Magazine
Édition d’automne 2023
6/ DOSSIER
Un refuge au cœur vert du Congo
14/ SUR LE TERRAIN
En Chiquitanía, une forêt entre de bonnes mains
16/ FOCUS
Comprendre la loi européenne sur la restauration de la nature
N° 106 – SEPTEMBRE OCTOBRE NOVEMBRE 2023 - TRIMESTRIEL – BUREAU DE DÉPÔT BRUXELLES X – P309290
Dossier
EDITO
« Ensemble, nous pouvons être les gardien·nes des forêts précieuses de NtokouPikounda et veiller à ce que les gorilles des plaines continuent d’y prospérer. » Aidez-nous à protéger les gorilles des plaines de l’Ouest ! Faites un don via :
Bien qu’il y en ait de moins en moins, il existe encore à travers le monde des lieux où la nature sauvage est reine – des lieux que le WWF s'attache à préserver à tout prix. C’est le cas du parc national de Ntokou-Pikounda, au nord de la République du Congo. Ses forêts inondées et ses marécages abritent des animaux précieux comme des éléphants, des chimpanzés, des hippopotames et des colobes rouges de Bouvier – un petit singe curieux qui n’existe nulle part ailleurs. En apparence vierge de tout signe de présence humaine, ce parc regorge d’une biodiversité exceptionnelle et je vous invite à partir à sa découverte dans le dossier de ce magazine. Ce parc est aussi un havre précieux pour les familles des gorilles des plaines de l’Ouest, une espèce gravement menacée qui joue un rôle clé dans la santé de l’écosystème qui l’entoure. Malheureusement, le braconnage pernicieux menace même cet endroit reculé. Et les moyens disponibles sont loin d’être à la hauteur des besoins. Les écogardes manquent de matériel et de ressources humaines pour parvenir à sécuriser cette immense nature vierge face à la convoitise des braconniers... C’est pourquoi nous faisons appel à votre générosité en cette fin d’année : ensemble, nous pouvons être les gardien·nes de ces forêts précieuses et veiller à ce que les gorilles des plaines continuent de prospérer dans les riches écosystèmes de Ntokou-Pikounda.
Je voulais aussi saisir cette occasion pour vous remercier tous et toutes pour votre soutien sans faille cette année : nous en sommes profondément reconnaissants. Et c’est aussi grâce à votre soutien que nous avons aujourd’hui un projet de la loi sur la restauration de la nature – dont vous pourrez découvrir les étapes à venir dans les pages de ce magazine. En signant nos pétitions, en soutenant financièrement nos actions et en venant manifester avec nous le 3 décembre à Bruxelles pour le climat, vous faites la différence ! Ensemble, tout est possible ! Roseline C. Beudels - Jamar de Bolsée Présidente du conseil d’administration du WWF-Belgique
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Magazine - ÉDITION D’AUTOMNE 2023
© ALISON AVANZINI / WWF-BELGIUM
6/ DOSSIER
14/ SUR LE TERRAIN
© CANVA / VICTORCAP
© MARIZILDA CRUPPE / WWF-UK
Un refuge au cœur vert du Congo
En Chiquitanía, une forêt entre de bonnes mains
SOMMAIRE 4 20 22
En bref Youth Merci
16/ FOCUS
Comprendre la loi européenne sur la restauration de la nature
Vous avez une question, un commentaire, vous voulez faire part d'un changement d'adresse ou vous préférez recevoir la version numérique de ce magazine ? Appelez le 02 340 09 20 ou envoyez un message à supporters@wwf.be. COLOPHON : Le WWF Magazine est une publication du WWF-Belgique Communauté Française asbl. Tous droits réservés au WWF. Le logo et les initiales WWF sont des marques déposées du World Wide Fund for Nature. Reproduction des textes autorisée, à condition qu’il soit fait mention de la source. • Ont collaboré à ce numéro : Maria José Alencastro, Alison Avanzini, Nicky Cremers, Pauwel De Wachter, Laurence Drèze, Sarah George, Aurélien Lurquin, Sam Nziengui-Kassa, Laure Raimondi, Reine Spiessens, Koen Stuyck • Coordination et rédaction : Esther Favre-Félix, Emma Maris • Traduction : Martin Collette • Design : inextremis.be • Impression : imprimé par Drukkerij VD sur du papier recyclé cyclus silk 90 gr.• Photo de couverture : © naturepl.com / Anup Shah / WWF • E.R.: Déborah Van Thournout, Bd E. Jacqmain 90, 1000 Bruxelles.
10.2019
Magazine - ÉDITION D’AUTOMNE 2023
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© EAM SAM UN / WWF-CAMBODIA
EN BREF
© LOR KIMS AN
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BONNE NOUVELLE POUR LES STERNES DE RIVIÈRE AU CAMBODGE Dans les forêts inondées du Mékong, nos équipes ont mené une étude entre février et avril 2023, en collaboration avec les communautés locales. Nous avons inventorié ensemble les nids de sternes de rivière (Sterna aurantia), une espèce classée « vulnérable » par l’UICN du fait de ses nombreuses menaces : leurs œufs sont consommés par les humains, les rapaces et les serpents (qui s’attaquent aussi à leurs poussins), des barrages impactent les frayères (zones où les poissons se reproduisent) et donc leur nourriture… Résultat : en 2016, on n’y comptait plus que 31 sternes de rivière. Mais cette année, 71 individus ont été repérés : une croissance de 130% ! Nous avons également recensé trois jolis poussins en pleine santé. Un signe très encourageant pour la conservation de l’espèce, au Cambodge comme dans le reste du monde. Ce beau résultat, nous le devons à l’engagement des communautés locales qui veillent sur leurs nids le long du Mékong, dans les provinces de Kratie et Stung Treng.
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Les images des feux de forêt australiens de 2019-2020 restent gravées dans nos mémoires : un « été noir », où nous avions déploré la mort de 3 millions de koalas, kangourous et autres animaux. Trois ans plus tard, le WWF continue à financer des projets tels que Eyes on Recovery. Des chercheurs et chercheuses ont posé quelque 1.100 pièges photographiques dans huit territoires australiens qui avaient été réduits en cendres, et ont rassemblé pas moins de sept millions de photos. Analysées avec l’aide d’intelligence artificielle, ces images permettent d’évaluer le rétablissement de la faune et de la flore. Nous avons ainsi pu documenter le rétablissement de 150 espèces de faune indigène ! Des koalas réapparaissent notamment dans des zones lourdement impactées telles que les Blue Mountains et le South East Queensland. Et bien que la quasi-totalité de l’habitat du Sminthopsis aitkeni (une souris marsupiale) ait disparu, cette espèce menacée se rétablit petit à petit. Lentement mais sûrement, le pays se remet de la plus grosse catastrophe naturelle de son histoire ! Grâce aux données collectées, nous pouvons aussi soutenir efficacement la restauration de la nature, en prenant les mesures les mieux adaptées : combattre les espèces invasives, créer des refuges provisoires pour les animaux qui ont perdu leur EF habitat et reboiser les régions incendiées. Ensemble, tout est possible ! O
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L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE DÉMONTRE LA RÉSILIENCE DE LA NATURE AUSTRALIENNE
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Magazine - ÉDITION D’AUTOMNE 2023
© WWF-BELGIUM
© WWF-THAILAND © WWF-THAILAND
PLUS DE SAMBARS, POUR DES ÉCOSYSTÈMES FORESTIERS ÉQUILIBRÉS EN THAÏLANDE Le sambar est un cervidé classé « vulnérable » selon l’UICN : la chasse et la perte de son habitat l’ont fait disparaitre d’une grande partie de la Thaïlande. Ce cerf joue pourtant un rôle essentiel dans son écosystème : il contribue à disperser les graines, constitue une proie importante pour les tigres et maintient l’équilibre dans la forêt. C’est pourquoi le WWF soutient le programme d’élevage du Département thaïlandais des Parcs Nationaux (DPN). Via ce programme, le DPN veut restaurer les populations de sambars en Thaïlande. Lorsque les cerfs élevés sont en âge d’être relâchés, le WWF et le DPN les réintroduisent dans les parcs nationaux de Mae Wong et de Khlong Lan. 14 sambars ont ainsi été libérés au mois de juillet dans le Parc national de Khlong Lan. Les cinq femelles ont été équipées au préalable d’un collier satellite : grâce à ces colliers ainsi qu’à des pièges photographiques, les autorités peuvent suivre les déplacements des sambars et vérifier qu’ils se portent bien. Ce programme est en place depuis trois ans et 90 sambars ont déjà été remis en liberté !
LA « WISHLIST » DU WWF POUR LA COP28 Du 30 novembre au 12 décembre, Dubaï accueillera la 28ème conférence de l’Onu sur le climat. Voilà ce que nous espérons : • Que les pays participants établissent de nouveaux plans climats à l’horizon 2050, avec des objectifs d’émissions pour 2030 et 2035 qui permettent de limiter le réchauffement terrestre global à 1,5°C ; • Que les subsides aux énergies fossiles et aux activités nuisibles telles que la déforestation soient limités ; • Que de nouveaux financements publics soient libérés ; • Que le fonds pour les pertes et dommages soit opérationnel et contienne suffisamment de moyens pour aider les pays vulnérables à s’adapter et à s’attaquer au changement climatique ; • Que le rôle de la nature soit reconnu et que nous nous engagions vers des solutions basées sur la nature. Rendez-vous sur Instagram pour ne rien manquer de notre suivi sur place !
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DOSSIER Un refuge au cœur vert du Congo
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Dans les profondeurs du Parc National de NtokouPikounda, des tourbières, des forêts inondées et des marécages infranchissables abritent des éléphants, des hippopotames, des chimpanzés et l’une des plus importantes populations au monde de gorilles des plaines de l’Ouest, une espèce en danger critique d’extinction. Difficile d’accès, leur paradis perdu est pourtant menacé par le braconnage de haut vol et le trafic de viande de brousse. Nos équipes luttent d’arrache-pied contre ces menaces, tout en apprenant petit à petit à découvrir les trésors de biodiversité que ce parc mystérieux renferme. Un travail colossal que nous avons la chance de pouvoir faire en coopération étroite avec les communautés locales et les populations autochtones. Toutefois, les besoins restent immenses…
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Dossier
Un trésor de nature sauvage
© NTOKOU-PIKOUNDA NATIONAL PARK
Au nord-est de la République du Congo, 4.272 kilomètres carrés de nature sauvage s’étendent à perte de vue. Ce territoire de marécages, de tourbières et de savanes humides est accessible uniquement en pirogue, à travers de larges rivières calmes comme des miroirs, entourées de haut murs de jungles luxuriantes impénétrables, où s’ébattent de petits singes et des oiseaux colorés.
Composé à 60% de milieux humides, le Parc National de Ntokou-Pikounda comporte de larges roselières et des clairières qui sont le royaume d’éléphants et d’hippopotames. Leur passage laisse des trous d’eau où pullulent des poissons qui font la richesse de ce parc, mais aussi plusieurs espèces de crocodiles, de tortues et de serpents, tel que le python de Seba. Les éléphants apprécient également les forêts touffues à Marantacées (présentant une strate continue d'herbacées géantes), qu’ils partagent avec d’insaisissables léopards, des chimpanzés et des gorilles des plaines de l’Ouest (voir p.10), mais aussi des espèces moins connues comme les sitatungas, les céphalophes ou les potamochères. Des savanes humides parsemées de termitières géantes et de nids de pythons abritent quant à elles des troupeaux de buffles. Dans les sommets des forêts inondées vivent des colobes rouges de Bouvier, une espèce de singe qui n’existe nul par ailleurs et que l’on croyait même jusqu’à peu avoir disparue (voir p.11).
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RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
CAMEROUN
GABON
Parc National de Ntokou-Pikounda
RÉPUBLIQUE DU CONGO
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
Brazzaville OCÉAN ATLANTIQUE ANGOLA
LEVER LE VOILE SUR DES ZONES INEXPLORÉES Face à ce large territoire vierge virtuellement inexploré et difficilement pénétrable, nos chercheurs travaillent à déceler ses mystères, afin de mieux protéger ses habitants. Leur première tâche est la réalisation d’inventaires fauniques, via la méthode des transects : un travail de titan qui sert de base au travail de recherche. « Un transect est un périmètre linéaire dégagé à coup de machette sur 2 km de forêt, où sont analysées et collectées toutes les traces et preuves de présence de faune (crottes, empreintes, pistes etc.) », explique Christian Ndzai, responsable de la recherche. Dans ce cadre, des jeunes issus des villages locaux sont formés aux techniques de suivi biologique et à l’utilisation des balises de géolocalisation. « Ce biomonitoring communautaire crée aussi une fierté locale du parc » selon Christian. L’installation de caméra-pièges permet quant à elle d’identifier des espèces plus discrètes, qui échappent à l’étude des transects. « L’idéal serait de multiplier les caméras pour étendre la zone d’étude », regrette toutefois Christian. Ces pièges photographiques ont déjà révélé des hippopotames, des ratels, et bien sûr des gorilles des plaines de l'Ouest…
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UN PARADIS MENACÉ
Ce paradis perdu semble à première vue protégé de toute influence humaine par son enclavement et ses marécages infranchissables. Et pourtant jusqu’à récemment, un trafic organisé de viande de brousse y abattait massivement les éléphants à coup d’AK47 pour leur ivoire, capturait par centaines des crocodiles nains vivants et tuait même des grands singes pour les utiliser comme appâts pour ces crocodiles… Les écailles de pangolins, les peaux de léopards et même les têtes de perroquets s’ajoutent à ce trafic. Si l’intensité de ce braconnage de haut vol s’est atténuée depuis l’arrivée du WWF dans le parc, ce trafic continue encore aujourd’hui d’alimenter la demande en « viande de brousse » de villes parfois très lointaines… Le travail du WWF est donc clair : sécuriser le parc avant tout, tout en garantissant l’accès des communautés voisines au parc.
Environ 7.000 personnes vivent aux alentours du parc de Ntokou-Pikounda, et elles dépendent de ses rivières poissonneuses, une ressource précieuse pour ces villages enclavés. « Nous autorisons donc la pêche à l’intérieur du parc, mais de manière réglementée – sur des segments de rivière spécifiques », explique Alban Ntsiété, gestionnaire des relations communautaires. « Quand le WWF est arrivé, la rivière de la Bokiba était occupée par de nombreux campements de pêche, certains munis d’armes de guerre pour le braconnage ; et rassemblant des gens venus de tout le Congo », se rappelle Victor Mbolo, directeur du parc national. « Au vu de l’ampleur du phénomène, un processus de négociation a commencé avec les communautés locales, qui a abouti à des accords de pêche ». Ces accords ont défini des saisons de pêche et des périodes de repos biologique. Francis Epedsa (photo ci-contre), pêcheur, est satisfait : « La situation actuelle permet d’avoir un meilleur rendement – et aux poissons de se reproduire ». Ces accords ont été validés par une plateforme communautaire mise en place à l’initiative du WWF. « Cette plateforme regroupe les administrations, le secteur privé, la société civile, les autorités traditionnelles et les représentants des communautés locales. C’est le cadre idéal pour que les communautés puissent présenter leurs préoccupations et participer au processus de décision », explique Alban Ntsiété.
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PARTAGER LES RICHESSES DU PARC
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© NATUREPL.COM / FIONA ROGERS / WWF
Dossier
Le gorille des plaines de l’Ouest, un hôte de marque Le gorille des plaines de l’Ouest vit dans les épaisses forêts d'Afrique centrale, plus précisément dans les forêts équatoriales mais aussi les marécages comme ceux de NtokouPikounda. L’une des plus grandes populations au monde vit dans ce parc national, comptant plusieurs milliers de gorilles.
FAMILLES SOUDÉES ET INTELLIGENTES Ces gorilles vivent généralement en groupes familiaux de cinq à dix individus (jusqu’à 50 dans certains cas). Les femelles donnent naissance à un enfant à la fois, après une grossesse de près de neuf mois et les petits se déplacent sur le dos de leur mère à partir de l'âge de quatre mois. Les familles vivent dans des territoires de 5 à 25 km², et elles utilisent au moins 22 vocalises différentes pour communiquer entre elles, chacune de ces vocalises ayant sa propre signification. Ces gorilles utilisent aussi des outils, tels que des branches leur permettant de mesurer la profondeur d’un plan d’eau avant de le traverser, et ils sont parvenus à apprendre un langage des signes en captivité. Un mâle dominant - appelé « dos argenté » en raison des poils gris qui ornent son dos - a la charge d’organiser toutes les activités de la famille : nidification, déplacements, repas... Il se montre généralement calme, exploitant rarement sa force impressionnante – sauf par exemple lorsqu’il est défié par un autre mâle. Principalement végétariens, les aliments préférés de ces gorilles sont la pulpe d’arbre, leurs pousses, écorces, feuilles et plus de 100 espèces de fruits. Les
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Nom : Gorilles des plaines de l’Ouest Nom latin : Gorilla gorilla gorilla Statut UICN : En danger critique Nombre : 316.000, dont 60% en République du Congo, qui abrite des forêts uniques à Marantacées avec de fortes densités de gorilles. Morphologie : Mesurant entre 1m20 et 1m70 et pesant 68 à 200 kg, les gorilles des plaines de l’Ouest sont plus petits que les autres sous-espèces de gorilles, avec des poils courts, un crâne plus large et une arcade sourcilière plus prononcée. Leur pelage est gris brunâtre avec une crête rouge ou auburn.
UNE ESPÈCE EN DANGER CRITIQUE D’EXTINCTION
de l’Ouest ont perdu plus de 60% de leur population en 30 ans. Aujourd’hui près de 80% des gorilles des plaines de l’Ouest vivent dans des zones non protégées et donc vulnérables au braconnage. Une raison de plus de protéger à tout prix leur havre de paix à NtokouPikounda.
Ces animaux fascinants, qui comptent parmi nos plus proches parents, sont malheureusement confrontés à de graves menaces. En raison du braconnage, de maladies telles que l’Ebola, et de la destruction et de la fragmentation de leur habitat, les gorilles des plaines
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gorilles jouent ainsi un rôle essentiel dans le maintien de leur habitat : en dispersant les graines et en façonnant la croissance des plantes, ils influencent la biodiversité et la structure de leur environnement.
Le colobe rouge de Bouvier, une espèce unique au monde Considérés comme éteints pendant des décennies, les colobes rouges de Bouvier ont été redécouverts en 2015 au parc national de Ntokou-Pikounda. Aucune trace de ces colobes n'avait été enregistrée depuis les années 1970, jusqu'à ce que Lieven Devreese, un primatologue belge, l’observe à nouveau à Ntokou-Pikounda en 2015. En 2021, nos équipes sur le terrain ont pu l’immortaliser pour la première fois sur une vidéo qui a fait le tour du monde. « Ce colobe est une espèce endémique, qui n’existe nulle part ailleurs – elle fait la fierté du parc », s’enthousiasme Christian Ndzai, chercheur. « On aimerait réaliser des études pour savoir combien il y en a exactement », poursuit-il. Trois chercheurs de l’Université des Sciences de la Vie de Prague sont déjà venus tester des techniques d’enregistrement de leurs vocalisations, mais beaucoup reste à étudier.
UN SINGE TROP CONFIANT Ils ont été repérés en groupes pouvant atteindre près de 100 individus, dans des zones marécageuses entre la rivière Bokiba et la Sangha. Il se peut que ces deux larges rivières constituent une barrière écologique les empêchant de s’étendre ailleurs dans le parc, mais pour autant, elles ne les mettent pas à l’abri du danger. En effet, le colobe rouge de Bouvier est un singe curieux, qui craint peu les humains – ce qui en fait une proie facile pour les braconniers. Roland Okemba, écogarde, le confirme : « Avec trois boîtes de munitions, un braconnier pourrait tuer des familles entières. Si on laisse faire ça, l’espèce va disparaître ». Ces zones nécessitent donc une protection accrue.
Nom : Colobe rouge de Bouvier Nom latin : Piliocolobus bouvieri Statut UICN : En danger Alimentation : feuilles, fruits, fleurs et graines Localisation : les colobes rouges de Bouvier vivent uniquement dans les forêts marécageuses congolaises.
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Dossier
En action contre le braconnage À travers les marécages, équipés de bottes et souvent en pirogue pour se faufiler sous les canopées denses des forêts inondées, les écogardes sillonnent cette nature en apparence impénétrable.
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Pendant des missions de 10 ou 15 jours dans des conditions difficiles, ces écogardes relèvent méticuleusement toutes les traces de vie sauvage, notamment dans les clairières où se trouve la grande faune. A côté de ces observations précieuses pour mieux connaitre et protéger la faune, ils notent aussi les indices de braconnage comme les traces de campements de chasse, les douilles et les carcasses… Les données collectées sont ensuite intégrées dans le logiciel SMART qui permet d’analyser les zones les plus à risque et de localiser les repères de chasseurs.
FAIRE APPLIQUER LA LOI... ET RISQUER SA VIE Formé·es aux techniques d’embuscades, mais aussi aux droits d’usages coutumiers, au respect des droits humains et aux procédures pénales en matière d’arrestation, les écogardes interpellent régulièrement des braconniers – qu’ils soient pris sur le fait ou dénoncés par des informateurs. « Quand nous arrivons sur le terrain, c’est d’abord le dialogue : on sait toujours comment améliorer la situation », explique Ruth Mondzongo, écogarde. Elle dresse des procès-verbaux, confisque la viande de brousse et les armes, détruit les pièges et relâche les animaux capturés vivants, tels que les crocodiles nains. « On pose des questions, on fait des fiches de constat d’infraction, on prend des photos... Après on envoie ça à la direction » continue Ruth. « On ne pense pas que ces gens sont mauvais, certains sont même des parents à nous… » ajoute Roland. Toutefois le travail d’écogarde est très risqué. « Il y a des gens qui sont violents aussi. Nous avons ainsi connu un risque : il y a des braconniers
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qui ont tirés sur nous, en forêt » continue Ruth. « Ils ont eu la vie sauve en se jetant à l’eau », confirme Camille Mbete, directeur adjoint du Parc national. « Ces braconniers font du trafic en quantités commerciales et ils utilisent des armes de guerres - telles que les AK47 notamment pour tuer les éléphants ». Cette patrouille passait dans la limite nord du Parc, où de nombreux campements de chasse ont été repérés, profitant d’une période annuelle où les éléphants viennent manger les plantes herbacées le long des rivières. La protection de ce secteur constitue un des principaux défis de surveillance. « Il faudrait d’abord faire une étude avec des caméra traps, pour savoir exactement à quel moment les éléphants y circulent » selon Christian Ndzai, chercheur. « Cela permettrait aussi de planifier les missions des écogardes à ce moment-là, pour les protéger contre les braconniers ».
© ALISON AVANZINI / WWF-BELGIUM
« Moi j’ai vu ce que l’absence des éléphants avait fait à la nature », raconte l’écogarde Roland Okemba. « Il n’y avait plus de poissons, plus de crocodiles et c’était vraiment triste. Quand il se déplace dans la forêt et les marécages, l’éléphant forme des marigots [mares d’eau temporaires] qui se remplissent de poissons quand la rivière inonde la forêt à la saison des pluies. Maintenant, les crocodiles nains et ceux à long museau reviennent, les tortues aussi… ». Aujourd’hui, ces éléphants sont donc bien de retour, mais leur situation est précaire. L’inventaire faunique que le WWF a planifié pour 2024 devrait permettre d’estimer leur nombre exact.
MANQUE DE MOYENS
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Ce que je préfère dans mon travail, c’est apprendre la conservation : je veux protéger la forêt.
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Malgré les efforts des écogardes, la richesse du parc fait l’objet de la convoitise des braconniers et nécessite un renforcement de notre dispositif de protection. « Le braconnage reste d’actualité : les quantités de viande de brousse saisies révèlent l’ampleur d’un commerce illégal pour alimenter les grands centres urbains », s’inquiète Camille Mbete. Or les effectifs des écogardes et les moyens financiers sont encore trop faibles : en 2022, seuls 10% du parc avaient pu être couverts par les patrouilles.
Ruth Mondzongo, écogarde au parc national de Ntokou-Pikounda depuis 2018.
LE RETOUR DES ÉLÉPHANTS Suite aux efforts des écogardes qui ont permis de réduire considérablement le grand braconnage, on observe un retour graduel des éléphants ainsi que des petits singes et de la faune reptilienne. L’observation des éléphants est ainsi passée de 3 en 2019 à 23 en 2022. « Avant l’arrivée du WWF, le parc était dominé par les activités illégales », explique Camille Mbete. « Le Parc était presque à la merci de tout le monde : on tuait les éléphants, les crocodiles, le poisson… », confirme Christian Ndzai.
QUELQUES CHIFFRES DE LA LUTTE ANTIBRACONNAGE L’ANNÉE ÉCOULÉE : - 2.371 km de patrouilles, dont 1.896 km en pirogue - 34 personnes interpellées - 5 carcasses observées dont 2 pythons, 1 potamochère, 1 hippopotame et 1 chimpanzé - 405 kg de viande de brousse saisie, issue de 8 espèces - Relâchés vivants : 56 crocodiles nains, une tortue Péluse, un python et un palmiste africain
© NTOKOU-PIKOUNDA NATIONAL PARK
- 2 armes de chasse confisquées, ainsi que 105 pièges à collets
Aidez ces écogardes à protéger les richesses du parc de Ntokou-Pikounda ! Faites un don via :
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En Chiquitanía, une forêt entre de bonnes mains Augmenter ses revenus grâce à une gestion forestière durable ? C’est possible ! Les communautés indigènes le démontrent chaque jour dans la forêt sèche de la Chiquitanía, en Bolivie. Avec l’aide du WWF, elles renforcent leur production durable tout en faisant renaître la forêt de ses cendres...
Palmarito de la Frontera En 2019, des feux de forêt ont dévasté les précieuses forêts d’Amérique du Sud. La région de la Chiquitanía, dans l’est de la Bolivie, n’a pas été épargnée. Les flammes y ont dévoré quelque deux millions d’hectares de forêt tropicale sèche, et près de six millions de mammifères ont perdu la vie… Les communautés locales ont vu la nature qui les entoure partir en fumée, et réduire à néant leurs sources de revenus. Mais elles n’ont pas baissé les bras.
GARDIEN·NES DE LA FORÊT ET DE SES TRADITIONS Traditionnellement, les peuples indigènes de la Chiquitanía vivent des ressources que leur offre la forêt : le bois, mais aussi les fruits et les huiles produites par les arbres. « Nous, les Chiquitanos, avons toujours pris soin de notre forêt. Nous voulons continuer à protéger la nature avec laquelle nous avons grandi, la nature de nos ancêtres », témoigne une habitante de Santa Mónica.
DES HUILES QUI CONTRIBUENT À L’ÉMANCIPATION DES FEMMES « Mes grands-parents n’avaient pas accès aux médicaments : ils utilisaient ce qu’ils trouvaient dans
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la forêt pour se soigner », raconte Ignacia Supepí (voir photo). Aujourd’hui encore, les Ignacia Supepí vit à Río Blanco et a été Chiquitanos utilisent présidente de l’Asociación de Mujeres les huiles issues des Productoras de Aceite de Copaibo. arbres de babassu et de copaïba comme remèdes contre la fièvre, la toux et d’autres affections. Leur méthode pour collecter l’huile est durable : elles forent un petit trou dans le tronc et y placent un tube qui récolte l’huile. Les femmes des communautés locales se sont organisées en associations pour gérer la récolte et la vente de ces huiles. Et cela contribue à leur émancipation. « Autrefois, on ne tenait pas vraiment compte des femmes. Je voulais que cela change, et grâce à la forêt, nous avons réussi. Désormais, nous participons à la croissance économique », explique Ignacia. Le WWF a soutenu leur projet dès le début. Mises en relation avec le secteur privé, ces femmes ont pu apprendre à transformer leur huile en cosmétiques, à augmenter l’échelle de leur production et à professionnaliser leurs méthodes. Au départ, elles
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© WWF-BOLIVIA / LA REGIÓN
SUR LE TERRAIN
© MARIZILDA CRUPPE / WWF-UK
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travaillaient dans une école, mais le WWF les a aidées à créer leur propre laboratoire et l’a équipé de panneaux solaires.
ne se tarisse pas. C'est ainsi que nous protégeons nos forêts », raconte Mauricio Tomichá, de Palmarito de la Frontera.
Malheureusement, les copaïers (arbres à copaïba) n’ont pas tous survécu aux feux de forêts de 2019. « Cela faisait peine à voir », se souvient Ignacia. « Maintenant, nous cherchons une solution : avec l’aide du WWF, nous avons créé une pépinière. Reforester les zones brûlées, c’est notre rêve ! »
Toutes les communautés boliviennes qui travaillent dans l’exploitation du bois doivent faire certifier leurs plans de gestion forestière. Ce processus aboutit à la délivrance d'un certificat de gestion rouge, jaune ou vert. Après un parcours de trois ans, Palmarito de la Frontera a été la première communauté de Chiquitanía à obtenir le certificat de gestion vert. Pour cela, Palmarito a pu compter sur l'aide du WWF. « Nous en sommes très reconnaissants. Nous avons dû rassembler les documents et les preuves nécessaires et corriger les erreurs des précédents gestionnaires forestiers. Le WWF nous a guidé dans ce processus », indique Mauricio.
EXPLOITER LE BOIS DE MANIÈRE DURABLE En parallèle, les communautés locales exploitent le bois de la forêt, de manière durable et raisonnée : « Le bois est une source de revenus importante pour notre communauté. Grâce à un plan de gestion réfléchi et structuré, nous veillons à ce que cette source de revenus
VERS DE MEILLEURES CONDITIONS DE VIE
© MARIZILDA CRUPPE / WWF-UK
Pour Palmarito de la Frontera, ce certificat ouvre les portes des marchés internationaux, où vendre leur bois durable à des prix équitables. Il s'agit également d'une arme essentielle dans la lutte contre le commerce illégal du bois. Maria del Carmen Carreras travaille pour le WWF en Bolivie : « Nous expliquons aux communautés les conséquences de l’abattage illégal et du commerce illégal du bois. Cela leur permet de devenir de véritables gardiennes des forêts, qui protègent leur territoire. » Avec ces revenus, Palmarito de la Frontera veut améliorer les conditions de vie de ses populations, par exemple via l’achat d’un tracteur ou des investissements dans l’enseignement et la santé. « La prochaine étape consiste à trouver des manières d’augmenter nos revenus en transformant le bois », indique Mauricio avec enthousiasme. « Nous aimerions bâtir une scierie, pour pouvoir produire des planches. Cela rapporte plus que le bois brut. »
Mauricio Tomichá est le représentant légal de l'organisation forestière
communautaire de Palmarito de la Frontera. Cette organisation est responsable de la gestion durable de 9.600 hectares de forêt.
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FOCUS
Comprendre la loi européenne sur la restauration de la nature © YVES ADAMS / VILDA
Ces derniers mois, les expert·es du WWF ont défendu la loi sur la protection de la nature. Après un parcours agité, cette loi a été adoptée de justesse par les États membres (Conseil Environnement) et le Parlement européen. Que contient-elle et quel impact aura-t-elle sur notre travail ? Nos collègues Reine et Laurence nous l’expliquent. Zwartwater, près de Turnhout Pourquoi cette loi sur la restauration de la nature change-t-elle la donne ?
EN BREF
En savoir plus ? wwf.be/fr/restaurerlanature
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Juin 2022 : la Commission européenne lance une proposition qui suscite beaucoup d’espoir. Il s’agit de restaurer les écosystèmes dégradés, verdir les villes, libérer le cours des rivières, renforcer les pollinisateurs, restaurer les tourbières et rendre les forêts plus résilientes. Bien que ces objectifs sonnent comme une évidence pour les amoureux de la nature, cette loi a été au centre d’un âpre combat.
Laurence Drèze, responsable plaidoyer biodiversité : La grande différence avec les lois précédentes – telles que les directives européennes Habitats et Oiseaux – c’est que la loi sur la restauration de la nature fixe des objectifs concrets et contraignants. Or l’histoire montre que les approches volontaires ne suffisent pas. Et nous n’avons plus le temps de
LA LOI EUROPÉENNE SUR LA RESTAURATION DE LA NATURE
2 22 juin 2022 – la Commission européenne met sur la table une proposition de loi sur la restauration de la nature
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Nous en sommes ici
Ceci a déjà été accompli
Magazine - ÉDITION D’AUTOMNE 2023
20 juin 2023 – le Conseil européen (États membres) vote une proposition de compromis pour une loi sur la restauration de la nature
4 12 juillet 2023 – le Parlement européen valide une proposition de compromis
Septembre 2023 à début 2024 – trilogue : la Commission, le Conseil et le Parlement recherchent un consensus
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tergiverser. En Belgique, environ 95% des habitats sont en mauvais état de conservation. Cette loi de restauration de la nature nous offre une opportunité unique de passer à l’action. Et au WWF, cette loi nous donne aussi plus de poids : nos équipes pourront l’invoquer pour rappeler les politicien·nes à leurs responsabilités et veiller au respect des échéances. La Commission européenne a proposé le projet de loi original. Ensuite, le Conseil Environnement et le Parlement européen ont approuvé chacun leur propre version du texte. Il en existe donc trois versions ! Celles du conseil et du parlement sont fortement édulcorées en regard du texte initial. Quels éléments ont été modifiés ?
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Reine Spiessens, responsable plaidoyer biodiversité : La proposition originale de la Commission comportait des objectifs de restauration quantifiés et un cadre temporel (dans et hors des zones Natura 2000). C’était essentiel à nos yeux : nous devons être concrets et dire ce que nous ferons et quand. Cela permet que tous les pays partagent la même vision et évite les discussions inutiles.
Sur ce point, le Conseil a largement suivi la proposition de la Commission. Hélas, le texte adopté au Parlement est nettement moins clair. Le WWF a aussi défendu le principe de non-retour, qui a été fortement atténué dans les textes. Restaurer la nature nécessite des investissements de temps, d’énergie et de moyens. Si nous laissons ensuite se dégrader les zones restaurées, ces investissements seront perdus. Nous devons aussi veiller à ce que les zones dont la restauration est planifiée plus tard soient au moins maintenues dans leur état actuel. Enfin, la proposition originale était ambitieuse sur la restauration des tourbières. Celles-ci capturent énormément de carbone lorsqu’elles sont en bon état. Mais en mauvais état, elles deviennent des émettrices nettes de carbone. La restauration des tourbières est donc une arme importante dans la lutte contre les crises climatiques et de la biodiversité. Le Parlement européen a purement et simplement supprimé cet article et le Conseil l’a fortement affaibli. Pourquoi ? Par crainte que ces zones marécageuses ne soient pas adaptées à l’agriculture. La désinformation a attisé cette crainte... Pourtant des études scientifiques et des expériences pratiques démontrent que l’agriculture y est possible, sous des formes adaptées.
Où nous espérons arriver
6 Le Conseil européen et le Parlement européen votent en faveur d’un texte final renforcé
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La loi européenne sur la restauration de la nature entre en vigueur
8 Les États membres doivent introduire leurs premiers plans nationaux de restauration de la nature, précisant quels territoires seront restaurés, comment et dans quels délais.
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Les États membres exécutent leurs plans de restauration de la nature
10 2030 – 20% de toutes les zones terrestres et marines dégradées en Europe sont restaurées
2050 – Tous les écosystèmes dégradés européens sont restaurés
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mis en œuvre pour diffuser une information correcte et dissiper les malentendus. Ainsi, pour répondre à des analyses qui nous semblaient erronées, nous avons évalué avec Natuurpunt l’impact de certaines mesures de la loi sur la superficie agricole en Flandre. Les résultats ont ensuite été vérifiés avec des expert·es avant d’être diffusés publiquement.
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Qu’est-ce qui caractérise l’approche du WWF dans ce dossier ?
Cette photo a été prise lors d’un voyage de presse organisé par le WWF au Rivierpark Maasvallei, où l'on a redonné à la Meuse la place de serpenter, protégeant ainsi les infrastructures environnantes des inondations. Un bel exemple des avantages de la restauration de la nature !
La campagne autour de la loi a été marquée par de la désinformation. Quel a été son impact sur les négociations ? Laurence: L’impact a été considérable. 1,2 millions de citoyen·nes ont appelé à un texte ambitieux, 6.000 scientifiques ont signé une lettre ouverte expliquant pourquoi cette la loi est nécessaire, des organisations agricoles progressistes ont émis un avis positif… Et pourtant les votes ont été très serrés. En cause : la désinformation propagée par les opposant·es à la loi. C’est un signal inquiétant. Le débat est nécessaire, mais il doit être fondé sur des faits et des chiffres corrects et scientifiquement établis. C’est primordial pour le WWF. Il y a eu toutefois une conséquence positive : des organisations qui ne se seraient peut-être pas exprimées sur ce dossier se sont prononcées en faveur de la loi. La Mutualité chrétienne, par exemple, a insisté sur le lien entre la nature et notre santé. Malheureusement, les discussions ont ensuite débouché sur une polémique stérile opposant agriculture et nature, alors que celles-ci sont fortement interdépendantes : une nature en bonne santé permet par exemple de stimuler la production agricole en renforçant la qualité des sols, les populations de pollinisateurs… Le WWF veut mettre en évidence ces synergies. C’est pourquoi nous avons tout
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Reine: La loi de restauration de la nature est un dossier important pour le WWF, mais aussi pour de nombreuses autres organisations. Nous avons donc misé sur les partenariats. La Coalition belge pour la biodiversité en est un bel exemple : sept organisations qui parlent d’une même voix, cela permet d’avoir un impact bien plus important. Ce qui caractérise le WWF, c’est que nous cherchons toujours des solutions. Nous dénonçons les problèmes, mais nous proposons aussi des réponses concrètes, afin de rendre la législation plus efficace. À côté de cela, nous veillons à informer le plus grand nombre, de manière à soutenir des processus honnêtes et transparents. Enfin, nous continuerons à tirer la sonnette d’alarme lorsque cela est nécessaire, afin que la loi continue à évoluer dans la bonne direction. Auquel cas, nous espérons pouvoir compter à nouveau sur le soutien précieux de nos supporters et supportrices ! Que pensez-vous de la loi sur la restauration de la nature dans sa forme actuelle ? Laurence: Nous apprécions qu’il y ait une intention claire de travailler à un cadre législatif européen en faveur de la biodiversité. Il est essentiel de s’attaquer efficacement au déclin de la biodiversité en collaborant entre pays voisins : la flore, la faune et l’air ignorent les frontières. Nous sommes cependant préoccupées par la disparition de certains éléments dans les propositions du Conseil et du Parlement, notamment concernant les objectifs cadrés dans le temps. L’intention ne suffit pas. Il faut des objectifs concrets et ambitieux qui fixent le quand, le quoi et le comment. Les appels lancés par les ONG, les citoyen·nes et les scientifiques doivent être entendus. Nous espérons qu’une version renforcée de la loi sera adoptée, pour honorer enfin nos engagements internationaux en matière de biodiversité !
En tant qu'amoureux et amoureuses de la nature, vous nous aidez déjà à protéger des espèces animales emblématiques ainsi que la merveilleuse nature qui nous entoure. Merci à tous et à toutes ! Vous avez peut-être aussi déjà pensé à ce que vous souhaiteriez transmettre aux générations futures ? En donnant (une partie ou l’entièreté de) votre héritage au WWF, vous léguez une planète vivante. Pourquoi inclure le WWF dans votre testament ? • Vous sauvez ce que nous avons de plus précieux : notre planète ! • Vous continuez à faire une différence pour la nature. • Vous nous aidez à sauver des espèces menacées et leurs habitats inestimables. Et en pratique ? Le WWF est là pour vous aiguiller dans cette démarche. Sur wwf.be/testaments, vous pouvez trouver des informations utiles ainsi que des réponses aux questions les plus fréquemment posées. Dominique Weyers, notre Legacy Officer se fera également un plaisir de vous répondre par téléphone au 0476/58 07 42 ainsi que par e-mail à dominique.weyers@wwf.be.
COUPON-RÉPONSE : Je souhaite être contacté·e pour plus d’informations sur la manière d’inclure le WWF dans mon testament. Le WWF figure déjà dans mon testament. Je souhaite recevoir des informations sur les projets du WWF. Désormais, vous pouvez également établir votre testament en ligne, gratuitement. Dans ce cadre, le WWF collabore avec des conseillers juridiques et des experts de Legacio. Plus d’info sur : wwf.be/testaments Mme M. X.
Prénom : ............................................... Nom : ����������������������������������������������������������������������
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YOUTH
Cet hiver, l’équipe des Programmes Jeunesse du WWF vous propose de vous engager pour notre planète et de partir à la découverte de la nature. Utilisez nos outils pédagogiques pour permettre à vos élèves de comprendre en profondeur le changement climatique, sortez explorer la nature qui vous entoure avec les activités du Rangerclub et rejoignez les jeunes qui marchent pour le climat et font entendre leur voix !
Comment aborder la question du changement climatique avec les élèves ? Comment expliquer ses enjeux et ses conséquences de manière concrète et même FUN ?! Le site web ecoleduclimat.be apporte des réponses à toutes ces questions. Grâce à divers sous-thèmes, quiz, jeux et vidéos, les enseignant·es et leurs élèves peuvent approfondir le sujet, et ces outils sont adaptés à différentes tranches d’âge. La cerise sur le gâteau ? Nous avons développé cinq vidéos inédites qui abordent des thèmes proches des jeunes et de leurs préoccupations. Préférez-vous parler de l'impact de la fast fashion, de nos smartphones ou de notre alimentation sur le climat ? Alors surfez vite sur ecoleduclimat.be ! En collaboration avec le Service Changements Climatiques du SPF Santé Publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement.
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© OTRA VISTA
DÉCOUVREZ LES VIDÉOS D’ECOLEDUCLIMAT.BE ET PARLEZ DU CHANGEMENT CLIMATIQUE AVEC VOS ÉLÈVES !
Vous voulez être tenu·es au courant des nouveaux outils et ateliers du WWF Écoles ? Abonnez-vous à notre newsletter ici :
© JACQUES DUCHATEAU
Les températures se rafraichissent, les jours raccourcissent, mais pas question de rester chez soi ! Le Rangerclub a prévu des activités qui motiveront même les plus frileux cet hiver !
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• Le 18 novembre, viens observer les étoiles et deviens un·e astronome en herbe en participant à notre soirée « La tête dans les étoiles » à l'Observatoire MIRA de Grimbergen : une nuit inoubliable en perspective !
• Le 10 décembre, enfile tes bottines et viens explorer en famille la Mer de sable dans la Forêt de Stambruges. Une journée palpitante, menée par un·e guide de l’asbl Défi Nature, qui va te permettre de devenir un·e véritable expert·e de la faune et de la flore belge !
Tu ne veux rien rater de nos super activités dans la nature en 2024 ? Retrouve toutes les activités du Rangerclub sur notre site :
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CET HIVER, EXPLORE LA NATURE AVEC LE RANGERCLUB ! LE 3 DÉCEMBRE, FAIS ENTENDRE TA VOIX LORS DE LA MARCHE POUR LE CLIMAT ! La crise climatique est bien présente et elle fait des ravages dans de nombreuses régions du monde, y compris pour la biodiversité ! En Belgique, les vagues de chaleur, la sécheresse et les inondations en sont les premiers signes... Pourtant, il est toujours possible de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. Et chaque dixième de degré compte ! Cela passe par mettre en place des actions politiques fortes, dès maintenant. Fais entendre ta voix et passe le message à notre gouvernement. Rejoins-nous lors de la Marche nationale pour le Climat à Bruxelles, le dimanche Viens marcher 3 décembre prochain. avec nous : Prêt·e à te bouger ? Toi et tes potes, vous voulez faire entendre votre voix mais vous n’êtes pas disponibles le 3 décembre ? Pas de problème, tu peux aussi rejoindre le mouvement #StandUpForClimate ! Cet évenement virtuel appelle tou·te·s les jeunes du pays de 6 à 25 ans à se mobiliser deux jours avant la marche. Cette action à base de photos et vidéos, qui a déjà rassemblé près de 45.000 jeunes l’an dernier, peut être organisée avec tes potes ou ta classe. Et découvre aussi notre quiz pour en savoir plus sur les causes et les conséquences des changements climatiques. Plus d’infos sur
cette action virtuelle :
Envie de passer à l’action et d’agir pour un avenir plus durable ? Inscris-toi à la newsletter du WWF Youth : wwf.be/fr/newsletter-youth Tu peux aussi nous suivre sur Instagram pour encore plus de conseils et d’actions durables ! instagram.com/wwfyouthbe
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MERCI !
Le popa langur ne vit que dans une seule région au monde : le Myanmar, en Asie du Sud-Est. L’espèce, découverte en 2020 (!), est déjà classée en danger critique d’extinction. Il ne resterait que 250 individus, répartis au Myanmar en quatre fragiles sous-populations isolées. Depuis février 2023, nous prenons donc des mesures concrètes pour empêcher ce primate au visage énigmatique de s’éteindre. En mars 2023, notre premier atelier a réuni 36 participant·es - dont des expert·es locaux et des ONG -, pour discuter des défis et des opportunités de sauvegarde du popa langur. L'objectif : renforcer la collaboration entre les différents acteurs de la conservation. Ensuite, en juin 2023, une équipe a effectué une enquête dans quatre zones clés de l’habitat du popa langur, révélant la présence de 190 individus. Ces données sont cruciales pour orienter notre travail futur et assurer un avenir plus sûr au popa langur. Merci pour votre engagement indéfectible envers la biodiversité.
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Cette année, le centre de réhabilitation « Bear Again » que vous contribuez à soutenir en Roumanie a accueilli 15 nouveaux oursons orphelins. Parmi eux, huit femelles et sept mâles, tous orphelins à cause des activités humaines : la chasse, les accidents de la route ou encore la déforestation causent chaque année la mort ou la disparition de dizaines d’ourses… Et certaines laissent derrière elles leur descendance vulnérable. Ces oursons orphelins, encore trop jeunes pour pourvoir à leurs propres besoins, n’ont aucune chance de survie dans la nature. La mission difficile de l’orphelinat est donc d’élever ces oursons avec un minimum de contacts humains, pour qu’ils puissent regagner la nature sauvage une fois suffisamment autonomes. Par exemple, les 11 oursons de l'année précédente ont été transférés dans le troisième et dernier enclos, qui constitue la dernière phase avant le retour à la vie sauvage. Au printemps prochain, ces oursons s’en iront explorer la forêt. De tous les oursons sauvés, aucun n’est revenu sur ses pas jusqu’à présent. Un signe très encourageant ! Vos dons ont également permis cette année à l’équipe de renforcer les enclos du centre pour protéger les jeunes pensionnaires des prédateurs, et de construire un troisième système de tyrolienne pour acheminer la nourriture des oursons. Merci de faire la différence avec nous !
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VOUS DONNEZ DE L’ESPOIR AU POPA LANGUR
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DES NOUVELLES ENTHOUSIASMANTES DE L'ORPHELINAT DES OURSONS EN ROUMANIE
La panthère des neiges est surnommée le « fantôme de la montagne » tant elle est difficile à observer. Son pelage lui permet en effet de se fondre parfaitement dans un environnement minéral de roches et de neige. Il est donc très difficile de l’étudier. Mais en Mongolie, nos efforts ont porté leurs fruits ! Après quatre années de recherche impliquant plus de 500 personnes (scientifiques, chercheurs et chercheuses et personnes issues des communautés locales), 1.475 pièges photographiques et 29 sommets montagneux explorés, nous avons désormais une robuste estimation de la population de panthères des neiges du pays. 953 félins arpenteraient les hauteurs du pays, ce qui en ferait la deuxième plus grande population de panthères des neiges au monde ! Connaître leur nombre va servir de base solide pour mettre en place des actions de protection de ce félin majestueux, aujourd’hui menacé par le braconnage et la perte de son habitat. Merci de rendre cela possible !
© NATUREPL.COM / SYLVAIN CORDIER / WWF
GRÂCE À VOUS, NOUS EN SAVONS PLUS SUR LA PANTHÈRE DES NEIGES… EN MONGOLIE
LA FAUNE SAUVAGE DU MALAWI ET DE ZAMBIE PEUT COMPTER SUR VOUS !
© AFRICAN PARKS
À travers notre collaboration avec l’ONG African Parks, nous protégeons les espèces emblématiques de la savane africaine au Malawi et en Zambie. Suivi de populations, patrouilles, soutien des communautés locales… Voici un petit aperçu de votre contribution ces derniers mois : • Dans la réserve de faune de Majete au Malawi, quatre lions ont pu être équipés en juillet dernier de colliers GPS, pour pouvoir les suivre et ainsi mieux les protéger des braconniers. • Près de la réserve de faune de Nkhotakota au Malawi, nous soutenons les communautés locales dans leurs activités socio-économiques durables, telles que l’apiculture. 2.895,8 kg de miel ont déjà été récoltés, contribuant au développement économique de ces communautés sans que cela ne se fasse au détriment des ressources du parc. • Nous continuons de suivre de près les lions des plaines de Liuwa en Zambie : la troupe de lions y a été observée cet été en train de se diviser en deux groupes, notamment pour suivre les grands troupeaux de gnous (la principale proie des lions) qui migrent vers l'extrémité nord du parc. Suivre les déplacements de ces lions est essentiel pour éviter qu’ils n'entrent en conflit avec les humains.
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