprement dite. La translocation a marqué le grand retour du lion dans le parc de Liwonde, qui héberge désormais 15 individus, mais elle a aussi ouvert un nouveau chapitre pour la réserve de Majete, où l’espèce a été réintroduite en 2012 après avoir été exterminée : tandis que deux mâles de la jeune population de Majete étaient transférés à Liwonde, cinq lions ont été introduits à Majete en provenance d’Afrique du Sud. Cette opération a permis d’augmenter la diversité génétique de la population de Majete, qui s’est étoffée jusqu’à atteindre 24 individus.
16
Magazine - ÉDITION D’AUTOMNE 2021
BIEN PLUS QU’UNE ESPÈCE EMBLÉMATIQUE Les prédateurs ont une fonction écologique essentielle : le retour du lion contribue à restaurer un équilibre naturel crucial pour le fonctionnement de l’écosystème. À Liwonde par exemple, le retour du lion a favorisé celui des vautours. Plus de 70 vautours de six espèces différentes y ont été observés à proximité des carcasses de proies. De plus, le lion contribue en tant qu’espèce emblématique au développement d’un écotourisme durable, même si cet essor a été ralenti par la pandémie de COVID-19. African Parks investit aussi dans d’autres activités compatibles avec la conservation de la nature. L’organisation est ainsi l’un des principaux employeurs dans la plupart des régions où elle est active : au Malawi, elle fournit de l’emploi à près de 900 personnes. Ces revenus soutiennent le développement économique de la région et réduisent la pauvreté. African Parks construit aussi des écoles et travaille dans la mesure du possible avec des organisations de développement afin de fournir des services sociaux (enseignement, santé) autour des parcs. Le soutien financier que le WWFBelgique apporte à African Parks ne profite donc pas uniquement à la nature et aux espèces sauvages, mais aussi aux femmes et aux hommes habitant ces régions.
En 20 ans, près de la moitié des lions ont disparu. Inversez la tendance. Faites un don sur : lion.wwf.be/fr
Avez-vous déjà songé à votre succession ? En plus de vos proches, vous pouvez inclure la nature dans votre testament. Une manière concrète de donner un avenir aux espèces menacées et à leur milieu de vie. Les expert·es du WWF travaillent dans plus de 100 pays pour protéger nos plus précieux joyaux naturels. Chaque année, les legs en faveur du WWF contribuent de manière significative au financement de ces projets : sans l’engagement de nos testateurs et testatrices, nous ne pourrions pas mener à bien notre mission. Ensemble, faisons la différence ! En léguant une partie ou l’ensemble de vos biens au WWF, vous transmettez aux générations futures une planète vivante.
COUPON-RÉPONSE : Je souhaite être contacté pour plus d’informations. Je souhaite recevoir la brochure d’information de manière confidentielle et sans aucune obligation. Désormais, vous pouvez également établir votre testament en ligne, gratuitement. Dans ce cadre, le WWF collabore avec des conseillers juridiques et des experts de Legacio. Plus d’info sur : wwf.be/testaments Le WWF figure déjà dans mon testament. Mme M.
Prénom :.................................................. Nom : ����������������������������������������������������������������������������
Rue : .................................................................................................................................................. N° : ������������������������� Code postal :..........................................Localité : ������������������������������������������������������������������������������������������������������������ Adresse e-mail : ���������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������� N° de téléphone :....................................................................... Date de naissance : ��������������������������������������������������� À renvoyer à : Dominique Weyers • WWF-Belgique • Boulevard E. Jacqmain 90 • 1000 Bruxelles Dominique se fera également un plaisir de vous répondre par téléphone au 02 340 09 37 ou au 0476 58 07 42, ainsi que par e-mail à dominique.weyers@wwf.be. Le WWF-Belgique (Boulevard E. Jacqmain 90, 1000 Bruxelles) fait traiter vos données par Black Tiger Belgium (Allée de la Recherche 65, 1070 Anderlecht), conformément à la législation applicable en matière de traitement des données personnelles : le RGPD (règlement général sur la protection des données). Nous nous engageons à n’utiliser vos données que pour les activités liées à ce formulaire. Vous pouvez toujours contrôler vos données et les faire modifier ou supprimer si nécessaire. Pour en savoir plus sur l’utilisation de vos données, surfez sur wwf.be/fr/vie-privee/. Nous pouvons également vous envoyer notre déclaration de confidentialité par la poste.
© DIANE LEWIS
LE WWF DANS VOTRE TESTAMENT
FOCUS Le grand retour du bison Cela fait plus de 200 ans que le bison avait disparu de Roumanie. Depuis 2013, le WWF-Roumanie et Rewilding Europe, avec le soutien du WWF-Belgique, œuvrent pour la réintroduction de cette espèce emblématique dans le sud des Carpates.
Les Carpates sont la plus grande chaîne de montagnes d’Europe. Elles s’étirent sur cinq pays : Tchéquie, Slovaquie, Pologne, Ukraine et Roumanie. Les forêts couvrent environ 50% de cette région cruciale pour la conservation de la biodiversité en Europe. De vastes étendues de forêts - semi-naturelles, anciennes et primaires - y abritent nombre d’espèces endémiques, mais aussi les plus grandes populations de loups et d’ours bruns en Europe.
à des animaux comme le bison lui-même, mais aussi l’ours brun, le loup et le lynx, de circuler librement. Environ 600 espèces animales et 200 espèces végétales tirent parti de la présence de cet énorme herbivore. Par exemple, les bisons prennent régulièrement des bains de sable. En se frottant contre le sol, ils forment des trous qui sont très utiles pour les abeilles sauvages, les guêpes, les lézards et les plantes pionnières (plantes qui peuplent des espaces nus).
ARCHITECTE DU PAYSAGE ET ESPÈCE CLÉ
Mais le retour du bison sur les pentes des monts Țarcu et Poiana Ruscă, en Roumanie, n’est pas seulement essentiel pour la conservation des espèces, il s’inscrit également dans une initiative plus large visant à créer le plus grand ensemble de régions sauvages interconnectées en Europe. Cet ensemble de trois millions d’hectares comprend différentes zones protégées. Dans ce vaste paysage, régulé par des processus naturels, le bison peut reprendre la place qui est la sienne.
Les territoires restés sauvages sont importants pour la santé des écosystèmes. Et le bison d’Europe (Bison bonasus) est une espèce clé pour la conservation de tels espaces naturels. Il consomme chaque jour quelque 30 kg d’herbes, d’écorce et de branches, ce qui permet non seulement de maintenir une mosaïque de zones boisées et de prairies ouvertes, mais aussi d’entretenir des corridors écologiques qui permettent
18
Magazine - ÉDITION D’AUTOMNE 2021
«
Au cours des six dernières années, nous avons fêté de nombreuses premières, comme le cap des 25 veaux nés à l’état sauvage ou des données GPS démontrant qu’un bison avait franchi une altitude de 2 000 mètres dans la région du Mont Țarcu. » Marina Drugă, LIFE RE-Bison Project Manager, WWF-Roumanie
Le projet « LIFE-Bison rewilding », initié en 2014 par le WWF-Roumanie et Rewilding Europe, a pour objectif de créer une population sauvage et viable de bisons, qui favorise la biodiversité sur son territoire. Le projet veut également générer une valeur culturelle en faisant redécouvrir aux populations locales la beauté de leur région et en les invitant à développer des activités en équilibre avec la nature.
© TOMAS HULIK
Le WWF-Roumanie et Rewilding Europe travaillent pour cela en étroite collaboration avec les communautés locales, les entrepreneur·es, les exploitations forestières, les associations de chasseurs et chasseuses ou encore les tour-opérateurs, afin de s’assurer que le programme de réintroduction atteigne ses objectifs. Les communautés locales sont impliquées activement dans les activités liées à la réintroduction et dans la conservation de leur patrimoine naturel. Le but est qu’elles accueillent avec fierté le retour du bison dans leur région. En outre, la présence de cette espèce populaire ouvre de nouvelles perspectives touristiques, qui peuvent profiter à l’économie locale.
© DAN DINU
UNE VALEUR CULTURELLE ET ÉCONOMIQUE
DES EFFORTS QUI PAIENT Depuis 2014, des bisons sont introduits chaque année en Roumanie. Fin juin, sept taureaux ont ainsi été transportés d’Allemagne vers le mont Țarcu. Le troupeau, qui compte désormais une centaine de bêtes, est le plus grand de Roumanie. En décembre 2020, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) a ôté le bison de la catégorie « vulnérable » pour requalifier l’espèce de « quasi menacée ». Grâce à des années d’efforts, la population du plus grand mammifère d’Europe a grimpé de 1 800 individus en 2003 à plus de 6 200 en 2019. Les plus grandes populations vivent en Pologne, en Biélorussie et en Russie. Mais les populations existantes, dont celle de Roumanie, doivent encore grandir pour augmenter leur diversité génétique et assurer leur stabilité et leur viabilité à long terme.
PLUS PRÈS DE CHEZ NOUS… En 2007, des associations néerlandaises ont introduit des bisons aux Pays-Bas. Le premier troupeau a été installé dans les dunes du Kraansvlak, dans le Parc national du Sud-Kennemerland. Depuis 2016, des troupeaux existent aussi dans la réserve naturelle de Maashorst, dans le Brabant néerlandais, et dans le Veluwe. Et depuis 2020, il y a même un troupeau de bisons en Zélande, aux Slikken van de Heen. Une idée d’excursion ?
Magazine - ÉDITION D’AUTOMNE 2021
19
KIDS
NOTRE NATURE, NOTRE FUTUR
Aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin de chacun·e d’entre vous pour protéger notre planète. L’événement BackToTheClimate des 8 et 10 octobre a mobilisé nos professeur·es et leurs élèves ainsi que les jeunes et nos rangers autour d’un même objectif… ramener le Climat à l’agenda politique ! Mais ce n’est pas tout…
Grâce à la série d’outils pédagogiques « Notre nature, notre futur », nous suscitons la curiosité des élèves du primaire pour l’incroyable diversité de la nature sur Terre. Ces élèves étudient également certains problèmes environnementaux et les solutions pour y faire face, avec des actions à leur portée. Parmi les premières leçons : un super jeu pour comprendre ce qu’est la biodiversité et découvrir un écosystème de nos régions, et une série de défis à l’extérieur, pour découvrir la nature avec nos 5 sens. Et cette année, nous y rajoutons un nouvel outil sur le retour du loup en Belgique !
LE LOUP EST DE RETOUR – ET C'EST UNE BONNE NOUVELLE ! Bien que les loups jouent un rôle important dans l'écosystème, leur retour pose également certains défis. Grâce à notre nouvel outil pédagogique, les élèves découvrent tout sur le loup : en quoi diffèrent-ils des chiens ? Comment vivent-ils ? Pourquoi hurlentils vraiment ? Quel rôle jouent-ils dans l'écosystème ? Et comment vivre avec eux ? Découvrez-le dans cet outil pédagogique qui comprend une affiche colorée, des fiches élèves et un guide pédagogique.
Tous ces outils sont gratuits et peuvent être commandés sur : wwf.be/ecoles
20
Magazine - ÉDITION D’AUTOMNE 2021
VOUS ÊTES ENSEIGNANT·E ? Abonnez-vous à notre newsletter éducation pour connaître toutes nos activités et outils pédagogiques via wwf.be/ecoles
LE CLIMAT SUR TOUS LES FRONTS
© WWF-BELGIUM
En cette période d’actualités climatiques intenses, le département Youth multiplie les projets, avec toujours le même objectif : former, mobiliser et agir ensemble avec la jeune génération afin de construire dès aujourd’hui la société neutre en carbone de demain :
Le 8 octobre, le WWF a participé à la grande mobilisation pour le climat dans les écoles.
Cette année, 120 workshops scientifiques sur le climat sont prévus dans les écoles, pour les jeunes de 10 à 18 ans ! Des jeunes qui construisent ensemble la société bascarbone de demain : ça s’est passé ces 29 et 30 octobre aux Climathons d’Anvers, Liège, Louvain et Louvainla-Neuve.
Depuis le mois de mars 2020, la plupart des activités du Rangerclub ont été annulées... Mais, heureusement pour nous, cette période de calme est terminée : avec nos deux nouveaux Rangerclub officers à la barre, nous sommes de retour en force depuis cet été !
Ces dernières années, la voix des jeunes est de plus en plus présente dans les débats environnementaux. Ils sont un facteur clé de changement aux niveaux économique, sociétal et politique. Cette année encore, nous appelons les jeunes à proposer des projets concrets qui s’attaqueront à des problèmes urgents autour de 3 thèmes : la perte de biodiversité, le changement climatique et les régimes alimentaires durables. L'édition 2022 débutera en novembre 2021 et durera jusqu'en mai 2022.
UN ÉTÉ AU RANGERCLUB
DES EXPERTS LOCAUX DE LA NATURE !
Cet été, pas moins de 346 enfants sont partis en camp avec le Rangerclub. Enthousiastes, ces enfants sont allés découvrir la mer du Nord, les Hautes Fagnes, les Ardennes ou tout simplement leur quartier. Ils et elles ont également découvert le travail du WWF, l'importance de la biodiversité, mais surtout le plaisir de vivre en harmonie avec la nature !
Même pendant l'année scolaire, il y a une multitude de choses à découvrir au Rangerclub ! En octobre, lors d’un week-end nature, nous nous sommes glissés silencieusement dans les bois pour aller écouter le brâme du cerf. Plus tard ce mois-là, le Rangerday, tant attendu, a envahi gaiement le parc Forestia, pour une journée inoubliable ! Pendant les vacances d'automne, les Rangers ont découvert les secrets de la forêt dans une ambiance chaleureuse offerte par les couleurs typiques de la saison. Mais ce n'est pas fini pour 2021 : en décembre, nous allons explorer le Zwin Parc Nature, véritable aéroport international des oiseaux, afin d’observer différentes espèces en hiver !
© WWF-BELGIUM
APRÈS LA PLUIE VIENT LE BEAU TEMPS !
YOUTH AWARDS – ÉDITION 2022
Inscrivez-vous rapidement aux activités à venir : rangerclub.be/activites
Magazine - ÉDITION D’AUTOMNE 2021
21
© SHUTTERSTOCK
MERCI !
21 OURSONS DES CARPATES ONT ÉTÉ RECUEILLIS EN 2021 L’année dernière, à la même période, nous mettions en lumière le travail incroyable qu’effectuent les fondateurs de l’orphelinat pour oursons « Bear Again » en Roumanie. Chaque année, Léo et Gabriel recueillent, soignent et hébergent des oursons orphelins dans les Carpates. Au bout de trois ans de soins - effectués avec un minimum de contact humain - les oursons sont fins prêts pour retourner à la vie sauvage. Unique en son genre, l’orphelinat a accueilli 21 oursons 2021 ! Ce nombre s’ajoute aux près de 200 résidents recueillis les années précédentes. Un défi de taille mais surtout une belle histoire que nous écrivons ensemble grâce à votre soutien indéfectible.
VOUS AVEZ ÉTÉ PLUS DE 21 000 À SIGNER LE MANIFESTE « NO NATURE, NO FUTURE » Inondations, coulées de boue, sécheresses… Nous faisons directement face aux conséquences du dérèglement climatique. Et tous les rapports scientifiques l’affirment : ce n’est pas près de s’arrêter. C’est pourquoi le WWF s’est associé à Natagora et Inter-Environnement-Wallonie pour rappeler haut et fort au Gouvernement wallon que la nature offre de nombreuses solutions à la crise climatique. Et qu’il est temps de les mettre en pratique (voir p. 1011). Vous avez été nombreux et nombreuses à signer le manifeste dans lequel nous avons rassemblé ces revendications, concrètes et directement applicables. Car face à l’urgence climatique, des décisions politiques doivent être mises en place en Wallonie au plus vite. Ensemble, tout est possible !
22
Magazine - ÉDITION D’AUTOMNE 2021
© DENNIS STOGSDILL
63 RAISONS DE SE RÉJOUIR POUR LE GORILLE DE MONTAGNE ! La naissance d’un bébé gorille est toujours synonyme de joie et porteuse d’espoir pour l’espèce. Et cette année, ce ne sont pas moins de 63 bébés gorilles qui sont nés ! 22 petits ont ainsi vu le jour dans le Parc national des Virunga, tandis que 24 naissances ont été comptées dans le Parc national des Volcans au Rwanda et 17 dans le parc de la forêt impénétrable de Bwindi en Ouganda. Au Rwanda, les naissances de gorilles sont célébrées chaque année lors d’une cérémonie au cours de laquelle chaque nouveau gorille se voit attribuer un nom. Dérivée d'une ancienne tradition rwandaise, la cérémonie de baptême des gorilles « Kwita-Izina » a été lancée en 2005 pour sensibiliser le public à la situation des gorilles de montagne et promouvoir des mesures de conservation pour protéger ces primates emblématiques en danger. Merci à nos donateurs et donatrices qui, en adoptant symboliquement un gorille, nous permettent de mener avec nos partenaires du terrain des projets de protection de l’espèce sur le long terme !
VU : UNE COUVÉE DE CROCODILES DU SIAM ! En septembre dernier, nos collègues du WWF-Cambodge ont partagé pour la première fois depuis dix ans des images rarissimes d'une couvée de huit bébés crocodiles du Siam. Un signe porteur d’espoir pour l’espèce, en danger critique d’extinction ! Le crocodile du Siam est considéré comme l'un des reptiles les plus menacés au monde. L’aire de répartition historique de l’espèce s’étendait autrefois dans toute l’Asie du Sud-Est. Mais aujourd’hui, on ne retrouve l’espèce à l’état sauvage que dans bassin du Mékong et les zones humides du Cambodge. Les populations sont fragmentées et menacées par la chasse, les activités humaines et la dégradation de leur habitat. Des études avaient permis de confirmer la présence de ces
crocodiles dans les plaines orientales du Mondulkiri, mais aucune image n’avait pu illustrer leur présence depuis plus de dix ans. Voilà chose faite ! La présence de cet animal extrêmement rare dans la réserve naturelle de Srepok, où le WWF agit pour la préservation de la faune
sauvage depuis de nombreuses années, souligne l'importance de la région en tant que zone stratégique pour la biodiversité mondiale. C’est grâce au soutien de nos donateurs et donatrices que nous pouvons mener à bien des projets de longue haleine tels que celui-ci ! Merci !
Magazine - ÉDITION D’AUTOMNE 2021
23
Il y a 20 ans, les lions étaient presque deux fois plus nombreux en Afrique.
Qu’en sera-t-il dans 20 ans ?
AVEC LE WWF, INVERSEZ LA TENDANCE FAITES UN DON POUR LE LION. WWF.BE
BE88 1911 5746 7641 COMMUNICATION LIBRE : « LION »